CAHIERSDI.JCENTREDE LOGIQUE
J.L. MOENS
FORCING et SÉIzANTIQU E de KRIPKE-J)YAL
UNIVERSITECATHOLIQUEDE LOUVAIN
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CAHIERSDI.JCENTREDE LOGIQUE
J.L. MOENS
FORCING et SÉIzANTIQU E de KRIPKE-J)YAL
UNIVERSITECATHOLIQUEDE LOUVAIN
rNSTrrursupÉnlEURDEpHtLosopHtE C A B A Y .L O U V A I N . i . A . N E U.V1E9 8 2
C A H I E R SD U C E N T R ED E L O G I Q U E Ed i téspar T h. LUC A S M . CRA BB É P . M A R C H AL InstitutSupérieurde philosophie Unit éd e L o g i q u e 1, c h e m i nd ' A ri s to te 1348 LOUVAIN.LA.NEUVE
CAHIERS D U C E N T R ED E L O G I Q U E N'3 Mo e ns ,F or c inget S é m a n ti q u ed e Kri p k e -J o y a3l O , pp.,14,5x22 D / 1982 / 2457/28 et @ bV CABAY A gor a11, 1348 LO UV A IN .L A-N EU VE
ISBN 2-87077-098-7 Unitéde Logique c h e m i nd' A ri stote1 1 3 4 8 L OU V A IN -LA .N E U V E
Pri nt edin B elgium Tousdroitsde reproduction, d'adaptationou de traduction,par quelquesprocédés que ce soit,réservéspour tous payssansI'autorisation écritede l'éditeurou de ses ayantsdroit D i str ibuépar : CA BA Y A gora11 , 1 3 4 8L O U V A I N - L A - N E U V E
I NTRODIJCTI ON par Th. LUCAS
Dans leur introduction
à "La logique des topos" (Journal of Symbolic Logic,
46,1981, p. 6), Boileau et Joyal sont d'avis que "toute une série de recherches visent à rapprocher 1es méthodes suivantes : (1) l',Iathématique intuitionniste. (2) Forcing de Cohen et Robinson. (3) Logique algébrique. (4) Géométrie a1gébrique. (5) Géonétrie différentielle (6) Topologie algébrique
et analytique.
: cohomologie, hornotopie.
(7) Théorie de Galois. (...)
La structure centrale qui joue le rô1e d'élément provocateur et tinificateur est ce11e de toDos". On peut dj-re aussi plts méthodes est 1a prise au modèle statique f interprétation
naivement que ce qui permet de rapprocher ces diverses de conscience de la notion d'ensenble variable.
Ainsi,
de la logique classique constitué par un ensemble et
des symboles d'opération
de la logique intuitionniste,
et de relation,
constitué par une famille
s'oopose 1e nodè1e de structures
classiindicée par un ensemble pré-ordonné; 1'ensemble pré-ordonné est le domaine de vari-ation; 1a fanille de structures est la "structure variable".
ques' fanille
Dans 1a théorie construction
des ensembles et dans la théorie
de forcing
: partant
d'tne structure
des nodè1es, on décrit
la
classique et d'un ensemble
pré-ordonné de "conditions", on conçoit ces conditions comne des contraintes auxquelles le rnodèle que 1'on veut obtenir devra obéir; ici encore, 1es conditions donnent le domaine de variation et 1e modè1edésiré s'obtient, peut-on dire,
par modifications successives du moclèle de déoart. Frr a1gèble et en géométrie, les théorèmes de représentation sont fondamentaux; ici, c'est le modèle final qui est donné mais sa structure (au sens naîf) est clarifiée par 1e fait
qu'il
est représenté conme produit
direct
ou soris-produit direct
ii_
de structures
plus simples ou, plus généralement, conrnesections globales
d'un faisceau de structures
"simples" sur un espace topologique;
les moments de la décomposi-tion, crest
de 1'espace topologique constituent le donnine de variation; il
des stnrctures
y a toute une série de structures
successifs de structures
Le travail
sirnples à la structure
intermédiaires
que J.L. lr(oensprésente ici
et qui a fait
de I'Institut
à décomposer,
qui sont autant drétats
qui convergent vers la structure
"Séminaire de logique formalisée"
1es ouverts
finale.
