ÉTUDES
ET
COMMENTAIRES LXXX
JEAN-LOUIS PERPILLOU Profeiseur à !' Univerrité de Rouen
LES
SUBSTANTIFS GRECS , EN - E...
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ÉTUDES
ET
COMMENTAIRES LXXX
JEAN-LOUIS PERPILLOU Profeiseur à !' Univerrité de Rouen
LES
SUBSTANTIFS GRECS , EN - EUÇ
ÉDITIONS KLINCKSIECK 11, Rue de Lille, PARIS - 7e
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1973
=====
A la mémoire de ma mère Suzanne DEMANGEON, A mon père Aimé PERPILLOU.
La loi du 11 mars 1957 n'autolisant aux termes des alinéas 2 et 3 de l'alticle 41, d'une palt, que les {( copies ou repI'oductions strictement réservées à l'usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective)) et, d'autI e part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute replésentation ou Ieproduction intéglale, ou partielle, faite sans le consentement de l'auteUI ou de ses ayants-droit ou ayanfs-cause, est illicite» (alinéa 1 er de l'article 40) . Cette replésentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contI efaçon sanctionnée pal les articles 425 et suivants du Code Pénal.
ISBN 2-252-01318-4
© Éditions Klincksieck, 1973..
AVANT-PROPOS
Cette étude est une thèse qui a été soutenue le 7 félJrier 1970 en Sorbonne. Ce m'est un agréable delJoir que de remercier les membres du jury, Messieurs Jean Humbert, Pierre Chantraine, Michel Lejeune, OlilJier M asson, grâce à l'attention bienlJeillante de qui ce lilJre se troulJe maintenant corrigé et complété de mille façons. Si je tentais en particulier d'élJaluer ce que je dois à mes maîtres, Messieurs Michel Lejeune et Pierre Chantraine, singulièrement à ce dernier qui a accepté de me diriger dans cette recherche, on fJerrait bien que si ce lilJre contient quelque chose de bon, j'en suis le bénéficiaire plus que le responsable, grâce aux exemples que j'ai eus sous les yeux, grâce aux conseils que j'ai reçus. Je dois aussi des remerciements à tous ceux qui m'ont aidé à des moments difJers, mais tout spécialement à .Madame Françoise Bader, camarade d'études et amie de toujours, qui, pour la rélJision des épreulJes de ce 1J0lume, m'a offert l'efficace secours d'un esprit précis et d'une attention toujours en alerte. Enfin, c'est grâce à une sublJention accordée par la Faculté des Lettres de Paris que cet ourrage a pu être publié. Qu'on lJeuilie troulJer ici les marques de ma reconnaissance.
INTRODUCTION
,
ETAT DE LA QUESTION (§§ 1-62)
§. 1 Les noms en -euç constituent en grec une catégorie nettement délimitée à première vue, mais dont l'unité n'est en fait qu'une unité purement extérieure, celle d'une flexion souvent secondaire" Ils reposent sur les thèmes les plus divers: radicaux, verbaux, nominaux. Ce sont des noms d'agents, tel <pow;uç, des noms de métiers, tel crxu"t"euç, des noms d'outils, tel "t"0fleuÇ, des noms d'animaux, tel xecr"t"peu.;, des anthroponymes, des épithètes divines, des ethniques. Et de fait, on ne trouve une unité à leur signification que moyennant des formules très imprécises. Ainsi E. Schwyzer 1 : «" . Bezeichnungen mannlicher Personen, die mit einer Sache, Handlung, an einem Ort beschaftigt sind (und zwar haufiger dauernd und berufmassig, amtlich), weiter auch Bezeichnungen von aIs personlich wirksam gedachten Dingen )) Sur le dernier point notamment, on peut voir que le caractère général de la formule conduit à appliquer une définition vague et de plus mal adaptée, à des mots comme OXeu.; ou "t"0fLeu.; qui ne sont nullement des personnifications et qui sont anciens comme noms d'outils. Cette ancienneté, la diversité de leurs emplois engage à les considérer comme masculins non pas parce qu'envisagés « personlich » par une extension secondaire du suffixe et de sa valeur, mais bien parce que noms d'outils animés, sentis comme actifs au même titre que cr"t"(XT~p, xp(X"t"~p, ~ux"t"~p, etc, § 2. La diversité des emplois du suffixe -eu.;, dont on peut être tenté de rendre compte par une diversification, peut d'emblée nous faire soupçonner qu'il s'agit d'un élément à l'histoire déjà longue . Des extensions successives, de multiples possibilités d'emploi auront obscurci des valeurs plus précises, jusqu'à l'expression vague d'une pertinence de la chose ou de la personne nommée à un objet, à une fonction, à une action, etc. Notre effort doit donc consister à essayer de disposer selon une perspective, notamment du point de vue historique, pour 1, E SCHWYZER, Gr, Gr, J, p, 476; définition comparable chez W" BRANDENSTEIN, Griechische Sprachwissenschaft, Sammlung Goschen nO 117, Berlin, 195!I, pp" 17 sq,
14
~TAT
DE LA QUESTION
tâcher d'en apprécier la valeur, des formes dont la seule unité est dans la finale. Productive à toutes les époques, mais en renouvellement constant, et nettement constituée dans les documents mycéniens, cette catégorie pose un premier problème qui est celui de l'héritage évent~el du su~xe, ou au contraire de son emprunt. Problème dont les multlples solutIOns proposées reposent plus sur des essais d'identification du sU~lxe dans des langues apparentées ou non, que sur l'étude de sa fonctIOn ou de ses fonctions en grec même. Or, que crxU"t"EVe; et "t"ofLe:Ve; posent tous deux un problème de flexion et d'origine du suffixe ne doit pas nous dissimuler que morphologiquement et sémantiquement ~es deux mots sont absolument irréductibles à l'unité C'est ici qu'une mIse en perspective à l'intérieur même du grec pourra être profitable. A prendre les choses brutalement, un suffixe unique -EVe; ~ert donc à former des mots qui pour le sens se laissent difficilement umr en une catégorie Quelles explications ont été données de cette finale?
HISTORIQUE DE LA QUESTION
§ 3., Dans l'histoire des exégèses de la terminaison -EVe; nous distinguerons deux périodes articulées autour du déchiffrement par M. Ventris (1953) des textes dits mycéniens écrits en linéaire B. La première, utilement résumée dans les premières pages de l'étude de E. Bosshardt 2, voit depuis le dernier tiers du XIX e siècle des tentatives diverses d'explications indo-européennes soit par élargissement en -u- de thèmes en -8- ou -é-, verbaux selon les uns, nominaux pour d'autres, soit par développement de thèmes en -u- qui auraient des parallèles en iranien, soit enfin par dérivation inverse de verbes en -EVCù auxquels on trouverait des analogues en baltique et en slave. Les diffICultés auxquelles se sont heurtées ces différentes tentatives ont finalement conduit à supposer, d'une manière surtout négative, une origine préhellénique non indo-européenne, suggestion de A. Debrunner 3, admise par P . Chantraine 4 et par E. Risch 5. S'engageant délibérément dans cette voie, E. Bosshardt, sans pouvoir il est vrai en administrer la preuve par une seule forme d'aucun document égéen, a posé un suffixe emprunté, de forme -ii1;t-, ayant fait fortune à partir du mot ~()(Q"~ÀEVe; dans la langue épique (voir infra § 16). C'est cette vue, non démontrée, mais non invraisemblable a priori en son temps, qu'est venu ruiner le déchiffrement du linéaire B. En effet à partir de 1953 il a été établi que bien loin de sortir de la langue épique, les mots en -EVe; étaient largement installés dès l'époque mycénienne dans de multiples emplois parmi lesquels ~O(Q"~ÀEVe; n'était qu'un élément (et désignait un personnage) de médiocre importance, et que leur forme ne supposait pas un -a- mais bien un -e-. Ces faits nou2. E.. BOSSHARDT, Die Nomina auf -e:uç, Dissert Zürich, 1942., 3 A, DEBRUNNER in Gottingische gelehrte Anzeigen, 1916, pp. 741 sqq. (C, R. du dictionnaire étymologique de BOISACQ) ; puis IF 59, 1948, pp, 218 sqq, 4 P CHANTRAINE, Formation, p. 125. 5 E.. RISCH, WG'rtbildung, pp, 143 sqq.
ÉTAT DE LA QUESTION
16
veaux ont donné une nouvelle vigueur à l'hypothèse indo-européenne, et c'est elle qu'ont à nouveau tenté de démontrer notamment 0, Szet \T , Georgiev 7 , de façon inégalement heureuse, et finaleluerenYl 6 e o
•
ment non décisive dans le meilleur des cas. . Mais déjà auparavant la thèse d'un * -ëu- indo-européen avait bene. 1951 d'un nouveau plaidoyer sous la plume de Mo Leroy 8, fi me en 'd . d" plaidoyer qui présente cette interprétation comme une éVl ence m ument condamnée par un véritable veto de K. Brugmann 9. 0
0
0
CHAPITRE PREMIER
HYPOTHÈSES ANCIENNES 6 7, 8. 9
Voir Voir Voir Voir
§§ 30-35 §§ 36-46 § 59 § 6
(§§ 4-j3)
§ 4" Toutes ces explications, partant du postulat souvent implicite que -euç est une finale d'origine indo-européenne, consistent en variations sur la question de savoir si la flexion athématique de ces mots pouvait se trouver en concurrence avec des formes thématiques, sur la quantité ancienne du -e- précédant le -W-, sur la question de savoir si cet -e- faisait partie du radical ou était un élément alternant du suffixe, sans parler des hypothèses faisant intervenir des éléments sigmatiques, que devaient immédiatement faire rejeter de simples considérations phonétiques. L'ancienneté de ces hypothèses auxquelles sont associés les grands noms de la grammaire comparée, tout en leur assurant une caution de valeur, doit aussi suggérer qu'elles sont contemporaines d'une conception globale d'un indo-européen qui devait rendre compte par la comparaison, sinon de tout dans chaque langue, du moins du plus grand nombre des éléments morphologiques, sans qu'une part suffisante soit faite au dynamisme propre de chaque langue en tant que telle. Cette conception est peut-être aujourd'hui mal adaptée à une réalité plus complexe" Il peut en tout cas s'agir en l'espèce d'un cas où, même sans emprunt de la finale ,·euç à quelque langue non indoeuropéenne, les conditions propres au développement de chaque idiome ont obscurci une filiation possible et rendu sans objet une tentative comparative. Quoi qu'il en soit, on aura parfois l'impression d'un pur jeu morphologique qui ne fournit jamais la base d'un système cohérent, et qui repose souvent sur la ressemblance sans doute fortuite d'éléments isolés.
D'autre part, un simple -f- ne saurait à lui seul être suffixe, et le parallèle op"t"ux- / vartaka- inviterait à poser pour le grec un plus ancien * -fo-. Or un tel suffixe, sous une forme -vâ-, est connu du sanskrit:
A. SUFFIXE -W(O)-
§ 5. Une première serIe d'explications repose sur l'hypothèse d'un suffixe *-w(o)- s'attachant à des thèmes en -13- ou -ë.- selon les auteurs. Outre l'évidente difficulté de fait qu'il y a à étabhr ce * -wo- sur des formes attestées, on voit mal quels sont les thèmes sur .les~uels ces mots reposent, et cette difficulté a suscité de notables varIatIOns dans l'utilisation de cette théorie. D'autre part, dans les autres exempl~s allégués d'alternance entre un suffixe thématique et un suffixe athematique, le premier est généralement secondaire par rapport à l'autre, et de façon plus générale a tendu à le remplacer. . De cette hypothèse nous retiendrons surtout les exposes de L . Meyer
1
l'initiateur, de K. Brugmann 2, et de N. van Wijk 3 •. Partant de l'observation que dans l'épopée plUSIeurs emplois de ces mots ont une valeur adjective: "t"pome~~ee; xuvee; XcxÀx~ee; &vi)pee;
&vi)pee; vOfL~ee; &'vi)poe; &.p~a"t"~oe; yépov"t"cxe; &.p~a"t"~cxe; xoupl)"t"cxe; &.p~a"t"~cxç &phcxe; &À~~cxe; ~cxa~À~( &vcxx"t"~
~cxa~À~( &'vi)pL
~cxmÀ~ee; &.px oL
. d e ces aut eurs m et en rapport la finale de ces mots avec le preIuIer les dérivés sanskrits en -vant- : ainsi en face de uktâ- on a uJ.,:ta-vant- « qui a dit ». De la même manière : vO!L~f "t"ox~f bt1t~f-
signifierait « qui s'occupe de pacage » « pourvu de descendance » « pourvu de chevaux », etc.
1. L. MEYER, Bezz BettI'. l, 1877, pp. 20-41. 2. Voir § 6 3. Voir § 7
19
HYPOTHÈSES ANCIENNES
éTAT DE LA QUESTION
18
kaisavâ- « pourvu de chevelure » kurariivâ- « (région) riche en aigles k. riijïvâ- « pourvu de rayures n.
»
Remarquant enfin que les deux derniers de ces mots ont comme le grec une longue présuffixale, et que d'ailleurs -vant- peut lui aUSSI s'ajouter à un thème à longue: véd. asviivant- = asvavant- « pourvu de chevaux », il conclut que (( sans nul doute, -va- n'est autre chose qu'un affaiblissement de -vant- n. Mais il faut rappeler que l'emploi appositionnel en valeur quasiadjective parfois n'implique pas l'origine adjective: yuv~ "t"cx!LLI) (Z 390) yuv~
.. , &.Àe"t"pLe; (u 105) yuv~ i)éa7to~vcx (T) 347) cxt7t6Ào~ &vi)pee; (8 474) rpuÀcxxcZe; "t"'&vi)pcxe; i)!LcpcZe; "t"e
yuvcx~xcxe;
(1 477)
et expressions du même type sont fréquentes chez Homère 4 sans que cela doive nous induire en tentation de voir dans ces mots des formations d'adjectifs. La vocation propre de -eue; paraît bien être de ne fournir que des substantifs animés.. D'autre part aucun lien n'apparaît avec les adjectifs en -fev"t"- les opposant dans un système quelconque. Enfin la forme de la base reste inexpliquée; si l'on considère la formation en -fen-, lorsqu'elle repose sur une base thématique, cela se manifeste clairement : poMe~e; (myc.. wodowe),~!Lcx"t"6e~c;, t6e~e;, 7t"t"ep6e~e;, i!Lep6e~e;, etc. au point d'avoir servi de prétexte à une formation en -6e~e;. Comment dès lors interpréter *i7t7tI)-f(o)-, *xepcx!Ll)f (0) - *xcxÀx 1) - f (0) - * iepl) -f (0) - ? Mais la difficulté majeure était une difficulté de fait; il n'y a évi4.. P. CHANIRAINE, Gram . Hom. II, p 13 ; ces appositions déterminatives ne sont d'ailleurs pas limitées à la langue poétique, qui leur donne, il est vrai, un développement particulier: si l'on trouve chez Oppien (Cyn.. 1463) ()"TL~eÛc; XU(üV, c'est chez Aristote (Hist . An 620 b 12) que la baudroie est nommée ~IXTpœxoc; ,xÀ(eÙC; (voir § 332), et chez Plutarque que le bœuf d'attelage est appelé ,xllœ1;eûç [3oüc; (Dio 38; voir § 360), et le cheval de somme rpopeûc; l7t1toC; (Aem . 19).
ÉTAT DE
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demment pas trace d'une flexion thématique dans les noms en -eue;. C'est à ces deux dernières difficultés morphologiques: absence de flexion thématique, et forme de la hase, qu'ont cherché une solution les tenants de l'hypothèse * -wO-,
§ 6, Ainsi d'ahord K. Brugmann 5 pense étahlir par l'examen d'autres suffixes la possibilité parallèle de flexions thématique, en - fi et athématique: ainsi s'opposeraient ro/r : {)~poe;, {)~pCY. et {)~wp , tro / tr : '~cy''TpOe; et ,~cy''TYJ1 p no/n : "tÉpevoe; lesh. et 'TÉpYJv ko/k : sanskrit mariak6J'} et grec fLdpCY.~ yartakal'} et grec iîp'Tu~ to/t : 7tpO-~ÀYJ'TOe; et 7tpo-~À~e;, etc. Une réduction de * -wo- à -f - paraît donc possible, Quant à la formation, les mots du type de cpopeue; seraient sortis de participes en -YJ-fo- correspondant à des verhes en -Éw : ainsi en face de cpop~ -crw, cpoPYJ -f (0)- serait parallèle à cpoPYJ-'TO-. Puis la formation, comme pour J. Wackernagel 6 , se serait purement et simplement étendue à des thèmes nominaux : XCY.Àx6e;
xCY.),xeue;, etc,
La dérivation, d'autre part, s'établirait en système parallèle a ceux qui mettent en œuvre des suffixes thématiques : ainsi -YJf-w-, -euyw seraient avec *-ëwo- dans le même rapport que fLe~}.[xwe;, fLe~}.[crcrw avec fLd}.~lOe;.
Enfin l'auteur pensait pouvoir trouver des traces d'une flexion thématique : traces qu'il reconnaît pour hypothétiques dans &px.~Épewe;, tepew-cruvYJ, tepÉo: < -YJffi fém., formes principalement ioniennes; indices sur lesquels il est beaucoup plus affirmatif en ce qui concerne le simple ~Épewe; (Choeroh . in Theod. 1. 253; inscriptions ioniennes depuis le v e s.. AC), malgré l'interprétation hahituelle de ce mot comme issu du composé; preuve qu'il pense détenir avec le nom propre Bp~& pewe; < Bp~&PYJfoe; formé sur ~p~CY.p6e; «( fort )) (cf. &p~cr'TeUe; sur &p~cr'TOe;), ffi' 1 (' avec 'l'Àewe; IOn,,!,\ En fait, les mots thématiques comme {)~poe;, ~cy''TpOe;, 'TÉpevoe;, etc. sont souvent secondaires par rapport aux athématiques qui leur sont'
5 K BRUGMANN, IF 9, 1898, pp, 365-374. 6 Voir § 10
21
HYPOTHÈSES ANCIENNES
LA QUESTION
opposés, et ils ont tendu à les remplacer dans plus d'un cas (cf. : on s'explique mal que dans le cas du *-wo- supposé on doive considérer, par un mouvement inverse, la forme athématique comme une réduction de l'autre, Cette autre forme ne serait d'ailleurs attestée que par des formes de noms propres très peu claires et par ~Épewe; qui peut très hien résulter d'une thématisation récente en -YJ-fo- 7. D'autre part le développement des thèmes verbaux en -YJ- est lié à celui des dénominatifs en -Éw, et des thèmes comme o~xYJ-, cpopYJ-, etc. sont récents : il est dès lors difficile de les mettre à la base d'une formation que l'on veut héritée s" Donc, pour être plus perfectionnée que celle de L, Meyer, cette explication n'était pas plus convaincante. ICI
~cy''Tpoe;)
§ 7 Plus perfectionnée encore, mais difficile à admettre elle aussi, est celle de N . van Wijk 9, qui suppose, non plus seulement une opposition entre des formes thématiques et des formes athématiques, mais une alternance de suffixes destinée à justifier la longue de -YJfL'idée première est qu'en face du thématique radical simple ~pofLo-e; on peut poser une forme suffixée ~POfLwV < *dromo-ne- (sic), et que, par extension, des formes déjà suffixées sont entrées dans le même système: ainsi xeu8-fLO-e; et xeu8fLwv . De cette façon, des mots suffixés en -me-, -ye-, -we-, de sens passif le plus souvent, se seraient élargis en -n- pour fournir des noms à valeur transitive : cf" k[tâ-yant-. Le suffixe ,·w(o)- aurait joué un rôle comparahle, et les mots en -eue; seraient dans le même rapport sémantique et morphologique avec les termes radicaux : face à * bhoro-s on même vo~oe; face à iîlOe; 'TOXOe;
pourrait poser un * bhoré-w( 0) vOfLeue; àxeue; "t'oxeue;, etc.
>
* cpOPYJU -e;
et de
Un tel système serait donc comparahle à celui qui fournit des formes comme * poimé-ne- > 7tO~fL'~V (sic), et connaîtrait une même alternance primitive, le génitif cpopÉf-oe; répondant à 7tO~fLÉv-Oe;. Le suffixe 7" E SCHWYZ ER, Gr Gr, 1, p" 477" 8 Par la suite, K. BRUGMANN (Grundriss 2 II, 1, p" 205) continua à postuler un élément -ëw(o)- réduit à -ëw- (cf, -ax(o)-), mais en renonçant à en trouver la source d.ans des formes *epoPfJ-f6- comparables à epoPfJ-'t"6-, signe que la position est diffIcrlement tenable, 9 N, YAN WrJK, IF 17,1904, pp 296-316, réponse à H, EHRLICH, voir § 9,
HYPOTHÈSES ANCIENNES
-euç ainsi obtenu se serait développé en grec avec une valeur « individualisante )) qui apparaîtrait notamment dans des groupes comme tepeuç face à tep6v bmeuç lmtOç et dans les noms propres comme NO':u'"t"euç, I1pufLveuç, 'Epe'"t"fLeuç, I1ov'"t"euç, I1peppeuç (9 111-113), etc. w. La faiblesse commune à cette théorie et aux précédentes est la difficulté d'établir la forme thématique *-wo- et de justifier sa réduction à -w-. Cette difficulté s'aggrave ici de ce que les formations (uniquement athématiques) comparées sont alternantes : &p~v 1 &pv6ç (ce qui condamne, s'il en était besoin, les bases vocaliques suffixées en -ne-, -me-, etc.), tandis que -YJf- ne présente jamais que des formes à degré plein. On se demande alors ce qui reste de commun entre les deux termes de la comparaison. Et comment se fait-il qu'un système aussi développé et qui devrait apparemment continuer des usages fort anciens ne se manifeste nulle part hors du grec? Les faits ne justifient donc nullement des exégèses de ce type et il faut renoncer à des systèmes aussi insolites et en contradiction directe avec tous les usages de la dérivation. B. NOMINATIFS EN -H~
§ 8. L'existence dans le groupe arcado-cypriote de formes d'accusatif en -~v et de nominatif en -~ç a suscité une autre série d'explications, fort diverses à vrai dire, mais toutes dues au désir de justifier ces formes comme héritées et non comme analogiques de Z~v ou phonétiquement comparables à Z~v dans un cas, et refaites sur l'accusatif dans l'autre. Dans cet esprit ont été proposées d'une part l'explication de O. A. Danielsson 11, reprise par K. F. Johannsson 12, et d'autre part celle de H. Ehrlich 13. Le premier voit dans la finale -euç le résultat de l'élargissement en 10. LautlL 12. 1886, 13
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ÉTAT DE LA QUESTION
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Telle est aussi l'explication retenue par H HIR'I, Handbuch der Griech. und Formenlehre, 2 e éd . , Heidelberg, 1912, § 348 A. 3 O . A. DANIEISSON, Grammatiska anmiirlmingar 1, Upsala, 1881, pp. 54-55 . K. F. JOHANNSSON, De derivatis verbis contractis linguae graecae, Upsala, pp. 73-75 H EHRLICH, Die Nomina auf -e:uç, KZ 38, 1904-1905, pp 53-97.
-u- de thèmes en -ë- qui se manifesteraient comme tels dans "AP'Y)ç,
acc. "ApYJv, Lxp~ç, "OPCPYJç, Tuo~ç et les emprunts latins Aciles, Ulixes, etc. Des thèmes en -ë- auraient été fournis par les dénominatifs du type otK~-O'ù), CPop~-O'ù) et auraient reçu un -u-, à l'image des variations de thème ZYJ-, ZYJ-v-, Zeuç < *ZYJ-u-ç. Mais les formes d'appellatifs llJ(p~ç, etc. dont il sera traité plus bas sont sûrement secondaires 14, et de toute façon, par leur situation morphologique et par le domaine dialectal où elles se manifestent , fort différentes des noms propres qu'on en veut rapprocher ici.. En ce qui concerne les formes de noms propres, réputées doriennes : "OPCPYJç (acc. -YJv), ((luÀYJç, TuoYJç, K[O'O'YJç (v. Ibycos fr. 306 Page; Antimaque fr . 6 Wyss), mais qui sont aussi éventuellement homériques: XpuO''Y)ç (A 370), K[O'O'YJç (A 223), et aussi attiques : n~ÀYJç, etc. 15, leurs nominatifs évoquant des thèmes sigmatiques peuvent être des créations secondaires à partir de formes fléchies comme Tuoéoc; qui étaient ambiguës, comme inversement à la manière de "ApYJç développant secondairement une flexion en -euç en lesbien, leurs formes en -euç peuvent résulter d'une pure et simple adaptation à un modèle de flexion connu du grec : il en résulte une confusion inextricable. Les noms propres ont toujours manifesté la plus grande aisance à changer de paradigme et il est de toute façon imprudent de vouloir tirer quoi que ce soit de noms obscurs qui peuvent devoir leur finale -euç à un rhabillage secondaire au moment de leur emprunt par le grec. De plus, on l'a vu, les formes verbales du type cpOPYJ- que l'on veut mettre à la base des appellatifs étant récentes et secondaires, on est gêné à l'idée d'en faire sortir des formes nominales qui devraient précisément dans cette explication être archaïques .
§ 9.. Entièrement différente, mais proposée aussi pour justifier les nominatifs en -~ç, l'explication de H. Ehrlich n'est pas plus admissible. Cet auteur, reprenant en partie les hypothèses suffixales de L. Meyer, introduit dans l'affaire le vocatif en -ras des thèmes sanskrits en -rant- et -ran- : bhagaran voc. bhagaras [taran [taras
et analyse le vocatif post-védique bhago? comme * bhaga-us- avec le suffixe -ras" sous sa forme réduite. 14. Malgré F . BECHTEI, Diaz.. 1, p. 35[., voir § 44. 15 Pour ces formes attiques, voir § 41.
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ÉTAT DE LA QUESTION
HYPOTHÈSES ANCIENNES
Il établit une alternance suffixale *-wen(t)-/-wes-/-wo- dont il retrouve les traces dans l'opposition de xrxÀxÉwv < -'Y)fwv avec xaÀxde;, etc., et dans les accusatifs *xuKYJ-focr-rx > xuxe~w, xuxew de xuxe6v, et
noms (même cpOpEUe;, 0XEUe;, etc. que leur vocalisme radical signalerait comme dénominatifs), J . Wackernage1 20 suggéra d'y voir un suffixe * -yu-..
*IIo-re~aa-focr-rx
>
IIocre~aw.
Ainsi -'Y)f- se composerait d'une voyelle thématique allongée et d'un suffixe secondaire *_we/os-, d'où une flexion: nom. *ekwë-wësgén. *ekwë-us-os g. pl. *ekwë-us-om
> > >
bm~e; bm~oe;
bm~wv, etc.
Outre le démenti définitif apporté par le mycénien à une telle reconstruction de la flexion elle-mème, on rappellera quelques faits. Le rapprochement de XrxÀxE6v, xux.E6v, IIocrE~a&wv n'est justifié par rien dans le sens et l'emploi de ces formes. De plus, le premier de ces mots appartient à une série de noms de lieux où il semble désormais que n'intervienne aucun -f- 16, le second peut présenter une variation suffixale 17, mais rien n'autorise à y faire intervenir un -f -; le troisième est un théonyme décidément obscur dans lequel il peut n'y avoir jamais eu aucun -f- à aucune époque 18. D'autres objections d'ordre morphologique et phonétique ont été faites 19 : que le vocatif attendu n'est pas en -EU mais en *-EUe; (puisque c'est justement le type aSfJafJas qui fournit le terme de comparaison), que les formes issues du dénominatif en -EUW sont, non pas en *-Eucr6y)v, *-Eucr-r6e;, * -Eucr-r~e;, etc., mais bien en -Eu6y)v, -Eu-r6e;, -eu-r~e;, etc. Il conviendra donc, jusqu'à plus ample informé, de ne pas mèler les formes en -~e;, -~v à cette question des origines, car on doit alors faire intervenir des éléments sigmatiques improbables, ou des thèmes en -ë- également inventés ad hoc.
C. ASVAYU-
'IIIIIEY~
§ 10. Refusant la vieille identification de -EUe; avec un suffixe -u(v. §§ 11 sqq.) parce qu'elle se heurte à la nature secondaire de ces 16 . V. mye . amot~jonade = CXp[10'TE~ùlVCX-IlE, exemple limpide. 17.. P. CHANTRAINE, Gram Hom. 1, p 222; l i FRISK II, p. 43 18.. V. mye. posedaone (datif), en regard de amutawo, aretawo, makawo, oqawo, etc : il faut donc exclure la forme corinthienne IIo'nllcxfùlv, dans laquelle le f est secondaire (voir par ex. G. J . RUIJGH, Études, § 174) . 19. Par ex. F. SOIMSEN, IF 15, 1903-1905, pp. 222-228
25
Un tel suffixe existe en sanskrit dans des emplois très divers et notamment sur des thèmes de dénominatifs : sumnayu-, manayû-, fJasayû-, namasyû-, etc., emploi auquel le grec pourrait répondre dans une série comme oLxoe;, OtXÉE~, OtXEUC;. Et ainsi en face de xaÀx6e; apparaîtrait xrxÀXEUe; xEprx[LOe; xEpa[LEUe; ,
1
&p~cr-roe;
&p~cr-rEUe;
te:p6v
te:PEUC; IIpo[l.av6Eue;.
skI'. pramantha-
De la même façon aux thèmes en -fi répondraient des dénominatifs en -Éw et des noms en'Eue; : à &T:E~À~ correspond &T:E~ÀÉW à cpwv~ cpwvÉw, de même qu' à -rpcXT:E~a correspond -rpaT:E~EUC; à T:pu[Lv~ à &fLa1;rx
IIpUfLvEUe; cX.[LrxÇEUC;.
Les masculins en -fic; fourniraient l'occasion de formations de cette ~orte : ainsi à \j;EucrT~e;, \j;EUcr-rÉW feraient pendant vrxu-r~e;, NOlU-rEUe; et les dérivés en -ŒY)c; et -~aEUe; Et de même tous les types nominaux susceptibles de fournir des dénominatifs en-Éw pourraient égalem-;nt fournir la base de mots en -EUe; < *-e-yu-s . Pour la flexion, le norGinatif singulier reposerait donc sur *-e-yu-s, le génitif singulier sur *-e-yéwos > *'YjÉfoe; ou *-EÉfoe;, le nominatif pluriel sur *-e-yéw-es > *-YJÉ.fe:c;, etc. Mais une telle explication se heurte à son tour à plusieurs obstacles: la ressemblance purement extérieure entre tT:T:EUC; et aSfJayu- ne doit pas faire oublier que leur sens ne permet pas de les rapprocher, car aucun mot en -EUC; n'a le sens désidératif qui est celui des adjectifs en -yû-. De plus, difficulté évidemment imprévisible en 1879, le déchiffrement du mycénien montre des formes constamment en -eu , -ewo , -ewe , etc.. , au lieu qu'un dialecte dans lequel les contractions sont exception_ nelles et touj ours discutables devrait donner constamment -eewo , -eewe 20. J.
WACKERNAGEL,
KZ 24, 1879, pp . 295-303 (= Kt.. Schr.. , pp. 756-764)
26
éTAT DE
HYPOTHÈSES ANCIENNES
LA QUESTION
pour que soit justifiée une telle hypothèse
21
que contredisaient de toute
façon les formes de l'épopée.
D. DÉVELOPPEMENT DE THÈMES EN -U-
§ 11. Plus vraisemblable, moins baroque dans ses restitutions, cette hypothèse, ou plutôt cet ensemble d'hypothèses, n'a jamais bénéficié non plus d'une démonstration décisive. Les deux points d'appui de ce type d'explication sont fournis par les verbes baltiques et slaves en -tiuju et -ujQ, et d'autre part par les thèmes iraniens en -iius/-us, qu'ont tenté d'utiliser dans un exposé . 23 " d'ensemble P. Kretschmer 22, et longtemps après l U1'VG • eorglev En vérité ces deux points d'appui eux aussi se dérobent, le premier
27
et les formes dialectales en -dUl montrent bien qu'il faut remonter à * -y)f -yUl qui est évidemment dénominatif. Les formes balto-slaves elles aussi doivent être dénominatives, tirées d'une classe nominale comportant un élément -U-, et si elles sont comparables à ce titre, elles ne peuvent fournir la base d'une explication.. Aussi bien est-ce comme dénominatives que les envisage V. Georgiev qui ne renonce pas à les associer au problème de -suç comme émanant de thèmes en -U-. Mais à partir de ce moment elles n'ont plus d'autre intérêt que de montrer des dérivations comparables, à des époques diverses, en des langues différentes, ce qui n'éclaire pas l'origine de la suffixation et ajoute une simple présomption en faveur de l'héritage sans rien démontrer.
b..
LES
NOMS
IRANIENS
EN
-iius/-us.
§ 12" Elle aussi souvent reprise, cette explication, quelles qu'en
surtout. a.
LEs VERBES
BALTIQUES
ET SLAVES
EN
-tiUJU, -ujQ.
L'existence en baltique et en slave de verbes en -tiuju et -ujQ, -ovati qui paraissent répondre à la classe grecque en -SUUl avait déjà amené G.. Curtius 24 à supposer que de tels verbes étaient antérieurs aux noms en -suç et que ces derniers en étaient des dérivés inverses. Cette hypothèse a trouvé notamment l'appui de P. Kretschmer 25 et de F. Solmsen 26 critiquant H. Ehrlich. En fait la possibilité de tirer un dérivé inverse xspoqJ.sUç de xspa;[J.SUUl suppose la préexistence d'un modèle opposant -suç / -sUUl qui justifie une telle dérivation. Certains au moins des noms en -suç (ex" oxsuç, rpopsuç, "'C'O[J.EUÇ) doivent donc échapper à cette explication, et si la source de certaines formes peut se trouver dans une dérivation de ce type, le problème de l'origine de la finale ne reste pas moins posé. Mais surtout xa;ÀxsuUl, xspa;fLEuUl ne sont pas des verbes primaires, 2L Les formes de ce type ne sont pas inconnues, mais quand .elles sont interprétables, l'hiatus est dû à des bases clairement sigmatiques : op~kapeewe =
soient les variantes, considère le suffixe -Y)f- comme une forme à vocalisme long d'un suffixe -U-, s'appuyant pour cela sur les formes iraniennes d'abord signalées par Bartholomae 27. Ce dernier constate l'existence de formes parallèles en -iius et -us: vx. perse dahyiius avest. dairJhus » biizus cf. slu.. biihu- gr. 7tœxuç avest. biiziius )) » hudiiniius hudiinus l) » 9rJZU8 cf. skr.. rjuiHJZiius et considère que dans une alternance à trois termes u/eu/eu qui est celle des thèmes en -u- les formes en -iius résultent de l'extension au nominatif du thème fort (locatif par ex.) sur le modèle de giius en face de slu. su-gû-, ou de skr.. dyau7}jdyul"t (grammairiens), termes qui suggéraient la possibilité d'un nominatif en * -iius à côté de * -us. Il indique au passage, et c'est là le point de référence de toutes les exégèses ultérieures, que le grec -suç représenterait la généralisation du thème moyen '-eu- : 'OprpEUÇ répondrait à rbhu}y, 2S.. Le -ë- se serait développé comme en iranien à partir des cas obliques. L'interprétation du nom d'Orphée est à mettre au nombre des curiosités étymolo-
om-
O'X()( -euç est sorti de l'épopée, c'est dans des textes à coloration ionienne qu'il s'est développé, et phonétiquement -YJf - peut donc 2" Article cité infra § 36-406 3" ~" RIS;H, ,Wortbildung, p 4040, avait déjà fait tout paptir 'O~ucrcrde;.
On voit l'extrême fragilité d'une telle construction qui, pour n'être pas absolument invraisemblable n'avait en fait aucune base positive et reposait entière sur ce que l'on voulait partir de ~lXcr~ÀeUe;, mot le plus obscur de la série.. En ce qui nous concerne, pour conclure sur quelques points précis, nous rappellerons que 'Ep[..liXe; apparaissant à Pylos sous la forme emaa2 , c'est-à·dire peut-être ép[..llXhlXe; (PY Nn 1357.1; Tn 316 v. 7; Un 219.8), tout ce qui était dit au sujet de *-a1f dans ce nom tombe. De plus, si l'on doit partir de la langue épique, on y trouve également, et dans des emplois assez remarquables, des mots comme oxeue;, epopeue;, TOlœUe;, epoveue; qui ne peuvênt se ranger à une telle explication que par les pires contraintes : s'ils ne sont pas un obstacle à une telle interprétation de -de;, ils constituent par rapport à elle au moins un important résidu, car il est difficile de concilier leur évidente ancienneté et une dérivation secondaire lointainement issue de ~lXcr~
§ 17.. Notons que ce type d'explication n'a pas été complètement abandonné, puisqu'en 1954 encore, les faits mycéniens commençant seulement à être connus, W. Brandenstein 5 fait preuve du même scepticisme à l'égard de l'hypothèse d'un héritage. Les thèmes de ce bref exposé sont les mêmes: les noms propres en -eue; résistent le plus souvent à l'analyse, de même que ~lXmÀeue;. D'autre part on ne trouve pas trace de correspondance ailleurs . La seule différence avec les hypothèses de E. Bosshardt - inspirée par le récent déchiffrement du mycénien - , est que l'emprunt est celui d'un élément * -ëu- que connaîtrait aussi l'illyrien : le génitif * -ëwos serait responsable en messapien de formes en -aos 6 .. Sans condamner a priori ce type de recherche, on constatera la fragilité et la gratuité des rapprochements invoqués, de telles ressemblances n'étant pas d'une évidence contraignante et pouvant être purement accidentelles: en réalité, faute d'une preuve de fait, l'hypothèse de l'emprunt est encore moins fondée que celle d'un héritage. 5 Voir § 1. 6 Rapprochement déjà ancien; VOIr § 48.
