COLLECTION DIRlG:EE PAR CHARLES
KANNENGIESSER
Le Moyen Age et la Bible sous la direction de
Pierre Riche - Guy Lobric...
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COLLECTION DIRlG:EE PAR CHARLES
KANNENGIESSER
Le Moyen Age et la Bible sous la direction de
Pierre Riche - Guy Lobrichon
BIB L E DE
Taus LES
BEAUCHESNE OUVRAGE DU
PUB L I E
CENTRE
AVEC
NATIONAL
LE DES
CONCOURS LETTRES
Lisle des collaboraleurs
EDINA BOz6KY MARIE-CHRISTINE CHARTIER JEAN
CHATILLON
JACQUES DUBOIS FRANC;:OIS GARNIER
UniversitC de Montreal Agregee d'histoire, Paris Institut catholique de Paris Ecole pratique des Hautes Etudes, Paris Institut de Recherches et d'Histoire des Textes, Orlians
JEAN GAUDEMET ARYEH GRABOIs
Universite de Paris
PIERRE-MARIE GY
Institut catholique de Paris
THOMAS M. IZBICKI MICHELINE LARES YVES LEFEVRE ROBERT E. LERNER LAURA LIGHT LESTER K. LITTLE GUY LOBRICHON JEAN LONGERE PIERRE PETITMENGIN PIERRE RICHE MARY A. ET RICHARD H. ROUSE MARC VAN UYTFANGHE ANDRE VAUCHEZ JACQUES VERGER MICHEL ZINK
UniversitC de Haifa UniversitC de Californie, Berkel~ Universite de Paris XII UniversitC de Bordeaux Northwestern University, Evanston, III. Universite de Californie, Los Angeles Smith College, Northampton, Mass. College de France, Paris Centre national de la Recherche scientifique, Paris Ecole normale superieure, Paris UniversitC de Paris X UniversitC de Californie, Los Angeles Universite de Gand UniversitC de Paris X Ecole normale superieure, Paris Universite de Toulouse - Le Mirail
Table des matieres
Introduction
II
Monique Duchet-Suchaux et Yves Lefevre
Les noms de la Bible
13
LE LIVRE La Bible a travers les inventaires de bibliotheques medievales 2. Versions et revisions du texte biblique 3· Une nouveaute : les gloses de la Bible 1.
4· La concordance verbale des Ecritures 5· Les traductions bibliques : l'exemple de la Grande-Bretagne
Pierre Petitmengin Laura Light Guy Lobrichon Mary A. et Richard H. Rouse
115
Micheline Lares
12;
3I
55 95
ETUDIER LA BIBLE 1.
2. ;. 4· 5·
Instruments de travail et methodes de l'exeghe a l'epoque carolingienne La Bible dans les Ecoles du xn e siecle L'exegese de l'Universite L'exegese rabbinique Comment les moines du Moyen Age chantaient et goutaient les Saintes Ecritures
Pierre Riche Jean Chatillon Jacques Verger Aryeh Grabols
147 16; 199 2;;
Jacques Dubois
261
Le Mqyen Age et la Bible
10
VIVRE LA BIBLE 1.
LE GOUVERNEMENT DES HOMMES
Presence de la Bible dans les Regles et Coutumiers 2. La Bible dans les Collections canoniques 3· La Bible et les canonistes 4· La Bible et la vie politique dans Ie haut Moyen Age
INTRODUCTION
1.
II. 5· 6. 7· 8. 9· 10.
Marie-Christine Chartier Jean Gaudemet Thomas M. Izbicki Pierre Riche
LA PASTORALE
L'imagerie biblique medievale Les apocryphes bibliques ModeIes bibliques dans l'hagiographie La predication en langues vernaculaires La predication en langue latine La Bible dans la liturgie au Moyen Age
Fran~ois Garnier Edina Bozoky Marc van Uytfanghe Michel Zink Jean Longere Pierre-Marie Gy
BIBLE ET NOUVEAUX PROBLEMES DE CHRETIENTE Monnaie, commerce et population La Bible dans les confreries et les mouvements de devotion 3· Les communautes heretiques I.
