Guide
Cultiver la passion
Botanique et horticulture dans les jardins du Québec
Une trentaine de praticiens passionnés de l’horticulture (chroniqueurs, horticulteurs amateurs et professionnels, pépiniéristes, propriétaires de jardin, auteurs…) ont mis en commun leurs connaissances et leur expérience pour rédiger ce guide qu’ils dédient à tous ceux et celles qui partagent leur passion. À l’affût de tout ce qui peut intéresser les amateurs actuellement ou sera « à la mode » d’ici peu, ces collaborateurs présentent : ~ les plantes vedettes de l’année ~ des plantes suggérées ~ des plantes à découvrir ~ les choix des collectionneurs ~ des trucs du métier ~ les ravageurs ~ les plantes à éviter ~ le jardinage avec les enfants ~ les collections horticoles ~ l’histoire des plantes ~ des visites de jardins ~ la sociologie et la thérapie de l’horticulture ~ des personnalités de la botanique et de l’horticulture ~ les résultats des plus récentes recherches.
JACQUES ALLARD, photographe et horticulteur • NICOLE BOLDUC, horticultrice au Parc du Bois-deCoulonge • MICHEL BÉDARD, psychologue et conférencier horticole • JEAN DENIS BRISSON, auteur et docteur en systémique-botanique • MANO CAPANO, productrice de pivoines Itoh et botaniques • BERNARD CARRIER, horticulteur et collectionneur spécialisé dans les plantes introuvables • ISABELLE CÔTÉ, coauteure d’ouvrages en phytoprotection • HÉLÈNE CORRIVEAU, responsable agronomique du Jardin Roger-Van den Hende • DAVE DEMERS, horticulteur en chef au jardin du Domaine Joly-De Lotbinière • GAÉTAN DESCHÊNES, auteur et rédacteur horticole • JEAN-PIERRE DEVOYAULT, pépiniériste de végétaux de collection • CLAUDE DORÉ, professeur de biologie au cégep François-Xavier-Garneau • DANIEL FORTIN, auteur et horticulteur au Centre de la Nature de la Ville de Laval • PATRICIA GALLANT, horticultrice en chef des Jardins de Métis • RENÉ GIGUÈRE, responsable de l’Alpinium au Jardin botanique de Montréal • ROCK GIGUÈRE, rédacteur et conférencier horticole • GEORGES GINGRAS, producteur de plantes vivaces et de végétaux particuliers • SERGE HARVEY, horticulteur à la Ville de Sainte-Foy • LARRY HODGSON, auteur de plus de 15 ouvrages en horticulture et chroniqueur horticole • GHISLAIN JUTRAS, créateur d’un jardin de démonstration en permaculture • CHRISTINE LANDRY, propriétaire du Jardin du pasteur à Saint-Hippolyte • MARIE-ÈVE LECLERC, biologiste et animatrice au Jardin Roger-Van den Hende • ADRIEN LEVASSEUR, travailleur social et horticulteur • CLAUDE MAJEAU, propriétaire des Jardins au Gré du Vent • MARC MELOCHE, pépiniériste spécialisé dans la production et la vente de plantes indigènes • ALAIN MÉNARD, propriétaire d’un jardin privé axé sur la culture des graminées ornementales • ALBERT MONDOR, auteur et animateur de l’émission télévisée Jardinons avec Albert • FRANK MORO, pépiniériste spécialisé dans la production et la vente de lilas • CLAUDE QUIRION, producteur et vendeur d’hémérocalles • THÉRÈSE ROMER, conférencière horticole, photographe et journaliste • LINDA TREMBLAY, horticultrice amateur
Les Amis du Jardin Van den Hen
Photo: Rock Giguère
Les auteurs
ISBN 2-89544-026-3
FÉDÉRATION DES SOCIÉTÉS D’HORTICULTURE ET D’ÉCOLOGIE DU QUÉBEC
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Rock Giguère Préface d’Alexander Reford
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Données de catalogage avant publication (Canada) Vedette principale au titre : Botanique et horticulture dans les jardins du Québec : guide 2002 Comprend des réf. bibliogr. et un index. Publ. en collab. avec : Société des Amis du Jardin Van den Hende. ISBN 2-89544-026-3 1. Horticulture d’ornement – Québec (Province). 2. Plantes d’ornement – Québec (Province). 3. Jardinage – Québec (Province). 4. Jardins – Québec (Province). 5. Botanique. I. Giguère, Rock. II. Société des Amis du Jardin Van den Hende. SB406.C3B67 2002 635.9’09714 C2002-940490-8
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La Société des Amis du Jardin Van den Hende remercie le ministère de la Culture et des Communications pour le soutien financier accordé à la préparation de cet ouvrage par le programme Étalez votre science. La Société remercie également le ministère de l’Environnement du Québec, Direction du patrimoine écologique et du développement durable, Service de la conservation de la flore et des milieux naturels, de son aide financière.
Révision scientifique : Julien Bergeron, Jean Denis Brisson, France Crochetière et Camille Rousseau Traduction de la préface : Robert Paré Correction des épreuves : Raymond Deland Maquette et réalisation graphique : Gérard Beaudry Illustrations : Emmanuel Gagnon Impression : Litho Chic © Éditions MultiMondes, 2002 ISBN 2-89544-026-3 Dépôt légal – Bibliothèque nationale du Québec, 2002 Dépôt légal – Bibliothèque nationale du Canada, 2002 ÉDITIONS MULTIMONDES 930, rue Pouliot Sainte-Foy (Québec) G1V 3N9 CANADA Téléphone : (418) 651-3885 Téléphone sans frais depuis l’Amérique du Nord : 1800 840-3029 Télécopie : (418) 651-6822 Télécopie sans frais depuis l’Amérique du Nord : 1 888 303-5931
[email protected] http://www.multim.com DISTRIBUTION EN LIBRAIRIE AU CANADA Diffusion Dimedia 539, boulevard Lebeau Saint-Laurent (Québec) CANADA H4N 1S2 Téléphone : (514) 336-3941 Télécopie : (514) 331-3916
[email protected] DISTRIBUTION EN FRANCE Librairie du Québec 30, rue Gay-Lussac 75005 Paris FRANCE Téléphone : 01 43 54 49 02 Télécopie : 01 43 54 39 15
[email protected] DISTRIBUTION EN BELGIQUE Librairie Océan 139, avenue de Tervuren 1150 Bruxelles BELGIQUE Téléphone : 02 732 35 32 Télécopieur : 02 732 35 32
[email protected] DISTRIBUTION EN SUISSE SERVIDIS SA 2, rue de l’Etraz CH-1027 LONAY SUISSE Téléphone : (021) 803 26 26 Télécopie : (021) 803 26 29
[email protected] http://www.servidis.ch
Les Éditions MultiMondes reconnaissent l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Programme d’aide au développement de l’industrie de l’édition (PADIÉ) pour leurs activités d’édition. Elles remercient la Société de développement des entreprises culturelles du Québec (SODEQ) pour son aide à l’édition et à la promotion. Gouvernement du Québec – Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres – gestion SODEC
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Hommage à un pionnier en horticulture
N
é à Gand, en Belgique, le 25 avril 1909, M. Roger Van den Hende obtient un diplôme de l’École d’horticulture de l’État de Vilvorde en 1927. En 1937, on lui offre un poste au Canada, à l’Institut agricole belge d’Oka. En 1953, le père Louis-Marie, botaniste à l’Institut agricole d’Oka, engage Roger Van den Hende comme assistant au Laboratoire de botanique et de génétique. Dès 1957, il devient chargé d’enseignement du cours de botanique. En 1962, l’Université Laval crée sa Faculté d’agriculture pour prendre la relève de l’Institut d’Oka. M. Van den Hende est nommé assistant du professeur de botanique Lionel CinqMars et chargé du cours d’horticulture. En 1963 et 1964, M. Roger Van den Hende aménage un jardin d’annuelles et une petite pépinière. En 1965, il effectue lui-même les premiers semis de plantes ligneuses, parmi lesquelles on trouve des rhododendrons, des mahonies à feuilles de houx, des aubépines, des maackies de l’Amur et plusieurs autres espèces que l’on peut admirer aujourd’hui. C’est ainsi qu’est créé le Jardin pédagogique de l’Université Laval. M. Van den Hende consacrera les dernières années de sa carrière universitaire à son cher jardin, travaillant avec ardeur à son développement avec le souci constant d’y introduire des plantes susceptibles de survivre à notre rude climat. Au moment de sa retraite en 1975, l’Université, consciente de la qualité et de la grandeur de l’œuvre du professeur Van den Hende, donne au jardin pédagogique le nom de son fondateur. La contribution de M. Roger Van den Hende à l’horticulture québécoise est universellement reconnue en 1982, alors qu’il reçoit le prix Alphonse-Guimont, décerné par la Société internationale d’arboriculture du Québec. En 1991, la société hollandaise C.J. Ruigrok donne son nom à une tulipe à tiges multiples. Puis, en 1993, le roi de Belgique décerne à M. Van den Hende la croix de Chevalier de l’Ordre de Léopold afin de souligner son apport aux relations belgo-canadiennes et son habileté à transmettre la passion de l’horticulture à tant de Québécois. Au printemps 2000, il reçoit le prix Teuscher, décerné par le Jardin botanique de Montréal à une personnalité marquante de l’horticulture. Par ce livre, la Société des Amis du Jardin Van den Hende rend hommage à ce précurseur audacieux qui n’a pas hésité à sortir des sentiers battus. Jean Denis Brisson Président de la Société des Amis du Jardin Van den Hende
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Préface
C’
est à la fois avec enthousiasme et appréhension que j’ai accepté de rédiger la préface de Botanique et Horticulture dans les jardins du Québec – Guide 2002. Avec enthousiasme, car je partage les objectifs de l’ouvrage et crois qu’il apporte une contribution précieuse à nos connaissances horticoles et à notre appréciation des jardins du Québec. Avec appréhension, car à voir la brochette d’experts réunis pour la production de ce livre, je crains de ne pas avoir grand-chose à ajouter aux articles bien fouillés que vous trouverez dans les pages qui suivent. J’ai le privilège, depuis 1995, de diriger l’un des jardins les plus célèbres du Québec : les Jardins de Métis. Bibliophile et lecteur passionné, j’ai entrepris, à mon arrivée à Grand-Métis il y a sept ans, de réunir une collection d’ouvrages de référence pour soutenir mes propres recherches, ainsi que le travail de nos jardiniers et de notre personnel. J’ai été étonné de constater à quel point il y avait peu de livres sur le jardinage au Québec et encore moins sur les jardins du Québec. Pendant des années, en matière d’horticulture et de jardins, on a dû s’astreindre à lire des ouvrages rédigés en anglais ou à acheter des livres importés de France à prix prohibitif et dont la plupart n’apportaient pas grand-chose à des jardiniers aux prises avec les vicissitudes du climat québécois. On n’aurait pas rempli plus d’un rayon des livres sur le jardinage au Québec. Mon arrière-grand-mère, Elsie Reford, a rédigé divers articles sur ses jardins et sa collection de lis. Peu connus aujourd’hui mais sur le point d’être réimprimés, ces articles furent d’abord publiés dans des revues d’horticulture du RoyaumeUni et des États-Unis dans les années 1930 et 1940. Elsie aurait sûrement aimé voir ses textes publiés au Canada et partager ainsi sa connaissance des plantes avec les consœurs et confrères jardiniers de son propre pays. Mais très peu de revues du Québec et du Canada publiaient à l’époque des articles sérieux sur le jardinage et les jardins. S’il a fallu attendre plus de cinquante ans, on publie maintenant régulièrement au Québec des livres sur l’horticulture. Lectrices et lecteurs, j’en suis sûr, saluent avec moi de telles parutions. Nos rayons commencent maintenant à ployer sous le poids de livres sérieux et attrayants publiés au Québec. Dans la seule dernière année, les ouvrages d’Albert Mondor, de Pierre Gingras, de Fred Oehmichen et Sandra Barone, pour n’en nommer que quelques-uns, ont fourni beaucoup de matière tant aux amateurs qu’aux spécialistes. Le livre qu’a rédigé Francis H. Cabot sur la création de son jardin, Les Quatre Vents, est à ranger dans une classe à part ; il s’agit peut-être là du plus beau livre spécialisé jamais publié sur un jardin en Amérique du Nord. Les trois premiers guides de la nouvelle série « Guides des jardins du Québec », de l’Association des Jardins du Québec, même s’ils sont plus modestes, n’en constituent pas moins un ajout important. Magnifiquement illustrés de photographies de Louise Tanguay, ils ajoutent à la compréhension de notre histoire horticole et contribuent à assurer l’avenir des jardins publics du Québec. ix
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Comme le coordonnateur de Botanique et Horticulture dans les jardins du Québec, j’ai la ferme conviction qu’il est essentiel de publier sur le sujet pour accroître l’expertise horticole et favoriser notre appréciation collective des jardins et de leur environnement. La parution de cet ouvrage est non seulement opportune mais nécessaire : opportune, car les jardiniers du Québec attendaient un livre qui fasse progresser leur connaissance des plantes ; nécessaire, car les lecteurs exigent des livres qui présentent de nouveaux défis horticoles. Ce livre fait progresser notre connaissance des plantes et de l’horticulture au Québec. Le fait qu’il ait été inspiré par Rock Giguère ne surprendra pas les gens qui connaissent cet homme. À l’origine de la création et du dynamisme de l’Association des petits jardins du Québec, Rock Giguère est la preuve qu’à force de persévérance on arrive à tout. Il a ainsi pu convaincre gouvernements, institutions et auteurs spécialisés, jardiniers, botanistes et scientifiques de collaborer à cet ouvrage. En soi, il s’agit là d’une réussite remarquable et dont il faut saluer l’audace. On trouve dans ce livre des articles portant sur près de 100 plantes, réunissant une information rarement, voire jamais, compilée de manière aussi complète et attrayante. C’est presque autant de spécialistes qu’a rassemblés Rock Giguère ; non pas des jardiniers de salon, mais des horticulteurs, des pépiniéristes, des auteurs et des journalistes, tous mettant des décennies d’expérience à la tâche. Par ailleurs, cet ouvrage évite le piège dans lequel tombent parfois des publications du genre, soit écrire pour les confrères ; il s’adresse autant au public en général qu’au jardinier spécialisé. Nous pouvons tous apprendre quelque chose de son contenu et des trucs du métier de plusieurs des horticulteurs les plus compétents du Québec. Le jardinage est un défi constant. Chaque année apporte son lot de déceptions et d’épreuves. Indiquant clairement dans le titre de ce livre qu’il s’agit de l’édition 2002, l’éditeur signale sans équivoque son vœu de voir publier un nouveau livre chaque année dans cette série. Pour qu’il puisse y arriver, il faut encourager la vente de ce premier ouvrage : lisez-le et chérissez-le, achetez-en un à un ami, offrez-en un à votre bibliothèque locale. Et puis, pourquoi pas ? commencez à rédiger votre propre article pour la prochaine édition. Alors qu’à une certaine époque, le jardinage était l’apanage des riches, aujourd’hui il appartient à tout le monde. Ce livre met l’horticulture à la portée de tous – pour le plus grand bien de nos jardins. Alexander Reford Directeur des Jardins de Métis Président de l’Association des jardins du Québec
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Avant-propos
L
e Québec devient de plus en plus horticole et botanique. Les hortillons et les botanistes de ces « quelques arpents de neige », selon l’expression de Voltaire, sont en train de démontrer que leur passion pour le monde végétal n’est pas une mode passagère. Leur engouement représente un nouveau modèle culturel, bien intégré et répondant à leur soif de savoir, à leur désir de création ou tout simplement au plaisir de composer avec la nature. De plus en plus avertis, les jardiniers amateurs dévorent les livres d’horticulture et se précipitent sur des activités telles que le Rendez-vous horticole du Jardin botanique de Montréal ou la visite des Jardins Les Quatre Vents de Cap-à-l’Aigle. Parallèlement à cet engouement, les amateurs veulent s’initier aux principes de base de la botanique pour accroître leurs connaissances et la performance de leurs plantations.
Quant aux botanistes, ils ne cessent de revoir l’origine des plantes et leur nomenclature et nous sommes donc régulièrement obligés d’ajuster notre vocabulaire : Nepeta faassenii au lieu de Nepeta mussinii,, Stachys byzantina au lieu de Stachys lanata, etc. On s’est attaqué, dernièrement, à des genres importants qu’on pensait bien établis, comme Solidago et Aster. L’Aster nova-belgii est maintenant classé dans le genre Symphyotrichum et s’appelle désormais Symphyotrichum nova-belgium. (Espérons que ces mêmes botanistes changeront bientôt l’appellation Eschscholzia californica pour un terme plus simple ; on n’aura plus à aller vérifier constamment son orthographe.) Tant que les botanistes ne s’intéressaient qu’aux mauvaises herbes, cela ne dérangeait pas trop, mais la tendance actuelle laisse présager, dans un avenir prochain, plusieurs changements de noms de plantes ornementales. Botanique et horticulture dans les jardins du Québec – Guide 2002 est donc spécialement conçu pour les fiers descendants d’Auguste Dupuis de Saint-Roch-des-Aulnaies, le premier pépiniériste du Québec, et du père Louis-Marie Lalonde (1896-1978), le premier détenteur d’un doctorat en botanique du Québec, décerné par la prestigieuse Université Harvard. Notre livre se veut le premier d’une série qui devrait sortir des « jardins battus ». En effet, ce recueil de connaissances s’appuie sur des recherches scientifiques, mais aussi sur le savoir et l’expérience acquis par des gens de terrain qui ont osé braver « la théorie » et proposer des modèles différents de ceux des spécialistes. À l’image de Mme Elsie Reford, de plus en plus d’horticulteurs québécois essaient de cultiver des plantes à risque ou inconnues et répètent ses exploits, comme son introduction très réussie sous notre climat du pavot bleu de l’Himalaya (Meconopsis betonicifolia). M. Francis H. Cabot nous a aussi montré dernièrement dans son livre The Greater Perfection : The Story of the Gardens at Les Quatre Vents, que rien n’est impossible au Québec et que nous pouvons concurrencer plusieurs régions du monde en matière de botanique et d’horticulture.
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Comme plusieurs horticulteurs amateurs introduisent des nouveautés chaque année dans leurs jardins, nous essaierons de suivre leurs expériences et de partager avec eux leurs réussites… et parfois leurs échecs. Nous tenterons aussi de faire connaître les nouveaux cultivars prometteurs ainsi que les producteurs et les distributeurs québécois qui se démarquent. Les collectionneurs de plantes particulières et les amateurs de défis horticoles y trouveront donc leur compte, autant que ceux qui veulent être à la fine pointe du savoir et des orientations de la botanique et de l’horticulture. C’est pour atteindre ces objectifs que l’ouvrage est très diversifié, tant par le choix des rubriques que par celui des rédacteurs. Ainsi pourront s’y délecter tant l’amateur que l’expert. Toute cette diversité n’enlève rien à la rigueur du texte. L’information a été validée à partir de sources récentes, qu’il s’agisse d’ouvrages fiables (ex. : Index of Garden Plants, par Mark Griffiths ; Encyclopedia of Garden Plants, Reader’s Digest, Botanica, Könneman etc.) ou de sites Internet de différentes universités. Parfois, il nous a fallu prendre position, tellement il y avait de confusion autour de certaines données, entre autres, la nomenclature (ex. : faut-il dire Nicandra physalodes ou Nicandra physaloides). Certains textes ont été rédigés de façon plus scientifique afin de faire avancer le discours botanique et horticole au Québec. Pour ne pas compliquer davantage ces textes, nous avons dû transgresser un peu les règles de l’art en omettant les sources de référence et en adoptant un style plus convivial, dépouillé de toutes les subtilités de l’écriture scientifique propre à ces écrits. Notre bibliographie sélective ainsi que des renseignements supplémentaires s’y rapportant sont disponibles au site www.multim.com. J’aimerais remercier toutes les personnes qui ont permis la publication de ce livre. D’abord, les rédacteurs, les correcteurs, principalement France Crochetière, et les photographes, qui ont tous généreusement contribué à la réalisation de cet ouvrage collectif. Ensuite, le conseil d’administration de la Société des Amis du Jardin Van den Hende qui, dès le départ, a cru à ce projet même s’il paraissait un peu farfelu à ses premières heures. J’adresse aussi des remerciements à la Fédération des sociétés d’horticulture et d’écologie du Québec pour la distribution de l’ouvrage à ses membres. Enfin, merci à l’équipe des Éditions MultiMondes, particulièrement Jean-Marc Gagnon et Lise Morin, qui m’ont offert un soutien constant tout au long de la production de ce livre de prestige. À tous ces nombreux et précieux collaborateurs, ma plus vive reconnaissance. Rock Giguère Coordonnateur
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Table des matières Quatre plantes vedettes
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Ampelopsis brevipedunculata ‘Elegans’ ~ Berberis thunbergii ‘Harlequin’ ~ Geranium macrorrhizum ~ Meconopsis cambrica
Nos suggestions horticoles
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LES PLANTES ANNUELLES 12 ~ Argemone albiflora ~ Briza media ~ Gomphrena globosa ~ Nicandra physalodes LES PLANTES BULBEUSES 16 ~ Crocosmia x crocosmiiflora ‘Lucifer’ ~ Lilium canadense ~ Lilium henryi ~ Oxalis tetraphylla LES PLANTES VIVACES 20 ~ Baptisia australis ~ Belamcanda chinensis ~ Dicentra spectabilis ‘Gold Heart’ ~ Persicaria polymorpha LES GRAMINÉES ORNEMENTALES 24 ~ Deschampsia caespitosa ~ Hakonechloa macra ‘Aureola’ ~ Miscanthus sinensis ‘Variegatus’ ~ Molinia caerulea ‘Variegata’ LES ARBUSTES 28 ~ Aralia elata ~ Calycanthus floridus ~ Enkianthus campanulatus ~ Fothergilla major
DES PLANTES INUSITÉES 51 ~ Echium russicum ~ Hypericum androsaemum ‘Albury Purple’ ~ Salvia patens ~ Solanum laciniatum DES PIVOINES PROMETTEUSES 55 ~ Paeonia ‘Bartzella’ ~ Paeonia ‘Cora Louise’ ~ Paeonia ‘First Arrival’ ~ Paeonia ‘Garden Treasure’ ~ Paeonia ‘Julia Rose’ ~ Paeonia ‘Morning Lilac’ ~ Paeonia ‘Pastel Splendor’
Les suggestions de nos horticulteurs
61
LES CHOIX DE CLAUDE 62 ~ Hemerocallis ‘El Desperado’ ~ Hemerocallis ‘Fooled Me’ ~ Hemerocallis ‘Moonlit Masquerade’ ~ Hemerocallis ‘Strawberry Candy’ LES CHOIX DE DANIEL 66 ~ Rosa ‘Bonica’ 82 ~ Rosa ‘Hope of Humanity’ ~ Rosa ‘Morden Blush’ ~ Rosa ‘Prairie Dawn’ LES CHOIX DE FRANK 71 ~ Syringa chinensis ‘Duplex’ ~ Syringa meyeri ‘Snowstorm’ ~ Syringa vulgaris ‘Windsong’ ~ Syringa vulgaris ‘Znamya Lenina’ LES CHOIX DE GEORGES 76 ~ Hosta ‘Guacamole’ ~ Hosta ‘Pandora’s Box’ ~ Hosta ‘Regal Splendor’ ~ Hosta ‘Sum and Substance’ ~ Hosta ‘Summer Breeze’
LES ARBRES 32 ~ Abies koreana ‘Horstmann’s Silberlocke’ ~ Maackia amurensis ~ Robinia pseudoacacia ‘Frisia’ ~ Ulmus glabra ‘Camperdownii’
DES PLANTES DE COLLECTION 38 ~ Anemone sylvestris ‘Elise Fellmann’ ~ Crambe maritima ~ Glaucidium palmatum ~ Lilium martagon
LES CHOIX DE JEAN-PIERRE 81 ~ Des cultivars intéressants du genre Larix : Larix x marschlinsii ‘Varied Directions’ ~ Larix decidua ‘Hortsmann’s Recurva’ ~ Larix decidua ‘Pulii’ ~ Larix laricina ‘Blue Sparkler’ ~ Les pommetiers Malus : Malus x ‘Coccinella’ ~ Malus x ‘Rainbow’ ~ Tradescantia x ‘Blue and Gold’ ~ Viburnum cassinoides ‘Appalache’
DES PLANTES INTROUVABLES 43 ~ Epimedium x versicolor ‘Sulphureum’ ~ Napaea dioica ~ Stylophorum diphyllum ~ Syneilesis aconitifolia
LES CHOIX DE LARRY 87 ~ Bulbocodium vernum ~ Carex siderosticha ‘Variegata’ ~ Elaeagnus ‘Quicksilver’ ~ Ranunculus ficaria ‘Brazen Hussy’
DES PLANTES MÉCONNUES 47 ~ Adlumia fungosa ~ Kirengeshoma palmata ~ Lilium regale ~ Verbena rigida
LES CHOIX DE RENÉ 92 ~ Adonis vernalis ~ Androsace sarmentosa ~ Gentiana acaulis ~ Pulsatilla vernalis
Des plantes à découvrir
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Les trucs du métier
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UTILISER UN OUTIL PRATIQUE : LE CULTIVATEUR 102 ~ Description ~ Buts visés par son utilisation ~ La technique de travail FERTILISER AVEC DISCERNEMENT 106 ~ La fertilisation biologique ~ La fertilisation des plantes en contenants
Recherches appliquées en horticulture 151 LES ALIMENTS NUTRACEUTIQUES 151 LA PERMACULTURE : UN CAS CONCRET AU JARDIN ROGER-VAN DEN HENDE 155 ~ Du nouveau ~ La permaculture et ses principes ~ Des exemples concrets
OBTENIR UN BON SUBSTRAT DE PLANTATION 110 ~ Les supports stériles en horticulture
Les collections horticoles
RÉALISER UN CHAMP FLEURI 113 ~ L’ensemencement à la volée
COLLECTION D’UN JARDIN PUBLIC 160 ~ La collection de lis des Jardins de Métis
Le monde des ravageurs
COLLECTION D’UN GRAND JARDIN 163 ~ L’Arboretum du Jardin Roger-Van den Hende
117
L’ÉVOLUTION DES INSECTES 118 ~ Les insectes mutants
COLLECTION D’UN JARDIN PRIVÉ 166 ~ Le jardin de la Sagi-Terre
LES NOUVEAUX RAVAGEURS (INSECTES) 123 ~ De nouveaux insectes attaquent les plantes ornementales au Québec : ~ Le criocère du lis ~ Le charançon noir de la vigne ~ Les nouveaux scarabées
Un peu de botanique
169
LANGAGE BOTANIQUE 169 ~ Les plantes ont une histoire : ~ Incarvillea delavayi ~ Hosta fortunei ~ Buddleja davidii ~ Hosta sieboldiana
LES NOUVEAUX RAVAGEURS (MALADIES FONGIQUES) 129 ~ Les nouvelles maladies à surveiller dans le jardin : ~ L’anthracnose ~ La criblure ~ Le mildiou (race 3)
Les plantes à éviter
159
LES MYCORHIZES AU JARDIN 172 ~ Une association gagnante : les plantes et les mycorhizes
133
UNE PLANTE ENVAHISSANTE 134 ~ Convallaria majalis
Les visites horticoles
175
UN JARDIN PRIVÉ PRÉSENTÉ PAR SON PROPRIÉTAIRE 175 ~ Les jardins au Gré du Vent
UNE PLANTE TOXIQUE 136 ~ Heracleum mantegazzianum UNE PLANTE VULNÉRABLE 138 ~ Une plante mort-née UNE PLANTE SUJETTE AUX CHAMPIGNONS 139 ~ Phlox paniculata
UN BEAU JARDIN DANS KAMOURASKA 178 ~ Le jardin de Gisèle à Saint-Rock-des-Aulnaies
Le jardinier en herbe
UN DIMANCHE AU PARC DU BOIS-DE-COULONGE 180 ~ Départ de la visite ~ Dans le sentier des arbustes
141
JARDINER AVEC LES ENFANTS : RÉSERVONS-LEUR UN COIN DE NOTRE JARDIN 142 ~ Sur les pas de Marie-Victorin ~ Pour stimuler l’intérêt des enfants envers l’horticulture ~ Pourquoi et comment aménager un jardin pour les enfants ~ Suggestions de travaux de jardinage faciles à réaliser avec des enfants
LES ÉVÉNEMENTS HORTICOLES 183 ~ Une année riche en événements ~ La fièvre se poursuit en mai ~ En juin ~ Métis, toujours à l’avant-garde ~ Ça va bouger au Domaine Joly-De Lotbinière ! ~ La Fleurifête, le happening de la fête du Travail
TECHNIQUES HORTICOLES POUR LES DÉBUTANTS 147 ~ Les semis xiv
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Sociologie de l’horticulture
187
QUAND LA RELIGION, LA POLITIQUE ET L’HORTICULTURE OCCUPAIENT LA MÊME PLATE-BANDE 187 L’HORTICULTURE : UNE THÉRAPIE INDIVIDUELLE ET SOCIALE 190 LE JARDIN BOTANIQUE DE MONTRÉAL ET L’INDUSTRIE HORTICOLE : UN BON COMPAGNONNAGE 192 ~ Le Jardin des nouveautés ~ Les Jardins de ville
Les personnalités de la botanique et de l’horticulture
195
LE PÈRE JEAN-MARIE DELAVAY : UN MISSIONNAIRE BOTANISTE 195 ROSEMARY VEREY (1919-2001) : UNE HORTICULTRICE ANGLAISE RÉPUTÉE 196 THÉRÈSE ROMER : VISION D’UNE JARDINIÈRE 198 ~ Créer ou recréer son propre jardin
Recherche fondamentale en horticulture
201
LES EFFETS INSOUPÇONNÉS DU COMPOST ~ Un hommage aux travaux du professeur Harry A. J. Hoitink ~ Origine des effets insoupçonnés des composts ~ Le compostage: retour sur sa fabrication ~ Conclusion ~ Bibliographie
Index
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Table des matières
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Quatre plantes vedettes Rien ne fait plus avancer dans la connaissance des plantes que de s’asseoir en face d’elles, de les toucher, avec le plus grand soin possible tout en les étudiant. Et pour ce genre d’étude, rien de plus commode ni de plus plaisant que d’installer un pliant devant un mur de pierre et de se donner tout le temps d’étudier chaque petit végétal, de l’examiner dans tous ses détails en se demandant (et en lui demandant) pourquoi ceci, pourquoi cela ? Gertrude Jekyll JEKYLL, Gertrude. Naissance d’un jardin, un florilège de Gertrude Jekyll. Éd. Herscher, Paris, 1989, p. 46.
Reconnue comme l’une des plus grandes architectes paysagistes du XXe siècle, Gertrude Jekyll (1843-1935) a développé un style de jardinage qui a influencé l’art paysager dans le monde entier. Ayant étudié l’art, en particulier la théorie des couleurs, cette jardinière anglaise très énergique révolutionna l’art de l’architecture du paysage de l’époque en aménageant les massifs d’herbacées comme des tableaux, en regroupant les couleurs des plantes pour produire des effets picturaux. Ses théories du jardinage continuent de nous influencer encore aujourd’hui.
Page xvi : Berberis thunbergii ‘Harlequin’ Ci-contre : Meconopsis cambrica ‘Aurantica’ Rock Giguère
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Ampelopsis brevipedunculata ‘Elegans’ Par Rock Giguère Nom scientifique Synonymes
Nom commun Autre nom commun Noms anglais Famille Genre
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Ampelopsis brevipedunculata (Maxim.) ‘Elegans’. Cissus brevipedunculata Maxim. ‘Elegans’, Ampelopsis heterophylla Thunb. ‘Elegans’, Vitis heterophylla Thunb. ‘Elegans’. vigne vierge à fruits bleus ‘Elegans’. vigne porcelaine. porcelain Ampelopsis, Amur Ampelopsis. Vitacées. Ampelopsis Michaux. Le nom du genre fait référence à ampelos, le nom grec de la vigne. Désigné en 1803, il regroupe environ 25 espèces acceptées de plantes grimpantes ligneuses et de quelques arbustes originaires de parties boisées de la Chine et de l’Amérique du Nord. Plusieurs plantes initialement décrites sous le nom de genre Ampelopsis appartiennent depuis aux genres Cissus, Parthenocissus ou Vitis. plante grimpante vivace.
Rock Giguère
La carence en chlorophylle de la vigne vierge à fruits bleus ‘Elegans’ fait en sorte que ses jeunes pousses se colorent de blanc et de rose, ce qui constitue un élément de diversité fort apprécié dans nos jardins.
Origine La vigne vierge à fruits bleus a été introduite par un médecin diplomate bavarois Philipp Von Siebold (1796-1866) avant 1845. Elle est originaire des régions de Chine, de Corée et du Japon.
Caractéristiques de culture Zone de rusticité Exposition Sol Plantation
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zone 5 ; elle se comporte quand même assez bien en zone 4 selon nos observations. plein soleil pour une meilleure fructification et ombre légère pour une belle panachure. La vigne vierge à fruits bleus tolère aussi un endroit assez ombragé. moyennement humide ; ce cultivar peut s’accommoder d’un sol pauvre. en tout temps en contenant. Il vaut mieux procéder à la plantation au printemps afin d’assurer un bon développement du système racinaire avant les froids hivernaux.
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Croissance Multiplication
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moyenne. Le cultivar ‘Elegans’ est en effet moins vigoureux que l’espèce. la reproduction à partir de semis produit des plantes identiques au cultivar, ce qui n’est pas toujours le cas pour les plantes panachées. On peut aussi la multiplier à l’aide de boutures.
Description de la plante adulte Hauteur Largeur Tige Feuillage Fleurs Floraison
Fruits
3 m (10 pi). 3 m (10 pi). tige aplatie, verte la première année, devenant brune et semi-ligneuse par la suite, possédant des vrilles pour se fixer sur les supports fournis. feuille alterne découpée, rappelant celle du houblon (Humulus), d’environ 8 cm (3 po) à 3 lobes, panachée de blanc et de rose. petites, de couleur vert pâle. elle débute à la fin de juin et se poursuit jusqu’en septembre. À cause de cette floraison continue, il n’est pas rare de voir toutes les transitions de couleurs de la fructification en septembre. les petits fruits de 0,6 cm (1⁄4 po) de diamètre présentent une teinte verdâtre se transformant en bleu lilas et devenant de plus en plus brillants au fur et à mesure de leur maturité. Ils finissent bleu porcelaine, d’où le nom anglais de porcelain Ampelopsis.
Particularités intéressantes Cette plante grimpante est très recherchée pour ses fruits décoratifs. Cependant, pour les rendre à terme, il faut la placer dans un endroit qui retient la chaleur ou sur un mur exposé au soleil du midi. Cette exposition lui permet aussi d’afficher une très belle panachure.
Problèmes Il faut enlever les tiges qui présentent un feuillage uniforme, car à ce moment c’est l’espèce qui reprend le dessus sur le cultivar. Le scarabée japonais (voir p. 126) s’attaque parfois à son feuillage dans le sud du Québec.
Utilisations en aménagement Comme cette plante n’est pas très vigoureuse, contrairement à l’espèce, elle s’adapte très bien aux petits treillis qu’elle colore de ses feuilles panachées de blanc et de rose, et ensuite de ses beaux fruits bleus. On peut aussi la laisser recouvrir un rocher ou une petite clôture. Elle peut aussi habiller un petit arbuste.
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Berberis thunbergii ‘Harlequin’ Par Serge Harvey Nom scientifique Nom commun Nom anglais Famille Genre
Catégorie
Berberis thunbergii DC. ‘Harlequin’. épine-vinette ‘Harlequin’. Japanese Harlequin barberry. Berbéridacées. Berberis L. Le nom générique est tiré d’un terme arabe qui décrit la forme de la fleur. Le genre Berberis comprend environ 450 espèces d’arbustes au feuillage caduc ou persistant. On le trouve dans toutes les parties de l’hémisphère Nord, mais principalement dans l’ouest de l’Asie, de l’Afrique du Nord et tropicale, et de l’Amérique du Sud. Deux espèces indigènes à l’Amérique du Nord sont associées à des maladies de rouille des céréales, d’où l’interdiction pendant longtemps de la culture des espèces de ce genre, même de celles non associées à la rouille. arbuste ligneux à feuilles simples caduques.
Rock Giguère
L’interdiction officielle d’utiliser l’épine-vinette en aménagement est levée et nous pouvons maintenant cultiver cette plante pour profiter de la beauté de ses feuillages, comme celui de l’épine-vinette ‘Harlequin’.
Origine Le Berberis thunbergii est d’origine japonaise et a été introduit en culture occidentale vers 1883. Le nom spécifique honore le botaniste hollandais Karl Petr Thunberg (1743-1828). Le cultivar ‘Harlequin’ est d’origine horticole et fut enregistré en 1969.
Caractéristiques de culture Zone de rusticité Exposition Sol Plantation Croissance Multiplication
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4b. plein soleil; plus l’emplacement est ombragé, plus le feuillage devient vert foncé. n’a pas d’exigences particulières sinon un bon drainage. en tout temps en pot ; se transplante bien en automne. moyenne ; 1,5 ⫻ 1,5 m (4 1⁄2 ⫻ 4 1⁄2 pi) en 3 ans. par bouture semi-aoûtée + 5 000 ppm (partie par million) d’AIB (acide indole butyrique) sous brumisation.
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Description de la plante adulte Hauteur Largeur Tige Feuillage Fleurs Floraison Fruits
de 1,5 à 2 m (4 1⁄2 à 6 pi). 1,5 m (4 1⁄2 pi). arquée et rougeâtre ; épines simples et fines à la base des feuilles ; bois jaune et cassant. rouge-pourpre, panaché irrégulièrement de rose ; en groupe alterne ; 1,5 cm (1⁄2 po), obové-spatulé ; sans pétiole. parfaites, jaunes, solitaires ou en grappes de 2 à 4, retombantes. printanière (mai-juin). baies de 1 cm (1⁄4 po), oblongues ou ellipsoïdes, écarlates.
Particularités intéressantes C’est certainement son beau feuillage panaché qui constitue son plus grand attrait. C’est aussi un arbuste de forme intéressante et qui, avec sa masse de petites feuilles, offre un élément de texture dans une plate-bande.
Problèmes Cette plante ne présente aucune vulnérabilité aux maladies ou aux insectes nuisibles. Cependant, ses épines peuvent être gênantes lors des travaux ou en présence d’animaux ou d’enfants. Cette plante n’est pas hôte alterne des rouilles du Puccinia qui complètent leur cycle sur deux hôtes différents, l’autre étant une céréale à paille (avoine surtout). Ce n’est que récemment que l’interdiction officielle de l’utiliser en aménagement fut levée, mais bon nombre d’horticulteurs n’ont pas attendu l’année 2001 pour en commencer la culture.
Utilisations en aménagement
Obové-spatulé : la feuille présente la forme d’un ovale qui est rétréci à la base et plus large et arrondi au sommet.
Oblongue : rectangulaire à coins arrondis. Ellipsoïde : large au milieu et rétréci aux deux extrémités.
Michael A. Dirr, professeur à l’Université de Géorgie, a influencé toute une génération d’étudiants, de jardiniers et d’amants des plantes. Il a publié plus de 300 ouvrages scientifiques et de vulgarisation. Il a dirigé un groupe de recherche pour étudier la rusticité, la multiplication, l’hybridation, etc.
Cet arbuste a déjà été utilisé pour constituer des haies informelles car il se taille bien, mais, désormais il est moins utilisé à ces fins. Il a même été employé pour obtenir des barrières épineuses. Par sa texture et sa couleur, cet arbuste joue un excellent rôle de soutien dans une plate-bande et peut faire ressortir les nuances de jaune, de vert ou encore de rouge.
Toxicité Toutes les parties de la plante et surtout les fruits peuvent causer des maux d’estomac si ingérés.
Cultivars Parmi les dizaines de cultivars de Berberis thunbergii existants, ‘Rose Glow’ (obtenu en 1957) est celui qui lui ressemble le plus. Le cultivar ‘Harlequin’ a une forme plus érigée que ‘Rose Glow’ et sa coloration est plus intense. Selon Michael Dirr, il y aurait certainement plusieurs erreurs d’identification et d’étiquetage sur le marché. Rock Giguère
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Geranium macrorrhizum Par Michel Bédard Nom scientifique Nom commun Autres noms communs Nom anglais Famille Genre
Catégorie Origine
Geranium macrorrhizum L. géranium à gros rhizome. bec de grue, bec de cigogne. bigroot geranium. Géraniacées. Geranium L. Ce genre d’environ 300 espèces de plantes annuelles, de bisannuelles, de vivaces et d’herbacées au feuillage semi-persistant se rencontre en Eurasie. Le genre honore l’apothicaire anglais John Gerard (1545-1607), auteur en 1597 d’un premier traité sur les plantes médicinales, The Herball ou Generall Historie of Plantes. plante couvre-sol vivace. Balkans, Alpes et les Carpates. Les Carpates sont une chaîne de montagnes de l’Europe centrale.
Jacques Allard
Caractéristiques de culture Zone de rusticité Exposition Sol Plantation
Le géranium à grosses racines n’a jamais cédé sa place comme plante couvre-sol idéale pour tapisser les endroits ombragés et secs, comme sous les arbres.
Croissance Multiplication
Description de la plante adulte Hauteur Largeur Tige Feuillage
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4. pousse bien à la fois en plein soleil, à la mi-ombre et à l’ombre. peu exigeant, mais préfère un sol meuble et frais. en tout temps en godet ; on peut aussi le repiquer après division à peu près à n’importe quel moment de la saison. s’étend rapidement, un plant peut couvrir 1 m2 (11 pi2) en 2 à 3 ans. par semis, division de talles ou marcottage.
plante basse, de 30 à 50 cm (12 à 20 po). 45 cm (18 po). sous-ligneuse (une tige présentant une croissance secondaire mais qui meurt l’automne) à la base, se divisant en deux au sommet. découpé en 5 à 7 lobes et semi-persistant. L’automne, les vieilles feuilles se teintent de rouge et de jaune. Après avoir passé l’hiver sous la neige, le feuillage se redresse.
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Fleurs Floraison Fruits
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selon les cultivars, de blanches à mauve foncé presque noires en passant par le rose et le rose magenta, à notre avis le plus beau. fin de mai. le fruit des géraniums ressemble à un bec de grue, d’où le nom populaire de « bec de grue ».
Particularités intéressantes Le feuillage est odorant et peut servir dans les pots-pourris. Planté en couvre-sol ou en massif, en plein soleil ou à l’ombre, il est rapidement spectaculaire, et ce, de la fonte des neiges jusqu’aux gelées.
Problèmes C’est un couvre-sol très envahissant qui a tendance à étouffer les autres plantes basses.
Utilisations en aménagement Dans les endroits où il y a des espaces importants à remplir, par exemple en couvre-sol sous un arbre ou dans un sous-bois, en massif dans une plate-bande ou dans une rocaille de bonne dimension.
Cultivars ‘Album’, fleurs blanches ; ‘Bevan’s Variety’, fleurs rose magenta ; ‘Ingwersen’s Variety’, fleurs rose lilas ; ‘Spessart’, fleurs blanches ; ‘Variegatum’, feuillage panaché d’argent.
Jacques Allard
Chaque plante doit être considérée comme un spécimen adulte unique, mais doit également être perçue comme un élément modeste contribuant à l’ensemble de la scène du jardin. Je trouve pratique de conserver des listes de plantes avec des qualités spéciales, auxquelles je peux me référer quand je souhaite des effets particuliers. Penelope Hobhouse HOBHOUSE, Penelope. L’Art du Jardin. La Maison Rustique, Paris, 1995, p. 16. Dave Demers
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Meconopsis cambrica Par Rock Giguère Nom scientifique Nom commun Autres noms communs Nom anglais Famille Genre
Catégorie
Meconopsis cambrica L. méconopside cambrique. pavot cambrique, pavot du pays de Galles, pavot jaune des Pyrénées, pavot d’Irlande. Welsh poppy. Papavéracées. Meconopsis Vig. Déterminé en 1814 par Alexandre Viguier (1790-1867), le nom dérive du grec mekon qui désigne le pavot et opsis, une allusion à la similitude entre ces deux plantes. Ce genre d’environ 45 espèces de plantes annuelles et de vivaces se rencontre dans les sous-bois humides, les prairies rocheuses des régions de l’Himalaya, de la Birmanie et de la Chine, avec une espèce en Europe de l’Ouest. plante annuelle.
Rock Giguère
Origine Le méconopside cambrique est le seul représentant du genre Meconopsis qui soit originaire d’Europe, tous les autres provenant des régions montagneuses de l’Himalaya. On le trouve en nature dans les sous-bois ou à travers les rochers des montagnes à une altitude de 700 à 1 800 m (2 300 à 5 900 pi). Le méconopside cambrique ‘Aurantiaca’, à la vie éphémère, donne un petit air désordonné au jardin d’ombre où il peut se multiplier librement en se semant allègrement, tout en l’égayant par ses fleurs jaune citron ou orange intense.
Caractéristiques de culture Zone de rusticité Exposition
Sol Plantation Croissance
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3 au Québec, même si la littérature européenne le classe en zone 6. ombre légère. Il n’aime pas le soleil brûlant mais il supporte la chaleur et l’humidité de nos chaudes journées d’été, contrairement à ses cousins de l’Himalaya, les pavots bleus. léger, humide et quelque peu acide. Par exemple, il peut être planté au frais sous de grands arbustes comme les rhododendrons (Rhododendron). en tout temps en godet. La distance de plantation est de 50 cm (20 po) environ. bonne, de forme étalée.
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les semis naturels donnent de très beaux plants. Il s’agit donc de laisser monter en graine le premier plant acheté ou obtenu par semis. À cause de cette particularité, certains le trouvent envahissant surtout si l’emplacement lui convient.
Description de la plante adulte Hauteur Largeur Tige Feuillage Fleurs
Floraison Fruits
de 30 à 40 cm (12 à 16 po). 25 cm (10 po). légèrement velue. à segments dentés et ressemblant au feuillage des fougères. caractéristiques des coquelicots, jaune soufre ou orange. La fleur de 3 à 4 cm (1 à 2 po) est composée de 4 pétales et peut être simple ou double selon les variétés. La hampe florale peut s’élever de 15 à 40 cm (6 à 16 po). mai à juillet. Si on enlève les fleurs fanées, une remontée est parfois observée à l’automne. capsule elliptique.
Rock Giguère
Particularités intéressantes D’abord sa durée de floraison est très intéressante. Aussi, même si le méconopside cambrique est quelque peu capricieux, il se ressème allègrement si l’emplacement lui convient, donnant ainsi un air spontané et naturel à ce coin de jardin. Son feuillage a aussi une bonne valeur décorative.
Problèmes Il faut l’arroser si la terre se dessèche trop.
Utilisations en aménagement Il est parfait pour les rocailles à la mi-ombre. Ce pavot s’intègre très bien aux plantes de milieu acide, surtout si la plate-bande est située du côté nord. Il préfère cependant les lieux abrités.
Cultivars ‘Aurantica’, fleurs orangées ; ‘Flore Pleno’, fleurs jaunes doubles.
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Nos suggestions horticoles Composer un jardin floral, c’est un peu comme vouloir réaliser un tableau dans lequel la plupart des éléments changeraient quotidiennement d’apparence. Car il ne s’agit pas simplement d’accumuler le plus grand nombre d’espèces susceptibles de donner des fleurs mais plutôt de rassembler une collection. À partir de la profusion de plantes merveilleuses qui sont à votre disposition, la réussite de votre aménagement est le résultat de votre propre sélection que vous aurez su fondre en un tout harmonieux. Hellen Dillon
Rock Giguère
DILLON, Hellen. Les Fleurs de mon jardin. Hatier, Paris, 1993, p. 45.
Hellen Dillon, une horticultrice de Dublin, a créé un magnifique jardin d’agrément parmi les mieux conçus et les mieux aménagés d’Irlande. Son jardin a fait l’objet de plusieurs reportages dans des revues et à la télévision britannique. Membre de la Royal Horticultural Society et de l’Irish Garden Plant Society, elle est une spécialiste accomplie de l’intégration de plantes particulières.
Page 10 : Argemone albiflora (en haut à gauche) ; Nicandra physalodes (en haut à droite; Lilium henryi (en bas à gauche) ; Fothergilla major Ci-contre : Briza media
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Les plantes annuelles
Argemone albiflora Par Rock Giguère
Une beauté piquante qui arbore des grandes fleurs blanches avec des étamines dorées pendant tout l’été, une fois la floraison amorcée.
Nom scientifique
Argemone albiflora Hornem.
Nom commun
argémone à fleurs blanches.
Famille Papavéracées. Le genre Argemone comprend 28 espèces de plantes vigoureuses, généralement des plantes annuelles très épineuses. L’argémone à fleurs blanches est une digne représentante de ce genre à ce niveau. Mais heureusement pour nous, c’est aussi un spécimen doté d’une belle et longue floraison. À implanter dans une plate-bande au sol pauvre. Le feuillage de cette plante annuelle pouvant atteindre 1 m (3 pi) est extrêmement épineux mais il est fortement décoratif par sa couleur bleu argenté. L’argémone à fleurs blanches est tellement piquante que même si toute la plante et les graines sont toxiques, aucun animal ne se risque à ingérer une partie de cette plante pour se nourrir, même lors de grandes sécheresses… et encore moins les humains. Elle arbore de jolies fleurs de 10 cm (4 po) de diamètre, à 6 pétales froissés d’un beau blanc pur, contrastant bien avec ses étamines jaunes. Des capsules hérissées suivent la floraison. On obtient cette argémone à partir de semis. Les semis en serre ou sous éclairage artificiel, en avril, donnent d’excellents résultats. La plante peut aussi se ressemer.
Rock Giguère
Tony Lord est un spécialiste des plantes horticoles. Il a acquis une réputation mondiale comme éditeur du célèbre Plant Finder.
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Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale sont apparus des changements significatifs dans la façon de planter les massifs. Les jardiniers professionnels étant devenus plus rares et plus chers, naissent des styles qui exigent moins de travail. Les vivaces gélives disparaissent presque toutes et les annuelles connaissent un déclin dont elles commencent à peine à se relever. Tony Lord LORD, Tony. Massifs à l’anglaise. La Maison Rustique, Paris, 1995, p. 10.
Caractéristiques horticoles _ _ _ _ _ _ _ _
Sol : rocailleux ou graveleux. Exposition : soleil. Floraison : juillet jusqu’aux gelées. Hauteur : 1 m (3 pi). Largeur : de 30 à 40 cm (12 à 16 po). Maladie : sujette au mildiou. Insectes : pas de problèmes particuliers. Particularité : sève, fleurs et feuillage toxiques.
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Briza media Par Linda Tremblay Nom scientifique
Briza media L.
Nom commun
brize intermédiaire.
Autres noms communs brize commune, petite amourette. Famille Poacées. Cette graminée ornementale est connue dans le monde anglophone sous au moins 16 noms communs différents. C’est donc une indication de sa grande popularité et d’une utilisation de longue date. Employée particulièrement comme tapis et couvre-sol, cette graminée s’intègre harmonieusement près de certaines vivaces à port un peu rigide, comme les rudbeckies (Rudbeckia), les pavots annuels (Papaver), les chardons (Eryngium) et les marguerites (Leucanthemum). Cette plante annuelle arbore un feuillage vert foncé et touffu. Au début de l’été, apparaissent des épillets de couleur crème en forme de cœur suspendus à des attaches très fines qui s’agitent au moindre souffle de vent. Utilisées principalement comme fleurs séchées, les hampes florales peuvent être cueillies aussitôt que tous les épillets sont épanouis. Cette plante préfère un sol pauvre, argileux ou sec. Dans un sol riche, elle a tendance à disparaître rapidement. Elle est considérée comme une vivace de courte durée. Afin d’obtenir des plants par semis à l’intérieur, il faut semer les graines 4 à 6 semaines avant les dernières gelées. Sinon, il faut les semer directement au jardin lorsque les derniers risques de gel au sol sont passés.
Rock Giguère
La brize intermédiaire, une graminée vraiment originale aussi appelée petite amourette, crée une agréable diversion dans les massifs floraux où ses épillets se balancent à la moindre brise.
Caractéristiques horticoles _ _ _ _ _ _ _ _
Sol : pauvre, argileux ou sec. Exposition : soleil ou mi-ombre. Floraison : juin et juillet. Hauteur : 25 cm (10 po). Largeur : 30 cm (1 pi). Maladies : pas de problèmes particuliers. Insectes : pas de problèmes particuliers. Particularité : pour faire sécher les tiges, il faut les couper à l’ouverture des épillets et les placer dans un endroit obscur, sec et aéré.
Poacées ou Graminées ? Quand Linné (1701-1778) a établi ses regroupements botaniques, il a utilisé une classification basée uniquement sur le nombre d’étamines et de pistils. Ensuite, Antoine Laurent de Jussieu (1748-1836) a regroupé les plantes par famille. Il a donné le nom de Graminées au groupe de plantes dont fait partie la brize intermédiaire. Par après, les règles de nomenclature ont fait en sorte que les familles soient nommées en fonction d’un genre type. Poa (pâturin) a été retenu comme le genre le plus caractéristique du groupe, d’où le nom actuel de Poacées. Nos suggestions horticoles
Linda Tremblay est une jardinière passionnée qui, chaque année, consulte plusieurs catalogues canadiens et américains de semences, commande et essaie des semis et des boutures de plantes particulières. Elle est membre du conseil d’administration de la Société des Amis du Jardin Van den Hende et du comité de rédaction du Feuillet des activités de la Société.
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Gomphrena globosa Par Linda Tremblay Nom scientifique
Gomphrena globosa L.
Nom commun
amarantine.
Autres noms communs immortelle violette, amarantoïde violette. Famille Amaranthacées. Déjà vers 1767, Jefferson plantait des graines de cette plante en Virginie. Encore aujourd’hui, à Monticello, c’est une plante qui intrigue plusieurs visiteurs. Heureusement, nous commençons à découvrir toutes ses qualités ornementales. D’abord, cette plante originaire de l’Inde arbore des inflorescences globulaires individuelles pourpres, roses, orange ou blanches. Ses fleurs, en plus de leurs qualités ornementales, peuvent servir dans les bouquets frais et secs. Comme fleurs séchées, il faut les cueillir lorsqu’elles commencent à s’ouvrir. Durant la saison, il faut arroser l’amarantine assez souvent même si elle se plaît à la chaleur. Elle est remarquable en potées ou en bordure des massifs floraux. Afin d’obtenir des plants à partir de graines, il faut les semer 8 à 10 semaines avant les dernières gelées. Les graines doivent tremper toute une nuit si on veut obtenir une bonne germination.
Un président jardinier
Jacques Allard
L’amarantine globuleuse présente de jolies petites inflorescences en forme de pompon qui sont très prisées pour la confection de bouquets secs, très durables, d’où son autre nom commun d’immortelle violette.
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Thomas Jefferson (1743-1826) fut un des grands penseurs des États-Unis. Il a rédigé en grande partie la Déclaration d’indépendance. Troisième président des États-Unis (1801-1809), il a manifesté pendant toute sa vie de l’intérêt pour la science. Il était aussi un passionné d’horticulture. Il a réalisé un grand aménagement paysager à sa villa de Monticello en Virginie, sa demeure personnelle. Jefferson tenait un registre sur chacune de ses plantes. Son jardin a été restauré et le visiteur peut y admirer plusieurs plantes que Jefferson cultivait, ainsi que certaines qui étaient recommandées par les jardiniers et la littérature de l’époque.
Caractéristiques horticoles _ _ _ _ _ _ _ _
Sol : fertile et bien drainé. Exposition : soleil. Floraison : mi-juillet aux gelées. Hauteur : de 30 à 60 cm (1 à 2 pi). Largeur : de 20 à 30 cm (8 à 12 po). Maladie : mildiou si la terre est trop sèche. Insectes : pas de problèmes particuliers. Particularité : elle a servi de plante indicatrice pour les maladies virales de la pomme de terre (Solanum tuberosum) jusqu’à l’arrivée des sérums commerciaux.
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Nicandra physalodes Par Marc Meloche Nom scientifique
Nicandra physalodes (L.) Gaertn.
Synonymes
Nicandra physaloides, Atropa physalodes L., Physalodes physalodes (L.) Britt.
Nom commun
nicandre faux coqueret.
Hermaphrodite : une plante est hermaphrodite si elle réunit sur un même individu les caractères sexuels de reproduction qui d’habitude caractérisent les deux sexes. La plupart des plantes sont hermaphrodites.
Famille Solanacées. Cette plante annuelle originaire de l’Amérique du Sud est robuste et de forte taille. Elle ajoute une touche d’exotisme au coin du jardin où nous l’installons. De croissance rapide, le nicandre faux coqueret demeure Humifère : un sol est dit plutôt trapu au soleil, se limitant à 1 m (3 pi) de hauteur, mais à la mi-ombre et dans un sol riche il peut humifère s’il contient beaucoup de matière atteindre 2 m (6 pi) de hauteur. Son feuillage est composé de grosses feuilles plus ou moins cordiformes (en forme de cœur) et grossièrement dentées. Ses fleurs présentent une forme campanulée et sont hermaphrodites. Elles ressemblent à celles des pétunias (Petunia). Le haut des corolles est mauve alors que sa partie inférieure est blanche. Son diamètre varie entre 4 et 5 cm (1 1⁄2 à 2 po). La floraison est suivie de baies beiges ponctuées de brun. Ses fruits non comestibles ressemblent beaucoup à ceux des coquerets alkékenges (Physalis alkekengi), plus connus chez nous sous l’appellation de lanterne chinoise.
organique (humus) provenant de la décomposition d’éléments généralement végétaux.
Cette plante s’obtient facilement par semis. Les semis en serre ou sous éclairage artificiel, en avril, donnent d’excellents résultats. Les semis spontanés à l’automne ont, le printemps suivant, un taux de germination modéré en zone 5 et faible en zone 4.
Caractéristiques horticoles _ _ _ _ _ _ _ _
Sol : terre légère, humifère et légèrement humide. Exposition : soleil ou mi-ombre. Floraison : juillet à septembre. Hauteur : de 1 à 2 m (3 à 6 pi). Largeur : de 1 à 1,5 m (3 à 4 1⁄2 pi). Maladies : pas de problèmes particuliers. Insectes : pas de problèmes particuliers. Particularités : ses fruits décoratifs agrémentent les plates-bandes à la fin de l’automne et elle ne requiert habituellement pas de tuteurs.
Un coup d’œil à ses jolies fleurs mauve et blanc et nous voilà en amour avec cette plante tropicale cultivée au Québec comme une plante annuelle.
Pierre-André Rocheleau
Nos suggestions horticoles
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Les plantes bulbeuses
Crocosmia x crocosmiiflora ‘Lucifer’ Par Jacques Allard
Le crocosmie ‘Lucifer’ convient parfaitement à une plate-bande aux tons chauds où ses fleurs rouges disposées en épis feront sensation.
Nom scientifique
Crocosmia x crocosmiiflora (V. Lemoine ex E. Morr) N.E. Br. ‘Lucifer’.
Synonyme
Montbretia crocosmiiflora ‘Lucifer’.
Nom commun
crocosmie ‘Lucifer’.
Autre nom commun
montbrétia ‘Lucifer’.
Famille
Iridacées. Il existe 7 espèces de plantes vivaces à cormes dans le genre Crocosmia mais le crocosmie ‘Lucifer’ semble être le seul qui résiste assez bien à nos hivers rigoureux dans les zones 5, 4 et même 3b aux endroits où il y a une bonne accumulation de neige. C’est un bon résultat car le Crocosmia x crocosmiiflora est un hybride obtenu par Lorrain Victor Lemoine, vers 1880, en croisant deux espèces sud-africaines (pas très acclimatées aux hivers québécois). Les amants des couleurs écarlates raffolent de la floraison de cette plante qui arbore des fleurs rouge vif d’environ 5 cm (2 po). Les fleurs en forme d’entonnoir s’alignent sur des hampes arquées. Les feuilles en forme de sabre sont dressées et d’un beau vert intense. Le crocosmie accepte un sol acide ou neutre. Les cormes peuvent être divisés de la souche principale pour multiplier la plante.
Rock Giguère
En lisant ces pages, laissez-vous séduire par la beauté et l’originalité de ces plantes qui demandent pour la plupart un minimum de soins. Et quand vous aurez assisté à la floraison spectaculaire d’un érémurus, ou d’un ornithogale, humé le parfum du glaïeul callianthus, mieux connu sous son ancien nom d’acidanthera, ou encore garni votre table de crocosmias rouge vif, vous serez conquis. Pierre Gingras GINGRAS, Pierre. Des bulbes en toutes saisons. Les Éditions de l’Homme, Montréal, 2000, p. 11.
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D’autres sélections dans les tons de rouge, d’orange et de jaune sont actuellement disponibles sur le marché. Il paraît qu’elles présenteraient aussi une bonne rusticité. Une histoire à suivre. Il ne faut jamais oublier qu’un paillis à la base des plantes frileuses comme le crocosmie atténue les effets néfastes du gel.
Caractéristiques horticoles _ _ _ _ _ _ _ _
Sol : frais et humide, plutôt léger. Exposition : plein soleil sous nos climats. Floraison : août et septembre. Hauteur : de 1 à 1,2 m (3 à 4 pi). Largeur : de 30 à 60 cm (1 à 2 pi). Maladies : peut être attaqué par la moisissure grise (Botrytis). Insectes : pas de problèmes particuliers. Particularités : excellente fleur coupée de longue durée. Le bulbe doit être planté à 12 cm (5 po).