Àeue;. Enfin, au lieu d'utiliser 'O~u(meUe; comme preuve de ce que -eue; 4. O. SZEMERÉNyr (article cité infra §§ 30-35) rappelle, sans pour autant accepter les thèses de E BOSSHARD r, l'existence en vx. phrygien de formes CJ(xsvCJ(voÀCJ(Foç, 1too~'t'cd=oç qui postulent -au- On ne voit d'ailleurs pas quel secours autre que leur _;_ peuvent apporter ces formes dont on ne nous dit pas ce qu'elles sont. L'origine de ce rapprochement se trouve chez F DE SAUSSURE, R~cu~il des Publications Scientifiques, Genève, 1922, p. 550 note 2 : « IIpo~'t'CJ(Foç amSI que AxsvCJ(vo}.CJ(Foç rappellent fortement la classe grecque en -l'JF-, II'ljÀsoç, nl'JÀ~oç )) Voir § 59. 3
APPORT DU MYCÉNIEN
35
de l'existence- du moins hors de l'existence attestée - de mots en -EUÇ, préfigurant ainsi les nombreuses dérivations en -~Io- et -y)ICt.- de l'ionien 2. Ces formes sont les suivantes
CHAPITRE III
APPORT DU MYCÉNIEN
SES LIMITES
(§§ 18-27)
§ 18. Nous l'avons déjà signalé plus d'une fois au chapitre precedent, le déchiffrement du mycénien devait renouveler la question, en condamnant certaines hypothèses, mais sans apporter, il est vrai, d'élément positif pour une solution En effet, ce n'est pas une des moindres surprises que réservaient les documents écrits en linéaire B, que le nombre très élevé de formes en -eUç qui s'y révélaient dans une flexion comportant clairement -eudans toutes les formes attestées : nominatif smg. génitif smg. datif singulier nominatif duel » plur. génitif plur. datif plur" instrumental plur,
-eu -ewo -ewe et -eWL -ewe -ewe -ewo -eUSL -eupL
On déplorera notamment l'absence de formes évidentes d'accusatif singulier qu'il eût été intéressant de confronter avec celles de l'arcadien 1.
§ 19. Ces formes sont environnées d'un nombre appréciable de dérivés adjectifs en -ewijo/ewija qui peuvent être substantivés dans des toponymes, des noms de services administratifs, de confréries rel~·' gieuses, des noms d'objets, et qui peuvent également apparaître hors 1. Voir cependant § 44.
apinoewijo (PY An 37.3; 207.13; Jn 605.1; Mb 1396; Nn 228.5; Vn 130.3,4; Xa 58) toponyme pylien. aterewija (PY Aa 779; An 830.6; Cn 40.14; Ma 335.1) que l'on rapproche gratuitement et de façon purement formelle de ' A't"pEUÇ; toponyme pylien, dipisijewijo (PY Fr 1218.2) nom de sanctuaire, de prêtre ou de fête en rapport avec dipisijo (PY Fr 1220,,2 ; 1240.2) qui est un mot à implications religieuses. katurewija (-wijÇl KN X 1047.2; -[wi]jaï PY Db 1318,,1) désigne à Pylos des objets de cuir, de nature indéterminée, kesenewija (KN Ld 649 + [L] 8169) doit sans doute être éliminé de cette liste comme faute pour -nuwija/-niwija. kikanewijode (PY Vn 48.2) toponyme pylien au latif en -de. kiritewija (PY Eb 32Ll; Ep 704.4; KN Fp 363.2; PY An 607,1 ; -jaï KN E 777,,1; -Japi PY Fn 1428,1) toujours au pluriel, pourrait désigner un collège de femmes en rapport avec l'orge : x.p~eCt.[, ]~9r9tewijo (PY Na 512) lecture peut-être ambitieuse d'un mot mutilé où certains ne reconnaissent que ]otewijo; toponyme pylien, naïsewijo (PY Jn 692.1 ; 725,.18; Mn 1408.3) toponyme ou ethnique pylien. newewija (PY Aa 695; Ab 560; KN Le 560 + [XJ7587+[XJ7815; -jao PY Ad 357) peut être à Pylos un ethnique qualifiant des groupes de femmes; c'est un ethnique à Cnossos, ]otewijo voir supra
[~9r9tewijo.
poqewija (PY Sb 1315.4 ; -jaï PY Sb 1282,,2) : pièce de harnais, en rapport probable avec poqa = cpop~&, et apparemment le même mot que cpop~dCt. (Xén Equ. 5.1; etc,,), ]rasinewija (PY Vn 48.4). rousijewija (PY Sb 1315.2) dans un inventaire de pièces de harnais, pourrait être un ethnique qualifiant une de ces pièces comme étant 2" p,
CHANTRAINE,
Formation, pp, 52, 88,
APPORT DU
MYCÉNIEN
ÉTAT DE LA QUESTION
36
d'une forme ou d'un type de fabrication originaire du lieu rouso, ethnique rousijo. Jsewijo[ (KN X 8164,,1). wanasewijo (PY Fr 1215.1; -ja PY Ta 711.2,3; Fr 1221) paraît être un adjectif qualifiant gens et choses en rapport avec les deux divinités wanaso (cas oblique : wanasoi). weewija (PY Ub 1318,,4 ; KN As 1518+[VJ1529,1,3,4) adjectif féminin pluriel qualifiant des peaux à Pylos; valeur à Cnossos? wodewijo (KN Fp 16.1; 48,,1; V 280.1 ; -jojo KN F 953.1; Fp 1.1 ?), nom de mois que l'on rapproche pour l'élément radical de l'adjectif wodowe = *fopMfeV1"ç sc.. poMe~ç . zamaewija (PY Jn 829.. 18; Vn 493.3; Ma 393.1) toponyme pylien, présente un hiatus qui suppose une base sigmatique 3, 4"
On a cru pouvoir aussi reconnaître, dans une forme malheureusement mutilée, un présent dénominatif au participe qa]sirewijote =
*~IX(J~À~fyov"eç
Il serait surprenant qu'une tendance aussi nette et sa convergence avec la même tendance en ionien fussent le fait du hasard et résultassent des seules lacunes de notre information : la densité de ces termes dans le vocabulaire du cuir par exemple rend à notre avis très douteuse l'idée qu'ils puissent tous reposer sur des mots en -eu réels que nous ignorerions. Il s'agit de proliférations secondaires dans un vocabulaire donné d'une finale complexe déjà indépendante de -euç : indice au moins d'une très ancienne acclimatation du suffixe -euç si l'on veut le considérer comme emprunté. Non seulement, donc, la formation en question est très largement attestée, et avec une flexion qui la signale comme au 1er millénaire, mais elle est déjà environnée de dérivés dont la prolifération ira s'accentuant dans les siècles historiques" Du même coup étaient établies, outre l'ancienneté de cette finale, bien antérieure à ses emplois épiques, l'absence de tout -s- qu'avaient supposé certaines interprétations, et une flexion présentant un -e-, de quantité certes non apparente, mais condamnant irrévocablement les spéculations sur un suffixe *-li'lf-. La langue de ces documents con3, Pour les formes attestées avec des mots en -eu, voir § 22,
4. Sur l'indépendance et la valeur propre de ces formes, voir notre discussion, RPh (.2, 1968, pp 252-258
servant en effet uniformément le -Ci- ancien rence était décisive,
5,
37 son absence en l'occur-
§ 20. Telle était donc la première certitude. Mais on se heurte tout de suite à sa contre-partie, la vieille querelle, qui reste importante pour les exégèses de -euç tentées par la suite, sur la quantité du -e-. Il est loisible en effet de le supposer long, en considération de ce que les formes homériques en -~fO(, -~foç, -~f~, etc" ont chance d'être des archaïsmes, tandis que tels génitifs épiques en -éoç dans les noms propres seraient des formes liées à la scansion dactylique 6. On notera pourtant l'importante extension dialectale de formes en -e- : éolien, dorien de Gortyne fo~xéeç, etc., ionien bt"néeç (Hérodote), attique récent -ûç, qui peuvent il est vrai être analogiques ou résulter d'abrégements en hiatus" Mais on peut soutenir également que le -e- est bref en mycénien (ce qui à notre avis est improbable) et que les formes citées ou évoquées ci-dessus sont précisément des archaïsmes, Telle est notamment l'opinion de V. Georgiev 7, § 2L Un deuxième apport, élément nouveau dans la discussion morphologique, est l'apparition de formes féminines substantives et anthroponymiques non pas dérivées en -ewija, mais apparemment hétéroclites en -eja. Cette finale exclut une résolution phonétique précoce du groupe -fy- puisque ce groupe se maintient dans le présent dénominatif qa]sirewijote, et aussi dans un comparatif comme mew~jo ou dans des adjectifs en -yo- comme nawijo et peut-être qowija. Pour que ce féminin en -eja sortît d'un *-y)fyO( il faudrait donc admettre une résolution phonétique limitée à cette occurrence morphologique, ce que nous refusons 8. Il y a donc là une nouvelle difficulté qui oblige à considérer que, dans la diversité des féminins répondant à -euç, la finale IOnienne -Y)LY) est chose secondaire et que les formes les plus anciennement attestées sont dépourvues de -f-. Il apparaît ainsi un nouveau fait, dont l'usage ultérieur des féminins en -~crcrO(, -~VVO(, -[ç, etc, devient un autre indice: 5, Par ex, kotonao kitimenao = X"t"OLV&WV X"t"L[1EV&WV pour -Ci- hérité; anija cr.VLCXL pour l'allongement ancien, 6 P CHANTRAINE, Formation, p" 126; Gram" Hom I, pp" 105 sq" 223 sq, 7" Voir §§ 36-46, 8. Pour une ~elle interprétation v A.. BARIONEK, Minos 8/1, 1963, p" 57 § y; A HEUBECK, dw Sprache 9, 1963, pp" 193-202" Sur toute cette question, voir en dernier lieu M, .RUIPÉREZ, Proceedings of the Cambridge Colloquium on Mycenœan Studws, CambrIdge, 1966, pp . 211-216 : résumé du débat, et essai d'explication par d'anciennes formes en *-uyèi refaites sur le masculin, =
38
-eùç ne sert pas de base à la formation de féminins Mais ici encore une certitude nouvelle s'accompagne d'une nouvelle incertitude : il est présentement impossible de savoir quelle est la base de ces féminins en -eja 9.
§ 22. Quoi qu'il en soit, le fait lui-même est bien établi, mOlfiS d'ailleurs par un grand nombre d'exemples que par la certitude concernant les meilleurs d'entre eux 10, et aussi par le fait que le dérivé en -ewija s'il existe, ne désigne pas un personnage féminin symétrique de celui qui est désigné ou nommé par un mot en -eu, mais est un dérivé exprimant une dépendance à l'égard de ce dernier quand le rapport est sensible. Ainsi peut-on tenter d'établir un tableau de ces exemples, qui seront rangés dans leur ordre alphabétique latin. _ _ _ _1_)_-e_u akereu PY Cn 441, An 661, Anthroponyme ? Toponyme à MY (Ge 606 : akereute)
I
ja 2_)_-_e_
1
1 1
2)
-~ja
diwijeja
! PY passim Désignation de prêtre ou 1 anthroponyme ? p ê l'un ou l'autre selon les textes : *alfYEUÇ
RN X 97 Le contexte est pauvre; il peut cependant s'agir d'une prêtresse : *IHfYE w:
'1
3) -ewijOJa
1
1 -
-
-
-
1--------- -~----------------1
doqeja
doqeu 1KN B 804. 2 1
1
PY An 607 passim Théonyme? Métier? Anthroponyme ?
Anthroponyme
La valeur des deux termes étant inconnue, rapprochement peut être purement formel
ce
1--------------,------_·--·---1--------11
MY Ge 6035; 604..4 Si l'on peut rapprocher les 2 mots, celui-ci est' 0;r pat.ronymique ou eth-I mque
amotewija PY Ta 7112 Adj obscur qualifiant un vase et exprimant quelque dépendance (possession? destination?) : *&P!LoTYJfu)(
1
]erewijo
*ereu 1 1
1
-----
K~
eropakeu
eropakeja
12
RN L 5951 Absence de contexte diquant la valeur
As 04.932 ,1 Anthroponyme ? Métier?
In-
1
Mais mots de forme trop caractéristique pour n'être pas liés
esareu
9 O. SZEMERÉNYI y voit des thèmes sigmatiques (voir §§ 30-35), mais il semble qu'en un tel cas le mycénien présente des finales -eijo, -eija; autre solution, celle de K P HAMP, CloUa 35, 1956, pp . 290-291 qui combine -1"- et -s- dans une finale *-ëwsya . Reste la solution de désespoir qui cOlfsiste à considérer qu'il s'agit dans -ELii J -eja d'un autre suffixe emprunté Cette accumulation de suffixes emp!,untés et d'autre part très usités ne laisse pas d'êtIe inquiétante (v . C J RUIJGH, Etudes, § 212). 10.. l' W, HOUSEHOLDER, CloUa 39, 1961, P 183, se montre peut-être trop affirmatif dans le rapprochement de formes en -eja avec des mots en -eu de sens non reconnu ou avec des mots connus seulement à l'époque historique" Il n'en reste pas moins que le principe est bien établi et gagne à ce que les exemples douteux soient signalés comme tels. 1L Un des chefs-lieux de Pylos s'appelle akerewa : est-ce aussi un dérivé de akereu ? Dans l'affirmative, quelle en est la structure? Peut-on songer, avec 1\L RUIPÉREZ, Études Mycéniennes, pp 118-120 (= MR 3) à un traitement du groupe cwypar anticipation de -y-, -ewija représentant un état antérieur? Le même problème peut se poser pour le toponyme wonoqewa (PY Na 396) en face de wonoqewe (PY Un 1193,.2)
PY Vn 483 Lecture incertaine et valeur inconnue
PY Fr 1228 ; Mn 141L2 Toponyme, v § V,
1
1
PY Ea 421 ; 801 Nom de métier ou de fonction: *&PIlOTEuÇ
1
diwijeu
3) -ewijoJa akel eW~lo
Un 1193.
1) -eu
-----1----
---------- - - - - - - - - - - - -
amotewo gén.
39
APPORT DU MYCÉNIEN
ÉTAT DE LA QUESTION
PY passim; RN As 1517.11 Anthroponyme ?
esarewija PY passim Toponyme
1
11---------1----------- - -----.---ewiteu PY passim I.AnthI.oponyme
ewitewijo PY passim Toponyme ou ethnique
.12. Noter aussi à MY (1'0 10L9) le terme eropaketa également obscur, l'existence Simultanée à PY de kotoneu et kotoneta, chez Hom" Lrt7tEUÇ et !7t7t6T()(, à Athènes l'épithète IIoÀLEuç et le subst. 7toÀlTYJç, le remplacement de Hom. obœuç par OtXÉTYJÇ, etc . ; le dernier signe est cependant douteux, et J.-P . OLIVIER (MT IV 1969) lit plutôt eropakelrJ '
40
ÉrAI
DE
APPORT DU MYCÉNIEN
LA QUESTION
Il 1) -eu 1 2) -eja 3) -ewijOfa 1 !~--~--~--~~-I-~~--~~----~~ ~~~~~~~--~I
i
!
iU)ereu PY, KN passim « Prêtre )) !e:psuC;
:
ijereja PY, KN passim
« Prêtresse ))
1
ijerewija KN K 875.6 Adjectif qualifiant vase:
i PY
itejaa gén. plur.
PY An 852.2; Cn 8683 Probablement toponyme
kerameja KN Ap 6397 Probablement anthroponyme:
MY üE 125 Si la forme est incomplète, ce peut être :
PY Cc 1285 ; Mn 141L3 Toponyme, v. § f,A
~--~~--~--~ ~ ----------~
KN Ws 1701 Éventuellement que?
PY Ta 709.3 ?
ethni-l
1
pedijewija PY Va 1324.2 Valeur inconnue. Y a-t-il un rapport?
1
1
~- -~~~ -~~----- ----~~--~~-~-I-------~-~
qasireu
qasirewija
1
PY, KN passim 1 Le domaine, ou le palais, 1 ou les services du qasi- 1 reu :
~()«(J(ÀY)fl()(
En un cas (KN K 875 1-5) pê adjectif qual~-
fi":" ~::~it~
1
L~~. ," .," ,."'.,_.
1 1
i
l
34keja PY Fn 18719
J
I Anthroponyme ?
l",le",m=en",t=fo",r",m",e",I======~====,,==~===-'.I
;;oR=a",p",p,",ro...c...
_ 0=.
!
--_._------------,
pedijewe nom plur
tateja KN Ak 61 L1 Appellatif féminin
34keu
1
masewia[ . ]
*maseu
Il
Rapprochement par conséquent de pure forme.
keramewi[
-~~-----------I-------------!-----------~
~()(crLÀSUC;
terenewija
PY An 186 Toponyme
tateu PY An 1281. 8 Lecture non sûre Anthroponyme
xsp()([1~fto-
PY passim KN B 7792 -rewe
1
II-~-~----~-I-~~--~---I--~~--------
*tO'''t'e:uç
PY An 654.14 Ethnique? 1 1 * IIsllL ~fe:c;
-ew~jO fa
KN L 64L4 PY Ad 921 ~jaa A KN appellatif féminin, mais à PY?
terenewe 1
---~-·~~~--~~--~--~~~-----~-I-~~~~~~~~~-II
1
3)
Rapprochement qui peut n'être que de pure forme.
20 PY Un 13223 : itewe métier? ;," Tisserand )) ?
kerameu
An 3409
l
lsp~fLO-
1
-------t-ep-e-j-a-----i------------
i Anthroponyme
un
1 0 KN As 15169 Anthroponyme
PY passim Métier:
2) -eja
I~-- tep-:::-~~-
--~~---~~--~-I-~~~--~~~~-I-~~~~--~~
iteu
1) -eu
1
§ 23.. A ce tableau il convient d'ajouter un exemple que nous n'y faisons pas figurer car la forme mycénienne en -eu n'en est pas attestée: c'est idomeneja (PY Eb 498.1; Ep 212.9), anthroponyme féminin de Pylos qui répond clairement au légendaire 'I3ofLzvzuÇ;. On rapproche ordinairement, faute de mieux, l'anthroponyme pylien masculin edomo/wu, mais c'est au prix de telles latitudes quant à la forme de ce nom déjà obscur que nous préférons y renoncer et voir dans ce dernier un autre nom dans lequel -domo- pourrait aUSSI bien noter une syllabe que deux. On pourra également, sans trop d'arbitraire, y ajouter le nom de femme wodijeja (MY V 659.1 ; aussi PY et KN) qui peut éventuellement se lire *fop3blX, féminin de l'ethnique 'P03LZUÇ; 13 . On aimerait pouvoir joindre à la liste le nom ou l'épithète d'une TC6't"VLIX pylienne : iqeja (PY An 1281.1). Mais, outre que la lecture *ZTCTCZLIX, qui reste la plus vraisemblable, n'est pas la seule possible
1
13 J. CHADwrcK, MT III, p . 6f, ; déjà F . W. HOUSEHOT,DER, voir note 10.
42
ÉTAT DE LA QUESTION
APPORT DU MYCÉNIEN
a priori, l'éventuelle qualité adjective de ce mot peut conduire à y voir un simple dérivé de iqo, sans chercher de parallélisme avec un *iqeu non encore attesté (encore inconnu à l'époque?) : l'anthroponyme aïqeu de Pylos (PY Eb 895.1 ; Ep 301.14; -qewo PY En 659 . 12 ; Eo 471.1 ; -qewe PY Eo 471.2) à supposer qu'il puisse se lire * &-tmtEUe;, curieuse formation négative, nous laisserait loin de compte 14. De même opposer adarateja (PY Aa 785; Ab 388) et areja (PY Tn 316 v. 7 : ce n'est d'ailleurs ni un appellatif féminin, ni un anthroponyme féminin) à 'Allpt7.()'wJe; et 'ApEUe;, formes elles-mêmes de nature peu assurée, est au moins imprudent . Opposer apiteja (PY Fn 187 . 1 : ce texte concerne pourtant de l'orge) à &Àqn't"EUe;, mot rare qui se voit pour la première fois dans un fragment d'Hypéride limité à cette forme, risque d'être aussi un jeu formel 15. De même rapprocher rineja (appellatif féminin, PY passim) de À~VEUe; qui n'est connu que comme nom de poisson resterait bien problématique (pour ce nom, voir § 353). A considérer les formes ainsi rassemblées on constatera que :
4. dans au moins un cas privilégié, celui de ijereujijerejajijerewijo on voit s'opposer dans deux emplois différents les colonnes nO 2 et 3, ce qui pourrait éventuellement se constater pour kerameujkeramejaj kera1Jt~wi[. Il y a là un obstacle sérieux à l'interprétation acceptée par O. Masson (leS 217.20) du cypriote tEpYJf~yt7.v comme nom de la prêtresse plutôt que du sanctuaire.
1. dans la colonne nO 2, outre plusieurs formes peu interprétables qu'on y a rangées sur de simples critères d'aspect extérieur et de correspondance simplement possible avec un terme en -eu, figurent uniquement des anthroponymes et appellatifs féminins; certains sont en correspondance certaine ou très probable avec le terme en -eu: c'est le cas de diwijeja, eropakeja, idomeneja, ijereja, kerameja, iteja ; 2. la colonne nO 3 contient principalement des adjectifs exprimant une dépendance, substantivés ou non : patronymiques, toponymes ou ethniques, noms de groupements, adjectifs épithètes. A cette colonne il faudra ajouter ceux des dérivés en -ewijo qui ne répondent à aucun nom en -eu attesté, et que l'on a cités plus haut (§ 19) dans les mêmes emplois; 3 . dans le type -ewijoj-ewija ne se rencontrent aucun anthroponyme ni aucun nom de métier féminins, ce qui nous encouragerait à penser que kiritewija n'est pas un nom de métier, mais exprimerait plutôt une dépendance ou l'appartenance à un groupe; 14. DOCS p . 414 ; voir toutefois plus bas § 240 ; M. LEJEUNE, BzN, 1968, P 38, a proposé une explication plus satisfaisante de ce nom : ce serait un hypocoristique d'un *aiqota, uel sim, dont le premier terme reposerait sur *1Jsi- (cf. lat. ënsis, slu. asf-.) 15 . Pourtant le cas n'est pas inconnu de mots attestés assez tard en grec alphabétique et révélés depuis en mycénien : ainsi cpOp~EI& n'apparaissait pas avant Xénophon (Equ . 5.1) et se trouve désormais dans le mycénien poqewija.
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Ces constatations conduiront à considérer que ~t7.()[ÀE~t7. (c'est chez Homère un hapax, en 8 770), t~pE~t7. et plus tard cpt7.Pfl.&.XE~t7., 1tt7.VIî6XE~t7. ne sont pas plus des dérivés de leurs correspondants en -EUe; que les formes en -[ç, -~()()t7., -~VVt7., etc... Ces formes doivent perpétuer le souvenir d'une incapacité première de -EUÇ à fournir autre chose que des animés masculins. Telle est donc la deuxième observation que permet le mycénien, mais son exploitation est elle aussi difficile, puisqu'ici encore c'est surtout un trait négatif qui est net.
§ 25 . Une troisième constatation est celle du nombre très élevé en mycénien des noms en -eu. Mais ce fait, qui présente en soi un grand intérêt, est lui aussi médiocrement utilisable du fait de la répartition de ces formes et du petit nombre d'entre elles qui soit réellement interprétable . Les formes complètes ou raisonnablement identifiables comme mots en -suç sont au nombre de plus de 200 et de moins de 250, chiffre important si l'on considère que la langue homérique manifeste, anthroponymes et noms propres divers compris, l'emploi de 85 mots en -suc;. Mais cette indication doit à son tour être corrigée par cette autre que plus de 100 de ces mots et peut-être près de 150 16 sont des anthroponymes, formes exposées chacune à de nombreuses interprétations non contrôlables par une critique interne, donc à une impossibilité générale d'interprétation : la seule donnée solide reste leur flexion et, à quelques exceptions près, seul vaut le chiffre, à condition encore de le considérer comme assez largement approximatif.. Pour les appellatifs, le total pourra se situer entre une trentaine et une soixantaine au maximum : de 25 à 50 noms de métiers, quelques noms d'objets. 16. On en trouve chez O. LANDAU, Mykenisch-Griechische Personennamen, Giiteborg, 1958, environ 80 : la différence est due pour une part au progrès de la philologie myc qui permet de reconnaître des anthroponymes dans des formes autrefois non classées, et pour une autre aux constantes améliorations apportées à l'édition des textes de KN, grâce à l'activité de J CHADWICK, et, plus récemment, de J.-P . OLIVIER
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ÉTAT
DE
LA QUESTION
Les toponymes et ethniques sont une qumzame au moms et peutêtre 25. Si l'on considère que d'une catégorie à l'autre bon nombre de formes se retrouve dans la marge d'incertitude qui oscille entre le tiers et la moitié de chacune, il faudra encore tenir compte d'un certain nombre de formes totalement ininterprétées et échappant à tout classement hors du fait qu'elles peuvent être en -EUe;,
§ 26. Cette prédominance des anthroponymes se retrouve dans la langue épique où, face à 24 appellatifs qui pour un quart sont des hapax, apparaissent quelque 55 anthroponymes et théonymes (en y comprenant les ethniques utilisés à ce titre), et quelques ethniques et noms géographiques. La part des noms propres se réduira par la suite, et les ethniques deviennent prédominants parmi eux : ils sont environ 40 chez Hérodote (avec quelques noms géographiques et 20 appellatifs) chiffre important lié à la nature des sujets traités. Parallèlement la part des appellatifs se développe de façon considérable, singulièrement en attique, dialecte pour lequel nous donnons ici quelques chiffres relevés chez des auteurs offrant une surface de texte importante, et à prendre en valeur approximative: l'acceptation ou le refus de tel hapax mal assuré chez Eschyle peut par exemple les faire varier d'une unité ou deux, de même l'affectation aux appellatifs ou aux noms propres de telle épithète divine chez les tragiques, ou l'apparition simultanée d'une même forme chez deux contemporains Eschyle emploie 15 appellatifs dont Sophocle 18 Euripide 18
7 sont nouveaux 7 2
Aristophane et les comIques attiques du v e s. AC Platon Xénophon
36 33 25
21 5 (index de Ast) 8 (index de Stürtz)
Démosthène et Eschine 24
5
La nature des textes, d'autre part, n'est plus la même et il faut, pour les anthroponymes faire intervenir les données épigraphiques. Aussi bien Bechtel (HPN) n'en livre-t-il pour l'ensemble des siècles historiques jusqu'à l'empire qu'une centaine, qui pour partie repro-
APPORT DU
MYCÉNIEN
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duisent des noms de l'époque héroïque ou ne sont que des ethniques, ou sont encore des sobriquets consistant en appellatifs connus, soit environ la moitié du total. En regard de ce chiffre, du v e au IVe s, AC. l'effectif des appellatifs est d'environ 150 17 " Si l'on peut envisager une évolution statistique d'ensemble, on assiste donc à une réduction progressive de la part des anthroponymes et à une augmentation relative avec large renouvellement des appellatifs. L'importance de l'anthroponymie à date ancienne est grande, notamment dans les documents mycéniens, et nous devrons fréquemment invoquer ces documents, malgré les obscurités de leur onomastique.
§ 27.. En définitive, le mycénien apporte la preuve qu'il s'agit bien d'un suffIxe comportant un -e-, que ses emplois à une époque ancienne sont extrêmement diversifiés et représentés par des formes très nombreuses : s'il y a eu emprunt c'est à une date telle que sa source se dérobe encore plus que par le passé et cette hypothèse devient la plus onéreuse. Ces considérations ont provoqué un regain de crédit pour l'hypothèse indo-européenne, non qu'il soit devenu plus ni moins possible qu'en 1881 de faire la preuve d'un * -ëu- indo-européen, mais on devra se demander à nouveau s'il ne s'agit pas du développement propre au grec, dans des emplois originaux, de quelque élément hérité dans des emplois beaucoup plus restreints . 17" Pour le détail chronologique et morphologique, voir les listes de la section suivante,
EXÉGÈSES RÉCENTES
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totalement étrangère au grec : un tel mot ne peut en être un témoin d'aucun crédit quand s'ajoute à son isolement et à l'absence d'une preuve sémantique une difficulté de vocalisme radical.
§ 29., La tentative de P. Ramat 2 pour expliquer IIspcrs0ç et Eltjcrs0Ç, à partir de noms d'agents en * -ti- secondairement élargis en -eu-, outre CHAPITRE IV
EXÉGÈSES RÉCENTES (§ § 28-46)
qu'elle n'explique pas -eu-, est vouée au même genre d'échec par l'extrême exiguïté de son objet. Deux formes peu claires suscitent l'hypothèse d'une catégorie évidemment inventée pour elles et dont elles seraient à peu de chose près les seuls exemples, les autres rapprochements se faisant tant bien que mal. Pour cet auteur en effet les noms propres en -crs0Ç, dont existe un bon nombre en mycénien et que l'on interprète d'ordinaire 3 comme des formes abrégées de composés à 1 er terme en -cr~- aoristique ou désidératif sont en fait des noms d'agents émanés des abstraits en * -tirefaits en * -tyeu- sur le modèle de 'OXS0ç, etc.
§ 28. Elles sont de deux sortes, d'inégal intérêt, les unes visant à expliquer en termes indo-européens une forme prise isolément, les autres consistant en tentatives cohérentes d'organiser une flexion autour d'un élément hérité. Mais il semble qu'il s'agisse souvent encore d'un pur jeu morphologique sur des données en fait non renouvelées. Dans la première catégorie nous rangerons collectivement les études portant sur une forme ou deux dont le caractère isolé permet des exégèses libérées du souci d'étudier le rôle de la finale. Ainsi ~IY.CH).S0Ç, qui exerce décidément une sorte de fascination, a-t-il été à nouveau l'objet d'analyses tendant désormais à y rechercher des éléments indoeuropéens, tantôt par exhumation d'hypothèses anciennes, tantôt au moyen d'hypothèses nouvelles, à vrai dire aussi peu convaincantes. Dans cette direction, l'essai le plus complet à date récente est celui de A. Mastrelli \ dont l'abondante bibliographie de plus de 40 titres permet de se faire une idée du nombre et de la variété des explications tentées. En réaction contre la tendance résignée de K Bosshardt, on essaie de tout expliquer et l'on s'applique à reconnaître dans ce mot plusieurs suffixes hérités : * -ilo- qui a valeur participiale, et -tjU- dont on ne dit rien. Le radical serait fourni par la racine * gWet- attestée surtout en germanique et signifiant « dire haut et solennellement ». Mais, malgré les efforts de l'auteur pour «( jeter un pont» entre le germanique et les formes arméniennes et iraniennes, cette racine reste
A de telles explications s'opposent plusieurs faits : le premier est que les noms d'agents en *-ti- n'existent apparemment pas en tant que série de termes libres et que les exemples qu'on en peut donner sont ou obscurs ou visiblement secondaires., Ainsi fL&v·nç que K Schwyzer 4 considère comme récent et classe sur son aspect extérieur avec des formes telles que fL&P7t"~Ç, 7t6p,,~ç, etc.. Dans un tel cas, le (( nom d'agent » s'efface si l'on admet avec K Benveniste 5 qu'il s'agit de l'emploi secondaire comme animé d'un neutre en -i- issu de premiers termes de composés qui l'ont préservé, La série des noms libres d'agents en * -ti- pourrait donc se résoudre en une courte série d'accidents diversement explicables, et, de toute façon, il n'en existe aucun qui corresponde aux noms que l'on cherche à expliquer. On ne voit d'ailleurs pas, en ce cas, le rôle d'une suffixation qui paraît entièrement gratuite"
L C., A., MASTRELLI, Per l'indoeuropeità di ~()(nÀEuç, Archivio Glottologico Italiano 45, fsc. 1, 1960, Florence, pp, 1-36 (= CMa 1). A sa bibliographie on peut ajouter, parue depuis, l'étude de P., GSCHNITZER, BA~JAEY~, Ein terminologischcs Beitrag zur Frühgeschichte des Konigstums bei den Griechen, Festschrift Franz, Innsbrück, 1967, pp, 99-112; voir, enfin, P., CHANTRAINE, Dict.. J, S,.v.
2" P RA~AI,. Per l'etimolog.ia deI greco IIEP~EY~ e GlHI:EYI:, VIIo Congresso Internaz. dl SClenze OnomastlChe, Florence-Pise, 1961, vol III, pp., 261-271. 3, V notamment A.. HEuBEcK, BzN, 1957, pp . 28-35 (= AH 1) 4 E SCHWYZER, Gr. Gr 1, p 504 et n 3 5 E. BENvENIsrE, Origines, p . 83
c..
Ainsi IIspcrs0ç serait un * Per-ti- refait en * Per-ty-eu- «( le Frappeur par excellence,
»
ainsi EltjGs0Ç serait un *Thé-ti- refait en *Thé-ty-eu- «( le Fondateur par excellence.
»
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Le deuxième obstacle à une telle explication est d'ordre morphologique : le suffixe -ti- est ordinairement affecté à des radicaux à vocalisme réduit, et singulièrement dans *6e-'n- > GÉmç. Le *6y)--n- que suppose l'explication rapportée plus haut est très peu vraisemblable comme dérivé simple. Tel est le type des exégèses de détail tentées sur des mots isolés ou sur de très petits groupes de noms propres, et qui, désormais, supposent l'hypothèse indo-européenne ou visent à la démontrer Hypothèse légitime, démonstration désirable: il est douteux que l'on puisse de longtemps dépasser ce vœu, Pourtant, des explications d'ensemble de la flexion ont été essayées, dont l'une reprend d'ailleurs l'hypothèse d'une suffixation -u- héritée.
§ 30. Une première tentative d'explication par des éléments hérités est celle de O. Szemerényi 6, qui suppose un élément de composition È6ç, lequel ne serait autre que l'adjectif *esu- « bon ». Cela ne nous paraît pas soutenable . Ayant réfuté K Bosshardt par la constatation de l'apport mycénien à la question, et ayant rejeté les rapprochements iraniens de mots en -(jus périodiquement repris depuis Bartholomae, de même que les verbes balto-slaves en -auju, etc.. , l'auteur en vient à cette conviction, qui est aussi la nôtre, qu'il s'agit d'une « innovation du grec fondée sur des éléments indo-européens hérités » . Considérant d'autre part les féminins en -ew;, myc . -eja, qui excluent une dérivation en *-Y)fyrx, il en rapproche ceux des thèmes en -s- : ,A v,,~yÉve~rx atikeneja x-yÉvwx kepukeneja cf. 'Iep~fLÉ3e~rx ipemedeja
7
qui ont une finale reposant sur * -ecryrx, ?e qui permet d'établir un système proportionnel -y)ç -euç
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EXÉGÈSES RÉCENTES
ÉTAT DE LA QUESTION
*-ecryrx x
6, 0" SZEMERÉNyr, The greek nouns in -soç, « MNHMH~ XAPIN)) Gedenhschrift J(retschmer II, Vienne, 1957, pp" 159-181 (= OS 2), 7" Pour les formes mycéniennes que nous citons simplement, on en trouvera les références dans le Mycenaeae Graecitatis Lexicon de A" MORPURGO, Rome, 1963 (MGL) ; nous donnons d'autre part aux §§ 160-180 une liste des formes en -eu, avec les références; les principaux repères bibliographiques seront donnés en note pour chacune des formes étudiées,
Or, x = *-ecryIY., et par conséquent « -euç doit représenter un primitif -esus ! n. Les liens sont certains entre plusieurs composés en -euç et des formes en -y)ç; mais il s'agit là d'un développement secondaire qui ne peut fournir la base d'une explication pour tÉpe~rx ou ~rxcr[f.e~:Y. (voir §§ 231232), Nous pensons quant à nous que cette équation est mal posée car elle est en fait à deux inconnues : les deux termes de la seconde ligne" On se donne beau jeu, par conséquent, à introduire dans les deux termes l'élément que la résolution doit précisément faire ressortir, De plus, si ces féminins en -eja reposaient sur un thème sigmatique, on attendrait plutôt une finale -eija; c'est du moins ce que suggèrent des ethniques comme apekeija d'un thème en -s- dont le locatif est apekee (sc, -ehe~ < *-es-ei), keijo (cf. loc. kee), erateijo (cf. erato-de) , etc.
