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DANS LA MÊME COLLECTION
Guide du vin, Librio no 396 Les élections, mode d 'emploi, librio no 522 Dieux et héros de la mythologie grecque, Librio n° 593 Fêtes et célébrations. Librio n° 594 Le vin et ses plaisirs. Librio no 603 La généalogie, mode d'emploi, Librio no 606 Génération manga, Librio n° 619 Dictionnaire des instruments de musique, Librio n° 620 Les rois de France. Librio n° 650 Guerres et conflits du XJt!' siècle, Librio no 651 Dieux et pharaons de l'Égypte ancienne, Librio no 652 Séries télé, Librio no 670 Abrégé d'histoire de l'art. Librio no 714
Bernard Klein
Histoire romaine De la légende d'Énée à la dislocation de l'Empire
$brio Inédit
Cartographe : Carl Voyer
© E.J .L., 2005
Sommaire Introduction ..... ... ................. ............................... .........
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1. Légendes et histoire des origines de Rome .. ... .. .
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1) La légende d'Énée et des Troyens, ancêtres des Romains ............................................................... 2) La légende de Romulus, fondateur de Rome ... 3) La Rome des rois (vmc-v1c siècle) ............. .........
10 12 15
II. La République et les citoyens romains .. ... ... .. ... .
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1) Les conflits entre les patriciens et les plébéiens (509-367) .............................................................. 2) S.P.Q.R: les institutions du Peuple romain (mer:• siècle) .............. ......... ........................ ....... ... ... ... 3) :Ë.tre citoyen dans une République aristocratique (JV'-Ier siècle) ........................................ ......... 4) Les Romains et leurs dieux ...............................
21
Ill. La République conquérante (V:-Ier siècle) .........
39
1) L'émergence d'une puissance régionale (509272) ...................................................................... 2) Le duel Rome-Carthage (272-201) .................... 3) La naissance d'un empire (201-50) ................... 4) L'armée romaine ................................................. 5) La force de mobilisation romaine .. ........... ... ..... 6) Une culture virile et militaire ............................
42 40 43 47 48 50
IV. Le dernier siècle de la République (133-30) ....
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1) La prospérité de l'Italie romaine ....................... 2) Mutations sociales et culturelles ............... ........
53 55
18
27 33
5
3) L'amorce d'une crise sociale et politique ......... 4) Les Gracques (133-121) ... ... .. ... ... ... .. . .. ... ... ... .. ... .. 5) Le temps de Marius et Sylla {121-78) ... ..... ... ....
6) Le temps de Pompée et de César (78-50) ......... 7) La guerre civile et la dictature de César (49-44) 8) Le second triumvirat et le triomphe d'Octave
57 58 60 62 66
(44-30) ··································································
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V. L'Empire et les empereurs ...................................
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1) Auguste fondateur du « principat » (29 av. J.-C.14 apr. J.-C.) ........................................................ 2) La succession impériale (14-235) ...................... 3) Le pouvoir impérial ............................................ 4) Les élites et le pouvoir ....................................... 5) La vie politique sous l'Empire ...........................
71 75
77 79 82
VI. L'Empire-monde ..................................................
83
Organisation et administration de l'Empire ..... L'intégration des vaincus ................................... La «romanisation» et la vitalité des cités ....... Rome, capitale du monde .................................. La défense de l'Empire .. ........... ............ ........ ... ...
83 88 91 93 96
1) 2) 3) 4) 5)
VII. Crise et redressement de l'Empire romain (235-395) .. ........ ... .... ..... ... ... .. ...... ... ..... .... ....... ... ....
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1) De nouveaux périls extérieurs et la défense de l'Empire .. .. .. .. .. ... .... ... .. .. ... .. .. .. ... ........... ... ..... ... ..... 99 2) Un nouveau style de gouvern ement .................. 102
3) Les réformes et les changements de société .. .. 105 4) La christianisation de l'Empire .........................
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Conclusion : chute ou survie de l'Empire romain ? (395-476) ......................................................................
111
Annexes ...................................................................... .. Chronologie .................................................................. Index des noms propres et des notions ................... .. B'bl. 1 1ograph'1e .............................................................. ..
115 117 123 126
Introduction
Longtemps la lecture de Cicéron, de Tite-Live, d'Ovide, de Virgile, de Sénèque, de Tacite, de Suétone ou de Plutarque a nourri la réflexion e t l'imaginaire des Européens. L'histoire de Rome a été une réserve inépuisable d 'exemples contradictoires: idéal du civisme, modèle de République mais aussi de régime a utoritaire, admiration pour la rigueur du droit romain ou les idées « révolutionnaires» . Certains personnages réels ou légendaires de cette histoire ont inspiré poètes, dramaturges, peintres ou hommes politiques, tels Didon et Énée, les Sabines, Brutus, les Gracques, Spartacus, César et Cléopâtre, Titus et Bérénice. D'au tres, comme Caligula ou Néron, suscitent encore des échos plus ou moins scand aleux, sans parler des images persistantes comme les jeux du cirque forcément « cruels » ou les orgies forcément «romaines». Au-delà de ces clichés, l'histoire de Rome, tout comme le latin et le grec, disparaît pourtant peu à peu de no tre horizon culturel et n'est plus ce réservoir de modèles ou de contre-m odèles qu'elle a longtemps été. L'Histoire elle-même a cha ngé ses méthodes et son approche : ce sont les caractères spécifiques de Rome qui font l'objet du travail des historiens, sans jugement de valeur, du moins en p rincipe. Malgré tout, se pencher sur cette histoire romaine peu t encore susciter l'intérêt, ne serait-ce que la constitution d'un empire qui a réussi l'intégration des vaincus, non que cet empire soit un « modèle » à suivre, en ces temps d e mon-
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dialisation et de construction européenne, mais il offre au moins matière à réflexion. Dans le cadre de cet ouvrage, nous n'aurons évidemment pas l'ambition d'exposer tous les aspects d'une histoire qui court sur plus de mille ans. Nous tenterons d'en éclairer quelques-uns : les origines légendaires, la nature et le fonctionnement des institutions sous la République et sous l'Empire, les causes du succès des conquêtes et du maintien dura ble d'un empire immense. Nous insisterons davantage sur une période clef de l'histoire romaine qui voit la chu te de la République et son remplacement par le régime impérial.
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Légendes et histoire des origines de Rome
À la fin du rer siècle av. J.-C. 1, sous le règne d'Auguste, deux grands écrivains latins évoquent à leur manière les origines de Rome. Tite-Live écrit sa grande histoire romaine, Ab Urbe condita ( « Depuis la fondation de la Ville ») : ses premiers livres sont consacrés à la fondation de Rome par Romulus et à l'histoire de ses modestes débuts. De son côté, Virgile compose son épopée, L'Énéide, qui raconte les aventures du héros troyen Enée venu en Italie. Ces œuvres, écrites plusieurs siècles après les faits qu'elles prétendent évoquer, mêlent des éléments propres aux Romains et aux Latins et d'autres empruntés aux Grecs. Les légendes romaines font de Rome une colonie d'Albe la Longue et de Romulus le fondateur de la Ville en 753 2• Les légendes inspirées des Grecs font des Romains les descendants des Troyens, menés en Italie par Énée, après la prise de Troie datée par les Grecs de 1193 ou 1184. Énée y aurait fondé Lavinium et son fils, Albe la Longue. Les deux légendes sont ensuite associées. Romulus est en effet un fils d'un roi d'Albe: les Romains en font tantôt le petit1. Les dates jusqu'à Auguste (27 av. J.-C.) seront entendues comme avant J.-C., les dates après la mort d'Auguste (14 apr. J.-C.) seront comprises comme après J.-C., sauf indications contraires. 2. Ce n'est que l'une des dates retenues par les Anciens. Dans la suite, nous conserverons les datations traditionnelles qui viennent essentiellement de Tite-Live, bien qu'eUes soient souvent douteuses jusqu'au v< siècle au moins.
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fils d'Énée, tantôt son descendant plus lointain pour mieux respecter la chronologie, puisque quatre siècles séparent Énée de Romulus ... La légende d'Énée est d'actualité au temps d'Auguste. Comme fils adoptif de Julius Cresar (Jules César), Auguste appartient à la famille patricienne des Julii qui prétend descendre d'un certain Iule, fils d'Énée et petit-fils de Vénus. Maître du pouvoir à Rome, Auguste appuie sa propagande sur cette merveilleuse filia tion. Cependant la légende d'Énée a été introduite à Rome depuis bien longtemps, au moins depuis le IV' siècle, quand Rome entre en contact direct avec les cités grecques d'Italie du Sud. Pour les Romains, se rattacher à une légende grecque est un moyen d'affirmer une parenté entre Grecs et Romains. Comme le monde grec a été conquis par Rome, les Grecs eux-mêmes adoptent l'idée que les Romains sont leurs parents, ce qui permet de mieux admettre leur soumission. C'est l'objet d'un ouvrage du Grec Denys d'Halicarnasse, lui aussi de l'époque d'Auguste, entièrement consacré à démontrer que les Romains sont en fait des Grecs et non des Barbares.
1) La légende d'Énée et des Troyens, ancêtres des Romains Énée appartient à la fam ille royale de Troie. Il est le fils de la déesse Vénus et d'Anchise, lui-même petit-fils de Zeus. Lorsque Troie est prise par les Achéens, Énée fuit sa patrie sur l'ordre de Vénus. Il emmène son fils Ascagne (appelé Iule par Virgile) et porte son vieux père Anchise sur ses épaules, ce qui fait de lui le modèle de la piété à l'égard des dieux et de la piété filiale. Énée emporte aussi les statues des Pénates et de Pallas-Athéna, les protecteurs des Troyens. Ces objets sacrés doivent rendre aux Troyens la domination sur le monde. Les Romains prétendent les conserver dans leur temple de Vesta, la déesse protectrice du foyer de la cité. Avant d'arriver en ItaHe, Énée er re de longues années sur la mer, ses îles et ses rivages. Débarqué en Afrique, il est accueilli par Didon, reine de Carthage. Ds tombent
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amoureux mais Énée doit repartir sur l'ordre de Jupiter. Désespérée, Didon le maudit avant de se suicider et la déesse Junon, protectrice de Carthage, prend parti contre le héros troyen. Énée se rend ensuite en Sicile puis en Italie, à Cumes, une cité grecque. Il y rend visite à la Sibylle, la prophétesse d'Apollon. Grâce à elle, il descend aux Enfers où il peut revoir son père Anchise, mort entretemps. Celui-ci lui montre les âmes des futurs grands hommes de l'histoire de Rome, cité destinée à conquérir le monde: « D'autres [que les Romains) sauront, avec plus d'habileté, assouplir et animer l'airain et, je le crois volontiers, tirer du marbre des statues vivantes, mieux f aire les plaidoiries, et mieux décrire au compas le mouvement des cieux et dire le cours des constellations. Toi, Romain, souviens-toi de régi r les peuples sous ton Empire : tes arts à toi seront d'imposer les conditions de la paix, d'épargner les vaincus et de dom pter les orgueilleux. » Virgile, Énéide, VI, 848-853
Énée repart pour ses pérégrinations. TI arrive enfin au Latium où il rencontre Latinus, le roi des Latins. Il épouse sa fille Lavinie, mais ce mariage rend furieux Turnus, roi des Rutules et prétendant de Lavinie. Il s'attaque à Latinus et Énée, avec de nombreux alliés. Énée est inquiet, mais le dieu Tibre lui apparaît en songe pour le rassurer : « ô rejeton de la race des dieux, toi qui nous ramènes la ville de Troie sauvée de l'ennemi [ ... ),voici sur le sol laurentin et dans les terres latines qui t 'attendaient, la demeure qui t'était fixée. [... )Apprends que tu vas trouver, sous les yeuses du rivage, une truie énorme, avec les trente petit s qu'elle a mis au monde, couchée, toute blanche, sur le sol, et ses bla ncs nourrissons autour de ses mamelles. Ce sera là l'emplacement de ta ville, le t erme fixé à tes fatigues, c'est là qu'au bout de trois fois dix ans, Ascagne fondera Albe au nom clair. ))
Virgile, Énéide, VIII, 37-50
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Énée voit en effet la truie et comprend que sa destinée est presque accomplie. Le sol laurentin est le territoire de Lavinium qu'il doit fonder et les trente petits cochons évoquent les peuples latins au nombre de trente eux a ussi. Il passe alors par le site de la future Rome: il y trouve des Arcadiens, d'autres Grecs installés sur le Palatin dont il fait ses a lliés. Vénus lui vient au ssi en aide : elle demande au dieu forgeron Vulcain de lui fabriquer une armure et un magnifique bouclier dont le décor évoque les succès des Romains et du futur Auguste. La guerre est pleine de péripéties. Au cours d'une ultime bataille, Énée est blessé d'une flèche à la cuisse que son fidèle médecin Iapix ne parvient pas à soign er . Vénus accourt lui apporter une herbe miraculeuse qui le guérit. Le comba t reprend et Énée tue Turnus. Enfin victorieux, il peu t fonder Lavinium, dont le nom honore son épouse. À son tour, son fils Ascagne-Iule fonde Albe la Longue qui devient la capitale des trente peuples latins. Tre ize rois succèdent à Ascagne. Le dernier d'entre eux, Amulius, prend le pouvoir en chassant son frère Numitor. Il tue les fils de Numitor et impose à sa fille Rhéa Silvia de devenir prêtresse de Vesta, et donc de rester vierge. Mais Rhéa Silvia, « visitée » par le dieu Mars, met au monde des jumeaux, Romulus et Remus. C'est ainsi que les légendes d'Énée et de Romulus sont reliées.