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Lilium canadense
Adventives : se dit des racines supplémentaires qui naissent à un endroit où normalement elles n’émergeraient pas morphologiquement.
Par Nicole Bolduc Nom scientifique
Lilium canadense L.
Nom commun
lis du Canada.
Famille Liliacées. Originaire de l’est de l’Amérique du Nord, ce lis rustique en zone 3 est indigène dans nos régions et on peut le trouver dans l’ouest et le centre du Québec en milieu humide. Sa floraison peut inciter les gens à le prélever en nature, mais, ce faisant, on pourrait compromettre sa survie. Il est préférable de se le procurer dans les jardineries offrant ce produit rare mais disponible. Comparativement à plusieurs espèces, le lis du Canada préfère les sols acides, sableux et humides. À cette particularité, s’ajoute le fait que le bulbe de cette espèce est rattaché à un rhizome. Annuellement, le rhizome s’allonge de 2 à 3 cm (1⁄2 à 1 1⁄4 po) et un nouveau bulbe se forme tandis que le bulbe mère dégénère. Seulement quelques espèces ont ce mode de multiplication qui leur permet de se propager de façon végétative dans leur milieu. Le bulbe, subglobuleux, est de couleur blanche ou jaunâtre et mesure de 2,5 à 5 cm (1 à 2 po) de diamètre. Ce lis possède des racines adventives. Les feuilles sont lancéolées [de 5 à 15 cm (2 à 6 po) de longueur et de 0,6 à 3 cm (1⁄4 à 1 1⁄4 po) de largeur] et disposées en verticille tout au long de la tige. Les fleurs campanulées longuement pédonculées sont portées en grappe lâche de 15 à 30 fleurs par tige, ce qui donne un effet très décoratif. Les pétales sont légèrement recourbés de couleur jaune à rougeâtre, tachetés de pourpre profond.
Caractéristiques horticoles _ _ _ _ _ _ _ _
Sol : humide mais bien drainé. Exposition : ombre légère. Floraison : juillet et début d’août. Hauteur : de 1,5 à 2 m (4 1⁄2 à 6 pi). Largeur : 10 cm (4 po). Maladies : pas de problèmes particuliers. Insectes : criocère du lis. Particularité : à utiliser pour la naturalisation de sous-bois.
Jacques Allard
Une plante bien de chez nous, le lis du Canada aux jolies fleurs en forme de cloche évasée jaune orange, rivalise facilement de grâce et de beauté avec tous les autres lis.
Le langage du lis Plusieurs écrits sur l’histoire de l’humanité nous ont fait connaître les légendes, les croyances et la symbolique rattachées au lis. À titre d’exemple, le lis blanc est le symbole de la majesté, de la pureté et de la gloire immaculée. Une légende veut aussi que le lis soit né du lait de la déesse Junon alors qu’elle nourrissait Jupiter. L’Ancien Testament l’a évoqué, des écrivains l’ont glorifié et ont continué à s’extasier devant sa beauté. Le lis attire l’attention et le respect par la beauté de sa fleur, ses coloris, le port et la hauteur des tiges et pour d’aucuns son parfum. Aménager son environnement en utilisant des lis n’apporte pas un élément dominant mais le détail, la touche artistique qui complète le tableau. Nos suggestions horticoles
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Lilium henryi Par Nicole Bolduc
Le chasseur de plantes, le Dr A. Henry, nous permet aujourd’hui d’admirer les fleurs retroussées orange vif de ce magnifique lis originaire de la Chine.
Nom scientifique
Lilium henryi Baker.
Nom commun
lis de Henry.
Famille Liliacées. Cette espèce botanique, très vigoureuse, est originaire de la Chine. Elle a été nommée en l’honneur du célèbre chasseur de plantes, le Dr A. Henry, qui a collecté beaucoup de plantes en Chine à la fin du XIXe siècle. Ce lis préfère un sol bien drainé à tendance alcaline, en situation légèrement ombragée ou ensoleillée. Les tiges sont solides mais légèrement retombantes d’une hauteur de 1,5 à 2 m (4 1⁄2 à 6 pi). La longueur des feuilles, qui sont clairsemées sur la tige, est de 10 cm (4 po) alors que leur largeur est de 4 cm (11⁄2 po). Les fleurs parfumées sont portées en grappe de 10 à 20 par tige. Les pétales sont recourbés et de couleur orangée, marqués de taches carmin avec des anthères rouge foncé. Son bulbe subglobuleux est rouge et plus gros que ceux des autres espèces avec un diamètre de 8 à 18 cm (3 à 7 po). Le lis de Henry présente une croissance rapide. Cependant il ne faut pas l’implanter en sol acide car sa vigueur serait alors fortement diminuée. En aménageant cette espèce dans nos massifs floraux, nous pouvons avoir le souci de mettre en valeur le ton orangé de ses fleurs, car c’est un réel atout dans le jardin. Au Québec, il faut planter ce lis au début ou au milieu de l’automne. Classé rustique en zone 5 par plusieurs auteurs, il se comporte très bien en zone 4.
Caractéristiques horticoles _ _ _ _ _ _ _ _
Sol : bien drainé. Exposition : soleil ou mi-ombre. Floraison : fin juillet, début août. Hauteur : de 1,5 à 2 m (4 1⁄2 à 6 pi). Largeur : 25 cm (10 po). Maladies : pas de problèmes particuliers. Insectes : criocère du lis. Particularités : dans de bonnes conditions, il peut atteindre 3 m (9 pi) de hauteur. Les lièvres raffoleraient de son feuillage au printemps.
Rock Giguère
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Oxalis tetraphylla Par Rock Giguère Nom scientifique
Oxalis tetraphylla Cav.
Synonymes
Oxalis deppei Lodd. ex Sweet., Ionoxalis tetraphylla Rose.
Nom commun
oxalis à quatre feuilles.
Autres noms communs trèfle à quatre feuilles, trèfle porte-bonheur. Famille Oxalidacées. Le genre Oxalis est nettement sous-utilisé au jardin même s’il comprend plus de 500 espèces. Pourtant, certaines espèces sont faciles à cultiver et peuvent être utilisées à plusieurs escients : en potées, en bordure d’un massif floral, dans une rocaille, etc. L’oxalis à quatre feuilles est souvent appelé trèfle porte-bonheur à cause de son allure de trèfle à quatre feuilles. Originaire du Mexique, l’attrait de cette plante bulbeuse ne repose pas sur ses fleurs hermaphrodites roses en forme d’entonnoir de 2 à 3 cm (3⁄4 à 1 1⁄4 po), mais plutôt sur ses feuilles cordiformes qui présentent une tache pourpre en forme de V à la base. Ses feuilles mesurent de 2 à 4 cm (3⁄4 à 1 1⁄2 po) et sont composées de 4 lobes. Il faut ramasser les bulbes à l’automne et les conserver à l’intérieur dans un endroit sec car cette plante n’est rustique qu’en zone 8. Si on a utilisé l’oxalis en potée, il suffit d’entrer le pot à l’intérieur et de le sortir dès que les risques de gel sont passés. On commence alors les arrosages et ils apparaîtront, sans trop de mal, une autre année pour égayer un coin de notre jardin. Une division des bulbes au printemps permet de les multiplier.
Caractéristiques horticoles _ _ _ _ _ _ _ _
Jacques Allard
Sol : fertile, humide mais bien drainé. Exposition : soleil et mi-ombre et ombre. Floraison : tout l’été. Hauteur : 15 cm (6 po). Largeur : 15 cm (6 po). Maladies : pas de problèmes particuliers. Insectes : pas de problèmes particuliers. Particularités : cette plante peut aussi être cultivée à l’intérieur. Les feuilles contiennent un sel acide. Nos suggestions horticoles
Aussi appelée trèfle portebonheur, l’oxalis à quatre feuilles est très charmante pour constituer des bordures dans nos massifs floraux.
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Les plantes vivaces
Baptisia australis Par Georges Gingras Le baptisia une plante insolite au feuillage glauque métallique et au port quelque peu arbustif. Il peut remplacer avantageusement le lupin, surtout dans les jardins infestés de pucerons.
Nom scientifique
Baptisia australis (L.) R. Brown.
Synonyme
Podalyria australis Lamk.
Nom commun
baptisia.
Autres noms communs faux indigotier, podalyre de Caroline. Famille
Légumineuses. Jadis, cette plante était utilisée en teinturerie pour remplacer l’indigo, une matière colorante d’un beau bleu. Originaire des États-Unis, le baptisia peut atteindre plus de 1 m (3 pi) pour un étalement de 50 cm (20 po). Prenant la forme d’un arbuste, les feuilles divisées en 3 folioles, comme le trèfle, prennent une teinte bleutée. En juin, la plante s’orne d’épis de 40 cm (16 po) de fleurs bleu-violet au-dessus du feuillage. Ses fleurs ressemblent à celles des lupins (Lupinus), ses cousins. Cette plante vivace préfère le plein soleil mais peut tolérer l’ombre. Elle n’est pas difficile au point de vue du sol à condition qu’il soit plutôt calcaire. Le baptisia n’a pas peur des sécheresses. Pour garder une belle forme, il est recommandé de couper les hampes florales fanées, sinon les hampes ploient vers le sol, alourdies par leurs gousses de graines. Le baptisia peut vivre de longues années sans être dérangé. Pour le multiplier, on peut le diviser tôt au printemps ou à l’automne.
Jacques Allard
Cette plante à l’allure un peu sauvage peut très bien être plantée en isolé. Habituellement, elle est installée dans les massifs floraux en compagnie de plantes comme les liatrides à épis (Liatris spicata), l’échinacée pourpre (Echinacea purpurea) ou des miscanthus (Miscanthus).
Caractéristiques horticoles En juillet, Montréal plage, c’est quelquefois les rives du grand Memphrémagog ou du gros Ouareau. C’est aussi n’importe lequel lac rond, long ou carré. Des lieux d’où les mots désherbage, arrosage ou même jardinage sont bannis. On rêve donc de massifs de vivaces tenaces qui reviendront année après année fleurir juillet et août. Danielle Dagenais DAGENAIS, Danielle. Côté Jardin, une chronique horticole au fil des saisons. Lanctôt éditeur, Outremont, 1997, p. 191.
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Sol : n’importe quel sol à condition qu’il soit un peu calcaire. Exposition : plein soleil. Floraison : juin. Hauteur : de 60 à 100 cm (2 à 3 pi). Largeur : 50 cm (20 po). Maladies : pas de problèmes particuliers. Insectes : pas de problèmes particuliers. Particularité : nécessite souvent l’installation de tuteurs afin de conserver les gousses de graines comme élément décoratif.
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Belamcanda chinensis Par Linda Tremblay Nom scientifique
Belamcanda chinensis (L.) DC.
Nom commun
iris tigré.
Famille Iridacées. Le genre Belamcanda comprend seulement 2 espèces. Originaire de la Chine, du Japon et de l’Inde, l’iris tigré est une plante qui demande beaucoup de chaleur. Arborant un feuillage de texture fine émanant de petits rhizomes et ressemblant beaucoup à celui de l’iris, cette plante nous surprend par la succession de ses petites fleurs à 6 pétales qui ne ressemblent pas du tout à celles des iris. Ses fleurs sont habituellement orangées avec des taches rouge-pourpre et atteignent 5 cm (2 po) de diamètre. La floraison apparaît à la fin de l’été, vers le mois d’août. L’iris tigré est une plante vivace de courte durée. Il est donc prudent de la diviser aux 3 ans pour la conserver. Un paillis à sa base permet à la souche de bien passer l’hiver en zone 4 même si la littérature la classe dans la zone 5. Il vaut mieux planter l’iris tigré dans un endroit qui est à l’abri du vent et qui accumule de la neige pour le protéger de nos hivers rigoureux. L’iris tigré n’est pas très vigoureux. Aussi il faut le planter dans une terre amendée avec beaucoup de matière organique. Lors de la canicule, il faut l’arroser car l’iris tigré déteste la sécheresse.
Caractéristiques horticoles _ _ _ _ _ _ _ _
Sol : riche, humide mais bien drainé. Exposition : soleil et ombre légère. Floraison : juillet jusqu’aux gelées. Hauteur : de 60 à 90 cm (2 à 2 1⁄2 pi). Largeur : 20 cm (8 po). Maladies : pas de problèmes particuliers. Insectes : pas de problèmes particuliers. Particularité : dans plusieurs régions, l’iris tigré exige un paillis pour résister à nos hivers.
Jacques Allard
L’iris tigré est une plante qui attire les collectionneurs à cause de ses jolies petites fleurs à 6 pétales, orangés ou jaunes, tachés de rouge-pourpre.
Nos suggestions horticoles
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Dicentra spectabilis ‘Gold Heart’ Par Georges Gingras
Une nouvelle vedette de l’ombre que tous ceux qui cultivent dans un sous-bois ou dans un endroit sombre et qui sont attirés par les cœurs-saignants se dépêcheront d’acquérir pour éclairer leur jardin d’ombre.
Nom scientifique
Dicentra spectabilis (L.) Lem. ‘Gold Heart’.
Nom commun
cœur-saignant à feuillage jaune.
Synonymes
cœur de Marie ‘Gold Heart’, dicentre remarquable ‘Gold Heart’.
Famille Fumariacées. Cette introduction très récente, mise sur le marché en 1997, avait été sélectionnée par Nori Pope de Hadspen Garden and Nursery en 1993. Cette nouveauté a tout de suite émerveillé les amateurs de jardins d’ombre. Il est vrai que le genre Dicentra ne nous avait pas donné de « nouvelles vedettes » depuis longtemps. Son attrait principal mais incontournable repose sur la beauté de son feuillage, des feuilles en forme de cœur à la base et aiguës au sommet, qui arborent un beau jaune lumineux devenant graduellement vert lime durant l’été. Comme tous les cœurs-saignants, cette plante possède des racines en partie rhizomateuses et en partie tubéreuses. Ce cultivar produit en mai et en juin des grappes gracieusement arquées de fleurs rose et blanc qui sont portées d’un seul côté de la tige. Après la floraison, il faut couper les hampes florales fanées, pour permettre à la plante de continuer à bien alimenter le feuillage durant la saison estivale. Comme tous les cœurs de Marie, on choisira un milieu où la lumière est tamisée ou un site à la mi-ombre. Cette plante préfère un sol frais, riche et humifère. Une fois installée, elle ne doit plus être dérangée. Elle peut vivre plus de 10 ans au même emplacement. Cette belle plante de fraîcheur s’associe à merveille avec des épimèdes (Epimedium), des astilbes (Astilbe) et des ancolies (Aquilegia).
Caractéristiques horticoles _ _ _ _ _ _ _
Rock Giguère
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Sol : léger et frais. Exposition : presque toutes, mais préfère la mi-ombre. Floraison : mai et juin. Hauteur : de 70 à 90 cm (28 à 35 po). Largeur : de 70 à 90 cm (28 à 35 po). Maladies : pas de problèmes particuliers. Insectes : pas de problèmes particuliers.
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Persicaria polymorpha Par Georges Gingras Nom scientifique
Persicaria polymorpha.
Synonymes
Polygonum polymorphum Nakai, Aconogum polymorpha (Nakai) Nakai.
Nom commun
persicaire à forme variable.
Autre nom commun
renouée à forme variable.
Famille Polygonacées. Il y a quelques années cette plante était associée au genre Polygonum. Originaire de l’est de l’Asie et de la Corée, cette grande plante vigoureuse, très ramifiée, n’est pas envahissante. Elle peut atteindre facilement de 180 à 210 cm (6 à 7 pi) avec un étalement de 1 m (3 pi). Les feuilles elliptiques de 8 à 15 cm (3 à 6 po) de longueur sont vert brillant. Elles forment une belle touffe buissonnante. À la fin de juin, l’extrémité des tiges ramifiées se pare de cymes de fleurs blanc crème, ressemblant à la fleur de l’hortensia paniculé (Hydrangea paniculata). En juillet, les fleurs passent du crème au café au lait. Après la chute des pétales en août, les capsules de graines ont la forme de petits papillons de couleur noisette rosée jusqu’à la fin de septembre.
Rock Giguère
La persicaire à forme variable est le bon exemple d’une plante facile à cultiver et qui est inconnue de la plupart des jardiniers, quoique superbe, parce qu’elle est très peu offerte sur le marché.
Cette persicaire pousse dans tous les sols ordinaires, mais devient majestueuse rapidement dans un sol riche et frais, exposé au soleil ou à mi-ombre. Les sols légèrement argileux lui conviennent parfaitement. C’est une plante dotée d’une bonne longévité. Elle peut être divisée tôt au printemps. On réserve cette plante pour les grands espaces où elle pourra se développer sans trop gêner les voisins qui devront être robustes. Elle fera bon ménage avec les grandes graminées : le miscanthus (Miscanthus) et la molinie (Molinia ‘Altissima’) et les grandes vivaces : le cierge d’argent à feuilles pourpres (Cimicifuga ‘Atropurpurea’) et les ligulaires du Japon et de Sibérie (Ligularia japonica et L. sibirica).
Caractéristiques horticoles _ _ _ _ _ _ _ _
Sol : humide. Exposition : soleil et mi-ombre. Floraison : fin de juin, juillet et août. Hauteur : de 180 à 210 cm (6 à 7 pi). Largeur : 1 m (3 pi). Maladies : pas de problèmes particuliers. Insectes : pas de problèmes particuliers. Particularités : forme une grosse talle non envahissante. Les tiges sont rougeâtres. Rock Giguère
Nos suggestions horticoles
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Les graminées ornementales
Deschampsia caespitosa Par Alain Ménard
Les panicules de fleurs aériennes de la canche gazonnante apparaissent dès le mois de juillet pour créer un effet vaporeux au coin du jardin qui l’abrite. Rock Giguère
Nom scientifique
Deschampsia caespitosa (L.) P. Beauv.
Noms communs
canche gazonnante, deschampsie cespiteuse.
Famille Poacées. Lorsque la neige est complètement disparue, le jardin présente un aspect désolant avec un sol souvent saturé d’eau, parsemé de tiges dressées et de chaumes cassés ou entremêlés. Après quelques chaudes journées et un bon nettoyage printanier, la vie reprend. La canche gazonnante est une graminée qui débourre assez tôt au printemps. Très vite on remarque de gracieuses feuilles étroites et rugueuses en dessous, lisses et luisantes en surface, formant une banale touffe d’herbe bien ronde. Mais attention, le spectacle ne fait que commencer. De croissance rapide, elle atteint près de 80 cm (30 po) à la mi-juillet, avec ses verts épillets très soyeux qui se balancent au gré du vent. Cette floraison prendra une couleur dorée et plus la maturation des épis s’accentuera, plus on s’émerveillera devant l’effet vaporeux qui contraste avec le paysage et l’adoucit. Ce bouquet de légèreté persiste assez longtemps pour agrémenter les premières scènes hivernales, et ce, malgré la finesse de ses tiges. Cette graminée accompagne bien les asters (Aster), les rudbeckies (Rudbeckia), les roseaux de Chine (Miscanthus sinensis) ou les rosiers (Rosa).
Au début, il s’agissait pour nous d’un rêve, d’une image de grande prairie, de champs fleuris avec des plantes aussi hautes que nous, plus hautes, même. Une vraie mer de plantes vivaces, une vaste étendue qui allait, sans interruption, d’un horizon à l’autre. D’innombrables tiges dansant gracieusement sous la brise. Sandra Barone et Friedrich Oehmichen BARONE, Sandra et Friedrich OEHMICHEN. Les graminées : au jardin et dans la maison. Les Éditions de l’Homme, Montréal, 2001, p. 11.
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La canche gazonnante est de bonne rusticité puisqu’on la retrouve à l’état indigène au Québec où sa répartition est très variable. Elle est bien adaptée aux milieux humides, donc intéressante à introduire dans un aménagement en bordure d’un jardin d’eau. On la retrouve aussi dans les prairies plus sèches dans des endroits très venteux. Elle constitue un attrait intéressant pour les endroits ombragés du jardin. Elle arbore donc une grande polyvalence d’utilisations horticoles. Elle est aussi une vraie bonne plante pour le jardinier paresseux puisqu’elle requiert peu de soins. Il est temps de la diviser lorsqu’on remarque que la plante a tendance à se dégarnir du centre.
Caractéristiques horticoles _ _ _ _ _ _ _ _
Sol : frais, humide et riche en humus. Exposition : mi-ombre. Floraison : de juillet à l’automne. Hauteur : 80 cm (30 po). Largeur : 60 cm (2 pi). Maladies : pas de problèmes particuliers. Insectes : pas de problèmes particuliers. Particularités : cette graminée ne drageonne pas. Inflorescence très délicate.
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Hakonechloa macra ‘Aureola’ Par Alain Ménard Nom scientifique
Hakonechloa macra (Munro) Makino ‘Aureola’.
Synonymes
Hakonechloa macra ‘Albo-Aurea’, Hakonechloa macra ‘Variegata’.
Nom commun
herbe du Japon dorée.
Famille Poacées. Tôt au printemps, émergent du sol de minuscules pointes jaunes de ce qui ressemble à du gazon. Cette jolie petite graminée, qui peut atteindre 45 cm (18 po) de hauteur et environ 60 cm (2 pi) de largeur, apporte une touche lumineuse dans les espaces ombragés de nos jardins. Elle est offerte dans les jardineries depuis environ 6 ans. On aurait avantage à la découvrir puisqu’elle est très décorative par sa texture fine et contrastante avec bien des plantes qui, pour supporter les conditions d’ombre, sont pourvues de feuilles plus larges. Plantée en isolé, l’herbe du Japon dorée se démarque. En massif, au bord d’une grande plate-bande, elle attire le regard. Cette graminée est aussi fort prisée à cause de son feuillage jaunâtre ressemblant à une chevelure décoiffée par le vent. Sa floraison est très discrète et passe inaperçue puisque les fleurs sont cachées sous les feuilles. Comme les plantes poussant à l’orée des bois, elle se plaît dans un sol fertile et riche en matière organique. Elle traverse bien les périodes de canicule en ralentissant un peu sa croissance.
Les tiges retombantes de l’herbe du Japon dorée lui donnent une forme libre qui convient parfaitement comme plante de bordure pour les allées informelles.
En compagnie d’astilbes (Astilbe), de pulmonaires (Pulmonaria), de hostas (Hosta) ou d’anémones (Anemona), cette herbe légère crée un contraste soutenu tout au long de la saison. Lorsque les températures automnales se manifestent, une légère coloration rosée apparaît sur les feuilles. Comme pour toutes les graminées, on coupe le feuillage de ces plantes au printemps suivant. Cette façon de faire permet l’accumulation de neige à la base des plantes, leur donnant ainsi une meilleure protection contre le froid. L’herbe du Japon dorée est reconnue pour bien supporter nos hivers québécois sous une bonne couverture de neige.
Caractéristiques horticoles _ _ _ _ _ _ _ _
Sol : humide, bien drainé et riche en humus. Exposition : soleil et mi-ombre. Floraison : août à octobre. Hauteur : 30 cm (1 pi). Largeur : 60 cm (2 pi). Maladies : pas de problèmes particuliers. Insectes : pas de problèmes particuliers. Particularités : cette plante est la seule représentante du genre Hakonechloa. Croissance lente. Cultivée pour la valeur décorative de son feuillage.
Rock Giguère
Nos suggestions horticoles
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Miscanthus sinensis ‘Variegatus’ Par Alain Ménard
Rock Giguère
Les herbes ornementales comme le roseau de Chine panaché peuvent former une touffe imposante : il faut donc lui donner de l’espace.
Nom scientifique
Miscanthus sinensis Anderss. ‘Variegatus’.
Nom commun
roseau de Chine panaché.
Famille
Poacées. Dans nos jardins, les roseaux de Chine marquent leur présence tout au long de l’été par leur abondant feuillage vert qui ondule sous la moindre brise. Vers la fin du mois d’août, de jolis plumets apparaissent au sommet des longues tiges qui surplombent le feuillage. On ne peut que s’émerveiller à la vue d’une telle élégance.
Le roseau de Chine panaché est un de ceux-là. Il constitue une gigantesque plante vivace à utiliser en fond de scène dans un aménagement paysager. Cette graminée est intéressante pour l’architecture de nos jardins en raison de sa taille et surtout à cause de son feuillage particulier. Dépassant facilement 1 m (3 pi) de hauteur, elle arbore des tiges marginées d’une large bordure blanc crème. Sa croissance est assez rapide. Contrairement à plusieurs autres cultivars de roseau de Chine, elle ne porte d’épis floraux que lors d’un automne long et chaud. Au moins 6 heures de soleil lui sont nécessaires pour assurer une bonne rigidité des tiges. Peu exigeante quant à la composition du sol, cette graminée tolère même un sol argileux. Comme pour toutes les graminées, une généreuse quantité de compost suffit comme élément fertilisant. Attention, un apport d’engrais fort en azote rend les tiges sensibles à la verse. Cette plante, comme tous les roseaux de Chine, formera une touffe imposante. Il est donc essentiel de l’espacer d’au moins 1 m (3 pi) des végétaux avoisinants. La division s’effectue au printemps, mais seulement après plusieurs années. Cette variété n’est pas envahissante contrairement au roseau à feuille de canne à sucre (Miscanthus sacchariflorus). De beaux effets sont obtenus lorsque cette graminée est plantée en compagnie de plantes de hauteur moyenne comme l’heuchère (Heuchera), la scabieuse (Scabiosa caucasica), la lavande (Lavandula) ou quelques échinacées pourpres (Echinacea purpurea).
Caractéristiques horticoles _ _ _ _ _ _ _ _ 26
Sol : frais, fertile et bien drainé. Exposition : soleil. Floraison : septembre à l’automne. Hauteur : 1,5 m (4 1⁄2 pi). Largeur : 75 cm (2 1⁄2 pi). Maladies : pas de problèmes particuliers. Insectes : pas de problèmes particuliers. Particularités : un peu moins vigoureux que l’espèce. Multiplication par division.
Botanique et horticulture dans les jardins du Québec – Guide 2002
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Molinia caerulea ‘Variegata’ Par Alain Ménard Nom scientifique
Molinia caerulea (L.) Moench. ‘Variegata’.
Nom commun
molinie bleue panachée.
Famille Poacées. Cette jolie graminée originaire d’Eurasie possède plusieurs caractéristiques intéressantes et mérite d’être utilisée davantage dans les aménagements paysagers. Le nom du cultivar, ‘Variegata’, illustre la panachure de son feuillage qui est particulier par sa coloration verte veinée de blanc crème. Elle présente bien les traits typiques des molinies par sa feuille arquée qui redescend et glisse sur le sol à mesure que la saison avance. En juillet, de longues tiges lisses sans nœud apparaissent, prenant vraiment la forme d’un éventail qui peut atteindre près de 40 cm (16 po) au-dessus du feuillage. De cette abondante masse de fins rubans lustrés émergent des épis couleur café créant ainsi un contraste remarquable. Dans de bonnes conditions de culture, cette plante atteint 90 cm (2 1⁄2 pi) de hauteur et 50 cm (20 po) de largeur. Elle est une vedette incontestable en association avec du thym serpolet (Thymus serpyllum), des heuchères (Heuchera) ou des scabieuses du Caucase naines ‘Pink Mist’ (Scabiosa caucasica ‘Pink Mist’). Cette plante peut être utilisée dans une rocaille. Son rythme de croissance va de lent à modéré. Elle prospère dans un sol bien drainé et légèrement acide pourvu qu’elle ait un ensoleillement d’au moins 5 heures par jour et une bonne luminosité. Un apport de compost, chaque printemps, est suffisant pour maintenir une bonne teneur de matière organique nécessaire à son bon développement. Elle atteint sa pleine maturité à sa troisième année de culture. Mis à part de mauvaises conditions de sol, aucun ennemi ou ravageur ne semble l’affecter. La molinie bleue panachée est rustique en zone 4b sans protection hivernale. L’introduire dans son jardin est un geste qu’on ne regrette jamais.
Alain Ménard fut horticulteur et chef d’équipe de 1980 à 1999 au Jardin Roger-Van den Hende. Il est diplômé de l’École d’agriculture de Sainte-Croix de Lotbinière depuis 1973. Il a aménagé chez lui un jardin privé axé sur la culture des graminées ornementales. Il est aussi un conférencier horticole.
La molinie bleue panachée est une des plus belles plantes panachées en plus d’arborer de jolis épis couleur café.
Caractéristiques horticoles _ _ _ _ _ _ _ _
Sol : humide et bien drainé. Exposition : soleil, accepte ombre partielle. Floraison : de juillet à l’automne. Hauteur : 90 cm (2 1⁄2 pi). Largeur : 50 cm (20 po). Maladies : pas de problèmes particuliers. Insectes : pas de problèmes particuliers. Particularités : une des graminées les plus populaires, surtout pour ceux qui recherchent une forme panachée. L’intensité de la panachure est variable. Rock Giguère
Nos suggestions horticoles
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Les arbustes
Aralia elata Par Claude Majeau Bipenné : la feuille est divisée deux fois presque jusqu’aux nervures.
Nom scientifique
Aralia elata L.
Nom commun
aralie du Japon.
Autres noms communs aralie dressée, aralie du Japon. Famille
Rock Giguère
L’aralie du Japon produit des hampes florales paniculées blanc crème pouvant atteindre 60 cm (2 pi).
Des choix de plus en plus variés Le choix des arbustes ornementaux ne cesse de croître et elle semble loin la période où l’amateur devait aménager la devanture de sa résidence avec seulement trois ou quatre espèces décoratives, notamment le cerisier pourpre des sables (Prunus x cistena), le seringat doré (Philadelphus coronarius ‘Aureus’), la potentille à fleurs jaunes (Potentilla fruticosa) et la spirée à fleurs roses (Spiraea x bumulda ‘Anthony Waterer’).
Araliacées. Vous voulez expérimenter un arbuste plus rare et exotique, peu sujet aux maladies et aux attaques des insectes ? Vous désirez planter un arbuste original par son port et son feuillage ? Vous voulez admirer la beauté d’imposantes panicules florales qui ornent une cime de jolies feuilles composées bipennées vers la fin d’août ? Vous êtes avide de défis horticoles à relever ? Alors, optez pour la plantation de l’aralie du Japon, une plante de la famille des Araliacées qui atteint de 3 à 5 m (10 à 15 pi) en hauteur et presque autant en largeur. C’est un arbuste qui réussit à passer assez bien l’hiver en zone 4b, si on le plante dans un lieu protégé des vents dominants et si on le protège à l’aide d’un géotextile. Malgré ces précautions, une année sur cinq, les tiges plus âgées et plus élevées risquent de geler, selon la rigueur de l’hiver. Le gel n’entraîne pas pour autant la mort de cette plante puisqu’elle drageonne facilement et peut se remettre à fleurir assez rapidement. Cependant, comme l’arbuste a tendance à drageonner, il faut circonscrire son développement. Il doit donc subir une taille de rajeunissement tous les 3 ou 4 ans. Il s’agit de couper quelques vieilles tiges, un peu comme l’exige la culture du lilas, si le gel ne s’est pas chargé de cette tâche. C’est un très joli arbuste qui gagne à être utilisé en isolé pour que son port à effet de parasol se manifeste dans toute son ampleur et que ses fleurs blanc crème en forme de panicules, atteignant parfois 50 cm (20 po) de hauteur, soient davantage mises en valeur. Sa croissance varie de lente à moyenne selon l’emplacement et la nature du sol. C’est un arbuste facile à transplanter. Nonobstant ses exigences au niveau de la taille, de la protection et de la manipulation, puisque ses tiges sont épineuses, sa culture constitue une belle expérience horticole à tenter.
Caractéristiques horticoles _ _ _ _ _ 28
Sol : riche et argileux avec une humidité moyenne. _ Maladies : pas de problèmes particuliers. Exposition : soleil ou mi-ombre. _ Insectes : pas de problèmes particuliers. Floraison : fin août et septembre. _ Particularité : demande habituellement une Hauteur : 3 m (10 pi) en moyenne au Québec. protection hivernale. Largeur : 3 m (10 pi) en moyenne au Québec.
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Calycanthus floridus Par Rock Giguère Nom scientifique
Calycanthus floridus L.
Nom commun
arbre aux anémones, arbre pompadour.
Autres noms communs calycanthe odorant, calycanthe de Floride. Famille Calycanthacées. Les curieuses fleurs rouge La première fois qu’on aperçoit ses curieuses fleurs rouge-brun, il est difficile de ne pas tomber en amour avec brunâtre de l’arbre cet arbuste originaire de l’est des États-Unis. En prime, ses fleurs sont parfumées : pour les uns ce sont des aux anémones ressemblent à effluves ressemblant à celles des framboises, pour d’autres son parfum rappelle celui du vin. Même ses une petite fleur de nymphéa feuilles et ses branches dégagent une odeur que certains comparent à celle du vinaigre, alors que d’autres et attirent immanquablement le regard du visiteur. l’associent aux effluves de l’eucalyptus (Eucalyptus). De culture aisée, cette essence ligneuse est à la limite de la rusticité dans plusieurs régions du Québec (on le classe souvent en zone 6). Cependant, quelques jardiniers possèdent des spécimens qui offrent de bonnes performances dans plusieurs endroits au Québec. Il suffit de le placer dans un endroit protégé des vents. Sous nos climats, il forme un petit arbuste de croissance modérée dépassant rarement 1,5 m (4 pi). Les calycanthes, des plantes ligneuses très anciennes, constituent de jolis spécimens à planter en isolé dans nos jardins.
Caractéristiques horticoles _ _ _ _ _ _ _ _
Sol : fertile et bien drainé. Exposition : soleil mais supporte une ombre légère. Floraison : fin de mai et début de juin. Hauteur : 2 m (6 pi). Largeur : 2 m (6 pi). Maladies : pas de problèmes particuliers. Insectes : pas de problèmes particuliers. Particularités : fleurs et feuillage parfumés. Les basses températures peuvent l’affecter. Jacques Allard
Nos suggestions horticoles
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Jacques Allard est directeur général de la Société des Amis du Jardin Van den Hende depuis 1982. Il est aussi un excellent photographe possédant une banque de plus de 15 000 diapositives. Il fournit régulièrement des photos pour des revues, des livres et des affiches. Jacques agit aussi comme juge provincial pour le concours Fleurir le Québec depuis 1980.
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Enkianthus campanulatus Par Jacques Allard Nom scientifique
Enkianthus campanulatus (Miq.) Nichols.
Synonyme
Andromeda campanulata Miq.
Nom commun
enkianthe à feuilles de campanule.
Autre nom commun
enkianthe à cloche.
Famille Éricacées. Cette plante appartenait autrefois au genre Andromeda avant d’appartenir au genre Enkianthus qui comprend environ 10 espèces dont principalement des arbustes. La plupart des ouvrages horticoles le classent dans les zones 6 à 8. Pourtant, un spécimen planté à la graine en 1965 par M. Roger Van den Hende, au jardin du même nom (zone 4b) se comporte assez bien. Il fleurit depuis 1972. Il est cependant protégé des vents dominants du nord et de l’ouest par d’autres arbustes. Un paillis au sol protège aussi ses racines. Cet arbuste est cultivé depuis 1870 en Europe. Originaire du Japon central et septentrional, il présente une forme érigée et très ramifiée à feuilles caduques. À la fin du printemps, avant l’apparition des feuilles, il arbore des grappes de fleurs pendantes, parfumées, en forme de clochette aux couleurs crème, veinées et bordées de rouge. La floraison dure environ 3 semaines. Cet arbuste présente un des plus beaux feuillages automnaux ; il prend alors une coloration écarlate d’une rare puissance. Pour assurer un bon développement à l’enkianthe, il faut lui donner un sol acide. Il n’a pas besoin de taille d’entretien à part la coupe des branches mortes ou superflues.
Jacques Allard
L’enkianthe à feuilles de campanule est un arbuste très dense qui présente à sa floraison des grappes de fleurs crème pendantes très originales.
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En aménagement cet arbuste peut être associé à des rhododendrons (Rhododendron), des andromèdes (Pieris), des digitales (Digitalis) et des hellébores (Helleborus).
Caractéristiques horticoles _ _ _ _ _ _
Sol : frais et drainé. Exposition : mi-ombre. Floraison : de mai à juin. Hauteur : de 1 à 2 m (3 à 6 pi). Largeur : 2 m (6 pi). Maladies : pas de problèmes particuliers.
_ Insectes : pas de problèmes particuliers. _ Particularité : il ne doit pas manquer d’eau durant la canicule.
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Fothergilla major Par Rock Giguère Nom scientifique
Fothergilla major Murray.
Synonyme
F. monticola Ashe.
Nom commun
fothergilla géant.
Famille Hamamélidacées. Cet arbuste originaire des montagnes Alleghany aux États-Unis mérite d’être plus utilisé comme arbuste ornemental. Premièrement, on a douté longtemps de sa rusticité au Québec, la littérature le classant en zone 5. Ensuite peu de jardineries l’offrent en vente. Ces deux facteurs font souvent en sorte qu’une plante comme le fothergilla est méconnue des gens en général. Cet arbuste de la famille des Hamamélidacées a deux attraits principaux : sa floraison printanière et sa coloration automnale. Ses inflorescences blanches et Jacques Allard parfumées apparaissent au bout des branches alors que le feuillage n’est pas complètement développé, un peu à la manière des magnolias (Magnolia). À l’automne, ses feuilles, qui ressemblent à celles des aulnes (Alnus), prennent une coloration jaune, rouge ou orange très décorative. Les bruyères communes (Calluna vulgaris) ou les petits rhododendrons comme le rhododendron ‘Ramapo’ (Rhododendron ‘Ramapo’) sont d’excellents compagnons pour cet arbuste au feuillage caduc.
Cet arbuste est une valeur ornementale de deux saisons car il arbore une floraison printanière spectaculaire en plus de se parer d’un beau rouge intense en automne.
Un cultivar ‘Mt. Airy’, découvert dans l’Arboretum Mt. Airy à Cincinnati, en Ohio, surpasserait l’espèce : l’abondance et la grosseur des fleurs, la coloration automnale et même sa rusticité seraient supérieures. On peut reproduire le fothergilla par boutures herbacées en juin.
Caractéristiques horticoles _ _ _ _ _ _ _ _
Sol : acide et riche. Exposition : soleil et ombre légère. Floraison : chatons blancs de 2,5 à 5 cm (1 à 2 po) en mai. Hauteur : 2,5 m (7 1⁄2 pi). Largeur : 2 m (6 pi). Maladies : pas de problèmes particuliers. Insectes : pas de problèmes particuliers. Particularités : les fleurs du grand fothergilla n’ont pas de pétales. Il est de croissance lente. Jacques Allard
Nos suggestions horticoles
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Les arbres
Abies koreana ‘Horstmann’s Silberlocke’ Ce sapin de Corée aux aiguilles vert sombre en dessous et blanches sur le dessus arbore de jolis cônes bleuâtres même lorsqu’il est jeune.
Par Rock Giguère Nom scientifique
Abies koreana E.H. Wilson ‘Horstmann’s Silberlocke’.
Nom commun
sapin de Corée ‘Silberlocke’.
Famille
Pinacées. Le genre Abies comprend 50 espèces de conifères. Le sapin de Corée provient bien de la Corée comme son nom scientifique l’indique, ce qui n’est pas toujours le cas, les auteurs de noms de plantes faisant souvent des erreurs d’interprétation. Il peut atteindre de 6 à 9 m (20 à 30 pi). Les aiguilles vert foncé sur le dessus présentent une couleur argentée en dessous. Ses cônes pourpre violacé apparaissent lorsque le plant atteint 1 m (3 pi). Ce sapin a un port très élégant et devrait être plus utilisé dans les aménagements des parcs et des grands jardins. Le cultivar ‘Horstmann’s Silberlocke’ a hérité beaucoup de traits de l’espèce type. D’abord ses jolis cônes bleuâtres sont très décoratifs et apparaissent lorsque le plant est encore jeune. Ce conifère arbore une forme régulièrement pyramidale de 2,5 m (8 pi) de hauteur après 15 ans. Sa croissance est donc très lente. Ce sapin rustique en zone 4b porte des aiguilles qui se recourbent autour de la tige, laissant voir une jolie coloration argentée. Comme tous les sapins, il aime un sol légèrement acide et bien drainé. Le sapin de Corée ‘Horstmann’s Silberlocke’ est un conifère curieux et original qui convient parfaitement aux petits jardins de ville.
Caractéristiques horticoles Rock Giguère
Ainsi l’arbre est la vérité parce qu’il est l’ordre et la continuité ; il est la beauté, parce qu’il émeut en nous des fibres qui trempent tout au fond du creuset révolu d’où sortirent, des mains de Dieu, les deux œuvres de choix: l’arbre et l’homme. Frère Marie-Victorin
_ _ _ _ _ _ _
Sol : profond et bien drainé. Exposition : soleil. Hauteur : 2,5 m (8 pi). Largeur : 1 m (3 pi). Maladies : pas de problèmes particuliers. Insectes : pas de problèmes particuliers. Particularité : il faut le planter dans un endroit qui n’est pas exposé aux grands vents.
MARIE-VICTORIN, F. « L’arbre ». Le Devoir, 29 juillet 1944.
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Maackia amurensis Par Jacques Allard Nom scientifique
Maackia amurensis Rupr. & Maxim.
Synonyme
Cladrastis amurensis (Rupr. & Maxim.) Koch.
Nom commun
maackie de l’Amur.
Autre nom commun
maackie de Chine.
Famille Fabacées. Le genre Maackia comprend 8 espèces, principalement des arbres et des arbustes. Le maackie de l’Amur fut découvert par le naturaliste russe Richard Maack (1825-1886) alors qu’il explorait la vallée de l’Oussouri au nord-est de la Chine. Il fut introduit au Jardin botanique de Saint-Petersbourg et ensuite disséminé dans les jardins publics et privés d’Europe vers 1864. C’est un petit arbre peu exigeant, qui arbore une floraison estivale blanc verdâtre sur une panicule dressée de 10 à 20 cm (4 à 8 po). Elle est suivie d’une fructification sous la forme de gousses minces et allongées de 3 à 5 cm (1 1⁄4 à 2 po) en septembre ou en octobre. Ses feuilles alternes sont composées de plusieurs petites feuilles de 5 à 8 cm (2 à 3 po) de longueur. Son écorce est brun lustré et s’exfolie lorsque le sujet est à maturité. Nous voyons rarement ce beau spécimen dans nos jardins en dépit du fait qu’il ait une valeur de collection. Il peut se multiplier par semis. D’ailleurs, les deux magnifiques spécimens du Jardin Roger-Van den Hende ont été semés par M. Van den Hende en 1965 et repiqués au jardin en 1969. Ils se sont toujours bien comportés. Le maackie de Chine est classé rustique en zone 3b selon l’Inventaire des arbres et arbustes ornementaux pour le Québec, publié en 1980.
Jacques Allard
Caractéristiques horticoles _ _ _ _ _ _ _ _
Sol : humide, frais et bien drainé. Exposition : soleil. Floraison : fin de juillet, début d’août. Hauteur : 8 m (25 pi). Largeur : 6 m (18 pi). Maladies : pas de problèmes particuliers. Insectes : pas de problèmes particuliers. Particularités : croissance lente et enracinement superficiel.
Nos suggestions horticoles
La vallée de l’Amur nous a donné de beaux spécimens comme le maackie de l’Amur, un petit arbre qui présente une belle floraison estivale composée d’épis de fleurs jaune crème.
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Robinia pseudoacacia ‘Frisia’ Par Rock Giguère La beauté du feuillage jaune doré du robinier faux-acacia ‘Frisia’ illumine le jardin lors des journées sombres et tristes.
Nom scientifique
Robinia pseudoacacia L. ‘Frisia’.
Nom commun
robinier faux-acacia ‘Frisia’.
Autres noms communs robinier ‘Frisia’, faux-acacia doré. Famille
Fabacées. Lorsque nous pensons à un arbre au feuillage jaune, le premier nom qui nous vient à l’esprit, c’est le févier inerme ‘Sunburst’ (Gleditsia triacanthos ‘Sunburst’). Pourtant, plusieurs autres beaux spécimens au feuillage doré sont disponibles maintenant, entre autres le robinier faux-acacia ‘Frisia’. Cette mutation du faux-acacia (Robinia pseudoacacia) a été découverte en Hollande dans une pépinière. Le nom de Frisia rappelle le nom de Friesland, la province où il a été trouvé. ‘Frisia’ a hérité de plusieurs caractérisques de la part de l’espèce type: une bonne vigueur, des fleurs blanches très odorantes en grappes et une teinte automnale ambre. Heureusement pour nous, il n’a pas conservé le caractère épineux de ses branches. C’est un arbre de petite envergure qui présente des feuilles pennées jaunes de 15 à 35 cm (6 à 14 po) de longueur. Il conserve sa couleur jaune pendant tout l’été. Ce cultivar s’avère rustique, au Québec, en zone 4b et en zone 4 s’il est à l’abri des vents dominants. Il peut être planté en isolé sur une pelouse ou dans une platebande avec des arbustes au feuillage gris ou pourpre. Un des compagnons qui contrastent très bien avec son feuillage jaune est l’arbre à perruque ‘Royal Purple’ (Cotinus coggygria ‘Royal Purple’), un arbuste au beau feuillage bourgogne. À son pied, nous pouvons aussi planter deux ou trois talles d’agapanthe (Agapanthus) aux jolies fleurs bleues en ombelles.
Caractéristiques horticoles _ _ _ _ _ _ _ _
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Sol : pas d’exigences particulières. Exposition : soleil et mi-ombre. Floraison : début de juin. Hauteur : 8 m (25 pi). Largeur : 8 m (25 pi). Maladies : pas de problèmes particuliers. Insectes : pas de problèmes particuliers. Particularités : ses fleurs attirent les abeilles. Le feuillage est lent à se manifester au printemps et il tombe tôt en automne.
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Ulmus glabra ‘Camperdownii’ Par Georges Gingras Nom scientifique
Ulmus glabra Huds. ‘Camperdownii’.
Synonyme
Ulmus montana With.
Nom commun
orme blanc ‘Camperdownii’.
Autres noms communs orme des montagnes ‘Camperdownii’, orme glabre ‘Camperdownii’, orme parasol, orme pleureur. Famille Ulmacées. L’orme blanc (Ulmus glabra), quoique souvent connu sous son ancien nom d’orme des montagnes (U. montana), n’est pas Jacques Allard recommandé car il atteint 25 à 35 m (80 à 100 pi) en plus d’être zoné 8. Par contre, il existe un hybride très intéressant de plus petite taille, pouvant atteindre 6 m (18 pi) avec une cime formant un parasol d’environ L’orme blanc ‘Camperdownii’ est un arbre parasol de forme 6 à 8 m (18 à 25 pi) de diamètre. L’hybride est mieux connu par sa dizaine de formes botaniques, les plus naturellement basse. remarquées étant ‘Camperdownii’ et ‘Pendula’. ‘Camperdownii’ provient probablement d’un semis et il fut trouvé sous une forme rampante dans le parc de Camperdown House, près de Dundee en Écosse ; il est cultivé depuis 1850 environ. La forme est naturellement assez basse, de port pleureur, avec une cime très arrondie. Ce cultivar est ordinairement greffé à 2 m (6 pi) en tête sur le tronc d’un orme chinois (U. parvifolia) ou d’un orme de Sibérie (U. pumila). Il est plus résistant que l’espèce à la maladie hollandaise de l’orme. Dans les cas d’une zone infestée, il y aurait lieu de protéger le tronc avec des bandes engluées pour capturer les scolytes adultes. Les branches sont d’abord horizontales, puis retombantes jusqu’au sol. Les feuilles ovales, asymétriques, légèrement dentées, sont très abondantes sur chaque branche. Au printemps, l’arbre se pare de nombreuses fleurs sans éclat, jaune verdâtre qui ressemblent à des poignées de pétales. Il croît jusqu’en zone 4 s’il est abrité du vent. Deux très beaux spécimens de ce cultivar, âgés de plus de 100 ans, se trouvent à Saint-Andréde-Kamouraska près de l’église.
Caractéristiques horticoles _ _ _ _ _ _ _ _
Sol : humide, frais et bien drainé. Exposition : soleil. Floraison : printemps. Hauteur : 3 m (10 pi). Largeur : de 3 à 5 m (10 à 16 pi). Maladie : un peu sensible à la maladie hollandaise de l’orme. Insectes : le scolyte de l’orme peut l’affecter. Particularité : croissance lente. Nos suggestions horticoles
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Des plantes à découvrir Je n’ai jamais rencontré une plante qui ne me plaisait pas. En voir une que je n’ai pas et l’acquérir pour mon jardin est pour moi une obsession enivrante… Mon idée du jardinage est assez large pour être compatible avec plusieurs définitions, plusieurs styles, en autant que le choix de la plante représente un défi. Dans un jardin de collection, c’est la plante qui est la vedette. Ken Druse DRUSE, Ken. The Collector’s Garden. Clarkson N. Potter Inc., New York, 1996, p. viii.
Page 36 : Paeonia ‘Morning Lilac’ Ci-contre : Salvia patens
Dave Demers
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Des plantes de collection
Anemone sylvestris ‘Elise Fellmann’ Par Dave Demers Nom scientifique
Anemone sylvestris L. ‘Elise Fellmann’.
Synonyme
Anemone sylvestris ‘Flore Pleno’.
Nom commun
anémone des bois ‘Elise Fellmann’.
Famille
Renonculacées. Comment se fait-il qu’à un moment donné une plante délaisse ses quelques pétales pour se parer d’exubérantes fleurs doubles ? C’est cette jolie anémone des bois nommée ‘Elise Fellmann’ qui m’a condamné à replonger dans les catacombes de mes notes de cours. Un vieux travail de session bâclé m’a rafraîchi la mémoire sur ce phénomène d’« obésité » florale. Relativement simple, cette transformation en fleur mutante n’est l’ouvrage d’aucune fée… L’anémone des bois (Anemone sylvestris) s’avère un peu trop facile à cultiver et un peu trop gourmande de terrains non réclamés pour mériter le titre envié de plante de collection. D’une efficacité inégalée à créer de larges massifs sans entretien, cette anémone se pare de jolies fleurs blanches en début de saison. La simplicité a bien meilleur goût ? Vrai. Mais un peu d’opulence ici et là pimente agréablement le menu. C’est ainsi que Mme Fellmann, avec ses copieux pompons crème, réactualise l’anémone des bois. Ses fleurs, loin des 4 à 6 pétales blancs habituels, sont composées d’innombrables segments compressés en pompons arrondis, de crème à chartreuse vers leur centre. Il va sans dire que la durabilité de ces fleurs est de loin supérieure à celle de l’espèce type. Vigoureuse mais docile, on lui connaît peu d’insectes ravageurs et encore moins de maladies. Elle arbore une bien meilleure mine loin du soleil de midi, les pieds dans un sol équilibré. La laîche ‘Kaga-nishiki’ (Carex dolichostachya ‘Kaganishiki’) à sa droite, un raffiné polystic de Braun (Polystichum L’anémone des bois ‘Elise Fellmann’, dotée de généreuses fleurs doubles crème en forme de pompons, produit un bel effet au printemps dans un jardin légèrement ombragé.
Dave Demers
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braunii) à sa gauche et, bien sûr, un Hosta tokudama à l’arrière et voilà un charmant spectacle des derniers jours du printemps ! N’empêche que notre star hollywoodienne a belle allure avec son attirail décuplé. Généreux patrimoine génétique ? Heureux hasard ? Probablement un peu des deux. On attribue à Goethe (1749-1832), célèbre écrivain allemand, les premiers travaux visant à démystifier la morphogenèse végétale. C’est toutefois l’essor Primordium : groupe de de la génétique moderne qui a permis de mieux comprendre le fonctionnement des anomalies végétales. cellules qui organisent La polyvalence et le dynamisme des méristèmes, tissus végétaux composés de cellules indifférenciées, permettent le développement de nouvelles structures (feuilles, fleurs, bourgeons, etc.). Toutefois, cette transformation de méristèmes végétatifs en inflorescences implique une série d’étapes indissociables. Guidé par son bagage génétique, ce processus débute par un signe de départ nommé évocation florale. Il est suivi des primordiums et finalement, c’est la formation de la fleur proprement dite. Voyons de plus près la morphogenèse propre à cette dernière. Schématiquement, chaque fleur est composée de 4 anneaux concentriques d’organes floraux distincts : les sépales, les pétales, les étamines et les carpelles au centre. Chez Mme Fellmann, un sournois gène homéotique s’est inséré dans ce processus et a bousillé cette voie naturelle de développement : confuses, les nombreuses étamines ont cédé leur place à des pétales supplémentaires. C’est tout. Malgré ses succès de popularité, notre anémone souffre fort probablement d’infertilité. Voici un second exemple : visualisez une rose sauvage simple, à 5 pétales… les étamines sont très nombreuses, non ? Et voilà pourquoi il a été si facile d’obtenir ces roses si pleinement doubles. Rien de nouveau n’a été inventé, seules les étamines ont été troquées pour des pétales. Toutefois, un bémol s’impose. La nature étant rarement si catégorique, il arrive que de tout nouveaux organes s’insèrent parmi ceux existants, sans les altérer. Ainsi, certaines roses (Rosa), pivoines (Paeonia) et ancolies (Aquilegia) sont très doubles mais elles demeurent capables de se reproduire. Voilà qui satisfait mon côté raisonnable. Je peux sarcler ce coin du jardin blanc où ‘Elise’ sied sans me sentir épié par quelque elfe ou lutin. Coquette à souhait, cette généreuse anémone des bois fait la joie de bien des collectionneurs. Les rumeurs veulent que quelques rares pépiniéristes soient fébriles à l’idée d’introduire prochainement, en grande pompe, cette plante sur le marché. N’empêche qu’un mystère me hante toujours : qu’est-ce qui a poussé ce gène homéotique à finalement s’affirmer si élégamment ? Devrais-je plutôt me demander qui ?
Caractéristiques horticoles _ _ _ _ _ _ _ _
Sol : humide mais bien drainé. Exposition : soleil et mi-ombre. Floraison : fin du printemps. Hauteur : 30 cm (1 pi). Largeur : 30 cm (1 pi). Maladies : pas de problèmes particuliers. Insectes : pas de problèmes particuliers. Particularités : rustique en zone 4. Cultivar développé en Suède. Fleurs légèrement parfumées. Des plantes à découvrir
entre autres la mise en place de la structure florale. Homéotique: se dit d’une division du noyau qui s’effectue sans dédoublement du nombre de chromosomes, ce qui a pour conséquence de produire une structure haploïde. Exemple: l’ovule est homéotique, tout comme les grains de pollen et les spores de champignons.
Dave Demers est diplômé de l’Institut de technologie agroalimentaire de SaintHyacinthe depuis 1999. Horticulteur en chef au jardin du Domaine JolyDe Lotbinière, il est aussi un conférencier horticole. Il a effectué un stage de 8 mois, en 1999, à Stonecrop Gardens Inc., à New York, stage instauré par Francis H. Cabot. Dave Demers est membre de plusieurs sociétés horticoles.
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Crambe maritima Par Jacques Allard Nom scientifique
Crambe maritima L.
Nom commun
crambe maritime.
Autre nom commun
chou marin.
Famille
Brassicacées. Le genre Crambe comprend 20 espèces. Le crambe maritime ressemble à une gypsophile géante et croît naturellement dans des sols pierreux le long du littoral atlantique, de la Mer du Nord et de la Baltique. Il requiert donc, dans nos jardins, un sol sec, profond et un peu sablonneux. Cependant, lors des canicules, il se peut que cette plante maritime ait besoin d’un peu d’arrosage. Même s’il tolère une ombre partielle, le crambe maritime préfère le plein soleil. Il arbore des feuilles ondulées et dentelées vert-bleu qui sont très décoratives. Ses fleurs blanches, dont le parfum rappelle le miel, s’épanouissent sur des tiges dressées sous la forme d’une large inflorescence, un dôme qui peut atteindre 50 cm (20 po).
Jacques Allard
Les inflorescences de ce chou marin ou crambe maritime nous démontrent qu’il ne faut pas confiner tous les choux au potager.
L’expérience des jardiniers résulte de plus d’échecs que de réussites immédiates. Elle s’adresse, on s’en doute, aux gens qui ne réussissent pas du premier coup une opération réputée difficile. L’expérience, disent les Chinois, est une lanterne qu’on porte dans le dos; elle éclaire seulement le chemin parcouru. Robert Basteleus BASTELEUS, Robert. Les difficultés du jardinage de A à Z. Duculot, Paris, 1989, p. 6.
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Le crambe maritime est plus petit que son cousin, le crambe à feuilles en cœur (Crambe cordifolia) et convient donc mieux aux petits jardins. Sa résistance au froid est assez bonne dans les jardins en zones 3 et 4 où il y a une importante accumulation de neige. La littérature classe cependant la rusticité de ce chou marin dans les zones 5 et 6. On le dit résistant à des froids de –20 °C.
Caractéristiques horticoles _ _ _ _ _ _ _ _
Sol : profond et bien drainé. Exposition : soleil. Floraison : fin juin, début juillet. Hauteur : 75 cm (30 po). Largeur : 60 cm (2 pi). Maladies : peut être attaqué par la hernie du chou. Insectes : pas de problèmes particuliers. Particularité : ses fleurs attirent les abeilles.
Botanique et horticulture dans les jardins du Québec – Guide 2002
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Glaucidium palmatum Par Dave Demers Nom scientifique
Glaucidium palmatum Sieb. & Zucc.
Synonyme
Glaucidium paradoxum Mak.
Nom commun
glaucidie à feuilles palmées.
Famille Renonculacées. Que le soleil se lève sur cette digne représentante de l’exotique flore japonaise ! Trop souvent boudé pour son paresseux rythme de croissance, la glaucidie à feuilles palmées assume à merveille la nordicité québécoise. Dave Demers
Les botanistes, ne sachant pas trop bien sur quel pied danser, ont successivement rattaché cette plante à la Dès le premier regard, famille des Paeoniacées, des Glaucidiacées (cette famille n’existe plus depuis que la glaucidie à feuilles la glaucidie à feuilles palmées palmées est déménagée de cette famille car elle en était la seule représentante) et finalement, des Renon- suscite le désir de l’implanter dans notre jardin. culacées. Typique des fourrés de l’arbre de Katsura (Cercidiphyllum japonicum), une autre beauté nipponne, cette plante vivace aime un sol frais et humide. À elles seules, les grandes feuilles palmées, non sans rappeler celles de nos chers érables (Acer), atteignent 15 cm (6 po) de diamètre. Bien que ce feuillage, zen à souhait, contribue pleinement à son attrait, la glaucidie à feuilles palmées se pare, en début d’été, de délicates mais imposantes fleurs roses. Ces fleurs se composent de pétales soyeux agréablement teintés de lavande, au centre affirmé par un bouquet équilibré d’étamines ensoleillées. La rondeur et l’équilibre de sa stature, de même que l’élégance de sa floraison lui permettent de voler la vedette au jardin. Malgré son grand mérite ornemental, cette distinguée plante herbacée sait se laisser désirer. Les meilleures pépinières spécialisées offrent périodiquement, pour une rondelette somme, des plants âgés de quelques années. Le cultivar à fleurs blanches, ‘Album’, est une proie enviée par les collectionneurs au chéquier bien pourvu. De même, les kamikazes de l’Internet parviendront éventuellement à dénicher l’image unique du cultivar ‘Rubrum’, cette ultime convoitise aux fleurs rose framboise. Pour les plus sages d’entre tous, l’acquisition d’un paquet de semences fraîches fera germer l’espoir propre aux jardiniers d’assister, un jour, à l’éclosion d’une première fleur. Plusieurs années y seront toutefois nécessaires : ces graines ailées peuvent tarder jusqu’à la levée de la deuxième période de stratification avant de pointer. Bien que la culture de cette plante de collection comporte peu d’obstacles majeurs, la longue attente nécessaire à la croissance, même si elle est pleine de promesses, rebute malheureusement trop d’amateurs. Dommage ! C’est pourtant une expérience gratifiante, un noble projet.
Caractéristiques horticoles _ _ _ _
Sol : humide. Exposition : légèrement ensoleillée et abritée. Floraison : début de l’été. Hauteur : 50 cm (20 po).
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Largeur : 50 cm (20 po). Maladies : pas de problèmes particuliers. Insectes : pas de problèmes particuliers. Particularité : plante idéale pour les jardins de sous-bois. Des plantes à découvrir
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Lilium martagon Par Nicole Bolduc Nom scientifique
Lilium martagon L.
Nom commun
lis martagon.
Autre nom commun
lis turban commun.
Famille
Liliacées. Originaire du nord-est de l’Europe et de l’Asie, le lis martagon est peu connu de la plupart d’entre nous. Cependant, nous le voyons de plus en plus dans les jardins publics et privés. Exceptionnellement, ce lis, avec son port en flèche de cathédrale, peut s’aménager en milieu forestier. Il s’adapte à un sol légèrement acide. Rustique en zone 3, le lis martagon se cultive au soleil ou à la mi-ombre. Cependant, si son environnement est très ombragé, sa floraison sera moins spectaculaire et la croissance du bulbe plus lente. Le bulbe ovoïde de ce lis est de couleur jaune et mesure 7,5 cm (3 po) de diamètre. La fleur du lis martagon présente un long pédoncule. Les pétales sont pendants, récurvés comme un turban, de couleur rouge vin foncé, rose ou blanche. Les fleurs sont portées en grappes serrées de 3 à 50 par tige. Ses feuilles, lancéolées, mesurent 16 cm (6 po) de longueur et sont disposées en verticille le long de la tige. Ce lis est rustique jusqu’en zone 3. Il existe différents cultivars aussi décoratifs que l’espèce, difficiles à trouver mais disponibles pour tout Sherlock Holmes passionné d’horticulture. Il est à noter que certains peuvent dégager une odeur désagréable.
