^3S?^-
V'
*v
/*^,
Digitized by the Internet Archive in
2009
with funding from
University of
Ottawa
http://www...
20 downloads
677 Views
37MB Size
Report
This content was uploaded by our users and we assume good faith they have the permission to share this book. If you own the copyright to this book and it is wrongfully on our website, we offer a simple DMCA procedure to remove your content from our site. Start by pressing the button below!
Report copyright / DMCA form
^3S?^-
V'
*v
/*^,
Digitized by the Internet Archive in
2009
with funding from
University of
Ottawa
http://www.archive.org/details/oeuvresdedescar06desc
OEUVRES DE
DESCARTES DISCOURS DE LA METHODE & ESSAIS VI
M. Darboux, de l'Académie
des Sciences, doyen de la Faculté
des Sciences de l'Université de Paris,
des Sciences Morales et
et
Politiques,
M. Boutroux, de l'Académie professeur d'histoire de
la
philosophie moderne à la Sorbonne, ont suivi l'impression de cette
publication en qualité de commissaires responsables.
OEUVRES
DESCARTES PUBLIEES
Charles
ADAM &
Paul
TANNERY
sous LES AUSPICES
DU MINISTÈRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE
DISCOURS DE LA MÉTHODE & ESSAIS VI
PARIS LÉOPOLD CERF, IMPRIMEUR-ÉDITEUR 12,
RUE SAINTE- ANNE,
1902
12
AVERTISSEMENT
Le présent volume 1° Le Discours de
contient la
:
Méthode
et les
Essais \ d'après
l'édi-
tion originale, publiée en 1637 à Leyde, chez Jan Maire, sans
nom pour
d'auteur, en format in-4°, avec
Discours placé en
le
suivent
3i
rnatières 2°
tête,
deux paginations
:
3-78
1-4 18 pour les Essais, que
pages non numérotées, contenant
les
Tables des
;
La version
de cet ouvrage {Specimina Philosophiœ^),
latine
version due à Etienne de Courcelles, Français établi à Amster-
dam comme
ministre protestant, et publiée à Amsterdam, chez
Louis Elzevier, en 1644, en même temps que les Principia Philosophiœ de Descartes. Les deux ouvrages dans cette édi-
en un seul volume in-4°, les Specicomprenant d'abord 16 pages sans numéro pages numérotées. Le nom du trapuis 33
tion, sont d'ordinaire réunis
mina étant en
tête, et
(titre et indices),
1
ducteur n'y figure point, mais au contraire celui de Descartes attestant (voir ci-après p. 539) ^"'^ ^ ""^^u et corrigé
le texte,
comme seconde
édition.
et l'avouant,
au moins quant au sens,
Etienne de Courcelles avait laissé de côté trois Essais,
c'est-à-dire la Géométrie.
parut également du vivant
même
Une
le
dernier des
version latine en
de Descartes
:
geometria, à
Renato Des Cartes aiuio 16 3-] Gallicè édita; niinc autcm ciim notis Florimondi de Beaune in Curia Blesensi Consiliarii Regii I.
du
Voir
ci
-après
le
titre
complet sur
frontispice de l'édition originale.
lu
reproduction phototypique
Avertissement.
VI in
Latinam linguam versa,
atqiie studio
Francisci
à
Commentariis
et
Lugduno-Batava Matheseos (Lugduni Batavorum. Ex in-4°
Mais cette
'.)
disciple en
Professoris
officina
même
dance, les
t.
V,
p.
145),
Il
Belgicè
docentis.
tout à fait regarder
responsabilité de cette édition, et lettre à
Academia
loannis Maire, m. dc. xlix,
mathématiques, Descartes
égard dans une
operà
in
quoiqu'en très bonnes relations avec
fois,
Schooten, qu'on doit
illustrata,
Schooten Leydensis,
il
suffisait
son
toute la
s'exprime nettement à cet
Mersenne du 4 nous
comme
tint à lui laisser
avril 1648 [Correspon-
donc de signaler en notes
quelques divergences, justifiées en général, que présente,
avec
le texte français, la
est au reste
version de Schooten, dont la fidélité
remarquable
et
dont
la latinité est
beaucoup plus
que Descartes ne semble l'avoir espéré. Malheureusement sous ce dernier rapport la version
claire et correcte
,
,
d'Etienne de Courcelles laisse au contraire singulièrement à désirer, et entre les lignes dans lesquelles Descartes en constate l'exactitude
(beaucoup trop
littérale et
obtenue,
le plus sou-
vent, à l'aide d'étranges gallicismes), on peut bien lire que,
avoue
le
sens,
comme nous
à son compte. Mais,
s'il
l'avons dit,
il
ne prend pas
s'il
le style
n'a pas voulu s'astreindre à le corri-
ger et à y imprimer sa marque
(ce qui lui aurait coûté plus
peine que de refaire lui-même toute
la version),
il
de
n'en a pas
moins certainement apporté des changements considérables diverses inadvertances de l'exposition,
la
rédaction de
en plusieurs endroits, a subi un remaniement im-
portant les additions, plus ou moins notables, sont fréquentes ;
Tout
:
lôSy ont disparu;
cela est aisément reconnaissable
;
mais
le
^
critérium qu'il
1. Schooten donna en lôSgune seconde édition (Amsterdam, Louis et Daniel Elzevier), dans laquelle ses commentaires sont sensiblement développés, et qui, grossie d'opuscules tant de lui-même que de Hudde, H. van Heuraet, Florimond Debeaune, Jean de Witt, constitue, en deux volumes, un véritable corpus de la géométrie cartésienne à cette date. C'est de cette seconde édition que nous nous sommes particulièrement servis. 2. Elles ont été, au moins les plus saillantes, indiquées entre guille-
mets dans
le texte latin.