2) La légende de Romulus, fondateur de Rome Quoique incrédule lui-même, Tite-Live nous raconte comment les jumeaux furent sauvés d'une mort presque certaine: « [Amulius] donne l'ordre d'enchaîner la prêtresse [Rhéa Silvia], de la mettre en prison et de jeter ses enfants dans le courant du fleuve. Par un hasard providentiel, le Tibre était
en crue et s'étalait en nappes d'eau dormantes ; le lit régu lier du fleuve était inaccessible mais les porteurs crurent que ces eaux stagnantes étaient suffisantes pour noyer les nouveaunés. lis s'imag inent donc exécuter l' ordre du roi, en déposant les enfants dans la première étendue d'eau venue, à l'endroit
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où se trouve aujourd 'hui le figuier de Rumina, qui aurait porté, dit-on, le nom de Romulus. L'endroit était alors désert et inhabité. Selon la légende, le berceau où les enfants étaient exposés commença par f lotter puis s'immobilisa quand l'eau se reti ra ; une louve, que la soif avait fait descendre des collines voisines, accourut vers eux, attirée par les cris des enfants ; se couchant, elle leur présenta délicatement ses mamelles, si bien que le berger du roi - du nom de Faustulus rapporte-t -on - la trouva en train de les lécher. JI les emmena à sa bergerie et les donna à élever à sa femme Larentia . D' autres prétendent que Larentia était une prostituée, sUrnommée la "louve" par les bergers: ce serait l'origine de la légende miraculeuse. » Tite-Live, Histoire romaine, 1, 4, 3-8
Romulus et Remus sont élevés par mi les bergers. Un jour, on leur révèle leur origine royale : aussitôt, ils éliminent Amulius et rétablissent leur grand-père Numitor sur le trône d'Albe. Mais Albe est trop peuplée : les jumeaux décident alors de partir fonder une nouvelle ville sur les lieux de leur enfance. Mais lequel des deux en sera le fondateur et le roi ? «Comme ils étaient jumeaux et qu 'on ne pouvait les départager en fonction de l'âge, les jeunes gens vou lurent que les dieux protecteurs des lieux désignassent, par le vol des oiseaux, celui qui donnerait son nom à la ville nouvelle et qui régnerait sur la ville, une fois qu' elle serait fondée ; pour observer les oiseaux, Romulus se plaça sur le Palatin, Remus sur l'Aventin. D'après la tradition, Remus fut le premier à constater un augure 1 sous la forme de six vautou rs ; la nouvelle s' en répandait déjà quand le double se montra à Romulus. Chacun d'eux fut proclamé roi par ses partisans. Les uns faisaient valoir la priorité dans le temps, les autres le nombre des oiseaux pour revendiquer la royauté. On discute, on en vient aux mains ; la colère monte et dégénère en lutte meurtrière. Dans la bagarre, Remus tomba, blessé
1. Équivalent d'auspices : ce sont les signes envoyés par les dieux, sous la form e de vols d'oiseaux. Venant de gauche (si nister), le présage est défavorable ; venant de droite, il est favorable.
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à mort. Il existe une autre version des faits plus répandue : pour se moquer de son frère, Remus aurait franchi d'un saut les murailles qu'il venait d'élever. Romulus l'aurait tué sous le coup de la colère, en ajoutant cet avertissement : " qu'il en soit de même à l'avenir pour tout homme qui franchira mes murailles! " Romulus resta donc seul maître du pouvoir et la ville, une fois fondée, prit le nom de son fondateur. »
Tite-Live, Histoire romaine, 1, 6, 4 - 7, 2
Romulus fonde sa ville sur le Palatin. ll en a tracé la limite sacrée, à l'aide d'une chanue: cette limite est le pomérium, que nul ne peut franchir armé, comme le montre le sort de Remus. Afin d'accroître la population, Romulus crée un asile sur la colline du Capitole pour y attirer criminels et esclaves fugitifs. Une foule d'hommes se rassemblent, mais il faut encore leur fournir des épouses. Les peuples voisins, sollicités, refusent d'accorder leurs filles à cette bande inquiétante. Romulus imagine une ruse : à son invitation, les Sabins viennent assister à un spectacle de courses de chevaux au Grand Cirque. Les Romains en profitent pour enlever par surprise les filles des Sabins et ils les convainquent de les épouser. Furieux, les Sabins, sous les ordres du roi Titus Tatius, attaquent Rome, prennent le Capitole alors que les Romains tiennent toujours le Palatin. Une bataille s'engage dans la plaine intermédiaire, le site du futur forum romain : voulant empêcher leurs parents et leurs maris de s'entre-tuer, les Sabines accourent et s'interposent entre Romains et Sabins. Émus par ces femmes, les combattants font la paix et les deux peuples décident de s'unir : Romulus et Titus Tatius règnent conjointement sur Rome. Après avoir établi les premières institutions de Rome et longuement guerroyé avec les voisins de Rome, Romulus disparaît au cours d'un orage au champ de Mars. Les Romains pensent qu'il est monté au ciel et devenu dieu sous le nom de Quirinus. Sa cabane sur le Palatin est pieusement conservée jusqu'à l'époque d'Auguste, du moins les Romains l'identifient-ils ainsi. Toutes ces légendes font partie de l'identité romaine, telle qu'elle se dessine progressivement à partir du W: siècle et se cristallise dans les œuvres littéraires du 1er siècle. En 14
ce sens, elles sont aussi « historique».
«
réelles » que n'importe quel fa it
3) La Rome des rois (vuf-vf si ècle)
Selon la tradition romaine, trois rois d'origine romaine ou sabine succéderaient à Romulus : Numa Pompilius, un Sabin qui est le fondateur du calendrier et des principales institutions religieuses ; Tullus Hostilius qui mène de nombreuses guerres et détruit Albe ; enfin, Ancus Martius qui fixe les règles de la guerre juste. Ensuite viendraient trois rois étrusques : Tarquin l'Ancien ; Servius Tullius qui réforme de fond en comble les institutions et l'organisation du peuple ; enfin, Tarquin le Superbe, le dernier roi de Rome. Aussi bien le nom des rois, leur nombre que le contenu de leur œuvre sont sujets à discussion. L'archéologie et une nouvelle manière d'étudier les sources littéraires ont cependant permis de mieux interpréter tous ces récits, élaborés plus tôt qu'on ne le pensait. La situation de Rome en Italie explique aussi les influences multiples qui s'y croisent. Elle se trouve au contact de quatre aires de civilisation :
Le Latium Rome appartient à la ligue des trente peuples latins don t elle partage la langue. lls célèbrent un culte commun à Jupiter: son temple se situe da ns les monts Albains, là où les légendes placent Albe la Longue. Cette subordination à une confédération explique que les Romains se soient imaginé qu'Albe était plus ancienne que Rome. lls l'ont donc considérée comme leur métropole 1, alors qu'il n'y a sans doute jamais eu de ville à Albe mais seulement un san ctuaire confédéral. Les Latins développent à peu près au même moment que les Étrusques, à partir du VIlle siècle, une civilisation fondée sur l'agriculture et sur des centres 1. Cité mère qui envoie un groupe de ses citoyens fonder une nouvelle cité, appelée colonie.
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urbains. Ces villes s'organisent en cités 1 , avec un roi ou des magistrats et un peuple de citoyens. Des fouilles récentes· au nord du Palatin laissent penser que Rome a pu être un centre urbain important dès la fin du vme siècle, c'està-dire à peu près à la date de la fondation légendaire de Rome par Romulus. Le monde sabin
Rome est en relation directe avec le monde sabin des Apennins. Les Sabins, qui font partie du groupe des peuples samnites et ombriens, restent des peuples de pasteurs sans villes importantes. Ils ont besoin du sel, nécessaire à l'élevage, que l'on trouve à l'embouchure du Tibre près d'Ostie. La route qui va des montagnes aux salines, la via salaria, passe par Rome où elle franchit le Tibre. Les contacts, tantôt belliqueux, tantôt pacifiques, entre Romains et Sabins, trouvent un écho dans les légendes des Sabines et de Titus Tatius. L'Étrurie L'Étrurie commence au-delà du Tibre et les cités étrusques de Caeré, Tarquinia et Véies sont les voisines de Rome. Aux VIf et VIe siècles, les Étrusques, unis dans une confédération de douze villes, étendent leur domination vers le sud jusqu'en Campanie. Ils soumettent Rome et une partie du Latium. Or l'archéologie montre que le site de Rome connaît une évolution décisive au moment où les Romains sont dirigés par les trois rois étrusques (de 616 à 509). Un grand égout à ciel ouvert, la cloaca maxima, draine la zone marécageuse entre le Palatin et le Capitole; le forum y est aménagé à la fin du VIf siècle comme centre politique, avec la regia (la maison du roi), une zone cultuelle et un lieu destiné au sénat et à l'assemblée du peuple. Au cours du VIe siècle, une immense muraille est édifiée. La superficie de la ville est alors de 400 hectares,
la plus vaste d'Italie. La tradition en attribuait la construc1. Une cité est un État, formé d'une communauté organisée de citoyens. Celle-ci est établie sur un territoire dont le centre politique et religieux est une ville.
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tion au roi Servius Tullius. Des temples monumentaux de type étrusque sont élevés au pied du Capitole, avant celui de Jupiter sur la colline elle-même. L'art de Rome est alors inspiré de l'art étrusque, lui-même influencé par les Grecs. Les Romains empruntent également l'alphabet étrusque. La chronologie traditionnelle coïncide donc avec des transformations urbaines importantes. Voilà pourquoi les Romains ont pensé que leurs rituels de fondation (prise d'auspices et tracé du pomérium) leur ont été transmis par les Étrusques alors que l'Étrurie et le Latium ont évolué en même temps.
Le monde grec Enfin, Rome n'est qu'à une vingtaine de kilomètres de la mer : comme le monde étrusque, elle a été très tôt ouverte à l'influence directe des Grecs qui fondent leurs premières colonies en Italie du Sud au début du VIif siècle. La période étrusque est donc très faste pour les Romains. Rome a alors une organisation civique complexe, avec un sénat, une assemblée populaire et un roi qui cumule les pouvoirs religieux, militaires et politiques. Mais le dernier roi, Tarquin, dit le Superbe O'orgueilleux), se serait montré tyrannique. La chute de la royauté nous est racontée par les Romains comme la conséquence d'une affaire de mœurs dans la famille royale. La jeune Lucrèce est violée par Sextus, le fils du roi Tarquin. Elle se suicide, après avoir fait promettre à son époux Tarquin Collatin de la venger. Collatin et quelques aristocrates, dont Junius Brutus, chassent Tarquin en 510. Us proclament la Liberté et la République : les deux hommes en auraient été les deux premiers consuls en 509. Le titre de roi sera désormais synonyme de tyrannie à Rome. La même année le temple de Jupiter sur le Capitole est achevé : il sera le dieu protecteur de la République.
II
La République et les citoyens romains 1) Les conflits entre les patriciens et les plébéiens (509-367)
L'histoire des deux premiers siècles de la République repose encore sur les récits très tardifs de Tite-Live et de Denys d'Halicarnasse. Elle est pleine de péripéties et de luttes internes, dont le détail est souvent douteux et sujet à des discussions acharnées entre spécialistes. Nous nous contenterons ici d'expliquer les principes fondateurs de la République romaine et de ses institutions. Les patriciens au pouvoir La chute de la royauté à Rome s'est traduite par la transmission des pouvoirs du roi à des magistrats élus annuellement par le peuple : la République ·(res publica) est en effet littéralement la« chose du peuple». Le peuple romain (populus) comprend alors deux catégories de citoyens: les patriciens et les plébéiens. Les patriciens sont les descendants des patres, les membres du sénat de l'époque royale, auxquels s'adjoignent encore quelques familles au ye siècle. Chaque famille forme une gens 1 qui comprend aussi un grand nombre de dépendants, les clients, lesquels cultivent les terres des patriciens. L'autre partie de la population romaine est formée des plébéiens, exclus de l'exercice du pouvoir. Ces plébéiens sont les citoyens qui n'appartien1. Famille au sens large qui comprend Lous ceux qui portent le même gentilice (le nom de famille).
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nent pas au patriciat : ce sont, pour la plupart, de petits propriétaires qui cultivent eux-mêmes leurs terres, les autres vivant à Rome de l'artisanat. Aux débuts de la République, les patriciens monopolisent les magistratures, notamment le consulat 1• Ils prétendent aussi être les seuls à maîtriser le droit, qui est oral, et à pouvoir exécuter les rites religieux. Les débuts de la République sont marqués par les revendications des plébéiens qui cherchent d'abord à limiter les abus de pouvoir des patriciens puis réclament l'accès aux magistratures. À ces conflits politiques s'ajoutent certainement des tensions économiques: nos sources évoquent des problèmes d'endettement et d'esclavage, de disette, de manque de terres.
Le tribunat de la plèbe Même s'ils n'exercent pas le pouvoir, les plébéiens sont citoyens, donc soldats. lis sont indispensables à la cité qui est alors en guerre perpétuelle. Aussi, en cas de conflit avec les patriciens, les plébéiens font une sorte de grève, en se retirant sur le mont Sacré à quelques kilomètres de Rome, ou bien sur l'Aventin. Ce sont les « sécessions » de la plèbe qui ponctuent les débuts de l'histoire intérieure de Rome. À la suite du premier de ces conflits, en 494, les plébéiens décident de créer leurs propres institutions: les édiles de la plèbe, pour les questions de ravitaillement, et les tribuns de la plèbe (deux puis dix), pour se protéger des abus de pouvoir. Les tribuns peuvent bloquer les décisions d'un magistrat et ont le droit de punir d'une amende et même de mort. lis bénéficient d'une protection religieuse, la « sacro-sainteté >> : quiconque porte la main sur eux est déclaré sacer, c'est-à-dire propriété des dieux, maudit en quelque sorte. Édiles et tribuns de la plèbe sont élus par une assemblée, appelée le concilium plebis (la« réunion de la plèbe»), qui ne rassemble que les seuls plébéiens. Cette assemblée peut voter des décisions, appelées « plébiscites», qui son t des lois valables pour la plèbe. La plèbe élève aussi son propre temple sur l'Aventin, dédié à Cérès, 1. Ou, plus exactement, les magistratures supérieures, quelle qu'en soit la dénomination : on pense en effet que le titre de consul apparaft plus tardivement.