Lester K. Little
2.
555
Andre Vauchez Robert E. Lerner
Conclusion Abreviations des livres de la Bible Sigles utilises Bibliographie Index scripturaire Index des manuscrits Index des noms propres
620
621
Le titre de ce volume n'a pas ete choisi au hasard. Nous n'avons pas voulu etudier la Bible au Moyen Age en presentant seulement Ie travail des clercs et des moines, lecteurs et commentateurs des textes sacres, mais nous voulons montrer comment au Moyen Age on a re~, compris la Bible, quelle a ete l'influence de l'Ecriture sainte sur l'enseignement, les institutions, les mentalites medievales. Vaste programme, projet ambitieux voire demesure. Depuis des travaux anciens en Allemagne et en France, des colloques sur la Bible medievale ont ete organises en Italie, en Belgique, un volume collectif a vu Ie jour en Angleterre1 • Mais beaucoup des etudes ont davantage ete consacrees a l'etablissement du texte biblique, aux manuscrits, aux traductions en langue vulgaire et surtout a l'exegese2 • Le renouveau d'interet pour l'histoire de la Bible au Moyen Age est certain comme en temoignent les innombrables articles et livres dont nous n' avons retenu que les principaux et les plus recents dans la Bibliographie qui termine Ie volume. Certes, ce n'est pas dans la limite de ces pages que nous avons pu couvrir tout Ie champ d'un vaste programme. Nous avons demande a quelques specialistes frans:ais et etrangers, historiens, philologues, liturgistes, historiens du droit et de l'art, etc., de donner un chapitre qui correspond a leurs propres recherches. Nous avons divise l'ouvrage en I. Cambridge [5]. z. De LUBAC [II];
SMALLEY
[15].
12
Le Moyen Age et /a Bib/e
quatre sections pn!sentant d' abord Ie Livre puis son etude depuis Ie haut Moyen Age, ensuite en troisieme lieu nous avons montre comment la Bible a in£lue sur Ie comportement et les institutions et comment les responsables de 1a pastorale ont utilise la Bible, enfin la derniere section est consacree a. la place de la Bible vis-a.-vis des nouveaux problemes de la Chretiente. est certain qu'~u ~oment ou debute Ie Moyen Age, la Bible connait deJ.a une; longue hi~tolre. Le volume consacre a. la patristique latine qUl parrutra 1?ar la sUlt,e ~era une introduction a. notre ouvrage. En accord avec ceux qUl nous precedent dans Ie temps nous avons choisi Ie vue siecle comme date de depart. C'est en efl"et a. cette epoque que l'Occident c~mmence a. pr.endre son visage medieval. C'est en efl"et alors qu'apparrussent dans blen des domaines les traits constitutifs de cet Occident qu~ l'on c?mmen~e a. appeler l'Europe. De nouvelles structures politiques, soclales, econoffi1ques, religieuses sont etablies. Apres la conversion des Anglo-Saxons, les Iles britanniques entrent dans la chretiente qui commence a. s'edifier. Les moines insulaires etablissent des liens durables entre les Iles et Ie Continent. Alors que la Mediterranee n'est plus Ie centre de gravite de l'Occident, il faut maintenant regarder vers Ie nord pour voi~ s'etablir une sorte de Mediterranee nordique, lieu d'echanges de prodUlts, d'hommes, d'idees entre les pays riverains de la Manche et de la mer du Nord. Mais les differents auteurs des chapitres du volume ne ,se sont pas !nterdit d~ faire quelq~es i~cursions dans les periodes qui precedent la notre, de meme ceux qUl trruteront de la Bible au xvre siecle devront remonter vers la peri ode medievale. L'histoir.e ~e la Bible est co~e celIe d'un long £leuve qui parcourt Ie temps et lr:-lgue de fas:ons vanees les champs de chaque periode. Les clercs, les m01nes et les laks y puisent chacun a. leur fas:on dans la fidelite d'une tradition ecclesiale. Si ce livre suscite d'autres etudes et fait progresser la recherche, notre but sera atteint.