I'objet
d'exposés au
Supérieur de Philosophie de
1'UCL pendant 1'année académique 1980-1981 clarifie
quelques-uns des liens
entre ces diverses notions. Le donnine de variation
est ici
donné de façon très générale par un site
de Grothendieck et 1es faisceatx
sur ce site
Sur trn si-te donné, 1es faisceaux constituent
fondaniental des topos élénentaires
particulièrement
Le lecteur peu au courant de la théorie en consultant tician",
sont les ensembles variables. un topos de Grothendieck, Je Lawvere.
des catégories pourra s'y initier
par exemple MACIANE S., "Categories
for the working mathena-
York, Heidelberg, Berlin, Springer-Verlag, Ner,v
"Kategorien I" et "Kategorien II", N e wY o r k , 1 9 7 0 .
cas
H., 1971 ou SCFItDEffi
Springer-Verlagr Berlin,
Heidelberg,
ÏABLE DESMATIERES 1. Sénantique de Kripke-Joya1. 1.1. Définitions
et rappels.
1.2. Langage et interprétation. .|.3. Forcing de Kripke-Joyal. 2. Exemples utilisant
la topologie grossière.
2.1 . Forcing de Kripke. 2.2. Forcing infini
de R.obinson.
2.3. Forcing de Keisler. 2.4. Forcing ensembliste. 3. Le forcing
faible
de Robinson.
4. Topos des ensembles valués par une algèbre de Heyting conplète H. 4 . 1 . T h é o r è m ed e H i g g s . 4.2. Les objets complets de JEnsn. 5. Forcing Heyti-ngo-valué. 5.1. Traduction dansJEnsnde la sémantique de Kripke-Joyal sur Sh(H). 5.2. Sénantique de Kripke-Joyal pourlEnsn. 5.3. Forcing Heytingo-valué. 5.4. Théorème de correspondance. 6. Les modèles booléo-valués de ZF et la sémantique de Kripke-Joval.
FORCiNG ET SEMANTIQUEDE KRIPKE-JOYAL
exemples coment
se propose de montrer par divers
Ce travail
de Kripke-Joya1 perrnet de rendre compte de certains dans le cadre de la théorie : celles
cations
des rnodèles.
qui utilisent
apparaît
introduits
grossière et donc 1es pré-
une analyse plus 1oca1e et se basent en
conséquence sur des topologies non triviales. tique de Kripke-Joyal
1a sérnantique
I1 comporte der-x types d'appli-
la topologie
et ce11es qui nécessitent
faiscearx
forcings
Dans tous ces cas, la séman-
conrne une généralisation
convenable de 1a
notion de forcing. 1. Sénantique de Kripke-Joya1. Dans ce paragraphe, nous introduisons 1a suite
certaines
et fixons
seront citées
les concepts qui seront utilisés
notations.
dans
Quelques importantes propriétés
sans démonstration.
1.1. Définitions
et rappels.
c possédant des limites à gauche finies mu"z@orie i.e. pour chaque objet A de C, on S'est recouvrement, de notion nie d'une de morphismes de C de but A te11e que donné gne classe Cov(A) de fanilles
ur,
a. h
(idA) € Cov(A) (A se recouvre lui-même) Si (Ai - A)iet Alors
c . si
(Ai
i
€ Cov(A) et f : B - A
B - B)i€I € Cov(B)
(Ai - n)'iel € cov[A) et (Aij
Alors (Aij 'A)iet
Ai);e-1, € cov(Ai)
€ Cov[A).
j€J., Si F : CoP -IEns est^un foncteur,
par le lenrne de Yoneda, on identifi.e
les
ensembles FA et Hom(A,F) où A est f inrage de A par le prolongenent de Yoneda. d'écrire o € Fa, on écrira souvent cl : A - F. Dans cette for-
Agssi au lieu nulation
si f : B + A est un morphi-smede la catégorie
C, ct o f corres'pond
à lf élément Ff (cr) de FB. I,In faiseeau tions
sur un site
de séparation
1. o, B € F(A) et (Ai
Si (oi)iei
suivantes
1es condi-
:
€ cov(A)
lA)iei
= I o f,
Si pour tout i € I, o o fi Alors cr = B. 2. Soit (Ai
F : CQ - IEns vérifiant
C est un foncteur
et de recollement
f. 1 A)ier € Cov(A). est une famille
cri o rTi = cri
"
nj
Virj
que cli € F(Ai) et
telle € I
^
n.