Caractéristiques horticoles
Le lis martagon, avec ses fleurs en forme de turban, peut coloniser un coin ombragé du jardin et s’il s’y plaît, il se multipliera en semant ses graines à ses pieds.
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Jacques Allard
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Sol : bien drainé. Exposition : soleil ou mi-ombre. Floraison : fin juin, début juillet. Hauteur : de 90 à 180 cm (2 1⁄2 à 5 pi). Largeur : 10 cm (4 po). Maladies : pas de problèmes particuliers. Insectes : criocère du lis. Particularités : à partir de semis, c’est vers la 4e ou 5e année qu’apparaissent les premières fleurs. On plante les bulbes à une profondeur de 15 cm (6 po).
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Des plantes introuvables
Epimedium x versicolor ‘Sulphureum’ Par Bernard Carrier Nom scientifique
Epimedium x versicolor Morr. ‘Sulphureum’.
Synonymes
Epimedium perralderianum, E. sulphureum.
Nom commun
épimède à fleurs jaunes.
Autre nom commun
fleur des elfes à fleurs jaunes.
Famille Berbéridacées. Nous sommes toujours surpris de constater que l’épimède (Epimedium) fait partie de la grande famille des Berbéridacées. En effet, nous en connaissons plutôt les membres ligneux comme les épines-vinettes (Berberis) et les mahonies (Mahonia). L’épimède est la plante par excellence pour les coins ombragés et frais comme les Rock Giguère sous-bois. Elle s’adapte très bien à nos climats rigoureux, sans doute à cause de notre couverture de neige. Les épimèdes, et plus Même les années où cette couverture est plus mince, nos plants ne paraissent pas affectés. Pourtant, elle est spécifiquement l’épimède à classée habituellement en zone 5 et quelques auteurs mentionnent qu’elle serait rustique en zone 4b. fleurs jaunes, méritent une Plusieurs jardiniers rapportent qu’elle passe bien l’hiver en zone 3b. La plupart des épimèdes sont des plantes meilleure place dans un jardin d’ombre, compte tenu de vivaces et présentent une floraison qui s’échelonne de la fin du printemps au début de l’été. L’épimède à fleurs jaunes est un croisement entre deux excellents spécimens. Un des parents, l’épimède à feuilles pennées (Epimedium pinnatum) présente des fleurs jaunes et des éperons rougeâtres. L’épimède à grandes fleurs (Epimedium grandiflorum), son autre parent, présente des fleurs blanches avec des étamines jaunes.
leur rusticité et de la beauté de leurs fleurs délicates jaillissant au-dessus du feuillage souvent marginé.
L’épimède à fleurs jaunes est facile à cultiver. Étant donné que sous nos climats le feuillage semi-persistant de cette plante est écrasé sous la neige au printemps, nous pouvons rabattre cette épimède au sol à l’automne ou tôt au printemps. Ainsi un beau feuillage nouveau, marginé de bronze, s’épanouira en même temps que de jolies petites fleurs jaune soufre légèrement orangées. Les fleurs prises isolément ne sont pas grandes mais assez nombreuses pour attirer l’œil du visiteur. En automne, le feuillage se teinte de rouge-brun.
Bernard Carrier est propriétaire, à Val-Bélair, en banlieue de Québec, d’un jardin privé axé sur l’introduction de plantes L’épimède à fleurs jaunes se multiplie surtout par division au printemps ou durant l’été. La propagation par hors zone, introuvables semis est beaucoup plus difficile. Cette plante produit des graines de façon aléatoire qui ne semblent pas ou méconnues. Il a viables jusqu’à maintenant. Cache-t-elle un secret que nous n’avons pas encore percé ? exploité pendant 10 ans la jardinerie Les Introuvables, Caractéristiques horticoles spécialisée dans la vente de plantes rares. En tant _ Sol : bien drainé, humide. _ Maladies : pas de problèmes particuliers. que producteur, il vise à _ Exposition : mi-ombre. _ Insectes : pas de problèmes particuliers. populariser ses réussites _ Floraison : fin du printemps, début de l’été. _ Particularité : les fleurs ressemblent auprès des jardins publics _ Hauteur : 30 cm (1 pi). à celles de l’ancolie (Aquilegia). et de certains organismes _ Largeur : 30 cm (1 pi). horticoles. Des plantes à découvrir
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Napaea dioica Bernard Carrier Nom scientifique
Napaea dioica L.
Synonyme
Sida dioica.
Nom commun
napée dioïque.
Famille Malvacées. D’abord, on découvre son beau feuillage qui est aussi grand et décoratif (feuille présentant 11 lobes) que celui du ricin commun (Ricinus communis) et aussi découpé que les feuilles de la papaye (Carica papaya), ce qui lui confère un air tropical qui n’est pas sans intérêt. Il faut attendre 4 ans environ avant de pouvoir observer sa floraison lorsqu’on obtient cette plante par semis. L’attente en vaut cependant la peine. Des hampes florales qui s’élèvent bien à 2,7 m (9 pi) de hauteur comme le catalogue la décrivait (ce qui n’est pas toujours le cas) et une multitude de fleurs blanches ressemblant aux mauves (Malva). Cette plante vivace présente l’aspect général d’une gypsophile (Gypsophila) géante avec des hampes florales un peu plus serrées.
Dioïque : ce terme indique que les fleurs mâles et les fleurs femelles sont sur deux individus différents.
La floraison commence à la mi-été pour se terminer parfois au début de l’automne. Les fleurs des plants mâles tombent sans laisser de trace. En ce qui a trait aux plants femelles, les fleurs perdent leurs pétales mais il y a formation d’ovules : plusieurs fruits verts de la grosseur de petites perles. Malgré la quantité surprenante de fruits, la tige demeure quand même assez rigide. Pour pouvoir en profiter plus longtemps, les hampes florales peuvent être entrées à l’intérieur pour la confection des bouquets d’hiver (fleurs séchées). Que demander de plus ? Ce « ricin vivace » est facile à semer. Il faut procéder à l’automne. On sème donc les graines en pleine terre et elles germeront le printemps suivant. Une fois établie, cette plante se ressème d’elle-même par semis spontanés parfois assez loin des plants mères, sans doute avec l’aide des tamias rayés ou des écureuils. Implanter cette magnifique malvacée dans son jardin, c’est se faire plaisir tout en épatant la galerie. En retour, elle vous gratifiera d’un air tropical d’année en année sans d’autres soins particuliers que l’apport d’engrais à l’occasion. Rock Giguère
Les plantes architecturales, comme la napée dioïque, sont de plus en plus prisées au jardin car, en plus de leur beauté ornementale, elles donnent de la forme et de la structure à la partie de jardin où elles sont implantées.
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Caractéristiques horticoles _ _ _ _ _ _
Sol : bien drainé et riche en humus. Exposition : mi-ombre. Floraison : mi-été jusqu’à l’automne. Hauteur : 2,7 m (9 pi). Largeur : 60 cm (2 pi). Maladies : pas de problèmes particuliers.
_ Insectes : pas de problèmes particuliers. _ Particularités : cette plante prend beaucoup d’espace dans les plates-bandes. Même si elle est décrite comme étant rustique en zone 5, elle se comporte très bien en zone 3b.
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Stylophorum diphyllum Bernard Carrier Nom scientifique
Stylophorum diphyllum (Michx.) Nutt.
Nom commun
stylophore à deux feuilles, célandine.
Famille Papavéracées. Une Papavéracée jaune et indigène de nos régions en plus… En effet, lorsque nous pensons aux pavots, nous avons habituellement en tête le pavot d’Orient (Papaver orientale), le pavot bleu de l’Himalaya (Meconopsis betonicifolia) ou le pavot d’Islande (Papaver nudicaule). Le stylophore à deux feuilles est un pavot bien de chez nous qui se retrouve à l’état sauvage de l’est des États-Unis jusqu’au sud de l’Ontario. Rock Giguère
Cette plante est particulièrement intéressante pour les sous-bois s’ils ne sont pas trop sombres. En effet, si la période d’ombrage est trop longue durant la journée, il n’aura qu’une floraison printanière, alors que s’il est placé à la mi-ombre, il fleurira plus abondamment au printemps et aura des remontées sporadiques durant tout l’été et parfois même au début de l’automne. Cette Papavéracée, aux feuilles grossièrement découpées de façon irrégulière, s’accommode très bien des sols humides. Ce feuillage original met en valeur des fleurs caractéristiques des pavots d’un beau jaune doré brillant de 5 cm (2 po) de diamètre. Les capsules de graines de forme elliptique qui suivent la floraison sont assez originales, car elles ressemblent à des petits fruits verts qui s’entrouvrent pour projeter leurs semences loin du plant mère et ainsi assurer la reproduction de cette magnifique plante. Pour les multiplier, vous pouvez aussi ramasser les capsules de graines lorsqu’elles sont bien formées et les placer dans un sac de papier. Ces dernières éclateront lorsqu’elles seront matures et vous n’aurez qu’à ramasser les graines au fond du sac pour les semer. Il faut le faire à l’automne ; dès le printemps suivant, vos plants apparaîtront mais ne fleuriront que l’année subséquente. Un beau petit rayon de soleil à introduire dans votre jardin d’ombre. Il faut donc se dépêcher de découvrir ce joyau doré du monde des pavots.
Le stylophore à deux feuilles offre ses fleurs, caractéristiques de celles de la famille des pavots à laquelle il appartient, en complément à un beau feuillage découpé, durant presque tout l’été, s’il n’est pas cultivé trop à l’ombre.
Caractéristiques horticoles _ _ _ _ _ _
Sol : riche en humus. Exposition : ombre ou mi-ombre. Floraison : tout l’été, selon son exposition. Hauteur : 30 cm (1 pi). Largeur : 30 cm (1 pi). Maladies : pas de problèmes particuliers.
_ Insectes : peut être attaqué par les limaces. _ Particularité : même si la littérature le classe généralement rustique seulement en zone 6, il se comporte très bien jusqu’en zone 3.
Des plantes à découvrir
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Syneilesis aconitifolia Bernard Carrier Nom scientifique
Syneilesis aconitifolia (Bunge) Max.
Nom commun
syneilesis à feuilles d’aconit.
Famille
Astéracées. Cette plante a résisté depuis quelques années dans des jardins situés en zones de rusticité 3b et 4 au Québec. Elle devrait plaire aux connaisseurs qui recherchent une plante originale et vraiment hors de l’ordinaire et à tous ceux qui aiment les plantes au feuillage décoratif. Même si nous retrouvons peu de documentation sur cette plante, la littérature nous apprend que le syneilesis à feuilles d’aconit doit être cultivé principalement pour la beauté de son feuillage et qu’il vaut mieux couper ses hampes florales, un peu comme certains jardiniers le font avec les hostas (Hosta). Il n’en demeure pas moins que sa floraison constituée de petits plumeaux vieux rose, discrète et délicate, n’est pas spectaculaire mais attrayante. Un de ses principaux attraits est cependant sa sortie printanière. On dirait une talle de champignons. En effet, lorsque les feuilles un peu bleutées sont jeunes, elles sont repliées sur elles-mêmes. En plus, des poils très soyeux ressemblant à des cheveux les recouvrent comme si une araignée avait tissé sa toile sur ses feuilles. Au fur et à mesure que la température s’élève, les feuilles s’étalent telles des antennes qui s’ouvrent au soleil. À l’automne, son feuillage est aussi intéressant car il jaunit alors que ses nervures demeurent vertes.
Rock Giguère
La valériane grecque ‘Brise d’Anjou’ (Polemonium caeruleum ‘Brise d’Anjou’) est mise en valeur par le feuillage très original du syneilesis à feuilles d’aconit, une plante malheureusement très difficile à trouver sur le marché.
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Cette plante se divise très bien. Malheureusement, comme elle ne possède pas une croissance vigoureuse, on ne peut la multiplier souvent de cette façon. Même si ses graines semblent viables sur les plants actuellement cultivés, les essais de germination ont échoué jusqu’ici. Nous espérons percer le secret bientôt.
Caractéristiques horticoles _ _ _ _ _ _ _ _
Sol : fertile et bien drainé. Exposition : soleil et mi-ombre. Floraison : fin juin. Hauteur : 60 cm (2 pi). Largeur : 30 cm (1 pi). Maladies : pas de problèmes particuliers. Insectes : pas de problèmes particuliers. Particularités : son feuillage ressemble à celui de l’aconit (Aconitum). La feuille est plus volumineuse cependant. À cultiver comme un spécimen.
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Des plantes méconnues
Adlumia fungosa Par Marc Meloche Nom scientifique
Adlumia fungosa (Aiton) Greene ex Britton, Sterns & Poggenb.
Synonymes
Adlumia cirrhosa Raf., Fumaria fungosa Aiton.
Nom commun
adlumie fongueuse.
Famille Fumariacées. Originaire de la Corée et de l’Amérique du Nord, l’adlumie fongueuse est une plante bisannuelle très peu connue. Pourtant, cette plante grimpante est fort répandue dans les monts Alleghany aux États-Unis. On trouve parfois cette plante indigène dans les sous-bois clairs ou à travers les rochers humides des montagnes des parties sud et ouest du Québec. Rustique en zone 4b, cette plante présente une croissance rapide. Sa tige unique et filiforme se ramifie lors de la floraison. Son feuillage très délicat à segments divisés et découpés ressemble à celui du cœur-saignant du Pacifique (Dicentra formosa). L’adlumie fongueuse arbore une floraison abondante constituée de petites fleurs vertes teintées de pourpre, rose pâle ou blanches de 1,5 cm (1⁄2 po) de longueur. On la multiplie habituellement par semis. Les semis en serre ou sous éclairage artificiel donnent d’excellents résultats. Une stratification humide d’un mois est cependant requise. Les semis spontanés ont un taux de réussite plutôt faible.
Caractéristiques horticoles _ _ _ _ _ _ _ _
Sol : légèrement humide. Exposition : ombre légère. Floraison : juillet à septembre. Hauteur : 3 m (10 pi). Largeur : de 20 à 30 cm (8 à 12 po). Maladies : pas de problèmes particuliers. Insectes : pas de problèmes particuliers. Particularité : n’aime pas les endroits venteux.
Pierre-André Rocheleau
Heureusement pour nous, quelques jardineries se spécialisent dans la vente de plantes sauvages qui sont produites en pépinière et qui nous permettent de cultiver, dans le respect de notre flore indigène, des beautés intrigantes comme l’adlumie fongueuse.
Des plantes à découvrir
Marc Meloche est un passionné des plantes indigènes. Après avoir travaillé pour une fleuristerie de Montréal, il s’est installé dans la région de Lanaudière en 1990 pour exploiter une pépinière de production de plantes indigènes : Marc Meloche Flore sauvage. Ses jardins de démonstration sont ouverts au public depuis 1995. Il est aussi un conférencier horticole.
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Kirengeshoma palmata Par Patricia Gallant Nom scientifique
Kirengeshoma palmata Yatabe.
Nom commun
kirengeshoma à feuilles palmées.
Famille Hydrangeacées. Le kirengeshoma à feuilles palmées est originaire des régions montagneuses du sud du Japon et de la Corée. Son classement dans les grandes familles botaniques est discutable car on retrouve cette plante à la fois dans la famille des Hydrangeacées et des Saxifragacées dans la littérature. Mais malgré ce petit malentendu, tous sont d’accord pour dire que le Kirengeshoma palmata, récemment introduit dans nos pépinières, mérite notre attention. Cette plante herbacée buissonnante atteint une hauteur de 80 à 120 cm (31 à 47 po) et s’étale d’autant en largeur. Ses grandes feuilles palmées, cordées à la base, avec des lobes légèrement dentés, nous rappellent un peu celles de l’érable (Acer). Les fleurs jaune tendre, rassemblées en cymes terminales ou axillaires, s’épanouissent à la fin de l’été ou au début de l’automne. Elles sont en forme de clochette et ont un aspect cireux, ce qui lui vaut le nom de wax bells en anglais. Les fleurs fanées donnent naissance à de belles capsules décoratives, qui gagnent à être laissées sur le plant. Le kirengeshoma à feuilles palmées est une plante de mi-ombre. Pour la cultiver avec succès, on lui fournit un sol riche en humus, légèrement acide, retenant bien l’humidité mais qui se draine quand même facilement. Les endroits venteux sont à éviter. Une fois installée, il ne faut pas la déranger. Cette plante se reproduit par division, préférablement au printemps pour ne pas nuire à sa floraison. On peut aussi la propager par semences mais le processus de germination peut s’avérer très long et les plants ainsi produits peuvent différer du plant mère. En compagnie de fougères, d’anémones japonaises (Anemone x hybrida) et de rodgersias (Rodgersia), le jardin d’ombre s’illuminera avec la présence du kirengeshoma à feuilles palmées. Une plante gagnante à laquelle il faut absolument offrir un coin dans notre jardin.
Rock Giguère
Le kirengeshoma à feuilles palmées est décoratif en tout temps grâce à de belles feuilles lobées que surplombent de jolies fleurs jaune citron en automne.
Caractéristiques horticoles _ _ _ _ _ _ _ _ 48
Sol : humide, frais et acide. Exposition : mi-ombre. Floraison : septembre, octobre. Hauteur : 120 cm (47 po). Largeur : 120 cm (47 po). Maladies : pas de problèmes particuliers. Insectes : pas de problèmes particuliers. Particularités : si la saison est courte, les fleurs peuvent ne pas se rendre à terme. Feuillage décoratif.
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Lilium regale Par Nicole Bolduc Nom scientifique
Lilium regale L.
Nom commun
lis royal.
Famille Liliacées. Dès son introduction dans les jardins au XIX e siècle, le lis royal a gagné la faveur des gens par la beauté de sa fleur et son parfum envoûtant. Cependant, il faut prendre garde à notre petit bout de nez, lorsque nous nous approchons pour sentir ses effluves, car cette belle fleur pourrait bien nous marquer du sceau royal de son pollen jaune or. Originaire du sud-ouest de la Chine, le lis royal se cultive en plein soleil ou à la mi-ombre légère. Ses fleurs en forme de trompette, au port retombant, mesurent de 12 à 15 cm (5 à 6 po) de diamètre. Blanches à l’intérieur et rose pourpré à l’extérieur, elles sont portées en grappes de 20 à 25 par tige. En situation peu ensoleillée, la tige peut s’étioler et tendre vers la source de lumière, ce qui provoque un affaissement de celle-ci et l’obligation d’utiliser un tuteur. Les feuilles de 6 à 13 cm (2 à 5 po) de longueur, sont étroites, linéaires et clairsemées. Elles habillent toute la tige. Le bulbe de 24 cm (9 po) de diamètre est ovoïde et de couleur rouge-pourpre. On peut mettre en valeur cette belle espèce, rustique en zone 4, en intercalant 5 à 7 plants avec des vivaces et des arbustes. La forme, la texture et la couleur du feuillage sont des éléments qui renforcent l’impact et l’effet désiré. Nous pouvons aussi l’implanter dans une zone légèrement venteuse, par exemple le long d’un trottoir, ce qui permet de séduire nos visiteurs et de les inciter à découvrir notre jardin.
Jacques Allard
Qui peut résister au parfum du lis royal ainsi qu’à la beauté grandiose de ses fleurs blanches agrémentées d’un peu de violet ?
Caractéristiques horticoles _ _ _ _ _ _ _ _
Sol : bien drainé et frais durant l’été. Exposition : soleil ou mi-ombre. Floraison : fin juin, début juillet. Hauteur : 180 cm (5 pi). Largeur : 25 cm (10 po) Maladies : pas de problèmes particuliers. Insectes : criocère du lis. Particularité : produit des bulbilles aériennes.
Nicole Bolduc a obtenu un baccalauréat en bioagronomie, option sol-plante, à l’Université Laval en 1998. Elle est horticultrice au Parc du Bois-de-Coulonge. Elle offre aussi des services-conseils en horticulture et en aménagement et prononce des conférences. Propriétaire d’un jardin privé à Saint-Nicolas, sur la rive sud de Québec, elle y implante plusieurs rosiers et pivoines. Des plantes à découvrir
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Verbena rigida Par Serge Harvey Nom scientifique
Verbena rigida Spreng.
Synonyme
Verbena venosa Gillies et Hook.
Nom commun
verveine rugueuse.
Famille Verbénacées. Plante indigène des savanes centrales de l’Amérique du Sud, la verveine rugueuse mérite bien d’être mieux connue. Proche parente de la verveine de Buenos Aires (V. bonariensis), cette plante annuelle diffère de cette dernière par sa forme compacte, par sa croissance plus dense et ramifiée et par sa production de rhizomes. D’ailleurs, ses rhizomes peuvent être entreposés durant l’hiver de la même façon qu’on garde des tubercules de dahlia (Dahlia). Les feuilles vert foncé et rugueuses sont lancéolées et dentées. La hampe florale de cette plante, un épi aux fleurs violet foncé, se développe pendant toute la saison et reste belle jusqu’à la fin d’octobre puisque ces plantes sont résistantes au froid (– 9 °C). Autres atouts : ces plantes tolèrent la chaleur et la sécheresse ainsi que les sols pauvres. ‘Polaris’, un cultivar connu avec ses fleurs lilas pâle, est nettement inférieur à l’espèce. La sauge écarlate ‘Lady in Red’ (Salvia coccinea ‘Lady in Red’) et l’onagre mexicaine (Oenothera berlandieri) constituent un bon choix pour servir de voisines à la verveine rugueuse. Jacques Allard
La verveine rugueuse est beaucoup plus dense et moins haute que la verveine de Buenos Aires (Verbena bonariensis).
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Caractéristiques horticoles _ _ _ _ _ _ _ _
Sol : pauvre et bien drainé. Exposition : plein soleil. Floraison : estivale et automnale. Hauteur : 60 cm (2 pi). Largeur : 1 m (3 pi) et plus. Maladies : pas de problèmes particuliers. Insectes : pas de problèmes particuliers. Particularité : tolère bien la chaleur et la sécheresse.
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Des plantes inusitées
Echium russicum Par Rock Giguère Nom scientifique
Echium russicum J.-F. Gmel.
Synonyme
Echium rubrum Moench. Jacq. non Forssk.
Nom commun
vipérine de Russie.
Famille Borraginacées. Les grandes inflorescences de fleurs bleues de la vipérine commune (Echium vulgare) charment toutes les personnes qui ont la chance de la voir en bordure de certains champs au début de juillet. Peu utilisée dans nos massifs floraux, cette plante indigène pourrait rivaliser en beauté avec plusieurs de nos plantes de jardin. À cet effet, nous avons fait l’essai de la vipérine de Russie (Echium russicum), une vipérine très rare de l’Europe de l’Est qui s’obtient facilement à partir de semis, tout comme la vipérine commune. Ses grands épis de fleurs rouge-violet sont très attrayants. Selon certains auteurs, cette plante ne serait rustique qu’en zone 9, mais d’autres estiment qu’elle résiste à des températures de – 20 °C ou moins. De toute façon, des spécimens ont survécu depuis 2 ou 3 ans et ont donné un bon rendement. Ceux qui aiment l’inhabituel seront satisfaits autant que ceux qui veulent attirer chez eux les papillons, les oiseaux et les abeilles.
Caractéristiques horticoles _ _ _ _ _ _ _ _
Sol : caillouteux et bien drainé. Exposition : plein soleil. Floraison : juillet. Hauteur : de 45 à 60 cm (18 à 24 po). Largeur : de 38 à 45 cm (15 à 18 po). Maladies : pas de problèmes particuliers. Insectes : pas de problèmes particuliers. Particularité : supporte très mal la transplantation.
Rock Giguère
Un autre secret bien gardé des conditions aléatoires de la rusticité : la vipérine de Russie, une plante que la littérature classe souvent comme rustique dans des zones beaucoup plus chaudes que la nôtre (zone 9), se comporte très bien actuellement dans quelques jardins québécois.
Des plantes à découvrir
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Hypericum androsaemum ‘Albury Purple’ Par Rock Giguère Nom scientifique
Hypericum androsaemum L. ‘Albury Purple’.
Nom commun
millepertuis androsème ‘Albury Purple’.
Autres noms communs androsème officinal ‘Albury Purple’, androsème ‘Albury Purple’. Famille
Clusiacées. Le millepertuis androsème ‘Albury Purple’, un joli petit arbuste originaire de la Méditerranée, est un véritable petit joyau horticole. D’abord son feuillage pourpre caduc (même si les feuilles brunâtres persistent sur le plant tout l’hiver) est fortement marginé de rouge-pourpre, beaucoup plus que l’espèce. Ses fleurs jaunes de 1,5 à 2 cm (1⁄4 à 3⁄4 po) ne sont pas spectaculaires mais assez intrigantes pour qu’on les remarque. Des fruits rouges globulaires, devenant noirs à maturité, suivent cette floraison et sont très attrayants, surtout que la floraison continue même si la fructification est commencée.
La plupart des ouvrages rapportent que ce petit arbuste couvre-sol n’est rustique qu’en zone 6 ou le mieux en zone 5b. Cependant, les observations sur le terrain prouvent que l’androsème a plus le comportement d’une plante herbacée vivace que celui d’un arbuste sous nos climats. Il peut résister à nos hivers jusqu’en zone 3b s’il y a une bonne couverture de neige. Il arrive qu’il gèle jusqu’au sol, mais comme les racines sont assez rustiques, il redémarre à partir de ses racines chaque printemps. Soyez patients et ne coupez pas les tiges trop Rock Giguère tôt au printemps, car même si vous pensez que les tiges de votre androsème ont gelé, certaines années Le millepertuis androsème ‘Albury Purple’ est un arbuste (comme en 2001), le feuillage réapparaît tout le long de la tige. cultivé chez nous comme une plante annuelle ayant la particularité de continuer à fleurir même lors de la formation de ses fruits ; il en résulte un joli contraste.
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Caractéristiques horticoles _ _ _ _ _ _ _ _
Sol : humide mais bien drainé. Exposition : soleil ou mi-ombragé. Floraison : mi-juillet à la fin d’août. Hauteur : 60 cm (2 pi). Largeur : de 60 à 90 cm (2 à 3 pi). Maladies : pas de problèmes particuliers. Insectes : pas de problèmes particuliers. Particularités : lorsqu’on frotte les feuilles, un parfum résineux s’en échappe. L’androsème peut se ressemer si l’emplacement lui convient.
Botanique et horticulture dans les jardins du Québec – Guide 2002
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Salvia patens Par Serge Harvey Nom scientifique
Salvia patens Cav.
Nom commun
sauge à larges fleurs.
Famille Labiées. Non seulement le Mexique est le centre d’origine de beaux genres tels que Dahlia et Zinnia, mais il l’est aussi pour plusieurs espèces de Salvia. Plusieurs de ces espèces offrent des fleurs dans les teintes de bleu, mais c’est certainement la sauge à larges fleurs (S. patens) qui est la plus éblouissante. Magnifique plante annuelle odorante, elle fait ressortir les jaunes et les orangés à merveille. Ainsi on peut créer des associations gagnantes avec l’achillée ‘Terra Cotta’ (Achillea ‘Terra Cotta’), l’immortelle de l’Himalaya (Anaphalis triplinervis), l’anthémis des teinturiers (Anthemis tinctoria), la molinie bleue (Molinia caerulea) ou la rue des jardins (Ruta graveolens).
Dave Demers
Le bleu intense et pur des fleurs de la sauge à larges fleurs ‘Cambridge Blue’ charme de façon incomparable le jardinier ou le visiteur qui s’attarde à l’observer.
En culture depuis sa découverte en 1838, cette plante aux feuilles lancéolées vert foncé est peu connue ici. En apparence, son port ressemble à la sauge écarlate (S. coccinea) et elle n’est guère plus florifère, ce qui expliquerait son impopularité. Cependant, la qualité du bleu et la taille de la fleur de la sauge à larges fleurs devraient largement compenser et confirmer sa supériorité par rapport aux quelques cultivars connus de la sauge écarlate. Ses fleurs sont opposées et en paire.
On peut aussi opter pour les cultivars suivants : ‘Alba’, fleurs blanches ; ‘Cambridge Blue’, fleurs bleu pâle ; Serge Harvey détient une ‘Chilcombe’, fleurs lilas.
maîtrise en agronomie obtenue à l’Université McGill en 1983. Il a été horticulteur à la Ville de Montréal, de 1984 à 1996, et est horticulteur à la Ville de Sainte-Foy depuis 1996. Il est membre du conseil d’administration des Orchidophiles de Montréal et de Québec. Il a introduit des plantes rares dans son jardin privé.
Caractéristiques horticoles _ _ _ _ _ _ _ _ _
Sol : bien drainé. Exposition : soleil. Floraison : fin de l’été et automne. Hauteur : 60 cm (2 pi). Largeur : de 45 à 60 cm (1 1⁄2 à 2 pi). Maladies : pas de problèmes particuliers. Insectes : pas de problèmes particuliers. Multiplication : semis, boutures ou division des tubercules. Particularité : la floraison est quelque peu sporadique et tardive.
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Solanum laciniatum Par Rock Giguère Nom scientifique
Solanum laciniatum Ait.
Nom commun
morelle à feuilles laciniées.
Synonyme
pomme kangourou.
Famille
Solanacées. En Australie et en Nouvelle-Zélande, cette plante forme un petit arbre de 4 m (13 pi) de hauteur. Cependant au Québec, il faut la cultiver comme une plante annuelle car elle n’est pas rustique dans nos régions. Elle résiste quand même à des froids de –7 °C. Il faut lui réserver une bonne surface dans nos plates-bandes. En effet, cette plante est de croissance très rapide et peut atteindre 2 m (6 pi) si l’emplacement lui convient. Elle arbore une forme érigée assez étroite à la base, ce qui nous permet de la faire jaillir entre des vivaces ou des petits arbustes. Ses fleurs bleu-pourpre aux étamines jaunes ressemblent à celles des pommes de terre (Solanum tuberosum). Elles sont composées de 5 pétales et mesurent de 3 à 5 cm (1 1⁄4 à 2 po). Elles sont suivies de grappes de fruits en forme d’œuf de 2 à 3 cm (3⁄4 à 1 1⁄4 po) de long, qui deviennent orange en mûrissant. Au Québec, nous ne pouvons les rendre à cette maturité. Mais ce sont surtout ses grandes feuilles laciniées pouvant atteindre 46 cm (18 po) qui lui confèrent un aspect ornemental très intéressant.
Rock Giguère
La morelle à feuilles laciniées présente au mois de juillet jusqu’aux gelées des fleurs bleu-pourpre ressemblant à celles de la pomme de terre. Ces fleurs paraissent très discrètes compte tenu que la plante peut atteindre facilement 2 m (6 pi) en une seule saison.
On peut facilement obtenir cette plante architecturale par semis. La germination prend de 2 à 3 jours à 20°C. Les graines ne demandent pas de traitements spéciaux. Il est cependant recommandé de les partir à l’intérieur, un peu comme les ricins (Ricinus), pour accélérer leur croissance au jardin et pour obtenir des plants qui se rendront jusqu’à la fructification.
Caractéristiques horticoles _ _ _ _ _ _ _
Sol : accepte presque tous les genres de sols. Exposition : soleil. Floraison : de la mi-juillet aux gelées. Hauteur : peut atteindre 2 m (6 pi) facilement. Largeur : 1,5 m (4 1⁄2 pi). Maladies : pas de problèmes particuliers. Insectes : pas de problèmes particuliers. Rock Giguère
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Des pivoines prometteuses Par Mano Capano Qui n’a pas déjà senti le parfum des pivoines dans le jardin de sa grand-mère ? Ces plantes vivaces magnifiques, à grosses fleurs doubles qu’il faut malheureusement tuteurer pour éviter que leurs tiges florales ne tombent au sol ! Le monde des pivoines nous réserve des surprises, car c’est un monde méconnu et extrêmement diversifié ! Il existe plus de 3 000 cultivars de pivoines (Paeonia) dans le monde, sans parler de la trentaine d’espèces botaniques. Des fleurs aux formes variées apparaissant dans toute une panoplie de couleurs. Des pivoines arbustives, herbacées et les toutes nouvelles pivoines « Intersectionnelles » ou Itoh. Les pivoines Itoh sont des hybrides résultant du croisement entre une pivoine herbacée et une pivoine arbustive. M. Toichi Itoh du Japon fut le premier à réussir un tel croisement pour créer les premières pivoines à fleurs véritablement jaunes, donnant vie à une nouvelle lignée d’hybrides : les pivoines Itoh. Ces pivoines sont d’une vigueur exceptionnelle et faciles de culture. Elles sont extrêmement rustiques, leur rusticité ayant été démontrée au moins jusqu’en zone 3, soit à ma pivoinerie située à Chicoutimi. Elles se propagent facilement par division. Leur feuillage meurt à l’automne et se renouvelle le printemps suivant comme c’est le cas pour toutes les pivoines herbacées. Ces nouveaux hybrides forment des plants robustes, avec un port remarquable. Les tiges sont fermes et ne nécessitent aucun tuteurage. Leur feuillage reste beau durant toute la saison, ce qui en fait une plante de choix dans les aménagements paysagers.
Mano Capano
Tout jardinier rêve de créer un jardin éternel, une œuvre qui défiera le temps et sera appréciée par les générations futures. Malheureusement, aucune vivace ne peut vivre aussi longtemps que les oliviers. Toutefois, comme certaines pivoines peuvent atteindre l’âge vénérable de 100 ans, en planter une dans son jardin, c’est s’offrir une portion d’éternité.
Albert Mondor Les fleurs des hybrides Itoh sont parfumées. Mais ce qui les rend si spéciales, c’est d’abord la beauté de leurs fleurs et la palette de coloris que l’on peut y retrouver : MONDOR, Albert. Le grand livre des vivaces. Les Éditions de des jaunes de différentes intensités, des fleurs jaunes dont le centre est irradié de l’Homme, Montréal, 2001, p. 9. rouge ou de rose, du blanc pur avec du pourpre. Cette coloration originale est souvent accompagnée de macules très contrastantes à la base des pétales. Certaines, comme ‘Lemon Dream’, surprennent alors que sur le même plant s’ouvrent des fleurs qui sont soit entièrement jaunes ou bicolores, soit jaune et rose. D’autres, comme ‘Kopper Kettle’, sont des plantes caméléons : la couleur de la fleur se transforme à mesure de son vieillissement, passant d’une couleur très foncée à des teintes très pâles à la fin de la floraison. L’effet est éblouissant car le même plant porte des fleurs dans un dégradé de couleurs correspondant aux différents stades de maturation de chacune.
Encore un petit plus : ces hybrides ont une période de floraison généralement plus longue que les autres pivoines. Plusieurs peuvent même refleurir à l’automne sous certaines conditions.
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Paeonia ‘Bartzella’ Une reine parmi les reines ! La pivoine ‘Bartzella’ (Anderson, 1986) est un plant robuste avec une abondance de larges fleurs jaunes, semi-doubles à doubles. Un jaune lumineux ! Chaque fleur mesure de 15 à 20 cm (6 à 8 po). L’intérieur de la fleur est maculé de rouge. La fleur dégage une légère odeur citronnée. Chaque plant peut avoir plus de 60 fleurs avec une floraison qui peut se prolonger de 2 semaines à 1 mois lorsqu’il a atteint sa maturité. Les fleurs sont portées par des tiges robustes et se tiennent bien en évidence au-dessus du feuillage. Cette pivoine fleurit en fin de mi-saison à Chicoutimi, la floraison débutant vers le 24 juin. Elle constitue une excellente plante pour la fleur coupée et séchée. Le plant peut atteindre 90 cm (3 pi). Les pivoines Itoh nous assurent un avenir des plus prometteurs si l’on se fie à la floraison de ce bijou de l’hybrideur américain Anderson : la pivoine ‘Bartzella’. Mano Capano
Paeonia ‘Cora Louise’ La douceur incarnée et… ma préférée ! ‘Cora Louise’ (Anderson, 1986) est une pivoine possédant d’énormes fleurs semi-doubles à doubles. La fleur, d’un lavande très pâle à l’ouverture, tourne graduellement au blanc pur. La base des pétales et l’intérieur de la fleur sont d’une magnifique couleur pourpre faisant bien ressortir un cœur d’étamines dorées. La fleur est légèrement parfumée. Les tiges sont robustes et mettent bien en évidence cette superbe fleur au-dessus du feuillage. Son feuillage vert foncé conserve sa beauté durant toute la saison. Cette pivoine atteint généralement 90 cm (3 pi). Elle fleurit à la mi-saison à Chicoutimi, à partir du 24 juin. Cora Louise était le nom de la grand-mère de M. Roger Anderson. Les nouvelles pivoines dont fait partie ‘Cora Louise’ présentent des couleurs jusqu’ici inédites chez les pivoines herbacées. Mano Capano
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Paeonia ‘First Arrival’ Une pivoine avec des fleurs en papier de soie ! C’est l’impression qui se dégage de cette pivoine. ‘First Arrival’ (Anderson, 1986) possède de larges fleurs semidoubles à doubles, de couleur rose lavande à l’ouverture, qui pâlissent avec le temps pour prendre une coloration rose pâle. La base de chaque pétale est maculée d’une couleur lavande foncé, laquelle conserve son intensité et ne pâlit pas. À mesure que la fleur avance en âge, le contraste s’accentue entre le centre lavande foncé et les pétales légèrement froissés rose pâle. Une fleur magnifique ! Cette pivoine fleurit abondamment en mi-saison, à Chicoutimi, vers le 20 juin. La fleur, parfumée, est portée bien au-dessus du feuillage sur des tiges fermes. Cette pivoine peut atteindre 90 cm (3 pi) de haut. Il est facile de constater avec la pivoine ‘First Arrival’ que la fleur de ces hybrides, issus du croisement d’une pivoine arbustive et d’une pivoine herbacée, ressemble plus à celle d’une pivoine arbustive. Mano Capano
Paeonia ‘Garden Treasure’ ‘Garden Treasure’ (Hollingworth, 1984) a un statut de vedette ! Elle est détentrice d’une médaille d’or décernée par l’American Peony Society en 1996. C’est une pivoine avec de grandes fleurs semi-doubles, d’un véritable jaune. La base de chaque pétale est légèrement tachée de rouge, ce qui donne beaucoup d’éclat au centre de cette fleur. Chaque tige porte de 1 à 3 bourgeons de fleurs s’ouvrant en séquence, permettant d’étirer la période de floraison sur plus de 2 semaines. La fleur est portée bien au-dessus du feuillage sur des tiges fermes. Les fleurs sont parfumées. Cette pivoine forme un plant vigoureux et rustique d’environ 75 cm (27 po) de hauteur, présentant une forme un peu plus compacte que ‘Bartzella’. Elle ne vous décevra pas et deviendra la vedette de votre jardin en juin. La pivoine ‘Garden Treasure’ a été couronnée grande championne au dernier congrès de l’American Peony Society. Mano Capano
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Paeonia ‘Julia Rose’ Une pivoine caméléon… ‘Julia Rose’ (Anderson, non enregistrée) porte des fleurs qui vont de simples à semi-doubles. À l’ouverture, la fleur est d’un rouge-cerise foncé qui se transforme graduellement vers un orangé saumon pour finalement devenir un mélange de crème et de rose pâle. L’effet est exceptionnel. Il est d’autant plus frappant lorsque le plant est à maturité, car à ce moment, vous pouvez avoir plus d’une quarantaine de fleurs à des stades différents de coloration. La fleur est portée bien au-dessus du feuillage sur des tiges fermes. Le plant atteint généralement 90 cm (3 pi). La floraison débute vers le 20 juin à Chicoutimi. Son feuillage vert foncé et ses tiges longues en font une excellente fleur coupée. En floraison, la pivoine ‘Julia Rose’ illuminera la plate-bande où vous l’avez placée de toutes les séquences d’apparition de ses couleurs. Les fleurs des pivoines Itoh sont comme les fleurs des rosiers de David Austin ; elles changent de couleur au fur et à mesure de leur floraison. La pivoine ‘Julia Rose’ possède ce caractère. Mano Capano
Paeonia ‘Morning Lilac’ La starlette de Chicoutimi ! Elle attire tous les regards. ‘Morning Lilac’ (Anderson, 1999) possède d’énormes fleurs simples à semi-doubles, d’un rose très foncé, presque fuchsia. Les pétales sont veinés de fines stries blanches. Le centre de la fleur est pourpre, presque noir et s’ouvre sur des carpelles rouges entourés d’un cœur d’étamines dorées. Les bords des pétales sont ondulés et découpés, donnant presque l’impression d’une rose grand format. Ses grandes fleurs sont portées sur des tiges très robustes. C’est une pivoine très florifère, présente d’année en année avec sa floraison remarquable. Elle est parfumée. Un bijou de pivoine ! Le plant peut atteindre 90 cm (3 pi). La floraison débute vers le 26 juin. La pivoine ‘Morning Lilac’ : un régal pour les yeux et d’une couleur qui nous montre que le merveilleux monde des pivoines n’a pas fini de nous étonner. Mano Capano
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Paeonia ‘Pastel Splendor’ Une pivoine au cœur saisissant ! La pivoine ‘Pastel Splendor’ (Anderson/Seidl, 1996) porte des fleurs simples à 2 rangs de 5 pétales. Les pétales sont d’un jaune très pâle, presque crème. Ils sont striés de fines lignes d’un rose très pâle. La marge de chaque pétale est bordée de rose. Le centre de la fleur attire le regard. Une ligule pourpre marque la base de chacun des 10 pétales, lesquels entourent une fine couronne d’étamines blanches. Ce contraste entre le cœur pourpre et les pétales d’un jaune très pâle illumine le centre de la fleur. Les tiges sont robustes et portent les fleurs bien au-dessus du feuillage. Le plant atteint 90 cm (3 pi) sous de bonnes conditions. Cette pivoine fleurit en mi-saison, c’est-à-dire vers le 20 juin à Chicoutimi.
Détentrice d’une maîtrise en environnement et diplômée de l’Université de Sherbrooke en 1982, Mano Capano est consultante en gestion d’enjeux, santé et environnement. Elle est productrice, à Chicoutimi, de nouvelles pivoines Itoh (30 cultivars différents) et de pivoines botaniques (20 espèces) dont elle évalue la rusticité en zone 3.
Comme toutes ses pareilles, la pivoine ‘Pastel Splendor’ fleurit vers la fête de la SaintJean-Baptiste et nous offre à ce moment un délicieux parfum. Mano Capano Jacques Allard
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Les suggestions de nos horticulteurs De même que notre agriculture canadienne exige une science agronomique canadienne, ainsi l’horticulture. Les conditions spéciales de notre climat et de notre sol réclament, en floriculture, tout autant qu’ailleurs, une rectification, une mise au point, que nous nous sommes efforcés de faire en écrivant ces pages. P.M. Léopold, o.c.r. LÉOPOLD, P.M. La culture des fleurs et le jardin paysager. Institut Agricole d’Oka, Oka, 1945, extrait de la préface.
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Les choix de Claude Par Claude Quirion Président de l’Association des amateurs d’hémérocalles de la région de Québec, Claude Quirion est le propriétaire du jardin privé Le Florilège à Saint-Gédéon (Beauce). C’est un jardin ouvert au public qui présente une collection de plus de 750 cultivars d’hémérocalles. On y hybride et vend des hémérocalles.
Hemerocallis ‘El Desperado’ Je vous propose une hémérocalle qui éclairera votre plate-bande au moment où les autres cultivars commenceront à montrer des signes de fatigue. ‘El Desperado’, un cultivar introduit en 1994 par Patrick Stamile, est d’un beau jaune moutarde garni d’un grand œil et d’un fin filigrane pourpre sur le pourtour de ses pétales. Sa fleur mesure 10,7 cm (4 po) et se développe sur des tiges de 60 cm (2 pi) de hauteur. Son feuillage dormant et la grande robustesse de cette plante en font un choix sûr pour les régions plus froides. Cette hémérocalle produit un massif sensationnel qui ensoleille, en raison de la couleur intense de ses fleurs, n’importe quelle partie d’une plate-bande. Qui plus est, comme elle fleurit plus tardivement que la plupart des autres, elle est un des seuls massifs qui continuent à agrémenter nos plates-bandes après la défaillance de nos autres hémérocalles. Souvent, les cultivars à floraison tardive subissent des malformations dans l’ouverture de leurs fleurs, mais celles de ‘El Desperado’ ouvrent toujours bien malgré les nuits plus froides du mois d’août et du début de septembre. Gagnant d’un AM (Award of Merit) en 2001 et d’un PC (President’s Cup) décerné à la meilleure talle d’hémérocalle en 2000, ce cultivar a été reconnu par l’AHS (American Hemerocallis Society). Les amateurs d’hémérocalles de la région 4 l’ont également classé parmi les 25 cultivars les plus populaires en 2000. Croyez-moi, ‘El Desperado’ se prépare un brillant avenir.
Caractéristiques horticoles _ _ _ _ _ _ _ _
Claude Quirion
Sol : ordinaire et léger. Exposition : soleil et mi-ombre. Floraison : août. Hauteur : 60 cm (2 pi). Largeur : 60 cm (2 pi). Maladies : pas de problèmes particuliers. Insectes : pas de problèmes particuliers. Particularités : cultivar tétraploïde ; feuillage dormant (meurt à l’automne).
L’hémérocalle ‘El Desperado’, à floraison tardive, illumine le jardin à la fin de l’été avec ses fleurs d’un beau jaune moutarde.
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Hemerocallis ‘Fooled Me’ Si vous avez une plate-bande un peu à l’écart qui intéresse moins vos visiteurs, placez-y un plant d’hémérocalle ‘Fooled Me’. Celle-ci capte l’attention et invite naturellement le visiteur à s’y approcher pour admirer la finesse de ses fleurs. Voilà donc une bonne façon de remettre en valeur un coin de votre jardin un peu délaissé. Le cultivar ‘Fooled Me’ a été introduit en 1990 par Reilly. Sa fleur de 13,5 cm (5 po) est jaune doré et est enjolivée d’un grand œil rouge bien démarqué. Un fin filigrane rouge borde ses pétales. L’embranchement des tiges est parfait. Son feuillage est dormant et le plant est d’une très grande robustesse, ce qui est un atout important dans les jardins des régions plus froides. Sa floraison est hâtive à mi-saison. Au point de vue performance, je classe ce cultivar parmi les cinq premiers de mon jardin. ‘Fooled Me’ a gagné un HM (Honorable Mention) en 1998. En 2001, cette hémérocalle a gagné un AM (Award of Merit). Sur ce plan, elle devient donc reconnue officiellement. De plus, au point de vue de sa popularité, les amateurs de la région 4 de l’AHS (Québec, Ontario, Maritimes et NouvelleAngleterre) la classent parmi les 10 premières depuis 5 ans. Enfin, une autre caractéristique très intéressante de ce cultivar est sa grande fertilité. Cette hémérocalle est un parent remarquable, ce qui en fait un excellent choix pour tous ceux qui veulent faire de l’hybridation. Adoptez ce cultivar, il deviendra très rapidement un point de mire dans votre jardin.
Caractéristiques horticoles _ _ _ _ _ _ _ _
Sol : ordinaire et léger. Exposition : soleil et mi-ombre. Floraison : fin juillet. Hauteur : 60 cm (2 pi). Largeur : 60 cm (2 pi). Maladies : pas de problèmes particuliers. Insectes : pas de problèmes particuliers. Particularités : cultivar tétraploïde ; feuillage dormant (meurt à l’automne).
Claude Quirion
L’hémérocalle ‘Fooled Me’ accroche le regard de l’amateur d’hémérocalles et du visiteur de notre jardin à cause de la finesse de ses fleurs.
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Hemerocallis ‘Moonlit Masquerade’ Parmi tous les nouveaux cultivars d’hémérocalles qui furent créés au cours de la dernière décennie, plusieurs se démarquent nettement. Mais si j’avais à choisir celui qui deviendra une future vedette, j’opterais pour ‘Moonlit Masquerade’ (Salter, 1992). Ses fleurs crème de 14,2 cm (5 1⁄2 po) de diamètre sont enjolivées d’un œil pourpre et d’une gorge verte. Sa floraison est hâtive à mi-saison. En termes de rusticité, c’est un cultivar qui résiste très bien aux rigueurs de la zone 3. Les amateurs d’hémérocalles ne cessent de faire l’éloge de ce cultivar. Le sondage de popularité mené chaque année par l’American Hemerocallis Society (AHS) a révélé qu’en l’an 2000, elle se classait troisième, après ‘Strawberry Candy’ et ‘Barbara Mitchell’, toutes deux déjà médaillées, au niveau de tout le territoire américain et canadien et cinquième dans la sousrégion 4 (Québec, Ontario, Maritimes et NouvelleAngleterre). En outre, l’AHS lui a décerné une HM (Honorable Mention) en 1999. Ce prix conduit souvent à d’autres prix plus prestigieux, dont l’AM (Award of Merit) et surtout la SSM (Stout Silver Medal), cette dernière mention étant accordée à un seul cultivar par année et constituant le prix ultime pour une hémérocalle. Les commentaires les plus élogieux qu’on peut lire sur ce cultivar touchent sa grande rusticité, sa belle performance au niveau de la floraison, son beau port et, bien sûr, la beauté de ses fleurs. Foi d’un mordu d’hémérocalles, ‘Moonlit Masquerade’ se prépare une belle carrière de vedette.
Claude Quirion
Plusieurs beaux hybrides ont été créés ces dernières années dans le monde des hémérocalles, mais ‘Moonlit Masquerade’ se démarque nettement et est promis à un bel avenir.
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Caractéristiques horticoles _ _ _ _ _ _ _ _
Sol : ordinaire et léger. Exposition : soleil et mi-ombre. Floraison : fin juillet. Hauteur : 65 cm (26 po). Largeur : 65 cm (26 po). Maladies : pas de problèmes particuliers. Insectes : pas de problèmes particuliers. Particularité : cultivar tétraploïde.
L’apparition des fleurs jaune-orange d’hémérocalles (Hemerocallis), sur le bord des routes, est le signe que l’été est arrivé ; je me souviens que je les voyais, quand j’étais petite, par les fenêtres de la voiture, alors que nous roulions vers la côte. Martha Stewart STEWART, Martha. L’art de jardiner. La Maison Rustique, Paris, 1992, p. 204.
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Hemerocallis ‘Strawberry Candy’ Il y a une hémérocalle qui se distingue parmi toutes les autres, tant au point de vue de sa performance que de sa popularité. Cette reine des reines, c’est ‘Strawberry Candy’. Créée en 1989 par Patrick Stamile, cette hémérocalle raffinée produit des fleurs d’un beau rose corail agrémentées d’un œil rouge et d’un cœur or. La grandeur de ses fleurs est d’environ 11 cm (4 po) et la bordure de ses pétales est finement ondulée. Cette hémérocalle d’une remarquable beauté se développe en une talle magnifique d’environ 65 cm (26 po) de hauteur. Son feuillage est semi-persistant et elle fleurit en mi-saison. Ce cultivar a gagné une multitude de prix. Parmi les principaux, mentionnons l’AM (Award of Merit) en 1996, l’ATGA (Annie T. Gilles Award) en 1994 accordé à la meilleure petite hémérocalle, le DCSA (Don C. Stevens Award) en 1995 accordé au meilleur cultivar à œil ou à bande centrale. Enfin, la SSM (Stout Silver Medal), le prix par excellence chez les hémérocalles, lui a été décernée en 1998. Outre ces prix, les concours de popularité organisés dans les différentes régions de l’American Hemerocallis Society (AHS) la classent bonne première dans toute l’Amérique du Nord et dans presque toutes les régions de cette société. En conclusion, l’hémérocalle ‘Strawberry Candy’ réunit toutes les qualités recherchées pour une plante vivace : rusticité, fleurs spectaculaires et feuillage décoratif. Si je n’avais qu’une hémérocalle à cultiver dans mon jardin, ‘Strawberry Candy’ serait mon premier choix.
Caractéristiques horticoles _ _ _ _ _ _ _ _
Sol : ordinaire et léger. Exposition : soleil et mi-ombre. Floraison : fin juillet. Hauteur : 66 cm (26 po). Largeur : 66 cm (26 po). Maladies : pas de problèmes particuliers. Insectes : pas de problèmes particuliers. Particularités : cultivar tétraploïde. A gagné toutes les médailles possibles.
Claude Quirion
L’hémérocalle ‘Strawberry Candy’, la reine des reines, a gagné plusieurs prix et mérite une place de choix dans nos plates-bandes.
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Les choix de Daniel Par Daniel Fortin Ethnobotaniste de formation, Daniel Fortin est horticulteur au Centre de la Nature de la ville de Laval. Il est fondateur et président de la Société Art et Jardin du Québec. Il a rédigé plusieurs ouvrages horticoles dont Roses et rosiers pour le Québec et l’est du Canada et plusieurs tomes sur les vivaces. Il est un conférencier horticole réputé.
Il existe des milliers de rosiers disponibles dans les bonnes pépinières ou auprès des firmes spécialisées. Ceuxci sont regroupés en plusieurs catégories selon leur origine ou leurs géniteurs. Certaines de ces catégories sont bien connues d’un large public initié à la culture des rosiers. Ainsi, les rosiers hybrides de Thé, grandiflora, floribunda, les rosiers arbustifs, les rosiers anciens et les rosiers anglais sont parmi les plus utilisés et les plus demandés dans les pépinières. Chaque année des dizaines de nouveaux cultivars arrivent sur le marché et les descriptions de ceux-ci nous promettent «monts et merveilles»… Malheureusement la réalité les rattrape et ces merveilleux rosiers donnent quelquefois des plants mal adaptés à nos conditions de culture. Choisir des rosiers performants et rustiques est relativement facile, mais découvrir des rosiers remarquables est une question d’expérimentations et de temps. Les critères établissant les caractéristiques d’exception chez les rosiers peuvent être sujets à discussions et à polémiques ; ceux-ci varient considérablement selon les personnes consultées. Je crois personnellement qu’un rosier remarquable pour le Québec doit posséder une excellente rusticité, présenter un rapport fleurs/feuillage intéressant, une bonne résistance aux maladies et une floraison continue et abondante. Pour toutes ces raisons, mon choix de rosiers remarquables se porte tout naturellement sur les rosiers arbustifs rustiques.
Le rosier ‘Bonica’ 82.
Jacques Allard
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Rosa ‘Bonica’ 82 Nom scientifique
Rosa L. ‘Bonica’.
Nom commun
rosier ‘Bonica’.
Famille Rosacées. Je ne saurais passer sous silence les qualités remarquables du rosier ‘Bonica’ 82. Ce cultivar est, à mon avis, le plus illustre représentant d’un groupe de rosiers arbustifs offerts par la firme MeillandRichardier de France connu sous le nom de rosiers Meidiland. Ce cultivar, vendu sous le nom de ‘Bonica’, a gagné la distinction All-American Rose Selection en 1987. Ce plant rustique (zone 4a) présente un port étalé à semi-érigé, de 50 à 90 cm (20 à 36 po) de hauteur et de 1 à 1,5 m (3 à 5 pi) d’étalement. Entre la fin juin et les fortes gelées d’automne, il porte un grand nombre de corymbes composés de 8 à 12 fleurs bien doubles comptant jusqu’à 40 pétales d’un rose pâle à rose moyen lorsque le temps fraîchit. Il demande une situation ensoleillée. Ce rosier à la floraison abondante et continue convient aussi bien à une plate-bande mixte avec d’autres arbustes ou des vivaces qu’en massif. Sa culture en pot n’entrave nullement son abondante floraison. Il requiert peu de soins mais demande une fertilisation régulière pour offrir son plein potentiel de floraison. Sa résistance aux maladies est excellente. Une taille courte, au printemps, ne laissant que 15 à 20 cm de tige, favorise la vigueur des plants.
Caractéristiques horticoles _ _ _ _ _ _ _ _
Sol : riche, profond et bien drainé. Exposition : soleil (de 10 heures à 16 heures). Floraison : fin juin et ensuite floraison continue. Hauteur : 90 cm (36 po). Largeur : 1,5 m (5 pi). Maladies : pas de problèmes particuliers. Insectes : pas de problèmes particuliers. Particularités : taille printanière préférable. Peut être utilisé comme rosier couvre-sol.
Jacques Allard
Le rosier ‘Bonica’ 82 mérite amplement le succès qu’il remporte, car il forme un joli petit buisson compact arborant généreusement de mignonnes petites fleurs roses jusqu’au début des grands froids.
Je cultive ces quatre rosiers remarquables depuis une dizaine d’années dans mon propre jardin. Bien qu’il existe un grand nombre d’autres cultivars tout aussi intéressants, je crois que cette sélection saura plaire à un grand nombre d’amateurs exigeants. Daniel Fortin
Les suggestions de nos horticulteurs
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Rosa ‘Hope of Humanity’ Nom scientifique
Rosa L. ‘Hope of Humanity’.
Nom commun
rosier ‘Hope of Humanity’.
Famille Rosacées. Le cultivar ‘Hope of Humanity’ plaira particulièrement à l’amateur de rosiers modernes. Il ressemble beaucoup à un rosier floribunda par son port et ses fleurs. C’est un hybride d’obtention complexe provenant des rosiers arbustifs ‘Prairie Princess’, ‘Morden Amorette’, ‘Morden Cardinette’, Rosa rugosa et Rosa arkansana. Il fut développé par Agriculture Canada à la station de Morden au Manitoba et introduit en 1999 sur les marchés horticoles. Très rustique (zone 3), il ne craint pas nos hivers rigoureux. D’un port semi-étalé, il mesure environ 50 à 60 cm (20 à 24 po) de hauteur et légèrement plus en étalement. Ses fleurs doubles de 7 à 8 cm (2 3⁄4 à 3 po) de diamètre sont d’un rouge intense. Chaque tige porte à son sommet entre 2 et 15 fleurs. La floraison est quasi continue. La résistance aux maladies est bonne. Il faut cependant noter que sa croissance est lente mais il est peu affecté par le mildiou en fin de saison contrairement à un autre excellent cultivar, ‘Champlain’, mis au point par Agriculture Canada à Ottawa.
Caractéristiques horticoles
Rock Giguère
Encore une belle réussite qui nous provient de la station de recherches d’Agriculture Canada à Morden au Manitoba. Le rosier ‘Hope of Humanity’ a une belle apparence de rosier moderne.
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_ Sol : riche, profond et bien drainé. _ Exposition : soleil (de 10 heures à 16 heures). _ Floraison : fin juin et quasi continue par la suite. _ Hauteur : de 50 à 60 cm (20 po à 2 pi). _ Largeur : 60 cm (2 pi). _ Maladies : bonne résistance au mildiou, à la rouille et à la tache noire. _ Insectes : pas de problèmes particuliers. _ Particularités : nommé en l’honneur du 100e anniversaire de la Société canadienne de la Croix Rouge. Taille printanière nécessaire.
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Rosa ‘Morden Blush’ Nom scientifique
Rosa L. ‘Morden Blush’.
Nom commun
rosier ‘Morden Blush’.
Famille Rosacées. Décidément, la station de recherche de Morden propose des rosiers de grande valeur. Elle a produit un autre cultivar intéressant qui mérite d’être implanté dans nos jardins : le rosier ‘Morden Blush’. Ce rosier fut homologué en 1988 ; il est issu d’une hybridation complexe dont les géniteurs sont ‘Prairie Princess’, ‘Morden Amorette’, ‘White Bouquet’, ‘Assiniboine’ et le Rosa arkansana. C’est un petit arbuste rustique (zone 3), de croissance lente, mesurant de 50 à 80 cm (20 à 31 po) de hauteur et autant en étalement. Très tolérant à la chaleur, ce rosier aux fleurs doubles, de 6 à 7 cm (2 1⁄2 à 2 3⁄4 po) de diamètre, rose pêche très pâle durant les périodes chaudes de l’été et rose pêche plus foncé lorsque le temps fraîchit, est parfait en devanture d’une platebande d’arbustes ou de vivaces. Pour un arbuste vigoureux et florifère, des apports d’engrais réguliers sont recommandés. Ce cultivar offre une excellente résistance aux maladies.
Caractéristiques horticoles _ _ _ _ _ _ _ _
Sol : riche, profond et bien drainé. Exposition : soleil (de 10 heures à 16 heures). Floraison : fin juin jusqu’à l’automne. Hauteur : 80 cm (31 po). Largeur : 80 cm (31 po). Maladies : pas de problèmes particuliers. Insectes : pas de problèmes particuliers. Particularité : la fleur ressemble à une rose ancienne.
Rock Giguère
Le langage de la rose La rose a beaucoup influencé nos expressions courantes : Ce n’est pas rose : ce n’est pas agréable. Envoyer quelqu’un sur les roses : se débarrasser vivement de quelqu’un. Être fraîche comme une rose : avoir l’air reposé. Ne pas sentir la rose : sentir mauvais. Roman à l’eau de rose : roman sentimental. Voir la vie en rose : être optimiste. Les suggestions de nos horticulteurs
Les fleurs panachées de rose et de blanc du rosier ‘Morden Blush’, obtenu en 1988, rappellent la beauté des roses anciennes.
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Rosa ‘Prairie Dawn’ Nom scientifique
Rosa L. ‘Prairie Dawn’.
Nom commun
rosier ‘Prairie Dawn’.