Les noms de la Bible
,..II
En latin, les Livres saints, dont l'ensemble est a. present denomme couramment la Bible, n'ont pas ete designes par un seul terme au Moyen Age. Le mot grec Biblia, neutre pluriel designant l'ensemble des livres qui constituent la Bible, a donne plusieurs mots latins, dont Ie curieux bib/iotheca, si souvent utilise. C'est surtout l'aspect materiel du volume qu'evoque au premier abord ce mot qui signifie « collection ou depot de livres » et a donne lieu a. de nombreuses discussions l . Isidore de Seville, au vue siecle, dans ses Etym%gies (VI, 3) l'utilise dans son explication de la remise en ordre de l' Ancien Testament: « Le scribe Esdras, dit-il, apres l'exil et l'incendie des livres de la Loi par les Chaldeens, reconstitua, sous l'inspiration de l'Esprit divin, l'ensemble de l'Ancien Testament (bib/iotheca Veteris Testamenti); une fois les Juifs rentres a. Jerusalem, Esdras corrigea les textes corrompus de la Loi, et constitua en vingt-deux livres l'ensemble de l' Ancien Testament, pour qu'il y eut autant de livres que de lettres de l'alphabet [hebreu]. » Que ces livres soient separes ou relies pour constituer l'Ancien Testament, Ie mot est ici compris comme designant un tout, une unite2 • L'explication d'Isidore I. o. l'article de A. MUNDO, « Bibliothe&a », Bible et lecture du Careme d'apres saint . . BenOit, dans RB, 60, 1950, pp. 65-92. 2. Sur la Bible d'Isidore, cf. T. A. MARAZUELA,« Algunos Problemas del Texto Blblico de Isidoro », dans Isidoriana, Leon, 1961, pp. 153-191.
14
Le Mqyen Age et la Bible
est reprise textuellement au xn e siecie par Hugues de Saint-VictorS. Bibliotheca designe souvent d'ailleurs un volume (codex) contenant les divers livres bibliques, conc;u sous son aspect materiel : ainsi, au debut du IXe siecie, dans les Gesta abbatum Fontanellensium la« Geste des abbes de Fontenelle» (Saint-Wandrille), nous est present6e« une tres belle Bible» (bibliotheca oplin/a) « contenant l'Ancien et Ie Nouveau Testament, dont les prefaces et Ie debut des livres sont decores de lettres d'or. » En survolant les siecies, et en glanant de-ci de-la, nous nous apercevons que Ie mot bibliotheca represente un seul volume considere sous son aspect exterieur ou son contenu, cela depend. Nous trouvons l'equivalence entre codex, Ie volume, et bibliotheca dans une anecdote rapportee par Ie moine Raoul Glaber, dans ses Histoires, au XIe siecie : Ie saint abbe de Cluny, Maleul, a ete capture par les Sarrasins au retour d'un voyage a Rome; l'un de ceux-ci « posa Ie pied sur Ie volume (codicem) que Ie saint homme de Dieu avait coutume d' emporter touj ours avec lui, c'est-a-dire la Bible» (bibliothecam videlicet) 4. Gilles de Paris, a la fin du xne siecie, dans un poeme d'introduction a I' Aurora de Pierre Riga, ne s'exprime pas differemment, lorsqu'il parle de « ce livre qui est appele Bible » (eo libro, qui bibliotheca vocatur). Lorsque la chronique de Morigny, elle aussi au xn e siecie, parle de cette bibliotheca tout entiere, « de la Genese jusqu'a la derniere epitre de Paul », il peut s'agir du volume ou de l'ensemble des Livres saints, tout comme dans la chronique de Saint-Pierre de Sens : « On fit ecrire a part Ie Pentateuque de MoIse; c'est-a-dire la premiere partie de la Bible (bibliotece), pour que les freres ne succombent pas sous Ie poids de tout Ie volume» (de nouveau bibliothece). Dans une enumeration de livres liturgiques, a la fin de ce meme siecie, Richard de Saint-Victor emploie Ie terme de bibliotheca, en parallele avec les homeliaires et autres . 3· Cett~ citation d~ Hugues de SAINT-VICTOR, comme la plupart des textes cites par la