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Liber et Libera : cette triade est comme la réplique plébéienne de la triade du Capitole (Jupiter, Junon et Minerve). ll y a donc en quelque sorte deux séries d'institutions parallèles, celle de la plèbe et celle du peuple. Loi écrite et droit d'appel
Les plébéiens obtiennent en 451-449 une première grande victoire, avec la publication par écrit des lois rédigées par une commission spéciale, les décemvirs. Cet ensemble forme la loi des XII tables exposées sur le forum. Le simple fait de les publier est une limite imposée au pouvoir des magistrats. Au même moment, le droit d'appel (la provocatio) est confirmé, même si la tradition le fait remonter à 509: aucun magistrat ne peut plus punir un citoyen à Rome sans qu'il puisse faire appel au peuple pour le juger. Ce droit est d'abord exercé par l'intermédiaire d'un des tribuns de la plèbe, dont le banc est placé significativement tout près de la prison des condamnés à mort : un tribun peut opposer son veto à toute exécution. Il faut toutefois attendre la loi Valeria de 300 pour que le droit d'appel soit applicable hors de Rome et puisse être exercé sans l'intermédiaire d'un tribun. Loi écrite et droit d'appel sont les aspects essentiels de la Liberté pour les simples citoyens, plus encore que l'exercice des droits politiques. L'accès des plébéiens au consulat Les patriciens refusaient aux plébéi~ns l'accès au consulat pour des motifs religieux : les consuls, en tant que successeurs des rois, détiennent en effet le droit d'auspices. Selon eux, ce droit ne peut se transmettre qu'aux patriciens. Après un siècle de luttes obscures et de subterfuges divers, les plébéiens finissent par obtenir l'accès au consulat par la loi Licinia-Sextia de 367. Une autre loi de 342 stipule même que l'un des deux consuls sera obligatoirement plébéien. Par la suite, les autres magistratures (dictature, censure, préture, questure) s'ouvrent aux plébéiens, suivies par la plupart des prêtrises. Au me siècle, les institutions de la plèbe sont progressivement intégrées dans celles du peuple. Les plébiscites seront reconnus comme des lois valables pour tout le peuple, d'où le rôle grandissant des tribuns de la plèbe dans le domaine législatif.
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2) S. P.Q.R : les institutions du Peuple romain (m e-1 "' siècle)
L'année 367 a été considérée par les Romains comme un tournant. La réconciliation des patriciens et des plébéiens permet l'émergence d'une élite un peu plus large. Les institutions et la carrière des honneurs se stabilisent au me siècle et un équilibre satisfaisant s'instaure entre les trois pouvoirs complémentaires : les magistrats, le sénat et le peuple. La République ne connaît plus de crises internes très graves avant le Ile siècle. Les consuls et les autres magistrats
Les principaux magistrats à Rome sont les deux consuls. En effet, les consuls succèdent au roi dans tous ses pouvoirs, à l'exception de certaines compétences religieuses, dévolues à un prêtre dénommé rex sacrorum, « roi des rites sacrés». Ils exercent un pouvoir très fort, l'imperium : il s'agit du pouvoir de commander et punir les citoyens, à l'intérieur de Rome (imperium domi = « à la maison ») et à l'extérieur (imperium militièe). Le costume du consul et tout l'apparat solennel qui l'entoure sont l'héritage du roi étrusque. Il porte la toge prétexte, qui est une toge à bande pourpre et s'assied sur une chaise spéciale, dite curule. Comme le roi, chaque consul est précédé de douze licteurs qui portent les douze faisceaux, composés de baguettes entourant une hache. Les baguettes symbolisent le droit de punir, la hache celui de faire appliquer la peine de mort. Tout un personnel de hérauts (prèecones) et d'appariteurs (viatores) l'escorte et fait le vide autour de lui quand il s'avance. Lorsqu'il exerce ses fonctions judiciaires, il prend place sur un tribunal surélevé. Son attitude, ses gestes, l'expression de son visage doivent traduire toute la solennité et le caractère terrible du pouvoir qu'il exerce. L'autre face du pouvoir consulaire est liée à la religion. C'est le droit de prendre les auspices, c'est-à-dire de consulter Jupiter dont l'approbation est nécessaire pour être investi de l'imperium, pour partir à la guerre ou pour toute action politique, comme le vote d'une loi. Enfin, les consuls sont les magistrats «éponymes» de Rome: ils donnent leur nom à l'année. On comprend donc que, pour les aristocrates, la Liberté ait été la limitation de ce pouvoir ((royal ». n s'agissait en
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effet d'empêcher quiconque d'exercer, seul, un pouvoir aussi fort sa vie entière et par l'effet de l'hérédité. La Liberté, de ce point de vue, consiste à limiter à une année le pouvoir suprême (l'annalité), à instaurer l'égalité de pouvoir des deux consuls (la collégialité) et l'élection par le peuple. Ces trois critères définissent la notion de magistrature. Seule la dictature échappe à ces critères, mais elle est rarement exercée après le 1ve siècle. Comme on l'a vu, ceux qui n'exercent pas le pouvoir ont voulu se protéger des abus possibles par le droit d'appel et le tribunat de la plèbe. De là découle un autre point essentiel qui est la nette distinction entre les domaines civil et militaire. L'imperium s'exerce en effet différemment à l'intérieur de la Ville et à l'extérieur. Dans la Ville, l'imperium domi est limité par le droit d'appel au peuple: les faisceaux des consuls n'y comportent donc pas de hache. L'espace de la ville est un espace civil et paisible, où les citoyens portent la toge bla nche. À l'extérieur de la Ville, les consuls exercent l'imperium militiaz (militaire) qui leur permet de commander l'armée. Ils y conservent le droit de punir de mort les citoyens (civils) sans possibilité d'appel jusqu'à la fin du tl/ siècle et jusqu'en 195 pour les soldats. Mais, dès que le consul rentre à Rome et franchit le pomérium, il perd son imperium militiaz. De même, les soldats ne peuvent entrer en armes à l'intérieur de Rome, sauf à l'occasion d'un triomphe. D'autres magistratures sont héritées qu temps des rois ou sont créées sous la République. Outre les édiles et les tribuns de la plèbe, il s'agit des questeurs, des édiles curules, des préteurs et des censeurs. Contrairement aux consuls, ils ont des tâches spécialisées et n'on t pas le pouvoir de l'imperium, à l'exception des préteurs, mais I'imperium des préteurs est inférieur à celui des consuls. Les censeurs, créés en 443, sont chargés de recenser les citoyens et de dresser la liste officielle des sénateurs, l'album sénatorial. C'est la raison pour laquelle la censure est devenue une magistra-
ture très prestigieuse que seuls d'anciens consuls peuvent revêtir. Lorsque les guerres menées par Rome se dérouleront sur des théâtres d'opération lointains, l'habitude ser a prise de prolonger d'une ou de plusieurs années l'imperium d'un consul (ou d'un préteur): il prend alors le titre de
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proconsul (ou de propréteur) et n'a que des compélences militaires. Enfin, des lois fixent les règles concernant l'âge et )es intervalles entre deux magistratures. Les magistrats romains à la fin de la République dans l'ordre du cursus honorum théorique Magistrats (nombre) Dictateur Un seul, avec un maitre dela cavalerie.
Censeur Deux
Consuls Deux
Prêteurs Huit (en 80 av. J.-C.).
Conditions et mode de désignation
Pouvoirs et fonctions
Avoir été consul. Nommé par un consul sur ordre du sénat, pour six mois au maximum.
24 faisceaux et 24 licteurs. lmperium (domi et militi;e) supérieur à tous les ma~strats. Dirige 'État et commande l'armée.
Avoir été consul. ~tre âgé de 44 ans au moins. Élus par les comices centuriates, tous les cinq ans, pour dix-huit mois. L'un est patricien, l'autre plébéien.
Pas de faisceaux. Po/estas (seulement pouvoir civil). Recensement des citoyens, liste des sénateurs (lectio) et des chevaliers, gestion des biens et travaux publics.
Avoir été préteur. ~tre âgé de 42 ans au moins. Élus par les comices centuriates pour un an. Au moins un plébéien parmi les deux consuls.
12 faisceaux et 12 licteurs. lmperium (domi et militi;e). Dirigent l'État et commandent l'armée (jusqu'en 80). Droit de convoquer le peuple et le sénat, de proposer des lois.
Normalement avoir été questeur. ~tre âgé de 39 ans au moins. Élus par les comices centuriates pour un an.
2 faisceaux à Rome (pour les préteurs chargés de la justice) ; 6 faisceaux dans les provinces (gouverneurs de Sardaigne, Sicile et Espagne). lmperium do mi et militi;e. Peuvent remplacer les consuls à Rome en leur absence.
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Édiles
Normalement avoir été ~uesteur.
Quatre (deux édi- tre âgé de 36 ans au les de la plèbe et moins. deux édiles curu- Élus par les comices tributes pour un an. les). Tribuns de la plèbe Dix
Questeurs Dix (en 80 av. J.-C.).
Pas de faisceaux. Potestas. Surveillance des marchés, approvisionnement, entretien des rues, organisation des jeux.
Ëtre plébéien. Peuvent être élus directement sans avoir été questeurs (mais ils le sont généralement). Élus par les comices tributes pour un an.
Potestas, sacro-sainteté. Pouvoir de s'opposer à toute décision d'un magistrat ou du sénat (veto, intercessio). Droit de convoquer la plèbe (en fait les comices tributes) et de proposer des plébiscites qui ont force de loi ; d'infliger des amendes et la peine de mort. Défense des citoyens (jus auxilii).
Dix ans de service miJitaire (deux au 1er siècie) ; être chevalier. Ëtre âgé de 30 ans au moins. Élus par les comices tributes pour un an.
Pas de faisceaux. À Rome, gestion du Trésor public, des archives, adjoints des consuls (deux par consul). Un questeur dans chaque province.
Le sénat
Le sénat est un héritage de l'époque royale: c'était le conseil du roi composé des patres (les pères des familles « patriciennes»), c'est-à-dire de l'aristocratie romaine. Sous la République, c'est une assemblée de 300 membres (600 à partir de Sylla). ll est composé des anciens magistrats. La liste officielle en est dressée tous les cinq ans par les censeurs qui peuvent en exclure les membres qu'ils jugent indignes. Le sénat ne peut se réunir que dans un espace religieusement inauguré, un templum1 : il dispose sur le forum 1. Inaugurer : prendre les augures, acte nécessaire pour consacrer religieusement un lieu. Un templum est un espace inauguré, de forme rectangulaire et orienté selon les directions cardinales (nord-sud). Le mot français > (S.P.Q.R.), «le sénat et le peuple romain)), Cependant, ce sont les magistrats qui ont le rôle actif: ils sont les seuls à pouvoir convoquer le peuple ou le sénat et les seuls à pouvoir proposer une loi. Les comices ne délibèrent pas : ils ne peuvent que répondre par oui ou par non. Cependant. celui qui propose la loi doit la faire afficher vingtquatre jours à l'avance, la présenter au sénat et peut convoquer au forum une assemblée informelle (qu'on appelle contio) pour l'expliquer et la justifier.
3) P.tre citoyen dans une République aristocratique (IV ef er siècle) Les citoyens romains bénéficient tous de la protection de la loi et des droits civils (mariage, propriété, transactions commerciales) mais n'exercent pas les mêmes droits
politiques. La citoyenneté
La pleine citoyenneté est réservée à l'homme adulte (plus de 17 ans) et marié. Les enfants sont en effet sous la tutelle du père et les filles passent de celle de leur père à celle de leur époux. Comme dans les cités grecques, la citoyenneté s'acquiert par la naissance quand un enfant est fils de citoyens mariés légalement: il est alors dit ingénu (de naissance libre). L'originalité de Rome par rapport aux Grecs est d'accorder assez facilement la citoyenneté. En effet, les esclaves affranchis dans les règles par un maître romain deviennent automatiquement citoyens. La citoyenneté peut être aussi octroyée à des étrangers (des« pérégrins )), selon
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le terme romain), individuellement ou même collectivement quand Rome décide d'annexer un territoire. Cette citoyenneté acquise peut être incomplète, par exemple sans le droit de vote (sine suffragio ). L'ingénuité reste une condition nécessaire pour exercer la plupart des fonctions publiques : les affranchis et les étrangers naturalisés en sont donc exclus. S'il est propriétaire, les devoirs du citoyen sont nombreux et prenants. Tout citoyen est mobilisable de 17 ans à 60 ans, même si les levées se font généralement parmi les juniores de 17 ans à 46 ans plutôt que parmi les seniores. Comme Rome ne connaît pratiquement aucune année de paix durant toute la République, peu échappent au service militaire. Au ne siècle, le nombre de campagnes annuelles auxquelles un citoyen est astreint est limité à seize, ou peut-être vingt. Jusqu'à la fin du me siècle, les guerres ont lieu en Italie, sauf rares exceptions : le soldat devait donc normalement pouvoir rentrer dans son foyer en hiver, la saison militaire allant du printemps à l'automne. L'exercice du droit de vote aUK comices prend également beaucoup de temps. Il faut se déplacer plusieurs fois à Rome, car les votes de loi et les élections n'ont pas lieu en même temps. Les procédures de vote sont longues et compliquées. À la fin de la République, un citoyen peut être convoqué une vingtaine de fois dans l'année, pour une durée de quarante à soixante jours. n est évident que seuls les plus riches, ou ceux qui résident à Rome, sont à même de venir régulièrement. Les ordres à Rome Tous les citoyens sont électeurs mais ils ne sont pas tous éligibles, car les fonctions les plus importantes sont de fait et de droit réservées aux plus honorables et aux plus riches. Or, à Rome, la hiérarchie sociale est déterminée par l'exercice des fonctions publiques qualifiées d'« honneurs » (honores). Parmi les citoyens les plus riches, les censeurs choisissent ceux qu'ils jugent dignes d'être inscrits dans les centuries de chevaliers. Ce nom vient du fait qu'ils servaient à l'origine dans la cavalerie. Pour être chevalier, il faut en
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outre posséder une fortune minimale de 400 000 sesterces et être de naissance libre. Il s'agit d'un groupe de quelques milliers de citoyens qui forme l'ordre équestre. Les officiers supérieurs de l'armée et les membres des jurys sont choisis parmi eux. Seul un chevalier peut être élu aux magistratures. Une fois élu magistrat, en général comme questeur, il devient sénateur après sa sortie de charge et appartient désormais à l'ordre sénatorial, le plus élevé en dignité. À l'intérieur du groupe des sénateurs, il existe encore une hiérarchie déterminée selon les magistratures revêtues et selon l'ordre d'ancienneté: en tête, les anciens censeurs et les consulaires (anciens consuls), puis les anciens préteurs et ainsi de suite jusqu'aux sénateurs les plus récents. L'ordre de prise de parole au sénat suit ce classement. Les consulaires, parce qu'ils ont exercé le pouvoir suprême, forment le groupe dirigeant de la République. Comme il n'y a que deux consuls par an, ils ne sont que quelques dizaines.