Famille
Rosacées. Le cultivar ‘Prairie Dawn’ est moins connu des amateurs et nous le déplorons. Moins en demande, sa disponibilité est moindre dans les pépinières. Ce rosier est également issu d’un croisement complexe effectué par les chercheurs de la ferme expérimentale d’Agriculture Canada, en 1959. Ce grand arbuste est passé inaperçu bien qu’il possède des qualités ornementales indéniables. Rustique en zone 3, il mesure de 1,5 à 2,2 m (5 à 7 pi) de hauteur et même plus si les tiges sont palissées ; son étalement est de 1,2 à 1,7 m (4 à 5 1⁄2 pi). Il croît aussi bien en situation pleinement ensoleillée que légèrement ombragée. Les fleurs, bien formées, sont semi-doubles à doubles et d’un coloris rose moyen. Sa floraison est bonne à la fin de juin et il porte des fleurs de façon continue jusqu’à la fin d’octobre. Ce rosier arbustif est parfait pour constituer un écran ou une haie libre de haute taille. Une fois ses tiges palissées, ce rosier devient un grimpant pouvant atteindre de 2,2 m (7 pi) à plus de 3 m (10 pi) de hauteur. C’est comme rosier grimpant que ce cultivar est remarquable ; c’est pour cette raison que je n’hésite pas à le conseiller sans réserve. De plus, il est résistant au blanc et à la tache noire.
Caractéristiques horticoles
Jacques Allard
Le rosier ‘Prairie Dawn’ est un beau rosier arbustif, rustique presque partout au Québec, qui présente plusieurs fleurs doubles roses à la fin de juin et au début de juillet et ensuite de façon sporadique jusqu’à l’automne.
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_ _ _ _ _ _ _ _
Sol : riche, profond et bien drainé. Exposition : soleil, tolère un peu d’ombre. Floraison : fin juin et continue par la suite. Hauteur : 3 m (10 pi). Largeur : 1,7 m (5 1⁄2 pi). Maladies : pas de problèmes particuliers. Insectes : pas de problèmes particuliers. Particularité : fleurs légèrement parfumées.
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Les choix de Frank Par Frank Moro Vice-président de l’International Lilac Society en 2001 et vice-président régional pour l’est du Canada, Frank Moro est propriétaire de la Pépinière Select Plus Internationale à Mascouche où sont vendus plus de 1 000 cultivars différents du genre Syringa au Canada, aux États-Unis, en Allemagne, au Japon, en Australie, etc.
Lorsqu’on m’a demandé d’écrire sur mes quatre lilas préférés, c’était comme nommer l’enfant que je préfère parmi ma progéniture. C’est aussi difficile et très subjectif. En effet, les raisons qui font qu’un tel lilas plaît à une personne diffèrent souvent des critères d’évaluation d’une autre personne. J’ai donc choisi ceux qui m’ont le plus émerveillé année après année. La plupart du temps, les lilas présentés par les jardineries sont littéralement ennuyeux pour moi car ce sont tous des cultivars très connus et traditionnels. Il y a tellement de spécimens que les gens n’ont pas vus qu’on ne peut imaginer toutes les beautés exceptionnelles du genre Syringa.
L’histoire des lilas en est une de résistance et de beauté. C’est une partie de notre histoire et un héritage de plusieurs générations. J’ai certainement omis quelques éléments de valeur, je sollicite votre pardon, si j’ai trop favorisé les introductions récentes, je demande votre indulgence. Je l’ai fait de cette façon pour vous montrer que le lilas n’est pas un arbuste du passé mais plutôt une plante présentant beaucoup de nouveautés et d’émotions à travers son développement et son évolution. Père John Fiala FIALA Fr., John L. Lilacs, The Genus Syringa. Timber Press, Portland, 1988, p. 2. Rock Giguère
Syringa vulgaris ‘Znamya Lenina’
Les suggestions de nos horticulteurs
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Syringa chinensis ‘Duplex’ Nom scientifique
Syringa chinensis Schmidt ex Willd. ‘Duplex’.
Nom commun
lilas de Rouen ‘Duplex’.
Autre nom commun
lilas de Chine ‘Duplex’.
Famille
Oléacées. Le lilas de Rouen (Syringa chinensis) obtenu vers 1795 provient du jardin botanique de Rouen, en Normandie, et non de la Chine comme son nom scientifique le laisse supposer. Ce lilas fleurit un peu avant le lilas commun et ses hybrides. Présentant une forme érigée plutôt large, cet arbuste produit de très grosses panicules de fleurs pourpre clair. Ses fleurs sont très parfumées. Seulement quelques hybrides ont été développés à partir de ce lilas comme ‘Bicolor’ aux fleurs grises et violettes et ‘Saugeana’ aux fleurs rougeâtres. Un nouveau spécimen vient d’être retrouvé, ‘Duplex’. Il est si rare et unique qu’il mérite d’être popularisé.
Le lilas chinois ‘Duplex’ figure parmi les premiers lilas à nous offrir de délicates fleurs parfumées au printemps.
La redécouverte d’hybrides oubliés est une aventure passionnante parce qu’elle est rarissime. Notre découverte devient comme une pièce de musée et ceux qui ont la chance de l’acquérir en sont très fiers. À cet égard, le lilas de Rouen ‘Duplex’ est un bon exemple de « retrouvailles » fort heureuses pour notre monde horticole. D’abord, on pensait que cet hybride de Lemoine obtenu en 1897 n’existait plus, jusqu’à ce que Colin Chapman de l’International Lilac Society retrouve sa trace dans des écrits russes qui faisaient référence à un lilas de Chine à fleurs doubles. ‘Duplex’, aux fleurs rouge lavande, fut donc retrouvé dans un coin de la Russie et il peut de nouveau être accessible aux amateurs de lilas.
Caractéristiques horticoles _ _ _ _ _
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Sol : neutre, profond et bien drainé. Exposition : soleil. Floraison : fin mai, début juin. Hauteur : 4,5 m (13 1⁄2 pi). Largeur : 4,5 m (13 1⁄2 pi).
_ Maladies : pas de problèmes particuliers. _ Insectes : pas de problèmes particuliers. _ Particularités : ce lilas est actuellement vendu en quantités limitées dans la jardinerie de l’auteur. Il fait partie de sa collection de « survivants ».
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Syringa meyeri ‘Snowstorm’ Nom scientifique
Syringa meyeri C.K. Schneider ‘Snowstorm’.
Nom commun
lilas de Corée ‘Snowstorm’.
Famille Oléacées. Le lilas de Corée ‘Palibin’ (Syringa meyeri ‘Palibin’) est très populaire auprès des jardiniers depuis 2 ou 3 ans, en raison de sa taille réduite et de sa belle forme buissonnante, très touffue. Ce lilas fleurit même s’il est très jeune, ce qui est un atout supplémentaire pour le jardinier. Il se permet même parfois de refleurir à l’automne. Le lilas de Corée arbore une panicule de fleurs simples rose violet de 10 cm (4 po) de longueur. Développé ici au Québec en 1998, à la pépinière Select Plus Internationale, nous pouvons maintenant obtenir un lilas de Corée à la floraison blanche. Le cultivar ‘Snowstorm’ a été obtenu par semis à partir de Syringa meyeri ‘Palibin’ et est le premier lilas de dimension réduite à présenter une floraison blanche. Il est aussi parfumé que Le lilas de Corée ‘Snowstorm’ son parent ‘Palibin’. Ses bourgeons floraux sont roses et les fleurs simples sont d’un beau blanc pur. est de petite taille, à forme compacte qui convient parfaitement aux petits jardins.
Il peut être planté en isolé dans une pelouse ou intégré à un massif floral. Il peut aussi servir à former une belle haie naturelle.
Caractéristiques horticoles _ _ _ _ _ _ _ _
Sol : bien drainé. Exposition : soleil. Floraison : début juin. Hauteur : de 1 à 1,5 m (3 à 4 1⁄2 pi). Largeur : 3 m (10 pi). Maladies : pas de problèmes particuliers. Insectes : pas de problèmes particuliers. Particularités : les bourgeons floraux sont sensibles aux gelées printanières. Très résistant au mildiou.
Frank Moro
Les suggestions de nos horticulteurs
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Syringa vulgaris ‘Windsong’ Nom scientifique
Syringa vulgaris L. ‘Windsong’.
Nom commun
lilas commun ‘Windsong’.
Famille
Oléacées. Le père John Fiala a fortement contribué au développement et à la connaissance du genre Syringa. Il a d’ailleurs rédigé le seul livre contemporain sur le sujet (voir l’encadré à la page 71). Lors de sa brillante carrière d’hybrideur, il a effectué plusieurs croisements intéressants et un de ceux-ci nous a donné le magnifique lilas commun ‘Windsong’, homologué en 1984. C’est lors du congrès annuel de l’International Lilac Society en l’an 2000 que ce lilas a été véritablement remarqué pour la première fois. Tous les participants, qui venaient principalement des États-Unis et du Canada, ont pu sentir le parfum incomparable de ‘Windsong’ à Mascouche. Ses fleurs simples sont roses et apparaissent sur une énorme panicule de fleurs.
Frank Moro
Le père John Fiala, un grand amant des lilas et un hybrideur renommé, nous a laissé le beau lilas commun ‘Windsong’ en héritage. Celui-ci arbore d’énormes panicules de fleurs roses au printemps.
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Ceux qui veulent des lilas particuliers peuvent opter sans crainte pour les lilas du père Fiala. En effet, lorsque nous voulons monter une collection de plantes, nous le faisons en sélectionnant un groupe (les conifères), un genre (Hemerocallis ou Paeonia) ou la couleur des fleurs (jardin blanc). Une manière de collectionner un végétal aussi noble que le lilas serait de choisir les lilas en fonction d’un hybrideur ! Le genre Syringa permet cela facilement.
Caractéristiques horticoles _ _ _ _ _
Sol : riche en humus et bien drainé. Exposition : soleil, ombre légère. Floraison : fin mai, début juin. Hauteur : 3 m (10 pi). Largeur : 3 m (10 pi).
_ Maladie : sensible à l’oïdium s’il est trop à l’ombre. _ Insectes : mineuse du lilas. _ Particularités : thyrses énormes. Parfum fort. Disponible uniquement dans les pépinières spécialisées.
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Syringa vulgaris ‘Znamya Lenina’ Le monde des lilas ne serait pas aussi fantastique si l’hybrideur russe Leonid Alekseevitch Kolesnikov (18931973) ne nous avait pas donné une série de lilas, commercialisés aujourd’hui sous le nom de « lilas russes ». C’est le très beau lilas ‘Krasavitsa Moskvy’, parfois faussement appelé par sa traduction française ‘Beauté de Moscou’, qui a ouvert le bal. Kolesnikov a créé des cultivars du lilas commun (Syringa vulgaris) en utilisant presque exclusivement des hybrides de Victor Lemoine, appelés communément « lilas français ». Comme chez Lemoine, les préférences de l’hybrideur russe allaient pour les lilas à fleurs doubles, même très doubles. Mon coup de cœur pour les lilas de Kolesnikov va pourtant à un lilas à fleurs simples, le cultivar ‘Znamya Lenina’. Ce nom signifie « La bannière de Lénine ». Cette appellation lui convient parfaitement compte tenu du contraste entre le rouge pourpre foncé de ses bourgeons et le rouge violacé nuancé cerise de ses pétales simples. Les thyrses (inflorescences ressemblant à une grappe mais qui sont un regroupement de cymes) sont énormes et les effluves qui émanent de ‘Znamya Lenina’ sont excessivement forts. C’est vraiment un des plus beaux lilas introduits par Kolesnikov parmi ses variétés à floraison foncée. Ce lilas a comme parent le magnifique lilas de Lemoine ‘Congo’ (1896), un cultivar du Syringa vulgaris aux fleurs simples rouge foncé.
Caractéristiques horticoles _ _ _ _ _ _ _ _
Rock Giguère
Sol : riche en humus et bien drainé. Exposition : soleil, ombre légère. Floraison : fin mai, début juin. Hauteur : 3 m (10 pi). Largeur : 3 m (10 pi). Maladie : sensible à l’oïdium s’il est trop à l’ombre. Insectes : mineuse du lilas. Particularités : un des plus beaux lilas jamais hybridé. Disponible uniquement dans les pépinières spécialisées.
Après la guerre froide entre l’URSS et les États-Unis, le monde occidental a eu accès aux magnifiques lilas de l’hybrideur russe Kolesnikov, dont l’exubérant lilas commun ‘Znamya Lenina’ aux fleurs rouge-pourpre foncé.
Les suggestions de nos horticulteurs
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Les choix de Georges Par Georges Gingras Il est horticulteur et producteur de plantes vivaces et de végétaux particuliers pour la jardinerie Les Fines Vivaces qu’il a exploitée pendant plus de 15 ans à SaintNicolas. Chaque année, Georges Gingras ajoute plusieurs nouveautés horticoles. De plus, il est un conférencier horticole recherché.
Hosta ‘Guacamole’ Ce cultivar a été choisi par l’American Hosta Society (AHS) comme le hosta de l’année 2002. Il a été hybridé par Solberg en 1994. C’est une mutation obtenue à partir du hosta ‘Fragrant Bouquet’ homologué par Aden en 1982. C’est un hosta de taille moyenne avec 60 cm (2 pi) de hauteur sur 130 cm (50 po) de largeur. Les feuilles luisantes, aux nervures apparentes, avec une longueur de 45 cm (18 po) et une largeur de 35 cm (14 po), ont un centre vert pomme irradiant dans une bordure très irrégulière vert foncé. Les fleurs lavande pâle, presque blanches, sont odorantes. Elles sont très serrées sur la hampe florale, jaillissant juste au-dessus du feuillage en août. De croissance rapide, les feuilles ne semblent pas attirer les limaces. Le hosta ‘Guacamole’ pousse dans un sol frais, riche en humus. Il devient majestueux dans un endroit qui présente une ombre légère. Cette plante sans problème fait un très bel effet en compagnie d’astilbes de Thunberg (Astilbe thunbergii), de pulmonaires (Pulmonaria) ou de primevères du Japon (Primula japonica).
Caractéristiques horticoles _ _ _ _ _ _ _ _
Rock Giguère
Hosta de l’année 2002, le cultivar ‘Guacamole’ garde bien sa couleur tout l’été et ses fleurs lavande pâle presque blanches parfument l’air en août.
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Sol : riche et frais. Exposition : mi-ombre à ombre. Floraison : août. Hauteur : 60 cm (2 pi). Largeur : 130 cm (50 po). Maladies : pas de problèmes particuliers. Insectes : pas de problèmes particuliers. Particularités : un des hybrides les plus excitants parmi les récentes introductions. Fleurs parfumées.
Comme le dit justement R. Dumay dans son excellent petit livre Les jardins d’agrément, il faut distinguer entre le « jardin d’ombre » qui est conçu en tout ou en partie pour donner de l’ombre et le « jardin à l’ombre » qui se trouve être un fait accompli dont il faut essayer de tirer le meilleur parti. Roger Van den Hende VAN DEN HENDE, Roger. « Le jardin à l’ombre ». Forêt Conservation, décembre 1980, p. 34. Botanique et horticulture dans les jardins du Québec – Guide 2002
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Hosta ‘Pandora’s Box’ Ce petit hosta a été hybridé par Hansen à la jardinerie Shady Oaks Nursery au Minnesota en 1996, ayant comme parent le hosta ‘Baby Bunting’, un hybride de Savory produit en 1982. En 1997, la jardinerie Shady Oaks Nursery présenta ce hosta à la convention de l’American Hosta Society (AHS). Mis aux enchères, le cultivar ‘Pandora’s Box’ fut adjugé 600 $US. Ce hosta nain ne dépasse pas 15 cm (6 po) de hauteur pour atteindre de 25 à 30 cm (10 à 12 po) de largeur à l’âge adulte. Les feuilles de 12 cm (5 po) de longueur sur 5 cm (2 po) de largeur ont un centre blanc pur s’irradiant dans une large bordure vert foncé. Les fleurs lavande apparaissent au-dessus du feuillage, au début de l’été. ‘Pandora’s Box’ est susceptible d’être attaqué par les limaces. Pour le protéger, il suffit de saupoudrer le sol de sable pour filtre de piscine ou de terre diatomée. Ce hosta d’une grande valeur ornementale peut être installé en premier plan dans un milieu ombragé, dans un sol frais et riche en humus, en compagnie d’astilbes à feuille simple (Astilbe simplicifolia) ou d’astilbes nains (Astilbe chinensis ‘Pumila’), de primevères communes (Primula vulgaris), de tiarelles à feuille en cœur (Tiarella cordifolia) ou de buglosses de Sibérie (Brunnera macrophylla). Rock Giguère
Caractéristiques horticoles _ _ _ _ _ _ _ _
Sol : riche et frais. Exposition : mi-ombre à ombre. Floraison : août. Hauteur : 15 cm (6 po). Largeur : de 25 à 30 cm (10 à 12 po). Maladies : pas de problèmes particuliers. Insectes : vulnérable aux attaques des limaces. Particularités : un des plus petits hostas panachés. Peut être employé dans les rocailles.
Hosta de l’année L’American Hosta Society (AHS) a nommé un « hosta de l’année » depuis 1996. 1996 : ‘So Sweet’. 1997 : ‘Patriot’. 1998 : ‘Fragrant Bouquet’. 1999 : ‘Paul’s Glory’. 2000 : ‘Sagae’. 2001 : ‘June’. 2002 : ‘Guacamole’. 2003 : ‘Regal Splendor’.
Les suggestions de nos horticulteurs
Issu de la célèbre jardinerie américaine Shady Oaks Nursery, le hosta ‘Pandora’s Box’, qui ne dépasse pas 15 cm (6 po), constitue une belle plante de bordure.
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Hosta ‘Regal Splendor’ Ce cultivar a été choisi comme hosta de l’année pour 2003 par l’American Hosta Society (AHS). Ce grand hosta a été hybridé par Walters Gardens en 1987. Il a comme parent le cultivar ‘Krossa Regal’ de Krossa & Summers, produit en 1980. Cette plante robuste, de grande dimension, dépasse 86 cm (34 po) de hauteur et peut atteindre 170 cm (66 po) de largeur. Les feuilles, longuement pétiolées, ont 24 cm (10 po) de longueur sur 19 cm (7,5 po) de largeur, avec des nervures prononcées. Au printemps, les feuilles sont bleu poudre avec une bordure bien définie, jaune. En été, les feuilles passent au vert foncé avec une bordure crème, presque blanche. De la fin de juillet à la mi-août, des fleurs lavande s’épanouissent sur de longues hampes florales de 120 cm (48 po). C’est une plante érigée prenant la forme d’un grand vase, à croissance assez rapide. Heureusement, les limaces ne s’intéressent pas à ce hosta. Le cultivar ‘Regal Splendor’, s’il est cultivé à miombre dans un terrain riche et frais, va devenir spectaculaire et aura une très longue vie. Il gagne à être associé aux grands astilbes comme l’astilbe d’Arends ‘Amethyst’ (Astilbe arendsii ‘Amethyst’), aux lobélies cardinales (Lobelia cardinalis) ou aux sceaux de Salomon (Polygonatum). Rock Giguère
Le hosta ‘Regal Splendor’ est un grand hosta érigé qui présente des feuilles aux nervures prononcées, comme un de ses parents, le hosta ‘Krossa Regal’.
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Caractéristiques horticoles : _ _ _ _ _ _ _ _
Sol : riche et frais. Exposition : mi-ombre à ombre. Floraison : de fin juillet à la mi-août. Hauteur : 90 cm (3 pi). Largeur : 86 cm (34 po). Maladies : pas de problèmes particuliers. Insectes : pas de problèmes particuliers. Particularités : rustique en zone 3. Port érigé permettant la culture de plantes sous son dôme. Un grand classique.
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Hosta ‘Sum and Substance’ Le hosta ‘Sum and Substance’ est le plus populaire et le mieux évalué des hostas par l’American Hosta Society (AHS). Ce grand hosta a été hybridé par Aden en 1980. À la pépinière Wade and Gatten Nursery, aux ÉtatsUnis, on a mesuré un spécimen de ‘Sum and Substance’ qui avait 3 m (9 pi) de largeur, probablement le hosta répertorié comme le plus large au monde. C’est l’un des hostas les plus volumineux, atteignant en moyenne plus de 1 m (3 pi) de hauteur et au moins 2 m (6 pi) de largeur. Les plus grandes feuilles, en forme de cœur, peuvent mesurer jusqu’à 45 cm (18 po) de longueur sur 35 cm (13 po) de largeur. Les feuilles sont épaisses, raides, luisantes, aux nervures très prononcées. Au soleil, les feuilles sont dorées tandis qu’à l’ombre et à la mi-ombre, elles sont chartreuse ou vert pomme. Les fleurs lavande s’épanouissent à la fin d’août. Les limaces ne semblent pas l’apprécier. Ce hosta aime les sols riches et frais et même les sols lourds. De plus, il supporte toutes les expositions, de l’ombre au plein soleil. Que voulez-vous demander de plus ? Ce grand hosta est très connu de nos jours. Il est aussi l’un des plus spectaculaires. Il donne du corps à un massif par sa forme architecturale importante. Les hémérocalles (Hemerocallis), les aruncus (Aruncus) ou les filipendules (Filipendula) arborent des textures qui peuvent compléter harmonieusement l’environnement de ce roi de l’ombre et de la mi-ombre.
Caractéristiques horticoles _ _ _ _ _ _ _ _
Sol : riche et frais. Exposition : mi-ombre, ombre et soleil. Floraison : août. Hauteur : 1 m (3 pi). Largeur : 2 m (6 pi). Maladies : pas de problèmes particuliers. Insectes : pas de problèmes particuliers. Particularités : rustique en zone 3. Croissance rapide. Il faut lui donner de l’espace pour lui assurer un bon développement. Le plus populaire des hostas. Les suggestions de nos horticulteurs
Rock Giguère
Les jardiniers qui ont besoin de volume dans leur plate-bande d’ombre seront comblés avec le hosta ‘Sum and Substance’ qui peut atteindre facilement 1 m (3 pi) de hauteur et 2 m (6 pi) de largeur.
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Hosta ‘Summer Breeze’ Ce hosta de taille moyenne a été hybridé par Zillis en 1999, à partir d’un parent sensationnel, le hosta ‘Summer Music’, produit par Klehm en 1998. ‘Summer Breeze’ atteint une hauteur de 55 cm (22 po) sur 90 cm (3 pi) de largeur. Les feuilles de 21 cm (8 po) de longueur sur 15 cm (6 po) de largeur ont un centre vert foncé s’irradiant dans une très large bordure jaune lumineux. De plus, les feuilles ont des nervures prononcées et légèrement bosselées. En juillet, jaillissent des fleurs lavande pâle sur des hampes florales de 24 à 30 cm (10 à 12 po). Les limaces apprécient son feuillage ; donc, il faut surveiller ces ravageurs si on cultive ce hosta.
Rock Giguère
Le fameux hybrideur américain Zillis s’est surpassé pour nous donner ce magnifique hosta qu’est ‘Summer Breeze’, aux feuilles légèrement bosselées.
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Le hosta ‘Summer Breeze’ se cultive à la mi-ombre, dans un sol riche, humifère et plutôt frais. Comme tous ses congénères, c’est une plante peu exigeante et de grande longévité. Les plantes suivantes accompagnent très bien ce hosta de taille moyenne : la fleur des elfes (Epimedium), l’astilbe d’Arends (Astilbe arendsii) ou l’astilbe du Japon (Astilbe japonica) et enfin l’éphémère de Virginie (Tradescantia andersoniana).
Caractéristiques horticoles _ _ _ _
Sol : riche et frais. Exposition : mi-ombre. Floraison : juillet. Hauteur : 55 cm (22 po).
_ _ _ _
Largeur : 90 cm (3 pi). Maladies : pas de problèmes particuliers. Insectes : vulnérable aux limaces. Particularité : rustique en zone 3.
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Les choix de Jean-Pierre Par Jean-Pierre Devoyault Horticulteur-pépiniériste à Sainte-Christine, Jean-Pierre Devoyault est producteur de plus de 2 500 variétés de plantes rares, de conifères nains et d’autres plantes ornementales. Il valide le comportement et la rusticité des nouveaux végétaux dans un minijardin botanique de 12 acres (5 ha) où il est en quête continuelle de nouvelles espèces ou cultivars.
Des cultivars intéressants du genre Larix Le mélèze laricin (Larix laricina) est une espèce indigène intéressante pour sa grande rusticité (zone 1). Il croît naturellement dans les lieux humides au sud et sur des coteaux secs au nord. De plus, dans nos régions urbanisées, il a la capacité de supporter la pollution et de s’adapter à divers types de sols. Depuis quelques années, nous utilisons ce conifère à feuilles caduques comme porte-greffe pour propager de nouvelles sélections à petit développement.
Caractéristiques horticoles du genre Larix _ _ _ _ _
Sol : profond et moyennement humide. Exposition : soleil. Maladies : pas de problèmes particuliers. Insectes : pas de problèmes particuliers. Particularités : conifère à feuilles caduques, bonne rusticité.
Voici quatre nouvelles variétés horticoles qui deviendront les futures vedettes des jardins. Elles diffèrent par leur port, leur feuillage et leur forme inédite.
Le mélèze de Dunkeld ‘Varied Directions’ (Larix x marschlinsii ‘Varied Directions’) est un mélèze au port pleureur étalé, au doux feuillage vert devenant jaune d’or à l’automne. Il possède de longues branches qui croissent de façon aléatoire. Rustique en zone 3, sa hauteur varie selon la hauteur de la greffe et il peut atteindre 2 m (6 pi) et plus de largeur.
Orné de branches tortueuses, le mélèze d’Europe (Larix decidua ‘Hortsmann’s Recurva’), rustique en zone 3, a un port diffus et semipleureur. Il peut atteindre 1 m (3 pi) de largeur. Sa hauteur dépend de celle de la greffe. C’est un conifère de collection qui ne manque pas d’attirer le regard des visiteurs. Jean-Pierre Devoyault
Les suggestions de nos horticulteurs
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Le mélèze d’Europe sur tige ‘Pulii’ (Larix decidua ‘Pulii’) au doux feuillage vert tendre présente des rameaux jaunes en hiver, d’où un aspect décoratif supplémentaire. Rustique en zone 3, ce mélèze au port pleureur étroit n’atteint que 60 cm (2 pi) de largeur, ce qui en fait un candidat idéal pour les petits jardins. Pour obtenir la hauteur désirée, il faut l’acheter en fonction de la hauteur de la greffe.
Le mélèze laricin ‘Blue Sparkler’ (Larix laricina ‘Blue Sparkler’) est très apprécié par ceux qui ont un terrain exigu. Il arbore un feuillage bleuté. C’est un mélèze seminain, au port pyramidal et aux rameaux très denses. De port compact, il peut atteindre une hauteur de 3 m (9 pi) et un étalement de 1 m (3 pi). Comme ses congénères, il est rustique en zone 3. Jean-Pierre Devoyault
Depuis 1978, Jean-Pierre Devoyault (Au Jardin de JeanPierre) a présenté aux amateurs et professionnels du jardinage au Québec, de nombreux végétaux nouveaux et rustiques. Parfois, c’étaient des variétés améliorées ou des végétaux complètement inédits, offerts en primeur aux consommateurs québécois. Ces nouvelles plantes ont augmenté le choix disponible de ce qui peut se cultiver au Québec pour que l’horticulture devienne un passe-temps de mieux en mieux adapté à nos goûts et à notre climat rigoureux. Parmi ces nombreux végétaux présentés par Jean-Pierre Devoyault, quelquesuns se sont démarqués et connaissent depuis une grande popularité auprès des amateurs de jardinage.
Les pommetiers Malus Les pommetiers (Malus) sont de loin les plus beaux petits arbres à implanter dans nos cours lorsque nous recherchons une floraison printanière spectaculaire. De plus, certaines espèces sont très intéressantes pour leur port, leur fructification et leur feuillage. La floraison s’étend, dans la région de Montréal, de la mi-mai à la fin de mai selon les espèces et plus tard dans le reste du Québec. La fructification apparaît durant l’été sous forme de pommettes jaunes ou rouges de grosseur variable. Chez certaines espèces, les fruits persistent jusqu’en hiver. Certains attirent les oiseaux. Il est aussi important de noter que les pommetiers s’adaptent très bien aux conditions urbaines. Des nouveaux Malus, inédits par leurs feuillages et surtout résistants aux maladies qui touchent la grande famille des Rosacées, sont maintenant disponibles.
Rock Giguère
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Malus x ‘Coccinella’ Nom scientifique
Malus x ‘Coccinella’.
Nom commun
pommier d’ornement ‘Coccinella’.
Famille Rosacées. Un programme très spécial d’hybridation tenu par l’INRA à Angers, en France, a permis d’obtenir des pommiers d’ornement très résistants aux maladies susceptibles d’attaquer ces arbres ornementaux comme la tavelure, le feu bactérien et l’oïdium. Un premier cultivar ‘Evereste’ a été sélectionné. Ensuite ce cultivar a été croisé avec le Malus niedzweskyana. Le résultat : un beau pommetier aux fleurs pourpres qui a hérité des qualités de résistance aux maladies de ses parents. ‘Coccinella’, un pommetier au port buissonnant, présente un beau feuillage pourpre qui demeure décoratif toute l’année. Il n’exige aucune taille de formation importante pour présenter une belle forme. Sa floraison pourpre est abondante. Elle est suivie de fruits rouge orangé de 2 à 3 cm (3⁄4 à 1 1⁄4 po) qui persistent une bonne partie de l’hiver sur l’arbre. Les personnes qui ne veulent pas utiliser de traitement phytosanitaire pour protéger leur environnement ou qui n’en ont pas le temps, font un bon choix en optant pour ce pommetier ornemental. Il est rustique en zone 3.
Caractéristiques horticoles _ _ _ _ _ _ _ _
Sol : bien drainé. Exposition : soleil. Floraison : fin mai. Hauteur : 5 m (16 pi). Largeur : 3 m (10 pi). Maladies : pas de problèmes particuliers. Insectes : pas de problèmes particuliers. Particularité : vigueur moyenne.
Jean-Pierre Devoyault
Le choix des pommiers d’ornement s’est élargi ces dernières années et maintenant nous avons accès à des cultivars plus adaptés aux dimensions de nos jardins, comme le pommetier ‘Coccinella’.
Les suggestions de nos horticulteurs
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Malus x ‘Rainbow’ Nom scientifique
Malus x ‘Rainbow’.
Nom commun
pommier d’ornement ‘Rainbow’.
Famille
Rosacées. Jusqu’à récemment il n’y avait pas sur le marché de pommetier au feuillage panaché. C’est une sélection remarquée par Bernard Carrier (un de nos collaborateurs), à la suite d’un semis de graines récoltées d’un pommetier de Sibérie (Malus baccata), qui nous permet aujourd’hui d’avoir un tel spécimen. Arborant un port buissonnant, il forme un joli petit arbre de 3 m (10 pi) de hauteur et de largeur. Les nouvelles pousses, attrait principal de ce pommier d’ornement, présentent un feuillage vert, blanc et rose. Il vaut mieux le planter à la miombre pour éviter que le soleil du midi cause des brûlures sur les pousses qui sont plus blanchâtres. Ses boutons roses contrastent très bien avec les jolies fleurs blanches qu’il laisse apparaître à la floraison. Comme il est issu du pommetier de Sibérie, il est très rustique. Il se comporte donc très bien dans la zone de rusticité 3.
Rock Giguère
Le seul pommetier au feuillage panaché est une découverte d’un de nos collaborateurs, Bernard Carrier, dans des semis effectués dans son jardin à Val-Bélair. Ce pommetier commercialisé sous le nom de ‘Rainbow’ est très rustique au Québec, étant une mutation du pommetier de Sibérie (Malus baccata).
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Caractéristiques horticoles _ _ _ _ _ _ _ _
Sol : bien drainé. Exposition : soleil. Floraison : fin mai. Hauteur : 3 m (10 pi). Largeur : 3 m (10 pi). Maladies : pas de problèmes particuliers. Insectes : pas de problèmes particuliers. Particularité : une sélection québécoise pleine de promesses.
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Tradescantia x ‘Blue and Gold’ Nom scientifique
Tradescantia x ‘Blue and Gold’.
Nom commun
éphémère de Virginie ‘Blue and Gold’.
Famille Commélinacées. Avec la popularité grandissante des hostas (Hosta), des heuchères (Heuchera) et des pulmonaires (Pulmonaria), la tendance pour les plantes vivaces va pour les feuillages colorés. Au Jardin de Jean-Pierre s’est donc préoccupé de cet aspect et a recherché un nouveau spécimen arborant un feuillage décoratif et présentant en prime une floraison de longue durée. En développant l’éphémère de Virginie ‘Blue and Gold’, qui de plus est rustique en zone 3, nous avons trouvé ces deux éléments tant recherchés par les jardiniers d’aujourd’hui. Cette plante vivace a une souche vigoureuse à racines charnues. Son feuillage coloré est composé de belles feuilles étroites d’un beau jaune lumineux. Les jolis pétales bleus de cette éphémère contrastent bien avec ses étamines jaunes. Cette éphémère peut commencer sa floraison en mai, selon les régions, pour se rendre parfois jusqu’aux gelées si la saison est favorable.
Caractéristiques horticoles _ _ _ _ _ _ _ _
Sol : riche et frais. Exposition : soleil et mi-ombre. Floraison : tout l’été. Hauteur : 50 cm (20 po). Largeur : 60 cm (24 po). Maladies : pas de problèmes particuliers. Insectes : pas de problèmes particuliers. Particularités : il ne faut pas laisser la terre se dessécher pendant l’été. Multiplication par division des souches au printemps.
Jean-Pierre Devoyault
Pas si éphémère que son nom l’indique, l’éphémère de Virgine ‘Blue and Gold’ présente un beau feuillage doré tout l’été. Elle fleurit jusqu’aux gelées dans de bonnes conditions de culture et si la température lui convient.
Les suggestions de nos horticulteurs
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Viburnum cassinoides ‘Appalache’ Nom scientifique
Viburnum cassinoides ‘Appalache’.
Nom commun
viorne cassinoïde ‘Appalache’.
Famille
Caprifoliacées. Cette obtention québécoise à partir d’un semis du Jardin de Jean-Pierre a été honorée au Rendez-vous horticole du Jardin botanique de Montréal en 1999. Cette viorne a été sélectionnée parce qu’elle a toutes les qualités pour être un spécimen de choix pour les jardiniers québécois. D’abord cet arbuste est rustique jusqu’en zone 2a. C’est aussi une plante intéressante pour ses feuilles, sa floraison et sa fructification. La viorne cassinoïde ‘Appalache’ donne une profusion de fleurs blanches en ombelles à la fin du printemps suivies de fruits d’abord jaunes, tournant ensuite au rose et finalement au bleu. Ses fruits sont comestibles et attirent particulièrement les merles américains. Cette viorne a des branches ascendantes formant un port globulaire et des feuilles luisantes devenant d’un beau rouge à l’automne. Elle est facile de culture et peu exigeante quant au sol, préférant cependant celui qui retient l’humidité. Cet arbuste peut atteindre 2 m (6 pi) de hauteur et 1,5 m (4 1⁄2 pi) de largeur. On utilise cette viorne en isolé, en massif ou pour la naturalisation.
Jean-Pierre Devoyault
Caractéristiques horticoles
Notre viorne cassinoïde indigène ne peut qu’être fière du magnifique hybride obtenu de ses gènes, la viorne cassinoïde ‘Appalache’ : une profusion de fleurs blanches à la fin du printemps et une fructification colorée qui est fort prisée par les oiseaux.
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Sol : humifère. Exposition : soleil, mi-ombre et ombre. Floraison : juin. Hauteur : 2 m (6 pi). Largeur : 1,5 m (4 1⁄2 pi). Maladies : pas de problèmes particuliers. Insectes : pas de problèmes particuliers. Particularités : très bonne rusticité, fruits comestibles, beau feuillage rouge pourpre en automne.
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Les choix de Larry Par Larry Hodgson Il est auteur de plus de 15 ouvrages en horticulture. Après avoir été rédacteur en chef pendant 5 ans de la revue Fleurs, Plantes et Jardins, Larry Hodgson est actuellement rédacteur horticole dans de nombreuses revues. Il participe à l’émission télévisée Fleurs et Jardins. De plus, il est accompagnateur de voyages horticoles dans tous les coins de notre planète.
J’adore expérimenter avec les végétaux : bon an, mal an, je plante environ 1 000 nouvelles variétés de toutes les catégories – annuelles, vivaces, arbustes, arbres, conifères, bulbes – dans le « mini-jardin botanique » qui est mon terrain résidentiel à Sainte-Foy. Parmi ce nombre, certains disparaissent rapidement, d’autres me déçoivent royalement par leur forme ou leur comportement, plusieurs me plaisent vraiment… et certains me fascinent tellement que j’aurais envie de crier du toit « Essayez donc ces plantes : elles sont incroyables ! » Dans ce texte, je vous présente quatre de ces derniers végétaux.
Ranunculus ficaria ‘Brazen Hussy’
Larry Hodgson
Les suggestions de nos horticulteurs
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Bulbocodium vernum Nom scientifique
Bulbocodium vernum L.
Nom commun
bulbocode printanier.
Famille
Liliacées. Ce petit bulbe n’est pas nécessairement nouveau sur le marché, mais il est rarement offert. C’est une des deux seules espèces du genre Bulbocodium et il diffère principalement de ses proches parents, les colchiques (Colchicum), par sa floraison printanière plutôt qu’automnale. Ses jolies fleurs rose-mauve en forme de coupe ouverte, d’environ 10 à 12 cm (4 à 5 po) de hauteur, apparaissent bien avant le feuillage et sont saisissantes, rien ne pouvant nuire à leur observation. Le bulbocode fleurit en même temps que les premiers crocus (Crocus) du printemps, soit habituellement en avril. La floraison peut durer plusieurs semaines si le printemps est froid, mais un printemps chaud la raccourcit. Les feuilles rubanées, vert foncé, plus longues et plus larges que les feuilles des crocus, sortent en mai et durent environ 6 semaines. Comme la majorité des bulbes à floraison printanière, le bulbe entre en dormance tout l’été, se réveillant seulement au printemps suivant. Chaque bulbe ne produit, en fait, que 3 feuilles et 2 à 3 fleurs, mais la plante se multiplie rapidement, formant des colonies denses portant de nombreuses fleurs et feuilles. Le bulbocode printanier est de culture très facile sous notre climat. Indigène dans les Alpes, il tolère sans broncher les froids extrêmes : on considère qu’il est le plus rustique de tous les bulbes, oui, même davantage que la scille de Sibérie (Scilla sibirica) : zone 1. Les bulbes sont malheureusement coûteux, ce qui explique un peu la faible popularité du bulbocode : après tout, vous pouvez acheter 20 crocus pour le prix d’un seul bulbocode ! L’économie vient en plantant les bulbes soimême et en divisant les colonies régulièrement, après la floraison ou encore à l’automne, car le bulbocode est particulièrement prolifique. Plantez-le à environ 10 à 12 cm (4 à 5 po) de profondeur en tout endroit qui reçoit du soleil au printemps. Le sol peut être de toute qualité, même pauvre ou sablonneux, mais doit toutefois être bien drainé.
Larry Hodgson
Le bulbocode printanier, qui fleurit en même temps que les crocus, est une plante bulbeuse peu cultivée au Québec et qui mérite une place dans nos jardins d’agrément, d’autant plus qu’il est de culture facile.
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Caractéristiques horticoles _ _ _ _ _
Sol : riche en humus et bien drainé. Exposition : soleil. Floraison : avril. Hauteur : 12 cm (5 po). Largeur : 8 cm (3 po).
_ Maladies : pas de problèmes particuliers. _ Insectes : pas de problèmes particuliers. _ Particularités : plantation dans les rocailles. Plante favorite des Anglais depuis 300 ans.
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Carex siderosticha ‘Variegata’ Nom scientifique
Carex siderosticha ‘Variegata’.
Nom commun
laîche de fer panachée.
Famille Cypéracées. Les laîches (Carex) forment un genre important de plusieurs milliers d’espèces. Quoiqu’elles soient davantage apparentées aux joncs (Juncus) et aux papyrus (Papyrus), leur ressemblance avec les graminées fait que la littérature les classifie habituellement avec ces dernières quant à leur utilisation en aménagement. De toutes les laîches, cependant, aucune ne ressemble moins à une graminée que la laîche de fer (Carex siderosticha). Ses feuilles ne sont pas longues, étroites et dressées comme une graminée, mais larges, voire presque elliptiques, et portées à l’horizontale, en rosette. En fait, on confond davantage cette espèce avec un petit hosta. La ressemblance est encore plus évidente dans le cas de sa forme panachée, car les feuilles marginées de blanc rappellent réellement un petit hosta panaché à feuilles étroites. Il faut se rappeler, d’ailleurs, que le « seul » attrait des différentes laîches de fer est leur port et leur coloration : les petits épis floraux sont clairsemés et peu remarquables. Le cultivar le plus populaire de la laîche de fer est ‘Variegata’, aux feuilles largement marginées de blanc. L’effet qu’il produit dans les emplacements sombres où on le cultive d’habitude est saisissant. Il constitue un excellent couvre-sol et une plante de bordure efficace, n’atteignant qu’environ 20 cm (8 po) de hauteur sur 30 cm (1 pi) de diamètre. Il y a cependant d’autres cultivars intéressants, tels ‘Island Brocade’, à feuilles marginées de jaune et ‘Silver Snow’, à feuilles blanches marginées de vert. Enfin, l’espèce, C. siderosticha, à feuilles vert foncé, est aussi très attrayante.
Larry Hodgson
Les jardins les plus réussis accueillent des plantes à feuillage décoratif, comme la laîche de fer panachée, afin d’équilibrer les nuances parfois fortes des fleurs.
La laîche de fer se cultive dans un sol riche et humide, à l’ombre comme au soleil, mais est surtout utilisée dans les emplacements ombragés. Elle semble parfaitement rustique en zone 4 et peut-être aussi dans un emplacement protégé de la zone 3. Son port est rampant, mais sa croissance est lente. Pour une bonne couverture, il faut donc la planter assez densément ou encore, diviser aux 3 ou 4 ans. Contrairement à plusieurs laîches, son feuillage est caduc, prenant une jolie teinte rosée lorsqu’il repousse tôt au printemps.
Caractéristiques horticoles _ _ _ _ _
Sol : riche et humide. Exposition : mi-ombre et ombre. Floraison : printemps (pas très spectaculaire). Hauteur : 20 cm (8 po). Largeur : 30 cm (1 pi).
_ Maladies : pas de problèmes particuliers. _ Insectes : pas de problèmes particuliers. _ Particularités : croissance lente. S’étend par ses rhizomes mais facile à contrôler. Les suggestions de nos horticulteurs
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Elaeagnus ‘Quicksilver’ Nom scientifique
Elaeagnus L. ‘Quicksilver’.
Synonyme
Elaeagnus angustifolia var. caspica.
Nom commun
chalef ‘Quicksilver’.
Famille
Éléagnacées. Ce végétal est présentement l’un des arbustes les plus populaires en Europe, mais est tout à fait nouveau au Québec. Le chalef ‘Quicksilver’ fut découvert dans une pépinière britannique et il a été longtemps considéré comme une variante de l’olivier de Bohême (Elaeagnus angustifolia). C’est pour cela qu’on lui a donné le nom de E. angustifolia var. caspica dans le passé, nomenclature qui persiste encore aujourd’hui dans la littérature. Le Brooklyn Botanic Garden qui classe les cultivars non nommés par l’International Cultivar Registration Authority le désigne actuellement comme un hybride entre l’olivier de Bohême et notre chalef argenté (Elaeagnus commutata), commun en bordure du fleuve Saint-Laurent. Et c’est un hybride bien réussi, car il possède toutes les caractéristiques enviables de ses deux parents… et aucun de leurs défauts. Par exemple, notre chalef argenté produit un feuillage très argenté (gris-vert sur la surface supérieure et blanc pur sur le revers) et une quantité incroyable de fleurs jaune argenté parfumées, comme ‘Quicksilver’. Heureusement, ce cultivar n’a pas hérité de sa forme peu fournie et de son caractère très envahissant à cause de ses nombreux stolons. L’olivier de Bohême est très densément feuillu et ne produit que rarement des drageons, des caractéristiques qu’il a léguées à ‘Quicksilver’, mais est très épineux et, de surcroît, tellement sujet aux maladies, notamment la brûlure, et aux chancres, que sa culture est peu conseillée. Or ‘Quicksilver’ semble complètement immunisé des maladies et n’a pas une traître épine!
Larry Hodgson
On se sert souvent du gris des feuillages comme celui du chalef ‘Quicksilver’ pour mettre en valeur d’autres plantes, pour atténuer des couleurs trop criardes ou, à l’inverse, pour accentuer des contrastes.
Ses feuilles sont à mi-chemin entre les feuilles étroites de l’olivier de Bohême et les feuilles presque arrondies du chalef argenté. ‘Quicksilver’ se plante au plein soleil, dans tout sol bien drainé. Il tolère les sols les plus pauvres (les racines abritent des colonies de bactéries qui lui fournissent l’azote nécessaire à son développement) et résiste parfaitement aux embruns salins du bord de la mer et au sel de déglaçage le long des autoroutes. Il forme un arbuste d’abord dressé, puis arrondi, de 4 m (13 1⁄2 pi) sur 4 m (13 1⁄2 pi). De grande rusticité (zone 2), il peut croître dans les emplacements les plus froids et venteux. Enfin, si on utilise surtout cet arbuste comme végétal ornemental à feuillage argenté, c’est aussi un excellent sujet pour la stabilisation des berges et des dunes.
Caractéristiques horticoles _ _ _ _ _ 90
Sol : bien drainé. Exposition : soleil. Floraison : juin. Hauteur : 4 m (13 1⁄2 pi). Largeur : 4 m (13 1⁄2 pi).
_ Maladies : pas de problèmes particuliers. _ Insectes : pas de problèmes particuliers. _ Particularités : fleurs très parfumées. Peut être planté en isolé sur la pelouse. Très rustique.
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Ranunculus ficaria ‘Brazen Hussy’ Nom scientifique
Ranunculus ficaria L. ‘Brazen Hussy’.
Nom commun
renoncule ficaire ‘Brazen Hussy’.
Famille Renonculacées. Cette plante n’est pas vraiment nouvelle, mais sa disponibilité au Québec est nulle. J’obtiens cependant sans peine ce cultivar et d’autres par la poste, de pépinières en Colombie-Britannique, où il est vendu comme bulbe d’automne. Il s’agit d’une toute petite plante, de 2 à 5 cm (1 à 2 po) de hauteur et d’environ 10 cm (4 po) de diamètre, qui paraît tôt au printemps et qui disparaît rapidement avec l’arrivée des chaleurs d’été. Nous remarquons d’abord son feuillage : des masses de feuilles presque rondes, très luisantes, d’un magnifique pourpre foncé, presque noir. Les fleurs, très grosses par rapport à la petite taille de la plante, ne tardent cependant pas à apparaître : elles sont jaune vif semi-doubles et portées en abondance. On dirait de gros boutons d’or (Ranunculus acris)… et pour cause, le bouton d’or est aussi une renoncule. L’effet jaune sur noir est absolument saisissant : on pardonne facilement à la plante sa si petite taille lorsqu’on voit sa floraison pleinement épanouie. Le spectacle est vite terminé cependant : la plante apparaît en avril et il ne reste plus une feuille à la fin de mai. Par contre, elle reviendra année après année, tous les printemps, produisant d’ailleurs des colonies assez massives avec le temps. Les minuscules bulbes sont livrés par la poste à l’automne et il faut les planter sans tarder, à environ 5 cm (2 po) de profondeur. Tout emplacement ensoleillé ou légèrement ombragé au printemps convient (la plante étant dormante l’été, elle est indifférente à l’ombre estivale), dans un sol riche et humide. La plante se multiplie rapidement et peut même devenir envahissante, notamment dans un sol humide. Par contre, sa si petite taille et sa façon de disparaître, avant que les autres plantes soient en croissance, fait en sorte qu’on lui pardonne facilement sa nature envahissante, car elle ne dérange pas les autres végétaux. Indigène un peu partout sur le continent européen, cette plante est rustique jusqu’à – 35°C, soit zone 4. Sous couvert de neige, elle résistera sans le moindre problème en zone 2b.
Larry Hodgson
La renoncule ficaire est une petite plante printanière qui nous stimule après la blanche saison de l’hiver. Ses fleurs jaune cuivré semi-doubles contrastent bien avec son feuillage bronze foncé.
Caractéristiques horticoles _ _ _ _ _
Sol : riche, humide et bien drainé. Exposition : soleil ou ombre légère au printemps. Floraison : avril, début mai. Hauteur : 5 cm (2 po). Largeur : 10 cm (4 po).
_ Maladies : pas de problèmes particuliers. _ Insectes : pas de problèmes particuliers. _ Particularités : feuillage pourpre, couleur des fleurs contrastante avec le feuillage.
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Les choix de René Par René Giguère Il est horticulteur responsable de l’Alpinum (jardin alpin) au Jardin botanique de Montréal. René Giguère est président et fondateur de la Société de plantes alpines et de rocaille du Québec. On lui doit l’aménagement d’un jardin communautaire à Pierrefonds. Il est aussi conférencier et rédacteur horticole.
Adonis vernalis Nom scientifique
Adonis vernalis L.
Nom commun
adonis printanière.
Autre nom commun
œil-de-bœuf.
Famille
Renonculacées.
La famille des Renonculacées est aux amateurs de plantes alpines ce que la famille des Liliacées est aux amateurs de plantes sauvages printanières dans les érablières québécoises. Elle comprend de nombreux genres très intéressants, tant par la diversité que leurs représentants démontrent que par les habitats qu’ils colonisent. Parmi ces genres qui peuplent les montagnes, mentionnons l’ancolie (Aquilegia), la pulsatille (Pulsatilla), le pigamon (Thalictrum), le trolle (Trollius) et bien sûr l’adonis (Adonis), pour n’en nommer que quelques-uns. Le genre Adonis comprend une vingtaine d’espèces de plantes annuelles et vivaces répandues en Europe et en Asie. L’espèce A. vernalis est une espèce vivace particulièrement flamboyante à cause de ses grandes fleurs jaune or qu’elle déploie tôt au printemps. L’adonis printanière occupe une vaste distribution géographique, allant de la Suède au sud de l’Europe, et vers l’est jusqu’à la Sibérie. À cause de la destruction de son habitat et de la récolte excessive à des fins ornementales et médicales (l’adonidin est un stimulant cardiaque puissant obtenu de la partie aérienne de cette plante lorsqu’elle est en fleurs), l’espèce est maintenant protégée car elle est devenue rare en Europe centrale et en Europe du Sud. Elle est totalement disparue dans certaines contrées, notamment en Italie et aux Pays-Bas, alors qu’elle a un statut de plante rare en Hongrie et un de vulnérable en Slovaquie, en Allemagne, en Suède, en Suisse et en Roumanie. Les colonies en Ukraine, en Russie et au nord du Caucase sont considérées comme éparses. Très tôt au printemps, en mars et en avril dans son milieu naturel, en mai à Montréal, l’adonis printanière déploie de grands boutons d’or sur de courtes tiges. Ceux-ci s’élèvent au-dessus du feuillage finement découpé au fur et à mesure que la tige s’allonge, atteignant jusqu’à 20 à 30 cm (8 à 12 po) de hauteur. Dans son milieu naturel, l’adonis printanière occupe des coteaux ensoleillés, des pentes et des pelouses sèches, des rocailles calcaires et des forêts claires où les pins et les chênes lui procurent une ombre légère. Elle se trouve aussi dans les pâturages, car les animaux ne daignent y goûter à cause de son goût amer, caractéristique de nombreuses espèces de cette famille. Dans nos jardins elle prospère dans tous les types de sol calcaire dans la mesure où celui-ci est bien drainé et moyennant une exposition ensoleillée. La propagation de cette plante n’est pas facile ; les talles ne répondent pas bien au dérangement ou à la division, et la reproduction par
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semences est incertaine car la germination est aléatoire. Pour obtenir de meilleures chances de germination, la semence doit être récoltée aussitôt qu’elle est mûre et semée René Giguère sans tarder. Malgré cela, le taux de germination est faible et irrégulier, des semences pouvant prendre un an demande ou deux ans à germer. Les plantules se développent lentement et prendront facilement jusqu’à trois ans pour L’adonisunprintanière climat frais comme atteindre une maturité qui leur permettra de fleurir. plusieurs plantes alpines. À l’Alpinum du Jardin botanique de Montréal, la collection du genre Adonis comprend A. vernalis et A . walziana (synonyme : A. x hybrida). Cette dernière, une espèce de l’Europe de l’Est, est un hybride naturel entre A. vernalis et A. volgensis. Sa floraison, tout aussi spectaculaire que celle de l’adonis printanière, est cependant légèrement décalée dans le temps par rapport à cette dernière.
Caractéristiques horticoles _ _ _ _ _ _ _ _
Sol : bien drainé et calcaire. Exposition : soleil. Floraison : mai. Hauteur : de 20 à 30 cm (8 à 12 po). Largeur : 45 cm (18 po). Maladies : pas de problèmes particuliers. Insectes : pas de problèmes particuliers. Particularités : croissance moyenne. Rustique en zone 2.
Il existe depuis peu une société qui regroupe les amateurs des plantes alpines et de rocaille. Pour en devenir membre, vous n’avez qu’à contacter : Société de Plantes Alpines et de Rocaille du Québec (SPARQ) Jardin botanique de Montréal 4101, rue Sherbrooke Est Montréal (Québec) H1X 2B2 Les suggestions de nos horticulteurs
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Androsace sarmentosa Nom scientifique
Androsace sarmentosa Wallich.
Nom commun
androsace sarmenteuse.
Famille Primulacées. Chez les amateurs de plantes alpines, les androsaces évoquent les bijoux des hautes corniches inaccessibles qui parent les falaises de leurs floraisons aux teintes roses et blanches. Appartenant à la famille de la primevère (Primula), le genre Androsace compte plus d’une centaine d’espèces réparties dans les régions tempérées de l’hémisphère Nord. Les androsaces ont la caractéristique de pouvoir coloniser selon l’espèce autant les crevasses, les moraines et les éboulis que les prairies alpines, les sous-bois de moyennes altitudes et même les sols humides des vallées plus basses. Elles se présentent donc sous des formes adaptées à différents milieux. Les espèces de hautes altitudes qui atteignent parfois les neiges éternelles forment des tapis compacts, rampant au sol pour résister au vent et combattre la déshydratation. Les espèces vivant plus bas sur les versants, où le sol est davantage fixé, et celles qui colonisent les prairies sont en général plus hautes et portent de plus grandes feuilles, l’habitat plus varié permettant une plus grande diversité de formes. Pour réussir la culture de ces plantes dans nos jardins, il importe de bien choisir l’espèce. En général, les espèces de hautes altitudes typiquement alpines sont difficiles, voire impossibles parfois à cultiver. Prospérant dans un sol généralement très drainé, elles tolèrent mal la terre de nos jardins qui est généralement trop lourde, mal aérée et par conséquent mal drainée. Il faut donc, si on veut essayer ces espèces sensibles, créer de toutes pièces des conditions où le substrat poreux favorisera l’évacuation rapide de l’excédent d’eau. Un lit surélevé, une rocaille en pente, un jardin de crevasses ou une auge constituent les meilleurs endroits pour en faire l’essai. L’androsace sarmenteuse qui prospère à l’Alpinum du Jardin botanique de Montréal depuis 1985 est une des espèces faciles à cultiver du fait qu’elle provient des pâturages, des sous-bois et rochers de l’Himalaya à des altitudes variant de 2 000 à 4 000 m (6 500 à 13 000 pi). La condition de drainage parfait ne se retrouve pas dans ce type d’habitat, ce qui rend cette espèce plus facile de culture, donc adaptable à nos jardins. Le tapis qu’elle forme est constitué de feuilles couvertes de poils argentés et réunies en rosettes à partir desquelles courent de fins stolons rouges sur 5 à 15 cm (2 à 6 po) qui donnent naissance à de nouvelles rosettes. La plante peut ainsi rapidement coloniser d’appréciables surfaces au grand bonheur du jardinier qui s’empressera de la partager avec d’autres amateurs bien intentionnés. Les fleurs roses d’un diamètre de 0,5 cm (1⁄4 po) sont portées en ombelles sur des pédoncules allant jusqu’à 11 cm (4 po) de hauteur. À l’Alpinum du Jardin botanique de Montréal, elles apparaissent en mai, persistant 2 semaines. L’androsace
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sarmenteuse occupe un versant nordique à faible pente de la section asiatique et profite de l’ombre en aprèsmidi que lui procurent de grands conifères en retrait. Un tel site bénéficie d’après-midi plus frais en été et d’une meilleure stabilité l’hiver car le gel n’est pas interrompu lors des dégels réguliers et combien néfastes, typiques des redoux de janvier à Montréal. L’essai de cette espèce d’androsace alpine, facile à cultiver dans nos jardins, a habituellement un effet convaincant qui nous incite à en essayer d’autres.
Caractéristiques horticoles _ _ _ _ _ _ _ _
Les androsaces ne sont pas faciles à cultiver, parce que leurs racines n’aiment pas du tout avoir les pieds dans l’eau. Mais en choisissant l’androsace sarmenteuse, il est possible de cultiver le genre Androsace dans nos jardins si le sol est très bien drainé.
Sol : très bien drainé. Exposition : soleil. Floraison : mai. Hauteur : de 5 à 11 cm (2 à 4 po). Largeur : 30 cm (1 pi). Maladies : pas de problèmes particuliers. Insectes : pas de problèmes particuliers. Particularité : dans les endroits où il y a un été très chaud, il faut leur procurer de l’ombre dans l’après-midi. Les suggestions de nos horticulteurs
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Gentiana acaulis Nom scientifique
Gentiana acaulis L.
Synonymes
Gentiana kochiana E.P. Perrier, Gentiana excisa C. Presl.
Nom commun
gentiane acaule.
Autres noms communs gentiane sans tige, gentiane à tige courte, gentiane à grandes fleurs. Famille Gentianacées. Linné utilisait ce nom en 1753 mais, en réalité, il décrivait vraisemblablement plusieurs espèces dont la gentiane des Alpes (G. alpina), la gentiane à feuille étroite (G. angustifolia), la gentiane de Clusius (G. clusii), la gentiane des Alpes Dinariques (G. dinarica) et la gentiane de Koch (G. kochiana). Elle fait partie des gentianes dites à floraison printanière dont il existe deux groupes : le groupe des acaulis (la gentiane à trompette) et le groupe des verna (la gentiane printanière). Pendant de nombreuses années, le nom G. acaulis désignait un ensemble d’espèces qui comprenait aussi des hybrides de jardins ; on parlait donc du groupe acaulis. La plante s’est ainsi longtemps répandue dans les jardins sans avoir une identification précise. Lorsqu’on sait que cette plante peut persister longtemps dans les jardins et que la division des touffes réussit bien pour la propager, il est facile d’imaginer que plusieurs descendants portent encore aujourd’hui des noms qui sont douteux. Les plantes cultivées dans les jardins sont probablement dans bien des cas des hybrides de jardins dont les origines ne sont pas claires. En 1964, Jean Damblon, qui se désigne comme un « hortonome » du Jardin botanique de Liège dans sa signature, exprime bien la situation incertaine quant à la nomenclature du G. acaulis dans son livre De la montagne à mon jardin : « Dans l’impossibilité devant laquelle on se trouve d’attribuer le nom linnéen G. acaulis à une des espèces telles G. alpina, G. angustifolia, G. clusii, G. dinarica et G. kochiana, force est donc en principe de l’abandonner puisque ambigu. Tout serait donc facile si on trouvait chez les horticulteurs une plante dénommée G. acaulis Hort. non L. et qui ne se rapporte à aucune des cinq espèces citées. » Aujourd’hui il est maintenant établi que G. acaulis est un nom valide et que celui-ci remplace G. kochiana et G. excisa. Dans sa révision du genre Gentiana contenue dans une monographie en 1996, le botaniste Josef Halda de la République tchèque en fait une description précise, ce qui devrait aider avec le temps à retracer l’espèce dans les jardins et à démasquer les imitations. La gentiane acaule est donc une plante alpine européenne rencontrée dans les Alpes, dans les Carpates, au nordest de l’Espagne, au centre de l’Italie et au centre de la Yougoslavie. Elle colonise les prairies alpines et subalpines, les pentes herbeuses sur roches acides, à des altitudes variant de 1200 à 3200 m (3900 à 10000 pi). Elle se présente sous forme de rosette de feuilles glabres, lisses et brillantes au cœur desquelles se développent de courtes tiges florales portant deux à trois paires de feuilles embrassantes qui s’éloignent de la fleur lorsqu’elle se développe. La fleur est en forme d’entonnoir et campanulée de dimension relativement grande, bleu azur foncé et tachetée intérieurement de vert olive et de jaune dans la gorge. Dans son milieu naturel, la
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floraison se déroule de juin à août alors que dans nos jardins québécois, en plaine aux étés plus chauds qu’en Le bleu profond inoubliable montagne, on la voit fleurir en mai. de la gentiane acaule est une couleur irrésistible qui charme Pour compenser le manque d’humidité et de fraîcheur que procurerait la montagne à ces plantes, il est plusieurs jardiniers et qui crée conseillé de les cultiver dans un sol humifère et tourbeux amendé de gravier non calcaire tel le granite pour un effet spectaculaire dans nos rocailles au printemps. obtenir une réaction légèrement acide. La plantation sera complétée par l’ajout d’un paillis de ce même gravier pour à la fois conserver l’humidité dans le sol et maintenir le collet de la plante au sec. Lorsque bien installée dans un milieu propice, au soleil ou à la mi-ombre, la gentiane acaule formera vite de belles talles qui deviennent des vedettes dans le jardin au printemps.