§ 31. La flexion -euç / -~frx / -~foç, etc. continuerait ainsi un plus . *-esus /* -esum /* -eswos, etc. d ans des mots comme *khallianCIen esus, *keram-esus, *iser-esus, mais il apparaît que, pour un suffixe, le second élément est très étoffé et qu'il ne doit pas être un suffixe à proprement parler, mais bel et bien, comme il a été annoncé plus haut, l'adjectif È6ç, comme en hittite assus/assu « bon n, sc.. i"e" *esus. Sémantiquement, on pourrait alors rendre compte de ces formations en les situant par rapport aux composés traditionnels: ijerowoko pourrait se gloser par tepeX ~py(ùv (pÉ~ -dç est secondaire et récent, tandis que la forme ancienne, attestée par l'épigraphie, est -=tje:ç > -=tjç (les formes en -éYJç étant évidemment refaites sur -éwç, etc.) . Il est de plus inquiétant de voir citer comme archaïsme épique une forme Awp~ée:ç qui est un hapax justifié par le mètre dans un passage récent (T 177) 15. La grande extension de cette finale en ionien (et ailleurs) ne doit pas apparaître comme un trait de conservatisme dans un dialecte qui ne s'est jamais fait faute de normaliser analogiquement déclinaisons et conjugaisons, en regard d'un attique beaucoup plus conservateur en ces matières. L'influence des cas où un abrègement phonétique de -YJ- peut rendre compte de -e:- a dû être déterminante : le passage de -=tjoç à -éoç au génitif est quasi-général hors de l'attique, et l'épigraphie fait apparaître -YJoç et -e:oç successivement à Lesbos 16. Donc, quelque décevante que soit cette constatation, on doit admettre que -=tje:ç a précédé -éeç, comme il appert en attique, ainsi que dans l'épopée où la forme normale est -=tjeç, et il ne serait pas raisonnable de lire les finales mycéniennes ··ewe autrement que -=tjfeç. La finale -ée:ç est apparemment une réfection due à l'analogie du génitif -=tjoç > -éoç, évolution contrôlée par l'épigraphie. Si bien que pour le génitif 15. P. CHANTRAINE, Gram. Hom. l, p. 106, n. 1. 16. M.. LEJEUNE, Traité de Phonétique Grecque, p. 223; pp. 98-99, § 256 . 5.
THU~1B-SCHERER
II,
§ 41. Pour ce qui est en particulier des formes de génitif en -éoç, qUl sont fréquentes dans l'épopée, on a observé depuis longtemps que leur usage développé est lié à l'hexamètre et qu'elles affectent des noms propres fournissant commodément un dactyle : Tuiléoç, 'Arpéoç, I11JÀéoç. La fréquence de ces génitifs dans des expressions du type Tuôéoç uté a pu être favorisée par l'existence de patronymes comme Tuile:tilYJç au génitif desquels ils se substituaient facilement dans l'hexamètre: Tuiléoç uté = Tuile:tilow métriquement 17 . Il s'agit donc là de formes sans existence linguistique véritable et dont l'usage fréquent est en tout cas lié à des commodités prosodiques Il faut pourtant rappeler l'existence, hors de l'épopée, de formes dialectales en -e-, mais, on l'a vu, elles peuvent s'expliquer phonétiquement. Resterait enfin la possibilité qu'un petit nombre de génitifs de noms propres en -éoç soit authentique et représente le souvenir d'une ancienne flexion en ..u- 18, ce qui serait évidemment en faveur de la thèse défendue par V. Georgiev. Mais des noms en -u- on ne connaît que des formes de nominatif qui sont en fait des hypocoristiques du type "Avilpuç, "Iepuç, "I7t7tuç, N'i:x.uç, otvuç, etc qu'on a pu rapprocher de sobriquets comme Ei56uç, 8piXcruç, etc. 19. Ils ne représentent donc pas nécessairement la conservation d'une forme ancienne de cette finale, et même s'ils la représentent, rien n'autorise à leur affecter spécialement les génitifs en ··éfoç, puisque leur répartition n'est pas la même. Seules pourraient répondre à un type archaïque des formes comme celles des noms légendaires que possède l'attique : Tüiluç, 8Ëcruç, NËpuç, 'Epe:X6uç 20 . Constatons pourtant qu'en attique même, dans les mêmes documents, c'est-à-dire les peintures de vases, apparaissent I1ËÀËç, I1po[LË6Ëç, 'OÀUTËÇ, I1e:pcrËç, 8ËcrËv (?) qui, confrontés aux formes précédentes, semblent indiquer des réfections secondaires, celles en -uç sur des sobriquets, les secondes sur des thèmes en -s· par exemple.. Certains de ces noms peuvent n'être d'ailleurs que des adap17 . K. VVIlIE, GloUa 3, 1910-1912, pp. 388-393; A . DEBRUNNER, Metrische Kürzung bei Homer, « ANTIL1QPON ", Festschrift Jacob Wackernagel, Gottingen, 1923, pp . 28-40; cf. P CHANTRAINE, Gram Hom. l, pp 105-106 et 223-22!,. 18. K SCHWYZER, Gr.. Gr.. l, p. 576 19. Par exemple M. LEU MANN, GloUa 32,1953, pp . 214-225 (= KI.. Schr., pp . 243250), mais cet auteur voit dans le type "Av3puç une abréviation de 'Av3puÀoç 20.. P. KRETSCHMER, Die griechischen Vaseninschriften, 1894, § § 172 et suiv.
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ÉTAT DE LA QUESTION
EXÉGÈSES RÉCENTES
tations de thèmes en -s- soit grecs soit empruntés. D'autre part, lorsque ces noms apparaissent en mycénien, c'est clairement sous la forme -zuç et sans doublets en -uç : ainsi teseu à Pylos 21. Enfin dans l'épopée leur seul nominatif est -zuç. Inversement, aucun nom masculin indiscutablement identifiable en grec n'apparaît en mycénien parmi les anthroponymes en -u-.
respondre à quoi que ce soit de plausible en grec. Aussi bien ne sont-ce là que des formes de nominatif, dont on ne sait quel serait le génitif: -ewo, -uwo, -uto, -udo, -uko, etc. ? Il faut aussi rappeler que, dans les mêmes textes, les noms de femmes en -u ne sont pas inconnus et ne sont pas plus identifiables
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§ 42. Reconnaissables comme anthroponymes avec une vraIsemblance suffisante sont 22 : agiru (KN C 50.1) : s'il a quelque chose à voir avec agiro (KN Dx 1123), cette variation de la finale n'est pas grecque; jaru (KN C 911.4) ; koku (KN Dl 1240) : Chadwick-Ventris 23 suggèrent une lecture K6xxu~ (?), ce qui exclurait cette forme des noms en -u; naru (KN Db 1304) ; oku (KN Da 1170 ; X 7619) : peut éventuellement se lire ".Qxuç, donc comme un sobriquet tiré de l'adjectif 6lxuç.. Le rapprochement avec l'anthroponyme pylien okeu est bien trop incertain pour fournir la base d'une variation -u-J-eu-, dont ce serait d'ailleurs le seul exemple mycénien;
idu (KN Ap 639 . 7) ; kepu (KN Ap 639.,13) ; maku (KN Ap 639.3) ; [.Jwijanatu (KN Ap 769.1)
25.
On voit que l'hypothèse de -zuç reposant sur un -u- connu du grec même est fondée sur peu de chose, puisque les anthroponymes en -u du mycénien sont vraisemblablement étrangers au grec et que les formes en -eu ne leur font aucune concurrence que nous saisissions. Il est donc vain de chercher à appuyer cette hypothèse sur un rapprochement des nominatifs en -uç et des génitifs en -É:oç, que rien ne justifie, puisqu'ils apparaissent dans des conditions fort différentes et ont des chances d'être secondaires les uns et les autres.
On aura remarqué qu'ils sont presque tous de Cnossos, site où l'anthroponymie manifeste d'autre part que l'élément allogène pouvait être important, et qu'aucun (sauf éventuellement oku) ne paraît cor-
§ 43., A plus forte raison le secours de génitifs en -züç à analyser * -eu-s est-il illusoire. La seule forme connue de l'épopée, '03ucrzüç est un hapax figurant dans un passage récent (w 398) et peut simplement marquer, sinon une diphtongaison à proprement parler, du moins une synizèse dont l'effet métrique n'est pas différent de celui des diphtongaisons ioniennes. Au reste, le texte peut être corrigé d'une manière qui efface cette forme aberrante 26. Quant aux formes dialectales alléguées, comme Lxpzüç, c'est en dorien (mégarien, argien) qu'elles apparaissent 27, c'est-à-dire précisément dans une aire dialectale où les diphtongaisons sont nombreuses: ceci doit nous les faire considérer, non comme la conservation d'un archaïsme vraiment surprenant, mais comme une manifestation de ce qu'en ces dialectes la diphtongaison affectait aussi des hiatus récents, phénomène déjà connu 28.
2L On pourra y ajouter akireu (PY, KN) = 'AX~ÀÀs6ç; apareu (KN) = 'Acpotps6ç; epekeu (PY) = 'E7tslys6ç; etawoneu (PY, KN) = 'ETotfûlVs6ç; kereteu (PY) = KpIJ8s6ç ; kopereu (PY) = K07tps6ç ; poroteu (PY) = IIpûlTs6ç: ils sont assez clairs et sans formes en -u. 22" Nous suivons ici les indications du lexique de A. MORPURGO (MGL), 23, DOCS, P 420. 24. a LANDAU, Die mykenisch-griechischen Personennamen, Goteborg, 1958, p, 93
25" Sur l'ensemble de ces formes et leur affectation linguistique, voir A" HEuBECK, Praegraeca, Erlanger Forschungen 12, 1961, notamment pp., 31-39, 26., P., CHANTRAINE, Gram Hom. 1, p., 34. 27. Voir notamment E SCHWYZER, Gr" Gr 1, p. 576 n . 2; THUMB-KIECKERS l, § 132,,2, P 137; § 12L2a, p, 113. 28. Voir notamment E SCHWYZER, Gr,. Gr. 1, p . 248; THUMB-KIECKERS, cf. note précédente.
otu (py An 5.. 5) : O. Landau 24 propose de lire "O"t"uç. Mais en admettant même que le nom d'un roi paphlagonien du v e siècle (Xén.. Hell.. Iy',1.3 et 7) ait été porté près d'un millénaire auparavant à Pylos, nous avons là quelque chose qui n'est assurément pas grec; raku (KN V 653.,3) : le masculin n'est même pas assuré; roru (KN C 50.2 ; v. 2 ; De 1234; Db 1185) ; sipu 2 (KN As 1516.. 4) ; tasu (KN L 1568.2b) n'est pas sûrement un anthroponyme.
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ÉTAT DE LA QUESTION
EXÉGÈSES RÉCENTES
§ 44.. D'autre part, les formes arcadiennes en _.y)-, nominatif -1jç, accusatif -IlV, montrent elles aussi que le vocalisme de cette finale est de toute façon -ë-. Ces formes sont :
IV[n 1411.3) et erede (PY Fr 1228; Mn 1411.2) qui semblent reposer sur des toponymes *maseu et *ereu non attestés directement, mais que permettent d'autre part de supposer le dérivé erewijo (PY Vn 48.3 : pour certains le mot est mutilé au début), et l'existence possible à CnossOs d'un toponyme masewio[-J (KN Ws 1701) 33. C'est l'extension du -YJ- de cet accusatif qui fournit la série des nominatifs arcadiens en -~ç, comme ailleurs de Z~v a pu être tiré Z~ç.
Lap~ç
qJovtç h~e:ptv
lG 5(2).8.5 (Tégée, IVe s. AC), 116.7 (Tégée, me s. AC.), lG 5(2).6.96 (Tégée, IVe S. AC.), 115.1 (Tégée, Iv-me s. AC.), 36.78, 106, 127 (Tégée, me s. AC.), lG 5(2).13.10 (Tégée, me s. AC.), lG 5(2).262.26, 30, 36 (Mantinée, v e s. AC.), lG 5(2).3 . 1 (Tégée, env. 390 AC).
Mais au me s. AC, on écrit ypa[L[La're:uç à Orchomène (Schwyzer 666, 667) ; et de leur côté les ethniques paraissent être restés en -e:uç à Tégée, si l'on en croit des formes comme : -eücr~ (myc. -eusi, et -eupi pour l'instrumental; en Crète, localement, avec accident phonétique : tClpOUcr~, Inscr. Cret.. IL56, nO 9) terminaison pandialectale et de loin la plus fréquente dans l'épopée. Les autres formes résultent de réfections :
réfection éolienne par généralisation de la finale béotien «P~Àe't"f)pdecrcr~ (1 G 7,.1790.6), lesbien ~1J((j~À~ecrm (fG 12(2).645"a,,7) de ce type l'épopée ne connaît que
&p~cr't"~ecrcr~
-~ecrm
2,
(6 ex,,).
2, Une forme d'ethnique AtYCJ(ée:crm (SCHWYZER 644,12) dont on a voulu tirer argument pour établir la possibilité d'une brève ancienne est précisément contem-
72
ÉTAT DE LA QUESTION
réfection sur le modèle thématique :
-éo~ç,
principalement en grec du N.O. : locrien Xcù,e~éo~ç (IG 9(1).334.47, v e s. AC.), étolien brnéo~ç (SIG 421.30, mais aussi -eucr~ ibid. 28) ;
d'où par extension à date récente, en béotien: 't"uç yovéuç (IG 7.3348.5).
CHAPITRE VI
Cette finale est attestée en messénien, autre extension elle aUSSI contemporaine de la ligue étolienne : LO';ÀÉo~ç
CONCLUSIONS
(IG 5(2).419.11,21).
(§§ 58-62)
réfection en -Éa (cr)~ : on ne saurait dire qu'elle soit directement analogique des thèmes en -s- ou en -i-, puisqu'à Cyrène elle est liée à un nom. et un acc. plur. en -éç 3. Cependant une flexion dans laquelle se généralisait une prédésinentielle e était en fait en partie homonyme de celle de ces thèmes, ce qui a pu provoquer une assimilation plus complète. Le dorien de Cyrène présente ainsi des formes du type de MeYlXpÉcrcrL, etc., finale attestée littérairement chez Callimaque : apo[LÉcr~ (fr. 441 Pfeiffer), et plus tard dans une inscription métrique attique: 't"oxÉcr~
(IG 22 .11491.6).
poraine des premières formes de génitif à brève en lesbien: elle n'est qu'une des premières manifestations de la réfection qui à partir de ces génitifs étend la brève à toute la flexion (v. F . BECH rEL, Dial. l, p. 68) 3. Pour l'interprétation de la forme tap~ç (nom.. et ace . ), plusieurs voies ont été tentées Ne parlons pas d'une voie étymologique qui nous paraît impraticable (thème en *-ë- avec ace plur. *-ë-ns > -o;vç : v . K SCHWYZER Gr. Gr l, p. 563 n. 2 fin) ; abrègement devant cr de la longue de -~ç issue de -~o;ç et -~aç (G.. DEvora Riv. di fil. class . 56, 1928, pp. 376 sq.) ; réduction de -0;0;- à .0;- (R GÜNrHER IF 32, 1913, pp . 378 sqq.) ; traitement phonétique d'un *·-vç analogique des autres ace plur. (not . J WACKERNAGEL IF 14, 1903, pp 372 sq.; F. BECH'IEI Dial. II, p. 556), interprétation qui s'appuie sur le traitement connu du groupe final -vç en cyrénéen . En réalité tap~ç est une forme récente (r er s . AC..) qui suppose que le 0; soit solidement établi dans la flexion, ce dont c~m est un autre indice plus ancien; à cette époque l'analogie a pu jouer directement, sans intermédiaire d'un v depuis longtemps évanoui: la séquence 1:Ôç tap~ç (voir § 55) donne la clé du procès . L'extension au nominatif est calquée sur le double emploi de -dç dans la xo~v~ contemporaine. Il est notable enfin que les formes -~ç / -~m tendent à se constituer en paradigme comme -dç / -dcr~ dans une XoLV~ tardive, de même qu'en éléen Mav1:~v~cr~ (GDI 1151.17, date controversée: du VIe au IVe S. AC . ) pouvait se rapporter à des formes de cas directs en -~ç (GDI 1167) attestées concurremment avec le nom . en -iXo;ç.
§ 58. S'il y a eu développement à partir de thèmes en -U-, un dernier point doit être rappelé: cela ne peut s'être fait qu'à une époque où aucun lien n'était plus senti entre les adjectifs en -u- et ces substan.. tifs - à supposer qu'il yen ait jamais eu un-, la différenciation d'emplois s'étant amorcée très anciennement. Les noms en -euç se distinguent absolument par le fait qu'ils n'ont pas de féminin ni en -efylX ni en -YJfylX. Or les adjectifs en -uç peuvent servir de base à la dérivation d'un féminin en * -ya et c'est chose ancienne si l'on en juge par l'existence de formes sanskrites parallèles aux adjectifs du grec: *plt-a-u*plt-a-w-ya *lJ;}gWh-u*lJ;}gwh-w-ya *swad-u*swad-w-ya *gWr-u*gWr-w-ya
skI'. prthU-
p[thi9î subst. rflaghUlagh9î s9adus9lid9î gurugur9î
grec 7tÀIX't"UÇ nÀIX't"IX~1X
tÀlXxUç (tÀlXxe~IX) ~Mç
(~ae~lX) ~apuç
(~lXpe~lX) etc..
Aucune comparaison de cette sorte ne peut jamais être établie pour les noms grecs en -euç.. Cela non plus n'empêche pas de chercher dans cette finale le développement de thèmes en-u-, mais il faut alors admettre que l'amorce de la différenciation affirmée en grec comme éventuellement en iranien par une flexion propre devrait se situer tôt dans l'histoire, dès que des thèmes substantifs animés en -u- ont pu être sentis comme assez distincts d'adjectifs pour ne pas recevoir les dérivations, notamment féminines, qui leur eussent été communes.
74
75
ÉTAT DE LA QUESTION
CONCLUSIONS
Mais ce développement ne pourrait d'autre part être que postérieur, et alors peut-être consécutif à la ruine des systèmes restitués par E. Benveniste 1 qui opposaient des neutres en -w à des animés en -éu, et des neutres en -y à des animés en -éi. La confusion et l'unification partielle de thèmes en -u en une catégorie, de même que pour -i, peut s'être accompagnée de l'institution d'oppositions nouvelles dans des langues plus différenciées dont on conçoit alors que la comparaison directe offre peu de renseignements . La nécessité de pourvoir de féminins les nouveaux animés en -e:ùç ne se serait fait sentir que secondairement, à mesure que leurs emplois s'élargissant ils fournissaient des noms de préposés à des occupations diverses, et alors que les dérivés de dépendance en -'tJf~yo-, bien installés, avaient leurs emplois propres: d'où l'appel fait à des formes hétéroclites.
Ainsi des formes messapiennes du type staboaos génitif de staboas qui seraient issues respectivement de *-ëw-os et *-ë(u)s 6 et qui établiraient selon M. Leroy l'existence hors du grec d'un parallèle dans une langue indo-européenne. Mais l'existence de pareils thèmes en messapien n'est rien moins qu'assurée, et les formes alléguées peuvent faire l'objet d'autres interprétations: s'il paraît établi que des thèmes en *-u ont eu un génitif en *-eusj*-ous : *merku-s gén. morkos (cf. falisque mercui) - mais yasti, gén. yasteos présente déjà une flexion différente-, cela ne saurait ni surprendre, ni apporter quoi que ce soit au problème de -e:uç puisque précisément le génitif est d'un autre type, et des formes comme le génitif staboaos, à côté d'un nominatif staboas thématique ou à thème en -a, peuvent présenter une extension secondaire de -os < * -eus. Un témoignage messapien reste pour l'instant inutilisable 7.
§ 59. Si l'on veut enfin y trouver, malgré le refus de K. Brugmann 2 un suffixe *-lw- hérité dans sa forme tonique et longue 3, ce qui revient à déplacer dans le temps le procès évoqué ci-dessus, les parallèles morphologiques ne manquent pas, et l'on ne peut évidemment s'empêcher de penser au suffixe *-f5y- dont le rôle est complémentaire de celui de -e:ùç dans certaines catégories de noms de personnes 4. Mais si tout plaide en grec, nous l'avons vu, pour un -Ylf- ancien, ce qui manque pour établir qu'il est hérité, ce sont les parallèles comparatifs véritables, car aucune des comparaisons proposées ne paraît pouvoir aller, peut-être faute de documentation, plus loin qu'un rapprochement qui risque d'être fortuit. Ainsi des formes du vieux-phrygien 5 : npwro:foç et o:xe:vo:voÀo:foç restent isolées, non interprétées, et par conséquent d'utilisation impossible. En admettant qu'elles présentent une finale en rapport avec un suffixe * -ëw-, nous ne pouvons savoir la valeur ni l'origine de ce suffixe. Quant aux noms de villes évoqués par F. de Saussure M~ô&e:LOV" KO'n&e:LOv, LlOPUÀ&e:LOV, ils nous apparaissent à l'évidence sous des formes hellénisées qui leur ôtent tout caractère de témoignage, quand ils ne sont pas purement et simplement des noms grecs, comme c'est le cas pour le dernier. 1. K BENvENrsIE, Origines, pp. 50-86 . 2. v.. supra § 6 : à ce veto les théories développées en la matière par cet auteur enlèvent il est vrai beaucoup de poids. 3. M.. LEROY, A propos des noms en -eu.; .. , Mélanges H. GRÉGOIRE III, 1951, Bruxelles, pp. 223-243 4. Voir la Ile partie §§ 256-257 5. Voir § 16 i l 4.
§ 60. Ainsi encore des formes iraniennes, mieux connues, mais qui, n'étant qu'iraniennes, on l'a vu, attestent plutôt un développement secondaire et indépendant. Un autre parallèle un peu plus cohérent, mais qui reste lui aussi indépendant, serait offert par le hittite où l'on voit comme en grec deux suffixes à voyelle longue -ai et -au dans des flexions de même structure (nom.. -ais, gén. -ayas; nom. -aus, gén. -awas) 8, ce qui évoque impérieusement la symétrie partielle de -e:ùç et symétrie qui sert secondairement de cadre à une répartition entre masculin et féminin dans certains cantons de l'anthroponymie grecque.
-w,
§ 61. On se trouve ainsi devant un choix difficile entre : 10 un héritage pur et simple qui aurait quelques parallèles, mais qui ne s'appuie jamais sur une correspondance précise et échappe à toute démonstration par la comparaison (que l'on parte de * -u- ou 6 li.. KRAHE, CloUa 17, 1928, notamment pp 92-96; CloUa 22, 1933-1934, not pp . 124-125. 7.. 0 HAAS, Messapische Studien, Heidelberg, 1962, pp. 195-200 : l'exposé morphologique révèle la pauvreté du matériel utilisable, et montre qu'il est risqué de généraliser comme le fait M.. Leroy à partir de données provenant d'articles anciens de H . Krahe : ce dernier, notamment dans CloUa 22, 1933-1934, pp. 124125 rapproche ioes, et staboas (avec évolution ë < li comparable à celle de l'éléen) des formes arcado-cypriotes YPiXtph.;, leph.;, etc. tenues d'après F . Bechtel (Dial . 1, p. 354) pour « uralt n, ce qui, on l'a vu, est peu probable. Dans le même temps d'ailleurs, H . Krahe se défendait de comparer ces formes messapiennes aux noms grecs en -eu.;.... De toute manière il est inquiétant de voir à la fois plaider pour *-ëw- et appeler en renfort un matériel qui a pu servir à démontrer l'ancienneté de -k 8. li. KRONASSER, Etymologie der hethitischen Sprache 1, Wiesbaden, 1966, p 205 .
76
ÉTAT DE LA QUESTION
CONCL USIONS
de * -iu-) et ne trouve guère de place dans les structures de dérivation restituées pour les niveaux les plus anciens;
œuvre des éléments profondément remaniés par le grec; quoi qu'il en soit, les proliférations foisonnantes que nous saisissons en mycénien comme aux v e et IVe siècles peuvent annoncer de loin la fin d'une histoire . au..terme de laquelle ce suffixe n'a pas de valeur très nette , ce qUI, se JOIgnant plus tard à l'obscurcissement phonétique des finales a pu contribuer à son absorption dans la finale -iXç. '
2° un emprunt pur et simple à une langue « méditerranéenne », ce qui, faute d'un seul indice positif, reste de pure spéculation, outre que l'usage développé et très diversifié de cette finale dès l'époque la plus ancienne, n'évoque nullement les étroites catégories toponymiques et techniques où se cantonnent ordinairement de tels emprunts; 3° un développement complètement original d'éléments hérités mais sans doute d'emploi limité. Un tel développement ne pourrait qu'avoir été favorisé, et peut-être alimenté de quelques formes ou groupes de formes par l'existence - elle aussi indémontrée - dans un substrat déjà indo-européen d'éléments comparables à ceux qu'avait de son côté et en son temps conservés ou développés le hittite. Quoi qu'il en soit, des suffixes oxytons à sonante, que leur forme longue soit secondaire ou héritée, renvoient à un milieu linguistique indo-européen, et à défaut de correspondance véritable, la ressemblance de -e:ùç avec les développements secondaires d'autres langues ne saurait être uniquement le fait du hasard . Enfin, la fortune ancienne de la finale -e:ùç montre que la langue grecque ne l'a jamais sentie comme un élément étranger, puisqu'à toutes les époques connues du moins, elle a été un puissant moyen d'hellénisation de noms propres étrangers.
§ 62. En tout état de cause, même si les noms en -e:ùç sont ISSUS de thèmes soit en * -u- soit en * -iu-, leurs attaches avec l'éventuel étymon indo-européen sont bien rompues: c'est une formation stable dans sa morphologie, mais phonétiquement différenciée dans les dialectes, entièrement originale et qui a sa propre histoire en grec même. Dès le mycénien cette histoire est bien avancée: nous n'en pouvons donc plus saisir qu'une partie qui pourrait être la fin. Nous nous attacherons donc désormais, après en avoir établi un inventaire historique, à discerner et à classer les emplois des formes : dans l'ignorance où nous sommes du point d'enracinement dans la suffixation héritée et par conséquent de la réalité de cet enracinement, il est légitime de se demander si au milieu de la production constante que nous livre le grec n'apparaîtraient pas des mots qu'une certaine homogénéité de forme et d'emplois conduirait à supposer d'un type de dérivation au moins ancien, sinon hérité, et qui permettrait en fin de compte la restitution hypothétique de quelque ensemble mettant en
77
PREMIÈRE PARTIE
,
LE MATERIEL : INVENTAIRE CHRONOLOGIQUE (§§ 63-188)
CHAPITRE PREMIER
ÉPOQUE ARCHAIQUE (§§ 63-74)
A. INVENTAIRE DES FORMES 1.
§ 63
&m:pwe:6c;
ÉPOPÉE.
__ I_V_-_I_v_e_S_._A_ C_.
_I_~ Ok_1
Sens
Fréqu
matelot pêcheur
4
Fr.. (pêcheur)
Attesté
1
o
o
è[l&v [le:véwv &n qui fait dévier mes fureurs
o
1
Hsch .
361
-- ---1--------1------1--------1----1---
Hsch. Fr. Fr.. en poésie 30 surtout pluriel : Rare en prose groupe aristocratique 11-----1-------- - - - - - -------1----1-myc. Fr. Fr. 105 roi ------1--------1-------1-------[----- - - -
drisse (en cuir de boeuf)
2
o
o
~
426 o 291 (H. Ap. 407)
roselière
1 I: 576
o
Oiseleur Opp.. Cyn.. L73 =
a6vocç
Antk. Pal VI.
64
o
cocher 1
trompeur À
364
o
o Ap . Rh. III 617 Antk. Pal. IX.
524 6
82
INVENTAIRE CHRONOLOGIQUE ÉPOQUE ARCHAlQUE 1
Forme
Sens
V-IVe s, AC
Fréqu
Vlt"
Obs
\
Fr,
Fr, (cavalier)
Fr,
1 601
Fr
Fr
13
Fr
Fr,
prêtre
9
L7t1tEUC;
cavalier cocher
24
xepoc[1eûc;
potier ~
1
~
1
Fr"
lepeûc;
64
2.
HYMNES,
berger
HÉSIODE,
etc.
myc,
1
F:",W 1
F_r_éo_"u_'__
I. _ _
surtout pluriel: les parents
Yo'leuc;
myc
S_e_n_s
1
'1o[1eÛc;
83
1
/
varangue Hdt, 1194 IL96
1
rcr't'o~OE:Uç
H" Dém, I.
Fr,
Fr,
I
I
timon (de la charrue)
Hés, Tmv 431, 435
0
Ap"Rh, III. 1318
louveteau
Solon (Plut, Sol 23)
0
Théocr, Y38
cueilleur de pommes
Sappho L,Page105 a 2 (-~ec;)
0
---
otxeûc;
7
domesticus
- -_ . _ -
1
oùpeûc;
mule
5
Théocr, Rare: Lys.X19 (cite XXV,,33 une loi) Soph, OR 756 Fr,
Fr,
--Hsch
1 [1
iXÀo~pom:ûc;
---
Fr,
toute pièce sel'vant à tenir : gourverrou, mette, etc,
13
parricide
3
0
0
7to[1-7teÛc;
guide
5
Attesté
Attesté
Hsch,
7top6[1eûc;
passeur
1 '1 187
Attesté
Attesté
Hsch,
seulement duel et plur.. dans l'épopée : les parents
38
Hdt" 8 ex.; ailleurs surtout poésie et allusions épiques
Hsch
apposé à xuw'J pour désigner le chien familier
3
Attesté au sens de parasite (de même chez Hsch,,)
cpo'leûc;
meurtrier
3
cpopeûc;
porteur
oXeûC;
0
Hsch,
1
_
Hsch
---
'---- ---
------ ---------1-------[-----_.7toc[1~occnÀeûc; roi de l'univers Alcée 0
(Zeus)
~_bs__
V_l_t,_
240 Hés, Trav, 235, 331 I__ J_he_éx_Og_n_, __ I
i
répartiteur Plat. Lois 931 D
I~_-_I_V_e~_,_A_C_,
L. Page 308
0
-_. 0
-1
1
-
-_._---7toc"rpocpo'leûc;
1 1
----
I~~" "rpoc7te~eûc;
~
&.[1-( cp,) cpopeûc;
1 566
Fr
amphore
9
Fr,
bronzier
6
Fr,
--
Ap"Rh Hsch . 1132 Plut" Aem 191
0
- - -- - -
xocÀxeûC;
Fr"
I-~ Fr,
1
myc,
~
B" OBSERVATIONS
§ 65. Nous ne ferons pas figurer le mot yp'f:ne:uç au § 64, car c'est à l'époque alexandrine qu'il nous paraît devoir figurer. En effet cette forme se trouve dans une épigramme de l'Anth. PaL (VIII.5Ü5) attribuée à Sappho, Cette attribution, rendue déjà très suspecte par la nature même du texte, nous paraît devoir être rejetée, ne fût-ce qu'à cause de ce mot précisément. Il fait partie d'une série de noms de pêcheurs développée à plaisir par les Alexandrins à partir de noms d'appareils de pêche xup-re:uç, nopxe:uç, mxyY)ve:uç, ae:À (e: )OlQ"-rpe:UÇ, formes dont aLX-rUe:UÇ qui prenait appui sur des composés attestés a pu fournir le principe, quelque tardive que soit la connaissance que nous en avons (§ 136). On ajoutera que tous les autres emplois de yp'f:ne:uç sont d'époque alexandrine: Théocrite (I.39; 1II.26), Moschos (fI'· Buc. I.9 Belles-Lettres), Léonidas de Tarente (Anth. Pal. VIl5Ü4). § 66. On ajoutera au contraire à la liste ainsi constituée une épithète divine :
84
INVENTAIRE CHRONOLOGIQUE
ÉPOQUE ARCHAÏQUE
'07tUlpeUç l G 7.2733, Acraiphia, VIl-VIe s. AC. Très proches des appellatifs sont en effet les épithètes divines évoquant une fonction du dieu" Enfin, Mrltrlaeuç, épithète d'Hermès, fils de Maia (O. Masson, Hipponax, Fr. 32, p. 62, 124) est d'un caractère à la fois familier et littéraire (voir plus bas § 444 note 5)"
s'agit plus d'un nom d'agent mais d'un composé tout artificiel et de structure aberrante qui rappelle à la fois le rôle du timon dans l'attelage des bœufs et son aspect. C'est en effet une sorte de mât montant obliquement de l'âge au joug et dépassant sans doute un peu ce dernier vers le haut et l'avant. L'image est complémentaire et inverse de celle par laquelle une vergue, qui, articulée près de la pointe du mât, subit l'effort de la voile, est appelée ~uy6v par Pindare (Ném.
§ 67. Un élément remarquable de cet inventaire est le groupe des composés '~vtOxeuç, 7trlTpo<poveuç, '~7tepo7teuç, t(JTo~oeuç, [LrlÀoapo7teuç qui, à des titres divers et de façon plus ou moins claire, paraissent doubler métriquement des composés thématiques, noms d'agents pour la plupart : ~vtoxeuç fournit en 0
312,
n 737,
T 401 un accusatif en -~rl, et en
E 505 un pluriel -1jeç, toujours en fin de vers, à~v[oxoç qui est attesté
30 fois. 7trlTpo<poveuç fournit de même manière un accusatif en -1jrl en fin des vers a 299, y 197, 307 à un 7trlTpoéocc;
Hsch. Suid. : xe:V'I"1)'I"~p \aV
Fr.
Pollux L76 gond; vertèbre en IL 130
-
(hapax)
étouffoir: éteignoir, couvercle, etc.
Pollux (IX. 156) l'attribue par erreur à Eschl. pour IIP0[11)-lte:UC; lIupq:>6poc;
I7tUpxoce:uc;
0
écrivain (not historien)
7.. 106 : nom d'un collyre
Aët
Metaph.104
Hsch Phot.
orateur
Pythag . ap. Syrian.
le 1 eT principe
7tpCù'l"e:uC; dor.. 7tpii'l"e:uC;
équivalent de XCù7t1)Àcb"1)C; : Anecd. Eek 274.32
Àoye:UC;
Thcd VIII67 rédacteur; 1,2 à Athènes puis attesté membre de la commission de rédaction des lois
Hsch. comme nom d'un oiseau
Hsch.
ÀIVe:UC;
7tVlye:UC;
7tOpq:>upe:UC;
Observ.
(adjectif)
0
7tÀoxe:UC;
Ultérieurt
1
Callias 3 Kock 1
7te:ÀocpYI3e:uC;
Y-Iye s. AC
1 1
mulet (poisson)
Cl"uyypocq:>e:UC; (1;uy-)
Sens
Forme
1
(hapax) xoupe:uC;
91
CINQUIÈME SIÈCLE
INVENTAIRE CHRONOLOGIQUE
90
0 1
1
1
1
Pollux VIIL 104
IG 12.129.3 2 2 . 872
-Harpocr.
..- - - - - - -
Polyen 11.34 Inscr. 1
92
INVENTAIRE CHRONOLOGIQUE
Forme ou\lcxyopeuç
Q"u'Iemypa:q>euç
xa't'a~Àa~Eûc;
(1 G 14.432.9 Taormine) responsable des dégâts. 1tÀUVEÛC; (IG 2 2.2934) blanchisseur (mot cité par Pollux VII.38). 1tp~VEÛC; (GDI 5690,20 Erythrées) bosquet d'yeuse, mais c'est peutêtre un toponyme. 't'E't'iXp't'EÛC; (GDI 3638.12 Cos; puis SIG 1003.10 Priène ne s. AC.), nom d'une mesure de volume répondant à un type à base numérique qui a déj à produit Éxnûc; (§ 75) et s'enrichira de 't'p~'t'euc; (§ 111) et de termes que seul nous a conservés Hésychius :
-----0 --
coupeur
ul'L/leuç q>UÀo~a:crLÀeuç
Trag Adesp. 412 date ??
petit-fils (par le fils)
Isocr" LeUr" VIIU
roi de tribu à Athènes
Aristt. Ath, VIIL3 Inscr,
sens spécialisés : incisives bistouri notions géométriques
Pollux X,,141
attesté
Pollux VL13
0
Hsch,
aUlaexEûC; . xoeuC; ~[lomeûc;'
~[lo~Q'EU't'~C;.
A ce type, mars avec une valeur ordinale et non plus fractionnaire appartient aUUlaEX.iX't'eûc; nom de mois à Taormine (1 G 14.425. IV, 427.II).
§ 95. On ajoutera également une épithète divine Pollux VIII 111,120 Hsch, etc
XÀülpeuç
nom d'un oiseau non identifié
Aristt. Hist An 609 a7,25, 27
attesté
XU'l"peuç
potier
Plat. Rép' IV. 421 D Théét 147 A
0
tjJuyeuç
vase à rafraÎchir le vin
Alex. 64 Kock II
attesté
'E1tUl1teûc; (Zeus? Schwyzer 720.24), et un nom de mois à Corcyre : ~uapeûc;
Hsch, .-
1
(IG 9(1).682).