vu
Avertissement. indique pour distinguer ses corrections, à savoir prise par rapport au texte de lôSy, est
pour discerner sûrement
évidemment
dune
expression, qu'à préciser
un peu mieux sa pensée. Dans ces conditions, on si
liberté
retouches de détail, lorsque l'au-
les
teur n'a cherché, par le choix
pour s'assurer
la
insuffisant
Descartes, pour
tel
doit dire que,
passage des Essais que
veut approfondir, n'a pas eu un repentir avant 1644,
l'on
confronter avec soin
faut toujours
Nous avons donc jugé petits caractères
;
nécessaire de
le
il
texte des Specimina.
le
donner intégralement, en
indication des divergences, en notes
la seule
sur le texte français, eût entraîné, soit une minutie excessive, soit
des exclusions arbitraires; d'autre part, la fréquence, dans
la littérature philosophique, des renvois
au texte des Specimina
rendait désirable la réédition de ce texte.
Quant aux nombreuses
éditions
du premier ouvrage de
Descartes, qui ont suivi sa mort, nous n'avions pas à en tenir
compte, notre plan étant limité à originales.
Mais nous donnons
aux tables des matières faite
que pour
gés en leur
les errata,
et
la
reproduction des éditions
celles-ci
complètement, du
titre
aux privilèges. Exception n'a été
que nous avons naturellement corri-
lieu.
Les dispositions typographiques convenables ont été prises le commencement et la fin de chaque page des
pour indiquer
éditions originales et pour établir la correspondance entre les
pages de cette édition pour latin Il
le texte
français et pour le texte
'.
nous reste à dire quelques mots sur les principes que suivis pour l'orthographe, en particulier pour
nous avons celle
du texte français, qui
seule
peut faire question.
Les
Remarques sur l'orthographe de Descartes, insérées pages Lxxix-cv du
Tome
I
de
la
Correspondance, nous dispensent
de nouveaux développements sur ce sujet, mais nous avons à justifier les écarts
I.
apparents à l'annonce qui y a été
faite
que
Pour le texte français, les numéros des pages originales figurent sur du titre courant pour le texte latin, voir la note delà page 540.
la ligne
;
Œuvres.
I.
b
Avertissement.
VIII
nous suivrions scrupuleusement
parues du vivant
les éditions
de l'auteur, et dont lui-même a corrigé
texte,
le
lorsqu'on
l'imprimait.
Nous n'avons nullement
varié sur le principe
dérons, au contraire, de plus en plus
aux
tituer
écrits de
Descartes
la
comme
nous consi-
;
important de res-
physionomie orthographique
qui les a caractérisés.
En
égard
particulier, les singularités qu'offrait à cet
le
Dis-
cours de la Méthode, ne pouvaient manquer d'influer sur les lecteurs, surtout sur ceux pour qui
Cette influence, dont décèle,
est vrai,
il
il
il
devint un livre de chevet.
serait aisé de fournir des
beaucoup plus dans
les
exemples, se
autographes du
temps que dans les ouvrages imprimés. Mais elle persista longtemps et n'est point historiquement négligeable, ce qui serait un motif suffisant pour la fidèle reproduction du vo-
lume de 1637. Cependant procéder en tique
»
cette matière «
comme
en diploma-
eût été, à l'égard de Descartes, une trahison d'autant
plus flagrante qu'il a lui-même signalé, à propos de Verrata (voir ci-après, p. 5i4, note)
que nombre de fautes restaient à
corriger et que les distinctions (signes de ponctuation) laissaient
souvent à désirer. L'édition de Jan Maire est d'ailleurs incontestablement très incorrecte au point de vue typographique
en particulier, l'orthographe d'un
même mot
:
et l'accentuation
surtout sont singulièrement inconstantes.
L'excuse présentée par Descartes, à savoir que n'entendait pas un
ment que
mot de
la régularité
les protes et les tierceurs
de l'orthographe
corrections grammaticales
;
rant du français, plus
dû
Il
il
a
et
pour
car, plus le
si,
pour assurer
faire disparaître les in-
compositeur
était igno-
s'efforcer de suivre fidèlement la
faudrait donc pouvoir faire un départ entre les véri-
tables fautes d'impression et les incorrections
Or
compositeur
l'auteur n'a pas trouvé, à Leyde, le précieux concours
que prêtent d'ordinaire
copie.
le
français, signifie toutefois seule-
dans nombre de cas,
du manuscrit.
la distinction est aisée à faire,
Avertissement.
ix
dans beaucoup d'autres, on reste dans l'incertitude. D'autre
main de Descartes, ou
part, le manuscrit était-il de la
avait-il
préparer, pour l'imprimeur, des expéditions au net par un
fait
ou plusieurs copistes, qui auront pu introduire, plus ou moins accidentellement, des formes de leur propre orthographe, au lieu
de celle de Descartes
?