,r A. x[. tA J
t\
"i,/ ,/
\ti \A,
\,/ 'j\^/fi J
alors
on trouve r.m cl (nécessairement unique par 1) te1 que 0i = o
"
f, Pour tout i € I.
Or:rnote Sh(çrJ) la catégorie des faisceaux sur C, J étant 1a tooologie associée à la notion de recouvrement utilisée. on écrira habituelle effet,
pltts simplement Préf(!).
Si J est 1a topologie
grossière,
Si X est un espace topologique,
de recouvrement faj.t de l'espace des ouverts de X r-rnsite.
les conditions
(a-c) signifient
1a notion En
respectivennent :
- tout ouvert se recouvre lui-même, - 1a restriction à un sous-ouvert d'rm recouvrement est encore un recouvrenent, - si chaque U, est recouvert par des U.. et si 1a famille vre U, alors la famille
La notion de faisceau sur 1e site 1a définition
des Ui recou-
des U.. recouvre également U. des"ouverts de X corresnond exactement à
de faisceau sur X classique t3l.
4
Remarque. qui précèdent, 1a catégorie sous-jacente C du site
Dans les définitions
considéré a êtê supposée petite. de petitesse,
cette restriction
Cependant, i1 est parfois
utile
corilrne cela est signalé dans [4],
de lever au chapitre
IV, remarque 1.3.
En effet,
l-ise wre topologie
canonique sur un topos non nécessairement petit.
suite,
dans le théorème de Giraud par exemple, on uti-
nous rencontrerons une situation
Dans 1a
semblable (voir 2.2.2.).
1.2. Langage et interprétation. Soi-t L un langage du premier ordre (éventuellement nulti-sorte). prétation
Une inter-
M de L dans Sh(!.,J) est défini-e par la donnée
pour chaque sorte s, d'un faisceau Ms; pour chaque symbole opérationnel Mf : Ms, x
* k.,
pour chaque synbole relationnel
R de tlpe s,
IN
Ces données pemettent
tout couple (t,x)
drinterpréter
un terme et une formule dont les variables suite de varj.ables sans répétition
x.
de la définition
de
" Nlsn. de M pour 1es termes et formules se fait d"
k
...tn))
= M(f(tr ...tn),X)
...
nf est autre que 1e produit
tr))
ou (ç,x) où t,e sont
sont contenues dans la
Si x est une suite de n variables
par induction sur leur longueur : = t'I(xr,x) = pi, i9me projection \(xr)
k(R(tr
libres
sn, on écrira llx pour l.{s, x ...
sortes respectives s,
et lk(f(tr
rr,. d'Lrn sous-objet MR
xltls
deMs x...
La prolongation
tr, - r, d'un morphisme
f : t,
- Ms dans Sh(Ç,J);
vers lr{s'
= l{f o p a' - vcr € ]r{x ô-(â,cr) ^ p = i(b,o) n p. ..HH
- conjonction
:
KJ
KJ
KI
p lÊ e ^ Vtâl ssi p ll_- çtâl et p ll_ qrtâ1. X
- disjonction
:
K] p ll= a v {jtâl ssi il xKlKl
y a un recouvrement (n1)1a, de p pour lequel ç[â] ou pi ||;- !.,tal.
Pi lÊ XX
- implication
:
KI p lÊQ-!;[â]
K] o l[-otâl
ssivq(p
X
- quantificateur K] p lÊ 3x ç(x)[â] x
existentiel
KJ i m p l i q u eq l l - U t â ] .