§ 96. Les textes littéraires fournissent en outre plusieurs formes, notamment chez Aristote, que nous avons retranchées de la liste soit pour une appartenance morphologique douteuse, soit pour des difficultés d'interprétation, soit encore pour une lecture peu assurée. [loiXÀiXXOXpaVEûC; (Aristt" Hist. An. 617 a32) semble avoir pour base un adjectif bahuçrihi *[loiXÀiXX6xpavoc; qui entrerait dans une série homogène op86xpiXVOC;, XiXÀxe6xpiXvoC;, ~OUXpiXVOC;, ÈÀiXrp6xpiXVOC;, 't'pCXpiXVOC;, a~XpiXVOC;, série surtout poétique à vrai dire, dans laquelle cependant la dernière forme introduit peut-être un terme d'usage commun ('t'o a~XpiXVOV Luc. Tim" 12)" Il n'est donc pas invraisemblable que tel oiseau ait été ainsi qualifié, bien qu'on ne voie pas la raison de cette
106
INVENTAIRE CHRONOLOGIQUE
qualification pour la pie-grièche décrite ensuite : XZcpiXÀ~ [LÈ:V [LZY&ÀY) 1. La forme en -zuç résulterait de l'adaptation de ce qualificatif à un langage savant et technique par un suffixe substantivant. Il reste qu'un tel emploi demeure isolé en prose d'époque ancienne et que la forme elle-même n'est pas pleinement assurée: une autre lecture [1iXÀiXXOXPiXVÉÇ renverrait à un type de composition bien attesté, sinon par un terme -XpiXV~Ç, du moins par -xzp~ç, -oPx.~ç, etc., pour se limiter à des seconds termes d'origine anatomique. xovôp6"t"UTIOç...
(Aristt. Hist. An. 833 a27) désignant une pierre combustible, se rapproche du mot qui chez Hésychius a la forme [LiXp~~ZUÇ nom d'une pierre qui se consumerait au contact de l'eau (chaux vive? soude ?). A cette première incertitude sur la forme s'ajoutent les variations dans la tradition même du texte d'Aristote qui offre également [LiXp~8zuç et [LiXp~8&v. La dernière forme suggère un doute quant à la finale elle-même, et l'ensemble laisse dans l'ignorance de ce qui précède cette finale. Le rapport avec [LiXp[LiXCpCù est probable, mais il ne suffit à justifier aucune des formes en concurrence. C'est par rapport à [LiXpCÀ'Y) que le terme a le plus de chances de s'interpréter, la variation de la finale montrant qu'il peut s'agir d'une formation expressive et instable 2.
§ 97.
[LiXp~ZUÇ
§ 98. ' ACPiXPZUÇ (Aristt. Hist. An. 543 a13) est au contraire de sens connu : nageoire ventrale du thon femelle (v. Hsch.) et de lecture semble-t-il indiscutée (à la variante &.CPOpÉiX près). Mais la structure en est obscure. Suggérer (Bosshardt §§ 128, 263, pp . 58, 92-93) un rapprochement avec Lo"OCPiXp[~Cù et avec le N. propre' ACPiXPZUÇ 3 en posant un premier élément * s1]1-- > * &- dissimilé par l'aspirée subséquente : -cpiXp- « * bhor- ?) est satisfaisant si l'on prête à une telle nageoire un rôle stabilisateur dans l'équilibre du poisson, mais laisse dans le vague la structure morphologique du mot. Il ne nous paraît pas possible d'en faire purement et simplement une forme composée affectée d'emblée de -zuç : cette finale nous paraît L D'ARCY W . THOMPSON, Birds, p 195, se demande si le nom ne serait pas en réalité Ve:ycxÀoxpcxve:uç; . 2. V. F . SOLMSEN, Beitriige zur griechischen Wortforschung, Strasbourg, 1909, p. 143. 3. Mais pour ce dernier l'opposition entre la forme homérique en -~cx (189, N [.78, 541) et le dérivé 'ArpcxpYJTŒcxL (Pind . Ném. X.121) fait plutôt songer à des adaptations secondaires d'un nom d'origine extérieure au grec.
QUATRIÈME SIÈCLE
107
ne pouvoir être que secondaire dans un composé et ce mot présuppose donc l'existence soit d'un verbe composé auquel il donne un agent, soit d'un composé nominal qu'il élargisse en accentuant son caractère substantif, soit encore d'un terme simple en -zuç incorporé dans un composé. Or la réalisation d'aucune de ces conditions n'est ici perceptible.
§ 99 TIpCù"t"Éoç qualifie ÀiXOU dans un fragment de Timothée (Page 791. 236) et a conduit à faire figurer dans les dictionnaires un TIPCù"t"zuç équivalent de TIpù)"t"~o""t"oç. Un tel emploi, déjà en soi monstrueux au IVe siècle, est rendu fort douteux par le fait que le passage, visiblement corrompu, est dépourvu de sens et de cohérence métrique. § 100.. N'est enfin qu'une création instantanée, faite pour les besoins d'un jeu de mots, le nom de poisson opcpzuç (Alex. 113, Kock II) doublet de OpcpÙlÇ et opcp6ç nom de l'orphie.. Ce mot ne fait donc pas à proprement parler partie du lexique, même si Marcellus de Sida l'a ressuscité ou réinventé pour des besoins métriques (Marc. Sid. 33). Du moins l'existence antérieure de xZO""t"pzuç et de À~vzuç comme celle ultérieurement attestée de XOPiXXZUÇ (Hsch.), O"CP'Y)vzuç (v. § 112) a-t-elle pu favoriser cette création. § 101 . A ces mots de sens ou de forme mal établis pourrait s'ajouter ôopzuç qui apparaît chez Eubule (Eub. 57.5, Kock II) comme nom
d'un coup de dés dans une énumération où se rencontrent noms propres, adjectifs, participes, appellatifs, dénominations d'origine aussi variée que celle de nos propres termes de jeu, et aussi gratuites aux yeux de qui n'a pas été initié . Il n'est donc pas possible d'affirmer qu'il s'agisse d'un emploi figuré du nom de l'équarisseur, qui apparaîtra comme tel chez Hérondas (VIIL64), ou d'une forme entièrement différente renvoyant par exemple à ô6pu et évoquant soit une disposition des dés, soit une désignation familière de quelque porte-pique : hypothèses gratuites qui n'ont pour objet que de montrer que l'identification du nom de l'équarisseur dans cette forme peut n'être due qu'à une homonymIe.
§ 102. Ont été d'autre part écartées de cette liste d'appellatifs cinq formes citées par Aristote, qui sont des noms de vents: il s'agit plutôt de noms propres, plus précisément de noms géographiques dont la forme est comraandée par l'existence d'ethniques en -zuç.
108
INVENTAIRE CHRONOLOGIQUE
Ce sont des noms locaux des principaux vents, noms visiblement attribués d'après des détails de topographie ou de géographie locales: YiXupeùç (Vent. 973 a6) désigne le Borée à Olbia de Pamphylie car il soufflerait de la direction d'une île Gauris, - ce qui pose d'ailleurs un problème, car on ne voit pas comment un vent du Nord peut souffler de la mer pour des Pamphyliens, sauf à considérer une ville située près de l'ouverture du golfe et une île intérieure au golfe. Faute de cette disposition il faudra songer à un vent de terre, nommé d'après une île fluviale d'un des cours d'eau tributaires du golfe d'Antalya. [LiXpcreùç (Vent. 973 b 19) : ainsi nommé dans le golfe de Tripoli (de Phénicie) d'après le bourg de Marsos. crxoneÀeùç (Vent. 973 b 3) nom de l'Euros à Aigai de Syrie, appelé ainsi &.no "t"013 'Pwcrlwv crxonéÀou. no"t"iX[LeÙç (Vent. 973 a13), nom de l'Apéliote à Tripoli de Phénicie est certainement, bien que ce ne soit pas précisé en ce cas, une dénomination de même sorte. Seul &.[Lveùç (Vent. 973 b 7), pour lequel la raison de la dénomination n'est pas donnée non plus, ne se laisse pas clairement définir. Il repose probablement lui aussi sur un toponyme qu'il est loisible de supposer d'une forme comparable à "A[Lv~croç.
§ 103. La liste ainsi constituée appelle les mêmes observations que celle qui a été établie pour le v e siècle. Si elle paraît plus courte (40 mots environ), c'est parce qu'elle apporte des formes non attestées au siècle précédent tandis que la précédente, outre les enrichissements contemporains, contenait des formes sans doute plus anciennes, que la littérature poétique antérieure ne pouvait nous livrer. Elle risque en revanche de se trouver en fait indûment allongée de ce que Platon et Xénophon qui y figurent pour une quinzaine de mots ont été globalement placés au IVe siècle par nécessité d'opérer une coupure chronologique nette mais quelque peu artificielle . La courte génération qui les sépare d'Aristophane et de Lysias a servi de prétexte. Les catégories productives sont les mêmes que précédemment, c'està-dire essentiellement des noms de préposés à des fonctions ou à des emplois divers, et des noms d'artisans, de commerçants, de gens exerçant une activité humble. Les noms de fonctionnaires ou de préposés sont &.V"t"~YPiXQI;LPEUÇ
Ultérieur t
Emplois
nom d'un poisson
El N.A. III, 28
jeune singe
PREMIER, SECOND, TROISIÈME SIÈCLES P.C.
1
Observ.
i
[
Forme
0
cpL't'LQI;)'E~Ç
El. NA. VII. 47
0
CPUÀQI;XEUÇ
entremetteur
Dio. Cas. 46,6 (douteux)
0
XI)VQI;ÀW7tEXLIlEUç
chiot, chien
Opp" Cyn. 1. 481, IV227
0
XI)V~IlEUÇ
instrument à tenir la bouche ouverte (terme médical)
Héliod. Méd, selon Orib 44,1413
0
\j!EuIlLEPEUÇ
à Sparte, jeune homme entre l'éphébie et l'âge adulte
Paus" IIL14,,6 inscr.
,
~~-I transcrit latin fetiales
133
1
Emplois
Ultérieur t
Plut" Num" 12, Cam, 18 (q:>I)-)
0
Observ"
------0
gardien
Opp Cyn. IV 295
petit, de l'oie d'Egypte
El NA, VII 47
0
oison
EL NA., VII 47
0
faux prêtre
J, AJ"IX.6,6, etc,
0
Opp" Hal 750
1.
0
Antioch Astr" in Cat Cod, Astr, Li08
0
-
Eust" 75356
---'---
6>O't'OXEUÇ
0
6>POVOfJ-EUÇ
ovipare
l'''me
d',",,,· logie : ascendant
1
nom d'un oiseau
Ant" Lib" 7
0
't'pL<JQI;pL<J't'EUÇ
trois fois vainqueur
Hermog" Stat", l etc.
0
07tQl;ywyE6ç
chevalet d'instrument de musique
Nicom" Harm 10
0
Philon L591
0
<JX°L'lEUÇ
07tO~OÀEUÇ
celui
q~i aver-I tIt
B.. OBSERVATIONS
§ 137. On ajoutera à ces formes plusieurs épithètes divines évoquant des attributs ou des attributions de la divinité nommée :
------
fU7t!XLEUÇ, Apollon, Conon 35.5. LlEL7tVEUÇ, divinité d'Achaïe, Ath. I1.39.D.
------- ---,---
souilleur
07tolloXEU Ç
Plut, Mor IL813 F
0
0up1;EUÇ, Apollon, Paus. VI1.21..13. Eust. 106,,12 interprète
chevalet
Théo Sm. 71 H
hôte
Luc, Fug, 30 Chariton 3,2 Vett VaL 103,,1
0
Philon IL53 etc. Plut, Mor. IL18 C, etc.
Anth. Pal" V, 256 (Palladas) etc.
IIpoaOfLÛÇ, épithète collective, Paus. 1.42.1.
(HP N p. 359, Sparte,
s, AC.) peut être mis en parallèle avec IIexv't"ivoe; II exv't"oxÀÉoe;, et avec IIexv't"Éexe;, IIexv't"Lexe;, II œv't"wv, etc., fém. IIexv't"w (HPN p. 359) et peut-êtremyc.. pati = IIœv't"~e; ? (KN As 1516.17 ; Dd 1281). nClVTEUS
Ille
*nU9EUS dans IIu6d1îY]e; (HPN p. 390, Ioulis, v e s. AC.) - et peutêtre myc. puteu (PY 3n 431.12)? - doit être mis en parallèle avec:
,
174
EMPLOIS ABRÉVIATIFS DE LA FINALE
-euç
IIu8éaç, père de IIu861;evoç, IIu8lwv, père de IIu86xpL"t"oç, IIu8wv, père de IIu86ôwpoç, et encore IIG8Lç, IIu8laç, fém. IIu8w (HPN p. 390).
epLÀeûs (HPN p. 451, Chio) peut être comparé à : lÀwv LÀOCPWV"t"oç, LÀ~VOÇ, père de lÀL7t7toç,
(cf. mye. pirino? KN As 1516.6), et à LÀéaç, LÀéwv, ~ÀLÇ, lÀuç, etc., fém. LÀW (HPN pp. 451 sq.).
B. INDICES TIRÉS DE LA FORME
§ 194. Un autre témoignage de la fonction abréviative de la finale -euç dans l'anthroponymie nous est fourni par la forme même de certains de ces noms, cette forme étant dans un cas déjà rencontré celle d'un premier terme de composé (KaÀÀeuç v. § 193). Mais l'abréviation ne tient pas forcément compte de la constitution du mot à abréger : pour arriver à une forme de deux ou trois syllabes sans hiatus, on a pu retrancher en deçà ou au delà de la limite des deux termes, et attacher ainsi la finale ·-euç à une consonne faisant partie du second terme ou se trouvant au contraire à l'intérieur du premier. Ainsi apparaît un 'AppLXeùs 'EpyoXcXpou que Bechtel (HPN p. 76, Erétrie, IVe s. AC.) suppose avec vraisemblance reposer sur un *, APPLXcXp'YJç. Ce dernier nom, en face de 'Epy6Xapoç, serait un autre exemple de l'usage rappelé au § 191.. On rapprochera 'AppLXlwv dans lequel le X est aussi un élément du second terme -X&.PYJç ou -xapoç. De manière comparable, *'Appeveûs, que Bechtel suppose à la base de 'AppevYJlôYJç (HPN p. 76, v e s. AC.), serait un hypocoristique d'un *' Appévouç à vrai dire encore inconnu. De même 'AÀxLvdôaç (HPN p. 37, Delphes, IVe s. AC.), supposant un *,AÀKLVeûS, pourrait, au milieu des composés en *' AÀXL-, se rapp~rter à un 'AÀxlvooç (-vouç) qui, pour n'être pas connu comme nom hIstorique, est attesté dans l'Odyssée. Dans ces deux derniers noms, le '1 sera donc à considérer comme faisant partie d'un second terme en -vouç. *Eûeppaveûs dans Eûcppavdôaç EûcppcXvopoç (HPN p. 456), et par sa
HYPOCORISTIQUES
175
forme et par son emploi, se dénonce comme un hypocoristique d'un nom bien attesté d'ailleurs (Démosth., Plut., Luc.), que ce nom dérive de manière lâche de eûcppalvCù ou qu'il faille partir directement de l'adjectif etîcppwv, comme le suggère Bechtel. Selon le même procédé, 'AKTeûs peut reposer sur un composé comme &x"t"~[LCùV (HPN p . 266, Erétrie), bien qu'on ne connaisse pas d'emploi de ce mot comme anthroponyme, et qu'on ne puisse absolument écarter l'idée que' Ax"t"euç soit plutôt un dérivé de &XT~. Mais surtout, nous devons songer que la série de 'IcpLxÀ"fiç, 'IcpLcXva1;, 'IqnxpcXTy/ç, etc. (HPN p. 215) a donné lieu dès l'épopée à la forme 'Iepeûs (n 417), la troncation ayant ici atteint le premier membre. On rapprochera 'Icplwv (Pind. Ol. VIIL106) et'IcpLç (masc. Eur. Sup. 986, 1032), et on pensera aussi que'IcpLç (fém. 1 667) est un nom que Lycophron donnera à Iphigénie (324). Nous avons donc bien affaire ici à une série de formes abrégées, au même titre que dans les exemples précédents.
§ 195. Ce type d'abréviation n'est naturellement pas limité aux hypocoristiques en -EUÇ, et il est facile d'en trouver des exemples dans T~ÀE[LOÇ, qui évoque des noms comme TYJÀé[Laxoç ou TYJÀé[L~po"t"oç, dans T~ÀEXÀOÇ, qui renvoie à TY)ÀexÀ"fiç, TY)MXÀu"t"oç, etc., dans T~ÀECPOÇ, où l'on retrouve TYJÀEcpcXVY)Ç, TY)Mcpav"t"oç ou encore TYJÀEcp6v"t"YJç (cf. mye. gén. qereqotao ? PY En 659.. 1,2), dans "IcpLXÀoç face à ,IcpLxA"fiç, comme dans le nom épigraphique MEyaxÀ~ç MEYcXxÀou (HP Np. 300), dans "EXExÀoç face à 'ExexÀ~ç ou dans L:8éveÀoç et L:8evéÀaoç. Les amputations sont moins importantes, et le nom de base plus facilement reconnaissable que dans le cas d'abréviations en -euç, car, la flexion de ce dernier étant dissyllabique, le procédé n'était efficace qu'au prix d'une réduction plus importante, d'où l'opposition entre "IcpLXÀoç et 'IcpEuç, entre T~ÀE[LOÇ, T~Àecpoç, et T'YJAeuç, IlYJÀeuç (voir § 204). Cela pourrait être une des causes de la résistance opposée par beaucoup de noms propres en -euç à l'analyse . En outre, cet obscurcissement du rapport avec une forme complète a pu donner dès une époque ancienne une autonomie totale à beaucoup de ces noms, surtout s'il s'agissait de noms légendaires, fixés sur des personnages bien connus. Il nous apparaît en tout cas que le procédé n'est pas différent. C'est pourquoi, nombre de noms héroïques étant en fait des formes abrégées, on doit se demander si, parmi les noms légendaires en -EUÇ, un certain nombre ne pourrait être, lui aussi, justiciable d'une telle explication, attestant par là l'ancienneté de cet emploi du suffixe..
176
EMPLOIS ABRÉVIATIFS DE LA FINALE
-eUe;
§ 196. Le nom du héros et roi d'Athènes 'Epexgeus (depuis l'épopée: B 547 ; " 81 ; aussi 'EpLx8eue; : 1G 12(5).444 passim) peut se justifier de cette manière, Il apparaît en effet concurremment avec 'EPLx86vwe; (Eschl. fr. 717 Mette; Eur. Ion 21; Aristt. fr. 637 ; 1G 12(5),.444.X; autre personnage Y 219, 230) et a d'autant plus de chances d'en être une abréviation que les Athéniens, considérés comme la descendance de leur héros, ont pu s'appeler non seulement 'Epex8d3ocL (lyr. -et3ocL : Pind" Isth. lI.i9; Eur" Méd. 824), mais aussi 'EpLX8ov~3ocL (IG 3,771). Ajoutons que l'existence de 'EpLX8~ (Luc.,; Ovid.), appartenant à un type d'hypocoristiques féminins que nous avons vu fréquemment attesté à côté de masculins en -eue;, peut confirmer cette vue: il faudra donc considérer le groupe X8 comme un élément de l'initiale du second terme. Un élément d'incertitude subsiste pourtant dans la variation de l'initiale 'EPL- 1 'Epe-, On pourra admettre que 'Epex8eue; nous conserve indirectement l'aspect plus ancien d'un nom d'origine obscure dont la forme complète a subi ensuite l'influence des composés à premier terme en i (cf. 0OCPcrL- 10ocpcre-, LleçL- 1Lleçe·, ' APXL- 1' ApXe-), ou inversement que 'EPLx86vwe; conserve une forme ancienne pourvue d'un préfixe ÈpL- 3. Quant à l'emploi de cette forme comme surnom de Poséidon à Athènes (Lyc. 158,431 ; Plut,. Mor. 843 B ; 1G 12.580), on le considérera comme dû au culte rendu à ce dieu dans l'Erechtheion, ses qualifications habi tuelles de È\I\Ioa~yocwe; ou YOCL~OXOe; favorisant d'autre part un rappro'" chement secondaire avec le verbe ÈpéX8û). § 197. Le cas de Eùpuageus, nom du roi de Mycènes, est aussi net et va dans le même sens, avec l'appui supplémentaire, comme pour les noms historiques cités au § 192, du nom porté par le père du personnage. En effet l'expression homérique Eùpucr8eùe; ~8evéÀoLo TCrxle; (T 123) suggère que le premier de ces deux noms renvoie à un Eùpucr6évl)e; dont ~8éveÀoe; nous donne la clé,. Le nom complet Eùpua6évl)e; est porté à l'époque légendaire (Hdt. IV.i47, Sparte), et encore à l'époque historique (Xén. HelL IILL6, Spartiate; HPN p. 180, Thasos, v e s. AC.), cependant que ~6éveÀoe; est lui-même un abrégé de ~6evéÀlY.oc;, nom connu à l'époque légendaire (n 586, Troyen) et aussi historique (Xén. Hell. 11.2.2, éphore spartiate). On aura remarqué l'origine pélopon3,. c.. J. RUIJGH, L'élément achéen dans la langue épique, Assen, 1957, pp, 136 et 157; cf. K BOSSHARDT, P 129 § 415; v . aussi H" FRrsK I, pp. 556-557, et P, CHANTRAINE, Dict. II, p, 372,
HYPOCORISTIQUES
177
nésienne de la majorité de ces noms, parmi lesquels Eùpua6eûe; trouve donc tout naturellement sa place. Nous avons là, comme dans le cas de T~ÀeXÀoe;, etc" la manifestation d'un procédé abréviatif qui s'attaque à l'ensemble d'un nom, sans égard à sa structure: le groupe a6 représente l'initiale du second terme tronqué, Cette observation nous donne le moyen d'interpréter un autre nom en -cr8eûe;, qui est Meveageûs. Certes, le matériel fourni par la tradition n'est pas aussi explicite que dans le cas précédent, puisque, Ménesthée étant fils de Peteôs, aucun nom de son entourage familial n'assure la démonstration. Cependant, l'existence de noms, tel Mevécr6we; (H 8; ~ 1:3), et surtout du féminin Mevecr6~ (Rés,. Théog. 357 ; HPN p. 566), mdIque que nous avons sans doute affaire à des hypocoristiques d'un Meve~6é~YJe; qui est ~'ailleurs attesté à l'époque historique (HP Np. 308). AUSSI bIen ne seraIt-ce pas le seul composé en Meve- à avoir connu pareille aventure. En effet, on rencontre chez Polybe un Mevé(J'rplY.'roe; (Poly. XXiO.5), personnage qui reparaît plus loin sous le nom de MevecrTiXe; (Poly,. XX11.i4.13), ceci à l'époque romaine il est vrai.
.§ 198. ~n peut. alors se demander si un nom comme' ATpeuS ne pourr~It receVOIr une mterprétation analogue. Certes, ce type d'explication rIsque de se rencontrer avec les fantaisies de l'étymologie antique. Cependant, ni l'argument de l'antiquité du nom, ni les rapprochements de noms géographiques tentés par li.. Bosshardt 4 n'offrent l'amorce d'une :xplication, fût-elle préhellénique. Le rapprochement fait par les. anCIens avec le verbe Tpéû) (Plat. Craf. 395 B ; Eur,. Iph. Aul,. 321) dOIt ~tre c~~sidé~é avec ~irconspection car il correspond à des préoccupatIOns etIOloglques qUI ne sont plus les nôtres, et il peut conduire à des explications dont les unes sont acceptables, les autres insoutena:)les .. Parmi ces dernières nous rangerons celle de O. Szemerényi 5 qUI VOlt dans 'ATpeUe; un adjectif en -u- : *1J-tres-u-s secondairement confondu avec les noms en *-esus > -eue;. Ce serait en fait le seul exemple. grec d'un adjectif en u négatif, et le vocalisme plein du radic~l seraIt de toute f~çon insolite dans cette formation,. Il doit s'agir d une forme secondaIre et, Comme l'avaient déjà indiqué Fick-Bechtel 6, le j eu auquel se livre Platon sur &TpecrToç doit nous rappeler qu'il a existé un nom 'ATpEcrTŒlY.ç (HPN p. 5), ce qui suppose l'existence au moins virtuelle d'un *"ATpecr1"Oe;; de plus ont existé des ' ATp64. L c.. , p. 135, § 436 5, L c.. , p. 179, voir § 34. 6 Die Griechischen Personennamen, Giittingen, 1894, p. 425,. 12
178
EMPLOIS ABRÉVIATIFS
DE
LA FINALE
-eùç
HYPOCORISTIQUES
[LYj"t"oç et "A"t"po[Loç : chacune de ces formes peut s'abréger en ' A't"peùç. Ces noms ne sont, à vrai dire, pas fréquents, et le rapport avec un nom fixé et isolé dans la légende se sera à peu près totalement obscurci, mais une telle abréviation est pour nous la seule justification du préfixe négatif dans une interprétation qui soit intérieure au grec; or, une interprétation extérieure au grec, sans être impossible, n'a pour l'instant reçu aucune démonstration,
179
'AÀKeus (HPN p, 36, Théra, arch,.) composés : "AÀXIXV3poç, ' AÀx&vwp, "AÀxL7t7't"oç, 'AÀxé[LlXxoç
cf. "AÀxwv. 'Avôpeus (HPN P 52, Chio, v e s, AC) composés : ' Av3poXÀ~ç, ' Av3po3&[LIXÇ, 'Av3poxp&T'IÇ...
cf, fém. ' Av3pw. 'Avgeus (HP N p 56, Ol'chom., me s. AC. ; cf. Lyc. 134; nom de chien chez Xén. Cyn" VIL5)
C
FRÉQUENCE
DU
PROCÉDÉ
DANS
L'ANTHROPONYMIE
§ 199" Que ce soit donc par leurs emplois ou par leur forme même, nombre d'anthroponymes en -eùç se signalent comme des formes abrégées qui jouent, et vis-à-vis de noms légendaires, et vis-à-vis de noms historiques, un rôle comparable à celui des autres hypocoristiques. Mais à ces cas ne se limitent certainement pas les effets de ce procédé abréviatif, et bien d'autres noms, même sans nous en fournir la preuve explicite par leur forme ou leur emploi, doivent s'entendre de la même manière. Il est en tout cas possible de rapprocher beaucoup de ces noms du premier terme de séries de composés bien connues, auprès desquelles ils doivent jouer le rôle décrit sous A et B. 'AyyeÀeus (HPN p. 11, Epidaure, ne s. AC) (cf, myc. akereu ?PY passim) évoque des composés du type de ' AyyéÀL7't"7tOÇ, et se comparera à ' AyyeÀlwv. 'Ayeus (HPN p. 188, Argien,
IVe
s" AC)
'AYV~LÇ
(HPN p. 14,
IVe
BwÀeus (HPN p. 100, Ioulis, v e s. AC) et héroïque BouÀsùç (Apollod. 2,7.8) composés : BOUÀIXXÀ~Ç, BouA6xPL't"OÇ, BouÀ~epopoç ...
cf" BWÀLÇ, BWÀlIXÇ, BoùÀwv. 'Hpa.Leus (HPN p. 193, mytilénien,
composés: 'Hp&I7't"7toç, HepIXL63wpoç
§ 200" 0a.ppeus (HPN p. 198, ne s. AC)
0pa.O'eus (Jambl., v. Pyth. 267) s. AC,,)
composés : 0p&crL7t7toç, 0plXcru7teWYjç, 0plX(J\)~ouÀoç ... fém. 0pMW.
'Ayopeus (SIG 241.175, Delphes,
KTJ
z",O'r
,
,
hpz'iizv t7t7tOUe;,
...
Ainsi encore Hermès, qu'Euripide qualifie de' '. h , , <xyp0'rt)e; « casseur n (malS c est encore là un terme issu de &yp6,. et non d e " ) l' , 1 h N ' 0 " <xypoc , appe e <xypzue; c ez onnos (XIY91) au sens de « chasseur n est aussi qu l'fi" de N' '1' d d' , a 1 le °fLwe;, au ml leu e Ivinités rustiques par Aristoph (Th 977) : ,ane esm,
'EpfL~v 'rZ N6fLLOV rJ.v'r0fL<X~ x<X~ OCV<X x<X~ N'ufL'ii<xe; 'ii[À<xe;.
\ n-
\
Pour le dieu Pan, en elle-même la glose d'Hésychius &ypzue;' [; nocv 7t<Xpoc ' A8t)v<x[0~e; we; 'A7toÀM~wpoe; nous renseigne peu quant à ses attributions: tout ce qu'on p t d' 't "l' eu Ire c es que, s 1 avart sa grotte au pied de l'Acropole c'e t "'" ' '" , , s preCIsement , :~~es Y, aVOIr ete aron ené de la campagne. Mais, plus nette est l'épiete N0fLLOe; que lUI donne l'hymne homérique (Hh P 5) C ' t' t 'f ' ' an , e qUI es ms ructI aUSSI, c'est que , paré de cette ép'th't l ' 1 e e, nous e VOYIOns 13
194
EMPLOIS ABRÉVIATIFS DE LA FINALE
-e:ue;
EPITHÉTES Er
NOMS
DIVINS
195
dans ce texte déployer une activité de chasseur, la même que dans l'Anthologie Palatine comme &ype:ue; (VI.180.6), et comme &yp6't"Yle; (VI.132).
aussi la possibilité de constituer de telles épithètes directement sur des thèmes d'adjectifs en opposant à ces derniers sous une forme substantive la personne d'une divinité et en leur substituant à l'occasion des termes de consistance métrique différente.
§ 214, On ne peut donc se défendre de l'impression que ces divi-
Ainsi N"1a.À~EÙS, épithète d'Apollon, en face de l'adjectif vYlCflœÀLOe;, a l'avantage d'individualiser le dieu dans un personnage, non pas tant « le sobre n, que sans doute « celui (qui reçoit des offrandes) sans vin )) (cf. celles des Muses), tout en fournissant une forme commode métri quement (Anth. PaZ. IX.525,,14, fin de vers).
nités sont devenues chasseresses parce que campagnardes, et que la signification initiale de leur épithète découle de quelque &ypocuÀoe;, &ypo~œ't"oce; (JeZ sim., et donne d'elles une image analogue à celle de 'i6fLLOe;, La contamination entre les dérivés de &yp6e; et ceux de &.ypoc, favorisée par le domaine rustique qui leur est commun, a donné lieu au développement du sens de « chasseur )). Aussi bien a-t-on donné au berger pour attribut le Àocyw~oÀO'i. De cette déviation sont également témoins les emplois de &yp6't"Yle;, et ceux de &yp6't"e:poe; « chasseur n, ce dernier mot ne reposant que sur &yp6e; 7. Cette déviation acquise à la faveur d'une telle ambiguïté, l'épithète a pu se charger de la seule signification de « chasseur )) (au besoin « pêcheur ))) : ainsi Poséidon évoqué comme pêcheur chez Lucien (Pise. 47), Dionysos chez Euripide (Bacch 1192) d'une façon sans doute assez artificielle 8, Apollon chez Eschyle (fr" 332 Mette), voire pour la flèche d'un chasseur dans l'Anthologie (VI.75)" Une autre forme, bien que ne servant pas d'épithète divine, semblet-il, doit être mentionnée car elle appartient à la famille de &yp6e;. Elle apparaît chez Hésychius, ce qui nous prive de tout contexte et de toute datation:
&ypLEUe;'
&ypo~xoe;
La glose a du moins le mérite de rapprocher de &ypo~xoe; un mot très proche de &ypEUe;, et qui doit en fait résulter d'un croisement poétique entre &.ypLOe; et &YPEUe;, pris tous deux au sens de « rustique )).
§ 215" Un tel croisement avec une forme d'adjectif de même sens, joint à la valeur nettement plus substantive du dérivé en -e:ue;, a dû permettre en d'autres cas la constitution de doublets dans les épithètes des dieux, si l'on en juge par l'existence simultanée de A~~LOe; et AEIIILEUS pour Apollon (respectivement Lyc, 1207 et 1454) 9. Il indique 7" E. BENvENrsIE, Noms d'agent, p 117 8, L'épithète se trouve à peu de distance de xUViXyÉTiXç (1189) et peut constituer un commentaire étymologique de Zaypeùç 9, La signification du mot est obscure: le contexte n'oriente guère vers le sens suggéré par PAPE-BENSELER « Schmauser ", car si ÀÉ1tUl a pu signifier « manger ", ce n'est que dans un fragment comique (Antiphane fr, 135, KOCK II, p, 12) pou-
De la même façon, on peut considérer que l'épithète de Zeus, T EPfl.~EÛS (Lyc" 706; D,H. I. 74) 10, outre qu'elle pouvait avoir un rôle métrique, muait l'adjectif 't"~pfLLOe; en un quasi substantif qui se gloserait non par « extrême n, mais par « celui (qui assure la protection) des frontières )), évoquant par là le contenu d'un composé rendu par avance inutile et dont on fait l'économie. Il y a là un procédé permettant les plus riches proliférations, notamment pour les noms de métiers, mais aussi dans l'anthroponymie et la théonymie. Un autre cas d'alternance avec une forme de composé nous est offert par le surnom de Dionysos en tant que fils de Sémélé dans un même vers de l'Anthologie Palatine (IX.524.19) : ~xLp't"Yl't"6'i, ~œ't"upo'i, ~e:fLÛ(Ylye:v~'t"Yl'i, ~EfLEÀ~OC,
qui nous donne, avec l'épithète explicite ~EfLe:ÀYlYE'i~'t"Yle;, son équivalent synthétique et individualisé, en même temps qu'une forme métrique,
§ 216. On conçoit que, dans ces conditions, la dérivation sur un thème nominal fixant une attribution ou un attribut caractéristiques ait été possible, soit à une époque ancienne, effaçant ainsi des composés surtout adjectifs, et partagés avec d'autres divinités, soit directement, rendant inutile la constitution d'un composé qui demeure alors implicite, soit encore dans des circonstances où la nécessité métrique a pu jouer un rôle, principalement dans la poésie alexandrine. Parmi ces épithètes en rapport avec un substantif, il sera ainsi possible de relever les suivantes : v.ant con~enir une expre,ssion t~ès familière Le génitif Ae<jJfou (12071e et le nominatIf Ae<jJ~euç (1454) sont a la meme place du vers: la création peut être métrique en partIe" Pour E. BossHARDI (§ 362, p, 116) c'est un ethnique, 10 L~ fo.rme n'est donc pas, uniquement métrique; de plus Lyc" 706 a le mot au nommatIf en fin de vers, ou les syllabes -oç et -euç sont équivalentes,
ÉPITHÈTES Er NOMS DIVINS
EMPLOIS ABRÉVIATIFS DE LA FINALE -euç
196
Apollon' AyuLeus
«
tique ou artificiel: quoi qu'il en soit, surtout si la forme a été inventée en ce passage, le retour à quelque composé comme [LuÀ(j)p6ç n'est plus utile, car la constitution analogique du nom d'un de ces 1"EXV~1"I1.~ divins dispensait précisément d'un tel recours, comme la constitution de sobriquets se libère de la dérivation hypocoristique et abréviative.
qui veille sur les rues )) 11
Phérécrate fr . 87 Kock l, p. 169 : (;) ôÉ:cr7t01"' 'AymEu, 1"I1.U1"&. YVV [LÉ:[LvY]cr6 [LOL, Euripide Phén . 631 : Xl1.t cru, o~W&vl1.i; 'AYU~EUÇ, Xl1.t [LÉ:ÀI1.8P11., XI1.[pE1"E.
Autres épithètes de Zeus reposant sur un substantif:
cf.. IG 3.159 ; Démosth. On notera que, de même qu'un certain nombre d'appellatifs en -EUÇ, cette épithète se trouve en concurrence avec une forme en -1"'tJç, comme il apparaît chez Eschyle Agam. 1081 (et 1086) 'A7t6xÀ(j)v 'A7t6xÀ(j)v 'AYULiX1"' &7t6ÀÀ(j)v È[L6ç. Cette dernière épithète correspond d'ailleurs elle-même à un appellatif 12.
'OPXLeus en rapport avec /)PXLÇ, Lye. 562 : (... (;}v &Àx~v Év6ç) oùô' 0 ~X~l1.crT~Ç 'OPXLEÙÇ TLÀq?OUcrLOÇ (È[LÉ:[Lt.)iI1.1"O)
§ 217. Zeus MTJXa.veus
«
13.
qui préside aux inventions)) :
l'épithète est ancienne et répandue, notamment en pays dorien, du moins si l'on en juge par l'ensemble des témoignages : Argos, v e s. AC., SI G 56.29, Cos, Iv-me s. AC., SIG 102610 (cL Athéna MiXXl1.v[ç ibid. 21), Tanagra,
IG 7.548 C'est encore à Argos que Pausanias (IIL22 . 2) signalera un MY]XI1.VEUÇ, à vrai dire sans prendre à son compte l'identification de la statue qu'il I' . . . EV , 1"OLÇ "','E7tEcn E7tOL'tJcrE " M, Y]XI1.VE(j)Ç ' " À [L11. mentionne: A UXEI1.Ç [LEV OÙV 1"0\ I1.YI1. elVI1.L ~L6ç.
MuÀeus « qui veille aux meules)) : la forme est isolée, dans un passage de Lycophron où le contexte ne la commente pas, si bien qu'on ne peut juger de son caractère authen1L Pour le nom d'autel &'YULSÛÇ, voir § 367 12. Go. REDARD, Noms en -TfIÇ, p. 10 notamment. 13 On peut citer aussi un Apollon TSp[1LV6sûç (Lye plante médicinale.