Au moins pour
la Dioptriqiie, la
Dans ce traité, en eflfet, tel que de lôSy, domine la forme ceste, tandis que,
copie était d'une main spéciale. le
donne
dans
l'édition
de l'ouvrage, cette forme n'apparaît
les autres parties
point, et qu'on voit irrégulièrement alterner les formes cette et
dont
cete,
les
la
dernière seule est authentiquement cartésienne,
autographes excluant absolument
les
deux autres.
En
présence de ces difficultés, nous ne pouvions cependant nous résoudre à surcharger le bas des pages de variantes pure-
ment orthographiques.
absolument sans
C'était
intérêt,
puis-
que nous avons données dans les volumes de la Correspondance constituent un ensemble de matériaux largeque
celles
ment suffisant pour l'étude. Nous avons donc convenu, tout d'abord, de corriger tacitement les fautes d'impression évidentes, ainsi que les inadvertances grammaticales (singulier
pour
pluriel,
féminin
pour
masculin, ou inversement), qui devaient plutôt entacher déjà la copie.
Nous n'avons pas eu
rections de
même
plus de scrupule pour les incor-
ordre dans
les
formules algébriques de
la
Géométrie.
Nous avons, en second
lieu,
essayé de régulariser
la
ponc-
tuation d'après le sens, tout en évitant de la moderniser systé-
matiquement, ce qui est
d'ailleurs incompatible avec la
coupe
des phrases de Descartes. Nous avons, d'autre part, conformé l'accentuation à l'usage du philosophe qui est bien établi I. Je dois ajouter, cependant, que, pour imprimé régulièrement où, adverbe, dans
facilité
la
les
trois
de
la
'..
lecture,
j'ai
Essais, alors que
l'usage le plus fréquent de Descartes est de ne pas mettre l'accent, pas
plus que pour
pour
à,
tion. (T.)
la
conjonction.
préposition,
De même pour
l'omission de
l'accent
adverbe; au contraire, n'amène jamais d'hésitalà,
Avertissement.
X
Nous avons, au
contraire, laissé en principe subsister les di-
vergences d'orthographe ou faire disparaître les
même
la
les
formes mal assurées, sauf à
anomalies trop choquantes (variations dans
page ou forme unique contre de nombreux exemples
d'une autre forme). Mais nous avons corrigé tout ce qui nous a paru, avec assez de probabilité, être dû, soit à des fautes
d'impression, soit à des lapsus calami, soit enfin à des altérations dues aux copistes
En
résumé, toutes
pas eu, de
la
employés par Descartes. que nous avons douté
les fois
n'y avait
s'il
part de Descartes, soit une dérogation consciente
à l'usage, soit une indifférence entre deux formes, nous nous
sommes abstenus de
toute correction
nous avons corrigé, au
;
contraire, lorsque nous n'avons pas cru que l'orthographe pût être celle le
que Descartes aurait réellement voulue en écrivant
mot avec Mais,
si
attention
'.
les principes
que nous avons adoptés se
justifient
assez d'eux-mêmes, les avons-nous toujours appliqués d'une
une trop large part à l'appré-
façon irréprochable
?
ciation individuelle
pour nous mettre, dans
de toute critique,
nous-mêmes, après
et
Ils laissent
la
le
détail, à l'abri
dernière revision du
texte original sur les feuilles de cette édition déjà tirées, nous
éprouvons divers scrupules sur quelques cas nous semblait point contestable. I.
l'évidence ne
oià
Ainsi extrordinaire
paraît
Les formes corrigées se réduisent aux suivantes, en deliors des proprement dites
fautes d'impression
:
I"
Emploi de Vy ou de
2"
Diphtongues.
—
— Ne\
1'/.
— Ayt,
croire, aussytost.
Ceiiillir et receitillir
—
neuds.
—
transparant.
La forme des
pluriels en peu près exclusivement employée dans l'édition de \63j. Mais au moment où elle paraissait, Descartes, à en juger par son errata, se serait Estans (forme isolée, en regard A'esprécisément rallié à la forme e^. Toutefoix. tant). Voyage, batissoit, pretast, inégale. — Des4° S d'accentuation. 3°
Pluriel.
(nés), difficulté^, esloigne\.
es est à
—
—
—
pendre (l'étymologie 5° Lettres
latine exige dépendre), étais.
doublées ou non prononcées.
esclattant, temps, trouts. 6°
Emploi de
l'.v.
— Pieres,
— Reftection.
rons.
—
— Cest,
Celliiy,
cet,
cella,
cestuy. parfaitte,
Avertissement. une faute certaine
;
nous avons donc imprimé extraordinaire,
moment où nous avons
jusqu'au
la seule qui se
xi
constaté que l'autre forme est
rencontre dans l'édition de lôSy.
De même
leur,
au pluriel du pronom possessif, semble bien être une forme
consciemment adoptée par Descartes, au lieu de leurs. Dans un cas isolé, au contraire, si nous avons imprimé la plus grande part, nous devons cependant regarder comme possible que Descartes, par une élision conforme à une prononciation plus ou moins répandue, ait volontairement écrit la plus grand part, en omettant l'apostrophe à laquelle
il
ne
fait
d'ordinaire
pas d'attention.
Nous ne pouvons donc affirmer qu'une chose,
c'est que,
étant chargés de la responsabilité du texte, l'un pour
le
nous Dis-
cours de la Méthode, l'autre pour les Essais, nous avons cha-
cun
de notre mieux pour garder un juste milieu entre
fait
les
tendances à une systématisation trop rigoureuse ou à une fidélité
trop servile. Quelques erreurs nous ont échappé avant la
correction définitive ou se sont produites au tierçage. le
relevé
Page Page Page
En
voici
:
5,
ligne lo, estimast] //re m'estimast.