s~te, proYlent du fichier du Nouveau Du Cange (Institut de France), ou des divers diction-
nalres natlonaux de latin medieval qui ont deja publie la lettre B. Nous avons particulierement utilise: - Ie Mittellateinisches Worterbuch, Munich, 1967, art. « Biblia» et « Bibliotheca», I, 10, c. 1461 1462. et 1462.-1463; - Ie Di~tionary of Medieval Latin from British Sources, London, 1975; - Ie Dlctionnaire de latin medieval de Boheme et de Moravie (Latinitatis medii aevi lexicon Bohemorum), Pragae, 1977; - Ie Glossarium mediae latinitatis Sueciae, Stockholm, 19 68 • Pour tout ce qui con~erne ~es dictionnaires et glossaires de latin medieval, on peut c Proverbes de Salamon Ie roi »12. D'autres traductions plus tardives comportent « les Faiz des Apostres » ainsi que « les Epistles de saint Pol »13. Pour clore ces considerations sur l'onomastique et Ie vocabulaire bibliques au Moyen Age, nous ne pouvons pas resister a la tentation de presenter la liste alphabetique des livres de 1'Ecriture sainte tels qu'ils apparaissent dans 1'ceuvre encyclopedique de l'un des plus illustres maitres de Paris, Jacques Legrand, comprenant L'Archiloge Sophie (ecrit avant 1405) et Ie Livre de bonnes meurs (compose avant 1410), ce qui constitue une nomenclature frans:aise telle qu'elle s'etait constituee a la fin du Moyen Age14 : « Amos, Apocalipse, Bible (par reference a saint Jerome; autrement Jacques Legrand utilise 1'expression Sainte Escripture), Cantiques, Premiere epistre aux Chorintes, Seconde epistre aux Corintes, Daniel, Deuteronome, Ecclesiastes, Livre Ecclesiastique, Epistre aux Ephesiens, Esdras, Ester, Exameron (a propos du commentaire de saint Ambroise), Exode, Livre des fais (ou faix) des Apostres, Epistre aux Galathes, Livre de Genesis, Epistre aux Hebrieux, Livre r r. Cf. Samuel BERGER, La Bible franraise au Mqyen Age. Elude sur les plus anciennes versions de la Bible ecriles en prose de langue d'oil, Paris, r884, p. r66. I2. Ibid., pp. 96 et I 05. I3. Ibid., pp. r79 et 265. 14. Je dois cette liste it M. Evencio BELTRAN, qui a prepare l'edition de ces textes frans:ais ainsi que de l'ouvrage latin de Jacques LEGRAND qui porte Ie titre de Sophilogion. Qu'il trouve ici l'expression de rna reconnaissance.
23
!lesterj~:' t~:=Ju~;, ~=~~eJ'='J~~ ~~~:' i~
L1V~ivre de' Levitique, Euvangile sainct Luc, Livr~ des ~achabees. ou ou
b
Malachiel (pour Malachie), Euvang1le sa:nct Mathieu,
Mach~e eU~ivre de nombres, Oseas ou Livre d'Osee, L1vre yaralopob s Psaultier (Commentaire de saint Augustm sur les Neetnl 'P enon rover e , R .) S h . ~ ~s) Epistre aux Rommains, Livre des Roys (ou 01S, op orne, L~:~:Thobie, Epistre a Tymothee, Ysays (ou Yasaie), Zacharie ». Monique DUCHET-SUCHAUX et Yves LEFEVRE.