1207)
197
cf. ~ TépV LV6o Ç,
BouÀeus (SIG 1024.17, Myconos) cf.. BouÀI1.~oç et Eù~ouÀEùç ; '01TWpeuS (lG 7.2733, Acraiphia, VII-VIe s. AC.) ; 'E1Tw1Teus (Schwyzer 720.24, IVe s. AC. : Zeus ?).
§ 218. Au chapitre des divinités, ou des héros recevant un cuIte, on signalera âeL1Tveus, mentionné par Athénée (11.39 D) : n[LiX1"l1.~ ôè Xl1.t Èv 'AXI1.[~ ~EL7tVEUÇ, &7tO 1"WV ôd7tV(j)v crxwv T~V 7tpocrY]yop[l1.v. Cette forme est probablement tirée directement du terme de base, sans qu'il soit possible ni nécessaire, ici non plus, de faire intervenir un composé comme intermédiaire. On citera aussi comme exemple de ce procédé le nom 'ASpeus conservé dans l'Etymologicum Magnum (18 . 36) : ÔiX[[L(j)V 1"~ç 7tEpt 1"~V àY][L~1"piXVo. L'appartenance à la suite de Déméter conseille de rapprocher le nom de ce génie de l'adj ectif &:ôp6ç, qui suggère abondance et croissance.. Là aussi, l'addition d'une finale -EUÇ aura eu pour effet de constituer en nom de personne ce qui, resté adjectif, n'eût été qu'un qualificatif. Cette forme, comme celles qui ont été citées en dernier lieu, témoigne, non plus d'un procédé abréviatif, mais d'une dérivation à valeur substantivante qui permet de tirer de tout thème nominal un nom propre qui sera désormais bien plus un sobriquet qu'un hypocoristique né d'une ellipse. De la même manière peut s'expliquer Mopepeus (Ov. Métam . XL635), qui repose apparemment sur [LOpq?~ (E. Bosshardt § 386, p. 122). Plusieurs épithètes de Dionysos, enfin, relèvent de ce procédé : Ba.aaa.peus (Hor. Dd. 1.18.. 11; Cornut.. N.D . 30), voir E. Bosshardt, § 212, p. 76 ; H.. Frisk l, p . 224 ; AuÀwveus (1 G 3.193), cf.. l1.ùÀwv au sens de « vallon )), Hh. M erc. 95 ; Hdt . VIL128, 129 ; etc. ; voir H. Frisk 1, p. 186. Pour Ba.KXeus voir §§ 76, 348 14 • 14 . 't"L7tpU>'t"oe;) ou *IIÀU>'tL(cf. IIÀu>'t"w Hés Th243) (f c. d7te7tpU>'t"a;L, . . eog. qu "1 1 au raIt mettre en parallèle sont totalement inconnues . les de'd . " . UIre d II e pU>'t"EUe; et IIpu>'t"U> paraît risqué, étant donné le grand nombre des a~throponyme~ ~n ~pU>'t"o- (voir § 201) et l'emploi très large fait de -EUe; dans la derIVatlOn hypocoristique,. subsiste donc des traces d'un groupe de composés dont le premIer te~m.e rep~s,e sur une. ra~ine verbale et se caractérise par un élém~n: -iL- . cet element, q~l ~ est pas toujours assibilé et reparaît parfOIS ~ trav:rs d~s ~YPOCOrIstl~ues, ne saurait être le suffixe d'abstraits e~ -tL-, :e a qUOI s oppose claIrement le vocalisme des radicaux susceptIbles d alt.ernance, et il manifeste qu'on ne doit pas chercher da ces un élément désidératif ou aoristique. Une partie d:: composes en -cr:- repose, fait attesté hors du grec, sur un -ti- qui semble ne pas se mamfester comme suffixe de nom d'agent simple.
226
faut se référer. Enfin le mycénien apporte un témoignage précieux si on l'accepte, avec un composé en oti- qui pourrait appuyer les leçons 'Op't"L- dans l'épopée: otinawo (PY Cn 285,,15; O. Landau p. 92), dans la mesure où une lecture *'Op't"[viifoe; est acceptable, attesterait qu'en Péloponnèse mycénien étaient usitées des formes en 'Op't"L-
§ 249. Plusieurs termes ont résisté à l'assibilation, non tant par la pression de traditions archaïsantes, que par un contexte phonétique qui ne les y exposait pas. *Necr't"L-, tel qu'il apparaît dans netijano (PY Cn 599.1; -nore PY Cn 40.1) lu *Necr't"LeXvu>p , comporte le même radical que N~cr't"U>p Il est vain à notre avis de chercher un abstrait *v~cr't"Le; et d'imaginer des personnifications 35, car il s'agit probablement comme pour 'Op't"L- d'une forme strictement limitée à l'usage en premier membre de composé, et pourvue d'une valeur participiale. Si l'on doit donner une signification à un nom comme *'Op't"lviifoe;, ce n'est pas « l'attaque personnifiée des navires », mais bien « l'agresseur des navires », comme ~U>'t"LeX veLpa; signifie « nourricière d'hommes » : si *NEcr't"LeXVU>p doit avoir un sens, ce n'est pas dans la personnification de l'heureux retour des hommes 36 qu'il faut le chercher, mais dans la personne de l'agent de ce retour" Il en va de même pour le premier terme de composé xa;cr't"L- en rap" port direct avec le radical verbal xa;i)- (cf" x~xa;crfLa;L, xexa;crfL~voe; )comme le nom KeXcr't"U>p : c'est une valeur d'agent qui est probablement la sienne 33 Aristophane de Byzance : b 7tp6yovoç 8vx -rO;) -r, b 7tCx1ç 8LIX -rO;) cr 3[" Les papyrus apportent bien un nom 'Opcre:uç, mais dans un environnement tel qu'il vaut mieux songer à l'adaptation d'un nom égyptien (voir § 261), ou peutêtre à un bypocoristique à la grecque de noms égyptiens. 35 Th KNECHT, Geschichte der griech. Komposita yom Typ Te:ptjJl[l~po-roç, Diss Zürich, 1946 36 A HEuBEcK, BzN 8, 1957, P 30 (= AH 1).
227
y
for~atlOns
.§ 250. A l'inverse ~e ces formes, plusieurs noms comportent un premIer. terme en -crL- qUI ne repose pas sur -t·. sur d es radIcaux . . ~ malS SlgmatIques dont la comparaison confirme également l'existence T l les en ' ' AfeçL- et AÙÇL-, et éventuellement s AÀeçL- .qUI apparalt dans les noms de personnes 'A" ?:"'10. ,AÀ?:' ' 'A'?:" l\e",LoYlfLoe;, e",Lxpa;'t"Yle;, "Ae",LfLa;xoe;, etc.. , repose, comme les adj· ectifs &À?:" xoe; 'À?:" P. 'À ?:" E",Lxa; , a; E",LfLr-po't"oe;, a; E",LfLopoe;, etc, sur un radical hÀ~?:' - ave b. I d . ~ ..'" , c une am ence e sens qUI se retrouve dans a;'À'?:' , . lva Il e",u> « repousser» et « protege~ ».. ~ ~ettement le sens d'agent « qui protège» et « qui repousse » et n est uS,lte que comme premier terme de composé. Le radical &Àeç~ sur lequel Il ~epose ~st celui qu'atteste le verbe sanskrit rak~ati (*a2l-eka~ec S~~x~tlOn ~adlcale -s-), et il donne également en sanskrit la base d un derIve en -~- dans la forme de composition raksi 40. k" « ga d d l' , , - ,ra s~'Janar e u corps», Itteralement « qui garde les gens ». .
so~t.
nom~
AÀe~L-,
~~ÇL-~
37. Pour le rapport avec K&crmxv8p(J( cf E S 38, A HEuBEcK, BzN 8 1957 pp 274_27~H(~YZ1RH' Gr.. Gr. l, p 442 note 6 . p 143 (= AH 60) ". 3); Kadmos 4/2, 1965, 39 Ibid 40 . A . MrNARD, Trois Énigmes l , 180 b·, J. M.. ANESSY- G urTION, Recherches sur
MYCÉNIEN, NOMS EN -crEÙÇ
229
EMPLOIS ABRÉVIATIFS DE LA FINALE -ZÙç
228
Autour des composés en &.ÀE~~- sont attestées diverses formes d'hypocoristiques comme 'AÀE~[iXÇ (Xén. HeU. 11.1.10), peut-être ,en mycénien 'AÀé~~1'oç (arekisito : PY Vn 865.5; KN So 0433 ; ,~toJo K~ Se 1053 ; Sf 0420). C'est dans le voisinage de telles formes qu Il faut ~Ituer le féminin 'AÀE~~ (Anth. Pal. 1V.200) et l'anthroponyme mascuhn du mycénien arekeseu = *' AÀE~EÙÇ ?, non attesté au premier millénaire (voir § 246). . C'est également sur un radical en -s- que reposent les premIers membres de composés 'AfE~~-, Aù~~-, également attestés dans l'anthroponymie et dans les adjectifs : &.E~[YULOÇ (Pind. Ném. 1V.73), &.E~[ç (HP N , p. 61) '. e t c e *, , historique dans des noms .pro].res. . ~ien ~onnu en mycénien, un slmple As~uÇi attend, c'est, sur un modele esormalS renversement de quelque *&.1;[f3ooç, auque On peut considérer qowakeseu comme u~ terme &1;L- passant en fin de mot y retrouve cas il serait intéressan~ de c?nsta~:r~i~een -EÙÇ On peut aussi tenir qowakeseu ,pour l'aptitude t~rme hbr,e a ~~~ ,c secondairement absorbé dans un compose que l'indice de du l'exlste~ce d u~ ,OCSEUÇ l'on attend en -ayoç ou -OCYE'l'OCÇ.
MYCÉNIEN, NOMS EN -creue;
231
d'hypocoristiques comme II pex1;[exe; , cependant que le mycénien révèle un parakeseu = *ITpiXçeue;? et que l'époque historique connaît ITpexçd> (HPN p. 383) . La part relative d'un éventuel *7tpiXy-"t"~- et celle de 7tp&çw dans ce groupe est indéterminable; il est d'autre part possible que l'abstrait 7tpix:i;~e; interfère avec ces termes dans plusieurs noms qui seraient alors des composés possessifs.
'OviXcr~- qui repose apparemment sur le thème du futur ov!J.crw, est le premier membre de nombreux anthroponymes du type de 'Ovëi.cr[~~oe; ou 'OviXcr["t"~[Loe; entourés d'hypocoristiques dont 'Ovëi.cr[exe; (Paus. IX. 5.2). C'est à ce groupe que doit être rattaché le mycénien onaseu *'Ovëi.creue; ?, de même que le nom de femme 'Ovëi.crd> (HPN p. 349). Xexp~cr~-, qui fournit Xexp[crexvapoe;, Xexp[crwe;, est sans doute en rapport avec des formes verbales comme ZXlXp~cr&[LYJv, et le mycénien kariseu peut être lu *XlXp~creue; sans trop d'invraisemblance. MviXcr~- est fréquent à l'époque historique dans l'onomastique (cf. MVYJcr[cr"t"plX"t"Oe;, MVYJcr[Àoxoe;) et connu dans le lexique: [LvYJcrWeoe; . II apparaît désormais dans le même emploi en mycénien, avec le nom manasi7pç.ko (Pl' Jn 431..3) lu avec quelque probabilité *MvlXO"[hpyoe;, cette s'appuyant d'ailleurs sur l'existence historique du nom (HPN p 320) 46. A ce groupe, dont la constitution est donc ancienne, répond au féminin Mvëi.crd> (HPN p. 321), et, selon un type surtout Connu en mycénien, le masculin MVYJcreûe; (HPN p. 420 et Plat. Criti. 114 B) : le fait qu'il nomme chez Platon un personnage légendaire peut être assez révélateur de l'appartenance de ce nom à un type archaïque tombé en désuétude.
le~ture
C'est par un rapprochement avec ces formes dont beaucoup sont anciennes que le nom mythologique ITepcreue; pourrait être identifié comme le survivant d'Un groupe dans lequel l'élément -cr~- aurait ainsi fourni secondairement des composés en 7tepm-, soit grâce à l'existence de formes verbales è:nepcrlX, mfpcrw, soit grâce à celle de nÉpme;, forme elle-même secondaire, puisqu'elle ne peut reposer phonétiquement Sur *nep6-n-. Un obstacle sérieux est pourtant qu'en dehors de ITepcr[vooe;, qui est sans doute une forme récente (Q . Sm. L227), un premier membre de composé nepcr~- est en fait inconnu 47. Aussi bien, une origine non grecque, bien qu'indémontrée, reste possible (voir § 265). 46. Voir P . BAD ER, Demiourgos, § 68.. 1.7. La suggestion de A. HEUBECK, Kadmos 4/2,1965, P 142, d'y voir un hypo-
232
EMPLOIS ABRÉVIATIFS DE LA FINALE -ZÙç MYCÉNIEN, NOMS EN -crzuç
254 A ces formes que leur valeur invite à considérer comme c~ns~ , § ' tItuees, surtout en f onc'tion de thèmes verbaux existants, pourront etre ajoutés les composés de tXxzen- et de Àuen-, " 'A - fournit des anthroponymes' AXZcrL[l~pO't"Oç, Axzcr~cr:pa~ofç xzcr~p 31) avec des hypOCOrIstIques " d (HPN ont 'A x zcrLaç " Les ,ad]ecti48s , terme axzcr~' s o n t rares et peuvent etre recents mposés. à premIer / ( ,. 'apparaîtra éventuellement 'Axzcrzuç co C'est dans ce groupe qu 'b'l' , d VOIr ce § 264) , SI' la forme est auth ent'que l , elle attestera la pOSSI 1 Ite e31) . nom au, VI e siecle . Elle serait parallèle à 'Axww ('Axz(cr)w~ HPN p, '0
f l' t des noms héroïques comme Aùcrav2lpoç, Aucr~rXva(J(ja, et A uen- ourn d d nomreste fort productif à l'époque historique, cepe~ an~ que ~ HPN ' t'Iques émanent de ces formes : Aucr~aç,, fem breux h ypOCOrIS (0. Aucr qui, malgré une certaine ressemblance avec le type skr. sakhii (c. -à-d, * -ôi) 52, ne fournit pas de formes dont on puisse trouver de correspondants hors du grec, Cette constatation a conduit à l'hypothèse qu'il s'agissait également d'un emprunt à un substrat non grec 53 ; mais, autant que dans le cas de -EUe;, faute d'une seule forme qui l'appuie, cet emprunt reste indémontré, l'hypothèse ne reposant en définitive que sur le rôle important de ces formes dans l'onomastique et sur l'absence en d'autres langues indo-européennes de termes auxquels elles soient directement superposables, Nous hésiterons, quant à nous, à voir des emprunts dans des finales qui paraissent liées fonctionnellement l'une à l'autre, et liées à des types onomastiques et à des procédés de composition qui plongent leurs racines jusque dans un passé certainement indo-européen, quelque développement qu'ait pu leur donner le grec. En réalité, dans ces formations, la finale -de; s'attache à un certain 51, On en notera pourtant un exemple éventuel en myc avec tusijeu qui peut notamment se lire *@U(}"LE;Uç, qu'on ait ou non à le rapprocher de tutijeu" L'époque historique connaît quelques féminins en -GLN : 'O'iCXmN (HPN p 349), AtVl'lGLN P 27), IIpcx~(N (HPN P 383) Pour nous, outre qu'ils sont peu nombreux, ces noms sont nettement secondaires et marquent que des formations devenues hypoeoristiques ont tendu à reproduire le premier terme d'un composé dans ce qu'il avait de plus caractéristique : phénomène plus fréquent dans la série survivante en -O'w. 52 P CHANrRArNE, Formation, p, 115; E. BENVENrsrE, Origines, p, 62 ; m:,J.is WACKERNAGEI-DEBRUNNER III, § 69 e, p 143, contra 53 Voir notamment F RIBEZZO, Donum Natalicium Schrijnen, p 123; et récemment, R. GUSMANI, l nomi greei in -N, Istituto Lombardo, Rendiconti (lettere) 96,
1962, pp 399-412,
MYCÉNIEN, NOMS EN
-crEue;
235
type de noms d'agents tirés de radicaux verbaux et apparaissant en premier terme de composé munis d'un i auquel elle se substitue pour former des termes simples. On se demandera donc s'il n'y aurait d ' fl pas ans, ce s\steme. ~n re et élaboré par le grec dans son plus lointain passe de l OpposItIOn de thèmes en -i- immobilisés dans la compOSI. . tr~~, et de thèmes fléchis animés en -u- 54. Question à laquelle nous hesIt~rons à répondre, mais on notera en faveur d'une opposition fonctIOnnelle de cette sorte, que jamais -EUe; n'a fourni aucun premier terme de composé.. S'il en était ainsi, il faudrait accepter de voir dans -EUe; la mise en œuvre,. pour des besoins propres au grec, d'éléments hérités. Ainsi pourraIe~t trouver leur justification des tentatives comme celle de V. Geo~gIev pou.r faire apparaître dans la flexion de -EUe; le développe~ent ~ une flex~on en -U-, sans que nous puissions d'ailleurs souscrire a ~a de~onstratron proposée 55. A ce moment, les féminins en -ci> pourraIent emaner de thèmes en -i-, avec un développement flexionnel comparable" e~ ~es formes, qui seraient secondaires, ne serait-ce que parce ~ue femIm~es, a.uraien: ~'abord consisté en l'animation par voie de fle~IOn des :hemes m~mobIhsés en premier terme de composé, avant que -(ù ne. devmt une sImple finale d'hypocoristique et de sobriquet" ~n po~rraIt alors entrevoir une histoire au cours de laquelle des formes hbres a valeur d'agent, qui primitivement s'opposaient fonctionnellement à des. premiers membres de composés par une flexion animée en -,u-, aura~ent été senties comme secondaires par rapport à ces composes, en:ramant par là que. tout composé, quel qu'en fût le premier terme, me~e .purement nommaI, devenait susceptible de s'abréger en un h!p~c~r~stIque en -EUe;. Puis tout thème nominal, déjà employé ou no,n a l mItIale de comp~sés, ,pouvait fournir la base d'un sobriquet en -,E,ue; : ~ans les appellatIfs, c est sur de,t; thèmes nominaux existant à l etat hbre que vont proliférer ces noms d'agent. 5425~u;59une « alternance i/u n, voir
J OrRILÀEUr;, § 192), Z:8EVVEUr; (cf Z:8E'iEUr;, § 201), TûAEUr; (§ 201), avec une répartition métrique. Le mycénien akireu (KN Vc 106 ; -rewe PY Fn 79+1192.2) n'apporte rien . 1G
242
EMPLOIS ABRÉVIATIFS DE LA FINALE
-EDÇ
leur répondre comme en mycemen ijereja à ijereu, et sans doute ~O(crt à ~O:crLÀEDÇ, sans dérivation de l'un à l'autre 9. Les formations d'hypocoristiques et de sobriquets féminins qui se rencontrent le plus souvent, singulièrement en face de -EDÇ, sont en -cil, avec les mêmes caractères d'oxytonèse et de thème à semi-voyelle, et en -tç, gén. -t3oç, sur les mêmes bases que -y)f -, et non pas sur base en -y)f -. En effet, la finale complexe -y)f -L3- (-Y)tç) sert surtout à la dérivation patronymique et exprime une dépendance, de la même manière que l'adjectif ~O(crLÀY)tÇ par rapport à ~O(crLÀEDÇ : elle ne saurait donc être considérée comme le féminin correspondant.. Le fait que NY)pEDÇ puisse avoir été tiré secondairement de NY)pY)t3EÇ, quelle que soit l'origine de ce nom 10, indique assez le type de rapport que l'on sentait entre -Y)tç et -EDÇ Il semble donc que les dérivés en -EDÇ ne se prêtent ni à l'emploi comme féminins, ni à la dérivation de formes autres que celles qui expriment une dépendance. Le féminin est fourni par d'autres formations qui entretiennent avec -EDÇ un rapport de complémentarité. ÀELo(
9 . Voir §§ 21 à 24 Le cypriote 1EP1)fycx (0. MASSON, ICS, 217 . 20) est discuté car le contexte n'impose pas qu'il s'agisse d'un sanctuaire: 0 Masson incline à y voir le nom de la prêtresse, qui serait donc bien dérivé de 1EpEUÇ.. Toutefois, un contexte de notations topographiques, la comparaison désormais indispensable du mycénien qui oppose ijereja « prêtresse )) à ijer ewijo « sanctuaire )), et la fréquence des finales -1)ftov et -1)ftiY. pour la désignation de sanctuaires déconseillelOnt, à notre avis, de voir dans cette forme le féminin de 1EpEUÇ.. 10 E. BOssHARDr, § 385, p. 122; H.. FRISK II, pp 315-316.
SECTION II
APPELLATIFS (§ 268)
§ 268. S'il est gé,né.ralement admis que la finale
-EUÇ
a pu servir à
f~rmer des hYPOCOristIques d'anthroponymes, ce que les chapitres précedents n~us on~ ~onfi:mé to~t en indiquant une source possible de cet emplOI, on a ete moms sensIble, semble-t-il, à ce qu'elle joue un rôle comparable l' , dans maints appellatifs . Or , c'est la' un d es emp OIS qUI, . ont ahmente. pendant longtemps la série des noms en -EUÇ, ' et ce l a sans ~ou~e de?Uls les temps les plus anciens, fournissant le modèle et la JustIficatIOn de proliférations, ultérieures sur des th'emes nomInaux , comme dans le cas des sobriquets. ' Les indices que nous en étudierons sont de deux ordres . l' . " . ' un nous sera fourm par l etude morphologIque d'un petit nombre de mots dont la forme même justifie à nos yeux une présomption en faveur de cette ori~ine ; l'autre, reposant sur une étude d'emplois, nous donnera le sentiment de l'existence vivante d'un tel proce'de' , pa r t'ICU l"Iere·· ment net chez les Attiques, et nous conduira à étendre notre examen à des formes où il nous paraît probable.
CHAPITRE PREMIER
INDICES TIRÉS DE LA FORME (§ § 269-277)
§ 269. Le nom du pêcheur: iLÀLeûs. On sait que le nom ancien de la mer, &ÀC;, repose sur un thème radical * sal- dont au moins le grec et le latin ont conservé un souvenir dans &Àc;, &A6c;, sal, salis (la longue étant en latin secondaire et caractéristique d'un monosyllabe tonique) . Ce nom-racine a pu s'élargir de diverses manières, notamment en * -d-, ce qu'attestent les formes germaniques du type salt, et peut-être le latin salZa < *salda, salsus 1. Mais surtout, il pouvait comporter un élargissement *-y- 2, avec lequel aurait alterné * -n- aux formes fléchies, origine d'une flexion hétéroclite dont on peut retrouver des traces en grec : &À(f.(J~ < * sal-1J-si, et dans le thème &/\L- 3 . Ce thème &ÀL-, qui est celui d'un neutre athématique, ne fournit pour dérivés que sa propre thématisation dans l'adjectif &Àwc; « maritime )) (et non « salin n) Y a-t-il là une base nominale d'où puisse dériver &À~EUC;? Nous ne le pensons pas, car si un substantif neutre *saly- peut toujours fournir une base à thématiser, il ne paraît, non plus que vux.'t'~- ou eEfL~-·' avoir fourni aucun dérivé, et il est de plus totalement inconnu du grec comme mot autonome, à quelque époque que l'on se reporte: or &À~EUC; est évidemment un dérivé de date grecque. Force nous est donc de chercher l'élément &À~- où il se trouve en grec, c'est-à-dire dans le premier terme de composés. 1.E.. BENvENIsrE, Origines, p 8. 2.. E. BENvENIsrE, Origines, p . 73, 78, 80-81, où nous renvoyons une fois pour toutes. 3.. Le latin sale, cité comme trace de ce système, serait au contraire secondaire et analogique de mare, selon ERNour et MEIUET, Dict. Etym. Lat., p . 589
246
DE
EMPLOIS ABRÉVIATIFS
LA FINALE
INDICES
-EUC;
§ 270. Les composés de (D\~- : . t attestent le plus souvent le b x souvent anciens, e Ils sont nom reu , r u que les composes. d e rx'Ao- , souvent récents, sens de « mer )}, au le d l ) Pour en limiter l'énuméra" nt le sens e « se ). d présentent or malreme . i sont attestés avant le tion, nous noUS contenterons de cIter ceux qu v e siècle AC. :
o:A~rx~c; ô 361,
Page 166 (attribution conjecturale), o:At~rx7t't"oc; (nom d'oiseau) Alcm. o:A~[LÜp~E~C; 4> 199, e 460 4, o:At7tAooC; M 26, Alcm Page 26.4, O:Am6pr.pupoc; ~ 53 ; v 108 ; . O:À~cr't"~r.prxvoc; Hh. Apoll. 1.410, o:At't"pox0C; Ibyc. Page 327. d t e de 'AAtrxpxoC; (HP N p. 35) . On ajoutera les anthroponymes u yp d _ ou de 6E"~-' 'AA~d t pe que ceux e vux't"~ r Ces composés sont e ~eme Yb d nombreux composés, lesquels, . d l premIer mem re e . fourmt onc e . . t d'un type ancien, pUIsque , . , Is pUIssent etre, son quelque poetIques qu 1 . d l mêmes conditions la conser, . 11 '1 ont permIs ans es des senes para e es . d c En regard de cette tion de neutres autrement mconnus u. gre .. va , l dérivation est mexlstante . abondance de composes, a A
A
§ 271. Pas de dérivés de o:A~- : 'A reposent en fait . . t comporter un e'l'emen t rx~Les mots qUI paraIs sen , 'appartenant pas au radIcal: . sur o:A-, l e -~- n 13 hez les comiques attiques (Archlpp. . o:Àtrx « boîte à sel » apparmt c , ' des innombrables formaKock l' Stratt. 14 Kock 1) et n est qu une du sel . " 11 _. e référant à o:A- comme nom . l (S h AJ' 880) est une tlOns en -~rx, ce e Cl s t t que fils de a mer op. . iXÀ~&.3Y)c; «( pêcheur » en an . ., dans une partie chorale, des création poétique directement msplree, , n -~&3Y)c; du type de ArxEp't"~rx3Y)c; patronymes e , H' d t (IV.185) et tardivement par Strabon e &A~voc;, employe par ero 0 b . dont ils sont construits, est un .fi d rs et les nques pour quah 1er . ~s m.u .fi t de sel» donc à analyser &A-LYOC;, comme adjectif de matlere slgm ran « , ~u~À-~voc;, ~uA-~voc;, y~-tvoc;, etc. A
. ad' ectif est sans doute à conSI'd'ere r '. Me'me s'il est d'analyse peu claIre, clet , J e' d'un composé dont le second '±. , ' c o m m e e d eriV . 273 comme un compose, ou, mIeux, , . oir P CHANrRAINE, Formatwn, p.. . membre serait en rapport avec flup0tLOI:L , v .
TIRÉS
DE
LA FORME
247
&À~[LoC; peut poser d'autres problèmes. Employé comme adjectif qualifiant le fracas de la mer dans un fragment tragique (Trag . Adesp. 247 N auck), comme substantif neutre pour désigner la plante côtière « arroche » (Antiph. 160 Kock II; Théophr. Hist . Plant.. IV..16.5), et tardivement comme substantif neutre pluriel pour désigner les bords de la mer (Sept.), il présente une finale discutée.
On a pu y voir une finale secondaire issue de composés à premier terme en -~-, le couple "AAxL[LOC;/' AÀXL[L~3(ùv fournissant un exemple clair d'un procédé hypocoristique 5. Dans cette hypothèse, la distinction observée plus tard par E. Benveniste entre premiers termes substantifs neutres en -L- : &AXL-, O:ÀL-, vux't"~-, 6sfH-, et premiers membres adjectifs : xu3~-, àl./J~-, xrxAA~- n'est plus opérante en grec, et la formation -~[LOC;, innovation du grec, répond aux uns comme aux autres : XU3L[LOC;, ol./J~[LOC;, x&ÀÀ~[LOC;, comme "AÀx~[Loc;, &ÀL[LOC;, 't"p6r.p~[Loc; En ce cas, O:ÀL- n'est dans &À~[LoC; qu'un premier terme de composé et non une base de dérivation. Cette interprétation, il est vrai, est contestée de plusieurs côtés, notamment en considération de l'existence en sanskrit de dérivés en -ima- comparables à ceux du grec pour la forme comme pour la fonction 6 : la finale -~[LOC; ne peut alors résulter d'innovations grecques. En ce cas, le suffixe est * -imo- et, pas plus que dans l'hypothèse précédente, on n'a de dérivé de O:À~-. O:ÀLdrx «( pêche )}, utilisé par Aristote (Pol. 1256a36; Econ. 1346.20) et par Strabon, est dérivé de O:À~SUc;. O:À~rxp6c; « salé » ne nous est connu que par Eustathe (1506.61) : il est indatable, et son sens de « salé» invite à le considérer comme secondairement constitué sur la série 't"rxp~XY)p6c;, crL't"y)p6c;, à~Y)p6c;, quelque origine que l'on y assigne au - h
O:Àt't"Y)c; enfin, que nous ne citerons que pour mémoire 7, présente évidemment la finale secondaire et complexe -tTY)Ç, et n'intervient donc pas dans cette discussion.
§ 272. En ce qui concerne O:ÀLEUC;, il nous reste donc deux possibilités
8
:
la dérivation directe sur un * &ÀL totalement absent du grec
5. C ARBENZ, Die Adjektiva auf -IMOL, Tübingen, 1933 (Diss, Zürich), 6. P CHANTRAINE, Formation, p . 441; renvoie à L. RENOU, Festschrift Win-
ternitz, 7.. G REDARD, Noms en -TIJÇ, pp 39 et 88. 8 Nous écartons de toute façon l'explication suggérée par E.. SCHWYZER, Gr . 1, p 476 : « vom Lok.. &À[ » qui n'a pour elle que de poser le problème . Elle contient le germe d'exégèses abusives, telle celle de O. SZEMERÉNYI qui fait inter-
248
EMPLOIS ABRÉVIATIFS DE LA FINALE -eUe;
comme terme autonome, hypothèse peu vraisemblable étant donné le caractère exclusivement grec de la formation -de;, ou bien, de façon à notre avis beaucoup plus vraisemblable, la réduction d'un composé à premier terme &À~-, le second précisant le rapport entretenu par ce personnage avec la mer. Un tel accident n'est peut-être pas isolé dans une série de composés ancienne et nombreuse (cf. &À~[Loe;), et surtout il rend compte d'une forme qui paraît anciennement unifier l'expression de rapports professionnels avec la mer : chez Homère le mot désigne aussi bien des matelots que des pêcheurs (matelots en 1T 349, w 419 ; pêcheurs en \l. 251, X 384), le seul sens de «( pêcheur ») ayant survécu 9, 10. Resterait l'éventualité d'une dérivation de &À~oe;, donnant au terme la valeur générale de (( homme de mer ) . Sans écarter absolument cette interprétation 11, nous lui préférons très nettement la précédente . En effet &À~eue; ne sert jamais à désigner ou à nommer ou qualifier aucun dieu marin, ni aucun habitant du rivage en tant que tel (ce qui se dit mxpIXÀoe;) : il ne s'applique qu'à des gens de métier.. Au contraire, l'adjectif &Àwe; dont il faudrait le faire sortir ne semble jamais qualifier des êtres humains, et a donc peu de chances de s'être substantivé dans un tel emploi.. Il sert pour des divinités marines issues directement ou non de la mer (A 538, 556 ; l 432 ; il 365 ; v 96, 345 ; Rés. Théog. 1003 ; Pind. Pyth. IX.94), pour les flots, pour le rivage et ses accidents qui sont parties de la mer (y 38; Eschl. Suppl. 15 ; Perses 131, 879; Eur. Troy. 825), pour les navires ou leurs éléments, qui en sont la chose (Pind. Ol IX.72; Soph.. o..G.. 716), mais jamais pour ceux qui vivent de la mer ou travaillent sur la mer, car ils lui sont extérieurs, et loin d'en être issus, ils y vont: &Àwe; exprime une dépendance à l'égard de la mer, origine, possession, partie d'un tout; &À~de; se réfère à une activité professionnelle dont la mer est le cadre ou l'objet, à une action sur la mer. Une dérivation de l'un à l'autre nous paraît sémantiquement difficile.
venir des juxtaposés du type de *xcû.x(Wt.)-fJüç, voir §§ 30-35. Cf d'ailleurs FRISK l, pp 78-79, qui n'est pas insensible au rôle éventuel des formes composées 9.. Il donne lieu, au v e siècle, à la formation du dénominatif &:À!e:ÙO[1OCL (Plat . Corn 44 ROCK I) 10. Sur un exemple possible de ce mot en mycénien, et sur la valeur qu'on peut lui attribuer par référence à ces passages odysséens, voir notre article La tablette PY An 724 et la flotte pylienne, Minos 9/2, 1968, pp 205-218. 1L C'est celle qui a la faveur de E BOSSHARDT, § 62, p. 32; nous écarterons avec lui l'inutile recours à un *-rtt rtÀtr1. qui n'existe pas .
INDICES TIRÉS DE LA FORME
§ 273 . Mycénien *zeukeu (datif pluriel zeukeusi)
249 12.
Si l'on doit bien lire dans ce mot *'1 , l' . , t' l " d !)EUYEUS, UI aUSSI presente une par ICU ante e forme dont on ne peut rend d' E ff t . re compte Irectement n e e, parmI les nombreux termes en -eu qu'ont r ' I d ' ments m , . l' Ivres es ocu. ycemens: p USIeurs paraissent reposer sur des thèmes tIques et le mamfestent dans leur forme : sigmaopikapeewe (nominatif pluriel), lu ordinairement *, (h)-f . . . omcrxlXcpe 'Y) ee;, op~teukeewe (nommatrf pluriel) l d" *, . ' u or Inalrement o7wreuxe(h)-f op t k ( . .f . Y) ee;, ~de eeu n~mmati smgulier), lu ordinairement *àmcr't'eye(h)~f quan on y VOlt un mot différent du précédent, ee; oreewo (génitif singulier ?) ereeu à différentes formes casuelles , paraketeeu (nominatif singulier; -ewe nominatif pluriel), kamaeu à différentes formes casuelles , ekaraewe (nominatif pluriel? datif singulier ?), neseewe (datif-locatif d'un toponyme) Il
p~raît l
13 .
que l'affectation de la finale -eu" à un tlle'me '" sigmatique,
n~mma, o~ v:rbal,. composé ou non, se signale ordinairement al' u
hIatus a l artIculatIOn des deux éléments . 0 . , P n d ' . l' rren n apparart de t l ans zeukeus~, que l'on fait d'ordinaire dériver de 'y.. e No d ' 't'o "euyoe;.. * us .evo~s ecarter l'hypothèse d'une graphie accidentelle our zeukeeus~, pUIsque le mot est connu par deux exemples à P l P(F 50.. 9; Fn 79+1192) de la main d'un scribe (no 45) . d' Y os n a f t b' ,. . qUI autre part or Ien su ecnre op~teukeewe en Fn 50 8 F t d . . d 'Y " au e e pOUVOIr partIr e 't'o "euyoe;, nous devons poser une base ~euyo- qui est ", celle d . ; , preCIsement es premIers membres de composés. A
§ 274. On peut alors se poser la question de la form' l th' . . e pnse par es l emes ,sI~matiques en premier terme de composé, question à laquelle e mycemen ne donne que peu d'éléments de réponse 14. Pour leur remplacement par une forme thématique, on a argué de etow 7. • t prété *' , OltO, ln ercomme eVTo-fopyoe; (( armurier )) (PY Fn 50.. 6 ; An 39.5,11 ; KN , 12. S~r cette forme, voir notamment: DOCS . 413. dune {( hste )) de desservants ..... , Bruxelles 1960 p. , J-P. OLIVIER, A propos Gnomon 34,1962 P 707 (- LP ''» l' t ' pp. 129-131 (= JO 2); L . PALMER . , . '±-; n erpretatwn p 465 (- LP l5) , 13 . P our l'mterprétation des formes corn .'. .!. 14 . Discussion chez F BAD ER De' pos§ee s ,. VOIr §§ 428 et suivants . , mwurgos, 25 .