Caractéristiques horticoles _ _ _ _ _ _ _ _
Sol : retenant l’humidité et bien drainé. Exposition : soleil et mi-ombre. Floraison : mai. Hauteur : 8 cm (3 po). Largeur : 30 cm (1 pi). Maladies : pas de problèmes particuliers. Insectes : pas de problèmes particuliers. Particularité : elle se multiplie par la séparation des touffes au printemps. Les suggestions de nos horticulteurs
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Pulsatilla vernalis Nom scientifique
Pulsatilla vernalis (L.) J. Mill.
Nom commun
pulsatille printanière.
Autres noms communs anémone vernale, anémone printanière. Famille Renonculacées. S’il est une plante parmi les alpines qui sait bien se préparer à la grande sortie au printemps, c’est bien la pulsatille printanière. Hâtive à montrer des signes de vie dès la fonte des neiges, elle ne tardera pas, dans son milieu naturel où les saisons sont courtes, à entamer son cycle reproductif pour prévoir une période assez longue qui assurera la maturation du fruit. Cette habileté à faire le calcul méticuleux du temps est le fruit d’une longue évolution qui a permis à la pulsatille printanière de bien s’adapter à son milieu. Ainsi toute la physiologie de la plante est réglée judicieusement afin de ne pas rater le rendez-vous avec l’ultime période où en montagne tout se joue. À partir des réserves nutritives accumulées dans ses racines pendant la saison végétative, la pulsatille aura préparé son bouton floral dès les premiers signes de l’approche de l’hiver. Ce bouton sur lequel repose le succès ou l’échec de la reproduction est favorisé et protégé par ce que la plante a de mieux à offrir. Enfoui au creux des racines à sa formation, le bouton se déplacera graduellement vers la surface du sol et passera l’hiver affleurant celui-ci, bien protégé par une généreuse couche de poils isolants. À la fin de l’hiver, alors que la couche de neige s’amincit, la lumière fait déjà son œuvre. La pulsatille profite de cet apport si faible soit-il pour redémarrer l’activité physiologique dans ses tissus. Même dans ces conditions où la température est basse, la plante démarre la photosynthèse. Lorsque enfin la plante est libérée de la neige, son développement s’accélère. Des feuilles très soyeuses, qui enrobaient le bouton floral niché au sol, se déploient lorsque le soleil perce. Elles ont la capacité de se recroqueviller à nouveau, avec le retour du froid nocturne par exemple, une adaptation par ailleurs fort utile pour pallier les changements soudains qui caractérisent le climat en haute altitude. La pulsatille printanière fleurit à la fonte des neiges, depuis la Scandinavie jusqu’à l’Espagne, l’Italie et la Bulgarie. Elle colonise les pelouses alpines et les rocailles sèches de 1 300 à 3 600 m (4 200 à 11 700 pi) d’altitude. Les feuilles de la base sont pennées à segments profondément découpés. Sous la fleur, les involucres sessiles sont divisés en étroites lanières et recouverts de poils. À la floraison, la plante n’a que 10 à 15 cm (4 à 6 po) de hauteur, elle atteindra jusqu’à 30 cm (1 pi) par la suite. La fleur blanche à l’intérieur et bleuâtre à violacée à l’extérieur est couverte de poils bronzés surtout à la base. À l’éclosion du bouton floral, la fleur est penchée puis elle se redresse pour s’ouvrir pleinement vers le ciel et atteindre de 4 à 6 cm (1 1⁄2 à 2 1⁄2 po) de diamètre. Les pulsatilles s’obtiennent par semences mais celles-ci doivent être fraîches. Comme c’est le cas pour toutes les pulsatilles, il faut éviter de déplacer les plantes lorsqu’elles sont installées, le système racinaire charnu et profond n’étant pas favorable à ce type d’intervention. La pulsatille printanière demande un site ensoleillé et un sol riche non calcaire et drainant. Ce n’est pas une espèce facile pour les jardins, étant habituée au grand 98
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air, à la lumière intense et à la fraîcheur bienfaisante des montagnes. Heureusement qu’elle compte des proches parents qui sont mieux adaptées qu’elle et plus faciles pour nos jardins. On pense par exemple à l’anémone pulsatille (P. vulgaris) et à ses nombreux cultivars qui offrent des variations dans la couleur, tout en n’étant pas trop capricieux quant au type de sol et aux conditions de culture. Ces cultivars arborent des fruits attrayants qui persistent plusieurs semaines, tout en étant facilement disponibles sur le marché. Un cultivar est particulièrement recommandé pour sa facilité et l’éclat de ses grandes fleurs semi-doubles, ‘Dissecta’ aussi connu comme ‘Papageno’. Cette plante est ravissante par sa vigueur, son développement rapide et les belles teintes variables allant du violet au rouge en passant par le rose. Plantée en compagnie d’arabettes (Arabis), d’ibéris (Iberis) et de bulbes à floraison printanière, la pulsatille du printemps fera briller d’éclat ce coin de jardin.
La pulsatille printanière présente de longues fleurs violacées et blanches, qui ressemblent à des clochettes retombantes. Elles fleurissent un bon moment au printemps, surtout si on prend le temps d’éliminer les fleurs séchées.
Caractéristiques horticoles _ _ _ _ _ _ _ _
Sol : fertile et bien drainé. Exposition : soleil. Floraison : début du printemps. Hauteur : 30 cm. Largeur : 30 cm. Maladies : pas de problèmes particuliers. Insectes : pas de problèmes particuliers. Particularité : rustique en zone 4. Les suggestions de nos horticulteurs
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Les trucs du métier […] Un outil de jardinage est tout sauf éphémère. Tel un ami, avec le temps, il devient de plus en plus utile, plus fiable. De surcroît, il embellit au fil des jours, il acquiert sa propre personnalité. Le mot de la fin revient à Gertrude Jekyll : « Les menuisiers n’aiment pas les rabots neufs ; les peintres en bâtiments n’aiment pas les pinceaux neufs. Il en va des outils comme des vêtements ; il faut faire connaissance avec eux et les utiliser pour qu’ils deviennent familiers. » Jack Allen LOGAN, William Bryant. Les outils de jardinage. Könemann, Cologne, 1999, p. vii.
William Bryant Logan est un chroniqueur qui s’est illustré dans la rédaction de textes dans le New York Times. Il a dirigé la revue horticole très connue Garden Design. Il réside à New York dans le quartier de Brooklyn, où il jardine avec passion.
Page 100 : Un pré fleuri dans le comté de Kamouraska.
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Rock Giguère agit comme rédacteur et correcteur horticole pour plusieurs revues. Il est coauteur de deux ouvrages. Il est conférencier horticole et effectue des essais de plantes rares. Fondateur et président de l’Association des petits jardins du Québec, il est propriétaire d’un jardin privé à SainteAurélie depuis 25 ans. Il est aussi membre de conseils d’administration de sociétés horticoles. Le cultivateur (aussi appelé sarcloir, griffe ou binette), un outil très pratique au jardin, est composé généralement de trois dents ; il permet de travailler la terre en surface. Il en existe plusieurs modèles sur le marché. Il est préférable d’en avoir un avec un long manche et un autre avec un manche court.
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Utiliser un outil pratique: le cultivateur Par Rock Giguère Comme les loutres de mer qui utilisent des pierres plates en guise d’enclume ou les chimpanzés qui lancent des pierres pour que les fruits tombent des branches, l’homme se sert d’outils pour augmenter l’efficacité de ses mains. Contrairement aux animaux cependant, les humains héritent de techniques qui ne sont pas les fruits du hasard mais plutôt le résultat d’un acte raisonné au cours des siècles. Ainsi, aujourd’hui, les outils sont diversifiés et spécialisés. De l’unique chopper utilisé au paléolithique, un galet éclaté de quartz qui servait à couper ou à tailler, les humains sont passés à plusieurs types d’outils. Ceux-ci peuvent même prendre une saveur régionale, selon le type de sol rencontré ou selon la spécificité de la culture. Il est donc important de se documenter sur un outil pour l’utiliser en fonction de toutes les finalités possibles. Un des outils les plus employés au jardin, et ce, depuis fort longtemps, est le cultivateur. Son rôle est primordial au jardin comme au potager. Il mérite donc que nous étudiions son histoire et ses applications.
Description Le Larousse nous décrit le cultivateur comme un « appareil muni de dents, permettant le travail superficiel du sol ». Au Québec, nous appelons souvent cet outil « binette » ou « sarcloir » selon les régions, mais rarement cultivateur. Le terme binette est mal utilisé, car ce nom désigne un outil à long manche muni d’un fer plat et mince au bord antérieur aiguisé qui sert à couper des mauvaises herbes ou à éclaircir certaines cultures. Sarcloir est un joli nom populaire qui illustre bien une des fonctions principales du cultivateur : le désherbage. Les Français lui donnent aussi le nom de griffe, probablement pour illustrer la façon dont les dents sont recroquevillées pour travailler la terre, un peu à la manière des griffes des animaux. Peu importe la sémantique du terme, nos propos concernent l’outil qui sert à ameublir la terre en surface, à l’aération du sol, aux semis, au désherbage ou tout simplement pour donner de la texture au sol des plates-bandes. Nous utiliserons donc le terme cultivateur car il semble, selon l’Académie française, le terme le plus correct linguistiquement pour désigner cet instrument. Le cultivateur est pourvu d’un manche et à son extrémité d’une à sept dents recourbées. Ces dents peuvent être rondes, triangulaires ou ovales. Habituellement, l’outil peut atteindre facilement la profondeur de 5 cm (2 po). Le manche peut être long, moyen ou court selon le choix du jardinier ou la tâche à effectuer.
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Buts visés par son utilisation Réduire l’évaporation d’eau Le cultivateur produit un hersage léger qui travaille la terre en surface. Le fait de briser la couche superficielle du sol permet de réduire l’évaporation de l’eau en coupant l’effet de capillarité. En effet, l’eau, par force Il faut briser la croûte de la physique d’adhésion, se colle au substrat ; en brisant la terre, le lien de capillarité est rompu. Ceci a pour effet surface du sol lorsque celui-ci compacté pour permettre de forcer l’eau à refaire son lien de capillarité dans le substrat au lieu de s’évaporer vers la surface. Plus l’air est la réduction de l’évaporation est sec (lors de canicules), plus l’eau tente de remonter en surface pour équilibrer la constante de l’eau du substrat, en accord avec l’adage d’évapotranspiration. Le bris du lien de capillarité à ce moment permet donc de la conserver plus longtemps « Un binage vaut dans le sol pour que les plantes puissent en bénéficier lors de sécheresses. deux arrosages ». Lorsqu’il pleut et que le sol est mouillé, l’eau du substrat va remonter en surface par capillarité pour égaliser la tension superficielle (le sol va tenter d’équilibrer l’humidité de l’air). C’est pour cela que le fait de déposer un paillis de gazon coupé de 2,5 cm (1 po) par exemple, sur une surface sèche, fait en sorte que le paillis absorbe l’eau au lieu de la terre, retardant ainsi l’évaporation de l’eau du sol, lorsque la pluie est peu importante. Aérer le sol La pluie et les arrosages compactent le sol, le rendant imperméable à l’air. Ce dernier est aussi nécessaire que l’eau pour assurer un enracinement en profondeur et un bon développement aux plantes. La composition de l’air du sol devrait ressembler le plus possible à celle qui prévaut au-dessus de la surface du sol. L’aération de la terre permet aussi à l’eau de se rendre plus profondément et rapidement aux racines, tout en éliminant les excès d’eau. Une mauvaise aération produit des substances toxiques comme du gaz carbonique, ce qui est nuisible pour les plantes et conduit au dépérissement de certains spécimens. Elle peut même conduire à l’asphyxie des racines. Désherber En brisant le sol avec un cultivateur, nous extrayons les mauvaises herbes et les pierres. L’enlèvement des mauvaises herbes permet un meilleur développement des plantes en éliminant des éléments qui entrent en compétition avec celles que nous voulons garder. En effet, ces indésirables s’approprient des éléments nutritifs, et parfois même la lumière, au détriment des plantes que nous voulons cultiver.
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Les plantes réclament une qualité de vie Bien avant de s’attarder aux qualités ornementales des végétaux, c’est à leur qualité de vie qu’on doit penser, car une plante est bien plus qu’une photo de catalogue. Comme nous, les plantes possèdent des qualités et des défauts, des capacités et des limites. Julie Dansereau DANSEREAU, Julie. « Comprendre la capacité des plantes ». Québec Vert, volume 20, numéro 8, septembre-octobre 1998, p. 43. Les trucs du métier
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Le cultivateur permet de travailler dans des endroits hors de notre portée sans compacter la terre ou écraser nos plantes.
Préparer les semis Pour que le sol soit apte à la mise en place des semences, il faut qu’il soit bien préparé. Avec le cultivateur, on remue la terre, ce qui a pour effet de l’aérer et de l’ameublir, des conditions essentielles à la réussite des semis. Épandre des engrais organiques et inorganiques Rock Giguère
Les fertilisants demandent souvent à être incorporés dans les premiers centimètres du sol. Le cultivateur, par son hersage de surface, rend la terre assez meuble pour mélanger l’engrais à la terre de surface. Bien entendu, il faut faire attention à ne pas déranger les racines. Modifier le relief Plusieurs jardiniers remuent régulièrement le sol de leurs plates-bandes afin de donner une texture agréable à l’œil. En effet, il n’y a rien de plus beau que de visiter un jardin où la surface de la terre vient d’être retournée.
Pour donner une belle apparence au sol d’une platebande, il suffit de le herser en surface, ce qui lui donne une belle texture. Rock Giguère
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La technique de travail Ce que tout jardinier ou horticulteur doit savoir, c’est que le travail avec un cultivateur est sain pour le corps et l’esprit, pour autant que nous adoptions une position corporelle confortable et conforme à l’équilibre. En effet, un travail corporel effectué régulièrement et dans des conditions mécaniques corporelles déficientes peut entraîner des inconforts, surtout musculaires, voire des douleurs assez fortes qui causent plutôt du désagrément que du plaisir de goûter aux joies de l’exercice en plein air. Heureusement, depuis 2001, il existe sur le marché des outils ergonomiques. Un fabricant offre des outils avec un manchon recourbé (voir l’illustration ci-contre) et un autre, avec un manche télescopique. On doit bien enfoncer le cultivateur pour que ses dents (préférablement forgées pour plus de robustesse) puissent pénétrer suffisamment la terre pour briser la croûte qui se forme à la surface. Pour y arriver, il faut parfois exercer une pression assez grande. Si le cultivateur est doté d’un manche court, il faut travailler à genoux afin d’éviter les blessures et être confortable. Il faut avoir le dos le plus droit possible car une position courbée engendre l’écrasement des disques de la colonne vertébrale, l’étirement des muscles dorsaux et parfois même le déplacement de certains muscles ou tendons (tendinites). Chez les jardiniers qui persistent trop longtemps à travailler dans une mauvaise position, les problèmes musculaires et tendineux peuvent devenir persistants.
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Le cultivateur à long manche permet de travailler debout et avec une traction beaucoup plus grande que le même outil à manche court. Il facilite aussi le sarclage sous des plantes épineuses (rosiers) ou des plantes urticantes.
Avec le cultivateur à long manche, on tire vers l’arrière, en reculant d’un pas, le dos droit. Une mauvaise position peut apporter des inconforts au niveau de la musculature des bras, des épaules et du cou. Des maux dans le bas du dos et à la colonne vertébrale peuvent aussi survenir. Il ne faut pas oublier que la traction exercée avec un long manche est beaucoup plus importante qu’avec un manche court.
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Fertiliser avec discernement La fertilisation biologique Albert Mondor est détenteur d’un baccalauréat en biologie végétale de l’Université du Québec à Montréal et aussi diplômé de l’Institut de technologie agroalimentaire de Saint-Hyacinthe en horticulture, option architecture du paysage. Très polyvalent, il est animateur de l’émission télévisée Jardinons avec Albert, auteur de trois ouvrages horticoles et aussi conférencier horticole.
Par Albert Mondor La fertilisation n’est absolument pas essentielle à la santé et à la vigueur de la majorité des végétaux ornementaux. Les engrais ne doivent être utilisés que pour obtenir la croissance maximale de certaines plantes, comme celles qu’on cultive en jardinières par exemple. Nous pouvons donc obtenir de très belles plates-bandes en y ajoutant seulement du compost une fois par année. Le compost : des déchets bénéfiques L’humus contenu dans le sol se dégrade un peu plus tous les ans en libérant les éléments nutritifs qu’il contient. Il est donc essentiel d’apporter chaque année de la matière organique pour remplacer celle qui est perdue. Le compost est sans contredit l’amendement le plus efficace pour remplacer l’humus dégradé et pour maintenir la qualité du sol des plates-bandes. En plus de fournir une quantité importante d’éléments nutritifs essentiels aux plantes, le compost améliore la structure du sol. Amendée de compost chaque année, une terre est plus facile à travailler ; elle ne se compacte pas aussi facilement sous l’effet de la pluie ou du piétinement et elle laisse circuler l’air et l’eau en quantité adéquate tout en retenant davantage les éléments nutritifs. Un apport annuel de compost permet également de nourrir et de garder en santé la faune et la flore du sol (algues, champignons, bactéries, insectes et animaux utiles). Un sol sain se défend beaucoup plus efficacement contre les attaques de maladies et d’insectes nuisibles.
Albert Mondor
Les déchets organiques peuvent servir à fabriquer un engrais de qualité que l’on appelle communément compost. C’est un fertilisant obtenu à partir de la décomposition de feuilles mortes, d’herbe coupée, de déchets du potager, de cendres, etc. Ses résultats sont parfois étonnants… Gilles Paradis
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Gilles Paradis
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Il est préférable de faire pénétrer légèrement le compost dans le sol. On peut effectuer cette étape à l’aide d’un sarcloir en faisant bien attention à ne pas endommager les racines des plantes. Par contre, dans le cas de certaines plantes aux racines superficielles et fragiles, comme les clématites et les rhododendrons, il est préférable d’enfouir le compost à la main.
Tous les végétaux doivent recevoir du compost lors de leur plantation. Par la suite, il faut en épandre tous les ans dans le potager, dans les plates-bandes d’annuelles et de vivaces ainsi qu’au pied de tous les jeunes arbustes et jeunes arbres. Idéalement, il faut procéder à l’ajout de compost lors du nettoyage printanier des plates-bandes en avril ou en mai. Mais il est aussi possible d’en épandre à l’automne, lorsque les végétaux perdent leurs feuilles et entrent en dormance. Évitons cependant un apport de compost entre la fin de juillet et le moment où les végétaux perdent leurs feuilles, à l’automne ; cela les empêcherait de bien s’endurcir en prévision de l’hiver. Chaque plante a ses besoins auxquels il faut pourvoir. Un ajout trop massif de compost peut aussi avoir un impact négatif sur le sol et les végétaux. Généralement, les plantes d’ombre tels les astilbes, les bégonias tubéreux, les ligulaires et les primevères, par exemple, sont exigeantes et nécessitent un sol riche. Certaines plantes poussant au soleil, comme les piedsd’alouette hybrides et les rosiers, ont aussi des besoins semblables. Il faut épandre annuellement environ 2,5 cm (1 po) d’épaisseur de compost à leur base. D’autres végétaux, comme les ancolies, les iris des jardins, les cerisiers décoratifs, les lis et les verveines, préfèrent pousser dans une bonne terre à jardin brune sans apports massifs de compost. Il suffit de leur fournir 1 cm (1⁄2 po) d’épaisseur de compost chaque année. Enfin, il ne faut pas épandre plus de 0,5 cm (1⁄4 po) d’épaisseur de compost au pied des plantes adaptées aux sols secs et sableux, tels les armoises, les orpins bas et les pourpiers. Du phosphore à la plantation En plus de recevoir du compost à la plantation, les végétaux doivent bénéficier d’un apport de phosphore. Le terreau idéal pour la plantation de la majorité des végétaux est constitué de deux tiers de terre de la plate-bande – si elle est de mauvaise qualité, il faut la remplacer par de la terre à jardin brune – mélangée à un tiers de compost. Ce terreau doit aussi être fertilisé avec des os moulus. Cet engrais d’origine naturelle est riche en phosphore, un élément nutritif essentiel au bon enracinement des plantes. Comme le phosphore est un élément peu mobile, on doit s’assurer de bien mélanger les os moulus à la terre et au compost.
Albert Mondor
Pour favoriser la floraison de nos plantes, nous pouvons aussi ajouter des os moulus, un engrais naturel qui contient notamment du phosphore.
Pas d’engrais solubles dans les plates-bandes Lors de la fertilisation d’une plate-bande, il est préférable de ne pas employer d’engrais solubles comme ceux qui sont utilisés pour les cultures en pots. Une fois dans le sol, une grande partie des éléments nutritifs contenus dans ces fertilisants est lessivée par l’eau des pluies et des arrosages. Après quelques jours seulement, ces nutriments se retrouvent dans la nappe phréatique ou dans les cours d’eau. Très riches en nitrates et en phosphates, les engrais solubles constituent une grande source de pollution. Seuls le compost et les engrais à dégagement lent doivent être utilisés en pleine terre. Les trucs du métier
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On peut incorporer jusqu’à 1 kg d’os moulus/m3 de terreau (2,2 lb/35 pi3). Chaque plante vivace ou annuelle nécessite environ 15 ml (1 cuiller à soupe) d’os moulus. La dose peut augmenter à 30 ml (1 petite poignée) dans le cas de plantes dont la motte possède un diamètre supérieur à 15 cm (6 po). On doit donner 125 ml (1⁄2 tasse) d’os moulus aux arbustes et aux arbres de petit diamètre. Les arbres plus gros peuvent recevoir jusqu’à 500 ml (2 tasses) de cet engrais lors de leur plantation.
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Bien que les besoins en éléments nutritifs de la plupart des végétaux ornementaux soient amplement satisfaits par un simple apport annuel de compost, certaines plantes particulièrement voraces, comme les rosiers ou d’autres plantes soumises à des conditions difficiles, peuvent exiger une fertilisation supplémentaire.
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Afin de stimuler davantage la floraison des plantes annuelles, de certaines vivaces et des rosiers, j’ai l’habitude de fertiliser leur terreau de plantation avec un engrais naturel à dégagement lent de marque BioJardin de McInnes, dont la formule est 4-3-6, à raison de 0,5 kg/m3 (1,1 lb/35 pi3). Si cet engrais n’est pas disponible, il faut alors leur fournir du sulfate de potassium et de magnésium, mieux connu sous l’appellation commerciale de Sul-Po-Mag. Ce produit naturel, riche en soufre, en potassium et en magnésium, doit être ajouté au terreau à raison d’environ 0,5 kg/m3 (1,1 lb/35 pi3), soit environ 5 ml (1 cuiller à thé) par plant.
Bien interpréter les formules des engrais La composition des fertilisants est toujours indiquée sur l’emballage. Par exemple, un engrais dont la formule est 18-24-16 est constitué de 18 % d’azote (toujours identifié par la lettre N), de 24 % de phosphore (identifié par la lettre P, mais sous forme de P2O5), de 16 % de potassium (identifié par la lettre K, mais sous forme de K2O) et de 42 % d’autres éléments tels le carbone, l’hydrogène et l’oxygène. Généralement, les engrais riches en azote, dont le premier chiffre est le plus élevé, sont utilisés pour le gazon et les plantes cultivées pour leur feuillage. Les fertilisants riches en phosphore, dont le deuxième chiffre est le plus élevé, conviennent aux plantes cultivées pour leurs fleurs et leurs fruits, et améliorent l’enracinement des jeunes végétaux. Enfin, les engrais riches en potassium, dont le troisième chiffre est le plus élevé, sont surtout employés pour améliorer la résistance des plantes au froid et à la sécheresse. Le potassium a également une grande influence sur la qualité de la floraison et de la fructification des végétaux.
Petit supplément Quelques années suivant la plantation, malgré des apports annuels de compost et à la suite d’une analyse du sol, il est parfois nécessaire de fournir un peu d’engrais à certains végétaux voraces, tels les rosiers, ou aux plantes qui ne semblent pas avoir une croissance acceptable, comme celles qui sont placées sous des arbres. L’engrais naturel à dégagement lent Bio-Jardin de McInnes, de formule 4-3-6, cité précédemment convient très bien à la plupart des végétaux à fleurs. On peut également utiliser l’engrais naturel Natura de Canagro, de formule 5-4-7. Ces deux fertilisants doivent être épandus à la base des végétaux, idéalement au printemps lors de l’ajout de compost, à raison de 1 kg/10 m2 (2,2 lb/108 pi2).
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Vous pouvez également faire une application d’algues liquides à deux ou trois reprises avant le mois de juillet pour assurer une croissance vigoureuse et une floraison abondante à certaines plantes à fleurs exigeantes ou soumises à des conditions environnementales stressantes. Mélangez 2,5 ml (1⁄2 cuiller à thé) d’algues liquides à 1 litre d’eau et aspergez le terreau et directement le feuillage avec cette solution, tôt le matin ou par temps couvert. Les algues sont très riches en potassium, en plusieurs oligo-éléments et elles contiennent également des acides aminés, des enzymes, des antibiotiques et même des hormones de croissance.
La fertilisation des plantes en contenants La quantité de terreau étant très réduite dans un contenant, les éléments nutritifs qui s’y trouvent sont rapidement puisés par les plantes, s’ils n’ont pas déjà été lessivés par les arrosages fréquents. Pour qu’elles aient une bonne croissance et qu’elles fleurissent abondamment, les fleurs annuelles plantées dans des contenants ont donc besoin d’un apport d’engrais régulier. Avant de commencer la fertilisation, il faut attendre 3 à 4 semaines si vous utilisez un terreau composé de compost. Il est suggéré de fertiliser les plantes en contenants avec un engrais riche en phosphore et en potassium. Je mélange habituellement un engrais soluble de formule 15-30-15 à l’eau d’arrosage. J’ai également fait l’essai d’un fertilisant plus riche en potassium, dont la formule est 15-15-30, et j’ai obtenu beaucoup de succès avec certaines annuelles voraces, comme les surfinias. Mais il ne faut pas appliquer seulement un engrais riche en phosphore et en potassium, il est préférable d’alterner régulièrement avec un fertilisant équilibré de formule 20-20-20. Personnellement, je fertilise mes annuelles en contenants en employant la technique Victoria. Le nom de cette méthode fait allusion aux magnifiques arrangements de plantes annuelles de cette ville de ColombieBritannique. Plutôt que de fertiliser les plantes tous les 10 ou 15 jours, cette pratique consiste à fournir de l’engrais aux végétaux à chaque arrosage. Cependant, plutôt que la pleine dose, on apporte seulement le tiers de la quantité de fertilisant recommandée par le fabricant, ce qui correspond généralement à 1 ml par litre d’eau (1 cuiller à thé par gallon). Pour la plupart des régions de l’est du Canada, il n’y a aucun inconvénient à utiliser cette façon de faire. Toutefois, dans certains endroits où l’été est particulièrement chaud et sec, comme c’est le cas dans la grande région de Montréal, il vaut mieux diminuer les apports d’engrais durant une certaine période. En juillet et au début d’août, on peut continuer de fertiliser à chaque arrosage, mais on diminue la dose d’engrais à environ 0,5 ml par litre d’eau (1/2 cuiller à thé par gallon). Cela évite de brûler les racines lorsque le terreau s’assèche trop rapidement. Alterner les types de fertilisants est très important : un arrosage doit être fait avec un engrais riche en phosphore et en potassium, comme le 15-30-15, alors que le suivant est effectué avec un fertilisant équilibré dont la formule est 20-20-20.
Les trucs du métier
Albert Mondor
Les engrais solubles, comme le 20-20-20 doivent être utilisés seulement pour fertiliser des plantes annuelles en contenants.
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Obtenir un bon substrat de plantation Les supports stériles en horticulture Par Jean Denis Brisson et Claude Doré
Claude Mathieu, PUB Photo (courtoisie de Spécialités Terre à Terre)
Les principaux éléments qui entrent dans la composition des substrats stériles (au centre en haut) sont la perlite (matière blanchâtre), la vermiculite (matière beige) et le terreau stérilisé (matière brunâtre).
Les jardiniers ont besoin d’un substrat léger et stérile pour partir leurs plantes, que ce soit par semence ou par bouture, afin d’éviter la maladie de la fonte du semis. Le contrôle chimique de ce problème n’est pas très efficace car il faut connaître le champignon en cause afin d’employer le bon fongicide pour l’annihiler. Au moins huit espèces communes de champignons sont associées au problème de fonte. Le jardinier amateur ne dispose que de très peu de choix de fongicides par rapport à l’industrie. Heureusement, nous pouvons profiter des retombées de la recherche industrielle qui a inventé plusieurs produits pour lutter contre ce problème. Des substrats stériles sont maintenant disponibles sur le marché, ce qui nous évite de grands maux. Nous mentionnerons surtout la perlite et la vermiculite qui sont les plus utilisées par les jardiniers amateurs, même s’il existe d’autres substrats stériles, comme la laine de roche et la mousse de polystyrène, qui viennent d’arriver sur le marché. La perlite La perlite n’est pas un nom commercial, mais plutôt un substrat d’origine naturelle. On chauffe une roche siliceuse volcanique à 1 200 ºC pour l’amener à la fusion, ce qui induit la stérilité à condition de la maintenir en cours de fabrication et d’entreposage. Au chauffage, cette roche naturelle augmente de 4 à 20 fois son volume initial en raison de la présence d’eau (2 à 6 %). La roche explose alors à la façon d’un grain de maïs (d’où l’appellation rock pops) et donne une multitude de perles blanches poreuses de très petite taille, d’où son nom de perlite. Certaines compagnies concassent de gros morceaux de ces roches pour obtenir des granules de quelques millimètres de diamètre. La perlite est une substance très légère : elle s’écrase entre les doigts sous une légère pression et se dissout partiellement et lentement dans l’eau. On fabrique une perlite spongieuse et plus légère avec une plus grande capacité d’absorption d’eau et d’air en faisant tomber dans l’eau le matériel en fusion (surfusion). La surface de ces granules de perlite se parsème alors de très petites cavités, ce qui augmente la surface de rétention d’eau, d’air et de nutriments nécessaires aux racines des plantes. Grâce à sa stérilité (absence de graines et d’insectes), à sa permanence et à son absence d’odeur, la perlite est d’abord utilisée en horticulture comme support d’enracinement, en plus d’être employée pour alléger et aérer les mélanges de terre destinés à la culture en pots. Elle est non toxique, ce qui en fait un substrat sûr. Elle est aussi utilisée pour le compostage, la production de gazon en plaques, autour des arbres et des arbustes, car
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les limaces et les mulots la détestent. Elle est employée en agriculture pour faciliter l’irrigation des sols L’illustration ci-dessous illustre où se trouve l’eau entre les argileux. C’est la grande porosité des mélanges de sols qui aide à augmenter l’aération et la capacité de couches du cristal de rétention de l’eau, de même qu’à la libération de celle-ci au besoin. Enfin, elle est prisée pour sa force capillaire montmorillonite qui cause dans les cultures sans sol, par exemple la culture hydroponique des fleurs et des légumes. La perlite entre l’expansion de l’argile et son éclatement lorsqu’il est aussi dans la composition des sols artificiels légers, de type Pro-Mix ou Agro-Mix, utilisés pour la germination chauffé afin de constituer la vermiculite. des graines, l’enracinement et la croissance des plantes. Certaines analyses chimiques donnent la composition suivante de la perlite : SiO2 (oxyde de silicium) : Al2O3 (oxyde d’aluminium) : Fe2O3 (oxyde ferrique) : MgO (oxyde de magnésium) : Na2O (oxyde de sodium) : K2O (oxyde de potassium) : CaO (oxyde de calcium) :
75,41 % 12,85 % 0,64 % 0,36 % 3,70 % 4,55 % 0,82 %
Ce matériau contient des substances alcalines (calcium, potassium et sodium) qui peuvent être néfastes pour des plantes qui aiment particulièrement l’acidité [ex. : bleuets (Vaccinium), petits-prêcheurs (Arisaema), rhododendrons (Rhododendron), groseilliers (Ribes), etc.]. Cependant, ces substances alcalines ne sont pas nécessairement libérées, car elles sont très peu solubles dans l’eau. Même si la quantité dissoute est faible, elle peut être absorbée par les plantes. La perlite n’altère pas de façon significative le pH du sol.
H2O
Courtoisie de McGraw-Hill, tiré de Soils and Soil Fertility, p. 166.
Mg
La vermiculite La vermiculite est également produite par un éclatement de chaleur, mais le produit de base provient de particules de micas, une sorte de glaise qui se classe entre la montmorillonite et l’illite. Ce produit est caractérisé par la présence de doubles couches de micas en expansion partielle. La vermiculite augmente 20 fois de volume quand on la chauffe à 300ºC. C’est la raison pour laquelle elle se compresse entre les doigts, contrairement à la perlite. Ce produit est intéressant pour les horticulteurs car il permet de libérer du magnésium ou du calcium selon le pH du substrat. Une conséquence positive est le fait que les ions sont aussi plus facilement accessibles aux champignons mycorhizateurs, ce qui permet de l’établir plus facilement dans les semis que dans le champ même (voir page 172).
Force capillaire : force d’attraction des molécules d’eau par les molécules constituant la perlite. Ces dernières « aspirent » l’eau d’une région où il y en a beaucoup vers une région où il y en a moins.
Les trucs du métier
L’illustration ci-dessus nous montre la position des cations de magnésium (petits ronds) entre les couches d’aluminium et de silice, des éléments de la vermiculite. La plante va chercher ces cations pour sa croissance, ce qui fait que la vermiculite est supérieure à la perlite qui ne possède presque pas d’éléments nutritifs pour la plante.
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Les billes d’argile servent, surtout en condition hydroponique, à recevoir les transplantations des blocs de laine de roche mais aussi à partir des boutures. Jean Denis Brisson
De nouveaux supports de départ sont maintenant offerts aux jardiniers amateurs comme ces cubes de laine de roche, spécialement conçus pour faciliter la germination des graines et le bouturage. Le trou de plantation est déjà prévu. Il suffit d’arroser le contenant après avoir semé la graine. Ensuite, toute l’unité peut être plantée dans un autre support comme du terreau, une fois que les racines émergent du bloc.
Les nouveaux produits stériles Deux autres produits stériles ont aussi fait leur apparition sur le marché : il s’agit des blocs de laine de roche et de mousse de polystyrène et de la tourbe de sphaigne. Contrairement aux quatre autres produits qui sont stériles de par leur procédé même de fabrication, la tourbe de sphaigne ne l’est pas en soi. Toutefois, les processus du séchage solaire avant la collecte sous vacuum agissent comme un coup d’insolation pour tuer les bactéries et les champignons. Ce processus est utilisé en Floride et en Californie pour stériliser le dessus du sol. Les traitements de chaleur formant les blocs pressés font que peu de champignons s’y développeront par la suite... si la graine est saine, et les outils, et les mains, etc. De même, les nouveaux mélanges (Agro-Mix, Pro-Mix, etc.) sont stérilisés (ou du moins pasteurisés) et stabilisés pour contrôler le pH. Dans certains cas, il y a ajout de mycorhizes et, en ce qui concerne les mélanges pour boîtes à fleurs, depuis l’année dernière, il y a incorporation de granules hygroscopiques. Celles-ci se révèlent très utiles dans les jardinières qui se dessèchent très vite en raison de leur manque de profondeur.
Hygroscopique : se dit d’une substance qui est capable d’attirer de l’eau et de la restituer graduellement au sol selon la demande, laquelle est en fonction des exigences de la plante.
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Réaliser un champ fleuri L’ensemencement à la volée Par Christine Landry Mais où sont rendus nos champs fleuris, les terrains vacants aux couleurs inouïes ? Où sont cachées les étendues à perte de vue de salicaires, les vastes prés de lupins, les doux pastels de mauves, les couvre-sols orangés d’épervières et les massifs laineux d’anaphale marguerite ? Fillette, des fleurs tombaient de notre tablier replié qui n’était jamais assez plein. Nous manquions toujours de mains pour cueillir les nouvelles graminées découvertes sur notre chemin. Au hasard de notre route, nous rencontrions des couverts de coloris déconcertants. À cette époque, nous les tenions peut-être un peu trop pour acquis et la question ne se posait même pas. Ils étaient là pour y demeurer quoi. Mais voilà, ils furent rasés. Leurs propriétaires ne veulent plus être dérangés et la mode est à la propreté !
Rock Giguère
Dame Nature nous donne de belles leçons d’ensemencement naturel.
Puis, le désir de savourer à nouveau ces beautés oubliées et de revoir l’abondance de fleurs éparpillées, germe en nous. La folle envie nous prend de colorer les grands espaces, d’amorcer une libre expression à la diversification colorée des fleurs, de naturaliser les gazons trop uniformes, de briser la monotonie des talus de foin fauché, d’animer les paysages banals en bordure des routes et d’agir enfin comme « acteurs » à Christine Landry l’enclenchement du cycle vital de la flore. est membre du conseil Nous commençons par la préparation du sol. Ici, plusieurs approches sont possibles et chacun peut choisir d’administration de la sienne selon ses propres critères. Plusieurs facteurs doivent être considérés comme l’emplacement du site, la Société d’horticulture les conditions géomorphologiques et chimiques de la terre et ce qui « dort » comme semences dans le sol. et d’écologie de Prévost et est responsable du Plusieurs personnes, dans le passé, ont eu des surprises à retourner le sol ou à le déchiqueter. En effet, des programme à la volée au semences insoupçonnées en état de dormance ont alors germé, stimulant la pousse de plants coriaces, Comité d’embellissement indésirables comme le chardon, le chiendent ou l’herbe à poux. Si seulement une technologie de détection de de Prévost. Elle est plusieurs types de semences pouvait exister, elle nous faciliterait la tâche. propriétaire du Jardin du Certains sèment directement dans le talus de foin, espérant patiemment que leurs semences trouveront une parcelle de terre pour y germer. On retire cependant des dividendes selon l’effort investi. D’autres déposent leurs cartons ou leur papier journal, y empilent une masse de feuilles déchiquetées et mélangées à de la terre et sèment. Et enfin, il y a ceux qui ne veulent aucune « mauvaise » herbe et qui arrachent carrément le gazon ou le foin, désirant à tout prix un entretien zéro. Par contre, en enlevant ainsi le coussin de germination, il faut quelque peu le remplacer en y ajoutant de la terre ou du compost, selon l’argent qu’on veut investir. Ici, l’effort est pleinement récompensé par le résultat. Les trucs du métier
pasteur à Saint-Hippolyte. De plus, elle rédige des chroniques dans les bulletins horticoles locaux.
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Les plantes annuelles sont bien belles et les champs de pavots sont magnifiques, mais c’est toujours un éternel recommencement. La réussite réside dans le semis de plantes vivaces et de plantes annuelles ! Les meilleures compositions sont les mélanges maison, puisque le contenu et la date où les semences ont été collectées sont connus. Le produit ne s’avérera pas un petit sac rempli de sable ou de vermiculite avec quelques semences vieillies dans le fond du contenant. Non, les mélanges maison sont constitués de semences propres et jeunes. Il faut bien planifier les couleurs, les hauteurs, les textures et la période de floraison. Chacun peut donc constituer ses mélanges selon ses goûts. Rock Giguère
Les mélanges de couleur soleil (rouge, jaune, orange) constituent de beaux tableaux. Ils peuvent être composés de plantes de taille moyenne [environ 60 cm (2 pi)]. Nous pouvons y mettre des semences de rudbeckies hérissées (Rudbeckia hirta), de coréopsis à grandes fleurs (Coreopsis grandiflora), de gaillardes à grandes fleurs (Gaillardia grandiflora) et de cosmos sulfureux (Cosmos sulfureus). Il y a aussi des mélanges de plantes courtes [environ 30 cm (1 pi)] comme les mauves musquées (Malva moschata), le lin vivace (Linum perenne), les hibiscus trilobés (Hibiscus trionum), les violettes cornues (Viola cornuta), les trolles hybrides (Trollius x cultorum) et les bleuets (Centaurea cyanus).
Les champs fleuris de coquelicots nous rappellent les peintures des impressionnistes tels Monet et Van Gogh.
Il y a aussi les mélanges pastel (rose, blanc, mauve) composés de célosies argentées ‘Purple Flamingo’ (Celosia argentea ‘Purple Flamingo’), de physostégies de Virginie (Physostegia virginiana), de sauges superbes (Salvia superba), de lin vivace (Linum perenne), de célosies plumeuses (Celosia argentea var. plumosa), de mauves musquées (Malva moschata) et de véroniques en épis (Veronica spicata).
Rock Giguère
Un champ fleuri peut même servir à aménager la façade de notre résidence.
Les mélanges de fleurs hautes [plus de 1 m (3 pi)] sont plus audacieux mais très intéressants. On peut jouer avec les proportions de types de fleurs pour réussir une bonne combinaison. Il faut faire attention à ne pas trop privilégier une variété au détriment des autres pour qu’elle n’envahisse pas notre champ fleuri ou devienne trop prédominante avec le temps. Dans les pastels, on y retrouve les grandes marguerites (Leucanthemum x superbum), les tabacs d’ornement (Nicotinia sylvestris), les cosmos (Cosmos bipinnatus), les salicaires (Lythrum salicaria), les échinacées (Echinacea purpurea), les juliennes des dames (Hesperis matronalis), les verveines de Buenos Aires (Verbena bonariensis) et les digitales pourpres (Digitalis purpurea). Les vivaces qui sont vulnérables à l’oïdium sont à éviter. Vient alors le moment tant attendu. Cette journée-là, le sol est préalablement arrosé en profondeur. Le ciel est couvert de nuages ; ainsi le soleil ne brûlera pas les semences. Il n’y a aucun vent et tout risque de gel printanier est passé. Un autre moment propice à l’ensemencement à la volée est l’automne, après l’été des
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Indiens. Ainsi, les semences ne germent pas et entrent en dormance sans que le premier gel automnal les tue. Du bout des doigts, le jeu tactile de mélanger les semences commence : de par leurs grosseurs, les plus petites se retrouvent dans le fond. La main est sûre dans son mouvement « prend et lance » qui se répète à intervalle régulier. La marche est lente. C’est alors que les semences prennent leurs envolées dans les airs et s’éparpillent sur une terre fraîche qui les attend. Un léger coup de râteau fait pénétrer superficiellement les semences dans leur nid. La constance d’arrosage de la pouponnière maintenant exposée aux intempéries est cruciale ; une fois la germination enclenchée, les semences ne doivent pas s’assécher. Débute alors l’attente interminable de la levée des semences qui prend normalement moins d’une semaine pour ce type de fleurs. Les plantules se font mutuellement une lutte de survie afin d’acquérir chacune leur espace vital. Au premier été, c’est le nursering. Quelques fleurs discrètes se montrent le bout du nez, histoire de nous encourager. Une seule protection automnale de feuilles mortes garantit la survie aux premières rigueurs hivernales. L’été suivant, c’est le coup de foudre, la récompense, le spectacle ! Les automobilistes ralentissent leur course pour se rincer l’œil. Les mieux équipés pointent leur caméra plein zoom.
Rock Giguère
Les bleuets (Centaurea cyanus), qu’il ne faut pas confondre avec les fruits bleus du Lac-Saint-Jean, peuvent entrer dans les compositions des mélanges soleil ou pastel.
J’identifie alors mes fleurs préférées d’une attache visible à la tige. Ainsi, lorsque ces plants produisent leurs semences, je récolte ces dernières à leur stade avancé de développement, tout juste avant qu’elles ne tombent au sol. J’en laisse quelques-unes pour l’ensemencement naturel. Depuis longtemps, les pays d’Europe perpétuent cette pratique. De notre côté, les États-Unis fleurissent leurs autoroutes depuis quelques années. Au Québec, une pionnière dans le domaine est Mme Édith Smeesters de SaintBruno-de-Montarville qui a élaboré un projet communautaire pour NatureAction Québec.
Les rudbeckies : des couleurs soleil assurées. Pierre-André Rocheleau
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Le monde des ravageurs L’Homo sapiens « brouteur » du xxi e siècle est-il plus conscient que celui du xx e siècle ? Il rêve du jardin sain et naturel, mais dès qu’un puceron dévore SON rosier, le « brouteur » dans tous ses états de rage… va s’enquérir immédiatement et sans vergogne auprès d’un conseiller ou d’une conseillère horticole : « Mon jardin se fait littéralement dévorer… » Jean-Claude Vigor VIGOR, Jean-Claude. « Pratiques de jardinage douteuses… de l’écolo de cœur ». Le Devoir, cahier week-end, semaine du 16 juin 2001.
Jean-Claude Vigor est professeur et chef d’équipe du programme Technologie de la production horticole et de l’environnement à l’Institut de technologie agroalimentaire de Saint-Hyacinthe. Il est aussi un des animateurs de la série télévisée Jardins d’aujourd’hui.
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Ci-contre : Le charançon noir de la vigne Bernard Drouin, courtoisie du MAPAQ
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L’évolution des insectes Les insectes mutants Jean Denis Brisson a obtenu un doctorat en systématique-botanique de l’Université de Guelph en 1978. Il travaille actuellement au ministère de l’Environnement du Québec, à la Direction du patrimoine écologique et du développement durable. Auteur de plus de 50 publications scientifiques, il est également membre de plusieurs sociétés scientifiques et horticoles.
Par Jean Denis Brisson Force est de constater que les arthropodes (araignées, acariens et insectes surtout) ont une grande capacité de mutation naturelle. Il suffit de regarder leur nombre actuellement connu pour s’en rendre compte : 30 000 araignées, autant d’acariens et presque deux millions d’insectes. Ces chiffres ne sont que des estimés très relatifs, car les taxinomistes évaluent le nombre d’espèces d’acariens à plus de 200 000 et celui des insectes entre 10 et 20 millions. Ces données ne concernent que la variation interspécifique, c’est-à-dire associée à des individus qui se reconnaissent entre eux et qui sont capables d’engendrer des descendants identiques. Il existe une tout autre gamme de variations, plus subtiles, faisant intervenir des processus physiologiques. Or ce sont ces types de mutations qui sont à la fois craints (en raison de leurs dommages) et recherchés (pour contrecarrer les effets indésirables) par les entomologistes. Le propos de cet article est de sensibiliser les horticulteurs aux gestes concrets qu’ils peuvent faire pour ne pas induire des mutations qui leur seraient défavorables à long terme. La nature des mutations Morphologie externe
Bernard Drouin, courtoisie du MAPAQ
Ce groupe de coccinelles maculées ne montrent pas de variations dans les patrons de coloration sur leurs ailes. Nous pouvons observer sur les deux photos ci-contre une différence entre les patrons de coloration de la coccinelle asiatique ; une mutation de morphologie externe. Carole Germain, courtoisie du SCF
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Pendant longtemps, nous n’avons considéré que les mutations liées à des variations observables, généralement pour créer des sous-espèces. Les paramètres les plus observés étaient reliés à l’habitus des individus, c’est-à-dire la coloration elle-même et ses motifs dans la coloration, les variations dans les appendices (antennes, yeux, pattes, ailes, etc.) surtout au regard de leur nombre et de leur longueur. À l’instar des humains, les motifs de coloration de la peau (ici du corps des insectes) importent peu pour l’insecte. En effet, celui-ci ne fait pas trop de différences entre un individu de son groupe avec une carapace plus foncée ou des taches pâles en plus grand nombre. La coccinelle asiatique (Harmonia axyridis), arrivée récemment au Québec, présente un important polymorphisme (variation de la couleur)
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partout où elle est observée dans le monde. Il y a donc beaucoup de mutations qui n’affectent pas nécessairement le fonctionnement de l’espèce. Morphologie interne Un second grand groupe de mutations est celui qui affecte l’anatomie interne des arthropodes. La mise en évidence de ces mutations est nettement plus difficile, car elle requiert des travaux d’anatomie et de morphologie, une discipline que peu de spécialistes maîtrisent actuellement. Prenons le cas de la mutation « mauvais voilier » (flight-less) qui affecte les coccinelles asiatiques. Leurs ailes et élytres sont tout à fait normaux, mais ce sont leurs muscles « désorganisés » qui les empêchent de voler correctement. Cette souche se prête mieux que les autres pour exercer un contrôle biologique au jardin ou en serre. Lors de leur utilisation, les coccinelles asiatiques ne restent pas longtemps au même endroit : dans le champ, il n’y a donc pas un grand avantage pour un horticulteur de s’en procurer... sachant que son voisin en profitera le lendemain. Si la coccinelle adulte Bernard Drouin, courtoisie du MAPAQ se meut rapidement lorsque la présence de la nourriture est moindre, même les larves le font également. Sur Le rhizophage du framboisier, un rosier, il faut plus de 30 pucerons par plant pour maintenir la larve sur l’arbuste. La lutte biologique avec un papillon, a effectué une mutation anatomique la coccinelle asiatique pose donc un problème technique, mais moindre, par rapport aux autres coccinelles (bandes jaune orange indigènes parce qu’elle entre en diapause plus tard et qu’elle sort de sa torpeur plus tôt. sur l’abdomen) pour ressembler à une guêpe et ainsi échapper à ses prédateurs, les oiseaux, qui préfèrent les papillons aux guêpes, pour les mêmes raisons que nous.
Mutations du métabolisme
Le troisième grand groupe de mutations est celui qui affecte directement le métabolisme. Il est surtout concerné par les résistances des arthropodes aux insecticides. Le principal type de résistance est lié au métabolisme cellulaire. Ainsi l’arthropode, qui est en contact avec un insecticide, doit trouver une voie de détoxication pour survivre. Au regard de l’ensemble des produits phytosanitaires, en 1989, l’Académie nationale des sciences à Washington rapportait des mentions de résistance pour 500 espèces d’acariens et d’insectes, 100 espèces d’organismes associés à des maladies, deux espèces de nématodes, cinq espèces de rongeurs et 50 espèces de mauvaises herbes. Depuis, la situation a continué à se détériorer. Jusqu’à maintenant, plus de 850 mutations d’arthropodes ont été observées, pouvant résister à la formule d’un insecticide et, parfois, vis-à-vis d’une famille d’insecticides. Dans certains cas, beaucoup plus problématiques, Diapause : moment l’insecte est tolérant à diverses familles d’insecticides.
où l’insecte entre en dormance hivernale.
La résistance aux pesticides s’est manifestée en Europe dès les premières applications des produits : élimination phytosanitaires, notamment les bouillies bordelaises. La situation s’est détériorée rapidement avec l’arrivée Détoxication ou neutralisation du premier insecticide de synthèse, le DDT, en 1945. Déjà en 1969, Brown rapportait la résistance de du produit. 225 espèces d’acariens et d’insectes au DDT et produits organochlorés, dont 121 espèces dans les productions horticoles et 97 espèces qu’on retrouvait dans les habitations, sur les animaux domestiques et sur l’homme (coquerelles, punaises, poux, puces, etc.). Le monde des ravageurs
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Bien plus, dans les productions horticoles légumières qui sont cultivées à la grandeur de la planète (pommes de terre, choux, tomates, maïs, etc.), la résistance s’est développée mondialement chez presque tous les ravageurs qui affectent ces légumes : doryphore de la pomme de terre, plutelle des crucifères, mineuse de la tomate, pyrale européenne du maïs, etc. La majorité des pesticides ont une durée de vie utile limitée dans le temps, et l’arrivée d’une résistance aux arthropodes visés fait en sorte que le produit est retiré localement ou mondialement. Les conséquences ne sont pas les mêmes pour l’industrie et les horticulteurs. Les coûts moyens liés à l’obtention de commercialisation d’un produit s’élèvent actuellement à environ 60 millions de dollars. On peut comprendre que l’industrie ne sera pas encline à faire les recherches si son produit risque d’être déclassé et abandonné dans moins de temps qu’il lui faudrait pour couvrir ses coûts de recherches toxicologiques. Dans bien des cas, nous n’avons pas, surtout au Canada, de pesticides de remplacement efficaces. Bernard Drouin, courtoisie du MAPAQ
Le doryphore a été l’un des premiers insectes à montrer de la résistance, partout dans le monde, envers les insecticides qui étaient utilisés contre lui.
Phytophages : se dit des insectes qui mangent du feuillage. Sous-létales : en dessous du seuil de la mort.
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Mutations et conséquences En 1971, David Pimentel a recensé les effets écologiques sur les espèces non ciblées par l’application d’un pesticide. Ainsi, les acariens phytophages des pommes de terre affichaient une population 20 fois supérieure dans les champs traités en regard des champs témoins, parce que leurs prédateurs avaient succombé alors que les acariens étaient relativement immunisés contre les pesticides utilisés. Il existe des centaines de cas de ces situations de déséquilibre. Les vergers du Québec ont aussi fait l’objet de ce problème. Des travaux de recherches ont été entrepris afin de trouver des prédateurs aux mites qui dévorent le feuillage des pommiers et qui soient capables de résister aux principaux produits insecticides utilisés. La majorité des résistances observées sont issues des pratiques agricoles et d’extermination des arthropodes. Les facteurs associés à une induction de la résistance sont multiples et le plus commun est l’utilisation répétée des mêmes produits à l’ensemble d’un ravageur sur de grandes surfaces. La résistance à un ennemi devient donc plus problématique encore lorsqu’il n’y a eu qu’un seul mode de gestion de cet ennemi, comme c’est souvent le cas dans les monocultures (maïs, pomme de terre, pomme). L’horticulteur amateur, par la diversité de ses plantes, n’est donc pas responsable de la résistance observée ou constatée. Toutefois, si son pommier affecté est traité avec les mêmes produits qui sont pulvérisés dans les vergers avoisinants, l’arthropode visé ne fera pas trop de cas de la petite clôture de bois, fût-elle très belle, et l’horticulteur amateur fait alors partie du même écosystème. Bien que les professionnels de l’horticulture et de l’agriculture disposent d’une plus grande étendue de produits et d’outils davantage performants (ex. : pulvérisateurs électrostatiques) pour couvrir les plantes, la tendance de l’apparition de la résistance continue de s’accroître. L’application des doses sous-létales permet la sélection d’individus qui peuvent montrer plus rapidement une résistance intrinsèque à cette dose. Ces Botanique et horticulture dans les jardins du Québec – Guide 2002
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individus passeront ensuite leur résistance acquise à leurs descendants ; ceux-ci ne pourront être tués que par des doses plus fortes jusqu’à ce que, finalement, la population entière soit devenue résistante à moins que ce ne soit l’organisme traité qui manifeste avant un symptôme de toxicité. La majorité des cas de résistance découlent de cette situation généralisée au niveau mondial. Il serait faux de prétendre qu’elle n’arrive uniquement qu’aux professionnels qui n’appliquent pas les bonnes doses. En fait, il n’est pas rare d’entendre les horticulteurs amateurs déclarer « avoir fait l’application d’une petite shot au cas où... », mais, souvent, ils ne peuvent préciser contre quels ennemis ils ont dirigé leur produit. Pourrait-on obtenir une résistance même dans les cas où l’application d’une dose est conforme aux recommandations ? La réponse est aussi positive mais les facteurs responsables sont différents. Les producteurs professionnels disposent de brumisateurs et d’appareils à charges électrostatiques permettant une meilleure adhésion des gouttelettes (en fait des microgouttes en aérosol). Il ne faut pas beaucoup de vent pour déplacer des nuages de liquides en aérosol. Les arthropodes (acariens ou insectes) ont une capacité intrinsèque de se mouvoir hors du champ d’application. Il suffit de constater comment les sauterelles se déplacent rapidement lorsqu’elles nous voient venir (en fait elles ont senti les vibrations sur le sol bien avant de nous voir), avec ou sans appareil de pulvérisation sur le dos. Même si le taux d’application est conforme aux normes dans le champ, la partie recouverte par une dérive risquera fort probablement de leur être sous-létale. À l’exception des haies, les horticulteurs amateurs traitent plutôt isolément leurs massifs d’arbres, d’arbustes ou de plantes vivaces. Il se crée donc autant de refuges de dispersion qu’il y a de trous dans la continuité du couvert végétal traité. Une autre cause d’induction de la résistance est liée au grand groupe de produits utilisés. Cette cause est même susceptible de se retrouver assez fréquemment chez les horticulteurs amateurs. Elle est en effet liée au mode d’action des produits : systémique versus de contact. Le traitement des plantes avec un pesticide de contact (ex. : carbaryl) permet un moins bon contrôle même si la dose est généralement suffisante, car il faut toucher directement l’insecte ou qu’il y ait un résidu important sur le feuillage. Les amateurs adoptent en général un comportement de « mécènes du produit » plutôt que de « séraphins » surtout lorsque leurs fleurs préférées sont atteintes (ex. : des lis attaqués par des criocères). Cependant, pour plusieurs arthropodes, surtout ceux des groupes qui sucent la sève (aleurodes, cochenilles, pucerons, thrips, etc.), un produit systémique exercera un meilleur contrôle lorsque les ravageurs ne peuvent s’envoler rapidement de leur hôte ou se mouvoir à des endroits où ils détectent une plus faible dose du produit. Aussi, ils peuvent revenir après notre passage. On peut voir ici que pour être efficace le feuillage doit être bien recouvert dans le cas des produits de contact. Cependant, ce n’est pas le même cas Le monde des ravageurs
Rock Giguère
Dans les cas de monoculture, il n’y a bien souvent qu’un seul mode de gestion de l’ennemi, d’où une acquisition de résistance par l’arthropode visé, comme dans ce champ de colza (canola).
Claire Fecteau, courtoisie du MAPAQ
Lorsqu’une larve devient résistante, elle transmet sa résistance à ses descendants.
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pour les produits systémiques qui sont transportés aux diverses parties de la plante par la sève. En général, le pesticide est plus présent dans les parties offrant un meilleur taux d’évapotranspiration (demande d’eau pour saturer l’air), notamment les extrémités supérieures comme les fleurs et le feuillage. C’est là que la plante peut être le plus endommagée par les pucerons, les chenilles, etc. Rock Giguère
Le rôle des horticulteurs amateurs
Les arthropodes (acariens, araignées, insectes, etc.) développent des résistances aux pesticides surtout si l’on utilise toujours le même produit. Il faut donc varier les produits de lutte. En 1989, déjà 500 espèces d’acariens et d’insectes avaient des mentions de résistance aux pesticides.
L’apparition de formes présentant une résistance n’est pas uniquement liée aux pratiques des agriculteurs et des horticulteurs professionnels. En effet, ils sont plus susceptibles d’en être la source première en raison des surfaces traitées, des volumes en cause et des choix de produits. Malgré une vaste gamme de produits offerts sur le marché, leur choix du produit exerce une influence directe sur les conditions favorisant l’apparition des mutants. Les horticulteurs amateurs ne demandent probablement pas à leurs voisins ce qu’ils ont appliqué sur leurs arbres et arbustes. Mais, même s’ils l’avaient demandé, les horticulteurs sont tributaires le plus souvent du même centre local ou régional de distribution, qui n’a souvent qu’un choix limité de produits à offrir. Les horticulteurs sont donc eux aussi susceptibles d’avoir un comportement apte à favoriser l’apparition de mutations en utilisant des produits identiques en même temps. Comment éviter de favoriser l’apparition de formes résistantes qui ne pourront être contrôlées par la suite avec le choix limité des produits dont nous disposons ? Il faut d’abord que nous mettions toutes les chances de notre côté. Ceci veut dire en premier lieu devenir plus indulgent en ayant un plus haut taux de seuil de tolérance envers la présence des ravageurs. On peut donc prendre en considération le nombre d’insectes, le stade de vie de l’insecte, la gravité des dommages réels ou potentiels, etc. Il faut passablement de ravageurs pour tuer nos arbres ou nos arbustes, à l’exception de quelques perceurs qui demandent une plus grande vigilance. Les livres comme Plantes ornementales en santé et Plantes comestibles en santé de Brisson et Côté (1999 et 2002) présentent des solutions physiques et biologiques pour la majorité des ravageurs connus. Il faut se rappeler que l’acquisition de la résistance est possible même pour des produits biologiques. Si l’on doit absolument recourir à un pesticide pour des raisons autres qu’esthétiques, dans la mesure du possible il faut s’assurer de prendre un produit différent de celui de ses voisins ou de celui qu’on a utilisé lors du dernier traitement. Nous pouvons compter aussi sur des insectes prédateurs. Il faut cependant apprendre à les reconnaître. Si le traitement chimique n’est pas indispensable, écrasons-les donc, avec ou sans moue, ce qui devrait constituer un pas vers une diminution des possibilités de créer ou de maintenir des mutants indésirables !
Bernard Drouin, courtoisie du MAPAQ
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Voici un bon exemple de parasitoïdes. Des guêpes du groupe des chalcididées ont complété leur développement dans le corps d’une chenille qui est tout de même passée au stade de chrysalide. Cependant aucun papillon n’en émergera, car la chenille sera complètement dévorée par les guêpes parasitoïdes. Botanique et horticulture dans les jardins du Québec – Guide 2002
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Les nouveaux ravageurs (insectes) De nouveaux insectes attaquent les plantes ornementales au Québec Par Isabelle Côté Les plantes ont toujours été les proies d’insectes ravageurs mais heureusement, la nature parvient généralement à amoindrir leurs actes destructeurs et à empêcher les épidémies. Cela s’effectue, d’une part, par la présence de prédateurs et d’insectes parasitoïdes et, d’autre part, par les mécanismes de défense des plantes. Il y a également des facteurs non biologiques, tels le climat et l’environnement qui peuvent influer défavorablement ou favorablement sur la présence d’une épidémie. C’est le cas des conditions climatiques chaudes et sèches favorisant la prolifération d’acariens ou d’araignées (ex. : dans les serres), tandis que des étés pluvieux et froids leur sont défavorables. Toutefois, il survient des situations favorables à la prolifération des insectes nuisibles que la nature ne parvient pas à contrôler.