LE LIVRE
La tradition Ie dit, Ie vocabulaire aussi, Ie Livre par excellence, c' est la Bible. Dans la culture des chretiens tout au moins et des juifs ; et deja avouons une limite de notre entreprise, qui met hors champ la Bible hebraique, dont pourtant l' on sent la presence durant tout Ie Moyen Age, parce que les chretiens jettent vers elle sans cesse des coups d'reil furtifs et vite reprimes. S'agit-il alors de la Bible latine, qu' on proteste aussit6t de la vitalite d'une culture grecque, depuis la Sicile jusqu'a la Pologne. II a fallu renoncer a trop embrasser, se cantonner dans Ie terroir deja immense de l'Occident latin. C'est que partout dans Ie Moyen Age la Bible est sensible, a portee de main, vivante, tant et si bien qu'on ne voit guere comment l'aborder, par quel moyen affronter Ie sujet. Le choix retenu ici est presque celui de l'archeologue a la quete des traces d'une vie materielle. Livre par excellence, la Bible est avant tout un objet, un materiau, un agregat de textes semes sur Ie parchemin ou Ie papier. Mais cet objet a pour particularite d'etre confectionne, entretenu et legue avec Ie plus grand soin, avec devotion meme : d'abord parce qu'il contient Ie code du christianisme, ensuite parce qu' entre les pages de ce code sommeillent d'innombrables potentialites que Ie Moyen Age occidental a su brillamment exploiter.
Le Livre 26
27
Le Livre
La premiere section de cet ou ,. materielle de Ia Bible au Mo en A evra~e etalt vouee a l'histoire par de vastes jacheres inexprquee; :,~e~~ I.e cha~p en est occupe Ce n'est done qu'une histoire ' J , eSlgneral quelques-unes. vient du desir manifeste ch matlerlelle avortee, mais Ie salut ez tous es aute d . ' urs e Sulvre Ia trace u bon gibier, flairant I'h d meme ou Ies choses se °t~e et bses . creatures, ses institutions Ia alsent 0 stlnem t b' . . en ou len sont trop bavardes sur elles-meme C plutot une histoire de Ia St'e hnettel ~stolre .materielle est devenue '1' coogle apphq , '1 B'b utI lsateurs et manipulateurs celIe d uee a a, 1 Ie par ses transmission. ' e ses modes d emploi et de
r:
't Le circuit de I'enquete etal't al ors tout trac' L ., e ape est celle des bibil' th' e. a premIere . 0 eques et de 1 aValent souci, eux aussi de d'fi . . eurs responsables; ils Bible dans leurs armoir~s et e ru~ une. J~ste place, adequate, a Ia , ont ImagIne des t' d C . sys emes ment, car il faut bien org' aruser. e falsant P' P' e classeamorce .. etltmengin qUI ouvre 1 ' lerre . . . Ia suite de I'esqUlsse Ie LIvre de mains en main L' d es armOIres et fait passer ., s. a secon e phase t 11 d . es ce e u trl entre 1es d ifferentes versions de 1 Bl'bI l ' Durant tout Ie haut Mo ena A e e atlne, I~ choix du bon texte. en effet voyage en y. g , des verSlOns concurrentes ont , COexistence compi . Pourquoi l'une seule d'entre elles a-t-elle p rlS . 1e d essus;> alsante. Et autre proceda-t-on aces ,.. ,comment de temps a , . reVISIons du te t b 'bli ,x ~ 1 que, rendues necessalres par Ies malheurs d e 1 benjamine de notre equip L a tr~nsffilsslon manuscrite? La ' . e, aura LIght s' t u travaIl Ie plus pe'rl'IIe d ' es trouvee chargee ' ux sans oute cel 'd d successifs pour decider de l' th ,~ UI e presenter ces efforts " au entlClte d'un t 1 a malnterur, Sur Ia fi . d ' exte, a retrouver et 1 . 