lA noblesse romaine L'appartenance à l'ordre équestre et à l'ordre sénatorial n'est pas héréditaire, mais un fils de chevalier ou un fils de sénateur a des chances sérieuses de suivre les pas de son père. La notion d'hérédité n'est cependant pas absente à Rome. En effet, les patriciens le sont de naissance et tout descendant de patricien ou d'un consul est considéré comme noble. Comme, depuis 367, les riches plébéiens peuvent se faire élire consuls, se forme la noblesse plébéienne. Le premier d'une famille à avoir été consul est appelé «homme nouveau», mais ses descendants sont nobles. Des mariages se nouent entre nobles patriciens et nobles plébéiens, que plus grand-chose ne distingue, si ce n'est l'accès à certains sacerdoces pour les patriciens. Une famille noble se distingue des autres familles par le grand nombre d'« images» des ancêtres qu'elle fait défiler lors des funérailles. En voici la mise en scène décrite par Polybe: «Après l'enterrement et la célébration des rites, on place l'image du défunt à l'endroit le plus en vue de sa maison,
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dans une châsse de bois. Cette image est un masque d'une extrême ressemblance, tant pour le modelé que pour les couleurs. [ ... ] Lorsqu'un membre illustre de la famille vient à disparaître, on fait entrer les images dans son convoi, portées par les hommes dont la taille et l'allure générale paraissent le plus ressemblantes. Ces figurants revêtent en outre une toge bordée de pourpre s'ils représentent un consul ou un préteur, une toge pourpre s'il s' agit d'un censeur, une toge brodée d'or s'il s'agit d'un homme qui avait obtenu le triomphe et accompli quelque exploit comparable. Ils s'avancent majestueusement sur des chars ; ils sont précédés par les faisceaux, les haches, les autres insignes habituels des magistrats, selon l'importance des honneurs que chacun avait eus de son vivant dans la cité ; une fois arrivés aux rostres 1 , ils s' asseyent tous à la fi le sur des chaises d'ivoire. Il n'y a guère de plus beau spectacle à contempler pour un jeune homme épris de gloire et de vertu : qui ne serait inspiré en voyant les images des hommes dont la valeur est glorieuse, toutes réunies, pour ainsi dire vivantes et animées ? Quel plus beau spectacle que celui-là pourrait-on montrer ? » Polybe, Histoires, VI, 53-54
:Ë.tre noble est un atout majeur pour être élu à son tour au consulat. La noblesse ne se renouvelle que lentement et se ferme peu à peu : au me siècle, six fammes ont exercé quatre-vingt-trois consulats ou dicta tures sur un total de deux cents envir on et on ne compte ensuite qu'une poignée d'hommes nouveaux tels Caton l'Ancien, Marius et Cicéron. La compétition est cependant rude car tout dépend de l'élection. Certaines familles disparaissent des fastes consulaires 2 , provisoirement ou sur plusieurs générations, d'autres dominent la scène pendant un temps, comme, par exemple, les Fabii, les Claudii, les Comelii, les JEmilii ou les Crecilii Metelli.
l. La tribune du forum : son nom vient des éperons (rostres) qui l'ornaient à la suite de la victoire de Rome sur Antium. 2. Liste des consuls, année par année. Les fastes sont le calendrier officiel romain.
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La campagne électorale
Pour ceux qui aspiren t à faire une carrière de magistrat, si possible jusqu'au consulat, la citoyenneté est un « métier» à temps plein. Il leur faut d'abord faire dix ans de service militaire (deux ans seulement à la fin de la République). Pour être élu à chaque magistrature, il faut faire une campagne électorale. Chaque chef de famille a son réseau de clients 1 à qui elle doit soutien et protection comme « patron » en échange de leur fidélité. Le soutien d'autres sénateurs, des chevaliers et des autres citoyens riches, qualifiés d'« amis» et dont le poids est déterminant dans les comices centuriates, est indispensable. La maison d'un sénateur, sa domus, doit être ouverte: chaque matin, le maître reçoit dans son atrium 2 ses clients et amis qui viennent lui faire leur salutatio. Lui-même rend visite à quelqu'un de plus influent. Après cela, il descend au forum, accompagné par le maximum d'amis et d'obligés. n lui faut rendre des services, écrire des billets de recommandation ou de remerciemen t, recevoir le soir pour des banquets, siéger régulièrement a u sénat et surtout participer aux procès comme juge, témoin, accusateur ou avocat. La période de l'histoire romaine de 367 jusqu'à la victoire sur Carthage a été idéalisée par les Romains qui on t connu le temps des troubles civils du Ier siècle. Le régime républicain est alors aristocratique (gouvernement des meilleurs) parce qu'il accorde une place prédominante à l'élite de la société (nobles, sénateurs, chevaliers), même s'il a tendance à devenir oligarchique (gouvernement par un petit nombre) lorsque la noblesse se ferme. La grande affaire des Romains est alors la guerre, qui est aussi principal sujet politique. L'ambition de tout aristocrate est d'être élu consul, de mener une guerre victorieuse et de mériter un triomphe. Les victoires apparaissent tout de même comme le fruit d'une entreprise collective, commune à tous les citoyens 1. La plupart des clients sont les affranchis d'un maître, mais ce sont aussi tous les gens à qui il a rendu un service, par exemple comme avocat qui se dit aussi « patron ». Certains grands personnages ont des rois ou des peuples entiers dans leur clientèle. 2. Pièce à ciel ouvert qui sert à la réception des visiteurs.
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O: SAEI'TA (Enclos IIO.!Jr lfl comiste publique (le cursus publicus). Ces procurateurs disposent d'un personnel d'esclaves et d'affranchis comme caissiers, archivistes ou secrétaires par exemple.
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Un État sous-administré L'administration romaine est extrêmement légère, pour un empire peuplé de cinquante à soixante-dix millions d'habitants. Le personnel dirigeant en fonction n'excède pas quatre cents personnes en même temps : environ deux cents sénateurs, dont à peine un peu plus de cent dans les provinces, et au maximum cent quatre-vingt-deux procurateurs dans la première moitié du me siècle. S'y ajoutent tout au plus quelques milliers d'affranchis et d'esclaves dans des bureaux ainsi que les soldats détachés de l'armée auprès des différents responsables. On a pu estimer que le nombre de « fonctionnaires » dans l'Empire romain était vingt fois moins élevé que dans la Chine impériale à la même époque. L'Empire romain n'est donc pas un État bureaucratique, mais est-il pour autant sous-administré ? Comment s'expliquent la relative efficacité du système et sa longue durée? Des objectifs restreints Tout d'abord, les objectifs de l'administration romaine se résument à peu de chose: maintenir l'ordre, surveiUer la bonne gestion des cités, arbitrer d'éventuels conflits entre communautés, rendre la justice et prélever les impôts. En ce qui concerne les impôts, les cités ellesmêmes son t responsables de leur levée, ce qui soulage d'autant l'administration romaine. Pour leurs affaires internes, ces cités s'autogouvernent: elles ont leurs magistrats et leur conseil (la curie en Occident, la boulè en Orient) ; les décurions, les notables locaux membres des curies, assurent sur leur propre fortune les dépenses les plus lourdes. Ainsi, l'État romain contrôle plus qu'il ne gère son empire, « délocalisant >> en quelque sorte une partie de ses tâches qui reposent sur les cités.
La. centralisation L'efficacité de l'administration romaine réside aussi dans la centralisation et la qualité des communications. L'empereur et ses services centraux de Rome sont ten us au courant de ce qui se passe dans l'Empire par une intense circulation d'écrits entre Rome et les provinces: corres-
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pondance des gouverneurs et des procurateurs, requêtes des communautés ou des particuliers, archives des recensements. Les Romains ont aménagé à cet effet un réseau de routes assez dense et bien entretenu et le service de la poste publique achemine rapidement le courrier. L'empereur et l'administration centrale ont aussi une relative bonne connaissance des ressources. Pour assurer la bonne rentrée et l'assiette des impôts, d ont le principal est le tributum (l'impôt sur la terre), Auguste avait lancé d'énormes opérations de recensement non seulement de l'ensemble des citoyens romains mais aussi des terres et des sujets de Rome. Un écho de ces opérations se trouve dans les Évangiles : « Or, il advint, en ces jours-là, que parût un édit de César Auguste, ordonnant le recensement de tout le monde habité. Ce recensement, le premier, eut lieu pendant que Quirinius était gouverneur de Syrie. Et tous allaient se faire recenser, chacun dans sa ville. Joseph aussi monta de Galilée, de la ville de Nazareth, en Judée, à la ville de David, qui s'appelle Bethléem - parce qu'il était de la maison de David afin de se faire recenser avec Marie, sa fiancée qui était enceinte.
Évangile de l uc, 2, 1-5
Par la suite, il y eut des révisions du cens plus ou moins regulières et réalisées régionalement : nous en connaissons ainsi une dizaine d'Auguste aux Sévères pour les Germanies et les Gaules (en deux cent cinquante ans). Les Romains ont donc pu tenir leur empire avec une 6c<momie remarquable de moyens. On estime parfois que Rome n'aurait guère pu aller plus loin, faute de ressources financières. Certains historiens jugent que l'économie antique était restée une économie peu développée, avec très peu de surplus, et pensent que les prélèvements fiscaux Etaient pratiquement à leur maximum, comme le montrent Par exemple les difficultés que semble avoir eu l'Empire à augmenter les effectifs des soldats en cas de danger. D'autres historiens sont moins pessimistes.
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2) L'intégration des vaincus L'empire de Rome s'est forgé sous la République pour l'essentiel. Le régime impérial a fait, quant à lui, un extraordinaire effort d'intégration des vaincus.
Le droit du vainqueur Rome s'est évidemment d'abord imposée par la force. Dans l'Antiquité, le droit du vainqueur est reconnu par tous. Accepter la défaite, c'est accepter la soumission au vainqueur. Seule sa clémence permet d'éviter que tout un peuple ou une cité ne disparaisse: ville pillée ou même détruite, territoire confisqué, population réduite en esclavage. Ainsi, les Romains se sont montrés impitoyables envers les révoltés comme Capoue pendant la guerre contre Hannibal ou Corinthe lors de la dernière guerre de Macédoine. Cependant, même en cas de révolte, Rome sait jouer de la carotte et du bâton. Sous l'Empire, les cités gauloises révoltées en 68-69 sont pardonnées. Quand Titus, au nom de Vespasien, mate la révolte des Juifs commencée sous Néron, il prend Jérusalem et détruit le Temple mais, finalement, les Juifs conservent la plus grande partie de leurs droits, garantis par les anciens traités et élargis par César. Les colonies romaines L'un des moyens de domination de Rom e a été l'établissement dans les provinces de colonies de citoyens romains, le plus souvent formées de vétérans de l'armée. Lorsqu'une colonie est fondée, le territoire indigène est confisqué, remodelé par un nouveau tracé afin de former des parcelles régulières (ce que l'on appelle la centuriation) et enregistré dans un cadastre. Les parcelles sont attribuées aux colons qui résident dans la ville construite au centre du terroir. Les colons ont leurs propres institutions locales, mais les colonies dépendent directement de Rome et n'appartiennent pas à la province. Elles bénéficient de ce qu'on appelle le jus italicum, le droit italique: comme les cités italiennes, elles sont exemptées du tribut. Les indigènes ne sont pas forcément chassés mais doivent se contenter des
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, terres laissées vacantes et n'ont pas d'institutions indépendantes. Cependant, la plupart des colonies romaines hors d'Italie ont été fondées de Jules César à Tibère et le mouvement s'arrête pratiquement après Trajan. Elles se concentrent surtout dans certaines provinces, en Narbonnaise (Aix, Fréjus, Lyon par exemple), en Bétique et en Afrique. Ailleurs, elles sont plus rares et dispersées : elles servent de points d'appui et de contrôle de l'administration romaine. La plupart des vaincus conservent leur territoire, même si Rome s'en réserve la propriété éminente née de la victoire.
us statuts accordés par Rome L'acceptation de la défaite n'explique pas l'adhésion des vaincus. Celle-ci résulte de l'habileté des Romains qui accordent aux rois, cités et peuples soumis un statut par traité qui varie selon la manière dont ils sont passés sous la domination de Rome. Ceux qui ont été des alliés fidèles dans les guerres sont libres et parfois exemptés du tribut. Le gouverneur de la province ne peut, en principe, y intervenir. Ceux qui ont été soumis par la guerre ont un statut variable : certains bénéficient de la même indulgence que les alliés, d'autres sont dits tributaires ou stipendiaires et doivent verser de lourds impôts. Tous cependant gardent une certaine autonomie. Si les royaumes-clients, nombreux en Orient, finissent par disparaître après les Fla-
viens, les cités subsistent et même se multiplient. L'extension de la citoyenneté romaine Les Romains vont plus loin encore. En effet, la citoyenneté romaine est accordée de plus en plus largement aux provinciaux à partir de César. Certains empereurs sont plus généreux que d'autres, comme Claude ou Vespasien. L'extension de la citoyenneté se fait selon des modalités V&riables. Elle peut être accordée à des individus, à une COllectivité, lorsqu'elle s'est transformée en cité et s'est • romanisée», ou même à une province entière. Cela peut le faire par étapes. Ainsi, certaines cités reçoivent ce qu'on appelle le droit latin et deviennent des municipes : leurs lnagistrats deviennent automatiquement citoyens romains
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alors que le reste de la population reste pérégrine (étrangère). Par la suite, le municipe peut recevoir le droit romain et toute la population libre devient citoyenne. Le degré suprême de promotion est de recevoir le titre de colonie romaine, parfois même avec le jus italicum . La citoyenneté romaine est également attribuée aux pérégrins qui servent dans les unités auxiliaires de l'armée. Cette idée d'intégration des vaincus, associée à l'éloge de Rome et du régime impérial, est exprimée dans un discours prononcé par un rhéteur grec du rre siècle : « Et voici ce qui, dans votre régime politique, mérite tout particulièrement l'attention et l'admiration : c'est le caractère grandiose de votre conception, qui n'a absolument aucun équivalent. Vous avez divisé en deux parts toute la population de l'Empire- en disant cela, j'ai désigné la totalité du monde habité; la part la plus distinguée et noble et la plus puissante, vous l'avez faite, partout, dans son ensemble, citoyenne et même parente; l'autre, sujette et administrée. Ni mer ni distance terrestre n'excluent de la citoyenneté, et entre l'Asie et l'Europe il n'y a pas de différence sur ce point. Tout est mis à la portée de tous; nul n'est étranger s'il mérite une charge ou la confiance. [ ... ] Vous ne divisez pas aujourd'hui les races en Grecs et Barbares [ ... ] ; non, vous l'avez remplacée par la division en Romains et nonRomains.»
klius Aristide, Éloge de Rome, 59-60; 63
Ce processus d'intégration s'achève en 212, quand l'empereur Caracalla d~cide d'accorder la citoyenneté à tous les habitants libres de l'Empire. Cette mesure étend par conséquent le droit romain à tout l'Empire. L'intégration des élites Les Romains se sont toujours appuyés sur les élites locales qui trouvent leur intérêt dans cette protection. Mieux que cela, les Romains les intègrent progressivement parmi leurs cadres dirigeants. L'élite dirigeante - sénateurs, comme on l'a vu, mais aussi chevaliers et officiers de l'armée- finit par émaner de l'Empire en son entier. L'origine
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des empereurs reflète cette évolution : les Julio-Claudiens appartiennent à la vieille noblesse romaine ; les Flaviens à une famille de notables italiens ; Trajan, Hadrien et Antonin à des familles de colons romains d'Espagne ou de Gaule ; Septime Sévère, enfin, est le premier empereur dont la famille est d'origine pérégrine, punique qui plus est...