:
ssi i1 y a un recouvrement (p,).,-, .1-1el
de p , et pour chaque
22
i de I *
bi € lvtotel que E*(b1) ) p. et K] Pi F
o[â'bti'
X,X
- quantificateur universel : KI p l- Vx A(x) [â] ssi pour tout q < p et tour b € l,tx te1 que KI E x G) ) q o n a q l ts a [a ,b ]. XrX
5.3. Forcing Heytingo-valué. considérons toujours
une interprétation
premier ordre dans 1Ensr.
complète M d'wr langage L du
Nor.rsa11ons associer
une notion de forci.ng et dans un stade ultérieur, cide avec 1a sémantique de Kripke-Joyal A tout couple (o,Ï; un sous-objet
}tf
où Ï contient
suivante
1es variables
interprétation
constater qurelle
coîn-
en S.2. de g, M associe
libres
de Ivlx et donc une unique application
Iufi - H qui classifie classifiant
définie
à cette
notée llqll, :
ce sous-objet dans lEnsn, puisque (H,
les sous-objets.
est l'objet î) aisément la suite-d'égalités
On vérifie
:
ilenpllr(a)
= t l e l l n ( a )n l l r p l l n ( a )
llç v tilH(a) = llelln(a) v llpllr(a) ||e - rplr(a) = lltollH(u) nrpiln(a) il -l ll lelln(a) = tt,pttr(a) = llolln(a) Og ; llrxtp(x)ll (a) = V ilçllrr(a,b) bo,{x llvx e(x)ll (a) = A (E_(b) + llçlln(a,b)) t1a). ^ ; H b€l\,k On définit
alors
plËçtâl
où âe rfi et \(â)>n
le forcing
Heytingo-valué
comrnesuit
:
ssi p ( llellHG). 5.4. Théorème de correspondance. La sémantique de Kripke-Joyal La démonstration
se fait
et 1e forcing Heytingo-valué coîncident.
par induction
sur 1a longueur de e.
z3
Nous en indiquerons trois
étapes essentielles.
1. Le cas des formules atomiques. Pour fixer
KI
1es idées, montrons que
R(x)[a] ssi n fi- n(x1131 .
P l-
K] 1.a. Si p ll- R(x)tal, on sait qu'i1 y a wr b € Mx tel que Ex(b) > p e t V c r€ h , 6 ( o , a ) ^ p = i [ b , o ) n p . M a i s a l o r s HH p = p,r ô (a,a) = p ^ i(b,a) < i(b,a) (Y i(g,.) = tlR(x)||r(a) HHB si on se souvient que le morphisme classifiant un nono i est donné par
i(8,-) )-/H
(cfr. s.1.c.)
1.b. Si p lF R(x)[a], on sait que p ( llR(x)lln(a). 11 s'agit de trouver un b € M dont f image par i soit a au moins au-dessus de p. Puisque i est un mono, I'application tm singleton.
t : MR- H qui associe i(B,a) à B est
La complétude de MR assure alors
tmique élément représentant ce singleton
t,
ltexistence
c'est
d'un
1e point b cherché.
En effet (*) Eo&) = âit,t;
=V i(B,a) = l|R(x)iln(a) 2 p par hypothèse. p
De plus, conneMRet tr4xsont complets, i1s sont isomorphesà leur conpléti-on et le diagranrne , 0À ,;) [MR ,e )
ïl ti
lî
tl
Qtlx,ô) i
t û
-
, trtî*,ôl conrrute, sachant que
- ûc est 1'application
1â,ô1-totale et extensionnelle (3.2.1.) s sur (MR,e) associe 1e singleton î(s) sur (rvlx,ô) défini par î(s) (o) = V (i(B,cr) ^ s(g)). BH La condition i(b,cl) ^ p = ô(a,cl) ^ p pourtout cr revient donc HH î(t)[cx) ^ p = ô(a,a) n p pui-sque b est déterminée entièrement par le HH singleton t. qui au singleton
or
V Y
(i (B,a)
H
,,(B,cr) H
i [B,a)) < ô (a,o) et donc i(B,a))
p(ô(a,o) H
np. H
24
De plus ô (a,o) ^ p < ô (a,cr) ,. V i(B,a) H HB
(par (*) (hypothèse)
=V (o(a,a) n i(B,a))