01 es manuscrlts ell " c aIr Ie Iabeur des maitre ' , ' e a pu alnSl mettre au 1 d'une Bible reellement ~!u~:le~::ers 1200-~2,~O, et I'apparition raissent Ies instruments . s une trolSleme phase appaIecteur ne saurait se pascom~~gno~s de Ia Bible, ceux dont nul de Ia Bible. Ces outils ser s . pretend parvenir a I'intelligence 'il £ 1 sont Sl nombreu encore, et notre chon s'est ' ur 1 x qu a a Iu trancher dances, parce que Ia seul porte sd es Gloses et sur Ies Concor" S1'bIes, mais aussi parce q ement es d synth'eses para1ssa1ent pos. ue ce sont eux e t ' . Ie destln medieval de la Bibl U ~ reprl~es cap1tales pour e. n caractere cur1eux de ces outils
est leur anonymat, presque toujours, et leur provenance collective, qui atteste Ie labeur d'une corporation, silencieuse ici mais triomphan partout. Et au terme de la chaine des operations effectuees te sur Ie Livre d'entre les Livres prend place une derniere phase, de la plus haute importance puisque sont en jeu la survie et la reproduction du christianisme : c'est Ie temps des traductions et adaptations de la Bible pour des publics malhabiles en latin ou de langue differente. L'exemple du domaine anglo-saxon, presente par M. Lares, montre a l'envi les difficultes, et aussi les enjeux de ces entreprises. L'aval de cette histoire, la diffusion en largeur, vers des en publics n'entendant pas Ie latin, eut merite, convenons- , beaucoup plus de place et d'attention. Pourtant, Ie sujet des traductions reapparait plus bas au fil des pages, tandis que livresl et travaux sur les traductions de la Bible ne manquent pas • Quelques e remarques suffisent ici. Tout d'abord, la lenteur avec laquell des langues romanes s'individualisent par rapport au latin commun de leurs origines explique assez l'apparition tardive de traductions romanes (Xle siec1e) ; reste que plusieurs siecies se sont ecoules entre Ie moment ou en Gaule on a cesse de parler latin et celui ou des traductions voient Ie jour, et entre-temps on ne sait guere de quoi etaient armes les c1ercs des eglises rurales pour comprendre et faire entendre la Bible. En dehors de l' espace roman, les choses etaient plus c1aires : dans les lles britanniques et les pays germaniques, on a traduit a l'usage des laics et des c1ercs aussi qui ignoraient Ie latin. Bede avait entrepris la traduction de l'Evangile de saint Jean, il fut suivi par d'autres (M. Lares). En Baviere, a Fulda, des moines se sont mis a l'ouvrage2 • Plus loin vers l'Est, Cyrille et Methode ont de meme procede a la traduction des textes sacres pour les Moraves. 11 est cependant significatif que l'experience n'eut guere de suite, en raison de l'hostilite du c1erge de Germanie3 • Sans aller jusqu'a evoquer l'aH'rontement entre chretientes, en 1. Voir ROST [14]; Cambridge [5], pp. 33 8-39 1 ; Bibel [2.], art. « BibelUbew:tzung », tut
col. 2,95-1°5. A. SCHWARZ, « Die Bibel und die Grundlegung einer frankischen Litera Bible [3], pp. 58-69; BibBI [2],97-9 8• 3, Cf. Bibel [2], 1°5·
», dans
28
Le Livre
Le Livre