3) La « romanisation >> et la vitalité des cités La période de l'Empire romain correspond à une phase d'extension extraordinaire du modèle politique de la cité et du mode de vie urbain qui ont pu s'épanouir grâce à la paix romaine. Rome favorise sa diffusion parmi les peuples réputés barbares en Occident, en Afrique, en Asie Mineure et même en Égypte sous les Sévères. Cette politique rapproche ces peuples de la civilisation gréco-romaine. Le «Roman way oflife » s'impose partout en Occident, comme en témoignent les monuments de type romain : forums, temples, théâtres, amphithéâtres, thermes. La langue latine se généralise, d'abord dans les élites, puis dans les couches populaires. Les langues indigènes résistent parfois longtemps mais finissent par disparaître. Les Orientaux, Grecs ou non-Grecs, sont aussi influencés par Rome, par exemple avec l'adoption des jeux de gladiateurs, même si
le grec reste la langue principale en Orient. Après 212, le droit romain s'impose même en Orient. Or le droit, qui est devenu une véritable science et qui est l'un des traits majeurs de la civilisation romaine, est inséparable du latin qui s'étend ainsi dans une partie des élites hellénophones. Cette évolution est très largement spontanée, mais elle est également encouragée par les autorités romaines comme le raconte Tacite, lorsqu'il évoque l'œuvre de son beau-père Agricola, en Bretagne, sous le règne de Domitien: « L'hiver suivant fut consacré aux mesures les plus salutaires. En effet, pour accoutumer au repos et au loisir, par l'appât des plaisirs, ces hommes dispersés, grossiers, et par
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là même portés à guerroyer, il les encouragea à titre privé et les aida par des subventions publiques à construire des temples, des forums, des maisons, louant les plus actifs et réprimandant les plus paresseux : ainsi la rivalité d'honneur remplaçait la contrainte. De plus, il faisait donner une éducation libérale aux fils des notables, déclarant préférer les qualités naturelles des Bretons aux talents acquis des Gaulois, si bien que ces gens qui, récemment encore, rejetaient la langue de Rome, désirèrent acquérir son éloquence. Notre costume lui-même fut à l' honneur, et l'on vit de nombreuses toges ; peu à peu on céda aux séductions des vices : portiques, bains, banquets raffinés. Dans leur inexpérience, ils parlaient de civilisation, alors que c'était un élément de leur esclavage. » Tacite, Vie d'Agricola, XXI
Ce qu'on appelle la « romanisation » est donc un phénomène complexe qui joue sur les plans politique, social, culturel. Elle est fondée sur les cités qui forment le tissu vivant de l'Empire. En témoigne une véritable explosion du nombre des inscriptions dans les villes de l'Empire au Ile siècle. Il s'agit, pour la plupart, de textes gravés sur des statues honorifiques ou des monuments construits par les décurions, les riches notables membres du conseil local. Ces textes rappellent les bienfaits de magistrats sous forme de jeux, de distributions d'argent ou de blé, de constructions de bâtiments. Chaque cité est fière de son passé et de sa parure monumentale et rivalise avec les voisines. Leurs dirigeants s'efforcent d'exercer avec faste leurs magistratures et de mériter ainsi les honneurs qui leur sont votés. Ces bienfaiteurs, « évergètes », selon le terme grec, ont également les yeux tournés vers Rome. Nombre d'entre eux manifestent leur loyauté à l'égard de l'empereur par l'érection d'une statue ou d'un arc. Les cités envoient aussi des ambassades à Rome pour solliciter quelque privilège ou arbitrage de la part de l'empereur. n'est pas de cité qui n'ait un temple dédié au culte de Rome et des empereu rs divinisés. Certaines ont même l'honneur d'abriter le temple commun à une confédération de cités, voire à une province
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ou à un ensemble de provinces. Les délégués des cités s'y réunissent une fois par an et élisent un grand prêtre de Rome et d'Auguste à qui revient la charge et l'honneur suprême de célébrer le culte impérial. L'élu y consacre des sommes énormes pour que les jeux soient les plus magnifiques possible. Le sort de la population plus modeste est certes moins enviable. Toutefois, la plèbe des villes bénéficie de l'évergétisme des notables et d'un confort de vie certain. Le prélèvement fiscal romain pèse surtout sur la terre et donc sur les propriétaires. Il reste toutefois tolérable. Même les petits paysans libres sont capables de s'enrichir, notamment dans certaines régions où les empereurs favorisent l'exploitation des terres incultes de leurs immenses domaines, comme en Afrique. La législation impériale des Antonins améliore aussi la condition des esclaves, en restreignant les droits des maîtres.
4) Rome, capitale du monde L'essentiel des dépenses de l'État romain est consacré à l'armée et à la défense de l'Empire. Le reste est destiné aux dépenses fastueuses à Rome.
Le « peuple-roi » Une grande partie de la plèbe de Rome est privilégiée. Elle reçoit: des distributions gratuites de blé aux frais de l'État : Auguste a fixé le nombre des bénéficiaires à 200 000. Ce privilège est réservé à ceux qui sont citoyens romains, domiciliés légalement à Rome et inscrits officiellement sur des listes. Cette plèbe dite « frumentaire » reçoit aussi des distributions d'argent (les « congiaires ») à l'occasion des avènements impériaux, d'une victoire ou d'une fête célébrant par exemple les dix années de règne. Outre les jeux réguliers, toujours organisés par les magistrats, les empereurs offrent au peuple de Rome des jeux extraordinaires. Auguste et ses partisans ont construit à Rome deux nouveaux théâtres qui s'ajoutent à celui de Pompée. Ves-
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pasien construit un immense amphithéâtre, le Colisée 1, pour les jeux de gladiateurs et les chasses d'animaux sauvages. Auguste et Trajan embellissent et agrandissent le Grand Cirque qui peut désormais accueillir plus de 300 000 spectateurs. Les empereurs poursuivent donc la politique de séduction de la plèbe élaborée sous la République. Bien que privée de ses droits politiques, la plèbe de Rome est considérée comme la représentante de l'ensemble du peuple romain : elle est la figure concrète du peuple-roi. « Le pain et le cirque», selon les mots du poète Juvénal, lui sont dus au titre de la victoire de Rome sur le monde. Les spectacles sont l'expression visible, théâtralisée, de la domination universelle de Rome. Par exemple, les animaux sauvages exotiques dans les chasses symbolisent l'univers. Les jeux rassemblent aussi l'ensemble de la société romaine: l'empereur, les sénateurs, les chevaliers, les simples citoyens, chacun rangé à sa place car l'ordre des spectateurs doit aussi refléter l'ordre de la société. C'est également l'occasion d'un dialogue entre l'empereur et le peuple sous forme d'acclamations généralement. Parfois, la plèbe exprime son opinion au théâtre ou au cirque par son silence, des huées ou, plus rarement, de véritables émeutes. L'urbanisme Auguste a donné à Rome un visage digne d'une capitale par ses nombreuses restaurations et constructions nouvelles : outre les édifices de spectacle, il a construit des portiques, des temples, un nouveau forum avec un temple de Mars. C'est aussi lui qui a organisé une véritable administration urbaine. Le préfet de l'annone est chargé de l'approvisionnement en blé, le préfet des vigiles du service d'incendie et le préfet de la Ville de la police. Un curatew· des eaux entretient les aqueducs. Ses successeurs poursu ivent et complètent son œuvre. Claude puis Trajan aménagent de nouveaux ports à Ostie. Titus, Trajan et Caracalla 1. U est appelé « Colisée » à cause de la statue colossale qui se trouve tout près : c'était celle de Néron, transformée en celle du cüeu Soleil après sa chute.
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édifient des thermes de plus en plus grands et somptueux. Domitien, Vespasien et Trajan aménagent chacun un nouveau forum: l'ensemble des forums dits impériaux, depuis celui de César jusqu'à celui de Trajan , compose un centre monumental grandiose. Hadrien construit le Panthéon avec son extraordinaire coupole et le temple de Vénus et Rome, le plus grand de la ville. Une « ville-monde » Rome est la capitale du monde habité, l'œcumène. Comme elle est la capitale politique et administrative, c'est un va-et-vient incessant de fonctionnaires et d'ambassades venus de tout l'Empire ou de l'extérieur. Le Palatin est devenu le lieu de résidence de l'empereur parce que Auguste y avait choisi sa maison, tout près de la cabane qu'on disait êtte celle de Romulus et d'un nouveau temple magnifique dédié à Apollon. Domitien crée ensuite un véritable palais, avec une partie officielle, comprenant d'immenses salles de réception, et une partie privée. Ce palais s'étend sur toute la colline: le mot «palais » est du reste . dérivé du nom de la colline (Palatinus!palatia). Depuis César et Auguste, Rome concentre aussi un grand nombre de bibliothèques privées et publiques, grecques et latines. Elle est le centre intellectuel et culturel du monde méditerranéen, même si Athènes ou Alexandrie gardent une certaine importance. La population de Rome atteint son apogée sous Trajan, dépassant probablement le million d'habitants. Des communautés d'origine étrangèr e s'y sont établies, venues surtout d'Orient (Grecs, Syriens et Juifs par exemple) et tous les dieux de l'Empire s'y côtoient. C'est une ville cosmopolite, une « ville-monde » vers où tout semble converger. 5) La défense de l'Empire Les frontières de l'Empire se sont stabilisées dès l'époque d'Auguste qui a conquis les régions danubiennes mais a échoué en Germanie. Ses successeurs se contentent d'annexer les royaumes-clients ou de réaliser quelques conquêtes
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périphériques : ainsi Claude commence la conquête de la sretagne. Seul l'empereur Trajan renoue avec une politique offensive de grande envergure: il conquiert d'abord l'Arabie et la Dacie, puis se lance dans une guerre contre le royaume des Parthes. Victorieux, il annexe, en 114-117, l'Arménie, l'Assyrie et la Mésopotamie, mais il meurt avant d'avoir pu consolider ses conquêtes orientales et son successeur }ladrien y renonce. La dernière conquête romaine durable est réalisée par Septime Sévère, avec l'annexion de la HauteMésopotamie en 198-199. Pour l'essentiel, la stratégie romaine est donc défensive, ce qui n'exclut pas des campagnes au-delà des frontières. Le devoir de l'empereur est d'assurer la paix aux frontières et de se faire respecter des voisins. L'Empire romain dispose d'une armée désormais permanente que l'Qn peut qualifier de professionnelle. Elle est constituée, pour une moitié, d'une trentaine de légions (environ 150 000 hommes) et, pour l'autre, de troupes dites auxiliaires (150 000 à 200 000 hommes). Elle est pour l'essentiel échelonnée le long des frontières, dans de vastes camps pour les légions et des fortins pour les plus petites unités. Les légions sont des unités lourdes, de 5 000 à 6 000 hommes, recrutés parmi les citoyens romains. Ce recrutement se fait de plus en plus localement, dans les provinces où sont stationnées les légions, et a tendance à devenir héréditaire. Les légionnaires font un service de vingt ans. Les unités auxiliaires sont des corps de troupes de 500 ou de 1 000 hommes, recrutés d'abord parmi les pérégrins et même chez les peuples barbares alliés. Ce sont souvent des unités spécialisées: cavaliers, archers, méharistes, frondeurs. Leur service est plus long que celui des ·onnaires. À la fin de leur service, ils obtiennent la éitoyenneté romaine s'ils ne l'ont pas déjà acquise. À ces troupes provinciales s'ajoute la garde impériale préto'enne, une troupe d'élite de 5 000 puis 10 000 hommes. Enfin, l'Empire dispose de flottes en Méditerranée et sur grands fleuves. La cohésion de l'armée repose sur son encadrement. Son chef est l'empereur : il nomme tous les gouverneurs de Province, qui sont aussi les chefs d'armées, et les officiers
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supérieurs (légats de légion, tribuns de légion, préfets des unités auxiliaires et des flottes). Gouverneurs et légats de légion sont choisis parmi les sénateurs, ainsi qu'un tribun par légion, les autres officiers supérieurs parmi les chevaliers, autrement dit parmi les élites sociales et politiques de l'Empire. D'autre part, l'armature de l'armée est formée des centurions dont le très long service les fait circuler d'unité en unité, contribuant ainsi à la cohésion de l'ensemble. L'efficacité de l'armée romaine repose toujours su r une organisation remarquable et une véritable culture militaire qui se transmet de génération en génération.
