BISTRA A. CVETKOVA LES INSTITUTIONS OTTOMANES EN EUROPE
AKADEMIE DER WISSENSCHAFTEN
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BISTRA A. CVETKOVA LES INSTITUTIONS OTTOMANES EN EUROPE
AKADEMIE DER WISSENSCHAFTEN
UND DER LITERATUR VEROFFENTLICHUNGEN DER ORIENTALISCHEN KOMMI SSION BAND XXXII
LES INSTITUTIONS OTTOMANES EN EUROPE PAR BISTRA A. CVETKOVA
F R A NZ STE I N E R V E R L A G GMBH W I E SBA D E N 1978
CIP-Kurztitelaufnahme der Deutschen Bibliothek Cvetkova, Bistra A.
Les institutions ottomanes en Europe. - 1 . baden : Steiner, 1 978.
Aufl.
-
Wies·
(Veroffentlichungen der Orientalischen Kommission ; Bd. 32) ISBN 3-515·02792·0
Alle Rechte vorbehaUen Ohne aU8drückliche Genehmlgung des Verla!!es ist es auoh nlcht gestattet, das Werk oder elnzelne Telle daraus
nachzudrucken oder
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1978
auC photomechanlschem Wege (Photokopie, Mikrokople usw.) zu vervlel
by Franz Steiner Verlal! GmbH, Wiesbaden. Satz 11. Druck: Rheingold-Druckerel, Malnz. "_LA"
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(seliimhk)))30l. Plusieurs documents officiels confirment que ces tournées de (<servi ce) comportaient non seulement l'obligation pour les re'iiy{i, d'être hospitaliers, de nourrir gratuitement les hommes et les bêtes, mais aussi l'imposition illégale de charges fiscales en nature ou en argent. Ces dernières portent des noms différents : seliiml�k, seliimiyye ou poklon akçesi (taxe pour le salut que l'on accorde au gouvernant venu), tl3§riliyye (une sorte d'offrande donnée à l'occa sion de la visite d'un tel gouvernant), ücret-i lpudüm (taxe pour son arrivée) , na'l 300
Sect. Orient. BNS : Registre du �{jq,i de Ruse RIS, fO 69r, d. 1.
801 SELANÏKÏ : fO
7
320v.
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Changements intervenus au sein des institutions ottomanes en Europe
behiis� (sorte de dédommagement des fers à cheval que les gouvernants turcs /pa/tan behiis� (taxe pour les vêtements de luxe de ces gouvernants), di/} J;,alplp� (taxe pour usure des dents lorsque les gouver nants mangeaient sur la table offerte par les re'iiyii etc.30Z Sous le nom général de �algun ou �alma plusieurs détenteurs de grands fiefs militaires percevaient de chaque exploitation familiale des re'iiyii une certaine faisaient user par leurs chevaux) ,
quantité de céréales et d'autres produits alimentaires ou leur équivalent en argent303• Déjà au cours de la deuxième moitié du XVIe s . , cette pratique s'était propagée considérablement, raison pour laquelle le pouvoir suprême s'était dans l'obligation de la prohiber par des dispositions légales. Dans les
vu
lpiinunnii
mes de Vidin et Nikopol, datant de cette époque, on trouve la défense expresse pour les maîtres fonciers et leurs fonctionnaires de demander du ra'iyye gratuite ment des céréales, du fourrage, etc. et de percevoir du �algun. Les principaux organes du pouvoir judiciaire et administratif dans les provinces - les lpiiiJis étaient tenus de veiller à l'observation de ces restrictions304• Pourtant, dans les conditions d'arbitraire qui sévissait de plus en plus et des institutions en décomposition, ces prohibitions législatives restaient lettre mor te. Les nouvelles charges fiscales ci-dessus , qui n'étaient en fait que le camou flage de la spoliation la plus brutale, avaient commencé à être exigées de plus en plus de la population qui gémissait sous le poids de plusieurs autres redevances. C'est en vain que le pouvoir suprême réfusait opiniâtrement de légaliser ces taxes qui suscitaient avec raison les incessantes doléances de la population. Par un ordre de
1609
on défendait aux
beglerbegs, aux sancalpbegs de Roumélie et à
leurs voïvodes de faire des tournées dans les régions subordonnées et de percevoir du �algun (c. -à.-d. de percevoir gratuitement du ra'iyye des provisions ou de taxes arbitraires en argent) 306. Ces agissements avaient dû prendre une grande envergure puisque l'écrivain de la cour �oçi Beg de Gumurdjina les présente au sultan dans ses traités politico-didactiques comme des défauts
ra'iyye. sancalpbegs et beglerbegs de percevoir du ra'iyye les taxes seliimiyye, na'l behiis�, /pa/tan behiis�306. Pourtant, malgré ces recommandations et malgré les mesures alarmants du régime fiscal en vigueur dans l'Empire, �égime qui ruine le
Pour cette raison, il recommande avec insistance de défendre aux
prises par le gouvernement suprême, la situation était restée la même. Les ordonnances qui furent édictées à ce sujet en font foi. Dans la collection de documents turcs conservés à Sofia on trouve un
1618
/ermiin de 29. XII. 1617 - 7. 1 .
adressé aux lpii4is de l'aile droite à Roumélie, dans lequel il est défendu
expressément aux sancalpbegs de visiter les localités habitées par les
re'iiyii et de
802--808 Ibid. cf. CVETKOVA 1 958b : 49-53, SUCESKA 1 960 /6 1 : 90, iNALOIK 1 965 : 69 sq. 304 ()8terr. Nat.-Bibl. : AF 7 7 , fO 99r, KABRDA 1967 : 47, CVETKOVA : 1 970d : 342 ; cf. aussi CVETKOVA 1 972b : 351 sq. 806 iNALOIK 1965 : Nr. X. 308 TvERITINOVA 1 953 : 229.
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recevoir gratuitement des céréales ou d'imposer les taxes na'l behiis� et lpa,ftan behiis�307. Des ordonnances de ce caractère étaient renouvelées tous les ans et même plusieurs fois par an. A la fin de 1619 et au début de l'année 1620 une nouvelle ordonnance rappelle qu'il est défendu aux voïvodes des beglerbegs et aux t}ub01�s des sanca!pbegs de faire des tournées inutiles dans les villages et de percevoir des re'aya du selamiyye308 . Au début de 1621 le sultan a renouvelé son insistante prohibition concernant ces actes et les nouvelles taxes arbitraires des gouvernants. L'ordre spécial du sultan édicté à cet effet faisait mention des tournées spoliatrices des gens de l'entourage du sanca!pbeg Mu�tafa80D. Du début de 1622 date un nouveau fermiin du sultan adressé aux sanca!pbegs de l'aile gauche de Roumélie qui reconnaît que, malgré les nombreuses prohibitions, les tournées, les fournitures gratuites par les re'aya et la perception de la taxe arbitraire