latine et grecque, il est evident que partout l'autorite ecclesiastique craint que les traductions ne favorisent les heresies : la premiere traduction germanique n'avait-elle pas ete effectuee pour les chretiens ariens (Wulfila) ? Sur la demande expresse de laics, on traduisit largement les Psaumes au xn e siecle, mais aussi Ie Cantique des Cantiques4 • C'etait cependant rompre Ie cercle du controle clerical, et l'Eglise reagit vite, ainsi Innocent III dans une lettre celebre aux Messins, en 11995, ou Ie synode de Toulouse en 122 9 qui pour combattre la propagande cathare interdit les traductions en langue vulgaire. Plus tard, dans Ie nord de la France, on reproche aux Beguines d'utiliser la langue vulgaire pour lire la Bible6 • Sous Ie controle, on saisit donc une resistance organisee ; mais celle-ci est mal connue, et on ne sait guere ce qui distinguerait une Bible vaudoise d'une Bible catholique, sinon que la premiere peut etre en fran~ais et la seconde est necessairement en latin7 • Quant a l'histoire du livre-objet, en amont de la chaine, c'est un chapitre a ecrire. Car une Bible, un recueil des Evangiles, se sont vus reconnaitre pendant Ie haut Moyen Age des valeurs d'usage singulieres. Vne Bible de Charles Ie Chauve ou Ie Livre de Kells manifestent la gloire du donateur et celIe du beneficiaire ; des Evangiles font normalement partie du trousseau de l'eveque, qui ne se deplace pas sans eux, de meme que tout clerc charge d'eglise devrait en possederB. Mais entre cet usage nature! aux fins pp.
29
., et lui ui fait deposer un Evangile de Jean de predicatlbon'd ~e t Cqthbert Ct 68 7), la difference se creus~9. d la tom e e sam u Im :~, est bien une fonction propit~atoire, qu' ~~ =~::~t :r~! ede e siecle au Livre d' Armagh, orsqu on e X . 10 sans succes , d' ailleurs . Sans parler de cet autre usage h' . , I Iml I ~nne , 'd d' ouvrir la Bible pour en extraire. une prop et~e~ tres repan u bb' ou un eveque elu. Le LIvre apparalt ICl " d'etre pendant Ie Pour un nouvel a e, 'il n'a sans doute guere cesse comme Moyen Acege,qlu. e slgne d'un pouvoir, sur les hommes et sur Ie temps. A
A
+ J. LECLERCQ, « Les traductions de la Bible et la spiritualite medievale», dans Bible [5], 26~-217. A c6te des traductions, il faudrait aussi analyser les paraphrases po6tiques, depuis
!:.~~~nd (compos.e entre 822 et 840) jusqu'a la fin du Moyen Age: voir J. R. SMEETS, « Les
ons-adaptattons versifiees de la Bible en ancien frans;rus », dans Les Genres littiraires t'M··S":;::-&8S Ibeologiques ~I Pbilosopbiques midiivale.r, Louvain-Ia-Neuve, pp. 5 GA:ERT, « Adaptattons et versions de la Bible en prose (langue d'oil»), ibid., pp. WAU........
1983,
2'-
i~
249- 2 8 ; 592
Rl!GoRY,. « The Twelfth Century Psalter Commentary in French for Laurette », dans BI~/e f5], pp. 109-126, et J. R. SMEETS, « La Bible de Jehan MaIkaraume », ; ~L2Zo-235,6 atnSl que Ie classique BERGER, La Biblefratlfaire au M~en Age, Paris, 1884. 78+ ,214, 95-699; lettre reprise dans les Dicritale.r de Gregoire IX, ed. FRmDBERG,
iIIiII.
II.
~3~' xxm, 197; voir Y. CONGAR, Jalons pour une tbeologie du laiGal, Paris, 1953, -:=~V;~Ott~'::-'.JIf11Itras, r~~Ilans-~ __~RudoIf NtiEsCH, AltwaltiensisGbe Bibeliibersetzung Ms. 3 tier Bibliotbeque I Berne, 979 : edition d'une Bible occitane, ecrite dans la zone du pp.
1
a la fin du XIII" siecIe (outre celie·d, deux autres Bibles occitanes ont ete COnnues). que do~s les bagages d'un eveque : PL, 139,841 ; liste _ plutot optimiste _ 1 POSseder tout pretre en AngIeterre au X" siecIe, PL, 1 39, 1473.