VII
Crise et redressement de l'Empire romain (235-395) 1) De nouveaux périls extérieurs et la défense de l'Empire
Depuis le règne de Marc Aurèle, des dangers nouveaux apparaissent sur les frontières de l'Empire. lls s'aggravent au début du me siècle, alors que Rome fête avec faste son millénaire le 21 avril 248.
Us frontières menacées En Europe, face aux frontières du Rhin et du Danube, le monde barbare est en plein bouleversement. Les Goths en effet, migré de Scandinavie vers la mer Noire et provoqué ainsi des déplacements de peuples qui se pressent vers les frontières de l'Empire romain, par manque de terres. Au début du IIf siècle, certaines tribus germanis'unissent en confédérations plus puissantes, tels les et les Alamans. Les Goths soumettent des peuples , notamment les Sarmates, et deviennent ainsi plus 'l""'.avull.al)Jc~. D'autres peuples éloignés sont poussés vers tels les Vandales, les Lombards, les Burgondes. même moment, en Orient, une nouvelle dynastie, celle Perses Sassanides, renverse la vieille dynastie parthe Arsacides vers 224 et se montre plus menaçante. Dans confins désertiques d'Afrique et d'Arabie, certaines tris'affranchissent de la tutelle romaine et opèrent des '""'L.·;t!,s Depuis les années 230, l'Empire est pratiquement
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toujours en guerre. Au milieu du me siècle, les Barbares parviennent à pénétrer loin à l'intérieur des terres et y pillent de nombreuses villes. Rome elle-même est menacée dans les années 260. Le danger vient surtout de la simultanéité des incursions barbares et des complications internes. En effet, les usurpations se multiplient et les empereurs se succèdent à une cadence rapide. L'Empire se divise même entre plusieurs empereurs.
Le redressement L'Empire se montre pourtant capable de réagir, au prix d'un gros effort militaire et financier et de réformes importantes. À partir des années 260, les sénateurs sont exclus de tous les commandements militaires et de la plupart des gouvernements de province. lls sont remplacés par des chevaliers, cette fois des militaires de carrière. Les empereurs sont désormais issus de l'armée et choisis par elle seule. C'est l'ère des empereurs-soldats, originaires pour la plupart des régions danubiennes. Le redressement commence à partir de 268 avec les empereurs Claude II, Aurélien et Probus. ll se confirme avec Dioclétien. L'Empire a rétabli la sécurité de ses frontières et n'a perdu que quelques régions : la Dacie au-delà du Danube et quelques secteurs frontaliers. Les réformes militaires
Ce rétablissement s'accompagne de réformes militaires d'envergure. L'armée romaine est renforcée: elle passe d'environ 350 000 hommes (vers 211) à 450 000 hommes, peut-être davantage. Pour en assurer le recrutement, le métier de soldat devient officiellement héréditaire et les propriétaires romains doivent fournir des recrues à l'armée au titre de leurs obligations fiscales. Les troupes qui accompagnent l'empereur, le comitatus, sont distinguées depuis le me siècle de celles qui défendent les frontières. Elles forment une masse de manœuvre capable de se porter sur un secteur menacé. Ce comitatus comprend surtou t des unités de cavalerie d'élite. Constantin réorganise le dispositif militaire global : les troupes du comitatus, dont les effectifs sont augmentés, sont installées dans des villes de 100
}'intérieur et sont mieux payées que les troupes des frontières, appelées limitanei, à partir de 363. Les comitatenses sont commandés par deux généraux en chef, le maître de la cavalerie et le maître de l'infanterie. On estime parfois que ce redéploiement a affaibli l'efficace défense frontalière organisée par Dioclétien. Au w siècle, l'Empire procède au recrutement de plus en plus massif de Barbares qui sont intégrés dans l'armée. En effet, les Barbares vaincus, tout en restant extér~urs à l'Empire, sont soumis par des traités à l'obligation de fournir des contingents militaires : il s'agit alors de « fédérés » (de fœdus, «traité»). D'autres Barbares sont installés à titre individuel dans des régions frontalières comme colons et, en échange de leurs terres, doivent servir comme soldats, sans compter de nombreux volontaires qui peuvent s'engager directement. Par ailleurs, Constantin autorise les propriétaires romains à payer une taxe en or en remplacement des recrues, ce qui diminue le recrutement parmi les Romains. À la fin du 1\f siècle, on peut même dire que les meilleures troupes romaines sont constituées de Barbares, en particulier germaniques. Peu à peu ces Barbares, notamment les Francs, atteignent les commandements supérieurs.
De nouveaux périls À partir des années 350, la situation se dégrade à nou-
sur l'ensemble des frontières: Saxons sur les côtes de Bretagne et de Gaule, Francs et Alamans sur le Rhin, Goths sur le Danube, Perses en Orient. L'empereur Valentinien _,._ ,,Ju·-.-375) parvient à contenir ces peuples et même à pénétrer en Germanie, y semant la dévastation et la terreur. Mais, en 375, un nouveau facteur bouleverse les régions biermes : les Huns, venus d'Asie centrale, soumettent partie des Goths (les Ostrogoths) et repoussent les les Wisigoths, vers le Danube. En 376, les Wisigoths ·- -.....,•• u ..... l'empereur Valens de les accueillir dans l'Empire femmes et enfants. Valens accepte, mais les Wisipeut-être au nombre de 200 000, sont humiliés et ~: par les Romains et se révoltent. Valens réunit son _,..,..rn.. .:.~ pour les mater. À la stupéfaction générale, il est • .. ,...,.LI;;,:)
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vaincu et tué à la bataille d'Andrinople le 9 août 378. L'empereur Théodose conclut avec eux un traité en 382: les Wisigoths sont autorisés à s'installer au sud du Danube en échange de la fourniture de contingents militaires. Pour la première fois, un peuple entier est installé officiellement dans l'Empire, tout en gardant ses lois et ses chefs. Ils n'en sortiront plus. Pourtant, les Wisigoths se montrent fidèles à Théodose et ne paraissent pas être encore un danger très préoccupant.
2) Un nouveau style de gouvernement Avec les empereurs-soldats du me siècle et surtout le règne de Dioclétien, le régime impérial connaît une inflexion sensible qui rompt définitivement avec l'esprit du principat. Le sénat de Rome ne joue plus aucun rôle dans la désignation de l'empereur ni dans son investiture: il se contente d'acclamer chaque nouvel empereur. Les empereurs cherchent à asseoir leur légitimité sur la faveur des dieux ou même une origine divine : le dieu Soleil Invaincu (Sol invictus) pour Aurélien et Probus, Jupiter et Hercule pour Dioclétien, Apollon pour Constantin avant qu'il ne devienne ouvertement chrétien entre 312 et 324. Lorsque, après Constantin, tous les empereurs sont chrétiens, à l'exception de Julien, c'est le dieu chrétien qui est considéré comme la source de leur pouvoir sur terre. La sacralisation de l'empereur
L'empereur se fait maintenant appeler officiellement maître (do minus) et porte un diadème, l'insigne de la royauté. n n'est plus le ((premier», le prince, mais le maître absolu de tous les Romains qui sont ses sujets. Sa personne et tout ce qui le touche sont considérés comme sacrés. On ne peut saluer l'empereur qu'en se prosternant et en baisant le bas de son manteau: c'est ce que l'on appelle «l'adoration de la pourpre». Lorsqu'il réunit son conseil, assis sur un trône surélevé, tout le monde doit rester debout pendant que des notaires prennent en note les décisions et que le silence est imposé dans tout le reste
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du palais. Dans l'art officiel, le visage de l'empereur est représenté entouré d'une auréole de lumière. Les statues impériales, parfois gigantesques, les montrent avec des traits qui ne cherchent plus à offrir une ressemblance mais à exprimer leur puissance, au point que nous avons des difficu ltés à attribuer tel portrait à tel empereur. Cette sacralisation de l'empereur, y compris chez les empereurs chrétiens, vise surtout à imposer le souverain à l'armée qui continue de jouer un rôle fondamental a u w siècle.
succession impériale La question de la succession impériale se pose toujours. Dioclétien imagine un système original, la Tétrarchie : il s'agit d'un collège de quatre empereurs, deux Augustes et deux Césars. Les Césars sont choisis en dehors de tout [A
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Tête colossale de Constantin, vers 315 apr. J.-C.
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lien familial et sont destinés à succéder aux deux Augustes. En 305, Dioclétien et son collègue Maximien abdiquent et une seconde tétrarchie est mise en place : les deux Césars Constance Chlore et Galère deviennent Augustes et deux nouveaux Césars sont nommés. Or Maximien et Constance Chlore ont chacun un fils, Maxence pour l'un, Constantin pour l'autre. Dès 306, à la mort de son père, Constantin se fait proclamer empereur de lui-même, suivi par Maxence. Le système tétrarchique se décompose. Après plusieurs guerres civiles, Constantin finit par l'emporter sur tous ses rivaux et à être le seul Auguste en 324. Il impose le retour à la succession dynastique. Après la famille de Constantin (jusqu'en 363), c'est celle de Valentinien et de Théodose qui règne durablement, ce qui n'exclut pas les tentatives d'usurpation. Les capitales impériales Le système tétrarchique avait eu aussi comme avantage de partager les tâches et les secteurs frontaliers entre quatre empereurs légitimes. Constantin et ses successeurs choisissent des co-empereurs dans leur famille : il est très rare qu'il n'y ait qu'un seul empereur au IV' siècle. La division entre Orient et Occident devient habituelle, et même officielle, lorsque, en 324-330, Constantin fonde une nouvelle capitale, Constantinople. ll s'agit véritablement d'une «seconde Rome» puisqu'elle reçoit peu à peu les mêmes privilèges que Rome et abrite un second sénat. Cette division devient permanente à partir de 395. Les empereurs ont été également amenés à résider dans des villes proches des frontières qui deviennent, pour un temps plus ou moins long, des capitales impériales, telles Cologne, Trèves, Milan et même Lutèce (pour quelques années sous le --.. . César Julien) en Occident, Sirmium ou Siscia près du Danube, Nicomédie ou Antioche en Orient. Les emperew·s ne vont pratiquement plus à Rome qui reste cependant la capitale symbolique de l'Empire.
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3) Les réformes et les changements de. société
Les empereurs procèdent à de grandes réformes administratives et fiscales qui ont des conséquences importantes sur la société et l'économie. L'alourdissement de la bureaucratie Les anciennes provinces sont divisées en provinces plus petites, une centaine, mais regroupées dans une douzaine de grandes circonscriptions appelées diocèses. Chaque province et diocèse a une administration plus étoffée, avec des fonctionnaires dont la carrière est organisée sur le mode militaire. Sous Constantin, un troisième échelon est organisé, les préfectures du prétoire, au nombre de trois sous ses successeurs. Les préfets du prétoire, qui ont perdu leur rôle militaire, puisque les cohortes prétoriennes sont dissoutes en 312, ont désormais un rôle administratif, fiscal et judiciaire et supervisent chacun un immense territoire formé de plusieurs diocèses. Au niveau central, les services impériaux sont également réorganisés avec la création de quatre grands dignitaires qu'on peut qualifier de ministres. Le maître des offices est à la tête de la chancellerie impériale ; il commande t la nouvelle garde impériale (les scholes palatiet la «police secrète» (les agentes in rebus), chargée arrestations voire des exécu tions de personnages ; il est aussi responsable des relations diplomaavec les rois et chefs barbares. Le questeur du palais chargé de rédiger les discours de l'empereur et de préses projets de lois. Le comte des largesses sacrées responsable des revenus et des dépenses du trésor cenc'est-à-dire des« largesses» de l'empereur aux soldats, -'"'''~., .... chrétienne, au peuple de Rome ou de Constan- ........w.:;. Le comte de la «chose privée» (res privata) est à tête de l'administration des immenses domaines impé-
L'efficacité et la qualité de cette bureaucratie alourdie sujettes à discussions. Les contemporains ne cessent se plaindre de la tyrannie et de la corruption des fonc. Les puissants s'en sortent bien mais les hum-
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bles sont contraints de se mettre sous leur protection, leur « patronage». À vrai elire, on ne sait trop si la corruption est plus importante qu'avant ou bien tout simplement p lus ouvertement dénoncée, en particulier par les nombreuses lois des empereurs soucieux de remédier aux abus. Pour payer l'armée et l'administration, la fiscalité est peut-être accrue et, sûrement, rendue plus efficace. Dioclétien lance une énorme opération de recensement des hommes et des terres afin de mettre à jour les registres fiscaux. Le gros de l'impôt repose toujours sur la terre et les privilèges fiscaux de l'Italie sont abolis. Comme auparavant, la responsabilité de la levée de l'impôt principal incombe aux assemblées des cités de l'Empire, les curies. Leurs membres sont responsables sur leur fortune de la rentrée des impôts.