5,
ligne 26, des] lire de tous les.
25, ligne 8, le trait de séparation verticale doit être
supprimé.
Page
28, lignes 8-9,
il
semble qu'on devrait
lire: selon
que
nostre entendement la luy représente bonne ou mauuaise.
Page 44, Page 46, Page 47, Page 5o, Page 5o, Page 53, Page 55,
ligne 24, après quelquefois, ajouter que. ligne 23, après trouuois, ajouter toutes.
ligne 11, receptablej lire réceptacle. ligne
3, ce] lire le.
ligne
6, desenflent] lire se desenflent.
ligne 17, o^rè^ qu'vne, ajoute{ seule. ligne 10, estres]/n-eestre.
— Ligne 21
receuës.
Page 55, ligne Page 71, ligne
26, ces] lire ses. i,
subtiles] lire subtils.
:
reçues] lire
Avertissement.
XII
Page Page Page
n'esf lire
n'est pas.
94, ligne
4,
104, ligne
14,
peut] //re peut bien.
144, ligne
i3,
oh'xQi] lire
il
par Descartes, Correspondance,
t.
il
œil.
—
II, p.
Correction indiquée
481,
1.
7, et d'ailleurs
introduite dans Tédition latine.
Page 146, Page i57, Page 174, Page 180, Page 462,
ligne 3o, encores] lire qu'encores. ligne i3, ces] //re ses.
DBOR.
ligne 3o,
BDOR]
ligne
5,
BI] lire ^l.
ligne
4,
iusques en E] lire iusques a E.
lire
DISCOURS
DE LA METHODE Pour bien conduire fa la vérité
dans
rairon,6c;
chercher
les fciences.
Plus
LA DIOPTRIQVE. LES METEORES. ET
LA GEOMETRIE.
^i [ont
des effais de ce te
A
De
L
E
rimprimcrie de
Cl3 Id
C
Méthode.
Y D E l
a n
Mai
XXXVII.
^téec Tnui/ege.
R
E.
DISCOURS
METHODE
DE LA
POUR BIEN CONDUIRE SA RAISON ET CHERCHE!^ LA VERITE DANS LES SCIENCES
Si ce difcoiirs femble trop long pour ejîre tout leu en
me
fois, on
le
pourra di/linguer en Jix parties. Et,
en la première, on trouuera diuerfes conjiderations tou-
chant 5
les fciences.
En
la
féconde,
les
principales règles
Méthode que VAutheur a cherchée. En la 3, la Morale qu'il a tirée de cete Méthode. En la 4, les raifons par lefquelles il prouuc Vexiflence de Dieu & de lame humaine, qui /ont les de
la
quelques vnes de celles de
fondemens de 10
quefiions de
ment
fa
Metaphy/ique.
Phyfque
l'explication du
mouuement du
autres dificulter^ qui auffy
Et en pour
ture qu'il n'a
:
ejl
dernière,
entre
&
chofes
celle des ejlre
Na-
ejlé,
I.
Médecine, puis
nofre ame
quelles
&
il
quelles raifons Vont fait efcrire.
efl la
chofe du
car chafcun penfe en
ŒUVRKS.
la
croit
Le bon fens
tagée
des
l'ordre
5,
aller plus auant en la recherche de la
la
requifes
la
& particulièrecœur & de quelques
appartienent a
la différence qui
befles. i5
En
qu'il a cherchées,
monde
e(l:re
fi
la
mieux par-
bien pouruù, que 1
première
Œuvres
2
ceux mefme qui font
de Descartes.
3-4.
les plus difficiles a
contenter en
toute autre chofe, n'ont point couftume d'en defirer plus qu'ils en ont. En quoy
que tous
fe
trompent
;
il n'ell: pas vrayfemblable mais plutofl cela tefmoigne que
la
puiffance de bien iuger,
le
faux, qui efl
&
diflinguer le vray d'auec
proprement ce qu'on
nomme
le
5
bon
fens ou la raifon, efl naturellement efgale en tous les
hommes
que la diuerfité de nos opinions ne vient pas de ce que les vns font plus raifonnables que les [autres, mais feulement de ce que nous conduifons nos penfées par diuerfes voyes,& ne confiderons pas les mefmes chofes. Car ce n'eft pas alTez d'auoir l'efprit bon, mais le principal eft de l'appliquer bien. ;
et ainfi
Les plus grandes
âmes
lo
font capables des plus grans
que des plus grandes vertus et ceux qui ne marchent que fort lentement, peuuent auancer beaucoup dauantage, s'ils fuiuent toufiours le droit chemin, que ne font ceux qui courent, & qui s'en vices, auffy bien
;
i5
efloignent.
Pour moy, fuft i'ay
ie
mon efprit que ceux du commun mefme
n'ay iamais prefumé que
en rien plus parfait fouuent fouhaité d'auoir
20
;
la
penfée auffy prompte,
ou l'imagination auffy nette & diflinde, ou la mémoire auffy ample, ou auffy prefente, que quelques autres. Et ie ne fçache point de qualitez que celles car pour la cy, qui feruent a la perfection de l'efprit
25
:
ou le fens, d'autant qu'elle eft la feule chofe qui nous rend hommes, & nous diftingue des beftes, ie veux croyre qu'elle eft toute entière en vn chafcun,
raifon,
&
fuiure en cecy l'opinion
commune
qui difent qu'il n'y a du plus
&
des Philofophes,
du moins qu'entre
les
3o
Discours de la Méthode.