College.» en 1 1 77 a' la bataille 9 Manuscrit conserve, en Grande-Bretagne, it Stonyhurst crit « participa 7 ; ce mandie:(voir Tresors d'Irlande, Paris, Ga/eries I~. DUBLIN, Trinity ,Coll. Ie52,cadavre ecrit en e80son gar d :tJ;::;;:~.,;;t!;:.!nr;:::i:i:,s:. I9 32 I93J, Paris, 1982, nO 56).
-janvier
I
La Bible atravers les inventaires de bibliotheques medievales
Sous Ie nom commode d'inventaires de bibliotheques medievales, on a pris l'habitude de regrouper un ensemble de documents tres divers, qui vont de la liste de quelques titres griffonnee sur une feuille de garde au catalogue exhaustif couvrant des dizaines de pages, du registre de pret a l'inventaire apres deces 1• A cote des manuscrits eux-memes et des reglements de bibliotheques2 , ce vaste corpus qui doit compter entre deux et trois mille unites constitue une source de premier ordre pour les historiens de la pensee et de la spiritualite du Moyen Age3 • Les publications de documents 4 et les etudes de detail sont legion, mais l'exploitation statistique des series, la bibliometrie comme on dit maintenant, ne fait que commencer5 et peu de savants ont eu l'audace de se
1. Les difIe.rentes categories de documents sont bien presentees dans A. DEROLEZ, Les catalogu4s tie bibliotbeques, Tumbout, 1979 (Typologie des sources du Moyen Age occidental, 31). Le repertoire fondamental reste celui de Th. GoTTLIEB [24], qui distingue entre les catalogues de bibliotheques proprement dits (761 numeros) et les documents mentionnant des livres (629 nume.ros). Dans notre expose nous faisons, sauf indication suppIementaire, implicitement reference aux editions citees par Gottlieb. 2. K. W. HUMPHREYS, The Book Provisions of the Medie1Jal Friars, I2IJ-I400, Amsterdam, 1964, pp. 18-82, etudie ceux en usage dans les ordres mendiants. 3. On trouvera un choix suggestif d'etudes, recentes ou anciennes, dans la bibliographie de B. GUENEE, Histoire et culture historique dans/'Occident mitlie"a/, Paris, 19 80, pp. 379-3 82 . 4. Mentionnons juste un recueil pratique, mais peu sUr : G. BECKER [19] et trois series qui, elles, presentent toutes les garanties voulues : MBKDS et MBKO [27], et MSV = Mitte/a/terliche SchatZllerzeichnisse, t. I, Munich, 1967. 5. Un travail de pionnier : J.-Ph. GENET, « Essai de bibliometrie medievale : l'histoire dans les bibliotheques anglaises», dans Revue fra11faise d'histoire du livre, I6, 1977, pp. 3-40 .
Le Livre A travers les inventaires de bibliotheques mMievales
risq~er a des p~esentations synthetiques 6 • En particulier, a part un essai, plutot anecdonque, de Hans Rost dans son gros volume sur La Bible 7 au Mqyen Age , personne n'a tente, a notre connaissance, de rechercher ce que ces inventaires pouvaient no us apprendre sur la place que tenait I:Ec?ture sainte dans les bibliotheques et, plus profondement, dans 1 uruvers mental des lecteurs medievaux. A vrai dire, cette prudence s'explique. Pourquoi se lancer dans une longue enquete si Ie resultat en est donne d'avance? Les auteurs d'un tres riche tour d'horizon sur les bibliotheques anglaises d'avant I7 00 disent l'essentiel en peu de mots : . « On pe~t considerer comme allant de soi que chaque bibliotheque, swva.nt, sa talll~, aura en sa possession une ou plusieurs bibles, ainsi que les differents livres en volumes separes, d'ordinaire gloses »8.