INDICES TIRÉS DE
250
EMPLOIS ABRÉVIA'IIFS DE
LA FINALE
251
LA FORME
-SOC;
Fh 4622; -koi PY Fn 79+1192.13), aveC une forme Èv"t"o- substituée à ÈV"t"sa- ("t"eX gv"t"W.) 15. Cependant, opposant ce terme à ekosowoko (KN X 299) que E. Sittig 16 avait lu *&1;Cù-fopyol, J.-P, Olivier 17 y voit un composé à premier membre tiré de Èv"t"6c; « à l'intérieur », type à vrai dire inconnu au premier millénaire On peut éventuellement ajouter comme exemple pawoke (nominatif pluriel PY Aa 795; Ab 558; ·ko génitif pluriel PY Ad 691 ; -ko ? PY La 632) qui serait à lire *cpocp(fo)-
~n
effet" si la langue épique présente des formes du type Q"lxxsa-mxÀoc; -cpopOC;) qu'ont d'ailleurs pu préserver, voire susciter de~ raIsons m~trlq~es ou rythmiques, on y trouve également axu"t"0-"t"6[Loc; (H 221), s~po-xo[LoC; (r 387), et par la suite:
sy~sa-Tt&À~C;,
&XElo-cp6poc; (Hdt. VII.187), ÈTto-Tt0L6c; (Hdt. II.120), xpso-cp&yoC; (Hdt. IY..186), xpso-~6poc; (Eschl. Suppl" 287),
fopysc; 1S. Pour l'emploi en composition du thème sigmatique, plusieurs exemples de valeur incertaine ont aussi été allégués, Le premier est etedomo (PY Ea 808 ; En 6095 ; Eo 211.2 ; Ep 301.5 ; KN Uf 432,,6) que l'on interprète comme *Èv"t"sa-36 [LOC;, également nom de l'armurier Cependant, dès 1955 E. Benveniste 19 a souligné la difficulté sémantique de cette interprétation: la racine *dem-, qui exprime la construction proprement dite (cf. tokodomo PY An 186; 7,,11; 35,,1), ne convient pas pour la fabrication d'objets. On peut, il est vrai, tenter de sauver cette lecture en rappelant que les armures sont précisément faites d'une superposition de couches de métal, ou de cuir et de métaL Un autre exemple est celui de reke(e)toroterijo (nom d'une fête? -e- PY Fr 343 ; -ee- PY Fr 1217) dont la double forme résulterait de l'emploi en premier terme, soit du thème sigmatique dans le composé *ÀEXsa-a"t"pCùT~pWV, soit d'une forme fléchie dans un juxtaposé *ÀsXs(h)s~-a"t"pCùT~pwv20" On peut enfin citer le nom de personne eketowo (KN U 4478,.12),
qui a été lu *'Eyxéa-Elofoc; (O. Landau p, 47), Chaque élément du dossier est donc discutable, et aucun n'établit de façon péremptoire qu'en mycénien des thèmes sigmatiques aient pu être remplacés par des formes en -0- au premier membre de composés,
§ 275 Si le mycénien nous fait ici 'défaut, il reste pourtant bien établi par le grec alphabétique qu'anciennement la chose était possible.
J
YYJpo-~oax6c;
(Eur. Suppl.. 923; Soph. Aj. 570; substantif chez Xén.
Econ. VII.12), xspo-~&"t"YJC; (Ar" Gren., axuÀo-()é~fJÇ
230),
(Ar. Ois" 490; Ass. 420).
E~ outr~
c'est. là, sembl~-t-il, le cas de la très grande majorité des themes ,sIgmatIq~es fourmssa~t ~es premiers termes d'anthroponymes com~oses, ce qUI est un bon mdlce d'ancienneté du procédé: ils n'apparaIssent pas sous la forme -so'-, prennent parfois une forme -sa~ et. le plus souvent une forme -0-" Ainsi xÀéfoc; ne fournit jamais de pre: mler terme xÀsfsa- ' mais uniquement XÀSf 0-,. xuooC; ..~ . . d e preJamaIS . mI~r terme xu()sa-, mais uniquement XU()O- ; Elépaoc; jamais de ElspasamaIS seulement Elspao - .' r"d()oc; J'amais de [Ls~osa-, ~ . [LS~oo-. ~ , . malS Pour ce qUI est de ~suyo-, il apparaît dans l'épigraphie au IVe siècle AC; dans ~:~y.o-"t"p6cpoc; 2 2 ,,1576.73), cependant que le thème tronque par 1 ehslOn se mamfeste au v e siècle dans ~suy- À" (S h fr. 616; Xén. An. VI.1.8). YJ OC"t"YJC; op.
(l?
Ces f,ai~s, joints à ~e qu'il n'est pas exclu (mais non établi), que dès le ~yc~men les prem~ers termes de composés de ce type aient subi une alteratlO~ ~orphologIq~e, nous incitent à voir dans zeukeu plutôt le raccourCI d •un compose de ~SU"l/Oque le dérivé de "t"o\ ""suyoC; y l : zeuk eu porte les stIgmates de la composition qui peut tronquer les premiers terrnes en -es- 21.
§ 276, Mycénien *kureu (nominatif pluriel kurewe) , 15 lI. MÜHLEsrEIN, Museum Helveticum 12, 1955, p, 126 note 42: « Verkürzung des s-Stammes wie in crXUTO-T6[loç )); cf A DEBRUNNER, vVortbildung, Heidelberg, 1917, § 131, 16 Minos 3/2, 1955, P 92 17 J.-P OUVIER, A propos d'une « liste)) de desservants
Bruxelles, 1960, pp 62-
68 (= JO 2) 18 F, BAD ER, Demiourgos, § 136 : suggestion de M" Lejeune 19 B8L 51, 1955, P 19 note L 20 M" LEJEUNE, RPh 35, 1961, p, 205 (= ML 38) ; Parola deI Passato 17, 1962, P 419 (= ML 47)
Ce ,mo:, qui n'est attesté qu'au pluriel, reste malheureusement d'interpretatlOn non assurée, ses contextes n'imposant aucune lecture : tio~1d:~::~e~çO~~tr:Jglgeé;:~~erdc~e, m ais avant sa publication, cette interprétaÉ
d 111 epen d amment et avec reserve par C, J tu es, p" 125 note 126; voir notre C" R : RPh 42, 1968, pp, 249-252,
R
UIJGH,
252
EMPLOIS ABRÉVIATIFS
DE
LA FINALE
-e:Uç INDICES
toute analyse restera donc hypothétique, reposant en définitive sur une lecture formelle. Ces contextes sont de deux sortes: en PY Cn 3, il s'agit d'un très obscur envoi de bœufs où cette forme (1.4), qui est apparemment un nominatif pluriel, se trouve associée à des indications géographiques et à des catégories de personnes avec lesquelles elle se retrouve en liaison multiple dans les documents militaires de la série oka (PY An 519. 14 ; An 654.,6, 16)" D'autre part, en PY Ma 90, document fiscal, sont mentionnés des kurewe bénéficiaires, avec des forgerons, d'une exemption ou d'un dégrèvement pour des fournitures diverses. Si l'on doit partir d'un nom du cuir, 't'à crxuAoç, thème sigmatique, on est à nouveau affronté à cette difficulté: *(J"KuÀfjfEc;;, pas plus que *~e:u'Y~fe:ç, et contre l'usage bien attesté du mycénien, ne laisse apparaître de base sigmatique., Ici aussi, l'apparence du mot pourrait mani·· fester qu'il n'est pas dérivé directement du thème sigmatique, mais d'une forme où il revêtait un aspect particulier, c'est-à-dire d'un premier membre de composé., Ce composé nous est inconnu, mais on peut le supposer d'un type comparable à crxuÀoa~~Y]ç (Ar. Ois. 490; Ass., 420 ; 1G 12..645, VIe siècle AC.) ou crxuÀoaé~oç (Démosth. XXV.38) Il restera que les effectifs d'ouvriers du cuir dans les différentes garnisons sont impressionnants et vraiment suspects: 30 à pirute (PY An 51914), 60 dits Lbpijakirijo (PY An 654.4), etc. Il faut donc envisager une autre solution.
§ 277. Continuant à VOIr dans kurewe un seul et même mot *crxuÀ:~fe:ç
issu d'un premier terme de composition axuÀo-, nous lui donnerions deux acceptions différentes selon qu'il s'agit des documents militaires An ou des documents fiscaux Ma,. D'un côté des (( hommes (porteurs) de cuirasse )) (ou d'un bouclier de cuir) 22, sorte d'hoplites avant la lettre, et de l'autre des (( ouvriers (tanneurs, bourreliers, etc.) du cuir )) 23, appar aîtraient dans des contextes conformes à leur état, justifiant leur nombre en ce qui concerne les militaires, et justifiant les immunités d'ouvriers travaillant, comme les forgerons, pour l'arsenal du palais. Cette double acception d'une même forme abréviative viendrait de ce qu'elle est issue de deux composés différents se référant à deux implications diff érentes de la même matière, le cuir., Il n'y a donc 22 Voir notamment H., MÜHLESrEIN, Die Oka-Tafeln von Pylos, Bâle, 1956, p 21 (= HM 8) : soldats à bouclier de cuir 23 Voir I\L LEJEUNE, Mémoires, 1955, p., 7'" note 61 (= ]\IL 13) : artisans du cuir.. Contra L" PALMER, Gnomon 29, 1957, p, 575 (= LP 13)
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LA FORME
253
d'ambiguïté possible que pour le lecteur moderne . que vocabulaires techniques différents les deux ~xu,'e: ,pudis .' da~s deux d f ' . ' v • A uç evaient evoquer e açon eVldente, explicitement ou implicitement de t b' , , sennes non am IgUS, et entrer dans deux systèmes lexicaux ou' ch . l . l' f ' acun avait sa pace, un en ace d autres désignations militaires : kekide .. . etc., l'autre en face d'autres noms d' t' .k k ' urupLJaJo, al' Isans. a ewe, keramewe, etc. 24. .2,"'. On, co~~tatera des phénomènes comparables à " deSIgner 1 utlhsateur et le fabricant d' fil t d' propos de a~x-rUE\)ç, qm peut entre -7tot6ç et -7t(,)ÀYjç de nombreux ~~~se d,et t' autre part l'ambiguïté fréquente au terme exprimant l'opératl'on l' ,ar lsans (§§ 316, 338) : indifférence , d"ff" accomp le mtérêt po t' , l " m l erence et mtérêt qui fourniront le princi' e d'u d': e ~ a, matlere traitée; de noms d'objets, de matières, d'emplois. p ne envatlOn dIrecte sur nombre
TERMINOLOGIE SOCIALE
255
Le verbe èÀW)VELV donne lieu à la formation d'un nom d'agent qui, chez Homère, paraît n'avoir que le sens de « charrier )) : èÀrt.T~P (\j.I 369 ; 11 145 ; 1\ 702). D'autre part, le composé lui-même, qui est assurément ancien, a donné lieu à plusieurs adj ectifs dérivés : t7t7tY)À&.crwe; « propre au passage des chars )) (H 340 = 439), t7t7t~Àrt.'t"oe; « propre aux évolutions des chars )) et finalement, à l'élevage des chevaux (8 605-607 ; v 242).
CHAPITRE II
CONCURRENCE D'EMPLOIS AVEC DES
COMPOSÉS
(§§ 278-298)
A NOMS DE GROUPES SOCIAUX ET DE F'ONCTIONS SOCIALES OU RELIGIEUSES dans lequel la fonction abréviative de , d . omame , . ,., , At s'être manifestee le plus anCIennement, la derIvatlOn en -EUe; paraI , . 1 Elle y fournit des formes qui évoquent de façon ~ynthetI~ue e,t vo o~tiers collective l'appartenance à un groupe . s~c~al repr,esent~ par, e , actI'vI'te' par l'outil de cette actIvIte, par 1 exerCIce d un ca d re d u n e , 'd' d' . t , . Les termes que nous etu Ierons eSIgnen . drOIt defimssant ce groupe. " des institutions communes à beaucoup de peuples grec~, y compr~s de Cre'te et du Péloponnèse, connues au moms en partIe · " 1 . 1 1es D onens . . t conserver le reflet de serIes eXIca es, l'épopée et qUI pourraIen . ' de , . . t pyhens pourraIent et de réalités sociales, fort anCIennes : certams mo s
§ 278, C'est l a un
le faire supposer.
'('L1T1TTJl\o:ra. ~ , § 279. Homérique ,t'lT1T€US f't le couple que nous considér,ons est constitué des forme~ du face d'un nominatif singulier tmtf)À&."t,X, et c'est la un p 1une L7t7t'l)Ee; en d ' posent , , . t t de cette étude. En effet, les eux termes s op element Impor an 1. d' n , 1 'e're d'un archaïsme conservé dans un style formu aIre, et u a a manI bl '1 1 A type , mun désignant tous deux, sem e-t-I, e meme terme d usage com , . de p ersonnage dans une féodalité de charners,. " ' 'À' fait partie d'un vocabulaIre bIen developpe dans L e terme L7t7tf) ~'t"~ h I l ' ' t tout d'abord l'épopée, et qui concerne la conduite des cars. s agI du verbe simple èÀW)VELV qui apparaît en \j.I 334 E
~ 1 ~I , ~
TiJ> cr\> [L&'À' èyx.pl[LIj;~e; èÀ&'rt.v crX.EÔOV &p[Lrt. xrt.l ~7t7tOUe;
Si bien que t7t7tY)À&.'t"rt. n'est nullement isolé dans le lexique. Cependant l'usage qui en est fait le signale comme un archaïsme, car son emploi est uniquement formulaire, dans la fin de vers (yÉpwv ô') t7t7ty)À&.'t"rt. NÉcr't"wp (y 436, 444), o~v~1; (1 432; n 196; T 311), TUÙEUe; (à 387), IlY)ÀEue; (H 125; 1 438; 1\ 772 ; I 331), OtvEue; ( 1 581), et il s'adresse à des personnages qui sont toujours de quelque rang l, Il s'agit apparemment d'expressions cérémonielles comportant un titre honorifique, que la formulation épique a préservées, moyennant une réinterprétation de la finale. En effet, la finale brève n'est pas celle d'un nominatif, mais bien celle d'un vocatif 2 : cela contribue à suggérer l'idée de la conservation d'une expression qui a dû être une formule vocative selon une étiquette traditionnelle, avant de n'être plus qu'une formule métrique de valeur nominative,
§ 280" Au contraire de ce mot, t7t7te:Ue; n'est pas formulaire, exception faite de la fin de vers n 20 (= 744 = 812 = 843) rrrt.'t"p6XÀE~e; t7t7tEi) dont la constitution est évidemment due à ce que le nom de Patrocle ne pouvait être introduit dans la formule rappelée plus haut: c'est le seul exemple homérique de ce mot au singulier 3, Sauf cette formule, et d'autre part \j.I 287 où t7t7t~Ee; se trouve aux 4/5 e pieds ('t"rt.XÉEe; ô't7t7t~Ee; &.YEp6EV), le mot n'existe qu'au pluriel et se rencontre à tous les cas de la flexion dans la première moitié du vers (11 fois au 1er pied, 9 fois aux 2/3 e pieds), ce qui indique assez qu'il n'est pas formulaire. D'autre part, il est encore isolé dans le lexique et n'a donné lieu à ,date homérique à la création ni d'un dénominatif t7t7tEU.:x.e:ûç ;
Mais dans la reprise de ces questions en une conclusion provisoire où la précision technique s'efface devant l'insistance logique, un terme abrégé paraît suffire : 'Ap' oûv È1trJ.te:L otrJ.ç ae:ï 'tiXÇYlVLrJ.Ç etVrJ.L xrJ.t 'tàv XrJ.ÀLvàv oùa' 0
À
~L 'te: ,XrJ. lW~U1tOL Xli: OL 't~x~ove:ç xrJ.t OL XrJ.Àxe:ïç xrJ.t OL crxU'tO't6[LOL xrJ.t OL rf
des artisans en face de celui du peintre : 'te:
crxu'te:ûCù (Mém . 1222) . .. ,emp l Ole
concurremment les deux formes (2 fois crxu'to't6[Loç, 4 fois crxu'te:ûç) et sans plus entrer dans le détail des emplois, nous noterons que si dan~ H eU. III.4..17 il disait :
cisément au voisinage de ce composé.. Dans la République (X.601 C), Socrate, démontrant à Glaucon que le peintre n'est qu'un imitateur incapable de connaître la nature véritable des objets, détaille à propos d'une bride et d'un mors le rôle
~Cùypâl:poç l:pâ[Le:v,~vîrJ.ç ,
cr~~_
§ 302. Xénophon, chez qui apparaît
millement de tout ce petit peuple. Cette concurrence est manifeste chez Platon. En effet, si le mot usuel reste crxu'to't6[Loç (14 ex.. ), crxu'te:ûç est employé deux fois, et pré-
1tOL~cre:L
275
-e:Ûç
1tOL~crrJ.Ç,
1) 'te: XrJ.Àxe:ùç xrJ.t
0
0
YPrJ.I:pe:ûç;
.~
crxu'te:ûç, &ÀÀâ
Dans le Gorgias (490 E à 491 A), à un Socrate qui lui fait, pense-t-il, perdre son temps en le chicanant, à propos d'intelligence, par des exemples concrets et détaillés : 'tàv crxu'to't6[Lov 'lcrCùç [LéYLcr'trJ. ae:ï
\mOa~[LrJ.'trJ.
xrJ.t 1tÀe:ïcr'trJ. \moae:ae:[Lévov
1te:pmrJ.'te:ïv, 1 Cal' 740 : énumération ne comportant que des composés; Lys. 414, 416: c'est spécialement au cordonnier en tant que tel que l'on s'adresse, pour réparer une sandale.
e § 303.~ Chez. Aristote, enfin, crxu'to't6[Loç se rencontre plus de 12 fois t crxU'te:uç 5 fOlS. De tous ces passages, deux seulement nous retiendront car les deux mots y figurent ensemble. ' Dan~ la Politique (1291 a13-19), évoquant l'inventaire fait chez Platon (Rep. 11.369 D) des métiers indispensables à la formation d d' 't t '1 . 1 . u noyau un e a ,I cIte es artisans énumérés par Socrate : My.e:L Àaè:1 'tou'touç ul:pâ'J"t'Ylv xrJ.t ye:Cùpyàv xrJ.t cr"u~o~o' "ov xrJ.t oLxoa6[Lov, " 1 \ 1 ,.. , 'r XrJ. xe:rJ., ••• e:[L1tOpOV 'te: XrJ.L xrJ.1tYlÀov,
et conclut quant à lui: xrJ.t 'trJ.Ü'trJ. 1tâv'trJ. yîve:'trJ.t 1tÀ·~pCù[LrJ. 't~ç 1tl'lciJ"t'Y,r 1 _ , .. .,,, 1t6Àe:Cùr ." ye: 1tOÀLV crUVe:cr'tYlXU~rJ.V, . LV 1trxcrrJ.V a XrJ. 1 p 1 e:O[Le:VYlV crXU'te:CùV 'te: xod ye:CùPYWV.
,"1' 'tCÙV -, , "-'., rJ.VrJ.YXrJ.LCùV &'ÀÀ' où 'tOÜ XrJ.ÀOÜ rv../I./l.OV, ,,;:;.,., "LcrOV 'te:
277
EMPLOIS ABRÉVIATIFS DE LA FINALE -E:Ue;
NOMS DE MÉIIERS
Ces deux derniers termes ne font donc qu'abréger e~ r~su:ner en le présentant collectivement (noter le pluriel) ce que detaIllaIt le cata-
L'outil est donc nommé par référence à un procès simple, exprimé par un verbe 't"OI:fLdv et par le nom d'action 't"0fL'~, et peut intervenir dans d'innombrables techniques. L'artisan, lui, se définit par son action sur une matière qui constitue sa spécialité et dont l'indication survit à l'abrègement du terme; mais axu't"E:Ue; eût probablement ici affaibli l'expression en effaçant en partie la figure étymologique . Il est concevable qu'un tel procédé ait pu être une des sources de la prolifération des noms de métiers en -E:Ue;, au delà même de la réduction de composés dont le second terme ne fixait qu'un des gestes multiples d'un métier : des cas tels que celui-ci ou ceux étudiés plus bas ont dû permettre la dérivation pure et simple sur le nom de matières travaillées, d'activités pratiquées, d'emplois occupés.
276
logue précédent. Dans un autre passage (Pol. 1261a36) Aristote cite et résume Pla:on (Rép. IV.434 A) : qu'adviendrait-il s~ charp,e~tiers et cordonmer~ échangeaient leurs outils et voulaient fmre le l~etIer l~s uns des autres. Platon emploie ici uniquement crxu't"0't"6fLoe; pmsque c est le terme. usuel, ue de plus les artisans en question sont évoqués en fonctIOn de t q e , . d' leur métier, l'outil à la main. Mais chez Aristote Il est It: &()7tE:P 2t.v
et
t
,
\
t
\
,
\'
\
fLE:'t"é~cxÀÀov ot crxu't"de; xcxl o~ 't"E:x't"OVE:e; XOl:~ fL'YJ O~ OI:U't"O~ OI:E:~
crxu't"0't"6fLo~ xcxl 't"éx't"ovE:e; ~crOl:V,
parce qu'il y a d'abord évocation résumée d'un ~as, ~énéral, et que la deuxième fois seulement la précision a quelque mteret.: « ...., e.t que ce ne soient pas constamment les mêmes qui aient à faIre metler de tailler le cuir et d'établir les charpentes
§ 306.
Si x'l)1toup6e; est le terme usuel pour désigner le jardinier dans toute la littérature :
)J.
§ 304. Par la suite nous noterons le soin av~~ lequel Eschine évite
Archippos (fr. 44 Kock I) : aXOI:ÀIXLe; T~V À[8ov 'rIXU~flV ~6pIXXIXe;, T~V XIXÀ~V, T~V 3LIXm IXVY\
cj>aP....aKEuS.
C'est un terme lui aUSSI assez rare, qui apparaît pour la première fois chez Sophocle (Trach. 1140) 'r[e; 'rocroi::i'roe; cplXp[llXxeÙe; T pIXXLV[WV ; Dans la bouche d'Héraclès en proie aux brûlures de la tunique de Nessos, il est certain que le sens particulier pris ici par ce mot est celui d' « empoisonneur ». Pourtant il est bien dit dans les vers immédiatement voisins que le ({ baume )J (cr'r~PY'YJ[l1X v. 1138) a été pris pour un philtre d'amour (cplÀ'rpov v. 1142). Ce cas particulier ne doit donc pas nous faire donner un sens aussi étroitement spécialisé et dépréciatif à cplXp[llXxeue;. Il s'agit d'un manieur, préparateur, vendeur de drogues aux effets aussi bien bénéfiques que maléfiques, dont Déjanire a cru bien faire (X.Pflcr'rà: [lW[l~Vfl v. 1136) d'accepter les services : elle a pris pour un bon cplXp[llXxeue; Nessos qui en était un criminel, et le terme n'a sa valeur péjorative que par la situation où se trouve Héraclès. L'autre exemple d'époque classique se trouve dans le portrait d'Eros (Plat. Banq. 203 D) : 3eLVOe; y6fle; xlXl cplXp[llXxeÙe; xlXl crOcpLcrT~e;, qualifications ambivalentes comme tout ce portrait : ({ extraordinaire spécialiste en charmes, philtres et passe-passe )J, il peut être le plus dangereux sorcier comme le plus merveilleux magicien. Ici non plus, le sens défavorable ne résulte pas d'une nécessité propre au terme cplXp[llXxeUe;, mais d'une des aptitudes du personnage qu'il qualifie.. Il ne s'agit par conséquent que d'un des aspects, fixé dans des emplois littéraires (et repris par Plut.. Art. 19, et Luc. D. Dear. 13.1, etc.), peutêtre encore expressifs, d'un terme qui reparaîtra tardivement, lexicalisé au sens de ({ pharmacien, droguiste » (Arétée C.D. 2.12).
§ 308. Ce personnage inquiétant qui tient boutique de mystères en tous genres: surtout drogues à bien (et parfois à mal) faire, formules magiques ou simplement chimiques, matières rares plus ou moins pré-
279
',~
)
,
.....
fI
IXcp fle; 'r0 7tUP IX7t'rOUcrL ;
T
.~,
une lentille de cristal: mystère pOur le bad d au que cette gemme froid ' qUI, sans contact, provoque l'embrasement. e De même, au v e siècle toujours, chez Théopompe (I!. ,
'f
\
'?'
Ir.
2 Kock 1)
'r?V .OLXLIXV YIX~ eupov dcreÀ6wv /JÀflv xLcr'rflv yeYOVULIXV cpIXp[lIXX07tG>Àou MeYIXpLxoU. C'est visiblement le terme usuel, puisque Pollux (VII 196) 1 d Comme employé par Critias (70 D D' 1 ) t ' , . e onne t' " le s OUJours a la même époque e que c est encore lm qu emploiera Eschine (III 162) . ' -'A ' ~ouÀou ~ou cpIXp[lIXX07tG>Àou (sc. ut6e;). . . 0 't'ou pLcr'rOEt ensmte encore Théophraste (Hist. Plant. VI.2.5) . d marrube l' ' \, . eux sortes de L ,une, ~ ~IXL. OL cpIXP[lIXX07tWÀIXL XPWV'!IXL 7tpOe; ~VLIX. , a com~odrte eVldente de cpIXp[lIXxeue; était d'éviter 1 OIseuse, VOIre gênante d'un d " , a preCISIOn , , eUXleme terme qUI mît en valeur tel ~:i::tu:e~ondalre (commercial par exemple) des activités du spéciadentel en
l:~;é:::u~: ~,ot nous par~ît donc avoir été le
substitut, acci, un compose usuel, avec résurgence tard' nou~elle création, au sens le plus ordinaire d'apothicaire qu' Ive ou pose L' 1" a ce coma '. 1 e~p 01 ~n m~~valse part qu'atteste Sophocle (cf. Pollux p r;lll es IXb3Lxfl[lIX'rwv OVO[lIX'rIX) a pu d'autre part nuire à la fortune d~ ce erme a régé dans le vocabulaire technique mais le d' . 'f cpIXP"IX l' ,enomlnatl r xeuw, qUI s emp Ole aussi en bonne part est là le sens initial de ' '.. pour montrer que ce nom n est pas aUSSI etrOItement spécialisé. 1
"
§ 309. àv9p aKEu S. Le .nom du charbonnier est-il celui du fabricant ou du h d? C ertalllement l'un et l'autr , m a r c an .
::~:~~c~:l. charbon de terr:' q~~::~a::sen;~sf~a~~:~~s:~~,~~u:~r: Selon H. Frisk 2.. H.
FRISK
2,
ce terme
l, pp. 109-110.
't seraI un postverbal de clv6pIXxeuw. Cette
280
vue ne nous paraît pas soutenable. En effet si ce verb.e. existe ~ien chez Aristophane, donc avant le nom qui n'apparaît ex~hcItementqu.e chez Ménandre, il a non pas le sens de (c être charbonmer » ou « fabrIquer du charbon », mais celui de « fa~re gr~ller, sur des charbons » (Lys. 340), emploi évidemment secondaIre qUI presuppose le substantif et suggère une recette « à la charbonnière ».. . Le terme &'v6plXxeuç apparaît chez Ménandre (EpLtr. 81, 289), et par la suite encore (( Esope » passim), mais il n'a pu être ignoré d' A~isto phane. En effet, outre que le sens du dénominatif rend .peu vraIsemblable une dérivation inverse, le chœur des charbonmers demande
(Ach. 336) : C'est évidemment là une formation plaisante sur cXv6plXxeuç, du type e de [L~crOM;XUlV, (J)~ÀOXÀéUlV, BoeAuxAéUlV, etc... Donc, au. v siècl.e:, ce mot est certainement connu et paraît avoir une coloratIOn famlhere. Mais à la même époque existe le composé en -mi.lÀt)ç, qui nomme le personnage en tant que vendant cette marchandise : Philyllios 14 (Kock 1) : &'V6PIXX0 7tW À'Y)ç, xocrx~vo7to~6ç, xt)7teuç, xoupeuç,
(sens précisé par Pollux VIL110 : 0 o~ 't'ouç &v6plXxlXç 7tL7tP&'crXUlv 6plXxo7twÀ'Y)ç Àéye~ oùv (J)~ÀuÀÀ~oç èv II6Àecr~ x't'À.). Nicophon également emploie ce terme (fr.. 19 Kock 1) dans une énumération de 30 -7tWÀIX~ (au datif pluriel; et parmi eux, des xocrXLV07tWÀIX~ qui doivent être en pratique identiques au xocrx~v.o7to~6ç de Philyllios dans le passage rapporté ici: l'important est le premIer terme, qui indique sur quoi porte l'activité de l'artisan). Enfin, une scholie à Ar.. Ach. 326 donne &.v6plXxo xlXucr't't)ç comme équivalent de &v6plXxeuç On peut donc penser que &'v6plXxeuç hait une désignation,c~mmode parce qu'abrégée et plus familière, rappelant de façon synthetIque que l'on avait affaire à l'homme au charbon. Notons cependant une amorce de spécialisation qui paraît réserver cXv6pIXxeuç plutôt au fabricant, comme il apparaît dans la notice de Pollux VII.110 : ot 't'ex,vï:'t'IX~ cXv6plXxeï:ç... o oL.7tL7tp&.crXUlV &.v6paxo7twA'Y)ç cf. plus haut).
281
NOMS DE MÉTIERS
EMPLOIS ABRÉVIATIFS DE LA FINALE -euç
§ 310. à.Àq>LTEUS. C'est un mot isolé de tout contexte, constituant à lui seul le fragment 224 d'Hypéride (Blass) : cXÀqn't'eî:ç . ot 't',x
&À'P~'t'a 7to~ouv't'eç,
et qui ne reparaît que chez Babrius (29.4). Si, à l'époque classique, le meunier est désigné en attique par des dérivés de [LuÀoç, [LuÀt) et cXÀéUl, l'existence à cette époque de composés de &À'P~ pour le commerce du gruau d'orge n'a pu que favoriser l'apparition d'un cXÀ'P~'t'euç qui n'aura qu'affleuré au niveau littéraire: or, le terme pourrait nous avoir été conservé précisément pour un caractère familier ou technique, et peut-être en même temps néologique, chez un orateur auquel les anciens ont reproché des faits de ce genre comme des négligences, et qui est de toute manière connu pour la liberté familière .qu'il savait donner à son éloquence 3. On peut penser qu'un Eschme: que nous avons vu s'abstenir de l'innocent crxu't'euç, n'eût pas employe ce mot. Les composés concernant le commerce du gruau sont anciens &À'P~'t'IX[Lo~~6ç cXÀ'P~'t'07twÀ'Y)ç
Ar. Ois. 491, Nicophon fr. 19 (Kock 1),
et il est vraisemblable que pour unifier les noms des métiers ayant cette denrée pour objet, on ait tendu à tirer de ces composés le nom d'un 't'ex,vl't't)ç : c'est du moins ce que nous suggère la notice de Pollux (VI I.18) : .~ 0' cXÀ'P~'t'07tO~tlX cXÀ'P~'t'dlX xIXÀd't'IX~, XIX( ot èpYIX~6[Levo~ cXÀ'P~ 't'û~, ot o~ 7tL7tp&'crxov't'eç ... cXÀ'P~'t'IX[Lo~~oL Il semble cependant qu'on pUIsse VOIr là en outre une répartition lexicale du même type que celle qu'on a rencontrée au paragraphe précédent. On notera que le dénominatif cXÀ'P~'t'euUl apparaît chez Hipponax (fr. 27 Masson = 43 Diehl) : sa rareté - c'est en fait un hapax n'engage pourtant pas à y voir le point de départ d'une dérivation in~erse.. ~l peut certes attester l'existence plus ancienne ou une pre~llere eXIstence. d':m no~ cXÀ'P~'t'euç dans un vocabulaire technique eventuellement lOmen ; malS cXÀ'P~'t'eucrov't'lXç n'étant pas la seule leçon on a peut-etre tort de la fonder sur une référence à ce qui risque de' n'ètre qu'un mot technique ou familier qui n'apparaît qu'en attique et au IVe siècle. Enfin, ces formes simplifiées pourraient ètre bien plus anciennes si
.
3.. Pour le style d'Hypéride, voir Hermogène, IIe:pt 'IIle:wv,
RABE,
pp . 396..18 sq..
NOMS DE MÉrrERs EMPLOIS ABRÉVIATIFS DE LA FINALE -EUÇ
282
la lecture du mycénien t!piteja (PY Fn 187.1) avait quel~ue conSIStance : en fait cette lecture ne s'appuie que sur une vraIsemblance combinatoire.
termes concurrents natif attesté.
283
en particulier, fLEÀ~1:1:oupyéûl est le seul dénomi-
§ 312. Or, Aristote emploie une fois
fLEÀ~o"o"EUÇ :
Hist" An. 626a1ü : les grenouilles gobent les abeilles, a~67tEp x(J(l.
§ 311.
I-lEÀLO'O'EUS'
L'apiculteur est désigné usuellement par d~s composés dont le plus courant est fLEÀ~'t"'t'ouPy6ç, bien attesté à partIr de Platon :
Ré . VIII.564 C (deux sortes d'hommes) : &1 a~ x(J(l. ad 1:av &,Y(J(Oav
p " 'À \ ' pûlOEV ~(J(1:p6v 1:E x.(J(l. VOfLOOé1:lJv 7t6ÀEûlÇ fL~~'t"'t'ovlJ O"ocpov fLE ~'t"'t'oupyov 7tOp eÙÀ(J(~do"O(J(~ ... (celui-ci élimine les faux-bourdons de la ruche).
Dans les Lois VIIL642 D, il s'agit encore d'une comparaison x(J(l. VOfLEÜo"~ x(J(l. fLEÀ~'t"'t'oupyoïç x(J(l. 1:oïç m:pl. 1:!X. ( vofJoOhlJç) YEûlPyoïç r " 1 8 .' L 1:0~(J(\h(J( cpuÀ(J(X1:IJP[o~ç 1:E X(J(l. èmo"1:(J(1:(J(~ç 0pY(J(VûlV VOfLO E1:IJO"E ...
Aristote l'emploie lui aussi, non plus dans une comparaison, malS en montrant l'apiculteur au milieu de ses ruches:
Hist. An. 554 a 2 : èv fL~~ ~ aUo"l.v~fLép(J(~ç 7tÀ~PIJ EUp[o"xouo"~ 1:!X. O"fL~VIJ at fLEÀ~'t"'t'OUPYol. fLéÀ~1:oç.
De même Théophraste Hist. Plant. VI.2.3 : selon la floraison du thym, CP(J(o"l.v ot fLEÀ~'t"'t'OUpyol.
a~Àov dV(J(~ 7t61:EpOV EÙfLEÀ[1:1:0UcrLV .~ o\).
Les papyrus enfin, aux Ille et lIe siècles l'utilisent. On voit d'autre part chez Aristote le composé fLEÀ~'t"'t'07t6Àoç :
Mir. 835 a 23 : .~ fLéÀ~'t"'t'(J( aoxEï 't"!X.ç 1:P07t!X.ç O"lJfL(J([VEW 1:'. " , • f me comprendre les conditions dans lesquelles a pu se constItuer une or A'"
•
Y.
•
abréviative. . Bupcroaé\j;Y)ç est d'ailleurs lui-même encore employé par ArtémIdore d'Éphèse à côté de ~upcreùç (11.20).
,~ 'plus tardif encore il se trouve chez. Proclos (ad. ' . Q uant a 1\00XOoVEUS, 5 Ga·sford) et succède aux composés de ÀIXXIXVO-, ÀIXXIXVy)- Jusqu~ H es. p. 1 1 -À e employe là seuls usités: Pollux donne par exemp e ÀIXXIXV07tW IXL c,o~:u par Critias (70 D Diels), terme que Proclos donne precIsement pour équivalent de ÀIXXIXveùç. , .d d L'Anthologie atteste encore un ÀIXXIXvy)"A6yoç (IX.318, Leom as e Tarente). , l e s t un substitut peut-être mais non nécessairement tard~f A IXXIXveuç . ., '1 d" . -' - s de composés usités pendant toute l'antIqUIte, et 1 Olt Jouer VIS a VI ' . , J C ICK AJA 63 1959, p. 137; J. CHADWICK, 4 H. MÜHLESTEIN CIte par . HADW t '20 (_ 41) . faire intervenir plutôt 19-26 notammen . . M yc.. St u d·w~, 1964,pp . *,' 1 forme thématisée ll[x'I"uo'l; mIeux encore un athématIque neutre IlLX'I"U que a 1 5 . D" t l 287 *1le:LX'I"U- P. CHANTRAINE, REG 80, 1967, pp. - , LC. ,p. .
Jè
On peut avec quelque vraisemblance supposer une telle origine à un mot comme TOoluEUS (Et. Byz. sous "t"IX[LLdov ; papyrus). En effet un sens plus spécialisé que celui de "t"IX[L[IXÇ suggère d'y voir, plutôt qu'un substitut surdérivé de ce dernier terme, une abréviation de "t"IX[LLOÜXOÇ, car tous deux font partie d'un vocabulaire commercial où ils désignent un magasmler, acception plus spéciale que ne paraît pas connaître "t"IX[L[IXÇ. Quant à ya.yya.fLEUS, il paraît être une abréviation de YIXYYIX[LoüÀxoç qui le glose d'ailleurs chez Hésychius, mais ce n'est qu'un terme de glose (voir § 339),
§ 318. L'emploi abréviatif nous paraît donc probable pour un certain nombre de noms de métiers ou de spécialisations. Les termes obtenus de cette manière sont assez nettement teintés de familiarité dans plusieurs cas et plus récents que les composés auxquels ils se substituent; ils sont le plus souvent absents des inscriptions, où seule figure la forme composée, et se signalent ainsi comme des éléments de vocabulaire facultatifs et incomplètement fixés, fournissant la possibilité d'un résumé commode et global à des formes que le sentiment vivace de la composition a constamment maintenues, à un certain niveau stylistique du moins. Il semble d'autre part que cet emploi soit ancien, si les indices morphologiques que nous en avons relevés sont valables: les cas de aÀLE:Ùç, ·de myc.. *zeukeu et *kureu nous inclinent à penser que ce procédé abréviatif est en grec d'une grande antiquité. On peut alors s'interroger sur l'origine de certains dérivés en -eùç anciens, attestés dès le mycénien, qui paraissent eux aussi formés sur une base nominale. Bien qu'ils ne soient plus en rapport de concurrence directe, mais tout au plus de synonymie plus ou moins étendue avec des composés, ils pourraient avoir joué ce rôle abréviatif avant de se fixer en se spécialisant. Aussi bien avons-nous vu des mots comme <xv6pIXxeùç ou &Àqn"t"eùç tendre à se spécialiser pour désigner des fabIicants plutôt que des commerçants. § 319.