4-5.
accidens,
& non point
indiuidus d'vne
Mais
5
10
i5
entre les formes, ou natures, des
mefme
efpece.
ne craindray pas de dire que
ie penfe auoir eu beaucoup d'heur, de m'eftre rencontré dés maieuneffe en certains chemins, qui m'ont conduit a des conilderations & des maximes, dont i'ay formé vne
ie
Méthode, par laquelle il me femble que i'ay moyen d'augmenter par degrez ma connoifTance, & de l'elleuer peu a peu au plus haut point, auquel la médiocrité de mon efprit & la cour|te durée de ma vie luy pourront permettre d'atteindre. Car l'en ay defia recueilly de tels fruits, qu'encore qu'aux iugemens que ie fais de moymefme, ie tafche toufiours de pencher vers le cofté de la défiance^ plutofl: que vers celuy de la prefomption; & que, regardant d'vn œil de Philofophe les diuerfes actions & entreprifes de tous les hommes, il n'y en ait quafi aucune qui ne tile; ie
tion 20
3
ne
laifle
du progrés que
recherche de
me
femble vaine
& inu-
pas de réceuoir vne extrême fatisfac-
la vérité,
en
ie
penfe auoir defia
&
de conceuoir de telles efpe-
rances pour l'auenir, que
fi,
fait
la
entre les occupations des
hommes purement hommes, foit
folidement bonne
c'eft celle 2 5
que
Toutefois
il
n'eft peuteflre
il y en a quelqu'vne qui importante, i'ofe croyre que
i'ay choifie.
fe
peut faire que
ie
qu'vn peu de cuiure
&
me
&
trompe,
&
de verre que
ce ie
combien nous fommes fuiets a nous méprendre en ce qui nous touche, & combien auffy les iugemens de nos amis nous doiuent eftre fufpeds, lorfqu'ils font en noflre
prens pour de
3o
&
l'or
des diamans.
le fçay
faueur. Mais ie feray bien avfe de faire voir, en ce dif-
OEuvRES DE Descartes.
4
5-6.
cours, quels font les chemins que i'ay fuiuis,
ma
reprefenter
vie
comme
chafcun en puiffe iuger,
commun
en vn tableau,
&
&
affin
d'y
que
qu'apprenant du bruit
foit vn nouueau moyen de m'inftruire, que i'adioulleray a ceux dont iay couflume de me feruir. Ainfi mon detlein n efl: pas d'enfeigner icy la Méthode que chafcun doit fuiure pour bien conduire fa raifon, mais feulement de faire voir en quelle forte
les
i'ay tafché
de donner
opinions qu'on en aura, ce
de conduire |
la
miene. Ceux qui
des préceptes,
fe
fe
méfient
5
lo
doiuent ellimer plus
ils les donnent; & s'ils chofe, ils en font blafmables. moindre manquent en la Mais, ne propofant cet efcrit que comme vne hifloire, ou, Il vous l'aymez mieux, que comme vne fable, en laquelle, parmi quelques exemples qu'on peut imiter, on en trouuera peuteftre aulTy plulieurs autres qu'on
habiles que ceux aufquels
aura raifon de ne pas fuiure, i'efpere
qu'il fera vtile
a quelques vns, fans eftre nuilible a perfonne,
tous
me
fçauront gré de
l'ay eflé
ma
&
que
franchife.
nourri aux lettres dés
i5
20
mon
enfance,
&
pource qu on me perfuadoit que, par leur moyen, on pouuoit acquérir vne connoilTance claire & alTurée de tout ce qui ei\ vtile a la vie, i'auois vn extrême defir de les apprendre. Mais fitoft que i'eu acheué tout ce
25
cours d'eiludes, au bout duquel on a couflume d'eftre receu au rang des do6les, d'opinion. Car ie
me
ie
changeay entièrement
trouuois embarafle de tant de
doutes
& d'erreurs, qu'il me fembloit
profit,
en tafchant de m'inftruire, finon que i'auois dé-
couuert de plus en plus
n'auoir fait autre
mon ignorance.
Et
néanmoins
3o
Discours de la Méthode.
6-7-
i'eftois
où s'il
^
en l'vne des plus célèbres efcholes de l'Europe,
penfois qu'il deuoit y auoir de fçauans hommes, Y en auoit en aucun endroit de la terre, l'y auois
ie
appris tout ce que les autres y apprenoient & mefmè, ne m'eftant pas contenté des fciences qu'on nous en;
5
ieignoit, i'auois
parcouru tous
les liures, traitans
&
celles qu'on eftime les plus curieufes
qui auoient pu tomber entre
mes mains. Auec
cela, ie
fçauois les iugemens que les autres faifoient de 10
&
de
les plus rares,
moy
;
ne voyois point qu'on eftimafl inférieur a mes condifciples, bien qu'il y en euft defia entre eux ie
|
quelques vns, qu'on deftinoit a remplir
nos maiftres. Et enfin noftre fleurilTant, i5
&
fiecle
me
liberté
de iuger par
penfer
qu'il n'y auoit
moy
faifoit
2o
laiffois
prendre
de tous les autres,
aucune dodrine dans
qui fufl telle qu'on m'auoit auparauant
ne
de
fembloit aulTy
aulTy fertile en bons efprits, qu'ait efté
aucun des precedens. Ce qui me
le
les places
le
&
la
de
monde,
fait efperer.