Isabelle Côté détient une maîtrise en biologie végétale, concentration phytoprotection, de l’Université Laval. Elle est coauteure de deux ouvrages en phytoprotection dont Les plantes ornementales en santé. En plus d’être membre du conseil d’administration de la Société des Amis du Jardin Van den Hende à titre de secrétaire, elle est conférencière horticole.
Un des facteurs souvent responsables d’épidémies est certes l’arrivée dans une région de nouveaux ravageurs. Ces ennemis peuvent émigrer soit au moment du transport de marchandises (par avion, par bateau, par transport routier), soit lors du transport des plants destinés aux pépiniéristes, par l’entremise des voyageurs et, plus naturellement, par le vent et les animaux. Les transports maritimes furent jadis, au début de la colonisation de l’Amérique par les Européens, des causes importantes d’introduction, mais actuellement, c’est le transport aérien qui joue un rôle considérable en permettant aux insectes de franchir de grandes distances sans mourir d’épuisement. Une des principales menaces de la part de ces bestioles étrangères réside dans le fait Camille Rousseau que leurs prédateurs, incluant leurs parasitoïdes, ne sont pas forcément présents dans la région qui les accueille. En outre, la flore indigène est rarement adaptée pour leur assurer une survie lorsque la population La plupart des fleurs coupées qui sont vendues au Québec du nouveau ravageur est peu élevée. De plus, certains de ces organismes arrivent quelques fois avec un proviennent de la Hollande et bagage génétique particulier, ce qui leur permet d’être résistants aux pesticides employés dans la région. des Amériques centrale et du Sud. Elles apportent avec
Parmi les insectes ravageurs nouvellement problématiques au Québec, on note le criocère du lis (Lilioceris elles de nouvelles maladies et de nouveaux insectes. lilii), le charançon noir de la vigne (Otiorhynchus sulcatus), le scarabée japonais (Popillia japonica) et le scarabée européen (Rhizotrotus magalis). Pour s’armer contre ces nouveaux ennemis et pour adopter des Parasitoïdes : insectes qui mesures de lutte appropriées et réfléchies, il faut bien les identifier et reconnaître les dégâts qu’ils créent. pondent dans les œufs d’autres insectes. Le monde des ravageurs
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Le criocère du lis
Jacques Allard
Un criocère du lis adulte s’attaquant au feuillage d’un jeune plant de lis en émergence au printemps.
Le criocère du lis fut introduit une première fois en Amérique du Nord, à Montréal, en 1945, moment où tous les individus furent récoltés par un entomologiste du ministère de l’Agriculture et de la Colonisation. Les spécimens de cette première récolte se trouvent dans la Collection des insectes du Québec (ministère des Richesses naturelles). Introduit une nouvelle fois sur le continent, ce n’est que récemment que le criocère du lis s’est répandu dans presque toutes les régions de la province par l’entremise d’une importation américaine de plants de lis, où des adultes étaient cachés sous les écailles des caïeux. Par la suite, sa dissémination à travers le Québec s’est effectuée par le transport de plants et aussi par des déplacements locaux grâce aux aptitudes de vol des adultes. Parce qu’il se reproduit rapidement et pendant une longue période, cet insecte réussit à faire deux générations par année, et ce, même à Québec où les conditions climatiques lui sont moins avantageuses. Et parce qu’il existe peu de moyens de lutte efficaces contre lui, le criocère du lis est un ennemi redoutable. Cette bestiole attaque surtout les cultivars du lis blanc (Lilium candidum), quoiqu’elle puisse infester toutes les espèces de ce genre et les fritillaires (Fritillaria). Elle attaque très peu les hémérocalles. La présence d’adultes a été détectée tard en automne par quelques horticulteurs. Ce criocère peut aussi attaquer des espèces non apparentées aux Liliacées. Au Jardin RogerVan den Hende, des larves et des adultes ont d’ailleurs causé une défoliation sévère des plants d’une solanacée. De plus, quelques personnes ont noté une défoliation sur des plants d’aster.
L’adulte du criocère du lis est un coléoptère rouge qui ressemble à une coccinelle mais dont le corps est plus allongé, moins arrondi et plus haut sur pattes. Il mesure de 7 à 8 mm (1⁄3 po) de long. Lorsqu’il est dérangé, le criocère adopte un comportement particulier : il se laisse tomber au sol, fait le mort et redevient actif au bout d’une dizaine de minutes. Par sa couleur, la larve de ce criocère Jacques Allard ressemble à celle du doryphore de la pomme de terre. Elle est dodue, de couleur jaune, et munie d’une tête Voici des stades de croissance noire et de courtes pattes, aussi foncées. Elle se protège de ses prédateurs en se couvrant de ses excréments, du criocère du lis : à droite, le stade pré-pupe au centre, lesquels sont de couleur brun-noir. En se nourrissant, l’adulte fait des trous circulaires dans le feuillage. Quant une larve de deuxième stade aux larves, elles grignotent, à partir de l’extrémité des feuilles, l’épiderme des deux côtés, pour ne laisser que et à gauche, une larve les nervures. ;
de quatrième stade.
Caïeux : petits bulbes secondaires qui se développent sur les bulbes principaux.
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Malgré la menace de cet insecte, il est possible de prévenir de fortes infestations en écrasant les adultes et les larves aussitôt qu’on les aperçoit et en brûlant les feuilles portant les individus. Il faut savoir que l’adulte a un autre comportement particulier : il émet des « cris » facilement audibles (pour les entendre, il suffit de placer un adulte près de son oreille). Le son de quelques adultes enfermés dans une bouteille peut même être entendu jusqu’à au moins 1 m (3 pi). À cause de cette particularité, il est préférable de repérer les adultes sur plusieurs tiges avant de les écraser, car les cris émis constituent des signaux d’alarme, avertissant leurs congénères de disparaître vite pour se mettre à l’abri. Malheureusement, les adultes ne sont pas faciles à voir car ils tombent presque toujours sur le dos, et leur devant noir exposé permet un certain camouflage visuel, se confondant avec le sol. Parce que quelques oiseaux se nourrissent des larves, il est conseillé de les attirer en établissant des mangeoires près des plantations de lis (Lilium). Ces volatiles sont donc de bons alliés parce qu’ils contribuent à diminuer la population de l’insecte. Il existe également sur le marché des insecticides mais ces produits n’adhèrent pas facilement sous les feuilles de lis qui sont cireuses. Un autre bon moyen de lutte est de masquer l’odeur du lis en pulvérisant sur le feuillage une infusion de feuilles de tanaisie vulgaire, une plante vivace émergeant tôt et éloignant un bon nombre d’insectes nuisibles.
Bernard Drouin, courtoisie du MAPAQ
La façon de reconnaître le charançon noir de la vigne est d’observer les taches brunes sur les bordures de son dos noir fortement ponctué. On peut voir aussi son rostre (bec) allongé et sa paire d’antennes coudées.
Le charançon noir de la vigne Le charançon noir de la vigne est problématique dans les pépinières et les aménagements paysagers. Il attaque une vaste gamme de plantes ornementales, telles que l’if du japon, la pruche, le thuya, le pin, l’épinette, le fusain, le rhododendron, la clématite et de nombreuses plantes à petits fruits. C’est un insecte nocturne qui se cache le jour sur les tiges et dans les débris de feuilles qui jonchent le sol. L’adulte ne vole pas ou très peu. Il est noir, mesure environ 13 mm (1⁄2 po) de long et est muni d’une pièce buccale allongée telle une trompe, appelée rostre. Les ailes sont striées de petites piqûres. Les larves sont petites [elles mesurent 1 cm (1⁄3 po) de long] avec une tête brune. Elles ont six vraies pattes, peu visibles. Ce charançon cause de sérieux dommages lorsque sa population est élevée. Les adultes passent l’hiver dans le sol sous forme de larves partiellement développées et, lorsque les températures s’adoucissent au printemps, elles commencent à se nourrir des racines. Les larves se transforment en chrysalides. Les nouveaux adultes émergent du début de juin à la mi-juin, puis s’accouplent et pondent dans le sol. Après leur émergence, les jeunes larves dévorent les racines jusqu’en automne avant d’hiverner. En découpant les feuilles, les adultes laissent sur leur bordure des encoches en forme de « C ». Les dégâts sont d’abord observés près du sol, puis deviennent de plus en plus importants vers l’intérieur du plant. Les larves Le monde des ravageurs
Bernard Drouin, courtoisie du MAPAQ
Types de larves du charançon noir de la vigne montrant une tête brunâtre sur un corps blanc laiteux. Elles prennent une forme en « C » lorsqu’elles sont dérangées.
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se nourrissent des racines et du collet, ce qui diminue ou arrête la croissance du plant. Les végétaux cultivés en pépinière meurent souvent avant de s’être bien établis. En renversant par « hasard » dans un centre-jardin un pot d’un conifère importé de Colombie-Britannique, un préposé a déjà détecté une centaine d’adultes et de larves cachées jusque dans le fond du contenant, qui se sauvaient en direction des pots voisins. Les plants des jardinières suspendues sous de grands arbres peuvent également être attaqués par des adultes qui s’y réfugient la nuit. Cependant, il y a plus à craindre de leurs larves ; des horticulteurs ont rapporté des dégâts majeurs (des systèmes racinaires entièrement mangés et des plants morts), lorsque les larves ont pu se développer tout au cours de l’automne et de l’hiver dans les maisons et les serres domestiques. Dans quelques cas, il y a eu une émergence d’adultes en fin d’hiver. Les plants les plus atteints sont entre autres les bégonias, les pélargoniums, les philodendrons, les bougainvilliers, les fuchsias et les asperges décoratives.
Un couple de scarabées japonais montrant les variations de couleur de l’adulte qui en font un bel insecte, mais redoutable pour nos plantes.
On prévient les infestations en éliminant les débris végétaux servant de refuges à l’insecte. Aussi, la pose au pied des arbres et des arbustes d’une toile en jute [de 90 à 120 cm (3 à 4 pi)] permet de capturer les adultes le jour ; il ne reste ensuite qu’à les récupérer, puis les tuer. Comme l’insecte vole peu, la meilleure stratégie de lutte consiste à apposer sur les troncs des plantes sensibles des bandes engluées de résine de type « Tangle Foot » disponibles dans les jardineries. Il existe maintenant sur le marché de rares insecticides efficaces contre ce ravageur, depuis que les produits à base de chlorpyrifos ont été retirés. Les nouveaux scarabées On note la présence de deux espèces de scarabées nouvellement problématiques au Québec, soit le scarabée japonais et le scarabée européen. Ces deux insectes ont été introduits dans la province, notamment en provenance du Vermont (région de Philipsburg) et au cours du transport de plants vers les pépiniéristes. Par la suite, les bestioles furent transférées dans les jardineries et, de là, elles se sont établies sur les terrains privés. Elles demeurent abondantes sur des terrains vagues, où il y a des framboisiers et d’autres espèces de Rosacées.
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Polyphages : se dit des insectes qui mangent plusieurs types de nourriture (insectes, plantes, etc.).
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Pour sa part, le scarabée japonais constitue une menace sérieuse au Québec en attaquant au-delà de 300 espèces de plantes ornementales. Ce scarabée fait d’ailleurs l’objet de mesures de quarantaine par Agriculture et Agroalimentaire Canada ; sa présence doit être rapportée auprès de ce ministère. Les adultes sont très polyphages. Outre le rosier, son hôte de prédilection, cet insecte attaque la pelouse, l’érable, le bouleau, l’orme, le noyer, le tilleul, l’aubépine, le saule, la vigne, le cerisier, le pommier, le prunier, en plus de certaines plantes fruitières et potagères. Quant aux larves, elles ne dévorent que les racines de gazon, laissant des plaques flétries, mortes, jaunes ou brunes. Le gazon se détache facilement du sol et attire ensuite les mouffettes qui soulèvent l’herbe à la recherche des larves.
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L’adulte a une belle apparence comme celle d’un joyau. La tête, le thorax et l’abdomen sont d’un beau vert métallique et les ailes, de couleur bronze. On note aussi la présence d’une dizaine de gros points blancs sur les côtés de l’abdomen. Il mesure 2 cm (3⁄4 po) de long. La larve, beaucoup moins jolie, est blanc laiteux et mesure 25 mm (1 po) de longueur. Elle est munie de six pattes épineuses et se tient en forme de « C ». Les adultes dévorent les feuilles, les fleurs et les fruits des nombreux végétaux cités précédemment. On détecte une attaque de scarabées japonais par la présence des adultes sur les fleurs et dans les bosquets. On peut aussi soupçonner leur présence lorsque les pétales sont criblés de trous, que les boutons floraux s’ouvrent difficilement et que les feuilles ont un aspect squelettique. Les dégâts engendrés par cet insecte sur les pelouses sont plus graves au printemps et à l’automne. Le scarabée japonais passe l’hiver sous forme de larves dans le sol à 10 cm (4 po) de profondeur. Vers la fin d’avril, début de mai, les larves remontent vers la surface lorsque la température se maintient au-delà de 15 °C. Les jeunes adultes apparaissent à la fin de juin, début de juillet. Les femelles pondent leurs œufs au sol à environ 4 cm (1 1⁄2 po) de profondeur. Les jeunes larves se nourrissent de racines d’herbacées et, à l’arrivée de l’automne, elles migrent profondément dans le sol pour hiverner. Parce que ce ravageur est sensible au froid, on peut le faire succomber en dégageant la neige sur la pelouse si on soupçonne sa présence. De plus, effectuer des bêchages du sol en été et à l’automne expose les larves à leurs prédateurs (mouffettes et oiseaux).
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Un couple de scarabées japonais et les dégâts sur le feuillage d’un framboisier.
Pour sa part, le scarabée européen, également appelé hanneton européen, est comme son nom l’indique, originaire d’Europe. En voie d’expansion rapide au Québec, il est plus menaçant que le scarabée japonais parce qu’il résiste mieux aux basses températures hivernales et aussi parce qu’il est moins vulnérable à une sécheresse du sol. L’adulte est ocre. Comme celle du scarabée japonais, la larve est d’un blanc laiteux, se maintient en forme de « C » et est munie de pattes épineuses. Ce sont les larves qui occasionnent le plus de dommages. Elles dévorent les racines de plusieurs plantes herbacées mais préfèrent celles des graminées, causant ainsi de sérieux dommages aux pelouses, surtout au printemps et à l’automne. Les adultes se nourrissent très peu des feuilles et causent peu de problèmes. L’insecte passe l’hiver au sol sous forme de larves. Au printemps, avant la fonte des neiges, les larves migrent vers la surface pour se nourrir des racines et du collet des plantes herbacées. Les adultes émergent du gazon de la mijuin à la mi-juillet, puis se rassemblent sur les arbres pour s’accoupler. On peut d’ailleurs apercevoir au crépuscule et en soirée, des volées près de la cime des arbres, des poteaux électriques, des bâtiments, etc., ressemblant à un essaim de guêpes. Les femelles déposent leurs œufs dans les sols enherbés. Dès leur naissance, Le monde des ravageurs
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les jeunes larves dévorent les racines puis, en décembre, elles s’enfouissent profondément dans le sol. Les activités destructrices de ce scarabée coïncident avec la floraison des rosiers hybrides de Thé et des catalpas. Sur un marronnier d’Inde, dans l’État de New York, on a déjà capturé, au cours d’une seule nuit, plus de 1600 adultes tombés au sol après avoir secoué l’arbre. C’est donc dire que la population peut être très élevée. Outre l’emploi d’insecticides disponibles sur le marché, on peut prévenir une infestation de ce ravageur en décelant les larves avant qu’elles fassent leurs dégâts, c’est-à-dire en vérifiant leur présence au début d’août sous la surface d’une section de pelouse. On peut voir la présence de nombreux trous (ayant le diamètre d’un crayon) sur des plaques de pelouse séchée. Parce que les mouffettes, les quiscales et les étourneaux se nourrissent des larves de ces deux scarabées, la présence de ces animaux sur la pelouse, à l’automne et au printemps, est un bon indice de la présence de larves dans le sol. Aussi, on prévient une attaque sévère de ces pestes en évitant de cultiver des plantes sensibles sur un terrain enherbé. Ramasser les adultes tôt le matin puis les noyer dans de l’eau savonneuse permet de maintenir leur population à un niveau L’horizon est-il vraiment bleu clair ? Le destin de la Terre moins nuisible. Finalement, on conseille de garder une pelouse saine et est-il assuré sans risques ? De toute évidence, non. La vigoureuse (fertilisation et apport d’eau adéquats, déchaumage, aération, etc.). menace a revêtu un vieux costume. Au lieu de l’effroyable collision brutale, nous sommes exposés au cancer insidieux de la pollution. La Terre n’explosera pas sous la violence d’une réaction en chaîne. Nous avons gagné du temps. L’important est maintenant d’utiliser ce sursis à notre avantage.
Avec l’augmentation de l’intérêt que portent les gens envers le jardinage, on doit bien sûr s’attendre à détecter plus fréquemment la présence de ravageurs sur les plantes (si on cultive plus de plantes, ces bestioles ont plus de nourriture et plus d’endroits pour proliférer), sans pour autant qu’il s’agisse d’une épidémie. Par contre, comme il a été expliqué précédemment, l’introduction dans une région de René Vézina nouveaux insectes nuisibles et de maladies peut engendrer une épidémie. Leur VÉZINA, René. Le goût de la Terre, Rencontres avec des arrivée est grandement attribuable aux moyens de transport (avion, train, écologistes remarquables. VLB Éditeur, Montréal, 1993, p. 11. bateau, etc.), aux voyageurs et aux importations de plants en provenance d’autres pays, etc., qui se font de plus en plus à l’échelle mondiale. Sans toutefois s’alarmer outre mesure, il faut diminuer l’ampleur et les risques d’une infestation de ravageurs. Pour ce faire, il importe d’adopter des pratiques culturales appropriées et réfléchies. Celles-ci permettront de maintenir l’équilibre de l’environnement et de préserver la biodiversité afin que la faune et la flore puissent être en mesure de mieux combattre ces ennemis.
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Les nouveaux ravageurs (maladies fongiques) Les nouvelles maladies à surveiller dans le jardin Par Isabelle Côté Au Québec, quelques maladies se manifestent plus fréquemment dans les cultures agricoles et sur les plantes ornementales et potagères. Comme pour les insectes nouvellement problématiques dans la province, certains champignons attaquant les végétaux gagnent en importance à cause des importations de plants et de leur transport chez les pépiniéristes, les jardineries, entre voisins, etc. Aussi, avec l’augmentation de l’intérêt des gens pour le jardinage, on doit s’attendre à rencontrer certaines maladies qui, avant, n’étaient que peu ou pas problématiques. Nous décrirons en détail les quelques maladies à surveiller de plus près. Il s’agit de l’anthracnose associée aux champignons Gloeosporium spp., de la criblure et d’une nouvelle race de Phytophthora infestans causant le mildiou. L’anthracnose On constate que l’anthracnose causée par des champignons du genre Gloeosporium est de plus en plus fréquente sur le fusain de fortune (Euonymus fortunei), le frêne, l’érable, le bouleau, le chêne et sur plusieurs vivaces et plantes annuelles. Sur les arbres et les arbustes sensibles, les symptômes apparaissent d’abord sur les nouvelles feuilles de l’année et sur les branches du haut. La maladie est plus grave par temps frais et humide. L’infection se manifeste par la formation sur le feuillage de taches brun verdâtre changeant au brun foncé. La marge des feuilles et les nervures peuvent être nécrosées, chlorotiques. Habituellement, on peut apercevoir, au centre des taches, la présence de petites masses rose saumon (ce sont les fructifications du champignon). Souvent, les bourgeons se dessèchent avant leur éclosion. Sur les rameaux, la maladie s’exprime par la formation de chancres. Les plants cultivés en pots dans les pépinières sont particulièrement sensibles, car l’arrosage par aspersion se fait presque quotidiennement en soirée pour compenser les pertes d’eau et prévenir le dessèchement. Heureusement, il est possible de prévenir cette anthracnose en préservant la vigueur des arbres et des arbustes vulnérables par un apport d’eau suffisant et en les fertilisant adéquatement. Lors des semis, on devrait utiliser uniquement des semences certifiées. De plus, lorsqu’on soupçonne la présence de l’anthracnose, il est important de détruire et de brûler les rameaux portant les chancres, les feuilles mortes et les bulbes atteints. Il faut, de plus, désinfecter les outils de taille entre chaque coupe avec de l’alcool à 70 % (temps de trempage d’au moins 1 minute) ou avec tout autre produit Le monde des ravageurs
Les transports interfrontaliers des personnes et des biens sont responsables de l’arrivée de maladies fongiques et de nombreux ravageurs dans notre pays comme les thrips, les aleurodes, le longicorne asiatique, etc.
Lina Breton, courtoisie du MRN
L’anthracnose est une maladie qui se développe tôt au printemps sur les feuillages humides.
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désinfectant approprié. Si la maladie justifie l’utilisation de pesticides, on peut la réprimer, ou du moins ralentir l’infection, par des pulvérisations de fongicides à base de cuivre, de bénomyl, de manèbe, de captan, de cuivre, de zinèbe, de mancozèbe, de chlorothalonil, de captafol ou de folpet. Il faut alors effectuer le premier traitement tôt en saison, à l’ouverture des feuilles, puis répéter deux fois, à 14 jours d’intervalle. La criblure La criblure est une autre maladie qui gagne de l’importance. Elle est causée par des champignons tels le Cercospora circumscissa et le Blumeriella jaapii. Elle touche quelques variétés de pruniers ornementaux dont les premiers à montrer les symptômes sont le prunier pourpre des sables (Prunus x cistena) et le cerisier à grappes de ‘Schubert’ (Prunus virginiana ‘Shubert’). Un peu plus Lina Breton, courtoisie du MRN tard dans la saison, l’infection est apparente sur l’amandier décoratif (Prunus triloba), le cerisier de Mandchourie (Prunus tomentosa) et sur d’autres arbres fruitiers. Lorsqu’elle n’est pas contrôlée, la criblure La criblure est une maladie fongique souvent confondue réapparaît chaque année dans les pépinières, dans les jardineries et sur les terrains privés. Dans le cas des avec des dommages d’altises. pépinières et des jardineries, la cause première est l’arrosage par aspersion en soirée, laissant les plants Nous avons donc intérêt à regarder si un insecte noirâtre mouillés pendant toute la nuit. et sauteur n’est pas présent, pour combattre le bon ennemi.
On reconnaît cette maladie par l’apparition sur la face supérieure des jeunes feuilles de taches qui sont d’abord pourpres, puis deviennent brunâtres. Plus tard, ces petites lésions se détachent des tissus végétaux et laissent les feuilles criblées de trous de 3 mm (1⁄8 po) de diamètre. Avec le temps, les feuilles jaunissent et tombent. Il est à noter que les dommages ressemblent beaucoup à ceux faits par des altises, notamment sur le cornouiller (Cornus) et les vignes (Vitis). Toutefois, ces insectes sont spécifiques à quelques espèces seulement. On peut prévenir l’infection en évitant de mouiller inutilement le feuillage. Pour ce faire, on conseille d’arroser le matin plutôt que tard dans la journée ; cela laisse le temps aux feuilles de bien s’assécher avant la tombée du jour. De plus, pratiquer une taille d’entretien annuelle de l’arbuste favorise la circulation de l’air au niveau du feuillage et diminue les risques de la maladie. Lorsqu’on détecte la criblure, il est conseillé de ramasser les feuilles à l’automne puis de les brûler et d’éviter de les mettre dans le tas de compost, car les températures à l’automne n’atteignent pas le niveau requis pour l’inactivation du champignon. Il est possible d’avoir recours à des produits fongicides pour contrôler la criblure. On peut entre autres pulvériser un produit de soufre micro-fin dès le plein développement des feuilles. Il est toutefois conseillé d’utiliser en alternance (à 10-14 jours d’intervalle) des produits à base de captan (Maestro), de ferbame, de bénomyl ou de thiophanate-méthyle (Senator), afin de prévenir le développement de résistance de certains champignons envers les pesticides.
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Le mildiou (race 3) Le mildiou, causé par le champignon Phytophthora infestans, engendre la brûlure tardive de la pomme de terre et de la tomate. L’agent pathogène, très répandu dans le monde, est originaire du Mexique et s’est rapidement retrouvé en Europe et en Amérique du Nord, vers 1845. C’est d’ailleurs cette maladie qui, combinée avec la réquisition du blé irlandais par l’armée anglaise, fut responsable de la famine en Irlande, fléau ayant entraîné la mort d’un million de personnes en les privant de pommes de terre, légume qui à l’époque constituait une des principales sources de nourriture du pays. Plus près de nous, au Canada, la maladie s’est vite propagée, entre 1845 et 1847, dans les provinces atlantiques. En plus d’attaquer la pomme de terre, le mildiou touche également la tomate et le poivron, ainsi que d’autres plantes de la même famille botanique (Solanacées). Il est apparu dernièrement une race plus virulente du champignon : la race 3. Elle constitue une certaine menace, car elle se manifeste plus tôt en saison et persiste même lors des conditions sèches. Lorsque les conditions sont favorables, cette maladie peut tuer tout le plant, en une ou deux semaines, parfois même en quelques jours, lorsque aucune mesure de contrôle n’est apportée. Heureusement, des recherches en génétique sont actuellement en cours ; il est fort probable que très bientôt des variétés de pomme de terre résistantes seront offertes sur le marché. Les symptômes de la brûlure tardive se traduisent par l’apparition de taches aqueuses circulaires ou irrégulières, habituellement à l’extrémité et à la marge des feuilles basales. Avec le temps, ces taches d’abord vert foncé s’agrandissent et deviennent brun foncé avec une marge vert pâle. À un stade plus avancé de l’infection, le champignon produit, à l’extérieur des taches sous le feuillage, des particules (fructifications) ayant l’aspect d’une substance blanche. Sur les tubercules (pommes de terre), la maladie se manifeste par l’apparition de pustules noir violacé, de forme plus ou moins irrégulières. Lorsqu’on effectue une coupe dans la pomme de terre, on voit des zones aqueuses de tissus ayant l’aspect granuleux, de couleur rouille ou foncée, d’une profondeur d’environ 2 cm ( 3⁄4 po). Il apparaît plus tard, là aussi, des fructifications sous forme d’une substance blanche. Avec le temps, d’autres micro-organismes peuvent s’associer à la maladie et entraîner la pourriture du tubercule qui, souvent, dégage une odeur nauséabonde. Sur la tige, l’infection s’exprime, surtout à la base des feuilles, par la formation de lésions foncées, mêlées à une substance blanche.
Courtoisie de Michigan Agricultural Experiment Station, Michigan State University, par Joseph Coombs
Les chercheurs s’efforcent de mettre au point de nouvelles variétés de pommes de terre résistantes au mildiou. Comparaison du feuillage ‘Jacqueline Lee’ à gauche et de ‘Snowden’ à droite, cinq semaines après l’inoculation du génotype US-8 de Phytophthora infestans à la station de recherche du Michigan State University.
Sur la tomate, les symptômes du mildiou observés sur les feuilles et sur la tige sont semblables à ceux que l’on rencontre sur la pomme de terre. Pour leur part, les fruits touchés montrent des symptômes généralement sur le dessus. Des taches brun pâle apparaissent d’abord, puis s’élargissent rapidement devenant plus foncées et à surface plissée.
Le monde des ravageurs
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Pour lutter contre le mildiou, il importe de bien connaître le cycle évolutif du champignon et les conditions qui favorisent son développement. Ce parasite passe l’hiver dans les tubercules de pomme de terre infectés, autant sur ceux laissés en terre que sur les tubercules entreposés ou gisant sur le tas de compost. Il infecte les nouvelles pousses (yeux germés) émergeant du tubercule, puis s’infiltre à travers la tige au fur et à mesure que le plant croît. La première infection a lieu de la mi-août à la fin d’août. Le champignon produit des fructifications qui, lorsqu’elles se détachent, sont facilement transportées par le vent et infectent les feuilles, les tiges et d’autres plants voisins. Toutefois, il faut la présence d’eau libre ou de rosée à la surface des tissus pour que le champignon libère ses zoospores mobiles (spores capables de nager librement dans l’eau) et infecte le plant. Plus tard dans la saison, les fructifications se développent sur les feuilles et les tiges. Ces particules se détachent facilement, sont entraînées jusqu’au sol par le vent et la pluie, puis gagnent les tubercules. Le développement du champignon est favorisé par des températures de nuit se situant entre 10 et 15°C et par des températures de jour de 15 à 20 °C. Il aime les fortes humidités, les périodes de pluie prolongées et est facilement propagé par la pluie et le vent. Il peut d’ailleurs voyager par le vent sur des distances de 8 à 16 km. Des températures au-delà de 30°C et une humidité relative de l’air inférieure à 80 % arrêtent l’évolution de la maladie, laquelle reprend malheureusement vite son essor lorsque les conditions reviennent en sa faveur. À noter qu’une accumulation de plus de 30 mm (1 1⁄4 po) de pluie sur une période de 10 jours est très propice au mildiou de la pomme de terre et de la tomate. Pour prévenir la maladie de la brûlure tardive, on conseille d’utiliser uniquement des tubercules et des plants certifiés par Agriculture et Agroalimentaire Canada ou le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ). De nouveaux cultivars résistants aux souches seront disponibles aux horticulteurs dans quelques années, car ils font actuellement leur apparition dans le réseau des multiplicateurs. De plus, il vaut mieux vérifier l’état des tubercules et des plants pour s’assurer qu’ils sont sains et exempts du mildiou. Lorsqu’on détecte la maladie, il faut alors les brûler aussitôt et surtout ne pas les composter. Parce que le champignon infecte les plants assez tard dans la saison, on peut exercer un certain contrôle en favorisant une récolte hâtive. Pour ce faire, on peut utiliser des variétés hâtives ou faire germer les tubercules à la lumière environ deux à trois semaines avant la date habituelle de la plantation. Au cours de la saison, il est conseillé de maintenir une butte (un billon) de terre plus large pour que les tubercules soient le plus loin possible de la surface du sol. Bien que les maladies décrites précédemment soient à surveiller, il n’y a pas lieu de s’alarmer outre mesure. Le fait de bien surveiller leurs symptômes et d’apporter des moyens de lutte qui sont le plus souvent à titre préventif, suffira sûrement à bien les contrôler.
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Les plantes à éviter Quelqu’un a dit que l’on finissait par aimer ses vieux ennemis. Ce n’est pas tout à fait vrai pour le jardinier qui ne s’habituera jamais à voir les mauvaises herbes envahir ses cultures. On peut, sans exagération, appeler « plantes agressives » ces malfaisantes, ces sournoises, ces opiniâtres qui envahissent les champs, les prairies, les vignes et les jardins. Henri Cirodde CIRODDE, Henri. Les herbes agressives. Berger-Levrault, Paris, 1979, p. 5.
Ci-contre : Convallaria majalis. Les baies rouges du muguet de mai paraissent bien belles pour les enfants, mais elles leur sont toxiques.
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Une plante envahissante Convallaria majalis
Par Rock Giguère Nom scientifique
Convallaria majalis L.
Nom commun
muguet de mai.
Famille
Liliacées.
Le muguet de mai un jour, le muguet de mai toujours Le muguet annonce le mois de mai mais il vaut mieux qu’il ne le fasse pas dans notre jardin, à moins qu’on lui ait réservé un endroit retiré où il peut s’étendre sans envahir nos plates-bandes ou nos trottoirs. En effet, si quelques brins de muguet peuvent embaumer notre maison en fleurs coupées, ils peuvent aussi nous causer beaucoup de problèmes au jardin à cause de leur caractère envahissant. De prime abord, cette jolie petite plante rustique, à la floraison printanière, nous subjugue par son charme et son parfum exquis. Quoi de plus beau qu’un joli tapis de muguets en floraison au mois de mai ! Et voilà que cette plante croît à proximité de l’un de nos massifs floraux. Au début, nous ne goûtons qu’au parfum envoûtant de ses jolies petites fleurs en clochettes. Ensuite, nous admirons la vitesse avec laquelle ce couvre-sol se développe et remplit l’espace que nous avions prévu. Mais voilà, il ne s’arrête pas là et colonise bientôt les espaces environnants : le sentier de pierres, la bordure de briques, la talle de pivoines, etc. À ce moment, commence un combat presque permanent de sarclage.
Jacques Allard
Le muguet de mai (Convallaria majalis) et la lysimaque nummulaire à feuillage jaune (Lysimachia nummularia ‘Aurea’) sont des plantes qu’il faut surveiller pour qu’elles n’envahissent pas notre jardin.
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La maxime suivante prend alors tout son sens : « Mauvaise herbe croît toujours ». En effet, le muguet est une plante dont le rhizome très fasciculé (un amas de racines à partir de nœuds) et rampant se reproduit rapidement une fois que la plante est bien établie. Souvent au cours des premières années qui suivent la plantation, nous décrions ceux qui nous avertissaient de ne pas le placer dans notre jardin. En effet, lent à s’établir, il paraît très docile au début. Ce n’est qu’après 2 ou 3 ans que nous découvrons toute la subtilité de son envahissement. Certaines personnes optent pour la solution herbicides. Quand même soucieuses de leur biologiques. Presque pas de mortalité. Après produits phytosanitaires, celui-ci leur indique de maux.
qui paraît la plus facile et sortent l’artillerie lourde : des environnement, elles commencent par des produits dits consultation d’un préposé d’une jardinerie non initié aux alors un herbicide systémique qui guérit tous ces genres
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Notre jardinier guerrier, certain cette fois d’avoir déjà vaincu l’agresseur, lit rapidement les instructions sur le contenant et, pour être sûr de sa future victoire, applique la recette en dosant un peu plus (parfois beaucoup plus) le liquide exterminateur. Il se dit que de toute façon il n’en aura plus besoin après l’application comme le lui avait indiqué le préposé de la jardinerie, car il a en main la meilleure arme pour savourer sa victoire napoléonienne. Il arrache à la main les plants qui poussent à travers ses pivoines préférées pour ne pas les endommager ou les faire mourir. Au début, le combat semble gagné, mais voilà que lors d’une visite de son jardin avec un ami au cours de laquelle il est fier de lui montrer un jardin ordonné et propre, il aperçoit des pousses rebelles de l’ennemi. Souffrant en silence, il va consulter des ouvrages sur le sujet ou il se rappelle les judicieux conseils donnés lors d’une conférence horticole. Rock Giguère
Une technique de lutte plus écologique consiste en un combat permanent. Il faut donc bêcher entièrement la surface colonisée pour enlever toutes les racines. En pratique, il est impossible de l’éliminer du premier coup. En effet, nous avons toujours oublié quelques segments de rhizomes dont les bourgeons enfouis aux aisselles des écailles ne tardent pas à poindre de nouveau. Par cette technique, nous obtenons cependant une bonne diminution du nombre de plants. En continuant d’extraire graduellement les « métastases » qui réapparaissent çà et là, nous réussissons généralement (cela peut prendre quelques années) à vaincre ce muguet que nous avions tant hâte de voir en fleurs lorsque nous l’avons implanté dans notre jardin.
Le muguet de mai est une plante charmante qui peut coloniser des endroits difficiles comme un sous-bois ombragé.
En conclusion, faut-il bannir le muguet de nos jardins ? Non pas du tout, car ce couvre-sol forme de très beaux tapis au pied des arbres et peut remplacer avantageusement la pelouse à des endroits ombragés où elle n’a pas un bon développement. Un autre usage, peu connu, du muguet est d’embaumer la demeure à partir de la boîte à fleurs placée à la fenêtre.
Caractéristiques horticoles _ _ _ _ _ _ _ _
Sol : riche, frais, légèrement acide. Exposition : mi-ombre. Floraison : mai. Hauteur : de 15 à 30 cm (6 à 12 po). Largeur : 15 cm (6 po). Maladies : pas de problèmes particuliers. Insectes : pas de problèmes particuliers. Particularités : ses fruits (baies sphériques rouges) sont toxiques. Il existe des cultivars à fleurs roses et à feuilles panachées.
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Une plante toxique Heracleum mantegazzianum Claude Majeau est président et fondateur de la Société d’horticulture et d’écologie de Saint-Oursdu-Saint-Esprit. Il est également propriétaire d’un jardin privé ouvert au public, Les Jardins Au gré du Vent, à Saint-Esprit. Ce jardin se compose principalement de collections de graminées, d’arbustes et de plantes vivaces.
Par Claude Majeau Nom scientifique
Heracleum mantegazzianum Sommier & Levier.
Nom commun
berce de Mantegazzi.
Autres noms communs grande berce du Caucase, patte d’ours géante. Famille
Apiacées.
Elle est là toute majestueuse au fond de la plate-bande, déployant sa force herculéenne du haut de ses 3 m (10 pi) et couronnée de grandes ombelles blanches. Vous l’avez peut-être reconnue. Il s’agit de la berce de Mantegazzi, plus connue sous le nom de grande berce du Caucase. Une plante d’allure mystérieuse qui ne laisse personne indifférent, tant par son apparence que par sa stature. Son gigantisme spectaculaire incite tous les amants de la nature à mieux la connaître. Il faut d’abord la distinguer de sa consœur, la berce très grande (Heracleum maximum) de taille un peu plus réduite, une espèce indigène au Québec. Le nom d’Hercule est souvent lié à cette plante tant elle s’impose par sa prestance qui lui vient de ses fortes tiges striées. La berce de Mantegazzi est souvent classée dans la catégorie des vivaces éphémères puisqu’elle ne peut vivre que 2 à 3 ans. Il est donc préférable de la considérer comme une plante bisannuelle. Par contre, elle est facile à reproduire. En effet, elle présente une grande propension à laisser tomber ses graines, si on n’a pas pris soin de couper les fleurs avant qu’elles ne passent au stade de semence. Certains jardiniers la trouvent même très envahissante. En plus de sa dimension herculéenne, cette plante s’impose également par la grosseur de ses très jolies feuilles vert tendre, profondément découpées, qui peuvent atteindre parfois 50 cm (20 po). Son aspect spectaculaire s’exprime aussi par son inflorescence en forme d’ombelles larges et plates qui apparaissent au sommet des tiges en juillet et en août. Ces inflorescences peuvent parfois atteindre 1 m (3 pi) de diamètre. Ses fleurs sont constituées de petites étoiles blanches qui confèrent à la plante une originalité inégalée. Sa culture est relativement facile puisqu’elle n’est pas sujette aux maladies et qu’elle ne semble plaire à aucun insecte en particulier. Elle a cependant ses caprices. Elle se comporte mieux en plein soleil, et à la limite à la mi-ombre, surtout si on veut qu’elle atteigne un gigantisme exceptionnel. Une autre de ses exigences qu’il importe de bien respecter est de la planter dans un sol humide, profond et enrichi de compost. Une terre argileuse est donc en mesure de lui offrir le milieu qui convient le mieux à son plein développement. On peut la reproduire en séparant les souches au printemps, si on s’est discipliné à couper les fleurs aussitôt que la floraison est passée, afin d’éviter d’être envahi par sa progéniture. La meilleure méthode de reproduction s’avère cependant le semis effectué au printemps aussitôt que le sol peut être travaillé.
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En raison de son originalité et de ses dimensions, cette plante offre un bon potentiel en aménagement. Elle trouve toute sa valeur tantôt en isolé, tantôt en bordure d’un étang ou dans un massif floral où elle pourra dominer le paysage à sa guise. Dans ces situations, elle ne manquera pas d’attirer l’attention du visiteur qui sera vite conquis par son port majestueux. Cependant, si la berce de Mantegazzi est très spectaculaire et attire tant de jardiniers par son originalité, elle ne présente pas seulement des qualités ornementales. Elle recèle un secret peu élogieux qu’elle garde bien jusqu’à ce qu’il nous touche personnellement. Ceux qui veulent la cultiver ou l’admirer doivent connaître ce secret bien gardé. Notre héroïne fait partie des plantes dites photodynamisantes. Ainsi, comme elle est très riche en furanocoumarines, des molécules chimiques qui transforment l’énergie lumineuse, elle provoque des dermatites (brûlures) qui sont parfois très virulentes. Ce problème est fréquent chez les ombellifères. Deux conditions sont nécessaires : le contact et l’exposition au soleil. La réaction se manifeste donc avec plus de vigueur par temps chaud et humide. Les mains sont souvent le premier organe atteint, mais des brûlures peuvent apparaître aussi sur le visage et nous laisser défigurés pendant des années. Toutes les personnes ne sont pas allergiques à cette plante. L’allergie varie aussi selon les individus, allant d’une simple coloration jusqu’à des cloques. Le tout peut être accompagné de fièvre et de maux de tête. Les sujets les plus sensibles subissent des brûlures importantes et intolérables, dont les cicatrices durent plusieurs mois, voire des années. Dans des cas extrêmes, cette dermatite, appelée maladie d’Oppenheimer, peut prendre des proportions très graves surtout chez les sujets sensibles qui l’attrapent une deuxième fois. En dépit de cet inconvénient, elle n’en demeure pas moins une plante extraordinaire qui mérite d’être expérimentée et cultivée, surtout par ceux qui n’y sont pas sensibles. Il s’agit de lui choisir un emplacement approprié qui ne nuira en rien à son spectacle, tout en évitant que les enfants et les visiteurs s’y frôlent ou la touchent. Certains jardiniers pour ne pas subir ses assauts cutanés ont opté pour l’angélique (Angelica archangelica), qui présente elle aussi un large feuillage et une structure imposante avec ses 2 m (6 pi) de hauteur.
Jacques Allard
Certaines plantes de jardins, comme la berce de Mantegazzi (Heracleum mantegazzianum) sont des végétaux qu’il vaut mieux admirer que toucher.
Caractéristiques horticoles _ _ _ _ _
Sol : riche, profond, humide mais bien drainé. Exposition : soleil et mi-ombre. Floraison : juillet et août. Hauteur : 3 m (10 pi). Largeur : 1,5 m (4,5 pi).
_ Maladies : pas de problèmes particuliers. _ Insectes : pas de problèmes particuliers. _ Particularités : toutes les parties de cette plante sont toxiques. Attention aux semis spontanés qui peuvent être envahissants.
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Une plante vulnérable Une plante mort-née
Par Rock Giguère L’achat ou la plantation d’une plante vivace, tel un arbuste ou un arbre, est un geste que nous devons effectuer avec beaucoup d’attention. En effet, c’est déjà un moment crucial où se jouent le bon développement et, parfois même, la survie du végétal que l’on espère voir orner notre jardin durant plusieurs années. D’abord, nous pouvons vérifier la provenance de notre acquisition. Un végétal, surtout s’il est à la limite de la zone de rusticité de notre région, devrait être produit au Québec et dans la région la plus froide possible. En effet, cette plante, si elle est produite dans l’Oregon, en Colombie-Britannique ou dans le sud de l’Ontario, ne sera pas habituée à la rigueur de notre climat. Si nous comparons un spécimen comme un magnolia après 4 ans de culture à Laterrière (comté de Chicoutimi), à un spécimen cultivé à Portland en Oregon, la taille du plant québécois sera plus réduite. De prime abord, il paraît donc plus intéressant d’acheter celui qui provient du producteur plus au sud, car il peut doubler ou tripler la taille de celui qui a été cultivé chez nous. Mais nous doublons et triplons aussi les difficultés d’adaptation. Ainsi, à la fin de la première année, l’aoûtement et la période de dormance sont mal synchronisés avec nos exigences climatiques. Ce sont des facteurs qui influencent grandement la résistance de notre plante, allant jusqu’à compromettre grandement ses chances de survie à l’hiver. Même le semis devrait provenir de la région la plus froide possible pour permettre une hérédité acquise à nos conditions climatiques. Il s’agit donc de vérifier sur l’étiquette ou de s’enquérir de la provenance de la plante auprès du vendeur. Les acheteurs des jardineries connaissent généralement la provenance de leurs végétaux… sinon ils ont un problème qu’ils vont vous refiler. Une autre précaution importante, c’est de vérifier une fois rendu à la maison, si on n’a pu le faire à la jardinerie, la présentation des racines. Si celles-ci s’étalent en s’enroulant autour de la motte, elles sont susceptibles de s’étrangler. Si nous plantons un végétal avec un tel comportement, il mourra probablement 2 à 3 ans après sa plantation. Nous pouvons, avant de le planter, dégager les racines avec une griffe à trois dents. Il est aussi important de faire le trou de plantation beaucoup plus grand et de diriger, s’il le faut, les racines pour qu’elles s’étendent en périphérie. Si elles sont endommagées, il faut couper ces racines affectées jusqu’au point où elles sont intactes. Par précaution, certains jardiniers appliquent un fongicide. À la plantation, il est important de veiller à ne pas brûler les racines en déposant l’engrais directement sous les racines. On devrait mélanger l’engrais à la terre autant en dessous qu’au-dessus de la surface du sol. Si on opte pour la mycorhization (voir à la page 172), il est important d’ajuster la dose de l’engrais à la baisse.
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Une plante sujette aux champignons Phlox paniculata
Par Claude Majeau Nom scientifique
Phlox paniculata L.
Nom commun
phlox paniculé.
Famille
Polémoniacées.
Quel plaisir nous offrirait la culture des phlox paniculés (Phlox paniculata) s’ils n’étaient pas sujets à ce champignon appelé oïdium qui vient souvent en ternir l’attrait. En effet, l’oïdium, aussi nommé blanc ou mildiou poudreux, constitue une maladie qui se forme sur ou en dessous des feuilles de la plante, sur les bourgeons, les fleurs et parfois même sur les tiges. Ce phénomène se produit quand cette plante demeure trop longtemps mouillée, ou qu’elle est soumise à l’alternance de températures fraîches et chaudes ou, encore, quand elle est installée dans un milieu trop sec. Cette situation entraîne une réduction de la photosynthèse, ce qui a pour effet d’en ralentir la croissance, de provoquer la chute des feuilles ou encore d’en abréger la floraison. Comment alors contrer cette maladie pour redorer un peu l’image de la culture de cette splendide plante ancienne ? Plusieurs solutions peu coûteuses méritent d’être essayées pour obtenir des résultats plus que satisfaisants. D’abord, à titre préventif, le choix de l’endroit le plus approprié contribuera en grande partie au succès de cette culture. Choisir une situation bien ensoleillée tôt en matinée et suffisamment exposée au vent favorisera une disparition rapide de la rosée ou de l’humidité apportée par la pluie. Dans la même ligne de pensée, il faut éviter d’arroser la plante en soirée. Des conditions appropriées du sol peuvent également concourir à prévenir l’apparition du champignon. Ainsi, il s’avère d’une grande importance que cette plante vivace soit plantée dans un milieu riche qui conserve son humidité, de préférence un sol argileux ou amendé. Pour s’assurer que la plante ne souffre pas d’une sécheresse, particulièrement en période de canicule, il est conseillé d’installer un bon paillis à sa base.
Jacques Allard
Les phlox sont des plantes très sensibles à l’oïdium. Il faut enlever le feuillage qui est atteint pour empêcher que les champignons l’envahissent davantage.
Un autre choix s’avère également intéressant : il s’agit de planter des variétés qui seraient plus résistantes à cette maladie, tels les phlox des prés ‘Alpha’, ‘Omega’ ou ‘Natasha’ (Phlox maculata ‘Alpha’, ‘Omega’ ou ‘Natasha’). Les phlox paniculés à feuillage panaché (Phlox paniculata ‘Dervins Joyce’ et ‘Beckytone’), les cultivars ‘Davidii’ (à floraison blanche) ou ‘Rijnstroom’ (une ancienne variété très vigoureuse portant de très grandes fleurs rose pâle) constituent également une bonne solution de rechange. Les plantes à éviter
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Après avoir exploré ces diverses avenues, il reste toujours les arrosages avec un produit antidessiccatif. Il existe aussi l’option écologique qui consiste à arroser la plante avec une solution constituée de bicarbonate de soude et d’eau, dans une proportion de 15 ml par litre d’eau, à laquelle on ajoute quelques gouttes de savon à vaisselle pour en favoriser l’adhésion à la plante. L’application de ce produit maison doit se faire dès l’apparition du feuillage, au moins une fois par semaine et après chaque pluie. L’application de l’urine humaine fraîche diluée (1 partie d’urine pour 3 parties d’eau) s’avère aussi une solution efficace et écologique.
Rock Giguère
Certains phlox sont moins sujets à l’oïdium, comme ce phlox des prés (Phlox maculata ‘Natasha’).
Sinon, il reste toujours la solution chimique qui consiste à appliquer des fongicides aux 10 jours. Il faut les utiliser pour décontaminer le sol dès le début de la saison, puisque le champignon peut y séjourner. Ensuite, on pulvérise sur le feuillage, et ce, jusqu’après la floraison. L’utilisation d’un paillis peut également, en prévenant les éclaboussures sur la base du feuillage lors de fortes pluies, diminuer la propagation du champignon. La solution la moins contraignante demeure toujours de les placer derrière d’autres vivaces pour camoufler le feuillage devenu désagréable au regard. En dernier ressort, il reste essentiel de toujours couper les tiges au ras du sol chaque automne et de les brûler pour éviter le maintien et la propagation de la maladie dans le sol. Sinon, celle-ci ne manquera pas de se manifester avec ardeur le printemps suivant. Voilà autant de moyens qui, sans être les seules solutions, méritent d’être explorés pour que la culture d’une si belle plante vivace puisse devenir plus facile et plaisante pour les jardiniers.
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Sol : bien drainé, riche et frais. Exposition : soleil, mi-ombre. Floraison : août. Hauteur : 1,2 m (4 pi). Largeur : de 60 à 100 cm (24 à 39 po). Maladie : très sujet à l’oïdium. Insectes : pas de problèmes particuliers. Particularités : exige beaucoup d’eau lorsqu’elle est en croissance. Rustique en zone 3. Diviser aux 4 ou 5 ans.
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Le jardinier en herbe Vous souvenez-vous lorsque, enfant, par un après-midi ensoleillé, vous erriez au fond du jardin ou d’un pré, au milieu de hautes herbes encore humides ; le chemin était couvert de flaques boueuses. Sentez-vous encore la boue, chauffée sous le soleil d’été, couler entre vos doigts ? Avez-vous encore en mémoire l’odeur de la terre et des graminées, l’eau qui pénétrait vos vêtements tandis que vous vous laissiez aller au bonheur de patauger ? Non loin de là, un papillon, une grenouille ou un scarabée doré se dissimulaient certainement dans les feuilles. Jeff Cox COX, Jeff et Jerry PAVIA. Jardins des sens. Éditions Abbeville, Paris, 1993, p. 14.
Le jardin des grands-parents est un endroit captivant pour les petits-enfants, les futurs pouces verts du Québec. Noël Alain
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Jardiner avec les enfants: réservons-leur un coin de notre jardin Par Michel Bédard Michel Bédard est détenteur d’une maîtrise en psychologie obtenue à l’Université Laval en 1974. Il a été responsable pendant plusieurs années des activités éducatives au Jardin zoologique de Québec pour La Société zoologique de Québec. En plus d’être propriétaire d’un jardin privé et d’agir comme conférencier horticole, il est membre de plusieurs sociétés horticoles et scientifiques.
Sur les pas de Marie-Victorin Ayant vu nos parents ou nos grands-parents jardiner pour leur plaisir ou pour l’aspect utilitaire, il est naturel que nous, les baby-boomers, ayons choisi l’horticulture comme hobby principal. Malheureusement, dans la plupart des cas, notre plan de carrière ou simplement le manque d’espace nous ont empêchés d’initier nos propres enfants aux joies du jardinage. Aujourd’hui, devenus grands-parents, nous avons enfin l’occasion de transmettre notre passion pour l’horticulture. De prime abord, nous craignons de voir nos plates-bandes transformées en terrain de jeux par nos petitsenfants. Cette appréhension constitue une raison supplémentaire pour savourer le plaisir de devenir leur guide éclairé pour leur montrer la beauté et les bienfaits du jardinage. Alors relevons le défi ! Suscitons leur intérêt pour l’horticulture et formons les futurs pouces verts ! En effet, certains coins de notre jardin peuvent être adaptés à nos petits-enfants et représenter un endroit captivant pour eux, voire un véritable laboratoire grouillant de vie. Les enfants apprendront, tout en s’amusant, à connaître les multiples facettes du monde vivant qu’ils tendront à respecter par la suite. Ils pourront ainsi développer la patience et la persévérance, en plus de goûter à la satisfaction de voir leurs efforts récompensés par Dame Nature.
Pour stimuler l’intérêt des enfants envers l’horticulture D’abord il faut être réaliste ; il est rare que les enfants manifestent un enthousiasme spontané et débordant pour les activités horticoles ; la télévision et les jeux vidéo constituent plutôt leurs principaux loisirs. Voici donc quelques conseils pour développer leur intérêt pour l’horticulture :
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Augmentons leur sentiment d’utilité en acceptant et en appréciant leur aide. Bien sûr, ils montrent plus de bonne volonté et d’empressement que de persévérance. Toutefois, en admirant leur travail et en leur manifestant de la reconnaissance plus tard, les enfants nous aideront et sans rechigner parce que leurs premières expériences horticoles se seront bien passées. Proposons-leur de percer les secrets des plantes. Une plante tout comme l’enfant est un être vivant. Elle mange, respire, travaille, se repose et élimine des déchets. Dans les deux cas, les phénomènes de croissance sont facilement observables. Réservons-leur un espace pour qu’ils créent leur propre jardin. Ils se sentiront responsables et fiers de leurs réalisations. Accompagnons-les à la jardinerie et choisissons des plantes qui poussent rapidement et dont on peut suivre le cycle complet, de la graine aux fruits en passant par les fleurs. Privilégiez également celles qui stimulent la vision, l’odorat, le goût et le toucher.
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Accordons autant d’importance aux fleurs qu’aux légumes. Par exemple, nous pouvons leur proposer de choisir les plantes qu’ils aiment manger. Les « restes de nos graines », celles qu’on n’aime pas ou celles dont nous ne sommes plus certains de la vitalité ne correspondent pas nécessairement à ce qu’ils aimeraient faire pousser dans leur jardin. Optons pour une approche globale. Au lieu de les encourager à voir les oiseaux, les insectes et autres bestioles uniquement comme des ennemis à bannir et à exterminer, rappelons-leur l’utilité de ceux-ci pour qu’ils s’en fassent des amis et les intègrent au jardin grâce à des aménagements appropriés (abris, nichoirs, mangeoires, etc.). Bien sûr, quelques-uns d’entre nous devront apprendre à surmonter leurs peurs et leurs préjugés pour ne pas les transmettre à notre progéniture. Dans ce but, laissons-nous stimuler par leur soif de connaître. Si dans le passé, nous n’avons pas eu l’occasion de nous intéresser à des sciences naturelles comme l’ornithologie, l’entomologie, l’herpétologie (étude des reptiles et des amphibiens) et la botanique, procurons-nous des guides et devenons mieux informés. Rock Giguère Renseignons les enfants sur les diverses utilisations des plantes par l’homme. Depuis toujours elles fournissent de la nourriture et servent à la fabrication de médicaments, vêtements et divers outils, ainsi Il faut enseigner aux enfants qu’à la construction des maisons. le respect de l’environnement en leur expliquant, Soyons nous-mêmes convaincus des bienfaits de la pratique de l’horticulture dans ses divers aspects. Une façon d’être actif et de développer des habiletés physiques et mentales, une occasion de s’instruire par exemple, que les insectes ne sont pas des ennemis mais et de créer la beauté, une manière de relaxer, une façon de vivre en contact et au rythme de la nature, plutôt des alliés importants pour la pollinisation en interaction avec un environnement vivant. Bref, initier un enfant à l’horticulture, c’est lui donner les des plantes. clés d’une vie en harmonie avec la nature.
Pourquoi et comment aménager un jardin pour les enfants Habituellement, les enfants désirent faire comme les grands. De même qu’ils apprennent à parler par imitation, ils apprennent à jardiner en imitant les adultes. Pour les enfants, comme pour les adultes, les bienfaits du jardinage se ressemblent : plaisir d’apprécier l’aspect à la fois utilitaire et esthétique des divers éléments dans un jardin, joie de « cultiver le beau », de découvrir les variétés de couleurs, de formes, d’odeurs, de goûts et de textures, bonheur de constater qu’un jardin peut être un lieu d’observation, de réflexion et de détente, mais aussi un endroit pour dépenser sainement un trop-plein d’énergie. Par conséquent, un jardin offre l’occasion de développer des habiletés mentales et physiques, tant chez les adultes que chez les enfants. Il est donc normal qu’un jardin pour enfants comporte les mêmes éléments qu’un jardin pour adultes (végétaux décoratifs, plantes utilitaires, oiseaux, insectes et autres petits animaux, outils, meubles et équipements variés). Cependant, un jardin pour enfants se distingue d’un jardin pour adulte par sa superficie totale, par les dimensions de ses composantes (plus petites) et par ses aménagements (plus simples et plus robustes). Rock Giguère
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Il est bon qu’il soit délimité par une frontière pour que les enfants sentent que c’est à eux et qu’ils peuvent en disposer à leur guise. Il ne faut pas cependant élever une clôture infranchissable séparant notre jardin de celui des enfants. Les deux espaces ont avantage à permettre une libre circulation de l’un à l’autre et ainsi offrir des possibilités de partage et de complémentarité. Par exemple, nous pouvons partager le même site de compostage, le même cabanon et certains outils. Le bain d’oiseaux peut être dans le jardin des enfants, alors que la mangeoire sera dans notre jardin ou l’inverse. Voici une série de suggestions dont nous pouvons nous inspirer pour créer un jardin pour enfants, tout en tenant compte du nombre d’enfants auquel il est destiné et de l’espace dont nous disposons. Choix des végétaux
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Les premières expériences des travaux horticoles : les enfants désirent imiter les grands.
Nous pouvons leur proposer à la fois des fleurs et des légumes qui poussent rapidement (radis, tournesol, haricot, courgettes, etc.), des variétés miniatures (carotte ronde, mini-aubergine, tomatecerise, etc.) et des plantes géantes (maïs, tournesol, citrouille, haricot grimpant, grandes impatientes, etc.). N’oublions pas d’y insérer celles qui stimulent la vision (feuillage et fleurs de couleurs et de formes variées), l’odorat (valériane, géranium, monarde, etc.), le goût (fines herbes, fraises, etc.) et le toucher (oreille d’âne, géranium odorant, fougères, bouleau, etc.) et enfin celles qui attirent les oiseaux (fleurs en trompette pour les colibris, grandes composées pour les chardonnerets, cerisier à grappes pour les merles américains). Choix d’équipements à leur mesure En plus des équipements horticoles (cabanon, bac de compostage, outils de plantation, de désherbage et d’arrosage), pensons intégrer des équipements pour des jeux en vogue selon l’âge des enfants (carré de sable et pataugeoire pour les tout-petits, balançoire, maisonnette pour jouer « à la poupée » ou « à la madame »). Après un an ou deux, ces équipements seront délaissés et pourront être modifiés ; le carré de sable évoluera vers une rocaille qui sera le centre d’une piste de petits véhicules télécommandés. La pataugeoire laissera sa place à un début de jardin d’eau avec des poissons rouges. La maisonnette pourra être remplacée par une pergola couverte de plantes grimpantes (vigne à raisins ou clématite) et meublée d’une table et de chaises ou encore d’un hamac favorable aux conversations ou à la lecture. Choix d’équipements favorisant la présence d’oiseaux et autres petits animaux Nous pouvons installer des nichoirs, des mangeoires et des bains d’oiseaux, un bassin pour poissons rouges, grenouilles et insectes aquatiques. Les plantes parfumées, comme les œillets de poète (Dianthus barbatus), stimulent l’odorat des enfants ; semons-en donc dans nos jardins ou, mieux encore, montrons-leur à les semer.
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Suggestions de travaux de jardinage faciles à réaliser avec des enfants Ces travaux ou activités visent à permettre l’expérimentation et l’acquisition d’une variété intéressante de connaissances et d’habiletés liées au jardinage :
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Plantation de bulbes d’automne. Réservez aussi quelques bulbes que l’on conserve dans le panier à légumes du réfrigérateur pour les faire fleurir à l’intérieur durant l’hiver. Cette technique se nomme « forçage ». Semis de fleurs et de légumes pour leur montrer le phénomène de la germination des graines. Plantation d’un arbre. Plantation de vivaces. Désherbage (leur faire connaître les mauvaises herbes). Confection d’une jardinière ou de boîtes à fleurs avec des fleurs annuelles ou des fines herbes. Bouturage et marcottage : l’hiver, en utilisant des plantes d’intérieur (pélargonium, lierre, etc.), couper des tiges et les faire raciner dans un verre d’eau. L’été, multiplier par marcottage des arbustes tels un groseillier, une spirée ou même un thuya. On peut aussi observer un phénomène assez semblable avec le fraisier et une plante d’intérieur dite plante-araignée. Fabrication d’une auge. Y planter quelques plantes alpines miniatures et un arbre indigène (pin gris, bouleau, mélèze, etc.) qu’on s’initiera à tailler en bonsaï. Confection de bouquets avec des fleurs coupées. Cueillette de graines diverses (iris, rose trémière, digitale et tournesol) et germination dans un coin de jardin où le sol demeure plus humide qu’ailleurs. Initiation à la photographie de fleurs ou encore au dessin ou à la peinture. Montage d’un herbier. Fabrication de pancartes : aider les enfants à confectionner un panneau avec leur prénom, des dessins ou le nom de leur jardin. Identification des végétaux sur le terrain et dans un cahier de plantation. Avec un crayon indélébile, écrire, sur des lamelles faites à partir de contenants en plastique, le nom des végétaux qui poussent dans leur jardin. Les encourager à tenir un cahier de plantation où ils inscriront le nom, la date de plantation, la hauteur, le mois de floraison et d’autres observations. C’est une excellente méthode pour apprendre et retenir les noms des plantes et pour acquérir un vocabulaire décrivant bien les particularités de chacune (vivace, annuelle, rustique, tropicale, indigène, introduite, cultivée, cultivars, mois de floraison, espèce, genre, famille, etc.). Offrons-leur de nous accompagner à la jardinerie.