Le sort des plus pauvres Afin de rendre stables les revenus de l'État, de multiples lois fixent la condition de chacun. Les colons, c'est-à-dire les paysans libres qui exploitent les terres des grands propriétaires, ne peuvent plus quitter leur terre: leur condition devient héréditaire. Quoique toujours de condition libre, ils dépendent plus étroitement des propriétaires qui abusent de leur position. La distance sociale déjà grande entre les hommes libres de condition modeste, les humiliores (les « humbles » ), et les riches, notables locaux ou membres des ordres supérieurs, les honestiores (les « h onnêtes gens »), devient donc juridique. La torture judiciaire, réservée dans le droit romain d'autrefois aux esclaves, est désormais applicable aux humiliores. Constantin met fin à un siècle de perturbation monétaire en créant une nouvelle monnaie d'or, le solidus (le « sou ») : c'est une monnaie qui \ a un très fort pouvoir d'achat et est réservée au paiement des soldats et aux plus riches. Les plus pauvres doivent se contenter de monnaies dépréciées. Le devenir des sénateurs Une autre mutation sociale touche l'élite de la société. Constantin puis son fils Constance II décident de confier à nouveau aux sénateurs toutes les fonctions administra·
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tïves qu'ils avaient perdues au profit des chevaliers et leur en attribuent certaines qu'ils n'avaient jamais exercées. Pour cela, il leur faut augmenter considérablement le nombre de sénateurs qui passent de 600 à 2 000, auxquels s'ajoutent ceux du nouveau sénat de Constantinople, d'abord de 300 membres puis lui aussi de 2 000. Ces nouveaux sénateurs sont recrutés dans l'ordre équestre, qui finit par disparaître, et parmj les notables locaux. Les membres de l'ordre séna torial, toujours héréditaire, ne sont plus soumis à l'obligation de résidence à Rome. La carrière sénatoriale est entièrement transformée et devient celle de fonctionnaires impériaux et non plus de magistrats. n ne reste plus que trois échelons de magistrature, questure, préture et consulat, réservés à une très petite minorité de sénateurs. Leur rôle se résume en frut à organiser les jeux à Rome ou à Constantinople. Le consulat reste, cependant, très prestigieux car il donne toujours son nom à l'année et les empereurs le revêtent encore de temps à autre. L'ordre sénatorial devient une véritable aristocratie d'Empire élargie, mais celle-ci se fractionne en aristocraties régionales qui peuvent avoir des intérêts divergen ts. Tous ces changements ont modifié deux aspects fondamentaux qui caractérisaient l'Antiquité gréco-romaine. D'une part, la distinction juridique entre hommes libres et esclaves s'estompe au profit d'une opposition entre riches et pauvres. D'autre part, le service de l'État distingue totalement le service armé du service civil, sauf en la personne de l'empereur. En effet, si l'ordre sénatorial a été réhabilité par Constantin, les sénateurs restent exclus de l'armée. C'est là une rupture fondamentale: le service armé, la militia, n'est plus l'affaire des citoyens en leur ensemble ni des élites sociales, c'est celle de professionnels de la guerre. Les soldats forment une véritable société à part, avec de nombreux privilèges. Quand, au 'J'! siècle, cette armée se COnfondra pratiquement avec les Barbares, le fossé s'apProfondira encore avec la société «civile». Les Barbares SOnt paradoxalement plus « antiques » que les Romains : chez eux, un homme libre est par définition un guerrier, COmme autrefois les citoyens romains. Se forme ainsi peu
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à peu une nouvelle aristocratie fondée sur le métier des armes qui annonce celle du Moyen Âge.
4) La christianisation de l'Empire
Une autre révolution touche également la religion. En effet, en moins d'un siècle, de 312 à 392, le christianisme devient la religion de l'État romain. Au me siècle, le christianisme s'est répandu dans l'Empire, surtout en Orient, en Asie Mineure, en Syrie, et en Égypte, mais aussi en Afrique, dans le sud de l'Espagne et à Rome. La religion chrétienne est alors illicite car, contrairement à la religion juive, elle n'est pas la religion d'un peuple particulier. Le christianisme brise la solidarité religieuse qui unit d'une part la communauté civique locale, d'autre part les Romains et l'empereur autour du culte impérial, puisque les chrétiens ne reconnaissent pas d'autres dieux que le leur. Trois empereurs tentent de leur imposer le retour aux cultes traditionnels, Dèce en 249-250, Valérien en 257-258 et Dioclétien en 303-305. Il s'agit pour eux de restaurer la piété et la religion, fondements de la société et de l'ordre du monde. lis échouent, malgré l'emploi de la torture et les peines de mort. De nombreux chrétiens résistent au péril de leur vie à ces trois persécutions : ce sont les martyrs, les « témoins », dont la mort est jugée glorieuse et la mémoire honorée par l'Église chrétienne. L'empereur Galère met fin aux persécutions officielles en 311, peu avant sa mort. C'est alors le moment de l'ascension de Constantin, le premier empereur converti au christianisme. Le dieu des chrétiens passe pour lui avoir donné la victoire en 312 contre son rival Maxence, lors de la bataijle du Pont Milvius qui lui livre Rome. Seul au pouvoir depuis 324, il favorise ouvertement le christianisme et le clergé chrétien. n réunit le premier concile œcuménique de l'Église en 325, à Nicée, pour mettre fin aux querelles théologiques sur la nature du Christ qui divisent les chrétiens. Sans oser supprimer la religion traditionnelle, il en interdit certaines pratiques et confisque les biens des temples au profit du fisc impérial. Ses sucees-
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seurs sont tous chrétiens, sauf Julien qui tente vainement de restaurer le paganisme. li faut attendre les empereurs Gratien et Théodose pour que l'empereur renonce au titre de grand pontife qui sera plus tard repris par l'évêque de Rome ... En 392, Théodose interdit toute forme de culte traditionnel, qu'il soit public ou privé : l'État romain est alors devenu officiellement chrétien. D'un côté, les empereurs romains ont trouvé dans le christianisme une religion qui pouvait sembler adaptée à l'universalisme de l'Empire et de leur autorité: un Dieu, un empire, un empereur. Dès l'époque de Constantin, l'empereur intervient directement dans les affaires de l'Église et prétend être l'instrument de Dieu sur terre. De l'autre, le christianisme, précisément parce qu'il s'adresse à l'humanité tout entière et en même temps à chaque individu, sans se préoccuper forcément de l'État terrestre, est aussi un germe de dislocation. Enfin, contrairement à la religion traditionnelle, la religion chrétienne n'était pas consubstantielle à la cité, la forme jugée la plus éminente du vivre ensemble de l'Antiquité. Les religions du monde antique ne disparaissent cependant pas d'un seul coup : elles restent, surtout en Occident, la religion des paysans, des pagani, d'où le terme de « païen » et de paganisme pour désigner les fidèles de ces religions polythéistes. n n'en reste pas moins qu'un autre des piliers du monde antique s'est écroulé, car ces formes
de religion n'ont plus de lien avec le monde de la cité. Cette révolution religieuse avait été préparée par de longs siècles d'évolution des mentalités dans l'Empire.
Conclusion Chute ou survie de l'Empire romain ? (395-476)
Bien que l'idée en soit encore largement répandue, l'Empire romain n'a connu ni chute ni décadence. L'image d'un empire décadent, depuis les Sévères, voire depuis les débuts du régime impérial, est une idée popularisée au XVIIIe siècle. D'une certaine manière, elle reprend le pessimisme d'un Tacite qui gardait la nostalgie de la République. Le suicide de Caton le Jeune et la mort de Cicéron étaien t devenus emblématiques de la chute de la République et de la fin de la Liberté à Rome. L'histoire qui allait suivre restait marquée par cette tare originelle : l'Empire, en tant que régime ne pouvait représenter qu'un pis-aller, u ne forme d'esclavage volontaire. L'acceptation de cette situation ne pouvait se comprendre, aux yeux des Anciens, que parce que les mœurs avaient changé, en particulier dans l'élite dirigeante: la virtus s'était effacée au profit d'une vie «efféminée», où tous les plaisirs étaient permis. C'est ainsi que l'idée d'une décadence politique était étroitement associée à celle d'une décadence morale et, pendant longtemps, l'Empire, tout particulièremen t sa période finale, dite le« Bas-Empire», fu t mal considéré. Pourtant, cette image persistante des «Romains de la décadence», ivrognes et goinfres, passant leur vie dans les orgies, n'a
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guère de fondement réel et repose sur des sources mal comprises. Du reste, le moment où les mœurs avaient été les plus libres correspond plutôt aux deux derniers siècles de la République. Déjà, Auguste avait mis un frein à cette liberté par des lois sévères sur l'adultère. Après les Flaviens, les mœurs s'assagissent et le rapport au corps se modifie: la morale chrétienne n'est que l'une des manifestations de ces changements et non leur cause. De même, la corruption et la vénalité des sénateurs ou des fonctionnaires romains ne semblent pas avoir été plus fortes au rif ou au if siècle qu'auparavant. La longue période qui s'étend du me au début du VIe siècle est caractérisée par des changements majeurs. Ce n'est plus tout à fait l'Antiquité mais ce n'est pas encore le Moyen Âge. Ce sont des siècles créatifs: rassemblement des lois romaines dans des codes, celui de Théodose II d'abord et celui de Justinien, épanouissement de la littérature et du premier art chrétiens. n est cependant vrai que l'Empire s'est disloqué. Après la division permanente entre Empire romain d'Occident et Empire romain d'Orient en 395, la partie occidentale résiste mal aux pressions des Barbares. Celles-ci viennent d'ailleurs autant de l'intérieur, de la part des peuples installés officiellement à titre de fédérés, que d'invasions extérieures. En 407, les Vandales, les Alains et les Suèves pénètrent en Gaule puis en Espagne. Les Vandales s'installent en Afrique à partir de 429. Rome est mise à sac une première fois en 410 par Alaric, le roi des Wisigoths, et à nouveau en 455 par le roi des Vandales, Genséric. Les empereurs d'Occident ne parviennent cependant à se maintenir jusqu'en 476 qu'au prix de concessions de plus en plus grandes aux peuples qu'ils utilisent les uns contre les autres. En revanche, la partie orientale de l'Empire reste pratiquement intacte et dure encore mille ans: c'est ce que l'on appelle l'Empire byzantin. L'Empire romain n'a donc pas «chuté» mais s'est rétréci et l'unité du monde méditerranéen s'est brisée, essentiellement pour des raisons internes. Les forces centrifuges l'emportent dans l'esprit des aristocraties sénato-
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riales locales : en Occident, elles préfèrent un roi, certes barbare, mais proche et efficace, à un empereur lointain. Cette aristocratie se fond d'ailleurs assez vite dans l'aristocratie germanique en Gaule, moins facilement en Espagne pour des raisons religieuses, et, de leur côté, les Germains se romanisent et se latinisent. L'étendue et la puissance de l'Empire romain ont fasciné le monde depuis les Grecs jusqu'aux dictateurs du x.xe siècle: faut-il pour autant penser que la forme d'État la meilleure est forcément celle de l'empire universel ? On serait plus nostalgique des traits de civilisation qui ont caractérisé la Grèce et Rome : la ville, le droit, la cultur e littéraire. Mais ces traits perdurent en Orient avec Constantinople e t même en Occident, de manière plus discrète, par l'intermédiaire de l'Église. Les Arabes, qui se lancent à la conquête de la Syrie, de l'Égypte, de l'Afrique et de la Perse au vne siècle, sont eux aussi les continuateurs de ce type de civilisation.