Xa.À.KEUS .
Ce mot nous est désormais connu dès les plus anciens textes grecs, puisqu'il est d'un usage courant en mycénien. A l'époque historique
EMPLOIS ABRÉVIATIFS DE LA FINALE
288
-ZUç
il apparaît comme un mot stable, et usité dans tous les styles à toutes les époques, ce qui le distingue de ceux qui ont été précédemment étudiés. Pourtant il ne s'agit pas là d'une différence de nature, mais à notre avis d'une simple différence d'âge, un long usage ayant fortifié une forme de même origine que crxu1'zuç ou plus tard ~upcrzuç. Sans doute, grâce au mycénien, est-il plus anciennement attesté que tous les composés en XrxÀxo- décrivant des métiers du bronze, mais on ne saurait rien inférer d'un silence du mycénien, et, quoi qu'il en soit, il a toujours existé au premier millénaire à côté de xrxÀxzuç plusieurs composés qui ne sont pas tous des créations postérieures ou artificielles. C'est le cas de XrxÀxo1'U7tOç, attesté au v e siècle chez Phérécrate
(fr. 130 Kock 1) : 1'[ç
~'Ècr6'~[L!:v
1'WV crwv &po1'wv ~ ~uY07tO~WV E"t'~ Xpdrx XrxÀxo1'U7tWV .~ cr7tÉp[Lrx1'oç .~ xrxprxxtcr[Lou ;
.~ ~pZ7trxvoupywv ~
Si Xrx'Axzuç reste de beaucoup le plus employé, ce composé apparaît à toutes les époques dans des emplois où il est son synonyme : Xén. b Rev. IV.. 6; Ages. 1.26; Démosth. XXV.38; Aristt. Pol. 1252 2; div. somn. 290b 28.
§ 320.. Seul un passage de Xénophon (Hell. IIL4.17) qui donne les deux mots à la fois dans une même énumération pourrait faire douter de cette synonymie : o~
oL
xrxÀxo1'U7tO~ xrx~ O~ 1'zX1'ovzç xrx~ O~ xrxl\XZ~ç xrx~ /
1'Z
~wyp&<po~
\
7t&v1'zç
(
,
7toÀz[L~XtX
\
()7tÀrx
(,
'\
ft>
\
xrx1'zcrxzurx~ov.
Si le texte n'est pas altéré, il faudrait admettre que les deux mots n'ont pas le même sens et peuvent s'être spécialisés dans l'usage, l'un restant clairement la désignation du forgeron en bronze, l'autre prenant la valeur plus générale de forgeron . Cependant, si l'on rapproche de ce passage le passage parallèle de l'Agésilas (1.26), on constate que si l'énumération commence toujours par xrxÀxo1'U7tO~, XrxÀxz!:ç y est remplacé par m~'Y)pdç. C'est de même cr~~t)pdç qui est coordonné à XrxÀXo 1'U7tO~ dans les Revenus (IV.6). Même si l'on conteste à Xénophon l~ paternité de l'Agésilas, le texte des Revenus offre donc le type d'une énumération qui ne paraît pas pléonastique :
xrx1'rxÀuov1'rx~
oL
xrxÀxo1'U7tO~,
xrxl. oL
cr~~t)pz!:ç
yz ÛlcrrxU1'WÇ.
289
NOMS DE MÉrIERS
I~ en résult~ que XrxÀxz!:ç doit n'être en Hell.. IIL4.17 qu'un écho fautIf du premIer membre d'un type d'énumération dont l'Agésilas comme les Revenus donnent la seule forme correcte : dans ces trois passages XrxÀxo1'u7tm doit s'opposer à cr~~t)pz!:ç, la seule distinction à faire étan~ alors celle de gens de bronze et gens de fer . Nous aurions là l'indication que XrxÀxo1'U7tOç équivaut à xrxÀxzuç, en sorte que c'est précisément son voisinage qui entraîne par référence implicite à XrxÀxeUç la création de O'L~hlPEUS dont c'est là la première apparition 5 : exemple d'un terme form,é par dériv~tion directe sur le nom d'une matière, d'après un modele plus anCIen dans la même sphère sémantique, procédé qui a dû être très productif. En conclusion, on admettra que malgré une ancienneté qui nous l~as.qu,e ~e déroulement des événements, xrxÀxzuç peut résulter d'un proced~ d ou nous avons vu sortir crxu1'zuç, et qui est comparable à la dériv~tlOn ~ypo.coristi~ue. En to.ut cas il paraît bien synonyme de XrxÀxo1'U7tOç, 1 un etant d un emplOI courant, l'usage de l'autre pouvant correspondre à un désir de plus de précision quand doivent s'opposer des groupes que l'on ne veut pas qualifier globalement de (c forgerons ).
.§ 321: Nous tiendrons pour probable que KEpa.J.LEUS, terme ancien lUI ~USSI, est dû à une abréviation de cette sorte, et qu'il a, lui aussi serVI de modèle à la création d'autres termes. Mais ici, à la différenc~ du cas précédent, l'usage de tout composé paraît avoir été oublié dès une époque ancienne. En effet, ni en mycénien, où ce mot est connu (~our~nt à ~Y',attesté à MY), ni dans l'épopée (1: 601), ni à l'époque hlstorrque, Il n apparaît en concurrence avec aucun composé : xzprx[Lo7to~6ç n'est qu'un terme de lexique. Situa~i~n défavorable qui, croyons-nous, n'exclut pourtant pas une telle orlgme. En effet la matière traitée par cet artisan étant vile et les produits ~e son industrie d'usage quotidien, la familiarité du ;ersonnage devaIt être grande et favoriser l'apparition de dénominations plus rapides et familières H Or, il est notable que dans ce domaine des artisans la résistance des noms composés à une telle abréviation se.m~le directement proportionnelle à la valeur de la matière traitée . A.msl l'orfèvre à aucune époque ne s'est appelé *Xpucrzuç, mais en mycé·· men kurusowoko (PY An 207.10) et à l'époque historique surtout XpucroX6oç ; ainsi le spécialiste du xurxvoç ne s'appelle que kuwanowoko . 5. Il ne sera à nouveau attesté que tardivement : Arétée SD . 1 11 . Thémisbos Or. 20.. 236 D.. . , 6 C'est, nous dit Polybe XY.35 . 2, une 81]flO't"lxi) XOoL 't"()(m:~v~ 0TC66e:mç 19
290
EMPLOIS ABRÉVIATIFS DE LA FINALE
-ZUC;
en mycénien (MY Oi 701.7; 703.2; 704.4; 705.4) ; ains~ av~ns-nous vu X(J.ÀXZUc; dans une situation intermédiaire à l'~~oque hlstorIq.ue où: en cas de besoin, un composé peut reparaître. A lmverse, le potier qUl n'existe que sous le nom de xZp(J.!J-ZUC;, a pu être tôt l'objet d'une dénomination familière du type de celle que nous avons vue apparaître CHAPITRE IV
avec O"xu't"ZUc;.
§ 322. Toujours est-il qu'il a lui-même servi de modèle à la constitution de termes nouveaux. Ainsi XUTP€US, qui est apparemment une innovation de Platon 7, ou qui, du moins, n'apparaît que chez lui (Rép. IV.421 D ; Théét. 147 A), comme un concurrent de xZP(J.,!J-ZUc; .fait sur XU't"P(J., sorte de variante facultative. En effet, dans la Republique (loe.) reprenant l'exemple du potier déjà présenté sous le nom de xZp(J.~ZUc; dans le même chapitre (Rép. IV.421 A) : .. , wc; &v ,O"O~ 7tZ~6Ûl!J- z6 (J., oU't"z 0 YZuycp.... y ! 1 as: TOUTOUÇ excxÀouv, U}e; TOUÇ ,,>UYLOUÇ . Qualifiant aussi des hommes, il se rencontre comme substantif dans les papyrus des me et ne siècles AC., ainsi que da~s l~ Septante. , . Dans ces conditions, VU}TÛÇ nous paraît provemr d un texte ou Il aura fourni une abréviation exceptionnelle dans l'usage littéraire, mais commode et plus nettement substantive que vu}Toq:>6poç. En ou:re, l'indication de Pollux invite à penser que vU}Teuç était d'un emploi plus répandu que ne le laisse soupçonner le témoignage littéraire: elle semble faire allusion à un fait de langage parlé à l'époque classique.
§ 325.
XÀWpEUS.
Il s'agit d'un oiseau inconnu 2 dont Aristote signale l'incompatibilité d'humeur avec d'autres espèces (Hist. An. 609 a7 et 25-26), et dont Hésychius mentionne simplement la couleur: l , 6'CXpLOV XI\U}POV. ." XÀU}peuç . 0PVL
On rapprochera, pour la forme, XÀU}p[ç (fringilla chloris : Aristt. Hist. An. 592 b 17, 615 b 32; Nicandre fr., 54; Elien N"A. IV,,47), et XÀU}ptU}v (oriolus galbula : Aristt Hist. An. 616b 11, 617 a28), noms qui, eux aussi, évoquent la couleur de chacun de ces oiseaux. Ces mots constituent ensemble une série qui rappelle les séries d'hypocoristiques et de sobriquets humains, et à la base de chacun d'entre eux il faut probablement supposer un composé indiquant quelle partie du corps ou du plumage est de la couleur en question. Il existe d'ailleurs au moins un oisea:u décrit par un composé de cette sorte : 7teÀeL<x'ç XÀU}p67tTLÀOÇ (crocopus chlorogaster : Elien N.A. XVI.2), cependant que le rossignol, déjà dit dans l'Odyssée (T 518) XÀU}PY)tç &Y)awv, est décrit par Simonide (fr. Page 586) comn;-e &'f)l'l6v~ç ... XÀU}pcxuxeveç. Une fois encore, la forme en -eue; peut aVOIr fourm un raccourci substantif, et de ton apparemment familier, à quelque composé descriptif et sans doute adjectif. L Le texte traditionnel de Xénophon porte ici le substantif neutre ":0 vw,,:o. 2. D'ARCy-THOMPSON, B~rds, p . 331.
~6pov.
NOMS n'ANIl\IAUX ET D'OBJETS
293
§ 326. Les poissons, autant que les oiseaux, font partie du monde quotidien et sont aussi appelés familièrement, surtout d'après leur aspect. C'est en particulier le cas des diverses variétés de muges et de mulets.
Ai~si
il n'est pas douteux que O'<j>TJVEUS (Ath. VIL307 B, et pap. du me sIècle AC.) ne soit une dénomination de caractère hypocoristique ayant pour base un adjectif descriptif dont crq:>~v, le « coin », fournit le premier membre, qu'il s'agisse d'un terme assez général comme crq:>Y)voe~a~ç (Théophr. Caus. Plant. 1.6.8; etc,.) ou plus précis comme crq:>Y)voxÉq:>cxÀoe; (Strab. 11.1.9). De la .même manière KEO'TPEUS, usuel depuis le ve siècle AC. , et . connu prmcIpalement par la littérature comique, est, comme son synonyme xecrTp~voÇ (Anaxand 34,,8; Hyp. fr. 188), une appellation de forme nettement ~ypocoristique tirée d'un qualificatif dont XÉcrTpCX « marteau » fourmt la bas~. Cette image est d'ailleurs confirmée par le fait que .XÉcrTPCX, poisson voisin ou identique (Ar., Nu" 339; etc.), s'appelle aUSSI crq:>upcx~VCX (Aristt. Hist.. An. 610b 5), terme dérivé de crrpupcx, autre nom du marteau.
§ 327.,
CTTPW!LClTEUS"
Ce terme désigne principalement un sac de toile rayée ou bigarrée servant au transport de la literie (T<X. crTpWtLCXTCX). En ce sens le mot est bien attesté dans la comédie nouvelle. Alexis 115 (Kock II) : d6' opw TOV 'EptLcxtcrxov TWV !Xapwv TOUTU}V T~V<X. x&v6cxpov xcxTacrTpÉrpoVTCX, 7tÀ'f)crtov as: xettLevov crTPU}tL CXTÉOC XCX~ YUÀLOV drrou, Apollodore de Carystos 2 (Kock III) TOÙe; crTpU}tLcxTe~ç ~Àuov, Apollodore de Géla 5 (Kock III)
tL&xa~pcx, A6yXy), crTpU}tLœreUe;, (aussi Antiphane 38 Kock II, cité par Pollux X.138). Il s'agit donc d'un bagage associé au sac à vivres et aux armes. Quant à sa fermeture, elle est assurée par des œillets de bois dur dans lesquels doit coulisser un lien : _ Théophr,. Hist. Plant. IV.2.7 : 7tUp~VCX as: tLÉyav xa~ crq:>6apcx crxÀY)pov ~ \ , , '" ou TOUÇ XP~Xoue; Topveuoucr~ TOUÇ e~ç TOUÇ crTPU}tLaTûç a~CX7tmx[Àouç.
è~
294
EMPLOIS ABRÉVIATIFS DE LA FINALE
-euç NOMS D'ANIMAUX ET n'OBJETS
C'est, aux rayures près, le sac de matelot et le sac allongé dans lequel de nos jours encore les soldats entassent literie et vêtements lorsqu'ils changent de stationnement, Or ce mot est certainement une abréviation assez récente de O'''t'PW[w."t'6aeO'!L0v (Plut. Caes. 49), comme nous l'enseignent les notations des lexicographes et les protestations des grammairiens :
Pour désigner la lampe outre l'usuel À '. ' . 1 À 1 A' uxvoç, eXIste e composé ux,voux,oç, putot candélabre, ou lanterne Ce mot t b' t . es len attesté no amment chez les comiques attiques : ' Phérécr. 40 (Kock I) :
Phrynich. 379 : O'''t'pW!LiX''t'euç &Mx~!L0V . 0'''t'pw!LiX''t'6aeO'!L0v &.PX,iX~OV XiX!. a6x~!Lov.
Pollux VII. 79 : & aè ot 7tiXÀiX~OL 0""t'pw!LiX"t'6aeO"!LiX, "t'iXü8' ot ve(Û"t'epo~ O'''t'pW!LiX"t'e:Lç ~Àeyov, È;v olç, wç !Lèv "t'Oi5vO!LiX aYJÀo~, "t'Ii O""t'PW!LiX"t'iX &.7te"t'Leeno, a~Àov aè ih~ XiXt "t'liç &ÀÀiXÇ È;0"6~"t'iXÇ. Le terme premier désigne donc explicitement un emballage à couvertures, et c'est bien ce terme qui est employé par les classiques : Xén. An. V.4.13 : les Mossynèques portent une tunique courte faite d'un tissu très épais, mix,oç wç À~voü O""t'pw!LiX"t'oaéO"!L0u, Plat. Théét. 175 E : ... aouÀ~xiÎ. ... a~iXXOV~!LiX"t'iX, olov 0""t'pw!LiX"t'6aeO"!L0v ... o"uo"x,euiÎ.o"iX0"6iX~, Eschn. II.99 : O"uvYjxoÀou6ouv a' <Xtl"t'é» &v6pw7to~ Mo 0""t'pw!LiX"t'6aeO"!LiX q>épov"t'eç . È;v aè: "t'é» hépcp "t'ou"t'wv, wç iXÙ"t'bÇ ~q>YJ, "t'iÎ.ÀiXV"t'OV tv~v &pyup~ou, (déjà Ar, fr. 253 Hall-Geldart ; Phérécr. 185 Kock I). Les autres emplois de O""t'pW!LiX"t'euç, dont aucun ne paraît contemporain de 0""t'pw!LiX"t'6aeO"!L0v, résultent de métaphores, ou de comparaisons avec le sac en question: évocation, sans doute, des rayures mentionnées plus haut par Théo·, phraste et de la forme allongée, lorsqu'il est question du poisson que décrit Athénée (VII.322 A) : ... ~x,6uç .. , piÎ.~aouç ~x,wv a~'6Àou "t'ou O"w!LiX"' "t'oç "t'e"t'iX!LéviXç xpum~ouo"iXç, wç LO""t'OPÛ EUC;, connu depuis l'époque mycénienne et que l'on peut aIre reposer sur le nom du fruit de la cardère utilisé po l ' xvœcpoe; . Mais aussi vraisemblable est u d'" ur e peIgnage, t ne envatlOn mettant ces deux ermes Sur un même plan par rapport à xvJ.7t"t"w J'u et la plante comme outil (voir § 403). , n comme agent, Tels sont KOUPEUC; (vo'r § 75) d 1 plutôt d l , e XOUpOl au sens de « chose à tondre» ar H .que , e « tont~ », et .la forme probablement dialectale conservée P esyc h lUS xopcreu,- (voIr § 155) P Our xopaw"t"EUe;, voir § 439. ET Il a,ÀÀEUC; (voir § 75), de [LÉTOlÀÀOV au sens de « mine » 1fOtKtÀEUC; (voir § 93) cl ') d . sen d bd' , e 7tO~X~ ,oe; ans ses emplois substantivés au s e « ro enes ». ' l
"
.,
MÉTIERS ET FONCrIONS
313
SÉRIES DANS LES APPELLATIFS
312 01-'-a.Àeue;
recherché.
,
(voir § 112), de l'adjectif ofLIX.À6ç qui qualifie le
rés~ltat
.
( . § 112) de 6TC'rIX.'16ç dans ses emploIs substantifs dési-
O'lTTa.veue; VOIr , gnant des viandes grillées. , , . 127) nom de l'orpailleur: ce mot repose sur crIX.ÀIX.1; O"TJÀa.yyeue; (vOIr § , . d l'orpailleur' l'utilisation d'une table e , (H sc h . crlX.'ÀlX.y1;) , nomb du tamIS 1 nt dit en français « berceau )) ?) peut etre de lavage (du type ascu ~ '. _ 1; élément du matériel de responsable d'une contammatIOn parI cr~PIX.Yl·" (Agatharch. 27) d " t comme une planc le Inc Inee . cet ouvrIer, ecn . d . , ' ( ' § 127) de ()cr'rpw{Q'I qui désigne les pIèces e varsOo"Tpa.Keue; VOIr , A
selle; Ka.I-'-Lveue; (voir
des fours à usage industriel
§ 127), de x<X.fLW~Ç, nom
four à chaux, forge, four de potIer. é'
Puis, après l'ère chrétienne, o'\-La..,eue; charretier, de &fLlX.~lX.·
(
.
VOIr
§ 136), comme nom du
(x.pti"-IX.'10ç plus ancien), nom l-' du four à usage alimentarre. ,. . . § 153) , sur E:'À'E:ql (J.I"''0 au sens d • IVOIre. · t 'Àe-"a.vTEue; (voIr ,A qUI pourE t tar d Ivemen e 't' On notera dans ce cas l'existence de composes de ~eme sens, mais . t ' entuellement s'être réduits à ÈÀE:qllX.'1'rE:Uç : E:ÀE:qllX.'1'ro'ro~oç ( raren ev " . 0 C' IL514) ÈÀE:qllX.'1'roupy6ç (mals connu peut-être poetIque. pp yn· . ~ ) C'est un terme poétique 3119 assez tard : ApolL Dysc. Pron... ,e c ... KÀL~a.veue; (voir
'r
qerana1~I Ta 71L23) ? C'est ce que propose M.. D. .PErRusE,vSKr, Zwa .Ant~ka 15, nou~ 60 (= MDP 11) répondant ainsi affirmatIvement a un~ questI,on ~ue nouS p, t me d'une démarche inverse Mais d'autres mterpretatIOns sont pos;i~;~~sn~~a~:ent celle de J c.. KAMERBEEK, Mnemosyne 9, .1956, p, 33.8 (= J~a ~' re ris'e al C. J RUrJGH, Études, § 106 et note 1.47: ce se.raIt un v,ase a eau c au e P t lePnom pourvu du même suffIxe, dériveraIt du radIcal de 8zPOfL()(L, La forme do n , . t a e à une anse et de l'idéogramme 204 qui accompagne ce mot et. repres~n e. un vNs d t . l ' asé ne s'o ose à aucune de ces deux InterpretatIOns Jotons cepen an ~uceol':~se ~nique s~Pprête spécialement bien à un déversement, et le col large à un déversement en nappe,
§ 350. En regard de cette variété et de cette abondance, les noms exprimant un rôle dans l'organisation politique, sociale et religieuse, et reposant sur des thèmes simples, paraissent remarquablement peu nombreux, surtout si l'on considère l'importance ancienne de cette zône sémantique dans les formules abréviatives (voir §§ 269-298) : souvent familière, la formation a nettement tendu à se spécialiser au niveau des fonctions subalternes du commerce, de l'artisanat, de l'agriculture, de la pêche, et les séries que l'on a vu s'amorcer et se développer dans ce domaine n'ont pas proliféré dans celui des fonctions sociales,. On citera ypaflflaTeu5 (voir § 75), mot important du vocabulaire administratif, qui, dans ses multiples emplois, désigne proprement un préposé aux écritures : ses composés exprimeront les spécialisations et les rapports hiérarchiques. (Cyr. IL2.30 ; VIILL14) les membres d'une ae:xci-ç, escouade de 10 hommes, avant de désigner localement (Trézène IG 4,.748.21) le président d'une commission de 10 membres. ÂeKa8eu5 désigne chez Xénophon
BaKxeu5 enfin, terme poétique qui ne se trouve d'abord que chez les Tragiques (puis Orph., Hymn,. 45,.2; Anth, Pal" IV.156), s'il n'est dans une partie des cas qu'un doublet élargi du nom du dieu Bci-xxoç
316
SÉRIES DANS LES APPELLATIFS
(Soph . Ant. 1121; Eur . Ion 218; voir § 76), s'oriente parfois vers, la désignation du célébrant (EschL fr. 86 Mette, surnom d'Apollon; Eur,. Bacch, 145) 11, bien qu'il soit en fait difficile, notamment chez Euripide, de distinguer le dieu bacchant de l'homme bacchant. En outre, même dans les cas où il peut s'agir d'un célébrant, le terme ne peut s'incorporer à une série que sur un critère purement formel qui le vide de sa tonalité propre, et cette tonalité est précisément dans l'ambivalence célébrant/célébré.. C'est dans le répertoire des épithètes de Dionysos qu'il s'est en tout cas fixé (SIG 1014 . 145 Erythrées ; SIG 1024.25 Myconos), et par là, il appaItient principalement au registre examiné plus haut (§§ 208-219).
§ 351. La finale -e:uc; fournira un grand nombre de noms de fonctionnaires de la démocratie athénienne (et non de magistrats), mais sur les bases beaucoup plus abstraites fournies par des noms d'emplois le plus souvent déterminés par un préfixe, cependant que des rapports d'autorité et de collégialité s'exprimeront par la préfixation de formes en -sDc; déjà usitées depuis longtemps. C'est, à l'époque classique, le domaine où s'élabore un type qui envahira les langages techniques aux époques ultérieures (voir §§ 408410).
§ 352. Pour ce qui est du mycénien, les noms de ce type y paraissent assez nombreux parmi les appellatifs en -eu, bien qu'il n'yen ait pratiquement pas qui ne posent individuellement des problèmes d'interprétation., Pour le détail des références, on renvoie à la table alphabétique des §§ 160-180 Le plus clair est kanapeu (voir § 168), dont la forme impose prati·· quement une lecture xvct:~e:DC; bien que les contextes ne fournissent aucune indication dans ce sens. Mais pour l'interprétation morphologique de xVct:~e:uc;, voir §§ 344, 403. D'interprétation moins assurée sont des termes auxquels on s'accorde cependant à donner une base nominale : wirineu (voir § 179), si l'on doit bien le tirer de wirinewe (datif ?), semble être un nom d'occupation plutôt qu'un anthroponyme. On y iL Pour ces désignations, outre myc, posidaijeu (voir § 352), on aimerait que soient plus sûrs 6PYEÙÇ (sa présence comme doublet de 6PYE0W dans une inscription attique et dans un fragment de Lysias cité par Harpocration paraît cependant probable) et dxctikùç (E FRAENKEL, Geschichte der gl'iechischen Nomina Agentis ... , Strasbourg, 1911-1912, t, II, pp. 71, 180).
MÉTIERS
ET FONCTIONS
317
voit le plus Souvent 1 d' . , e nom un OUVrIer du cuir, fpi:vsuC; 12 a 1 on pourraIt se demander s'il n" ' uque cas d' , Y a pas la une forme abréviative et autre part un correspondant cnossion du Tl' k ' (voir §§ 276-277)' p) ren ureu lu crxu),e:uc; . ,questIOns auxquelles notre documentation ne met pas de repondre. perv
lwmaeu (voir § 168) dé ' 'P 1 Q Il ,srgne, a y os, le tenancier d'une terre dite sort law;w, ue: ~ued la réalité de cette fonction, ainsi que le sens et bibl~:me p~ecrse, e ~ama, que l'on ignore (voir MGL s.v, avec une 1 d' ~rap~re qUI ne s :st pas enrichie d'hypothèses utiles depuis 1963) a errvatron postnommale e s t . " ' la J I " assuree, et le caractere srgmatique de Jase r;ama tres probable et e t t 'd' . ' , n ou cas, rn rspensable pour kamaeu 13 n~enteu (~oir § 170) apparaît comme un nom de fonction ou d'occu~ pa~ron, et ,cEest en rapport avec le nom du miel qu'on l'interprète ordi narrement n effet un ,rapport avec le nom de l'ab 'Il . f ' . attendre *meriseu, paraît exclu, comme il a été recon er e , qU,r leraIt temps 14 L ' nu d epurs onO'. a questIOn est donc de savoir s'il ' ' , '" d' f ' , s agrrart par exemple une onctIOn reIrgieuse et quel sera't ' , . , r , en ce cas son rapp t m~ndama ,q~i paraît désigner, lui, un fonctionnair~ religieux orue ac::~ tams consrderent comme ayant responsabilité du miel r5 , q
k
poqateu (voir § 174), nom de fonction ou d'occupation t d' , rement d' t ,es or mar_ 1 ~6 rre~ ement ou non, mis en rapport avec ~op~cX (par ex * 0 ~ct:Te:UC; ), L absence d'un contexte réduit l" t .' . ,~ ~d d' m erprete aux facIIrtes f ~ngereuses, ~ne recherche purement formelle. Le document Qa 1295 arsant partre d un groupe qui . d 1 ' . ' pour pres e a moitié, concerne prêtres t e .p~et.resses, on peut se demander s'il n'y aurait pas de pla specraIrste des herbes * p. 1 ce pour un ' ' ~OPi"'ct:VTe:UC;, en se rappelant la glose d'H' h c lUS ~6pP.ct:VT . ' " . esy'. i"' ct: ~ct:Tp~Xct: ~ct:p[Lct:xct:. Mars ce n'est là qu'une comb' , ll1demontrable. A ces termes on ajoutera des d' . . d rnarson d f . ' esrgnatIOns e membres e con renes ou de thiases comm 'd . - (d § 174) . d' . e pOSl alJeu at, plur., -eusi, voir ,qUI esrgne, dans un document commémorant u d' t'b ' d'or (' . ne rs n utIOn ge a usage ntuel?) un groupe de b' . fi .. , ene lCrarres : autant que des
g
~. ,LEJEUNE"Mé~noires, p, 133, note 20 (= ML 7) Olr, en dermer heu A HEU Z- A . 14" Pour la forme d'Ari~tote EÀBEC~, w~ ntûw 15,1966, p. 268 (= AH 65) l~ T unique de [léÀt, tel qu'il apt.rratî~(J~~~s~~I~!Ji ~; 1-312 Meri,te,u, suppose bie~ poç, etc, J, dans les composés Icf EÀ •À 0 , dans les derrves (cf. [lÛ~TI) groupes -ty-, qui est invariable~en~ tTO:,W t1)7' etc. J, et non la transformation des ' ' represen ee" en myc' par s ' toso (-(J- ou -(J(J- ?), O perosa ( -(J-, m~towesa (-(J(J-). , ) 15 Voir notamment J.-P" OLIVIER A 1'0 os d' . M, LEJEUNE, Mémoires, p, 193 (= ML f:) ,P une üste"", pp., 42-45, (= JO 2) ; p, 87 (= FA 11), meriteu équivaut à merida~our F ADRADOS, Emerita 29, 1961, 16, C. MILANr, Athenaeum 46, 1958/4, p. 40~ (= CM 3)
318
SÉRIES DANS LES APPELLATIFS
pretres (MGL") s. " , ce peuvent etre d es fil d'el es groupés 'd ,. pour la fréquentation du sanctuaire connu d'autre part: POSL aLJO, , , A
A
d",
( , §164) qUInes , , t q ue singulier , est de valeur mcertame. LWLJeu VOIr '. '1 s'a 'isse de la désignation d'un prêtre, Il est cependant possIble qu~ :Uais sur un terme intermédiaire en reposant non sur le nom de eus, '17 -LOV, soit le nom du sanctuaire de ce dIeU
§ 353. Beaucoup moins interpréta bl es son t les mots suivants . , ' 1 ent être un nom d'occupatIOn, arojeu (voir § 162) qUI peut, slm P em du batteur de grain, avec ' 't' f ' uemment comme l e nom .. mterpre e tantot re~ a" CÛ,OLIXCV , 18 , t an tôt , ce qui justifierait sa présence ICI, référence ") '19, à &Àcvç ou IXI'.CV'f) , , , ui est certainement un nom de fonctIOn, pour edaeu (vou § 165), q ' t 'IOn satisfaisante', l'hiatus intélequel on ne peut proposer d "mterpreta . ' u n thème neutre en S ; d' rIeur . § 169) , qui paraît être un nom oc(d t plur -neUSL. , VOIr , k " suggere LJoneu a.. la base . , , , . ite à poser un thème noml, 20 dont cupa t IOn , termlnee en n, lnv nal ; , ui est aussi un nom d'occupation 2\ à la base perekeu (vou § 173)" q , d l hache qu'il s'agisse d'un d l on pose d'ordmalre le nom e a , uque d l hache ou d'un fabricant de haches; usager e a , . d' . . fin connu à Cnossos et à Pylos, qUI eSlgne un woweu (VOIr § 180) e n , " l' ctivité Un rapport avec le 22 d t on ne peut precIser a . . . 'Il traVaI eur on . 1" ne peut être établi, malS wowo de sens Inconnu UI aussI, 1· terme py len , . 'bl ' l'est pas pour autant lmpossl e. une base nomlna e n 1958, . 846) (= AH 8) Par exemp 1e A . H EUBECK , Sprache 4,188 (_ pCM L. S LA La Ci\liltà micenea., p . rEL,,, 71 (_ CR 32) C. J. RUIJGH, Etudes, :p 2 _ 45). , . L. PALMER, Inte,rpr~tatwn, fL,A 4(2: ~L 12) et Add.. p . 338; mais, on ht a~~~ M. Men:oues, p.. le tissage .. L , . LEJEUNE, nom en relatlOn avec , . PALMER, Interpretatwn, p. """""" 1tAE:XE:UÇ,
17 . 18 19 20. *.,21.
(=2;PL45~ALMER,
LP
Interpretation, p . 464 (= LP 45).
CHAPITRE Il
BASE NOMINALE SIMPLE ANIMAUX, OBJETS, TOPONYMES (§§ 354-376)
§ 354. On a vu plus haut (§ 325) qu'un nom d'oiseau comme XÀcvPEÛÇ pouvait s'interpréter comme la réduction hypocoristique de quelque
épithète descriptive, faisant du caractère évoqué par cette dernière le trait signalétique d'un être, ici d'une espèce. C'est sur une base nominale que doivent reposer plusieurs noms d'oiseaux, dont certains, à vrai dire, peu clairs. Si la seconde glose d'Hésychius (voir § 155) à Kopuvlleus, &ÀEX"t'puwv, permet de rapprocher ce terme de xopMlcvv' &ÀEX''t'puwv, on y verra l'altération d'un sobriquet qui fait alors partie d'un groupe signalant le coq comme porte-casque. Quant à °xoLveus, terme rare, - en fait hapax chez Anton. Liber. 7 _, il désigne un oiseau peu identifiable, Pour la forme, il est à rapprocher de crXOLV[CVV (Aristt. Hist . An. 61OaS) et d'un terme incertain, crxoLV[Àoç (Aristt. Hist. An. 593b 4 : ou -[xÀoç ?), et il pourrait éventuellement désigner le même oiseau, la bergeronnette (Motacilla). S'il n'est pas assuré que ces termes doivent se rapporter à crxoïvoç, nom du jonc 1, la chose ne paraît pas invraisemblable, d'un oiseau dont l'attirance pour les lieux humides est Connue.. On ajoutera qu'il ne s'agit pas nécessairement de la bergeronnette et qu'on pourrait avoir là le nom d'Un oiseau franchement aquatique et nichant dans les roseaux. Le même principe d'explication pourra être retenu pour àypeus qui apparaît comme nom d'oiseau chez Elien (N.A . VIII.24) . Pour un emploi différent, mais supposant les mêmes bases, voir §§ 212-214.
§ 355.. Les problèmes posés par
~pLlleûs sont insolubles..
Ce mot fait partie d'une série désignant, semble-t-il, un même oiseau, le rougeL Voir D'ARCy-THOMPSON, Birds, p.. 276.