Noël Alain
La pouponnière où nous préparons les futures vedettes de notre et de leur jardin est un bon endroit d’expérimentation pour les jeunes.
Pourquoi ne pas leur faire ramasser leurs propres graines (comme celles des roses trémières) et ainsi les rendre encore plus fiers de leurs futures cultures ? Noël Alain
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Une beauté pour les yeux: le céphalante occidental (Cephalantus occidentalis)
Des fruits pour les oiseaux: le sureau noir à feuilles laciniées (Sambucus nigra ‘Laciniata’)
Pierre-André Rocheleau
Rock Giguère
Un velours pour le toucher: l’épiaire laineux (Stachys byzantina)
Des fleurs pour les colibris : l’aconit napel ‘Bicolor’ (Aconitum napellus ‘Bicolor’)
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Techniques horticoles pour les débutants Les semis Par Georges Gingras Semer ses premières graines et les voir germer, c’est découvrir des émotions et des plaisirs qu’on ne soupçonne pas lorsqu’on est enfant ou que l’on débute en horticulture. En effet, voir croître une plante que nous avons mise au monde, c’est la fierté d’avoir participé au processus de création de la nature. Pour ceux qui ont plus d’expérience en horticulture, c’est un moyen économique d’obtenir un grand nombre de plantes ou de nouveautés horticoles. Habituellement, nous démarrons nos semis dans la maison. Il faut considérer qu’il est très difficile de réussir des semis en janvier et en février. Les semis de mars sont aussi très délicats pour les novices. Il vaut mieux opter pour le début d’avril qui présente un ensoleillement plus long et l’apport d’air frais de l’extérieur avec l’ouverture des fenêtres en milieu de journée.
Préparation des semis à l’intérieur Les principales étapes pour assurer la germination et le bon développement de nos semis sont les suivantes :
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Choisir un contenant approprié, généralement de 5 à 7 cm (2 à 3 po) de profondeur et doté de trous de drainage que nous pouvons facilement trouver dans une jardinerie. La grosseur et le type de contenant peuvent varier selon le nombre de semences ou la difficulté de repiquage. Remplir la future pouponnière d’un substrat de plantation (mélange à semis) préférablement stérile. Compacter légèrement le substrat de plantation pour éliminer les poches d’air. Immerger quelques minutes le contenant dans un bac rempli d’eau et le retirer pour le faire égoutter pendant 4 à 5 heures. Semer les graines selon les instructions requises (sur le sachet de semences ou dans un guide à part). Pour celles qui nécessitent d’être recouvertes, saupoudrer une fine couche de terre à l’aide d’un tamis assez fin. Habituellement, il faut les recouvrir d’une couche de terre égale à deux fois leur épaisseur. Si les graines sont très fines, il suffit de les mélanger avec un peu de sable. Inscrire le nom de la plante et la date du semis sur une étiquette et en placer une dans chaque contenant. Placer le contenant sous une lumière artificielle ou devant une fenêtre très ensoleillée. Arroser la base des pots (dans l’assiette qui est prévue pour recueillir le surplus d’eau d’arrosage); l’eau monte à la surface par capillarité.
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Les étapes illustrées des semis
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Un mélange stérile protégera les semis de la maladie appelée fonte des semis.
Pour identifier les semis, nous utilisons des lamelles de plastique ou des bâtonnets de bois et un crayon à encre indélébile afin que les inscriptions ne disparaissent pas à l’arrosage.
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Il existe un grand choix de pots, de cellules et de plateaux pour les semis. Il est important que les contenants choisis soient munis de trous de drainage.
Pour se rappeler le nom de la plante que nous avons semée, il est très important d’étiqueter. Ainsi, nous nous rappellerons le nom de la plante, surtout si nous avons plusieurs contenants et que nous voulons planter les végétaux au bon endroit.
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Avant de semer les graines, égalisons la surface du sol avec un petit bloc de bois, puis humidifions le sol par trempage dans un bac.
Nous pouvons recouvrir les semis d’un sac de plastique, ce qui permettra de conserver un taux d’humidité élevé et ainsi accélérer la germination.
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Semis des plantes annuelles Il est conseillé, pour les débutants, de commencer par le semis de plantes annuelles. Celles-ci germent habituellement très vite. Semis à l’intérieur Tableau de germination de certaines plantes annuelles Plante
Date de semis
Recouvrement des graines
Germination (jours)
Alyssum (alysse) Antirrhinum (muflier) Calendula (souci) Celosia (célosie) Nicotiana (nicotine) Petunia (pétunia) Salvia (sauge) Tagetes (œillet d’Inde)
1er avril 1er avril 15 mars 15 mars 15 mars 15 mars 15 mars 1er avril
très peu aucun recouvrir peu aucun aucun aucun peu
7 à 10 10 à 15 10 à 12 10 à 12 10 à 15 10 à 15 10 à 12 5à8
La fonte des semis
Tableau de germination de certaines plantes annuelles
Acroclinium (acroclinie) Brassica (chou décoratif) Cosmos (cosmos) Eschscholzia (pavot de Californie) Helianthus annuus (tournesol) Helichrysum (immortelle) Ipomoea (gloire du matin) Lathyrus (pois de senteur) Papaver (pavot)
Célosie ‘Flamingo Feather’
Les problèmes des semis à l’intérieur
Semis à l’extérieur (vers le 15 mai)
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Recouvrement des graines
Germination (jours)
recouvrir peu recouvrir recouvrir recouvrir recouvrir recouvrir recouvrir peu
10 à 15 10 5 à 10 10 à 15 10 10 à 15 5 à 15 10 à 15 10 à 15
Semis des plantes vivaces Semer des plantes vivaces à l’intérieur est un processus qui comporte quelques difficultés. En effet, souvent la germination est irrégulière et longue et les plantules s’étiolent facilement. Plusieurs jardiniers préfèrent d’ailleurs diviser des souches de plantes vivaces existantes pour obtenir des plantes déjà pleines de vigueur. Cependant, certains semis sont faciles à réussir.
Un champignon appelé fonte des semis risque de se propager sur le substrat de plantation. Il s’attaque alors à la base de notre plantule ; celle-ci s’affaisse et meurt. Pour éviter ce problème, il vaut mieux acheter en jardinerie des mélanges déjà préparés qui sont stériles, donc exempts de maladies. Les pots utilisés doivent être lavés à l’eau chaude savonneuse s’ils ont déjà servi à des cultures. L’étiolement des jeunes plants À cause du peu d’écart de température entre le jour et la nuit, des températures élevées et sèches et du manque d’ensoleillement, les jeunes plants ont tendance à s’étioler, à pousser « en orgueil », comme le disaient nos grands-mères. C’est pour cela qu’il est inutile de semer trop tôt, car les plantules présentent une structure trop faible qui n’assurera pas un développement adéquat. Pour pallier ce problème, il faut abaisser la température durant la nuit et augmenter la luminosité en fournissant un éclairage artificiel. Le jardinier en herbe
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Tableau de germination de certaines plantes vivaces Plante
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Nous pouvons aussi amener nos enfants ou petitsenfants aux jardineries ou les inscrire à des visites, comme ici, au Jardin Roger-Van den Hende.
Aquilegia (ancolie) Arabis (arabette) Armeria (gazon d’Espagne) Aruncus (barbe de bouc) Bellis (pâquerette) Campanula (campanule) Cerastium (corbeille d’argent) Dianthus (œillet) Digitalis (digitale) Echinacea (échinacée) Gaillardia (gaillarde) Hesperis (julienne des dames) Iberis (ibéris) Nepeta (herbe aux chats) Papaver (pavot) Platycodon (platycodon)
Recouvrement des graines
Germination (jours)
aucun aucun aucun aucun peu aucun peu peu aucun couvrir aucun aucun aucun peu aucun aucun
30 à 40 20 15 30 à 35 10 à 15 14 à 20 5 à 10 14 à 18 15 10 à 15 15 20 20 à 25 7 à 12 10 à 20 15 à 20
Semis des semences froides Ces semis présentent plus de difficultés que les autres. En effet, certaines graines présentent une germination lente et irrégulière. Il faut donc que la dormance de celles-ci soit interrompue pour qu’elles germent. On sème alors les graines en pleine terre ou en caissette, au début d’octobre et elles sont laissées en place durant tout l’hiver. L’émergence peut ne se produire qu’après 2 ou même 3 ans pour certaines plantes. Les écarts de température de l’automne et l’action des cristaux de neige ramollissent le tégument (enveloppe externe) de la semence et permettent à la graine de germer. Bien entendu, pour ces semis effectués à l’extérieur, il faut couvrir les graines pour les protéger des prédateurs. On dépose donc une moustiquaire sur le sol ou au-dessus de la caissette. Voici certaines plantes herbacées vivaces qui exigent ce traitement : l’aconit (Aconitum), l’astrance radiaire (Astrantia), le cierge d’argent (Cimicifuga), la fraxinelle (Dictamnus), la gentiane (Gentiana), l’iris (Iris), le hosta (Hosta), la pulsatille (Pulsatilla), la rudbeckie (Rudbeckia) et le trolle (Trollius).
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Recherches appliquées en horticulture Les aliments nutraceutiques Par Marie-Ève Leclerc Depuis que le monde existe, l’alimentation fait partie intégrante de notre quotidien et elle constitue encore aujourd’hui un sujet de préoccupation pour tous les habitants de la planète. L’avènement de l’ère industrielle a entraîné des changements dans notre rythme de vie et dans nos habitudes alimentaires. Le vieillissement de la population, l’augmentation des coûts de la santé et l’engouement des consommateurs pour les médecines douces créent une demande croissante envers les industries pour la mise en marché de produits répondant à leurs besoins. Les recherches en botanique et en nutrition ont identifié de nombreux agents actifs des végétaux qui ont des incidences bénéfiques sur la santé humaine. C’est ainsi qu’on assiste depuis une dizaine d’années à la naissance de nouveaux produits sur le marché alimentaire : les aliments fonctionnels et
Marie-Ève Leclerc est diplômée de l’Université Laval au baccalauréat en biologie. Elle est très intéressée par la botanique et l’horticulture. Elle a travaillé à l’accueil et à la vente de plantes rares au Jardin Roger-Van den Hende à l’été 2001. Elle participera, en mai 2002, à un stage d’études de 5 semaines au Népal et en Inde sur la biodiversité de ces pays.
Une fraise choisie parmi 23 cultivars, ‘L’Authentique d’Orléans’, est en voie d’homologation au Canada pour ses propriétés nutraceutiques. L’an prochain, lorsque nous dégusterons cette fraise, nous pourrons tirer bénéfice de ses propriétés antioxydantes. Celles-ci nous protégeront de l’arthrite, de certains cancers et des effets du vieillissement.
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les nutraceutiques. La recherche dans ce domaine existe depuis une vingtaine d’années environ mais les exigences gouvernementales (ex. : Santé Canada, US Foods & Drugs) pour de nombreux tests ont retardé la mise en application commerciale des aliments fonctionnels et des nutraceutiques, même si plusieurs produits étaient déjà commercialisés pour leurs propriétés médicales. Selon Santé Canada, « un aliment fonctionnel est semblable en apparence aux aliments conventionnels. Il fait partie d’une alimentation normale et procure des bienfaits physiologiques et il réduit le risque de maladies chroniques au-delà des fonctions nutritionnelles de base. » Les nutraceutiques constituent la forme isolée et concentrée de la molécule naturelle ayant un effet bénéfique sur la santé. Ils sont généralement vendus sous forme de comprimés ou de poudre, comme les vitamines, minéraux et suppléments nutritionnels. Par exemple, la vitamine C serait le nutraceutique et le pamplemousse ou l’orange qui la contient en quantité appréciable serait l’aliment fonctionnel. Les céréales, les oléagineux, les fruits, les légumes et les plantes sauvages contiennent plusieurs composés bénéfiques pour la santé en plus des nutriments utilisés pour les activités métaboliques du corps. Selon les estimations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), il existerait plus de 20 000 plantes médicinales utilisées directement comme agents thérapeutiques ou servant à l’élaboration de médicaments. Actuellement, plus de 75 % des principes actifs des médicaments dérivent des plantes. Cependant, plusieurs principes actifs sont des substances basiques azotées ayant de puissants effets physiologiques à faible dose. La morphine, produite à partir de la résine qui s’écoule de la capsule du pavot lorsqu’on l’incise, en est un bel exemple. Malgré cette utilisation, nous employons les graines contenues dans la capsule en confiserie, cellesci n’ayant pas ce produit alcaloïde. Les plantes les plus utilisées dans l’alimentation humaine furent les premières inventoriées pour leurs effets bénéfiques possibles, autres que strictement alimentaires et énergétiques. Ainsi, le blé (Triticum aestivum) constitue une composante majeure de la diète de la population mondiale. Reconnu depuis longtemps comme soulageant la constipation, on l’associe maintenant à la prévention de certaines maladies chroniques. Entre autres, en diminuant le taux d’œstrogènes sanguins, il contribuerait à la prévention des cancers du côlon et du sein. Certaines études cliniques portant sur les produits de l’avoine, à savoir flocons, farine ou avoine entière, ont démontré qu’ils diminueraient le taux de mauvais cholestérol sanguin et ainsi réduiraient les risques de maladies cardiovasculaires. On attribue au β–glucane, son ingrédient actif, des propriétés bénéfiques sur le diabète en réduisant le taux de glucose et d’insuline postprandiale (qui se produit après un repas). Il a de plus été démontré qu’il active le système immunitaire lors des infections. On trouve également le β–glucane dans les graminées, les lichens, l’orge, le seigle et le blé. Les premières observations des propriétés activatrices immunitaires (le mot n’était pas encore inventé) furent faites il y a plus de 45 ans sur de très jeunes poulets,
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qui sont très sensibles à la diarrhée. On avait alors observé que le supplément d’une ration de flocons d’avoine rendait ces poulets plus résistants aux maladies et cette recommandation se trouvait dans de vieux guides du ministère de l’Agriculture et de la Colonisation de l’époque. C’est dire que maintenant les bonnes galettes à l’avoine de maman peuvent nous éviter bien des maux. Le lin (Linum usitatissimum) est l’une des six plantes les plus étudiées pour leurs propriétés préventives du cancer. Ses graines riches en huiles contiennent beaucoup d’acide α–linoléique. Les découvertes sur ses effets biologiques ne cessent de s’accumuler ; la consommation de cet aliment serait bénéfique pour la vision et les maladies du cœur. Des recherches sont présentement en cours pour tenter d’évaluer ses bénéfices sur la ménopause et le cancer du sein. De leur côté, les experts en nutrition ne cessent d’encourager la consommation de fruits et de légumes. Il semble que les espèces du genre Citrus (orange, tangerine, citron, pamplemousse, etc.) soient dotées de pouvoirs antioxydants grâce à leur teneur élevée en vitamine C, vitamine E et caroténoïdes. Ceux-ci aideraient à prévenir la formation des carcinogènes et l’apparition des maladies dégénératives causées par le vieillissement. Pour sa part, la pectine contenue dans leurs fibres réduirait le taux de LDL (Low-Density Lipoprotein) sanguin. Dans la région de Québec, certaines équipes de recherche étudient le potentiel nutraceutique de la canneberge (Vaccinium macrocarpon) et du fraisier ‘L’Authentique d’Orléans’ (Fragaria x ananassa ‘L’Authentique d’Orléans’), un nouveau cultivar qui aurait une teneur en double d’antioxydants. Les Crucifères sont une vaste famille comportant plus de 2 000 espèces dont plusieurs se trouvent parmi les plantes de grande culture et les plantes condimentaires. Celles que l’on consomme comme légumes apportent une source importante de vitamines, minéraux et fibres valorisés pour leurs propriétés anticancérigènes. L’ail et l’oignon, dans le genre Allium, ont longtemps été utilisés en médecine douce. On leur reconnaît des propriétés stimulant le système de défense de l’organisme. L’allicine contenue dans l’ail pourrait être éventuellement utilisée dans le traitement du cancer, du diabète, de l’hypertension et le contrôle du taux de cholestérol. L’histoire nous apprend que la première grève en milieu de travail était liée à un approvisionnement insuffisant d’ail pour les ouvriers esclaves qui travaillaient à la construction des pyramides en Égypte. L’information est décrite dans la salle de l’une de ces pyramides.
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Plant de fraisier dont les fruits font l’objet d’importantes recherches sur leur potentiel nutraceutique.
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Il se pourrait également que vos plates-bandes cachent des petits trésors qui sauraient vous apporter certains bienfaits. Si l’on se fie à la littérature, les belles échinacées pourpres (Echinacea purpurea), qui ornent votre jardin, auraient des effets biologiques antiinflammatoires, antiviraux et agiraient comme stimulant immunitaire. Les tagètes (Tagetes erecta), à partir desquels dérivent la plupart des hybrides et cultivars, seraient dotés de pouvoirs anticarcinogènes lorsqu’ils sont consommés en infusion. Restons prudents face à ces découvertes, rien ne sert d’aller cueillir immédiatement nos précieuses fleurs en espérant qu’elles constituent la pilule miracle contre toutes nos maladies. Bien sûr, le rythme effréné dans lequel nous a plongés la technologie a eu des conséquences néfastes sur notre santé. Les produits alimentaires raffinés, de plus en plus pauvres en éléments nutritifs, et l’engouement de la population pour la restauration rapide peuvent entraîner des carences alimentaires auxquelles les nutraceutiques pourraient apporter une solution. Évidemment, plusieurs progrès restent à faire afin de mettre au point des produits sûrs et sans effets secondaires. On estime que le marché mondial des aliments nutraceutiques pourrait atteindre 500 milliards de dollars américains d’ici 2010. La région de Québec se positionne comme un chef de file dans ce marché grâce à ses investissements et à son Institut des nutraceutiques et des aliments fonctionnels (INAF) rattaché à l’Université Laval. Il s’agit d’investissements majeurs en recherche (près de 20 millions de dollars). Il faut aussi tenir compte des sommes substantielles investies par les entreprises pharmaceutiques de la région. Jacques Allard
Plant d’ail (Allium tuberosum). Les Égyptiens connaissaient déjà les pouvoirs fortifiants de ce légume.
Au Canada, il est encore interdit d’étiqueter un produit avec des allégations concernant ses effets sur la santé. Lorsqu’une législation existera à cet effet, le développement de la recherche et les possibilités commerciales pourront être davantage explorés.
L’échinacée, une panacée moderne, est reconnue pour ses propriétés immunitaires. Pierre-André Rocheleau
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La permaculture: un cas concret au Jardin Roger-Van den Hende Par Ghislain Jutras Du nouveau Depuis l’été 2001, il est possible de visiter un tout nouveau jardin maraîcher à quelques pas du Jardin RogerVan den Hende : le Jardin écologique de démonstration du Club VIA Agro-Écologie. Il s’agit d’un jardin mis en place et entretenu par des étudiants de la Faculté des sciences de l’agriculture et de l’alimentation (FSAA) de l’Université Laval. La démonstration de différentes techniques de culture et d’aménagement qui permettent de réaliser à petite échelle un potager productif et en santé sans l’emploi de pesticides et d’engrais chimiques est sa vocation première. Or, ce projet va au-delà de l’aspect technique puisqu’il propose des actions et une façon de voir le jardinage qui s’inspire d’un courant actuel en développement durable : la permaculture. Notons cependant que notre jardin n’a pas la prétention d’englober et d’être fidèle à toutes les facettes de la permaculture. Cet ensemble de techniques met de l’avant une approche d’aménagement du territoire qui dépasse les limites du jardin et du monde végétal, puisque les bâtiments et les animaux sont habituellement intégrés au design du paysage afin de compléter les cycles biologiques à l’échelle locale. Quoique notre jardin représente seulement un des éléments possibles dans l’installation d’un agro-écosystème en permaculture, plusieurs des principes de cette philosophie de l’aménagement y sont évoqués.
Ghislain Jutras complète actuellement sa quatrième année au baccalauréat en agronomie à l’Université Laval. Il est le fondateur du Jardin écologique de démonstration au sein du Club VIA Agro-Écologie et a été coordonnateur du projet pour l’édition 2000-2001. Il a aussi conçu et réalisé le Jardin éducatif de la Ferme Éboulmontaise dans Charlevoix, lors d’un stage à l’été 2000.
La permaculture et ses principes Plus précisément, la permaculture se définit comme l’art de choisir, d’agencer et de gérer les composantes d’un habitat humain de façon à mettre en place un système productif qui atteigne un optimum d’efficacité, tout en étant le plus autosuffisant, autonome et durable possible. C’est ainsi que cette philosophie appliquée s’intéresse aux systèmes intensifs de petite échelle où chaque élément a plusieurs fonctions et où chaque fonction est soutenue par plusieurs éléments. Entre autres caractéristiques de ces systèmes, l’énergie et la matière y sont recyclées et leur apport de l’extérieur, minimisé. Également, le fonctionnement et les formes de la nature, soit ceux des écosystèmes ou des organismes vivants, y sont reproduits. Par conséquent, cela demande au responsable de l’aménagement un bon sens de l’observation et de l’ingéniosité. Les principes de la permaculture sont très généraux, ce qui permet de les appliquer à plusieurs domaines, dont celui de l’horticulture, autant en milieu rural qu’en milieu urbain.
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Des exemples concrets D’abord, afin de bien comprendre le contexte, faisons une brève présentation du Jardin écologique de démonstration du Club VIA Agro-Écologie. Il est situé au nord du Jardin Roger-Van den Hende, de l’autre côté de la rue Marie-Fitzback, où il occupe un terrain jadis vacant et engazonné qui appartient au Département de phytologie de la FSAA. Lors de sa création à l’été 2001, quelque 80 espèces végétales ont été cultivées sur environ 550 m2. De plus, bon nombre de travaux d’aménagement et d’expériences de culture ont été réalisés par la petite équipe du Club VIA AgroÉcologie, et ce, grâce à la collaboration de plusieurs partenaires, dont le Jardin Roger-Van den Hende. Comme mentionné plus haut, notre jardin n’est pas strictement une œuvre de permaculture. Néanmoins, ses principes en ont guidé la conception. En voici un exemple.
Jacques Allard
L’art de la permaculture, c’est la diversité sous toutes ses formes.
La spirale de fines herbes est sûrement le plus original des attraits du jardin et celui qui concrétise le mieux les principes de la permaculture. Il s’agit, en fait, d’une plate-bande inclinée qui s’enroule comme une vis jusqu’à une hauteur de 1 m (3 pi) environ. Cette tour cultivée possède une base circulaire de 1 m (3 pi) de rayon et présente plusieurs avantages. Ses dimensions et son élévation peuvent en effet permettre une économie d’espace dans le jardin et facilitent l’entretien des plates-bandes, compte tenu qu’elles sont à portée de la main. Ajoutons que le sol ne peut être compacté par les pieds puisque le jardinier reste toujours en dehors de la spirale. La construction de son contour rend également possible le recyclage de matériaux usagés qui s’empilent bien telles des briques ou des roches plates. En outre, la spirale de fines herbes offre différents types de milieux quant au degré d’humidité et d’ensoleillement. L’environnement est effectivement plus sec en hauteur car l’eau s’y draine plus facilement, alors que le sol est plus humide à la base, endroit où l’eau est canalisée. Du point de vue de l’exposition au soleil, la face nord sera, bien entendu, plus ombragée que le reste de la tour. De cette façon, il est possible de cultiver des plantes d’exigences diverses en un espace restreint ; il suffit de les placer à l’endroit de la spirale qui leur convient le mieux. Par exemple, le thym (Thymus) se trouvera au sommet où les conditions sont plus arides alors que la menthe (Mentha) poussera dans la zone humide du bas. Les arrosages seront moins fréquents car l’eau se distribue adéquatement d’elle-même. Autre avantage : la masse compacte de sol, de pierres et de briques que forme la spirale a la propriété d’emmagasiner la chaleur durant le jour et de la redistribuer dans l’environnement immédiat durant la nuit. Selon nos observations, cela crée un véritable microclimat qui peut
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allonger de quelques jours la saison de croissance des plantes dans la spirale, car les risques de gel sont réduits. Finalement, cet aménagement aux multiples fonctions se construit assez facilement en peu de temps, sans compter qu’il est agréable à l’œil ! Dans l’optique de la permaculture, les aménagements sont donc conçus de façon à favoriser des usages multiples et la diversité sous toutes ses facettes (faune, flore, couleurs, formes, odeurs, relief, humidité, lumière, etc.) ainsi qu’à obtenir une bonne efficacité de fonctionnement (économie de temps, de matière, d’espace et de travail). La spirale est en fait un exemple parmi d’autres éléments de notre jardin tels les buttes fixes avec rotation de culture, le système d’irrigation goutte-à-goutte, le design aux formes variées, le compagnonnage, la culture de pommes de terre dans des pneus, les platesbandes en cercle, le plan d’eau, le paillis de surface, le compostage et les engrais verts. D’autres projets sont à venir dont la production de semences, un système de dépistage des insectes et l’installation de refuges à bourdons pour la pollinisation. Jacques Allard
Secteur des fines herbes dans ce jardin de permaculture. Notons le compagnonnage entre les plantes résultant entre autres de la présence des fines herbes.
Les pommes de terre sont cultivées dans des pneus remplis de paille, ce qui contribue à leur recouvrement tout en diminuant leur saleté et, à la fin de la saison, la paille est compostée. Jacques Allard
Jacques Allard
La fabrication du purin.
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Les collections horticoles À tant faire que de voler d’un parc à une place, d’un arbre remarquable à un monument altier, je ne me suis refusé aucune fantaisie. Promeneur souvent solitaire, attentif aux voix et aux murmures, désireux d’entrer en commerce avec mes concitoyens, quoique animé d’un fort quant-à-soi, je me suis donné cette disposition qui permet les rencontres aussi énigmatiques qu’inattendues. Pierre Morency MORENCY, Pierre. Le regard infini, Parcs, Places et Jardins publics de Québec. Éditions MultiMondes, Sainte-Foy, 1999, p. 3.
Page 158 : Le lis impérial (Lilium auratum var. platyphyllum) libère un merveilleux parfum épicé. Il peut atteindre 1,5 m (5 pi) de hauteur. Jacques Allard
Ci-contre : L’Arboretum du Jardin Roger-Van den Hende comprend plus de 800 espèces de ligneux. Jacques Allard
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Collection d’un jardin public La collection de lis des Jardins de Métis Patricia Gallant est diplômée de l’Institut de technologie agroalimentaire de Saint-Hyacinthe (2000) et de l’Institut de technologie agricole de La Pocatière (1984). Horticultrice en chef aux Jardins de Métis, elle donne des conférences horticoles. Elle est aussi présidente de la Société d’horticulture de la région de Mont-Joli.
Par Patricia Gallant Les lis font partie intégrante de l’histoire des Jardins de Métis. La collection fut instaurée par Mme Elsie Meighen Reford, créatrice des Jardins. Entre 1926 et 1957, elle introduisit une soixantaine d’espèces et de cultivars différents. Les lis poussaient par centaines pour ne pas dire par milliers partout à travers les jardins ; le lis royal (Lilium regale) bordait et embaumait l’allée royale, le lis martagon (Lilium martagon) tenait compagnie aux pavots bleus (Meconopsis betonicifolia) à l’ombre des conifères. Le lis impérial (Lilium auratum var. platyphyllum) illuminait les derniers jours de l’été et même l’impressionnant lis gigantesque (Cardiocrinum giganteum), appelé alors Lilium giganteum, offrait un spectacle sans pareil. À cette époque, plusieurs de ces lis, et je dirais même la majorité, mettaient les pieds pour la première fois dans une région aussi nordique. Pour partager sa passion et ses expériences, Mme Reford écrivit deux articles pour la North American Lily Society, l’un en 1939 et l’autre en 1949. Pendant tout ce temps et jusqu’à tout récemment, les lis étaient quasiment au paradis car l’impitoyable criocère n’avait pas encore trouvé la route de la Gaspésie. Malheureusement, il a du flair et il est là. Nous avons réussi à le contrôler par des méthodes mécaniques et par une surveillance rigoureuse mais pour combien de temps encore ? Un hiver très froid peut les éliminer mais depuis quelques années, nos hivers sont plutôt doux. Par contre, ce radoucissement du climat permet de conserver des espèces à la limite de notre zone de rusticité qui, dans les parties les plus protégées du Jardin, est évaluée à 5 et 4b ailleurs. Un hybride du lis des Philippines (Lilium philippinense), superbe lis trompette, revient avec force depuis trois ans. Sa floraison débute à la fin du mois d’août et s’achève souvent prématurément avec l’arrivée des gros gels en octobre. Il a été introduit à partir de semences et semble avoir développé une bonne résistance au froid.
Patricia Gallant
Le lis des Philippines (Lilium philippinense) est souvent classé dans les zones de rusticité 9 et 10.
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Un autre spécimen intéressant et plutôt rare, le lis de Duchartre (Lilium duchartrei), pousse un peu partout dans le jardin. Ses fleurs, recourbées comme celles du Lilium martagon, sont blanches et le centre est ponctué de pourpre. Il se plaît dans presque toutes les situations, mais donne des résultats fascinants lorsqu’il est planté à travers les rhododendrons (Rhododendron). Il atteint aisément 2 m (6 pi) de hauteur et si par bonheur votre nez l’effleure, il vous laissera goûter à son parfum discret mais envoûtant. Botanique et horticulture dans les jardins du Québec – Guide 2002
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Le lis à petites feuilles (Lilium pumilum) avec ses fleurs d’un rouge vermillon ne passe pas inaperçu. Il est planté en plein soleil dans une plate-bande surélevée, ce qui lui assure un excellent drainage, condition essentielle à sa survie. Des centaines de fleurs du lis royal garnissent toujours l’allée royale à la fin de juillet. C’est le plus fidèle de la collection et il était un des préférés de Mme Reford. Ce lis gagne à être planté au jardin. Les lis orientaux, fleurissant surtout en août et en septembre, égaient les plates-bandes qui, à ce temps de l’année, commencent leur déclin. Dans les jardins, la collection compte une douzaine de cultivars mais comme ces lis sont moins rustiques, nous sommes appelés à les remplacer souvent. Parmi les cultivars les plus appréciés, notons ‘Casablanca’ avec ses fleurs d’un blanc immaculé et ‘Icicle’, dont les pétales rose tendre, bordés de blanc, lui confèrent une douceur satinée. Et que dire de leur parfum puissant ; juste un petit bouquet dans la maison saura vite vous le rappeler. Les plus populaires demeurent les lis asiatiques car ils sont faciles de culture, très rustiques et le marché offre un vaste choix de cultivars. Autant la forme que l’époque de floraison varient. Mon préféré est ‘Ariadne’ avec ses fleurs recourbées, de teinte saumonée.
Patricia Gallant
Une autre énigme de la rusticité : le lis de Duchartre (Lilium duchartrei). La littérature le décrit comme rustique en zone 7 ; pourtant il pousse à plusieurs endroits aux Jardins de Métis.
Le lis présente l’avantage de ne pas occuper beaucoup d’espace et il peut s’insérer facilement à travers les autres plantes. Fleurissant en chœur à la fin de juillet, ‘Ariadne’ et le hosta à feuilles ondulées (Hosta undulata) forment un duo parfait au niveau de la teinte, de la forme et de la texture des fleurs et de la plante même. Un autre cultivar qui se démarque est ‘La Toya’ avec une fleur en coupe, dressée, dont les pétales sont plus étroits et pointus. Il s’épanouit un peu plus tard que ‘Ariadne’. Mais le plus beau lis, qui fut malheureusement de court passage dans notre collection, est sans contredit le lis du Népal (Lilium nepalense). Originaire du Népal, comme son nom l’indique, ce lis préfère la mi-ombre, un sol qui se maintient humide durant sa période de croissance mais très sec en période de dormance. Sous nos conditions de culture, il a atteint 40 cm (16 po) et la tige portait trois fleurs pendantes, en forme de trompette. Les collections horticoles
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Ceux qui n’ont pas eu encore la piqûre pour les lis botaniques ne peuvent certainement pas demeurer insensibles devant la beauté du lis du Népal (Lilium nepalense). Malheureusement, il doit être traité comme une plante bulbeuse non rustique.
Patricia Gallant
Le plus impressionnant, c’est la couleur. Le centre de la fleur est pourpre foncé presque noir tandis que l’extrémité et l’extérieur sont jaune verdâtre. Pendant que tout le monde dort, il semblerait que ces magnifiques fleurs dégagent un parfum exotique. C’est une caractéristique qui n’a pas été vérifiée. Le lis du Népal produit aussi des tiges stolonifères qui voyagent sous la surface du sol et d’où émergent des bulbilles mais dans nos jardins, sa trop courte visite ne lui a pas permis de le faire. L’expérience nous prouve tout de même qu’il vaut la peine d’être cultivé, mais il devra être traité comme un bulbe tendre et conservé en serre froide pendant l’hiver. Ainsi la collection s’agrandit et compte maintenant plus de 100 espèces et cultivars. Les expériences s’accumulent, mais il faudra attendre la prochaine édition pour en connaître la suite.
Les Jardins de Métis, situés aux portes de la Gaspésie, ont été élaborés par Elsie Reford, une jardinière passionnée qui raffolait des lis. Jacques Allard
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Collection d’un grand jardin L’Arboretum du Jardin Roger-Van den Hende Par Hélène Corriveau
Hélène Corriveau est détentrice d’un Encore bien peu d’endroits dans nos villes permettent de nous évader dans un environnement aussi baccalauréat en bioenchanteur que diversifié dans ses formes, ses couleurs et ses textures. L’Arboretum du Jardin Roger-Van den agronomie obtenu en 1996 Hende, qui occupe plus de deux hectares, est l’un de ces lieux où se rencontrent la beauté et la connaissance. à l’Université Laval. Elle est Situé sur le campus de l’Université Laval et à quelques responsable agronomique pas d’un centre commercial, il cache, derrière le du Jardin Roger-Van den pavillon de l’Envirotron, une grande variété d’arbres, Hende et responsable des achats et des d’arbustes et d’arbrisseaux dont certains spécimens, aménagements de plantes. peu rustiques, survivent à nos hivers parfois Elle supervise aussi rigoureux. D’autres ligneux sont dignes d’intérêt en l’entretien et raison de leur rareté au Québec. C’est vers ces trésors l’aménagement paysager horticoles que notre attention se tournera dans ces de certains sites quelques lignes. gouvernementaux dans le Vieux-Québec. L’Arboretum du Jardin Van den Hende se compose de
plus de 800 espèces de ligneux, regroupés en 43 familles botaniques. Les premiers spécimens furent semés en 1965 à l’Université Laval par le professeur Roger Van den Hende aidé de Tommy Jensen, jardinier-technicien. Les sources de semences étaient déjà nombreuses : Herbst, Thompson & Morgan, Schumaker, Jardin botanique de New York, pépinière « Les Barres » en Europe, etc. Les autres spécimens, achetés en boutures ou en plants, provenaient de diverses pépinières telles Sheridan, W.H. Perron, J. Connon, Skinner, etc. Les espèces indigènes étaient généralement prélevées dans la nature près de Québec.
Un spectacle haut en couleurs : la floraison d’un hybride frileux du prunier-cerise (Prunus cerasifera) et des tulipes ‘Toronto’ (Tulipa Greigii ‘Toronto’).
Jacques Allard
Parmi les plantations de ligneux considérés peu rustiques sous notre climat, plusieurs survivent depuis de nombreuses années en raison du microclimat créé par la haie d’épinettes de Norvège (Picea abies), qui ceinture le jardin au nord et à l’ouest et par certains arbres de grande taille, situés à des endroits stratégiques. À quelques pas du jardin d’eau, protégés par les bouleaux à papier et les bouleaux noirs (Betula papyrifera et B. nigra) et quelques conifères au nord, on découvre, dans la famille des Magnoliacées, un magnifique Les collections horticoles
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Jacques Allard
Fleurs du magnolia de Kobé (Magnolia kobus).
Jacques Allard
L’aire réservée aux Magnoliacées est l’une des premières à se colorer au printemps.
Jacques Allard
Fleurs du magnolia étoilé (Magnolia stellata).
magnolia de Loebner ‘Merrill’ (Magnolia x kache loebneri ‘Merrill’) classé en zone de rusticité 5b, un magnolia étoilé (M. stellata) et un magnolia de Kobé (M. kobus). Le magnolia, un arbre de petite taille, est idéal pour nos jardins urbains et il tolère très bien les sols acides et même alcalins. Il est un très bon compagnon pour les rhododendrons (Rhododendron) et, comme ceux-ci, il doit être protégé des grands vents. Il arrive parfois que ses boutons floraux soient affectés par les gels tardifs du printemps, ce qui compromet la floraison qui se produit au début de mai avant même que les bourgeons foliaires n’aient éclos. Si vous baissez les yeux sous les magnolias, vous découvrirez l’arbre aux anémones ou calycanthe odorant (Calycanthus floridus). Au jardin, il a été identifié comme arbre pompadour par M. Van den Hende. C’est un petit arbuste de la famille des Calycanthacées aux caractéristiques très particulières. En effet, ses fleurs solitaires à l’extrémité des rameaux confondent leurs pétales et leurs sépales en tépales de couleur rouge-brun, qui dégagent un agréable parfum de fruits exotiques. Toujours dans la famille des Magnoliacées et à proximité des magnolias, on peut observer un tulipier de Virginie panaché jaune (Liriodendron tulipifera ‘Aureomarginatum’) de zone 5b. Cet arbre, qui peut atteindre une taille imposante sous des climats plus chauds, démontre ici une croissance plus lente. Les grandes feuilles vert foncé, marginées de jaune doré, possèdent des lobes profonds et une extrémité très carrée. Elles prennent une coloration jaune or à l’automne. Les fleurs qui ressemblent aux tulipes n’apparaissent en général que sur des sujets ayant plus de 15 ans.
Jacques Allard
Fleur du magnolia de Loebner ‘Merrill’ (Magnolia x kache loebneri ‘Merrill’).
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Juste un peu plus au nord, dans la famille des Saxifragacées, se trouve un hortensia à feuilles de chêne (Hydrangea quercifolia). Bien que cet arbuste de zone 5 gèle bien souvent au niveau du sol, il possède néanmoins une grande valeur ornementale. Ses feuilles ressemblent à celles du chêne comme son nom l’indique et prennent, à l’automne, de belles teintes de rouge, orange et pourpre. Ses panicules de fleurs blanches, en été, ne sont pas moins spectaculaires. Dans la famille des Acéracées, au nord du jardin, on observe une magnifique collection d’érables. Parmi ceux-ci, l’érable palmé à feuille laciniée (Acer palmatum var. dissectum), un arbuste de zone 5 qui est prisé pour ses délicates feuilles palmées, profondément divisées, de couleur rouge-pourpre foncé. On peut y voir aussi plusieurs autres espèces d’érables, entre autres l’érable de l’Amour (Acer ginnala) dont la floraison odoriférante se produit au printemps au même moment que certains pommetiers, les érables rouges ‘Morgan’ et ‘Red Sunset’ (Acer rubrum ‘Morgan’ et ‘Red Sunset’) et l’érable platane colonnaire, ‘Crimson King’ et de Drummond (Acer platanoides ‘Columnare’, ‘Crimson King’ et ‘Drummondii’).
Jacques Allard
C’est un vrai festival de couleurs lorsque les spirées et les pommetiers sont en fleurs au printemps.
Si nous poursuivons notre route en longeant la haie d’épinettes, nous ne pouvons manquer l’un des beaux représentants de la famille des Araliacées, soit l’angélique en arbre d’Amérique (Aralia spinosa), rustique en zone 4. Cet arbuste aux branches anguleuses armées d’épines est surmonté, dès le mois d’août, de longs épis de fleurs blanc jaunâtre vaporeux. Les larges feuilles d’aspect exotique passent au jaune à l’automne. L’aralie produit un très bel effet en bordure des bassins d’eau.
Jacques Allard
Un peu plus au sud, s’élève un catalpa de Chine (Catalpa ovata) de la famille des Bignoniacées. Considéré comme rustique en zone 5b, cet arbre possède d’énormes feuilles en forme de cœur et porte, à partir du mois de juillet, des grappes de fleurs blanches qui rappellent celles des digitales. À proximité, on découvre, dans la famille des Scrophulariacées, le paulownia impérial (Paulownia tomentosa) qui présente des feuilles cordiformes. Subissant fortement les gels chaque hiver, il produit de nouvelles pousses très vigoureuses mais qui ne donnent toutefois pas de fleurs.
Plusieurs personnes visitent l’Arboretum lorsque les arbres présentent leurs coloris automnaux.
Bien d’autres arbres et arbustes du Jardin Roger-Van den Hende seraient dignes de faire l’objet d’une description plus détaillée, tels le clèthre à feuilles d’aulne (Clethra alnifolia) de la famille des Cléthracées, le kolkwitzia ou buisson de beauté ‘Rosea’ aux fleurs roses (Kolkwitzia amabilis ‘Rosea’) appartenant aux Caprifoliacées, l’hamamélis de Virginie (Hamamelis virginiana) de la famille des Hamamélidacées et bien plus encore. Il ne reste plus qu’à venir découvrir ou redécouvrir ces magnifiques trésors cachés dans la ville de Québec, tout en se ressourçant dans un environnement des plus enchanteurs. Les collections horticoles
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Collection d’un jardin privé Le jardin de la Sagi-Terre Par Christine Landry Dès nos premiers pas dans le jardin-forêt de la SagiTerre, aux origines marécageuses, nous sommes vite fascinés par le sens aigu d’observation de son concepteur, Maurice Paquin, qui nous guide dans son jardin. La grande diversité des plants et la dentelle finement découpée de certaines espèces comme l’angélique (Angelica archangelica) et la napée dioïque (Napaea dioica) nous démontrent le savoirfaire du jardinier. Enfin, le mouvement des graminées au vent et l’association harmonieuse des fleurs indigènes et des variétés horticoles font de ce jardin un attrait irrésistible pour ceux qui aiment et savent observer les beautés de la nature.
Rock Giguère
Dans le jardin de Maurice Paquin, les légumes côtoient les plantes indigènes.
Jardin de la Sagi-Terre 80, rang Saint-Augustin, Saint-Gabriel-de-Brandon Tél. : (450) 835-1280 Date d’ouverture : juin à la fin de septembre Journées d’ouverture : tous les jours de 10 h à 18 h Les frais d’entrée: Adulte: 5$ Enfant de moins de 12 ans : gratuit
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Le jardin est conçu pour dévoiler peu à peu sa beauté à travers des sentiers sinueux. Nous sommes donc constamment surpris par les découvertes réservées aux détours de notre marche. Le calme des lieux nous incite à nous imprégner du parfum exaltant des fleurs, comme celles de l’asclépiade commune (Asclepias syriaca) et de la polémoine à fleurs bleues (Polemonium caerulea), qui embaument l’air environnant et le colorent par l’éclat de leurs couleurs flamboyantes. Quiconque est en quête de naturel et de sérénité sera vite charmé. Entre autres, dans la baie de la belle Angélique, nom populaire donné à l’acorus-roseau (Acorus calamus) qui a colonisé ce coin de paradis, nous pouvons admirer plusieurs plantes entraînées par les courants de la rivière Maskinongé. Si nous ne voyons pas Andrée Viau, la conjointe de Maurice, à l’animalerie ou à la serre, c’est qu’elle est occupée à sarcler ou à nous préparer une tisane de menthe fraîche. Nous suivons Maurice en disciples, accrochés à ses talons, écoutant ses paroles révolutionnaires, déconcertantes par leurs sérieuses remises en question. Si nous sommes assis confortablement sur nos traditions, il vient chambouler nos raisonnements banals sur la terre, basculer nos vœux pieux envers les produits des magnats de l’industrie horticole, détruire nos rituels religieux d’amendement chimique du sol et dérégler les mécanismes d’engrenage de nos savoirs horticoles en nous révélant enfin la vraie nature vivante de la terre. Il nous informe sur le fabuleux voyage des minéraux au moyen des radicelles, sur la constitution fondamentale de la terre, sur la poussée jaillissante vers l’éclosion du bourgeon, sur la magnifique « incubation » de la semence. Il nous parle aussi de la continuelle Botanique et horticulture dans les jardins du Québec – Guide 2002
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Un des nombreux sentiers du jardin, bordé de pétasites japonais et de graminées panachées.
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transformation physique du gravier, du travail acharné et incessant des lombrics et de la décomposition grouillante des feuilles empilées. Maurice réussit à nous convaincre de remettre en question nos beaux principes sur la terre, de changer nos habitudes horticoles, de recycler nos tonnes de feuilles mortes, de faire la sourde oreille aux mensonges de la performance chimique et de freiner nos achats aveugles de terre pauvre et contaminée de semences indésirables. Tout droit dans les yeux et avec un air des plus sérieux du monde, il affirme dur comme roche, qu’il est « facile de fabriquer » de la terre.
Rock Giguère
Nous pouvons apercevoir des pontédéries cordées Il fait partie de cinq clubs d’échange de semences. Depuis 15 ans, ce sont 200 à 300 nouvelles variétés par (Pontederia cordata) an qui sont expérimentées dans sa terre biologique. que des gros coups d’eau ont apportées dans le petit méandre, formé par la rivière Maskinongé, qui longe le jardin.
Maurice est bio, écolo, naturo et, plus encore, « révolutiono » ! Tous les cœurs des jardiniers, des horticulteurs et des botanistes amoureux de la nature se retrouvent en lui. En acquiesçant à ses convictions appuyées de son sourire en coin, il n’en tient qu’à nous, de faire de notre jardin un lieu où le naturel est roi et maître comme dans le jardin de la Sagi-Terre.
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Un peu de botanique Langage botanique Les plantes ont une histoire Par Rock Giguère Nous avons besoin de classifier les objets qui nous entourent pour apprendre ou transmettre nos connaissances. S’il n’y a pas entente au sujet d’une nomenclature précise, le nom pour désigner un objet peut varier d’un endroit à un autre, créant ainsi de la confusion. Au début, les plantes étaient décrites par une phrase descriptive très longue. Par exemple, la rose trémière à fleurs doubles rose vif était désignée sous l’appellation Malva Rosea multiplex flore incarnato. La même plante à fleurs doubles rose foncé s’appelait Malva hortensis florepleno atrorubente.. C’est pourquoi les apothicaires et les herboristes se sont préoccupés très tôt de cet aspect «car un client mort à la suite de la mauvaise identification d’une plante, ce n’est pas payant». À la fin du XVIe siècle, Casper Bauhin (1560-1624) commença à établir un système à deux noms pour chaque plante, mais cette procédure ne fut pas universellement reconnue. Il a fallu attendre Carl von Linné (1707-1778) pour établir les bases du système binomial. Linné, un médecin suédois « fort modeste » affirmait que « Dieu luimême l’a guidé de Sa main toute puissante pour mettre de l’ordre dans la Création1 ». Le décret du roi Louis XV en 1774 a imposé ce système même à Buffon, l’intendant de son jardin qui s’y opposait farouchement. Depuis ce temps, le nom de chaque plante comprend un genre (ex. : Hydrangea) et un qualificatif pour l’espèce (ex. : quercifolia). Le nom latin utilisé donne souvent certaines indications telle la forme de la plante. Dans l’exemple précédent, le terme latin désignant l’espèce de cet hortensia «quercifolia» nous apprend que 1. DUNT, Wilfrid. Linné, le prince des botanistes. Éditions Eugène Belin, collection « Un Savant et une Époque », Paris, 1986, p. 238.
Geneviève Trépanier
Page 168 : La nomenclature d’une plante peut nous en apprendre beaucoup sans même l’avoir vue. Ainsi, le nom scientifique qui désigne l’arbuste ci-contre, Hydrangea quercifolia, nous indique que le feuillage de cet arbuste ressemble à celui du chêne (Quercus).
À Almhult, se trouve le monument de Carl Von Linné qui admire sa fleur préférée, la linnée boréale (Linnaea borealis).
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le feuillage de cet arbuste ressemble à celui du chêne (Quercus). À l’heure où nous pouvons acheter une tulipe ‘Hillary Clinton’ ou nommer le cultivar d’une rose au nom que nous désirons pour 75 000 $ chez Jackson & Perkins, nous nous rappelons avec nostalgie le temps glorieux où les noms des plantes étaient donnés avec un peu plus de mérite ou du moins avec un esprit « plus botanique ». Par exemple, dans le passé, on a honoré les découvreurs et les cueilleurs de plantes qui nous ont permis de cultiver plusieurs cultivars que nous connaissons aujourd’hui. Voici quelques exemples. L’incarvillée de Delavay (IIncarvillea delavayi Bur. & Franch)
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Le terme scientifique pour désigner la plante ci-dessus, Thalictrum delavayi ‘Hewitt’s Double’, nous apprend qu’elle a été nommée en l’honneur du père Jean-Marie Delavay à qui l’on doit plusieurs plantes, originaires de la Chine. Grâce à lui, nous pouvons maintenant cultiver cette plante en Occident.
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La désignation de cette plante par Bureau et Franchet honore deux excellents cueilleurs de plantes et botanistes : le père d’Incarville et le père Delavay. Le père Pierre-Nicholas Le Cheron d’Incarville (17061775), un jésuite, a enseigné la littérature à Québec de 1730 à 1739. Ensuite, il s’est rendu à Pékin où il y est demeuré jusqu’à sa mort. Il faut se rappeler qu’à ce moment, à peu près seuls les missionnaires avaient pu pénétrer à l’Orient. Le père d’Incarville a même réussi à entretenir des relations très étroites avec l’empereur de Chine, un grand amateur de fleurs, dit-on. On lui doit l’incarvillée de Chine (Incarvillea sinensis Lam.), nommé par Antoine de Jussieu, directeur du Jardin du Roi, l’ailante [Ailanthus altissima (Miller) Swingle] et beaucoup d’autres végétaux d’origine chinoise. Quant au père Jean-Marie Delavay (1834-1895), il méritait aussi qu’une plante porte son nom, car il a cueilli les semences de plusieurs plantes. Entre autres, il a découvert plusieurs rhododendrons. Franchet l’a aussi honoré en nommant le thalictrum de Delavay (Thalictrum delavayi Franch.). Le hosta de Fortune [Hosta fortunei (Dak.) L. H. Bailey] Avant la signature du traité de Nanjing (1842), la Chine et le Japon étaient fermés au monde occidental. À la suite de la victoire de l’Angleterre sur la Chine, lors de ce qu’on a appelé la Guerre de l’Opium, la Chine et le Japon ont dû ouvrir plus librement leur marché. Les explorateurs et les cueilleurs de plantes eurent donc plus d’accès à ces deux pays dont l’inventaire floristique était et est encore très riche. La Horticultural Society of London (aujourd’hui la Royal Horticultural Society) envoya donc un cueilleur de plantes peu après le traité, Robert Fortune, un Écossais peu expérimenté mais qui obtint un grand succès dans ses cueillettes. C’est probablement la première personne qui fut envoyée spécialement en Chine pour effectuer des cueillettes de plantes. Voici quelques-unes des plantes qu’il a expédiées en Occident : le cœur-saignant [Dicentra spectabilis Botanique et horticulture dans les jardins du Québec – Guide 2002
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(L.) Lemaire], le platycodon à grandes fleurs [Platycodon grandiflorus (Jacquin) A. DC.], le weigela de Floride [Weigela florida (Bunge) A. DC.] et le camélia du Japon (Camelia japonica L.). Buddleja davidii Franch.) L’arbuste à papillons (B Franchet, l’auteur du binôme latin de cette plante, l’a nommée en l’honneur du père Armand David (18261900), un missionnaire et aussi un grand voyageur et un naturaliste chevronné qui a découvert plusieurs plantes en Chine. Les missionnaires ont réussi à apprivoiser la xénophobie du peuple chinois et à pénétrer à l’intérieur des provinces, et ainsi à découvrir plusieurs plantes jusqu’alors inconnues de l’Occident. En 1870, le père David prépara le séchage de plus de 1 500 espèces qui étaient jusqu’alors inconnues en Occident. Entre autres, il a découvert au moins 13 espèces de rhododendrons (Rhododendron L.), des ampélopsis (Ampelopsis Michaux), l’astilbe (Astilbe D. Don) et le cotonéaster (Cotoneaster Medik).
Rock Giguère
Le Buddleja davidii, le buddléia de David, a été nommé par celui qui a donné le binôme latin à cette plante, Franchet, en l’honneur du père Armand David. Celui-ci a découvert plusieurs plantes, dont au moins 13 espèces de rhododendrons.
Hosta sieboldiana Hook) Le hosta de Siebold (H Alors que les autres cueilleurs de plantes avaient surtout œuvré en Chine, Philipp von Siebold (1796-1866), un militaire d’origine bavaroise, nous fit connaître la flore du Japon. Il avait reçu comme directives d’étudier les structures politiques et sociales pour étendre les possibilités d’échanges commerciaux avec le Japon. Comme il avait fait ses études en médecine, il pratiqua sa profession au Japon et eut assez de succès pour entretenir des relations avec des médecins et des scientifiques japonais. Il en profita pour cueillir des plantes, des graines et d’autres artefacts. Si nous cultivons aujourd’hui le hosta de Siebold [Hosta sieboldiana (Hook) Engl.], l’hortensia (Hydrangea L.) et la glycine du Japon [Wisteria floribunda (Willd.) DC.], nous le devons à Philipp von Siebold. Un peu de botanique
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Les mycorhizes au jardin Une association gagnante : les plantes et les mycorhizes Par Jean Denis Brisson et Claude Doré Claude Doré est détenteur de baccalauréats en biologie et en psychologie, décernés par l’Université Laval. Il a également complété un certificat en pédagogie. Il est professeur de biologie au cégep François-Xavier-Garneau de Québec depuis 1973. Il est membre de conseils d’administration de sociétés horticoles et possède un jardin privé depuis 25 ans.
L’association des plantes avec un micro-organisme de type champignon naquit au moment où les végétaux ont quitté le milieu aquatique pour un sol pratiquement désert. Cette association a vu le jour il y a environ 400 millions d’années et s’est maintenue depuis en se perfectionnant. Il est de plus en plus sûr que les plantes ont besoin de s’associer à des mycètes (ou champignons), parfois même à des bactéries, pour vivre et se reproduire de façon efficace. Des études ont permis de bien comprendre la grande importance de cette relation, puis d’en faire certaines applications (même commerciales). Cette association est une symbiose mutualiste et un des types de symbioses mutualistes des mycètes avec des plantes est la mycorhize. Même, il semble que la plupart des végétaux (95%) seraient obligés de créer des symbioses mutualistes pour croître et survivre convenablement dans leur milieu naturel.
symbiose mutualiste : relation écologique entre individus d’espèces différentes qui vivent en contact direct et s’échangent mutuellement des avantages bénéfiques pour les deux.
Le sabot de Vénus (Cypripedium calceolus), une orchidée indigène, doit absolument entretenir une relation symbiotique avec un champignon pour survivre. C’est pour cela qu’il est préférable de les acheter en pot dans les jardineries plutôt que de les prélever en nature. Jacques Allard
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Un milieu adéquat permet à la plante une croissance plus rapide et plus efficace. Par contre, dans un milieu plus pauvre, l’association acquiert une grande importance car la plante augmente considérablement son pouvoir d’exploration du substrat. Le second aspect, non négligeable, s’explique par la présence des champignons capables d’aller chercher des éléments qui se présentent sous une forme non directement assimilable par les racines. Malgré les bénéfices depuis longtemps démontrés par l’usage de mycorhizes en agriculture, la biotechnologie demeure encore dans l’ombre de quelques grandes firmes d’avant-garde. À ce chapitre, le Québec n’est pas en reste et les diverses divisions de l’entreprise Premier Tech de Rivière-du-Loup constituent actuellement un pôle de recherche et d’applications industrielles avec les produits « Mycorhizes ». En envahissant les racines des végétaux, les mycètes augmentent la capacité d’absorption des minéraux du sol par la plante et, souvent même, ils sécrètent des hormones de croissance nécessaires au développement normal de la plante. On a découvert que les
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jeunes pins mycorhizés absorbaient plus rapidement l’azote, le phosphore et le potassium. Résultat : leur croissance était plus rapide. Quant à la plante, elle fournit aux mycètes mycorhiziens des composés organiques, tels que des vitamines, des acides aminés pour la synthèse des protéines, des sucres, etc. On peut noter aussi que l’embryon des graines d’orchidées ne peut se développer que s’il est infecté par un mycète mycorhizien. En fait, l’embryon n’a même pas de réserves nutritives puisqu’il est limité à quelques cellules. Toutes les espèces d’Orchidacées passent par un stade de dépendance complète envers le mycète qui peut s’étendre de quelques mois à la vie complète de la plante. Les relations plantes-mycorhizes ne se présentent pas toutes sous la même forme. En fait, il existe cinq types de mycorhizes. Le premier type, les endomycorhizes, dont le mycète pousse jusque dans les cellules végétales, est défini comme le type arbusculaire et il est présent chez la majorité des espèces. C’est parce qu’il y a une très faible spécificité entre les partenaires que l’application commerciale y est possible.
Horst Vierheilig, courtoisie du CRBF
Aspect d’une racine non mycorhizée (celle avec une stèle rougeâtre), comparée à une racine mycorhizée avec son cortex noirci par l’amas de champignons dans les cellules du cortex.
Le second type concerne surtout les arbres forestiers. Les ectomycorhizes forment une gaine cellulaire multicouche autour des racines sans jamais atteindre le cylindre central. Le mycète pousse entre les cellules des couches externes ou superficielles des radicelles des végétaux, formant un manchon blanc avec le plus souvent une racine dichotomisée. La mycorhization en pépinière forestière favorise la croissance des plantules, donc une augmentation de la performance du reboisement. Dans une expérience contrôlée à la pépinière de la Ville de Montréal, 720 semis de cinq essences : l’érable argenté (Acer Horst Vierheilig, courtoisie du CRBF saccharinum), l’érable platane (A. platanoides), le micocoulier de Virginie (Celtis occidentalis), le frêne blanc (Fraxinus pennsylvanica) et le févier inerme (Gleditsia Mise en évidence des hyphes intracellulaires des champignons Endogone par la technique de l’encre triacanthos) ont montré des taux de croissance entre deux et cinq fois supérieurs, mycorhizateurs au vinaigre. après deux mois seulement, par rapport à des témoins non mycorhizés. Les trois autres types sont plus compliqués. Les mycorhizes des Éricacées sont d’un type ectendomycorhize où les champignons croissent à la fois entre et dans les cellules du cortex pour y former des glomérules à l’intérieur des cellules. On connaît peu de champignons supérieurs, associés à ce type de mycorhize. Mais, dans le cas des bleuets, il s’agit de petites espèces de pézizes. Quant au champignon imparfait directement associé à la mycorhize du bleuet, il fut signalé par Jean Denis Brisson en 1973 comme étant l’espèce Oiodendrum griseum, un champignon trouvé en Allemagne il y a une centaine d’années.
Dichotomisée : racine secondaire qui naît près du bout d’une racine principale ou secondaire mais qui ne s’allonge pas ou très peu. Il y a répétition du processus, ce qui conduit à un amas de petites racines.
Le type des Orchidacées est plus compliqué, car les champignons déforment la racine pour en former un : plante qui manchon qui porte un nom particulier, le vélamen. Celui-ci assure en fait la nutrition de la racine et c’est la Épiphyte pousse sur un autre raison pour laquelle la majorité des orchidées ont une croissance de type épiphyte. Le dernier type est végétal sans lui nuire. Un peu de botanique
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caractérisé par des liens faisant intervenir des bactéries. Le groupe le plus connu est associé aux espèces de Fabacées par l’intermédiaire de bactéries de type Rhizobium, quoique plusieurs nouveaux noms (Bradyrhizobium surtout) sont en usage depuis les dernières années. Ces bactéries « infectent » un poil absorbant qui rapidement devient un chemin d’inoculation vers le cortex de la racine. Celle-ci réagit et la plante produit un nodule ou une série de nodules blanchâtres, parfois rosés, sur les racines. La spécificité est ici très grande et les bactéries inoculatrices du pois ne sont pas les mêmes que celles du haricot, de la gourgane, de la luzerne, des trèfles, etc. Au Québec, la production des bactéries a débuté très tôt, au début du siècle, par suite des travaux du professeur Albert Alarie, alors microbiologiste à la Faculté d’agriculture de La Pocatière. La « poudre noire » vendue par les coopératives agricoles fut produite dans les cuisines de ce professeur, bien avant que les compagnies prennent la relève. Bernard Drouin, courtoisie du MAPAQ
Les champignons supérieurs se présentent sous la forme de Basidiomycètes et d’Ascomycètes et constituent la majorité des champignons recherchés par les mycologues amateurs. Cependant, des champignons considérés comme des saprophytes, tels les coprins (photo ci-dessus), les bolets, les morilles, etc., se rencontrent également et il n’est pas facile à l’horticulteur de séparer entre les fonctions mycorhiziennes et saprophytiques.