Annexes Chronologie Index des noms propres et des notions Bibliographie
Chronologie
Des origines à 509 Chronologie traditio nnelle 1184 :chute de Troie 753: fondation de Rome selon Varron 753-715: Romulus 7 15-662: Numa Pompilius 672-640: Tullus Hostilius 640-6 16: Ancus Martius 616-578: Tarquin l'Ancien 578-534 :Servius TulJius 534-510: Tarquin le Superbe 509 : Naissance de la République
Chronologie d'après l'archéologie X: siècle : présence de tombes sur le site du forum vnf siècle :cabanes sur le Palatin 775 :début de la colonisation grecque en I talie
vers 625 : premier aménagement du forum vf siècle : construction de la muraille servienne
La République romaine Événements intérieurs 494-493 : création du tribunal de la plèbe 451-450: loi des xn tables 449 : loi reconnaissant l'appel au peuple 443 :création de la censure 378: nouvelle enceinte de Rome 367 :loi donnant aux plébéiens l'accès au consulat 312 : premier aqueduc de Rome 304 :affichage du calendrier religieux romain 289 : premier monnayage romain (monnaie de bronze: l'as)
Événements extérieurs 499 :victoire de Rome sur les Latins au lac Régille 493 : traité entre Rome et les Latins if siècle :guerres contre les Volsques et les Éques 396: prise de Véies par Camille 390 : prise de Rome par les Gaulois 343-341 : première guerre samnite 338 : dissolution de la ligue latine 326-304 : deuxième guerre samnite 312 : via Appia, de Rome en Campanie 298-290 : troisième guerre samni te
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280-275 : guerre contre Pyrrhus 272 : capitulation de Tarente 264 : premier combat de gladia- 264-24 1 : première guerre punique teurs 241 : le nombre de tribus romai- 241 : la Sicile, première province nes atteint 35 romaine 240 : première représentation 218-201: deuxième guerre punid'une pièce de théâtre de Livius que 212-205 : première guerre de Andronicus à Rome Macédoine 202 : victoire de Zama sur Hanni204 : installation de la déesse Cybèle à Rome bal 202-183: Scipion l'Africain, prin- 20 1 : traité avec Carthage cipal personnage de la Républi200-196 : deuxième guerre de Macédoine (Philippe V) que 197 : organisation des provinces 184 : censure de Caton J'Ancien 180 : loi Villia annalis réglemen- d'Espagne 196 : Flamininus proclame la tant le cursus honorum liberté des cités grecques J88 : paix d'Apamée imposée à Antiochos m 172-168 : troisième guerre de Macédoine (Persée) 167 : les citoyens romains exemp- 168 : victoire de Pa ul Émile à Pydna sur Persée tés de l'impôt du tributum 147: la Macédoine, province romaine 146: prise et destruction de Carthage 146 : révolte des Grecs ; destruction de Corinthe 133 : tribunat de la plèbe de 133 : prise de Numance par SeiTiberius Sempronius Gracchus pion Émilien 133 : legs du royaume d'Attale Ill à Rome 123-121 : tribunats de la plèbe de 121-118 : conquête de la Gaule Caius Sempronius Gracchus du Sud 106, 104-100 : les six consulats de 121 -106 : guerre contre le roi des Marius Numides Jugurtha en Afrique ; 104-101 :révoltes d'esclaves en victoire de Caïus Marius en 106 Sicile et Italie du Sud 102-101: victoires de Marius sur 91-89 : guerre « sociale » les Cimbres et les Teutons 90 : loi Julia accordant la citoyenneté romaine aux alliés restés fidèles (étendue à tous les alliés italiens ensuite)
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88 : premier coup d'État de Lucius Cornelius Sylla 83-80 : retour de SyUa et dictature de Sylla 73-71: révolte de Spartacus 70 : consulat de Pompée et de Crassus 63 : consulat de Cicéron 60 : entente entre Pompée, César et Crassus (« premier triumvirat») 59 : consulat de César 55 : consulat de Pompée et Crassus 52 : assassinat de Clodius; Pompée consul unique 49-45 : guerre civile (bataille de Pharsale en 48) 49-44 : dictatures de César 43: triumvirat formé par Antoine, Octave et Lépide 43 : mort de Cicéron 42 : bataille de Philippes 40 : partage du monde entre Antoine et Octave 31 : victoire d'Octave sur Antoine et Cléopâtre à Actium
88-85 : campagne de SyUa contre Mithridate du Pont 80-72 : guerre contre Sertorius en Espagne 74: legs du royaume de Nicomède IV de Bithynie à Rome 67: commandement de Pompée contre les pirates 66-63 : campagnes de Pompée en Orient 64 : province de Syrie 58-51 : conquête de la Gaule par César 53 : défaite et mort de Crassus à Carrhre face aux Parthes 47: victoire de César sur Pharnace du Pont 46: victoire de César sur Juba
30 : conquête de l'Égypte
L'Empire romain Les p rincipaux empereurs Les Julio-Claudiens 27 av. J.-C.-14 apr. J.-C.: Auguste 14-37: Tibère 37-41 :Caligula 41-54: Claude 54-68 : Néron
La crise d e 68-69 Galba (juin 68-janvier 69) ; Othon (janvier-avril69) ; Vitellius 1 Ùanvier-décembre 69) Les Flaviens 69-79 : Vespasien 79-81 : Titus 81-96: Domitien
Événements majeurs 9 apr. J.-C. : désastre de Varus en Germanie 21 : révolte des Trévires et Éduens en Gaule 43 : début de la conquête de la Bretagne 66-70: révolte des Juifs 69-70 : révoltes en Gaule
70 : prise de Jérusalem par Titus vers 74: droit latin conféré aux provinces ibériques 80 : inauguration du Colisée
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Les Antonins 96-98 : Nerva 98-11 7 : Trajan 117-138 : Hadrien 138-161 : Antonin 161-180: Marc Aurèle (et Vérus 161-169) 180-192: Commode La crise de 193 Pertinax ~anvier-mars 193); Didius Ju ianus (mars-juin 193) ; Pescennius Niger (193- 194) ; Albinus (193- 197) Les Sévères 193-211 :Septime Sévère 211-217: Caracalla (et Geta jusqu'en 212) 217-218: Macrin 218-222: Élagabal 222-235 : Sévère Alexandre La •• crise » du m" siècle (235-283) 235-238 : Maximin le Thrace 238-244 : Gordien ill 244-249: Philippe l'Arabe 249-251 : Trajan Dèce
253-260 : Valérien 260-268 : Gallien 268-270 : Claude II le Gothique 270-275 : Aurélien 276-282 : Probus 282-283 : Carus L'Antiquité tardive 284-305 : Dioclétien et Maximien (286-305) 305-31 1 : Galère 306-337 : Constantin 308-324 : Licinius 337-361 : Constance li 361-363: Julien 364-375: Valentinien l" 364-378: Valens 379-395: Théodose 395-423 : Honorius (Occident)
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101-105: guerres contre les Daces ; province de Dacie 106 : province d'Arabie 114-117 : guerre contre les Parthes 127 : mur d'Hadrien en Bretagne 166-180 : guerres de Marc Aurèle contre les Germains et les Sarmates 193-197 : succession de guerres civiles
195-198 : dernières conquêtes romaines (Mésopotamie) 212: édit de Caracalla accordant la citoyenneté romaine à tous les habitants libres de l'Empire 224 : nouvelle dynastie perse des Sassanides 248 : fêtes du millénaire de Rome 249-250 : persécution de Dèce contre les chrétiens 250 : début des incursions des Goths 257-258 : persécution de Valérien contre les chrétiens 260 : défaite et capture de Valérien face aux Perses 260-270 : menaces généralisées sur les frontières 260-274 : "empire des Gaules ,. 274: réunification de l'Empire par Aurélien 284-305 : grandes réformes de Dioclétien 303-311 : persécutions contre les chrétiens 310 : création du solidus d'or (le sou) 324 : réunification de l'Empire par Constantin 325 : 1cr concile œcuménique de l'Église à Nicée 361-363: tentative de restauration du paganisme par Julien 378: Valens vainc u et tué à Andrinople par les Goths
395-408 : Arcadius (Orient) 408-450 : Théodose ll (Orient) 425-455: Valentinien III (Occident)
450-467: Marcien (Orient)
467-474: Léon 1er (Orient) 474-491 : Zénon (Orient) 475-476 : Romulus Augustule, dernier empereur d'Occident 491-518 : Anastase (Orient) 527-565 : Justinien (Orient)
379: les empereurs renoncent au grand pontificat 395 : partage de l'Empire 31 décembre 406 : grande invasion de la Gaule 409 : invasion de l'Espagne 410 : pillage de Rome par le Wisigoth Alaric 416 : installation officielle des Wisigoths en Aquitaine 429 : les Vandales passent en Afrique 438 : code Théodosien 451 : victoire d'.!Etius sur Attila en Gaule 455 : prise et pillage de Rome par Je Vandale Genséric 476 : le roi barbare Odoacre règne en Italie 482 : avènement du roi des Francs Clovis 533: code de Justinien
Index des noms propres et des notions
affranchi, 27, 28, 31, 79, 80, 85, 86, 99. ager romanus, 40, 49, 50. Albe laLongu e,9, 11, 12, 13, 15. allié, 11, 12, 40, 42, 43, 47, 49, 54,60, 63, 65,76,89,97, 118. Antoine, 68, 69, 70, 119. Apollon, 11, 34, 36, 38, 72, 96, 102. auctoritas, 25, 72. augure, 13, 24, 34, 37. Auguste, 6, 9, 10, 12, 14, 70, 71, 72, 73, 74, 75, 76, 77, 79, 81, 82, 83, 87, 93, 94, 96, 103, 104,1 12, 119. auspices, 13, 17, 20, 2 1, 34. Brutus (Marcus Junius), 7, 17, 68, 69, 70. Camille, 39, 117. Capitole, 14, 16, 17, 20, 25, 39, 59, 62, 67. Carthage, 5, 10, 11 , 31 , 40, 42, 43, 118. Caton l'Ancien ou le Censeur, 30, 43, 56, 57. Caton le Jeune, 64, 67. censeur, censure, 20, 22, 24, 25, 27, 28, 29, 30, 56, 72, 117, 118.
centurion, 98. César, 6, 7, 10, 45, 53, 54, 56, 57, 62, 64, 65, 66, 6~ 68, 69, 7~ 72, 74, 88, 89, 96, 103, 104, 119. chevalier, 26, 28, 29, 31, 54, 59, 61, 69, 77, 79, 80, 81, 85, 90, 94, 98, 100, 107. Cicéron, 7, 30, 57, 64, 66, 68, 69, 70, 119. cirque, 7, 14, 36, 94. citoyenneté, 27, 28, 31 , 40, 49, 57, 58, 60, 61 , 67, 89, 90, 97, 11 8,120. clarissime, 81. Claude, 76, 78, 79, 82, 89, 94, 97, 100, 119, 120. Cléopâtre, 7, 66, 68, 70, 119. client, 18, 31 , 59, 63, 82, 89, 96. Clodius, 65, 77, 119. collèges de prêtres, 34-36, 78. colonie, 9, 15, 17, 40, 59, 67, 88, 89, 90. comices, 25, 26, 27, 28, 37, 65, 74, 75, 78, 80. comices centuriates, 25, 26, 31. comices tributes, 25, 26, 33. consecratio, 76. Constantin, 100, 101, 102, 104, 105, 106, 107, 108, 120, 126.
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Constantinople, 104, 105, 107, 113. consul, consulat, 17, 19, 20, 21, 22, 25, 2~ 29, 30, 31, 34, 47, 51, 54, 59, 60, 61, 62, 63, 64, 65, 66, 67, 68, 71, 72, 75, 78, 82, 83,107,117, 118, 119. Crassus, 54, 55, 63, 64, 65, 119. curi~ 24, 25, 65, 68, 73, 80, 86, 106. cursus honorum, 23, 62, 118. décurion, 86, 92. dictateur, 62, 67, 68, 113. dieux romains. Dioclétien, 100, 101 , 102, 103, 104, 106, 108, 120. édile, 19, 22, 64. Énée, 5, 7, 9, 10, li , 12. évergétisme, 93. fastes, 30. gens, 13, 18, 31, 37, 44, 45, 92, 106, 112, 121. Gracques (Caïus Gracchus), 59. Gracques (Tiberius Gracchus), 58, 59. grand pontificat, 76, 77, 121. Hannibal, 42, 43, 48, 88, 118. homme nouveau, 29, 60.
imperator, 58, 65, 71, 76, 77. imperium, 21 , 22, 26, 70, 71, 75, 77. inaugurer, 24, 34. ingénu, ingénuité, 27, 28. Italie, 5, 9, 10, 11, 15, 16, 17, 28, 39,40, 42,49, 50, 53, 54, 56, 57, 58, 60, 61, 62, 63, 66, 69, 70, 81, 91, 106, 117, 118, 121. jeux (ludi), 7, 34, 36, 62, 64, 67, 80, 91, 92, 93, 94, 107.
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Jupiter, 11 , 15, 17, 21, 25, 34, 36, 37, 102. jus italicum, 88, 90. Latins, 9, ll , 12, 15, 39, 56, 117, 126. Latium, 11 , 15, 16, 17, 40. Lavinium, 9, 12. Légats de légion, 85, 98. Légion, 47,48,49,64, 78,83,97, 98. Lépide, 70, 72,119. loi des XII tables, 20, 117. Lucullus, 55, 56, 63. magistrat romain, 23. manipule, 47, 48, 60, 70. Marius, 6, 30, 60, 61, 64, 118. métropole, 15. municipe, 40, 69, 89, 90. Noble, noblesse, 29, 30, 31, 33, 36, 57, 58, 59, 60, 63, 64, 65, 69, 74, 90, 91. Numitor, 12, 13. Octave (voir Auguste).
optimales, 59. ordre équestre (voir Chevalier). ordre sénatorial (voir Sénateur). Palatin, 12, 13, 14, 16, 35, 72, 96, 105, 117. patricien, 5, 10, 18, 19, 20, 21, 24, 29, 33, 61, 64. patron, 31, 82, 106. Paul Émile, 43, 44, 45, 56, 118. pérégrin, 11 , 27, 90, 9 1, 97. peuple (populus), 18, 20, 21, 94, 105. piété, 10, 37, 73, 108. plèbe, 19, 20, 22, 26, 57, 59, 60, 62, 63, 64, 65, 67, 70, 72, 74, 82, 93, 94, 117, 118. plébéien,5, 18, 19,20,2 1, 29,33, 58, 117. Pomérium, 14, 17, 22, 26, 62, 71.
Pompée, 6, 36, 45, 54, 62, 63, 64, 65,66, 67, 68,69, 70,93, 11 9. populares, 59. préfet du prétoire, 77, 79. préteur, 22, 26, 29, 30, 60, 64, 85. prêtres, 12, 33, 34, 35, 78. prince, princeps, 63, 66, 69, 72, 80, 82, 102. principat, 6, 71, 102. proconsul,23, 64, 65, 66, 71 , 75, 77, 83. procurateur, 79, 85, 86, 87. prodige, 37. province, 42, 43, 54, 58, 62, 63, 66, 70, 71 , 78, 79, 82, 83, 85, 86, 88, 89, 92, 93, 97, 100, 105, 118, 119, 120, 127. provocatio (droit d'appel), 20. puissance tribunicienne, 72, 75, 77. Pyrrhus, 40, 11 8.
70, 71, 72, 74, 75, 76, 77, 78, 79, 80, 81, 82, 83, 85, 102, 104, 107, 112. sénateurs, 22, 29, 31 , 33, 54, 59, 61 , 62, 65, 66, 67, 68, 69, 72, 75, 76, 78, 79, 80, 81 , 82, 83, 85, 86, 90, 94, 98, 100, 106, 107, 11 2. Sibylle, 11, 34. Spartacus, 7, 63, 119. SyUa, 6, 24, 54, 56, 60, 61 , 62, 63, 64, 70, 119.
Sacer, 19, 29, 33, 35, 37.
Tarente, 40, 118. Tarquin l'Ancien, 15. Tarquin le Superbe, 15, 117. Temple, 10, 15, 17, 19, 24, 25, 34, 35, 36, 52, 54, 67, 68, 7 1, 72, 88, 91' 92, 94, 96, 108. Templum, 24, 34. Théodose, 102, 104, 109, 112, 120, 121. Tibère, 75, 76, 78, 89, 119. Titus Tatius, 14, 16. Trajan, 82, 89, 91, 94, 96, 97, 120. tribu, 25, 26. tribun de la plèbe, 58, 59, 60, 72. Tribut, tributum , 39, 52, 87, 88, 89, 118. triomphe, 6, 22, 30, 31, 44, 52, 62, 63, 64, 66, 69, 71 , 78, 79, 8 1.
Sacrifice, 35, 36, 44. Sénat, 16, 17, 18, 21, 22, 24, 25, 26, 27, 29, 31 , 34, 35, 36, 37, 43, 44, 59, 64, 65, 66, 68, 69,
Vespasien, 76, 77, 78, 88, 89, 94, 96, 11 9. Vesta, 10, 12, 33, 34.
Remus, 12, 13, 14. rescrit, 78. res pub/ica, 18, 71 , 80. Rome(laville), 9, 14, 15, 16, 17, 22, 32 (plan) 55, 56, 57, 64, 94, 95 (plan), 11 2. Romulus, 5, 9, 10, 12, 13, 14, 15, 16, 69, 73, 74, 96, 117, 121. Sabins, 14, 16.
Bibliographie
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$brio 0720 Composition PCA - 44400 Rezé Achevé d'imprimer en France (Ligugé) par Aubin en mai 2007 pour le compte de E.J.L. 87, quai Panhard-et-Levassor, 75013 Paris EAN 9782290348291 Dépôt légal mai 2007 l" dépôt légal dans la collection :jumet 2005
Diffusion Fra~ue et étranger: Flammarion