pas toutefois d'ellimer les exercices,
aufquels on s'occupe dans les efcholes.
le fçauois que qu'on y apprent, font neceffaires pour l'intelligence des liures anciens; que la gentilleife des
les langues,
fables refueille fefprit
des hiftoires 25
le
;
releuent,
que
&
adions mémorables
qu'eftant leuës auec dif-
cretion, elles aydent a former le iugement; que îa
le(Sure des bons liures ei\
auec
les plus
comme
vne conuerfation
honneftes gens des fiecles paifez, qui en
ont efté les autheurs, diée, en laquelle 3o
les
ils
& mefme
vne conuerfation eftu-
ne nous découurent que
les
meil-
leures de leurs penfées; que l'Eloquence a des forces
&
des beautez incomparables
;
que
la Poëfie a
des
OEUVRKS DE DeSCARTKS.
6
7-8-
que les delicateffes & des douceurs très rauiflantes Mathématiques ont des inuentions très fubtiles, & qui peuuent beaucoup feruir, tant a contenter les curieux, qu'a faciliter tous les arts, & diminuer le trauail des hommes; que les efcris qui traitent des meurs contienent plufieurs enfeignemens, c^ plufieurs exhortations a la vertu qui font fort vtiles que la Théologie enfeigne a gaigner le ciel; que la Philofophie donne moyen de parler vrayfemblablement de toutes chofes, & fe faire admirer des moins fçauans; que la lurifprudence, la Médecine & les autres fciences apportent des honneurs & des richeifes a ceux qui les cultiuent; et enfin, qu'il efl bon de les auoir toutes ;
5
;
lo
|
examinées, fauffes,
mefme
les plus fuperflitieufes
de connoiflre leur
affin
iufte
&
les plus
valeur,
&
fe
i5
garder d'en eftre trompé.
Mais
ie
croyois auoir defia donné alTez de tems aux
& mefme aully a la ledure des Hures anciens, leurs hifloires, & a leurs fables. Car c'eft quafi le
langues,
&
a
mefme de conuerfer auec ceux des de voyafger.
Il
efl;
autres fiecles, que bon de fçauoir quelque chofe des
meurs de diuers peuples, affin de iuger des noflres & que nous ne penfions pas que tout ce qui eft contre nos modes foit ridicule. & contre raifon, ainfi qu'ont couflume de faire ceux qui n'ont rien vu. Mais lorfqu'on employé trop de tems a voyafger, on deuient enfin eflranger en fon pais
20
plus fainement,
25
;
&
lorfqu'on
eft
trop curieux des chofes qui
fe prati-
quoient aux fiecles pafTez, on demeure ordinairement fort
ignorant de celles qui
Outre que
les fables font
fe
pratiquent en cetuycy.
imaginer plufieurs euene-
3o
Discours de la Méthode.
8-9-
7
mens comme poffibles qui ne le font point et que melme les hiftoires les plus fidèles, 11 elles ne changent ;
nv n'augmentent
la
valeur des chofes, pour les rendre
plus dignes d'eftre leuës, au moins en omettent elles 5
prefque toufiours
les
plus baffes
&
moins
illuftres cir-
d'où vient que le relie ne paroift pas tel que ceux qui règlent leurs meurs par les exemples qu'ils en tirent, font fuiets a tomber dans conflances
10
:
&
qu'il eft,
les extrauagances des Paladins de nos romans, conceuoir des deffeins qui paffent leurs forces.
l'eftimois fort l'Eloquence,
Poëfie
la
mais
;
ie
&
i'eftois
penfois que l'vne
I
des dons de
Ceux i5
l'efprit, plutofl
que des
qui ont le raifonnement
gèrent
le
claires
&
le
&
&
a
amoureux de
l'autre eftoient
fruits
de l'eftude.
plus fort,
&
qui di-
mieux leurs penfées, affin de les rendre intelligibles, peuuent toufiours le mieux
perfuader ce
qu'ils
propofent, encore qu'ils ne par-
laient que bas Breton,
&
qu'ils n'euffent
iamais apris
de Rhétorique. Et ceux qui ont les inuentions les plus 20
agréables,
d'ornement
l^
&
qui les fçauent exprimer auec
le
plus
de douceur, ne lairroient pas d'eftre les
meilleurs Poètes, encore que
l'art
Poétique leur
fuft
inconnu. le 25
de ie
me
plaifois furtout
la certitude
&
aux Mathématiques, a caufe
de l'euidence de leurs raifons; mais
ne remarquois point encore leur vray vfage,
&
pen-
fant qu'elles ne feruoient qu'aux Arts Mechaniques, ie
m'eflonnois de ce que, leurs fondemens ertans
fermes 3o
releué.
&
fi
on n'auoit rien bafti deffus de plus Comme, au contraire, ie comparois les efcris fi
folides,
des anciens payens, qui traitent des meurs, a des palais
OEuvRES DE Descartes.