ANIMAUX, OBJETS,
321
IOPONYMES
SÉRIES DANS LES APPELLAIIFS
320
.h . b la? 2) et donnée par la scholie à Aristophane, gorge (Ent aeus 1 u ecu . , (;'" " 1 Guê es 927 : « [LLx À6XfLYl Mo Èp~6&xouç où "t'pt€ûs (Dorio cf. Ath. VII. 297.C; Hsch.. ), qui n'est cependant pas décrit, est nommé d'après son aspect et devait être hérissé de piquants, tel le fruit de la cardère (on peut songer à quelque variété de rascasse). 3 C'est à titre de sobriquets que xoupsùç (Hsch.) et ~()(mÀsùç (Arstt . Hist. An. 592 b 27) désignent des oiseaux 4. Voir D'ARCy-THOMPSON, Birds, pp . 132-133 5. Le Saint-Pierre, dont le nom scientifique, Zeus (aber, ne fait que traduire littéralement le nom grec, porte en français des noms familiers qui sont significatifs, comme Dorée, Jean Dorée, et dûs à l'éclat métallique de ses flancs 21
ANIMAUX, OBJETS, TOPONYMES
322
323
SÉRIES DANS LES APPELLATIFS
Moins bien attestés et plus isolés sont : 8aKTuÀeus (Ath, VII.307.B) ainsi nommé pour sa minceur; O'KLa8eus (Ath VII,322F;
cf. Hsch... , "mEç iî~ Q'x[cma) ;
poisson.que xopaxL~oç 6, terme fréquent en particulier chez les comIques (EpICh. 44 Kalbel; Ar. Lys, 560; Philyll. 13,3 Kock Il; etc.), et fournir un nouvel exemple KopaKeus (Hsch.) pourrait désigner le
mê~e
d'une variation évoquant les séries hypocoristiques. Une partie caractéristique du corps a pu servir de prétext~ à un.e dénomination de cette sorte, et ce peut être le cas de ~wpeus (VOIr § 136) que reprend ~Ulpliî~ov : ce dernier faisant série avec 't'ucpAliîLOV, on a tenté de le rapprocher de la glose d'Hésychius ~UlpO[· ocp6aÀ[Lo[
(E. Bosshardt § 139, P 61)
7"
C'est également une partie du corps qui fournit la base de ~1TLVWTL8eus (voir § 151), terme composé apparemment, mais dérivant plutôt d'un composé, Si *bnvUl't'lç n'existe pas, c'est une base de cette sorte qu'il faut supposer et qui aurait désigné la nageoire dorsale très caractéristique des squalidés. Or, ce poisson est le même que le vUl't'~iîav6ç (Arstt. fr, 310), qui est le chien de mer (Galeus canis) ou une variété proche. Le mode de capture fournit enfm la base de ÀLVeus (voir § 75), autrf\ nom du X.EQ''t'PEUÇ, le mulet qui va par bancs pouvant en effet se pêcher au filet 8, On notera la curieuse aptitude d'un suffixe qui peut caractériser la victime comme l'usager d'un appareil de pêche, car si A~VEUÇ désigne un poisson, iî~X't'UEUÇ (voir § 316) est un nom de pêcheur, Situation que 6, La cOl'vina nigra (en français corb, corbine), poisson méditerranéen, a les nageoires pectorales et ventrales noires, . . . 7,. Mais l'existence hors du grec de form.es comparables ayant une rnrtrale bfait plutôt songer à un mot d'emprunt (v?rr 1,L ,FRr~K l, p 280) 8, Nous ne saurions évidemment souscrrre a 1 ancrenne analyse encore reproduite chez J. POKORNY, p, 663, qui rapproche ce mo~ de f?rmes sl~ves du nom de la tanche D'abord, du strict point de vue morphologrque, rI faudrart adm~ttre qu.e le grec ait à la fois conservé un :terme de t.rès haute antiquité, et ~ous le lIvre unrquement sous cette forme élargIe secondarrement, dont on ne vo:t pas ~a .va~eur, En outre, les mulets, quelle qu'en soit la variété, sont des porss?ns a ecar!l~s, donc de ceux pour lesquels l'indication d'un contact gluant est le m.oms caract,e~ls~ tique, à la différence des tanches, dont la peau a bien cett~ .con~lstance, DerIve de Àlvov, ce mot s'insère parfaitement, et P?,,:r le type de. de:rvatlOn, .et pour sa tonalité dans les séries qui nous occupent rcr On pourrait, rI est v~al, adme:ttre qu'il n'; été introduit dans ces séries et ainsi suffixé que .par ét;ymologre pop';llarre : même dans cette hypothèse, ce serait encore ;rn er:rpl?r, d.e -~uç; ,confo,~me a ceux que nous étudions ici, puisque cette fi.nale n aurart ete mstItuee qu a la faveur d'une réinterprétation de l'élément radrcaL
peut expliquer non pas une valeur difficilement saisissable de ce suffixe . . ' maIS une proprIété d'abord abréviative qui donne une tonalité nettement familière à nombre de formes et permet la constitution de séries de sobriquets,
§ 358. Les animaux domestiques, notamment les quadrupèdes dont on attend un service, ont reçu des noms qui reposent sur des termes désignant, comme pour les humains, l'objet ou le lieu à quoi ils sont att~chés ès fonctions et de manière quasi institutionnelle. Les plus a~c~ens sont OÙPEUÇ et 't'pa7tE~EUç, tous deux homériques Le premier desIgne la mule comme l'animal utilisé pour creuser les sillons ('t'à o0pa), selon l'interprétation depuis longtemps reçue et clairement appuyée par les vers K 351-352 9 • La forme utilisée en attique est opeus, dans laquelle l'absence d'aspiratio~ est e~ c,ontra~iction avec le terme de base 6poç. Pour expliquer cette smgu~arIte on mvoque l'influence du nom de la montagne, ce que les aptItudes montagnardes bien connues du mulet rendent vraisemblable, et ce que confirmera Lycophron. En effet ce dernier appellera opEÙÇ un montagnard (1111), et, aussi bien qu'à une homonymie, on pe~t son~er à un emploi du même mot, autorisé par une étymologie erronee. MaIS, pour la forme « attique )), il n'est en fait même pas utile de. s:interroger sur l'absence de l'esprit rude dans OPEUÇ, alors que son orIgme même dans 6poç est mal établie (voir H.. Frisk II, pp. 425-426), et que le sens de « sillon )) est depuis longtemps perdu, et avec lui le rapport avec le nom de la mule: l'attique dit~[L[ovoç, et, avant Aristot.e qui l'emploie fréquemment, OpEUÇ n'apparaît qu'une fois, chez ~r~stop~ane, ~ans ~a bouch.e de l'esclave Xanthias (Gren. 290), répartItIon d emplOIS qUI peut faIre songer à un terme d'origine non attique. § 359,. Quant à Tpa1Te~eus il désigne le chien qui est admis à titre d'. o~nement (p 310 : &yAatfJÇ iî'~VEXEV XOI.LéouQ'~ &vax't'Eç), dans 'la familIarIté de son maître, et qu'on laisse rôder autour de la table des repas (X 69 : oôç 't'pécpov ~v [LEyocpo~m) C'est la fréquentation de cette table qui le définit, comme si l'on n'attendait de lui d'autre utilité que l'agré9. W,. SCHULZE, Quçxest Ep., p. f.07 note 3 ; F, BEcHrEL, Lexilogus, pp, 261-262 ; E B~SsH.ARDr: § .65, p . 33; H. FRrsK l, p 414, Nous ne mentionnerions P as l'ina10) pour A 50 et K 84 si elle ne se t 0 terpretatlOn d Arrstote 't . d" (Poet . 1461 . l' uvar encore d ans certams r~tlOnnarres; pour Aristt,. il s'agit de gardiens (
(voir §§ 93, 104).
§ 411. Un autre point de départ d'une multiplication des formes composées peut avoir été fourni par le remploi de formes en -eue; déjà existantes, dans des mots augmentés d'un préfixe, ou, moins souvent, d'un premier terme de composé. On peut faire abstraction d'un type rare, et dont le seul exemple classique est plaisant, dans lequel le terme en -eue; est l'objet d'un premier teIme à valeur verbale: LÀav9paKEuS (voir § 75) est une création instantanée d'Aristophane; et ne se rencontrent ensuite ou ne sont cités que LÀo~aaLÀEus (voir § 127), p.Lao~aaLÀEus (voir § 136),
§ 156) . Il s'agit essentiellement de formes qui ont reçu un préfixe, ou un premier terme déterminant, et qui fixent des rapports hiérarchiques, des extensions d'autorité, des répartitions spatiales, pour l'accomplissement d'une fonction qui ne s'en trouve pas modifiée dans son essence. Tardivement, il est vrai, le contenu sémantique de ce premier terme deviendra tellement prépondérant que le mot en -eue; fournissant le
LÀaXLÀÀEuS (voir
§ 413. C'est la rencontre et la confusion de ces deux types de composés, reposant l'un sur des noms de fonctions composés et surtout préfixés, et l'autre sur des formes en -eue; secondairement composées ou préfixées qui a déterminé le développement d'un type de composés en -eùe;, notamment dans les vocabulaires technique et scientifique . Cette confusion rend difficile la distinction, dans la série des composés en -YPIXrpde;, entre ceux qui sont des mises en oeuvre secondaires de YPIXrpeùe;, et ceux qui reposent sur des composés en -YPIXrp~ ou -ypIXrpOV. On a déjà vu (§ 408) que des formes comme eXvIXYPIXrpeUe;, ÈmYPIXrpeUe;, (J"\)YYPIXrpeUe;, 07toYPIXrpeue;, eXV't"LYPIXrpeUe;, fLe"rIXYPIXrpeue; correspondent assez régulièrement à des noms d'emplois qui sont déjà composés, mais (J"\)VemypIXrpeUe;, on l'a constaté, ajoute bien un préfixe à un terme existant, et la forme tardive ÀoyoypaEus, si l'on doit la retenir (voir § 131), manifeste la tendance à généraliser la finale -eue; comme indice technique, donnant un doublet du composé en -ypcX:rpoe;. C'est ce qu'exprimait déjà à l'époque classique un composé comme 1Tav8oKEuS (voir § 93) qui ne fait que reprendre, en le spécialisant, le composé adjectif
SÉRIES DANS LES APPELLATIFS
366
7tâvaoxoç; la sene s'enrichit ultérieurement de formes à initiales èx-
(voir § 102), U7tO- (voir § 136), &7tO- (voir .§ 136)., . C'est ce qu'expriment également, dans dIvers domames techmques, la création ou la réfection de nombreux mots en -~oÀeuç, -aToÀeuç, qui se substituent à des formes en -~6Àoç, -(J't'6Àoç, etc. Il y a là un pro~ cédé qui a permis le développement, généralement tardif, de tout un vocabulaire technique qui se trouvait ainsi unifié. Plutôt que d'épuiser les composés d'un même terme dans les divers vocabulaires où ils apparaissent, ce dont l'index de ce livre ~onnera u~e i~ée suffisante, on observera quelques vocabulaires techmques partICulIers, dans lesquels foisonnent notamment les noms d'instruments ou d'organes mécaniques .
§ 414, Le plus riche est certainement celui de la médecine, où ~oms de muscles, de ligaments et d'os, noms de bandages et d: remedes, noms d'appareils chirurgicaux et orthopédiques illustrent bIen le procédé. Outre quelques formes simples, qui ne sont que des emplois spécialisés de termes plus anciens, comme Cl'Tpocpzuç au sens de « vertèbre » (PoIl. 11.130) et TOfLzuÇ au sens de « dent incisive » (Gal., Cels., PoIl. 11.91), ou comme Àuyxzuç (voir §§ 136, 222), nom .d'un collyre, c'est en composés savants que se développe ce vocabulaIre. Pour les organes, ce ne sont pas des viscères, mais des élén: ents moteurs, en tout cas pourvus d'un rôle mécanique dans l'orgamsme, qui sont nommés. (voir § 75) désigne, au pluriel, dès Hippocrate, les muscles assurant la constriction de l'anus; la série des composés à second terme -IJ(YûlyzUÇ, composés de &YûlyzUÇ ou dérivés de -IJ(YûlY~ s'est amorIuvo,ywyeus
cée précocement (voir §§ 366, 416) ; à-voXeus (voir § 136) désigne, au pluriel, des membranes (ufLévzç) ass,urant la suspension de l'intestin (Aret. S.A. 11.6), et de la matnce (Aret. S.A. 11.11; mais en IV.11, c'est le sir.nple àX~zç qui ap~araît dans cet emploi), tandis que E1TLO'TpoeuS' qUI nous est conserve par Pollux (voir § 150), désigne la première vertèbre cer-:ical: .: les deux premières vertèbres, atlas et axis, constituent un dIsp,os,ItIf don: la fonction propre est de pivoter, et ce terme, renvoyant a Z7tLCl'TpocpY) et è7tL(npécpûl porte une notion technique que le simple (J'Tpocpzuç, be.aucou? plus général, ne spécifie pas, puisque, même au sens anatomIque, Il
ne signifie que « vertèbre
J)
en général.
COMPOSÉS ET
PRÉFIXÉS
367
Les bandages se définissent par l'action qu'ils sont censés exercer, de même que les remèdes : Ko,9oÀKeus et ....eTo,ywyeus (voir § 136) sont des noms de bandages, le premier doublant, dans un même texte de Galien, le composé régulier xlJ(8oÀx6c; : plutôt que d'un bandage devant provoquer une descente d'organe dans la direction verticale, dont on voit mal l'application en médecine, il doit s'agir d'un dispositif de compression, destiné à faire s'enfoncer depuis la surface du corps ce qui n'y doit pas apparaître : bandage herniaire par exemple. Le second peut désigner quelque chose d'analogue, et semble, en tout cas, devoir provoquer un déplacement.
Si 6JKuTOKeus n'est pas une pure invention (voir § 152), on y verra une formation de même type, désignant une drogue propre à hâter l'accouchement, et on constatera son caractère secondaire par rapport aux composés anciens du type de 6:JXUTOXOV (Hdt. IV.35), ainsi que la notion qui s'y attache, d'une efficacité active dans l'accomplissement d'une fonction.
§ 415. Les appareils chirurgicaux fournissent une liste importante de formes dans la langue savante tardive, pour la désignation de tout ce qui permet l'examen, coupe ou extrait : EKKo1Teus (voir § 136) semble, par la précision introduite par son préfixe, fournir une forme spécialisée de X07tZUC; pour la technique chirurgicale : la résection s'accompagne d'ablation.. 8Lo,O'ToÀeus (voir § 136) désigne tout dilatateur permettant l'examen d'une cavité du corps par dilatation d'un orifice naturel, en médecine vétérinaire comme en médecine humaine, puisqu'un appareil de ce nom sert à ouvrir la bouche des chevaux. Il se démultiplie lui-même en termes plus précis, donc surcomposés, désignant des appareils plus spécialisés dans les divers examens de la médecine humaine : é8poSLo,O'ToÀeus (voir § 136) pour les examens du rectum, et O'TO....O'T08LO'O'ToÀeus (voir § 136) pour ceux de la cavité buccale . A ce groupe doit appartenir 1To,po,O'TOÀeuS (voir § 157), bien que le sens en soit inconnu. Sont également de sens inconnu 1TepLÀo,~eus (voir § 157), et .... O'O'Xo,ÀoÀo,~eus (voir § 157), ce dernier pouvant désigner par exemple une courroie ou tout dispositif qui, passé sous l'aisselle et tiré vers le haut tandis que le bras est tiré vers le bas, permet de remettre par force une épaule déboîtée
369
SÉRIES DANS LES APPELLATIFS
COMPOSÉS ET PRÉFIXÉS
Pour les extractions osseuses et celles de calculs appa.r~issent, tar·lvemen t aussi , des formes déterminées par surcomposItIOn, . comme 2 d , ÀaAeu's oC1TavaAoÀeus (voir § 157), ÀL9ava~oÀeus (vOir § 15 ), O<JTuva 1"'" 1"" • ,. " formes surcomposées qui s'ajoutent aux emplOis medlcaux de Ql;VQI;~O-
U1To~oÀeus (voir § 136), outre les désignations de personnages, a pu prendre une des valeurs techniques de \)7tQl;"(Ul"(gÙe;, dans le vocabulaire de la musique: il s'agit, chez Théon de Smyrne d'un chevalet.
(voir § 136). . . Et l'on ajoutera le nom bizarre d'un médecin spécialisé en chlrurgie: , , ('Toir § 153) qu'il est loisible d'analyser comme un dyandya LaTpOTOf.LeuS . ' {( médecin-chirurgien n, mais qui résulte en fmt d'une accumulatIOn
§ 417, Ces séries n'épuisent pas les produits de la composition savante
368
ÀgÙç
caractéristique dans un jargon technique.
§ 416. Le vocabulaire de la technique, au sens le plus éte~du, pré-
sente lui aussi, un développement important de la préfixa~IOn pour la d~signation des outils, appareils, dispositifs, pièces actlves, etc. mis en œuvre par les différents arts et métiers; ici encore, d~ns un pr.océdé devenu caractéristique d'un certain type de vocabulalre, la dlstinction devient difficile entre composés intégrant des formes en -gÙc; (comme PUTQI;"(Ul"(gÙC;, voir §§ 93, 366, ou crg~pQl;"(Ul"(gUe;, voir §§ 150, 360> dérivés de noms d'actions composés, et doublets en -gUç de composes de même sens: il s'agit d'un procédé donnant unité d'aspect au vocabulaire décrivant un matériel d'origines et d'aspects variés Au premier rang se présentent à nouveau des com?osés en -QI;"(Ul"(gUe; dont certains, cette fois encore, peuvent être anClens : IJTraywyeus si sa valeur et sa forme même (11:7t- ?) ne sont pas b~en assurés chez Aristophane et dans le vocabulaire de la c~nstr.uctIOn (voir § 75), désigne tardivement (voir § 136) le chevalet d un lllstru-
ment de musique; , , de'signe au e1Taywy eu s ,
IVe
siècle ' l'enduit de glaise crépissant un mur
(voir § 94) ; 1TepLaywyeu s
(voir § 136) fait partie du vocabulaire de l'armement
maritime et désigne un cabestan; à-vaywyeus (voir § 136) est un élément du laçage de chaussures. Les formes en -~oÀgÙe; sont également fréquentes :
è1TL~oÀeus (voir § 111) est une pièce d'huisserie; èf.L~oÀeus (voir § 127) divers appareils ou pièces s'enfonçant ou servant à enfoncer; à-va~oÀeus (voir § 136) outre son sens de valet vous aid~nt.à monter à cheval, sert pour des appareils à faire monter prmClpalement {( levier », mais aussi, après l'antiquité, un étrier..
en -gÙe; puisque dans ce vocabulaire des techniques apparaissent encore des termes d'architecture, de mécanique, d'armement, etc. : KaTaÀo~eus,
qui est relativement ancien (voir § 111) et semble avoir désigné, selon les lieux, des parties diverses de construction dont le rôle commun est de recevoir une charge ou de donner cohérence à un bâti: assise de colonne, montant de porte &'vacj>opeus (voir § 109) désigne aussi un montant, dans la Septante. Il est d'autre part glosé par TgÀQI;l1WV chez Eustathe, KaToxeus (voir § 109), d'abord connu comme forme poétique (c'est, chez Callimaque, un nom de verrou, par conséquent un remploi secondaire de l'homérique axgUe;) , apparaît ultérieurement comme terme technique au sens de « support n.
Ont désigné, selon Hésychius, des poignées de bouclier les formes et &'vToxeus (voir § 155); et des instruments coupants èYKo1Teus (voir § 136) et U1TOTOf.LeuS (voir § 109) . Il appert donc que ces formations de composés à finale -gÙe;, d'origine et de structure en principe diverses, ont été, surtout tardivement, un des instruments linguistiques de la science grecque. &'vTLÀa~eus
§ 418. Une autre série de composés apparaît comme un trait caractéristique de la tradition hexamétrique, et, trouvant sa source littéraire dans l'épopée, est productive presque exclusivement aux époques et dans les genres où l'hexamètre est en honneur: la poésie alexandrine et celle qui la continue en fournissent le plus grand nombre . Ces composés sont des formes élargies en ,·gÙe; de composés le plus souvent noms d'agents strictement synonymes, avec lesquels ils alternent, selon les besoins de la métrique: il s'agit donc d'un procédé de pure surdérivation qui ne répond, semble-t-il, à aucun usage vivant de cette finale, au 1er millénaire du moins" Constatons que, par les valeurs que nous lui connaissons, la finale -gÙe;, quelles que fussent ses aptitudes et ses inaptitudes morphologiques, ne s'opposait pas à cet autre emploi dans des substantifs masculins qui sont essentiellement des noms d'agents. 24
370
SÉRIES DANS LES APPELLATIFS COMPOSÉs
Le modèle littéraire est fourni par quelques formes de l'épopée, tôt imitées, puisqu'Hésiode puis Sappho contribuent à ce lot initial: T1'UTPOcj>OVEUS et T]VLOXEUS (voir § 63) apparaissent comme des alter. nants métriques d'agents thématiques (voir § 67), dont la création n'a pu qu'être favorisée par l'existence de termes simples cpoveùç ou 6Xeùç; si le terme de Sappho, Il-nÀoÔp0Tl'EUS (voir §§ 64, 67) est une pure création poétique qui ne repose pas sur un composé thématique attesté, c'est à un tel composé que renvoie cette forme, le simple aporceùç, tardivement attesté il est vrai, ayant pu favoriser la chose,
Pour T]TI'EP0Tl'EUS, d'analyse beaucoup plus obscure, mais qui doit appartenir aussi à ce type, voir plus haut, § 68 ; également métrique, du moins en partie, mais reposant sur un bahuvrïhi et fournissant un ethnique, est ALaLOTI'f]US (voir § 380 note 5) ; l'hésiodique tC1TO~OEUS, enfin, dont le rôle métrique est certain (voir § 69), est à considérer en liaison avec ~oeùç (voir § 364), C'est donc dans un contexte métrique qui en masque le plus souvent l'éventuelle authenticité morphologique qu'apparaissent ces formes, et c'est uniquement leur rôle métrique qui a assuré leur fortune ultérieure. Réservant donc pour le moment la question d'une valeur morphologique ou sémantique du procédé, nous devons le considérer comme l'ont considéré les anciens Or, il n'y a aucun doute qu'il n'ait été senti comme typique d'un certain style et comme une commodité de la poésie surtout hexamétrique, § 419. Son développement, interrompu à nos yeux après la poésie archaïque, reprend et s'affirme à partir des Alexandrins, et dans une poésie presque exclusivement dactylique. On a vu pour chacune des formes suivantes son rôle métrique en face du composé régulier (détail philologique aux §§ 119 et 132) : UiYWOIl-EUS (voir §§ 109, 113) refait à son tour, ultérieurement, en ot1yovo[Leùç (voir § 127) ;
iX9u~OÀEUS
(voir §§ 109, 113) ;
UÔPOXOEUS
(voir §§ 109, 113) ;
WIl-0~OpEUS (voir § 127) ; KUKOcj>9oPEUS (voir § 127) ; 'PTJVOcj>0pEUS (voir §§ 128, 219) ; i~Ocj>0pEUS (voir § 128) ; Il-TJÀOV0Il-EUS (voir § 128).
Leur rôle métrique n'empêche cependant pas de constater que ces formes sont des noms d'agents: mais est-ce bien ce caractère que souligne ici -eùç, ou est-ce simplement dû au sens du composé avant sa surdérivation ?
ET PRÉFIXÉS
371
Pour résister à la tentation de prêter trop d'importance au sens de ces formes et d'en tirer une indication sur la valeur de leur finale il faut rappeler qu'elles s'emploient souvent dans le contexte même' et à pe.u de distance des composés réguliers dont elles dérivent. II faut aUSSI r~ppel~r l'existence, à cette époque, de bahuvrïhi, très rares il est vr~l, maIS qui suffisent à montrer que ces surdérivations sont alors u.n ~rtifice surtout formel qui n'est pas dû à un besoin d'expression: SI iX~y~vo[Leùç peut s~ justifier comme nom d'agent, dans lequel -eùç ne s?nne ~as faux, c est parce que o::1y~v6(1oç a déjà ce sens, mais uiyoKEpEUS (VOIr §§ 109, 113) est un bahw,Jrïhi auquel sa finale surajoutée ne donne pas v~le~~ de ~om d'agent, Tel est aussi le cas de iTl'TI'OUPEUS, nouvea~ bahu(J~~h,~ .elargi en -eùç, qu'Athénée (VIL304.C) dit avoir été employe par Hicesros pour Zrcrcoupoç. Quant. ~ la form~ de Callimaque, ÔUC1TOKEUS (voir §§ 109, 113), il est mal~I.se de sa~OIr sa nature exacte: elle est pour nous plutôt une compOSItIOn du SImple Toxeùç liée au renouveau d'emploi de ce terme dans la poésie alexandrine (voir § 72)" § 420" Tardivement la série de ces surdérivations poétiques continue, et l'on voit apparaître les doublets suivants d liers : e composés régu9TJPOcj>OVEUS ~voir § .136~, èLvÔPOcj>OVEUS (voir § 152), T1'ULÔOcj>OVEUS (voir § 1.52), tous ISSUS lomtamement de l'épique rciXTpocpoveuç; OiVOXOEUS (VOI~ §.152) dont le modèle était fourni par l'alexandrin ûapOXoeùç; et , amSI encore WOTOKEUS (voir § 136), ÀLIIOJ..0PEUS (voir 152) , VELOTO _ ( . r 't' Il-EUS . VOIr § .152), èLYUÀIl-OTUTI'EUS (voir § 152). Le terme astrologique q~e cite. Vettms Valens, OiKOÔOXEUS (voir § 136) provient probablement lUI aUSSI d'un contexte métrique, Comme le note l'éditeur 1 : c'est du ~oins une certitude pour tiJpoVOIl-EUS (voir § 136) qui fournit, au génitrf, une fin d'hexamètre.
§ 421, II nous paraît donc que dans ces formes, la finale -euç n'a
~lu~ grande valeur, et que les noms d'agents en question le sont mdependamment d'une . finale surtout postiche, On peut cep end~nt se demander ce qUI a facilité l'emploi superflu de cette finale" SI ell~ ~pparaî: sans valeur sémantique, elle n'a peut-être pas la même gratUIte du pomt de vue de la classification grammaticale: les formes 1, W"
KROU,
Vettii Valentis Anthologiarum Libri, Berlin, 1908 : 10224 note,
sÉRIES DANS LES APPELLATIFS
372
obtenues sont substantives, alors que les noms d'agents qui leur servent de base peuvent souvent être aussi bien adjectifs: c'est le cas de formes comme &.vapocp6voe;;, 8Ylpocp6voe;;, t~ocp6poe;;, t:x8u~6Àoe;;, x<xxocp86poe;;, otvox.60e;;, 7t<x~aocp6voe;;,
1
,
p'
,
1
etc
7tiX'''pocpovoe;;, Cù[Lof-'opoe;;, Cùo"roxoe;;" ". Reconnaissons cependant qu'en plus d'un cas l'em~lo~ adjectif d~ composé initial déteint sur la nouvelle forme : ~et aff~Ibhss.eme.nt, qUI a pu être favorisé par l'imitation des apposItIOns determI.natIves de l'épopée, se limite en fait à la poésie et paraît assez tardIf. ~U(HOXÉe:'""':l &Àe:"rpŒe:e;; est unique chez Callimaque (H.• Dél. 242), et \ , ce n'est que plus tard que se rencontreront les expressIOns crcpYlx~ Cù [LO~op'Yi~ (Nic. Thér. 739, voir § 132), À<XY0ï.o x<xxocp80pÉoe;; (N~c. Alex. 465: voir § 132), ou Mv<xxe:e;; t~ocpop'YiEe;; (Anth Pal.. IX.209, VOIr § 132), ou l'on a affaire à de purs et simples doublets d'adjectifs.
§ 422. Tardivement, enfin, ces formes tendent à sortir de la po~sie et à s'installer sinon dans l'usage, ce qui serait surprenant, du molUS, probablement par le biais des écrits did~ctiques, dans les vo~ab~laires techniques : la multiplication déjà anCIenne des formes prefixees et des dérivés de composés dans ces vocabulaires devait de toute façon les rendre accueillants à toute espèce de formes, -e:ue;; signalant désormais simplement l'appartenance à un certain type de vocabula~re. Toutes les possibilités qui ont été évoquées au cours de ce chapItre se rejoignent ainsi dans des termes dont la longueur e~ la lourdeur font douter qu'ils soient autre chose que des formes de Jargons, VOIre uniquement écrites, et révélant en fait l'oubli de la finale -e:ue;; ,dans l'usage vivant et courant : elle se réfugie désormais dans des lexIques qui ne lui assurent de survie qu'en dehors de l'usage. , Le type en est encore rare hors de la poésie à l' époque alexandrI~e : on peut citer TopoyÀU
Pour ÀOYOYP<xcpEUe;;, voir §§ 131, 413.
373
COMPOSÉS ET PRÉFIXÉS
tif, l'objet de l'activité de l'artisan: dans O'L811poxa.ÀKeû5 (voir § 153) 2, le contenu propre de x.<xÀxe:ue;; est effacé, comme celui de Xe:p<X[LEUe;; paraît mineur dans Kou
§ 423. On arrive ainsi, mais seulement aux époques les plus tardives, à des formes dans lesquelles un substantif en -e:ue;; appartenant souvent au fonds le plus ancien est pratiquement suffixalisé après un premi~r terme qui précise, dans un rapport non plus d'accusatif, mais de gém-
2 Mais .bpLXiXÀl<EUÇ, à !a même époque (voir § 153), est dérivé de bpLXCÛ..x oç, nom .du, laIto,:, e~ appartient donc à .un type plus traditionnel; il n'empêche qu'il devaIt etre dIfficIle de ne pas y sentir une structure x XiXÀXe:UÇ.
+
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SÉRIES DANS LES APPELLATIFS
COMPOSÉs Er PRÉFIXÉS
du jour où l'hexamètre a été remis en honneur, puis, qu'il se soit étendu dans les conditions que l'on a vues, est certain. Mais, à considérer la source elle-même, on pourrait se demander s'il s'agit, dans l'épopée, de formes uniquement métriques comme plus tard, ou de l'utilisation métrique d'un procédé perdu d'autre part, mais dont l'onomastique du premier millénaire garde souvenir (voir
epiurutewe (voir § 165) désigne, au datif, ce à quo! sont destinées des peaux de cerfs (erapeja) , et l'on a proposé d'y voir le nom d'un vêtement, *ÈmfpU1'E0Ç, qui donnerait forme et valeur substantives à l'adjectif verhal *ÈTClfpu1'oç, et désignerait un manteau ou une pélerine 6;
§§ 231-232). § 426. Or, l'existence d'un procédé substantivant, devenu métrique comme on a vu, est postulée par un petit nombre de formes anciennes: il y aurait là le souvenir d'un usage que le mycénien, de son côté, semble avoir bien connu" Parmi ces formes, si on laisse de côté TCUPXIXE0Ç (voir § 75) qui, bien que connu dans des titres, hors de tout mètre, peut refléter un emploi poétique, et Aly~xopEïç (voir § 384) qui peut devoir sa finale à son emploi ethnique, on se trouve, avec àl1(cjlL)0PEus, devant un mot à base composée qui est ancien, puisque déjà mycénien 3, qui développe un *&fL( cpl)cpopoç de sens passif, et qui est usuel dans tous les styles à toutes les époques 4. Il semble que dans ce mot où il ne faut pas voir un bahuvrïhi 5, la finale -E/)Ç ait fait d'un composé adj ectif et à valeur passive un substantif propre à désigner un objet non tout à fait inerte, mais conçu comme une individualité utile, sinon active. Du même coup se trouvent effacés plusieurs caractères du terme premier : sa valeur qui était ici passive perd toute pertinence, ma~s aussi, puisque la forme prend ainsi autonomie par rapport à ses OrIgines, son caractère composé n'est plus qu'un arrière-plan étymologique sans intérêt dans une désignation que la finale rend unitaire. L'adjonction de -E0Ç a donc annulé la composition avec les éléments sémantiques qui s'y attachaient, et a produit un animé cohérent"
§ 4~7. Or, si &fLcpOPE0Ç est isolé au premier millénaire, il ne l'est pas en mycénien, où plusieurs formes en -eu apparemment composées peuvent s'interpréter de même. Il s'agit tout d'abord, précisément, de noms d'objets, dont plusieurs de vases, qui semblent reposer sur des formes d'adjectifs composés: 3 La forme attestée en est apiporewe (nom. plur,,) à RN, et aporewe (nom ou duel) à PY et MY (voir § 161) 4" 'A[LÀwve:ôç 218 'AtptXpe:uç 98 n. 3 'AXIÀÀe:uç 260, 266 n. 8 BtXxxe:uç 76, 348 BtXO"mxpe:uç 218 BtXUXLIle:uc 4ft4 n 5 BouÀe:ôç 76, 217 Bpx~e:uç
233
*BPIO"EUÇ 265 BWÀElIç 199 rl)ElEôÇ 235 rAl)VEÔÇ 226 rOUVEÔÇ 207 rpuvsôÇ 221 rU7ttXl EUÇ 137, 211 !ltXIl'ICXIl EVEÔÇ 231 LlcxllvEÔÇ 205 LlCXtpOIVEÔÇ 231 Lle:t1tVEÔÇ 218, 137 Lle:;EÔÇ 245 !ll)iOVEUÇ ~38 LlOÇCXPE6ç 260 LlOPXEUÇ 222 LlwllwvE6ç 389
407
INDEX
406 'E),cx"t"psuç 229 'E)ûsuç 211 'Evusùç 20; 'E7tSLysUÇ 403 'Emf.l.ii8suç 232 'E7tûl7tSUÇ 21;, 95 'Eps"t"f.l.suç 229 'EpsX8suç 196 'E"t"SûlVSUÇ 234, 242 Eù~ou)suç 128, 219 Eùo~suç 231 Eùpu0"8suç 19; *Eùtppcxvsuç 194 Zcxypsuç 389 Z1)vsuç 202, 246 'Hcovsuç 234 'HVL01tSUÇ 231 'HpCXLSUÇ 199 ElCXf.lvsuç 220 Elcxppsuç 200 ElSf.lL"t"SUÇ 230 01)psuç 203 El1)O"suç 245, 246-247 Eloupsuç 227 ElpcxO"suç 200 Elupsuç 230 Elup~suç 210, 13; '18of.lsvsuç 231 'Ispsuç 233 et ll. 3 'Ixcx~suç 228 'IÀLOVSUÇ 234, 438 'IÀÀsuç 22; 'I7t7tSUç 192, 233 'hu[Lovsôç l138 'Itpsuç 194
INDEX
AsO"xsuç 200 AS~LSUÇ 110, 121, 21.5 Auyxsuç 222 *Auxsuç 193 AUXL8suç 202 AuO"suç 246, 254 MCXLCX8suç 66, 444 ll. 5 *Mii"t"psuç 200 MCXXCXLPSUÇ 225 *MsycxÀsuç 200 *Msysuç 200 MSYLO""t"SUÇ 200 Mùcxvsuç 205 MSÀcxv8suç 231 MSÀLO"O"SUÇ 224 Msvs0"8suç 19; MSVOLXSUÇ 231 M1)XLO""t"SUÇ 205 M1)xcxvsuç 76, 21; *MLÀ"t"SUÇ 226 MLVSUÇ 200 MV1)O"suç 246, 253 MOÀ7tsuç 206 Moppsuç 260 Moptpsuç 218 MUÀsuç 110, 121, 217 Ncxu"t"suç 229, 241, 440 NSLÀSUÇ 201 Nstpspsuç 261 N1)Àsuç 207 N1)psuç 26; N1)O"suç 201 N1)tpcxÀtsUç 128, 215 NLXSUÇ 192 Nux"t"suç 228 Scxv8suç 201
KCXLVSUÇ 205 KcxÀÀsuç 193 Kcx7tcxvsuç 225 et ll .. 12 KÙCXLVSUÇ 226 K1)1tsuç 233 K1)"t"suç 224 K1)tpLO"suç 200 KLO"O"SUÇ ;6, 210 K[O"O"1)ç 264 Ko1tpsuç 230 ?*Kopfsuç 228 Kopu8sùç 223 Kp1)8suç 260, 266 KPL8suç 220 *Ku~suç 192 KuxÀsuç 226
'08uO"O"suç 266 'ÜCÀsuç 207 OLvsuç 201 OLûlVSUÇ 206, 223 'OÀu!ov8suç 220 'O[LOÀûlSUÇ 207 '01tÀsuç 206 '01tûlpSUÇ 66, 217 'Opysuç 22; 'Op8sùç 192 'Opvsùç 223 'OpO"sôç 248 ll. 3, 4 'Optpsuç 12 'OPXLSUÇ 110, 121, 216 'O"t"psuç 229 ll. 15, 23 11 'O"t"puv"t"suç 229 ll . 1.5, 440 OÙXûlPSUÇ 261
Asov"t"suç 200 ASOV"t"L8suç 202
IIcxv"t"suç 19 3 IIsÀûlpsuç 230
IIsv8suç 20; IIspO"suç 246, 253, 265 IIsuxsuç 221 II1)),suç 204 IIL"t"upsuç 221 IIÀou"t"suç 110, 209 IIoÀLsuç ;6, 208, 440 IIov"t"suç 229 IIpo8of.lE:Lç 137 IIpo[Lcxv8suç 232 IIp0f.lsuç 206 IIp0f.l.1)8suç 232 IIpuf.lvsuç 229 IIpûlpsuç 229 IIpûl"t"suç 201, 249 *IIu8suç 193 'P1)votpopsôç 128, 219, 419 L:cxvsO"vsuç 261 L:cxpysuç 224 L:S[LsÀsuç 215 *L:8svsuç 201 L:8svvsuç 201 1:L~1)pSUÇ 233 L:LÀÀSUÇ 22; L:xuÀcxxsuç 222 L:f.lLv8suç 389 L:vcxX0f.lVSUç 261 L:7tCXpysuç 227 L:"t"CX8LSUÇ 233
III.,
L:"t"OLXSUÇ 2 30 L:uxsuç 221 *TùÀsuç 201 TSpf.l.LSUÇ 110, 121, 215 *T'lJÀsuç 201 To~suç 206, 440 'nsuÇ 235 'Y~suç 206 <J)Q(ÀQ(psuç 225 <J)Q(VLSUÇ 201 <J)Q(pvouxsuç 260 <J)sÀÀsuç 220 <J)1)yQ(Àsuç 218 n 14 <J)1)ysuç 221 <J)1)vsuç 223 <J)1)psuç 203 <J)tÀsuç 193 <J)LÀÀSUÇ 192 <J)Ot"t"Q(ÀtSUç 13;, 440 *<J)puvsuç 224 <J)uÀsuç 206, 390 ll. 16 X1)VSUç 223 XL[LWPSUÇ 222 Xpuo"Q(opsuç 110, 219 XpuO"1)ç 265 'Ysv8suç 265
INDEX DES NOMS GÉOGRAPHIQUES
DU GREC ALPHABÉTIQUE CONIENUS
'A~cxpvE:Lç 386 AtYLCXÀésç 383 AtYLXOpdç 384, 426 AteCXÀSLÇ 383 AteL01t~CXÇ 380 ll. 5, 418 AtoÀE:Lç 3;8 AtO"XLdç 383 'Ax[Lsuç 375 ,AÀcxÀx0f.lsvsuç 389 ,Af.lvsuç 102, 391 , Av~psuç 390 ,A7tOÀÀûlVLSUÇ 388 ,AO""t"U7tCXÀCXLE:LÇ 386 ,A"t"cxpvsuç 3; 5 AùO"ésç 380 , Axcxpv~ç 380
Er ErHNIQUES
DANS CE LIVRE.
~sÀf.lQ("t"stç 380 ~LQ(XpLSrÇ 38; ~L8uf.lsuç 389 ~LOf.lSUÇ 389 ~puQ(XQ(pvsuç 75, ~ûl8ûlVSUÇ 389 ~ûlpLdç 40, 50,
'EyxsÀésç 380 'EÀQ(LSUÇ 372 'EÀsu8spsuç 389 'EvL1tsuç 375 'EO""t"tQ(LSUÇ 388 'E"t"Q(t.dç 242 EÙQ(v8ziç 386 'EtpsO"E:Lç 386 'EXQ(vopstç 383
BCXÀLCXpdç 380 B1)O"O"CXLSUÇ 388 BûlpÛÇ 386
'HÀsuç 390
rcxupsuÇ 102, 391
El1)~Q(LSUÇ
ZQ(ypsuç 389
389
84 3/7
Il
2, 379, 381
408
INDEX
II