8 fort
fuperbes
&
magnifiques, qui n'eftoient baflis
fort
que fur du fable haut les vertus,
& fur de la boue. Ils efleuent & les font paroillre ellimables
deilus toutes les chofes qui font au
monde
n'enfeignent pas affez a les connoilbe,
bilité,
par
mais
;
ils
fouuent ce
5
fi
&
reuerois nofl:re Théologie,
le
&
fort
beau nom, n'ell qu'vne infenfiou vn orgueil, ou vn defefpoir, ou vn parricide.
appelent d'vn
qu'ils
9-10.
qu'aucun autre, a gaigner
comme
pretendois, autant
le ciel;
chofe très affurée, que
mais ayant apris,
chemin n'en
le
efl;
pas
10
moins ouuert aux plus ignorans qu'aux plus dodes, & que les veritez reuelées, qui y conduifent, font au ,
deffus de noflre intelligence,
mettre a
&
de mes raifonnemens,
la foibleffe
les fou-
n'euife ofé
ie
ie
pen-
& y quelque extraordinaire
que, pour entreprendre de les examiner
fois
reuflir,
il
afiîilence
eftoit ^efoin d'auoir
du
ciel,
&
d'eftre plus
ne diray rien de
le
qu'homme.
la Philofophie, finon
qu'elle a efté cultiuée par
que, voyant
les plus excellens efprits qui
ayent vefcu depuis plufieurs fiecles,& que néanmoins il
ne
s'y
pute,
L^
i5
20
trouue encore aucune chofe dont on ne difpar confequent qui ne
foit
douteufe,
ie
n'auois
point allés de prefomption pour efperer d'y rencontrer
mieux que
les autres; et que,
confiderant combien
peut y auoir de diuerfes opinions, touchant vne mefme matière, qui foient fouftenuës par des gens
il
2')
doéles, fans qu'il y en puilTe auoir iamais plus d'vne feule qui foit vraye,
ie
reputois prefque pour faux
tout ce qui n'efloit que vrayfemblable. Puis,
pour
les autres fciences,
pruntent leurs principes de
la
d'autant qu'elles em-
Philofophie,
ie
iugeois
3o
Discours de la Méthode.
lo-ii.
9
qu'on ne pouuoit auoir rien bafti, qui fuft folide, fur des fondemens fi peu fermes. Et ny l'honneur, ny le gain quelles promettent, n'eftoient fuffifans pour me conuier a 5
apprendre; car
les
vn meftier de fortune
et
;
pour
la fcience,
quov que
prifer la gloire en
ne
ie
acquérir qu'a faux
dodrines, valoient, les
ie
le
fifle
Cynique,
peu deftat de celle que 10
ne
ie
me
fentois point,
grâces a Dieu, de condition qui mobligeafl a faire
ie
ma
foulagement de
pas profeiTion de mef-
ie faifois
néanmoins
fort
nefperois point pouuoir
pour
titres. Et enfin,
les
mauuaifes
penfois defia con|noifi;re affés ce quelles
pour
trompé, ny par
n'eftre plus fuiet a eftre
promelfes d'vn Alchemifle, ni par les prédictions Allrologue, ny par les impoftures d"vn Magicien,
dvn 1
5
nv par
ou
les artifices
la
venterie d'aucun de ceux qui
font profeffion de fçauoir plus qu'ils ne fçauent. C'eil
de
ment 20
pourquoy,
la fuietion
fitoil
que l'aage
me
de mes Précepteurs,
l'eflude des lettres. Et
me
ie
fortir
refoluant de ne cher-
cher plus d'autre fcience, que celle qui fe pourroit
trouuer en movmefme, ou bien daiis
monde, i'employay a voir des cours
de diuerfes 25
permit de
quittay entière-
l^
le refte
de
ma
le
grand
liure
du
ieuneffe à voyafger,
des armées, a fréquenter des gens
humeurs & conditions, a
recueillir di-
uerfes expériences, a m'efprouuer moymelme dans les rencontres que la fortune me propofoit,& partout a faire telle reflexion fur les chofes qui fe prefen-
que l'en pûffe tirer quelque profit. Car il me fembloit que ie potirrois rencontrer beaucoup plus de vérité, dans les raifonnemens que chafcun lait touchant les affaires qui luy importent, & dont leuencment toient,
3o
ŒevREs.
I.
2
Œuvres
lo
de Descartes.
m-^.
le doit punir bientofl après, s'il a mal iugé, que dans ceux que fait vn homme de lettres dans Ion cabinet, touchant des fpeculations qui ne produifent aucun efFed, & qui ne luy font d'autre confequence, linon que peuteftre il en tirera d'autant plus de vanité qu'elles feront plus efloignées du fens commun, a caufe qu'il aura deu employer d'autant plus d'efprit
&
de les rendre vrayfemblables.
d'artifice a tafcher
Et i'auois toufiours
vn extrême
d'apprendre a
defir
diflinguer le vray d'auec le faux, pour voir clair en
mes adions, & marcher auec affurance en
ie ne faifois que confihommes, ie n'y trouuois meurs des autres derer les gueres de quoy m'affurer, & que i'y remarquois quafi autant de diuerfité que i'auois fait auparauant entre les opinions des Philofophes. En forte que le plus grand profit que l'en retirois, efloit que, voyant plufieurs chofes qui, bien qu'elles nous femblent fort extrauagantes & ridicules, ne laifTent pas d'eflre comeft
lo
cete vie.
1
Il
5
vray que, pendant que
munément receuës & approuuées par
d'autres grans
i5
20
peuples, i'apprenois a ne rien croyre trop fermement
de ce qui ne m'auoit
&
par la couflume
;
efté
perfuadé que par l'exemple
et ainfi ie
me
deliurois peu a peu
de beaucoup d'erreurs, qui peuuent ofFufquer nollre
lumière naturelle,
& nous rendre moins capables d'en-
25
tendre raifon. Mais après que i'eu employé quelques
années a efludier
ainfi
dans
du monde,
le liure
tafcher d'acquérir quelque expérience, refolution d'efludier auffy en
toutes les forces de
que
ie
mon
deuois fuiure.
ie pris
a
moymefme, & d'employer chemins beaucoup
efprit a choyfir les
Ce
&
vn iour
qui
me
reuffit
3o
I
Discours de
I2-I?.
mieux, ce loigné,
me
5
femble, que û
ny de mon alors
Teflois
la.
pais,
ie
Méthode. ne
me
nv de mes
ii
fuffe
iamais ef-
liures.
en Allemaigne, ou
Toccafion
guerres qui n'y font pas encore finies m'auoit appelé
comme
des ;
&
retournois du couronnement de l'Empereur
ie
commencement de l'hyuer m'arefta en vn quartier, ou ne trouuant aucune conuerfation qui me diuertill, & n'ayant d'ailleurs, par bonheur, aucuns foins nv pallions qui me troublalTent, ie demeurois tout le iour enfermé feul dans vn poëfle, ou i'auois
vers l'armée, le
lo
tout loyfir de
|
m'entretenir de
lefquelles, l'vne des
confiderer, que fouuent i5
dans faits
les
de
mes
premières fut que il
penfées. Entre ie
m'auifay de
n'y a pas tant de perfedion
ouurages compofez de plufieurs pièces, & main de diuers maiflres, qu'en ceux auf-
la
quels vn feul a trauaillé. Ainfi voit on que les baf-
timens qu'vn feul Architede a entrepris ont couftume d'eftre plus beaux 20
&
&
acheuez,
mieux ordonnez,
que ceux que plufieurs ont tafché de racommoder, en faifant feruir de vieilles murailles qui auoient eflé
baflies a d'autres fins. Ainfi ces ancienes citez, qui,
n'ayant eflé au
commencement que des bourgades,
font deuenuës, par fucceffion de tems, de grandes 25
villes, font
ordinairement
fi
mal compaiTées, au pris de
ces places régulières qu'vn Ingénieur trace a fa fan-
dans vne plaine, qu'encore que, confiderant leurs édifices chafcun a part, on y trouue fouuent autant
taifie
ou plus 3o
comme comme
ceux des autres, toutefois, a voir icy' vn grand, là vn petit, & rendent les rues courbées 0^ inefgales, on
d'art qu'en ils
ils
font arrangez,
secondk PART»;.
OEuvRES DE Descartes.
12
que
diroit
quelques
c'ell plutoft la
hommes
13-14.
fortune, que la volonté de
vfans de raifon, qui les a ainfi dif-
on confidere qu'il y a eu néanmoins de tout tems quelques officiers, qui ont eu charge de prendre garde aux baflimens des particuliers, pour les faire feruir a l'ornement du public, on connoiflra bien qu'il eu malayfé, en ne trauaillant que fur les
pofez. Et
11
5
ouurages d'autruy, de faire des chofes fort accomm'imaginay que les peuples qui, ayant
plies. Ainfi ie
efté autrefois
demi fauuages,
&
ne s'eftant ciuilifez
10
que peu a peu, n'ont fait leurs loix qu'a mefure que l'incommodité des crimes trains,
ne fçauroient
qui, dés le
& des
eflre
commencement
fi
querelles les y a| conbien policez que ceux
qu'ils fe font alfemblez,
ont obferué les conftitutions de quelque prudent Legiflateur.
Comme
il
efl
bien certain que
vraye Religion, dont Dieu feul a
fait les
l'eftat
i5
de la
ordonnances,
incomparablement mieux réglé que tous les autres. Et pour parler des chofes humaines, ie croy doit eftre
que,
fi
Sparte a efté autrefois très floriffante, ce n'a
20
pas efté a caufe de la bonté de chafcune de les loix en particulier, vu
mefme
que plulieurs eftoient
fort eftranges,
&
contraires aux bonnes meurs, mais a caufe
que, n'ayant efté inuentées que par vn feul, elles ten-
doient toutes a
mefme
fin.
Et ainfi ie
penfay que
les
25
fciences des Hures, au moins celles dont les raifons
ne font que probables, & qui n'ont aucunes demonftrations, s'eftant compofées & groffîes peu a peu des opinions de plufieurs diuerfes perfonnes, ne iont
approchantes de la vérité, que les Amples fi raifonnemens que peut faire naturellement vn homme
point
3o
Discours de la Méthode.
i4-'5.
de bon fens touchant tous efté
nous a 5
chofes qui fe prefentent. Et penfav que, pource que nous auons enfans auant que d'eftre hommes, & qu'il
encore
ainli
& nos
ij
tallu
les
ie
long tems eflre gouuernez par nos appetis
Précepteurs, qui eftoient fouuent contraires les
vns aux autres,
ny
les vns ny les autres, ne nous confeilloient peuteflre pas toufiours le meilleur, il eft prefqu'impoffible que nos iugemens foient fi purs, ny fi folides qu'ils auroient efté, û nous auions lo
l