Tous les liens de plantes avec des bactéries ne sont pas du seul type Rhizobium. Ainsi, les aulnes (Alnus), les chalefs (Elaeagnus), les myriques (Myrica), etc., ont aussi une mycorhize de ce type, mais avec des bactéries de type Actinomycètes du genre Frankia. Ces bactéries forment aussi des nodules mais non pas sur les poils absorbants. Au Québec, au cours des travaux de reboisement de la Baie James, les millions de plants d’aulnes, utilisés pour stabiliser les berges, avaient été au préalable mycorhizés à partir de cultures bactériennes produites dans des cuves industrielles de fermentation. Outre les stricts aspects de la nutrition minérale déjà abordés, les plantes ont aussi des problèmes de croissance liés aux pluies acides. En effet, ces pluies causées par la pollution industrielle sont responsables de deux sortes de changements nuisibles aux végétaux : d’abord, le lessivage des nutriments essentiels, puis l’augmentation de la solubilité des minéraux toxiques comme le zinc, le cuivre, l’aluminium et le manganèse. Les mycètes mycorhiziens peuvent absorber des nutriments dans l’eau des sols épuisés par le lessivage et les rendre disponibles à la plante, et même protéger la plante contre les substances toxiques du sol. Enfin, un aspect non négligeable de la mycorhization est celui de l’induction de mécanismes de défense dans la plante contre des agents stresseurs telles des conditions météorologiques défavorables, la présence de prédateurs, etc. Il n’y a pas de doute, la mycorhization est importante pour les êtres du règne végétal et les applications potagères, forestières et commerciales.
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Les visites horticoles Un jardin privé présenté par son propriétaire Les Jardins au Gré du Vent Par Claude Majeau Les Jardins au Gré du Vent, situés à Saint-Esprit dans la région de Lanaudière, offrent plusieurs attraits particuliers. Sis en bordure de la rivière Saint-Esprit, ce jardin présente un paysage où la flore indigène commune aux érablières s’harmonise avec les plantes ornementales. L’ensemble du jardin de 0,7 ha (1,7 acre) se présente sur un terrain au relief accidenté, que traverse un ruisseau de 46 m (150 pi) de long.
Les visites horticoles, en plus des revues et des livres, sont un bon moyen de découvrir de nouveaux agencements floraux, de nouvelles plantes et des techniques personnalisées à expérimenter dans nos jardins. Actuellement, il y a plus de 60 jardins ouverts au public, comme le Jardin botanique de Montréal (ci-contre), et ce, dans toutes les régions du Québec.
Jacques Allard
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Des arbustes s’articulent principalement autour de la gloriette qui constitue un des axes principaux du jardin. De ce lieu privilégié, il est possible d’admirer plusieurs éléments du jardin qui se présentent comme des tableaux variés s’offrant à la contemplation du visiteur selon l’angle perçu. Qu’il s’agisse du ruisseau, du jardin d’eau, des palissades de grimpantes, de la rocaille ou des différents massifs de vivaces ou d’annuelles, voilà autant de spectacles que le visiteur peut regarder à sa guise et se laisser envoûter par les sons, les couleurs, les odeurs et les formes harmonieuses. En plus d’offrir une ambiance campagnarde et naturelle, les Jardins au Gré du Vent se veulent un lieu où l’amateur de fleurs, d’arbustes et d’arbres peut y trouver son compte. La promenade dans les jardins permet de voir soit en isolé, soit intégrées dans les différents massifs, soit en bordure des sentiers ou des plans d’eau, plusieurs variétés d’arbres comme le marronnier de l’Ohio (Aesculus glabra), le lilas ‘Ivory Silk’ (Syringa reticulata ‘Ivory Silk’), l’érable de Norvège ‘Drummondii’ (Acer platanoides ‘Drummondii’) et le pommetier ‘Coccinella’ (Malus x ‘Coccinella’). Quelques arbustes comme l’aronie noire (Aronia melanocarpa), l’amorphe buissonnante (Amorpha fruticosa), la viorne (Viburnum dentatum) et le clèthre à feuilles d’aulne (Clethra alnifolia) contribuent à leur manière à structurer le jardin. Claude Majeau
Un ruisseau de 46 m (150 pi) de longueur, prenant sa source près de la gloriette, traverse une partie du jardin.
À ces éléments de base, s’ajoutent plusieurs collections de plantes telles que les 150 cultivars d’hémérocalles (Hemerocallis), dont ‘Strawberry Candy’, ‘Paper Butterfly’, ‘Grand Palais’ et ‘Barbara Mitchell’, les 75 cultivars de lis (Lilium) tels ‘Marseille’, ‘Black Beauty’ et ‘Schéhérazade’ et enfin 45 cultivars de hostas comme ‘Sagae’, ‘Love Pat’, ‘Sum and Substance’ et ‘Fire and Ice’. Une bonne place est aussi réservée aux iris barbus nains (Iris pumila), aux grands iris barbus tels que ‘Earl of Essex’, ‘Loop the loop’, ‘Edith Wolford’ et ‘Mystique’, aux iris de Sibérie (Iris sibirica) et aux iris japonais (Iris ensata), dont ‘Light at Dawn’ et ‘Gracieuse’. Le parcours du jardin offre également au visiteur le bonheur de se laisser enivrer par les parfums de plus de 60 rosiers (Rosa). En plus d’observer des variétés de vivaces tardives comme l’anémone du Japon (Anemone japonica), l’hélénie d’automne (Helenium autumnale), les cierges d’argent (Cimicifuga racemosa), il lui sera offert de se laisser bercer par la collection de graminées qui vient donner au jardin un effet de légèreté et de grâce, lorsqu’elles se balancent « au gré du vent ».
Claude Majeau
À partir de la gloriette, nous pouvons admirer plusieurs plates-bandes.
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La collection de graminées compte une quarantaine de spécimens, dont au moins une douzaine de miscanthus roseaux (Miscanthus sinensis). Les cultivars les plus intéressants sont ‘Zebrinus’, ‘Roland’, ‘Kleine
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Fountain’ et ‘Gracillimus’. Pour couronner le tout, une collection d’une soixantaine de dahlias, dont ‘Edna C.’, ‘Elsie Huston’ et ‘Wine Frost’, viennent apporter leur note automnale aux plates-bandes. Le jardin n’offrirait pas une gamme complète de végétaux sans la présence des grimpantes qui donnent de la hauteur au jardin. Les plantes de cette catégorie sont le houblon grimpant (Humulus lupulus), les rosiers grimpants tels que ‘Dortmound’, les vignes vierges (Parthenocissus), les chèvrefeuilles (Lonicera), l’échinocyste lobé mieux connu sous son appellation de concombre grimpant (Echinocystis lobata), sans compter une vingtaine de clématites (Clematis), dont ‘Huldine’, ‘Le Petit Faucon’, ‘Elsa Spath’ et ‘Niobe’. Finalement, plusieurs espèces de plantes indigènes, surtout situées en bordure de la rivière, contribuent à donner une note naturelle au jardin. Il s’agit des trilles (Trillium), des actées (Actaea), des sanguinaires du Canada (Sanguinaria canadensis), des érythrones d’Amérique (Erythronium americanum), des sanguisorbes du Canada (Sanguisorba canadensis), etc. Ces différents jardins floraux sont complétés par un potager qui permet aux visiteurs de se familiariser avec la culture des différents légumes dont l’artichaut, la bette à carde et l’aubergine, sans compter les petits fruits cultivés et indigènes. Comme complément, un petit jardin de fines herbes, disposé à la française, permet au passage de humer l’odeur d’une quinzaine de fines herbes.
Un des trois jardins d’eau du site charme les visiteurs au son mélodieux de sa cascade.
Les Jardins au Gré du Vent Ce jardin est à caractère éducatif c’est-à-dire qu’un accent est mis sur l’identification des plantes que le visiteur peut apercevoir. En plus, une visite guidée est proposée à toute personne qui le désire pour lui permettre de mieux apprécier les plantes, l’ambiance et le décor que le jardin suggère. Les Jardins au Gré du Vent 126, route 125 Saint-Esprit (Québec) Tél. : (450) 839-2969 Date d’ouverture : du 15 juin au 15 septembre Journées d’ouverture : mardi, jeudi et vendredi Frais d’entrée : 5,00 $: Adultes 2,50 $: Jeunes et adolescents (8-17 ans) 4,00 $: Groupe de 10 personnes et plus 10,00 $: Billet de saison Gratuit pour les enfants (1-7 ans) Claude Majeau
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Un beau jardin dans Kamouraska Le jardin de Gisèle à Saint-Roch-des-Aulnaies Par Rock Giguère
Puisque mon jardin n’est pas facile du tout à entretenir, on me pose souvent la question « Pourquoi te crées-tu autant de travail ? ». « Mais je ne travaille pas » je réponds, « je collectionne de la joie pour les heures lourdes de soucis. » Ellen Fischer FISCHER, Ellen. Les jardins créent la joie. Éditions Eugen Ulmer, Wollgrasweg, 1992, p. 5.
Gisèle a nommé le plus beau cultivar d’iris barbu qu’elle a obtenu de ses travaux d’hybridation en l’honneur d’un grand joueur de hockey : Jean Béliveau.
Ce n’est pas sans raison que Gisèle Lebrun, une Kamouraskoise de 58 ans, a baptisé le dernier de ses jardins « Poursuis ton rêve ». Elle construit et entretient ses jardins depuis 35 ans. Ses rêves d’hier, d’aujourd’hui et de demain se perpétuent sans relâche au fil des jours, des mois, des années et nous espérons pour encore des décennies. Cette femme énergique, mais pourtant menue, entretient actuellement des jardins sur plus de 0,6 ha (1,6 acre) tantôt en transformant un marécage en sol propre à la culture, tantôt en enlevant de la terre glaise sur une bonne profondeur et en la remplaçant par de la « terre à labour », comme elle le dit. Le résultat : de magnifiques plates-bandes obtenues à partir du « brouettage » de chargement de plusieurs camions de dix roues et de beaucoup de sueur. Ayant toujours voulu vivre dans un jardin floral, elle a réalisé son rêve d’enfance lorsque son beau-père lui a vendu un grand terrain à Saint-Roch-des-Aulnaies après son mariage. Au cours des premières années, elle travaillait presque six jours par semaine à l’extérieur de la maison, donc elle ne faisait que de légers travaux. Après la naissance de son fils, elle quitta son emploi et c’est là que le vrai travail commença. Dès ce moment, elle avait déjà une passion pour les iris. Son objectif était de rassembler une cinquantaine de variétés d’iris barbu, ce qui était beaucoup pour l’époque, compte tenu du peu de disponibilité sur le marché. En 1988, elle commença à importer des iris de l’Oregon et c’est ce qui lui a permis de monter sa collection de 500 hybrides d’iris.
Nicole Lebrun
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En 1991, elle commença ses travaux d’hybridation. Après deux ans, elle vit ses premières fleurs et cela l’incita à continuer, car son objectif était de développer des iris aux barbes bleues, peu importe la couleur des pétales et des sépales. Son plus beau cultivar a été baptisé ‘Jean Béliveau’. Celui-ci était venu visiter son jardin en 1991 et lui avait dit de continuer son rêve. Elle a entrepris des démarches pour que celui qui fut un de nos grands joueurs de hockey vienne voir l’iris et lui permette de lui donner son nom.
Valentino Gagnon
En raison d’un climat fluvial, elle peut cultiver plusieurs plantes ligneuses frileuses comme le houx (Ilex), le mahonia à feuilles de houx (Mahonia aquifolium), des rhododendrons (Rhododendron), le chèvrefeuille involucre (Lonicera involucrata), un micocoulier de Virginie (Celtis occidentalis) et un phellodendron (Phellodendron amurense). Elle place dans ses jardins 4 000 plantes annuelles chaque année, obtenues à partir de semis. Elle cultive, entre autres, une vingtaine de variétés de delphiniums et de phlox, ainsi que plusieurs autres plantes vivaces comme des hostas, des ancolies, etc. Voici un des iris préférés de Gisèle et la façon dont elle le décrit.
Iris ‘On Edge’ Un doux parfum sucré et que dire de ses tiges florales qui se dressent fièrement à la manière d’un colonel d’armée. Son nom, ‘On Edge’, le décrit avec justesse. Les pétales ondulés présentent deux tons de bleu violacé : une délicate broderie choisie par la nature pour honorer les efforts d’hybridation de la compagnie Schreiner pour obtenir cet iris enregistré en 1986. (Cette compagnie familiale de Willamette Valley, en Oregon, a publié en 2002 son 77e catalogue annuel.) Les sépales sont blancs bordés d’une frange violette. Des points violets viennent ponctuer au hasard le centre blanc des sépales. Ses grandes tiges florales peuvent produire jusqu’à 7 bourgeons floraux. Cet iris est une acquisition qui ne cesse de nous étonner par ses bigarrures somptueuses.
La collection d’iris barbus de Gisèle compte actuellement plus de 500 cultivars différents en plus de ses propres hybrides.
Un de mes iris préférés Vous avez sans doute deviné que pour choisir un iris barbu de ma collection qui compte plus de 500 cultivars, j’ai dû y aller d’un élan du cœur car le choix a été difficile. En effet, je ne peux demeurer insensible à cette fleur qu’est l’iris et qui offre une gamme infinie de couleurs et une beauté troublante. Mes choix reposent aussi sur les critères suivants : bonne rusticité, nonvulnérabilité aux maladies et vigueur du cultivar.
Cet iris des jardins est parmi ceux qui sont les plus florifères. Il résiste bien à la pourriture des rhizomes, s’il est cultivé dans un sol bien drainé. ‘On Edge’ se reproduit facilement par division des rhizomes. Comme la plupart des iris des jardins, l’arrachage des rhizomes et leur division doivent être effectués tous les 4 ans environ, s’ils sont cultivés dans de bonnes conditions. ‘On Edge’ n’aime pas la compétition des racines et les sols trop humides. Il est possible de visiter le jardin de Gisèle durant l’été sur réservation en téléphonant au (418) 354-2383, entre 16 h et 17 h et entre 20 h et 21 h. Le jardin est situé à Saint-Roch-des-Aulnaies.
L’iris barbu ‘On Edge’, une délicate broderie bicolore. Michel Auger
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Un dimanche au Parc du Bois-de-Coulonge Par Nicole Bolduc Le Dimanche au Bois, c’est une invitation à découvrir un lieu, en être fasciné, peut-être même envoûté, ce qui pourrait avoir comme conséquence que tous les jours de la semaine deviendraient un dimanche. Les guides touristiques, les dépliants publicitaires et autres documents vous informeront qu’au 1215, chemin Saint-Louis, à Québec, il existe un boisé bien conservé avec plusieurs essences indigènes et exotiques, des bâtiments historiques, de grands espaces gazonnés et plusieurs collections de végétaux d’ornement, mais il y a plus, il y a l’histoire et la découverte d’une oasis de grand calme..
Départ de la visite À proximité de la maison d’accueil, un sentier vous conduit vers le ponceau d’où vous pourrez admirer le jardin d’eau. L’aménagement, qui a été choisi pour ce lieu, a voulu mettre en valeur le site en utilisant les plantes indigènes de la région. Selon le temps de la saison, vous remarquerez entre autres les eupatoires (Eupatorium), les lis du Canada (Lilium canadense) et les iris des marais (Iris pseudacorus).
Les tulipes au Parc du Bois-de-Coulonge offrent un spectacle printanier à ne pas manquer. Jacques Allard
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Le sentier contourne la maison, longe les abords du plan d’eau et se dirige vers l’allée pavée du stationnement, encadrée par des spirées arguta (Spiraea x arguta) et des hémérocalles (Hemerocallis) jaune or. Dans la zone de l’accueil, au printemps, les arbres et arbustes se couvrent de feuillage d’un beau vert tendre mis en valeur par la floraison de tulipes, de narcisses et de muscaris. Puis la saison estivale prend place ; vous y remarquerez les azalées couleur pastel foncé, les spirées couvertes de minuscules fleurs blanches, le tout complété par des annuelles. À l’automne, les végétaux font la finale dans différents coloris jaunes, orangés et rougeâtres.
Dans le sentier des arbustes Au-delà de l’allée du stationnement, on pénètre dans le boisé en utilisant le sentier encadré d’arbustes : les spirées de Van Houtte (Spiraea x vanhouttei), les fusains ailés (Euonymus alata), les seringats (Philadelphus), le tout agrémenté de bulbes de crocus (Crocus) au printemps. Le sentier guide le visiteur, le fait côtoyer des arbres indigènes de différentes essences. Plusieurs ont été identifiées à l’aide d’une plaquette pour faciliter la tâche. Tout près de la ferme se trouve une très belle collection de plus de 200 lilas représentant environ 40 variétés dans un lieu appelé la Chambre des lilas. Louise Plourde À la mi-juin, venez profiter de ce spectacle de la floraison des lilas (durée de 5 à 6 semaines) qui capte les sens. L’odorat est ravi par le parfum délicat du lilas, vos yeux courent d’un arbre à l’autre pour y déceler les La Chambre des lilas présente différents tons de violet, de rose violacé, de blanc nacré, de blanc rosé, de pourpre, de bleu lavande ou tout une des belles collections de lilas au Québec. autre coloris nuancé de violet. La présence de tables et de bancs vous invite à un temps de repos et de contemplation. Après cette pause, laissez-vous attirer par les clématites et les autres plantes grimpantes. Passez sous la pergola et dirigez-vous vers l’allée du Comte-d’Elgin. Longez le boisé et laissez-vous entraîner vers le cœur de la propriété en utilisant l’allée Sir-Henry Atkinson. En se dirigeant vers l’est, on entrevoit la collection de rhododendrons, implantés en 1986, abrités des vents dominants par de majestueux conifères. En continuant, on remarque le secteur des Vivaces, ensemble de massifs dont les pourtours donnent l’impression de s’imbriquer les uns aux autres et d’être soudés les uns aux autres par d’étroites bandes gazonnées. L’horticulteur anglais Alan Bloom a été l’inspirateur de cet aménagement informel à l’anglaise. Selon la période de la saison, vous pourrez admirer la floraison des pavots d’Orient (Papaver orientale), des lis orientaux ‘Casablanca’ (Lilium orientale ‘Casablanca’), de la Les visites horticoles
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rudbeckie pourpre (Echinacea purpurea), des hostas (Hosta), des hémérocalles (Hemerocallis) et de bien d’autres vivaces et arbustes. Après un dernier regard au secteur des Vivaces, nous entrons dans le Sous-bois. Au printemps, plusieurs massifs de narcisses (Narcissus) et trois ruisseaux de muscaris (Muscari armeniacum) d’un bleu couleur ciel s’épanouissent, suivis de ces belles dames de la forêt, les fougères. Des végétaux tels les hortensias (Hydrangea), les fusains (Euonymus) et les ifs (Taxus) pouvant vivre sous ces grands arbres et conifères occupent l’espace en compagnie des lis martagons (Lilium martagon) et des vivaces d’ombre.
Nicole Bolduc
Les couleurs de l’automne nous invitent à suivre les nombreux sentiers du parc pour admirer les beaux tableaux qu’a peints la nature.
L’allée continue toujours et on entrevoit, du côté du fleuve, un arbre magnifique, c’est l’orme pleureur, ce plus que centenaire, ce vieillard écorché par le temps mais qui a vu plus de 150 ans de l’histoire du parc. Il est entouré de grands massifs qui, au fil des saisons, vous présenteront un spectacle de couleurs par la présence de milliers de tulipes, le tout suivi d’annuelles aménagées avec le souci de vous surprendre et de vous émerveiller par les jeux de couleurs et de feuillages. Sur le plateau, nous nous rapprochons de l’histoire car nous arrivons à l’endroit où était construite la résidence des lieutenants-gouverneurs, incendiée le 21 février 1966. Une haie d’arbustes remémore l’emplacement des fondations et des massifs ornent les lieux en se fleurissant de tulipes au printemps et d’annuelles tout au long de la saison estivale. Selon l’angle de vision, nous pouvons voir la silhouette des anciennes serres de production revêtues d’une vigne vierge et ornées de massifs d’annuelles. La vue est magnifique et nous incite à continuer en se dirigeant vers le fleuve. Des massifs de rosiers sont présents le long de ces sentiers. Différentes variétés de rosiers ravissent l’œil à la mi-juin. Dirigez-vous vers le fleuve, passez près des massifs puis continuez vers Le Belvédère, rappel de la maison de thé du temps des grands propriétaires terriens. Cet aménagement donne une vue en surplomb du fleuve et se veut un rappel de celui-ci. La dénivellation du terrain marquée de liséré de pierres fait aussi un rappel des abords escarpés du majestueux fleuve Saint-Laurent.
Nicole Bolduc
Le spectacle est continu au Parc du Bois-de-Coulonge, même l’hiver.
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Repartez vers la clairière, située à l’ouest, en utilisant l’Allée des Messieurs-du-Séminaire. Vous entrez dans l’Arboretum où on retrouve une collection d’arbres à petit et moyen développement. C’est un microclimat où fleurissent des espèces non communes sous notre climat, dont le magnolia de Soulange (Magnolia x soulangeana). On peut aussi observer des bulbes de crocosmies ‘Lucifer’ (Crocosmia x crocosmiiflora ‘Lucifer’) qui peuvent survivre à nos hivers. Botanique et horticulture dans les jardins du Québec – Guide 2002
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Les événements horticoles Une année riche en événements Par Gaétan Deschênes Tout semble indiquer que 2002 sera un bon cru et on peut même affirmer que les passionnés québécois de jardinage seront gâtés cette saison. Cela est merveilleux, car ces rendez-vous horticoles représentent une chance inouïe de découvrir une foule de nouveautés végétales, en plus de dénicher des idées qui peuvent vous inspirer dans l’aménagement de votre jardin. Il faut dire que la présente saison a commencé en quelque sorte sur les chapeaux de roues avec la présentation de « Québec en fleurs 2002 », un événement mis en place par la Société des Floralies Internationales de Québec qui, incidemment, présentera à nouveau un rendez-vous de cette envergure en 2005 et en 2008, toujours dans la Capitale nationale. « Québec en fleurs 2008 » s’inscrira d’ailleurs dans les fêtes marquant le 400e anniversaire de la fondation de la Ville de Québec. Pour l’occasion, les amateurs pourront admirer de super floralies intérieures et extérieures.
Rock Giguère
En 2002, les villes de Gatineau et d’Ottawa fêteront le 50e Festival canadien des Tulipes.
Mais revenons à cette année. Outre « Québec en fleurs 2002 », le mois d’avril est marqué par la présentation des expositions « Fleurs, Plantes et Jardins » à Montréal, du 12 au 14 avril à Place Bonaventure et à Québec, du 26 au 28 avril, au Centre de foires Expo-Cité. Ces rendez-vous représentent une bonne occasion de découvrir les tendances de la saison, d’où la popularité grandissante de ces deux salons.
Il ne faut pas manquer le Festival des Jardiniers au Parc Marie-Victorin de Kingsey Falls.
La fièvre se poursuit en mai Les mordus d’horticulture ne voudront pas manquer ces trois événements : Le 50e anniversaire du Festival canadien des Tulipes dans les nouvelles villes d’Ottawa et de Gatineau. L’objectif du festival de cette année, qui se déroulera du 3 au 20 mai, est d’avoir au moins 50 tulipes sur chacune des 8 425 rues de ces deux villes. Les organisateurs veulent créer rien de moins que la « tulipomanie » ! La sixième édition du Festival des Jardiniers de Kingsey Falls. Cette année, le festival aura lieu du 17 au 20 mai. Outre les ateliers, le marché aux fleurs axé sur les nouveautés et les raretés, les organisateurs ont mis à l’horaire une activité qui devrait susciter un grand intérêt. Baptisée « Plate-bande en direct », elle permettra aux visiteurs d’assister à la réalisation d’un aménagement sur un terrain complètement vierge. Un bon moyen d’apprendre des trucs.
Rock Giguère
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Le cinquième Rendez-vous horticole du Jardin botanique de Montréal. Présenté du 24 au 26 mai, c’est l’occasion unique de rencontrer des producteurs et divers spécialistes en plus de se procurer des plantes méconnues et des végétaux de collection. Il faut savoir que la vente de plantes rares attire des passionnés, non seulement de toutes les régions du Québec, mais de l’extérieur de la province.
En juin Une journée horticole au Domaine Joly-De Lotbinière. Le 8 juin 2002 sera une journée pour les passionnés d’horticulture avec deux conférenciers chevronnés, MM. Larry Hogdson, chroniqueur horticole, et Rock Giguère, rédacteur horticole. Une occasion d’échange qui vous donnera de nouvelles idées pour vos jardins et qui vous permettra de discuter avec des gens tout aussi passionnés que vous. La tarification inclut deux conférences, une visite guidée commentée des jardins, une collation et un dîner. Inscription nécessaire. Places limitées. Tél. : (418) 926-2462.
Rock Giguère
Les jardins du Domaine Joly-De Lotbinière se démarquent aujourd’hui grâce aux efforts du jeune horticulteur en chef de 22 ans (un de nos collaborateurs). Il y a donc de la relève en horticulture.
La 36e journée d’ouverture du Jardin Roger-Van den Hende. La journée spéciale soulignant l’ouverture officielle du jardin, pour 2002, se tiendra le 9 juin, de 10 h 30 à 16 h. Cette journée fait partie des activités thématiques 2002 dans le cadre de la programmation estivale « Cap sur les jardins de Québec » et aura pour thème « Azalées et Rhododendrons ». Il y aura des visites guidées, des expositions horticoles, un encan de plantes rares, des activités pour les enfants (clowns, maquillage, etc.), des artistes peintres, des musiciens, etc. L’entrée est gratuite.
Métis, toujours à l’avant-garde Depuis qu’Alexander Reford dirige ce jardin de l’est du Québec, les innovations se succèdent à un rythme endiablé. Encore cette année, les visiteurs pourront faire des découvertes intéressantes dans ce jardin, ouvert de la fin de mai à la fin de septembre. Le point fort demeure toutefois la présentation de la troisième édition du Festival international des jardins. Cette année, l’événement regroupera neuf concepteurs dont trois de l’Angleterre. Les autres viendront de l’Italie, des États-Unis et du Canada. Soulignons que cette initiative a attiré aux Jardins de Métis un bon pourcentage de visiteurs de l’extérieur du Québec, particulièrement des provinces canadiennes et des États-Unis.
Ça va bouger au Domaine Joly-De Lotbinière ! Voilà un autre jardin du Québec qui ne se contente pas d’offrir que de beaux massifs floraux. Au Domaine JolyDe Lotbinière, les activités culturelles y occupent aussi une place importante. Chaque dimanche matin, de la Saint-Jean à la fête du Travail, on y présente en effet des concerts de musique classique. Du 2 au 6 août, il y
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Le Jardin Roger-Van den Hende présente des activités horticoles et culturelles des plus intéressantes telle la Journée des peintres.
Le Jardin Roger-Van den Hende poursuit sa tradition des dimanches artistiques et horticoles Toute la famille peut participer gratuitement aux journées thématiques. Des activités sont planifiées en regard du thème comme des concours de fleurs coupées, une visite commentée de l’aire du jardin concerné, des échanges de plantes, etc. Jacques Allard
aura aussi la présentation d’un symposium de peinture. En résumé, un endroit où la culture se manifeste dans tous ses sens. Dernier détail à ne pas oublier : le Domaine présente le premier jardin d’auges de plantes alpines, une réalisation unique au Québec.
La Fleurifête, le happening de la fête du Travail
Journée des iris Journée des pivoines Journée des rosiers Journée des sculptures Journée des plantes grimpantes Journée des dentellières Journée des hémérocalles Journée des peintres Journée des vivaces et des légumes Journée des artisans Journée des graminées
La Fleurifête, du 31 août au 2 septembre, c’est la grande fête horticole organisée annuellement par les dirigeants du Jardin Daniel A. Séguin de Saint-Hyacinthe. À sa sixième édition, l’événement séduit plus de 5 000 visiteurs chaque année, alors que des conférenciers de renom partagent leurs connaissances. Aussi au programme, des encans de végétaux qui sont souvent des pièces uniques. Le Jardin Daniel A. Séguin se distingue par sa collection remarquable de fleurs annuelles avec ses 35 000 plants. Cette saison, la culture des annuelles, en pots sera en vedette. Comme vous êtes en mesure de le constater à la lecture de ces quelques lignes, l’heure est vraiment aux jardins. L’amour des plantes passionne en effet de plus en plus de personnes et nous croyons que ces rendezvous de la saison constituent une belle occasion de cultiver la curiosité et de nourrir ses rêves. Bonnes visites !
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16 juin 2002 23 juin 2002 30 juin 2002 7 juillet 2002 14 juillet 2002 21 juillet 2002 28 juillet 2002 4 août 2002 11 août 2002 18 août 2002 25 août 2002
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Sociologie de l’horticulture Quand la religion, la politique et l’horticulture occupaient la même plate-bande Par Gaétan Deschênes J’ignore si c’est en raison de mon âge presque respectable mais toujours est-il que je me passionne pour l’histoire. Je devrais plutôt écrire « les histoires » car dans certains domaines, il y a autant d’histoires différentes que d’auteurs ! Le domaine horticole ne semble pas échapper à la règle même si les écrits sur le sujet sont assez limités, particulièrement au Québec. En dépit de cela, plusieurs écrits du siècle dernier suscitent le sourire chez le lecteur d’aujourd’hui. À cette époque, en effet, bien des curés, dont certains venus d’Europe, jouaient un rôle de premier plan dans la promotion des activités de jardinage en sol québécois. Tout le monde a entendu parler du célèbre frère Marie-Victorin dont la légendaire Flore laurentienne est toujours considérée comme la bible des plantes du territoire québécois.
Page 186 : Dans certains jardins publics, comme ici au Jardin Van den Hende, les personnes ayant une déficience visuelle peuvent exercer leurs autres sens, par exemple en humant le parfum des lis et en touchant leur texture.
Gaétan Deschênes a publié quelques ouvrages sur l’horticulture dont L’Histoire de l’horticulture au Québec. Il signe des reportages dans plusieurs revues spécialisées d’horticulture et des publications destinées à la clientèle des paysagistes professionnels. Il visite régulièrement les grandes expositions horticoles (Canada, États-Unis et Europe).
Ci-contre : Si le Jardin botanique de Montréal se classe aujourd’hui parmi les plus importants au monde, nous le devons au lobbying (un mot à la mode en 2002) du célèbre frère MarieVictorin. Rock Giguère
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Marie-Victorin avait un charisme et un talent de tribun qu’il n’hésitait pas à utiliser. Sa phrase la plus célèbre a été prononcée au moment de la publication de la Flore laurentienne, en 1935, alors qu’il profitait de cette occasion pour mousser l’idée d’un jardin botanique. S’adressant au maire de Montréal, il prononça alors ces mots :
Bientôt, on célébrera le troisième centenaire de Montréal. À la ville, à votre ville, il vous faudra faire un cadeau, un cadeau royal. Montréal, c’est Ville-Marie. C’est une femme. Et je suis sûr que cela vous émeut déjà ! Vous ne pouvez tout de même pas être pot-au-feu au point de lui offrir, à cette occasion, un égout collecteur ou un poste de police… Alors, pardieu ! mettez des fleurs à son corsage ! Jetez dans ses bras toutes les roses et tous les lis des champs. Les propos du bon religieux ont dû porter fruit car le comité exécutif de la Ville de Montréal créa quelques semaines plus tard la Commission du jardin botanique et lui octroya un premier budget de 20 000 $. Le clergé a joué un rôle de premier plan dans l’histoire de l’horticulture. Entre autres, le père Louis-Marie, trappiste du Monastère d’Oka, avait accumulé 55 000 spécimens dans son herbier, ce qui représente un travail gigantesque.
Mais avant Marie-Victorin, soit au XIXe siècle, plusieurs membres du clergé ont joué un rôle de premier plan dans la diffusion d’informations relatives au domaine horticole. Il s’agit des abbés Léon Provancher, Nazaire Leclerc, Louis-Ovide Brunet et Jean Moyen. L’abbé Provancher a certes été le plus célèbre du groupe en raison de ses prises de bec. Avec qui ? À peu près tout le monde, y compris l’Archevêché ! On lui doit quand même la publication, en 1858, du Traité élémentaire de botanique, premier ouvrage du genre au Canada qui, durant de nombreuses années, sera utilisé comme manuel scolaire.
Le père Louis-Marie : un grand herborisateur L’Herbier Louis-Marie est conservé à l’Université Laval. L’Institut agricole d’Oka, où le père Louis-Marie (photo) était responsable du laboratoire de botanique, a donné l’herbier à la Faculté d’agriculture de l’Université Laval le 24 septembre 1963. Le premier conservateur de l’herbier fut le professeur de botanique, Lionel Cinq-Mars, qui avait déjà été rattaché au Jardin botanique de Montréal (l’horticulture voyageait à cette époque). Le père Louis-Marie avait effectué ses premières herborisations avec les frères Marie-Victorin et Rolland-Germain. Bien entendu, les élèves du père Louis-Marie l’ont aidé à monter sa collection de 55 000 plantes. L’un d’eux, Gaston Lamarre, ramassa plus de 2 500 spécimens pour le père Louis-Marie qui encourageait constamment ses élèves à récolter des plantes durant les vacances d’été.
Richard Cayouette
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Courtoisie du Service des ressources pédagogiques du FSAA, Toujours au XIXe siècle, l’abbé Nazaire Leclerc laisse sa marque en acceptant le poste de rédacteur de la Université Laval Gazette des campagnes. Très tôt, toutefois, il fait dévier le journal de sa vocation première et se sert du périodique comme tribune politique. L’archevêque de Québec dit de lui : « Le pauvre prêtre, Dieu veuille le L’herbier est une collection de conseiller et le conduire ! » C’est ce même curé qui a publié en 1869 Le catéchisme d’agriculture, tiré à plantes séchées et pressées, conservées dans des armoires 5 000 exemplaires et destiné aux instituteurs pour qu’ils puissent le faire apprendre par cœur aux écoliers. hermétiques à l’abri des insectes. L’Herbier LouisRien de moins. Plusieurs questions de ce catéchisme portaient particulièrement sur les pépinières et les plantes. Peut-on s’imaginer un jeune Québécois rater son examen de sciences naturelles parce qu’il n’a pu Marie est le deuxième herbier en importance au Québec donner les avantages de la culture en pépinière ! par le nombre de spécimens
Mais il n’y avait que certains membres du clergé qui réussissaient à se « distinguer » dans le monde horticole. Par exemple, il faut lire le catalogue de l’année 1928 du magasin de graines Verret de Charlesbourg pour se rendre compte que M. Jacques Verret tenait un discours qui serait bien difficile à avaler en 2002. Dans la présentation de son catalogue, M. Verret en profite pour vanter ses produits et ajoute sans expliquer ce qui motive sa décision que son magasin fasse affaires exclusivement avec les Canadiens français. Et du même souffle, il ajoute : « Les choses se font en famille entre les clients et le propriétaire du magasin et tout le personnel, qui ne se croit pourtant pas d’une race inférieure, est canadien-français [sic] ».
et la représentation floristique. Cependant, au regard des groupements agricoles et de la flore nordique, l’Herbier Louis-Marie occupe le premier rang.
Peut-on imaginer le tollé que provoqueraient de tels propos dans un catalogue de plantes de la présente année ? J’ose à peine y penser. Sociologie de l’horticulture
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L’horticulture: une thérapie individuelle et sociale Par Adrien Levasseur Détenant une maîtrise en administration sociale de l’Université de Sherbrooke, Adrien Levasseur a œuvré pendant 35 ans comme travailleur social. Fondateur de la Société d’horticulture et d’écologie Les amants de la nature en Charlevoix, il en est toujours le président. Il est membre de conseils d’administration de sociétés culturelles et horticoles.
L’être humain a beau posséder les plus beaux châteaux de la terre, se complaire dans ses plus grandes vanités, mais s’il n’est pas reconnu ou tout au moins connu, il vivra un profond sentiment d’abandon, de déception de ne pas être aimé pour ce qu’il est, mais aimé pour ce qu’il a. L’horticulture tisse des liens, rapproche les individus, oblige parfois à se dépasser ; elle vient nous chercher dans nos émotions et nous valorise dans nos résultats. Nos échecs deviennent des défis, nos expériences laissant place à la création et à la valorisation ; élément essentiel qui se situe dans la sphère de l’estime et la réalisation de soi. Par ma participation individuelle à l’aménagement paysager de mon chez-moi, je contribue à l’amélioration de la qualité de la vie et de l’environnement. Par mes attitudes positives, je donne un nouveau sens à ma vie, je soutiens le débutant, je stimule l’hésitant, je collabore avec le progressiste et je me valorise dans mon action sociale et mon implication communautaire. L’horticulture est, sans contredit, la meilleure médecine douce d’aujourd’hui avec le retour aux sources, à la terre ; ceux et celles qui l’ont compris, et ils sont légion, en connaissent les bienfaits tant sur leur santé physique que mentale. L’horticulture est la meilleure thérapie que nul cabinet de professionnels, même le plus huppé, ne peut offrir. L’homme veut laisser sa trace dans le sillon de la vie, là où il aura passé. L’horticulture donne place à toutes les formes de créations possibles et imaginaires et permet à l’être humain de se réaliser au rythme qu’il désire. Quand je jardine, j’oublie tout. C’est un autre monde qui s’ouvre devant moi. Je suis le créateur et je perpétue par mes semis, greffages, bouturages, la flore que j’aime. Je travaille à mon rythme. Je plante, déplante, transplante, selon mon choix, ce que j’avais cru être installé à perpétuité. Chaque personne qui aménage son terrain, participe à l’amélioration de son terrain, de sa rue, de son village, de sa région, de son pays et enfin du monde. Aménagement personnalisé de l’auteur, rue Côte du Quêteux. Rock Giguère
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Si l’été donne place à tous nos ébats, il n’en demeure pas moins que pendant la période morte du jardinage, chacun de nous peaufine par la pensée son petit coin de terrain qu’il lui reste à aménager ou à réaménager. C’est là que l’esprit s’emporte, que l’imagination entre en action et que les plans les plus farfelus se dressent dans nos têtes. Les revues horticoles et de jardinage nous parviennent toujours à la période la plus nostalgique. Elles nous en mettent plein la vue avec des couleurs parfois plus belles en catalogue qu’en réalité. L’horticulteur, s’il est un tant soit peu amant de la nature, ne restera pas insensible à la présence des oiseaux au jardin en quête de nourriture. Au contraire, il fera tout pour les attirer chez lui en installant des mangeoires et en créant un climat environnemental favorable, lequel incitera les oiseaux à demeurer sur place. La présence des oiseaux nous rappelle toute la liberté qu’ils possèdent, mais aussi tous les efforts qu’ils doivent déployer pour survivre. Oui, par l’horticulture, j’oublie que je suis la professionnelle, le président, la ménagère, le retraité. Je ne suis qu’un simple amant qui extériorise sa passion, ses goûts, qui se défoule et oublie la lourdeur du quotidien. Je suis tout cela et en même temps, je suis l’artisan de mon environnement. Oui, quand j’ai les deux mains dans la terre, quand je regarde ou écoute les oiseaux, quand je contemple la magie des couleurs des levers et couchers de soleil, oui, j’oublie qui je suis. J’oxygène mon esprit et mon corps, je suis heureux. Je me distancie, par mon travail manuel et par la libération de mes pensées, de tous les marasmes qui tentent de m’envahir et de polluer mon existence. Oui, l’horticulture est la thérapie la plus luxuriante de nos vies ; elle permet de faire travailler nos émotions, de dépenser nos forces physiques, d’assainir nos esprits, de laisser libre champ à la création et de maintenir notre équilibre psychique.
Rock Giguère
En général, les jardiniers amateurs aiment bien la présence des oiseaux et leur construisent des maisonnettes (photo prise chez l’auteur) pour pouvoir mieux les observer. Sociologie de l’horticulture
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Le Jardin botanique de Montréal et l’industrie horticole: un bon compagnonnage Par Gaétan Deschênes Même s’il dessert avant tout une population habitant la grande région de Montréal, il n’en demeure pas moins que les dirigeants de ce jardin, l’un des plus importants au monde avec son million de visiteurs annuellement, sont très sensibles au développement de l’industrie horticole sur tout le territoire du Québec. Tout le monde se rend compte de l’engouement de l’horticulture depuis quelques années, mais très peu de gens prennent le temps d’analyser les statistiques de cette industrie. Il faut l’avouer, le Québec demeure un petit joueur malgré la croissance remarquable des dernières années. Par exemple, 40 % des fleurs annuelles vendues au Canada proviennent de… l’Ontario. La part du Québec n’est que de 13 %. Il est donc important que tous les intervenants, tant des grands jardins publics que des entreprises horticoles, unissent leurs efforts pour faire la promotion du loisir numéro un au Canada. C’est justement dans cet esprit que les responsables du Jardin botanique de Montréal ont mis en place diverses activités pour assurer la promotion de végétaux produits au Québec. L’activité la plus connue demeure Le Rendez-vous horticole. Cette année, l’événement en est à sa cinquième édition et le succès est déjà assuré. Quelques heures avant l’ouverture, des passionnés venus d’aussi loin que la région de Toronto se pressent à l’entrée pour venir non seulement admirer mais acheter des végétaux de collection, des plantes méconnues et des accessoires de jardin originaux. Même si l’événement (à la mi-mai) coïncide avec la période de pointe dans l’industrie, une quarantaine de producteurs de toutes les régions du Québec rivalisent d’originalité pour offrir toute une gamme de nouveautés. Pour obtenir de précieux conseils sur les pratiques horticoles, les horticulteurs et les jardiniers du Jardin botanique sont sur place et répondent aux interrogations des visiteurs. Enfin, des personnalités du monde horticole présentent une série de conférences en français et en anglais au cours desquelles ils partagent leurs connaissances. Pour Normand Rosa, chef de division Horticulture au Jardin botanique, cette activité contribue grandement à la promotion des plantes et les producteurs qui y participent en sont très conscients. « Si, la première année, l’invitation lancée aux producteurs a reçu un accueil plutôt mitigé, il en est tout autrement aujourd’hui. Plusieurs mois à l’avance, les gens nous téléphonent pour s’assurer de la réservation de leur stand. »
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Le Jardin des nouveautés Le Jardin des nouveautés propose chaque année, dans un aménagement qui évolue, les dernières tendances en matière de matériaux, de végétaux et de design pour l’aménagement paysager. Il est le résultat d’un partenariat entre la Ville de Montréal, le secteur privé et l’École d’architecture de paysage de l’Université de Montréal. Les visiteurs peuvent prendre des notes sur les nouveautés offertes en plus de connaître les coordonnées du producteur. Au dire des responsables, l’initiative profite grandement aux artisans de l’industrie horticole. Rappelons-le, un million de personnes visitent le Jardin botanique chaque année. Il faudrait être bien naïf pour ne pas y voir un excellent outil de promotion.
Les Jardins de ville Les Jardins de ville, conçus et réalisés par des paysagistes professionnels, visent à offrir aux amateurs de jardinage de nouvelles idées pour l’aménagement de leur décor extérieur. Ces aménagements sont renouvelés périodiquement et abordent différentes thématiques. Par exemple, le jardin « Faites la cour aux oiseaux » propose un aménagement très particulier qui répond aux besoins de la faune ailée indigène. L’an dernier, on y a ajouté un jardin japonais, question de répondre à la demande des amateurs. Comme vous pouvez le constater, les dirigeants du Jardin botanique de Montréal sont conscients plus que jamais que le développement de l’industrie horticole au Québec passe par des partenariats avec le secteur privé. Il ne reste plus qu’à souhaiter maintenant que les producteurs soient plus nombreux à saisir tous les avantages de ces partenariats. Sinon, la domination de l’Ontario deviendra gênante !
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Cette photo réalisée au printemps 2000 nous montre un magnifique spécimen (Abies koreana ‘Horstmann’s Silberlocke’), une courtoisie de Au Jardin de Jean-Pierre, qui venait d’être planté au Jardin des nouveautés du Jardin botanique de Montréal. Sociologie de l’horticulture
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Les personnalités de la botanique et de l’horticulture Le père Jean-Marie Delavay: un missionnaire botaniste Par Rock Giguère L’exploration botanique aux XVIIIe et XIXe siècles dans des contrées exotiques a permis aux puissances impériales européennes d’acquérir des plantes utiles telles des plantes tinctoriales (qui servent à la teinture), des plantes condimentaires, des plantes médicinales, etc. Plusieurs personnes ont participé à cette quête : des diplomates, des commerçants, des militaires et même des missionnaires. L’un d’eux, le père Jean-Marie Delavay (1838-1895), a été particulièrement actif en Chine comme « chasseur de plantes ». C’est en juin 1882 lorsqu’il a atteint le Yunnan, qu’il a herborisé de façon importante. Il a récolté plus de 200 000 spécimens qu’il a expédiés à l’herbier de Paris, dont un grand nombre étaient alors inconnus en Europe. Le Yunnan possède un inventaire floristique sans pareil au monde. D’abord cette contrée chinoise possède des habitats tempérés, subtropicaux, tropicaux, de haute altitude et arctiques. Ces nombreuses conditions climatiques permettent au Yunnan d’abriter 60 % des espèces végétales vasculaires que l’on trouve en Chine. On y compte plus de 27 000 espèces de plantes vasculaires dont 2 500 espèces sont répertoriées comme plantes rares. Le père Delavay passa plus de 10 ans au Yunnan. Il y fit la découverte de plus de 30 espèces de rhododendrons et de nombreuses plantes que nous cultivons aujourd’hui, grâce à son courage et à sa perspicacité de cueilleur de plantes. Page 194 : Au total, 530 des 850 espèces de rhododendrons se trouvent en Chine. Le père Jean-Marie Delavay en a découvert 30 dans le Yunnan où il passa plus de 10 ans de sa vie. Jacques Allard
Jacques Allard
Glycine du Japon ‘Lawrence’ (Wisteria floribunda ‘Lawrence’).
La conquête des plantes en Chine ~ On comptait 6 000 espèces végétales au XVIIIe siècle alors qu’à la fin du XIXe siècle, on en connaissait 100 000. ~ Plusieurs plantes ont été décrites bien avant qu’elles atteignent nos contrées, en raison de la xénophobie chinoise. Par exemple, la glycine (Wisteria) fut signalée en 1708 en Chine par le père Dominique Parennin, mais elle n’est parvenue en Angleterre qu’en 1816. ~ 850 espèces de rhododendrons (Rhododendron) sont connues dans le monde : on en recense 530 en Chine. ~ Nous devons à la Chine près de la moitié des arbustes et des fleurs de nos jardins.
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Rosemary Verey (1919-2001): une horticultrice anglaise réputée Par Serge Harvey
Pour donner de la hauteur à nos jardins et arrêter l’œil, il est judicieux d’utiliser des accents verticaux comme des murs et des haies. Ci-dessous, une belle illustration de ce principe de Rosemary Verey dans les Jardins Les Quatre Vents.
Cette grande dame du monde horticole anglais s’est éteinte le 31 mai 2001, à la suite de complications pulmonaires. Mme Verey a créé chez elle, à Barnsley House, dans le Gloucestershire, un magnifique jardin qui est qualifié de chef-d’œuvre par tous les connaisseurs. D’abord, c’est un jardin simple dans la plus pure tradition des jardins anglais. Il reflète de solides principes d’aménagement, de la poésie, un raffinement inégalé et exprime en somme, le talent exceptionnel de Mme Verey. Avec ses contemporains Christopher Lloyd et Penelope Hobhouse, elle a élevé l’art de l’horticulture à un niveau inégalé, et ce, de la même façon que Gertrude Jekyll et Edwin Lutyens l’avaient fait 75 ans auparavant. Elle nous manquera donc beaucoup. N’ayant aucune formation formelle en horticulture, elle s’y est appliquée lorsqu’elle et son mari ont reçu Barnsley House en héritage, une très grande résidence anglaise. À l’époque, c’était une propriété dont le jardin nécessitait d’importantes réfections et rénovations. Autodidacte et collectionneuse d’anciens manuscrits horticoles, c’est en visitant et en échangeant des idées avec d’éminents horticulteurs de l’époque, entre autres Russel Page, que sa vision des choses a changé. Elle a mis 50 ans à élaborer son jardin. Aujourd’hui, c’est son fils qui continue ses efforts à Barnsley House. Le jardin occupe 6 horticulteurs et accueille 50 000 visiteurs par année. Le premier principe qu’abordait Mme Verey lors de la planification d’un jardin était l’identification et le positionnement des points de vue. Ces points de vue donnent une organisation spatiale au jardin, ajoutent de la profondeur et créent de l’intérêt. Il est important d’inviter le visiteur à se déplacer d’un endroit à un autre, de découvrir des compositions, des thèmes, de jouir avec tous ses sens. Mme Verey croyait aussi qu’il était également important de considérer la vision du jardin de l’intérieur de la résidence. Il n’était pas inhabituel pour Mme Verey d’évaluer un projet en commençant par se promener à l’intérieur de la maison et d’analyser le site à travers les fenêtres.
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À Barnsley House, des points de vue, il y en a. Le plus important est certainement celui à partir du Temple Garden vers le Frog Fountain. Il y a aussi les Garden Walks dont le fameux Laburnum Walk. Ceux qui ont visité les Jardins Les Quatre Vents, à Cap-à-l’Aigle, propriété de M. Francis H. Cabot, peuvent apprécier ce principe car il y est aussi très bien exploité. Le deuxième principe qui guidait Mme Verey était celui d’utiliser des accents structuraux verticaux et horizontaux. Ce principe ajoute de la dimension au jardin et accentue celle qui est déjà présente. L’accent vertical donne de la hauteur, ce qui est important car trop souvent nous négligeons cet aspect dans nos plates-bandes. Les haies ou les murs illustrent bien ce principe. Il est important d’arrêter l’œil afin qu’il ne se promène pas trop loin du centre d’intérêt. Encore une fois, ce principe est très bien appliqué aux Jardins Les Quatre Vents. (Voir le livre de Francis H. Cabot, The Greater Perfection. The Story of the Gardens at Quatre Vents, New York, Londres, W.W. Norton, 2001, 328 p.) Un autre principe très utilisé par Mme Verey était celui de l’association des plantes. Ceci est un art et Mme Verey excellait dans ce domaine. Elle comprenait l’importance des formes, des textures, des couleurs et la façon dont ces facteurs interagissent ensemble. L’application de cette préoccupation exigeait de bien comprendre la théorie de la couleur et du développement des plantes, autant que la croissance et la succession des floraisons des végétaux choisis. Cela paraît simple à première vue, mais ce n’est pas aussi évident en pratique. C’est avec beaucoup d’expérience et de réflexion qu’on y parvient.
Rock Giguère
Les Jardins Les Quatre Vents à Cap-à-l’Aigle, propriété de Francis H. Cabot, un horticulteur émérite, nous montrent un bel exemple de l’utilisation des accents structuraux verticaux et horizontaux au jardin, tels que prônés par Rosemary Verey.
Mme Verey aimait bien intégrer des ornements au jardin : des urnes, des statues ou des bancs. Cependant, elle estimait que l’emplacement devait être bien choisi. L’ornementation est un élément esthétique qui doit compléter un jardin et non être une distraction pour celui qui le contemple. Les efforts de Mme Verey ne se limitaient pas au site de Barnsley House. Elle a déjà participé à une série télévisée sur l’horticulture ; elle était excellente conférencière et a publié plusieurs livres. Soulignons surtout Rosemary Verey’s Making of a Garden (1995) qui relate l’évolution du jardin de Barnsley House. Dans The Art of Planting (1990), Mme Verey explique bien ses principes d’aménagement et sa théorie des plates-bandes. Dans Rosemary Verey’s Good Planting Plans (1993), elle nous présente plusieurs projets sur lesquels elle a travaillé, dont le jardin pour Les Floralies Internationales de Montréal en 1980.
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Thérèse Romer: vision d’une jardinière Journaliste horticole chevronnée, Thérèse Romer a été propriétaire pendant 28 ans du Jardin historique Chénier-Sauvé, dans le Vieux SaintEustache. Elle a mis ce lieu en valeur dans le respect de l’histoire et de l’environnement. Elle est présidente de la Fondation Maison et Jardins ChénierSauvé, en plus d’être conférencière horticole, photographe, interprète et traductrice.
Est-ce Dame Fortune ou la Fée des Voyages qui a souri au-dessus de mon berceau ? Enfant à Rome, je jouais sans le savoir dans certains des plus grands parcs et jardins de l’Antiquité. En vacances d’été dans ma Pologne natale, je découvrais les villes mais aussi la campagne, les maisons paysannes fleuries, les rivières et les champs parmi des forêts immémoriales. Au Japon, l’échelle changeait, la beauté sauvage de ces îles entourées d’océan se reflétait, miniaturisée, dans les bonsaïs et l’ikebana, dans la perfection des jardins, impériaux ou roturiers. Adolescente en Afrique, en Angleterre, j’étais envoûtée par la diversité de la flore, de l’histoire et des arts. Arrivée adulte en Amérique, une perspective nouvelle se dessinait : cette nature exubérante n’était façonnée de main humaine que depuis 300 ans… Les plantes et les jardins n’ont jamais fini de me fasciner d’un bout à l’autre du monde où je roulais ma boule, fille de diplomate, ensuite interprète de conférence. Un jour, au Québec, mon cœur a chaviré en découvrant un grand et vieux jardin oublié au milieu d’un village historique. (Dame Fortune, il faut t’attraper par un cheveu lorsque tu passes.) Ainsi, depuis près de trente ans j’y jardine en tentant de conjuguer nature et culture. Les mystères de la vie, de la mort se faufilent parmi les arbres, les fleurs, les ondes de ce milieu riverain exceptionnel. Les questions foisonnent. D’où nous viennent nos façons de percevoir la nature, de l’intégrer à nos vies, si différentes de génération en génération, de pays en pays ? À quoi mène le rythme endiablé auquel nous voyons disparaître les champs et les boisés pleins de trilles blancs ! – remplacés par des postes d’essence et des centres commerciaux ? Un frein nous viendra-t-il de l’engouement énorme qui se dessine autour de l’art des jardins ? Il est évident que jamais auparavant l’humanité n’a été aussi proche du cosmos, n’a été autant chargée du destin de la planète. Il nous faut faire face au poids de nos technologies, au gigantisme des villes, à la complexité des institutions, à l’ubiquité fulgurante des communications… Comment ne pas chercher répit dans un coin perdu, au loin dans la nature ? Sinon dans le cocon d’un mini-paradis vert réinventé autour de notre demeure ?
Rock Giguère
Créer ou recréer son propre jardin
Thérèse Romer a appliqué ses principes de vie et d’horticulture dans le Jardin Chénier-Sauvé pendant 28 ans.
Si bien que les jardins ornementaux, autrefois l’apanage des grands de ce monde, sont maintenant à la portée de nous tous – les privilégiés d’une société où des citoyens nombreux possèdent leur maison, leur auto, profitent du confort de la vie moderne. Curieusement, nous prenons aujourd’hui plaisir au travail de la terre, aux humbles tâches manuelles que les riches de jadis confiaient à leurs manants. Quels mobiles peuvent nous y amener, nous faire oublier le labeur, n’être présents qu’à l’immense plaisir de jardiner ?
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Il y a probablement autant de réponses que de jardiniers. Voici quelques-unes des miennes : Sûrement l’émerveillement. Émerveillement devant le mystère de la croissance, devant les parfums de la terre. Je me trouve le souffle coupé devant la nudité d’une tige sculptée dans le givre, le gonflement des bourgeons, l’éclosion d’une fleur, l’éclat d’un papillon, la percée de la semence, l’apparition d’un être nouveau, qu’il soit plante, animal ou bébé. La proximité de cette vie abondante. À un pas de ma porte, je peux participer aux cycles de la nature, familiers et pourtant pleins de surprises. Quelle étonnante connivence s’établit entre des êtres vivants dont il nous est donné de prendre soin ! Mes mains, mes yeux finissent par dialoguer avec tout ce qui croît à portée de mes bras. Les plantes n’ont pas de parole ? Allez voir ! La curiosité d’observer. Avec trois mille espèces végétales sauvages au Québec, jamais je ne manquerai de nouveauté, jamais monotonie ne me guettera. Une vie ne suffira pas non plus pour cerner les milliers de variétés horticoles, ni même les hybrides nouveaux apparus chaque année. Et que dire des livres ! Au moins céderai-je à la joie de lectures qui percent les horizons, rapprochent l’histoire, éclairent l’écologie. La santé et l’amitié. Les jardiniers vivent vieux et restent jeunes, paraît-il. Pour se remplir les poumons d’air et la tête d’idées, quoi de mieux que d’arracher quelques instants aux soucis quotidiens en allant bêcher ou sarcler ? Et quoi de mieux que l’enchantement né de la visite du jardin des autres ? Des liens qui se tissent au sein de la confrérie des amis de la terre offrent un puissant remède à plus d’un mal. Enfin un regard vers l’avenir. Dans un jardin célèbre, un panneau m’a un jour frappée : « Cherchons à laisser derrière nous un monde un peu plus beau que celui qui nous a accueillis. » La maxime convient aux jardins de la Maison Chénier-Sauvé à Saint-Eustache, qui m’ont apporté tant de joie au fil des ans. Désormais, cette propriété historique va servir aux visites, aux apprentissages, à la postérité. Puissent les jeunes y acquérir l’amour de notre riche passé, la connaissance de nos patrimoines. Puissent-ils y trouver inspiration et force pour sauvegarder la nature dans sa superbe, sa fragile diversité.
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Rock Giguère
Un exemple du style naturel des plates-bandes de Thérèse Romer (septembre 1995) et du travail d’horticulteur qui nous permet de « vivre vieux et rester jeune ».
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Recherche fondamentale en horticulture Les effets insoupçonnés du compost Un hommage aux travaux du professeur Harry A.J. Hoitink Par Jean Denis Brisson
Au xvi e siècle, Bernard Palissy donne une allure moderne à la conception que la plante tire du sol toute sa nourriture : « Quand tu apportes le fumier au champ, c’est pour lui rebailler une partie de ce qui luy a esté osté, car il en est ainsi qu’en semant le blé, on a espérance qu’un grain en apportera plusieurs, or cela ne peut être sans prendre quelque substance de la terre et si le champ a esté semé plusieurs années, sa substance est emportée avec les pailles et grains. Parquoy il est besoin de rapporter les fumiers, boues et immondicitez et même les excréments et ordures, tant des hommes que des bêtes, si possible estoit, afin de rapporter au lieu la même substance qui lui aura esté ostée. » CARLES, Jules. La nutrition de la plante. Presses Universitaires de France, collection Que sais-je ? no 849, Paris, 1959, p. 6 à 7.
Les composts artisanaux sont utilisés depuis longtemps et le processus de compostage comme tel remonterait à la haute Antiquité. La matière première, surtout des fumiers incluant les excréments, a varié selon les époques. En fait, on peut affirmer que jusqu’à l’avènement des engrais de synthèse, les développements de l’agriculture et, en somme, de l’humanité furent dans un premier temps dépendants du compostage. Malgré tout, c’est au cours des 30 dernières années que certains des aspects particuliers du compostage furent inventoriés, surtout avec la venue des entreprises industrielles de compostage. Les personnes concernées par le compostage se devaient de comprendre sa fabrication d’une part, pour des raisons de mise en marché des produits et, d’autre part, pour l’établissement de normes. On peut comprendre que si un compost mal fabriqué a induit des maladies chez un client, celui-ci risque de ne pas vouloir retrouver le même problème, du moins avec la même compagnie. Même si des composts industriels sont produits au Québec depuis une trentaine d’années, il n’y a toujours pas de normes phytosanitaires comme en Europe (Ryser et collab., 1988) concernant les mauvaises herbes et les autres impuretés indésirables. Il n’y
Page 200 : Le cyclamen est sensible à la fusariose, une maladie fongique, surtout si le substrat est pauvre. En changeant le substrat par du compost, on favorise la résistance de la plante aux champignons et allonge donc sa durée de vie.
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a pas seulement la température de la fermentation qui soit en cause lorsque vous trouvez des roches dans le compost. Il faut donc comprendre les aspects mycologiques et bactériens des composts. Origine des effets insoupçonnés des composts Notre propos n’est pas de vous dire comment faire du compost car, sur cette question il existe plusieurs livres et articles qu’on aurait intérêt à lire avant de commercialiser un quelconque bran de scie imprégné de purin de porc. Nous parlerons plutôt des effets insoupçonnés, notamment au regard des effets suppressifs envers des maladies racinaires et aussi foliaires, de l’induction d’une résistance chez les plantes, des effets antagonistes entre champignons et bactéries de la microflore et des assimilations minérales par les sidérophores et complexes humiques. On doit au professeur Harry Hoitink de l’Ohio State University, à ses étudiants et collègues, les plus importantes publications en la matière. Au cours des 30 dernières années, une grande diversité de micro-organismes du sol furent décrits, caractérisés et également vérifiés comme agents biologiques contre les organismes phytopathogènes du sol. Il existe une littérature abondante sur le sujet mais le livre publié par D. Hornby (1993) fait le point. Plusieurs stratégies de lutte furent mises au point, basées sur l’introduction d’un seul ou de plusieurs agents de contrôle biologique. Malheureusement, cette approche de contrôler les maladies du sol n’a pu se développer pour plusieurs raisons : soit que l’organisme contrôlait un seul parmi plusieurs organismes infectieux, soit que d’autres organismes ne fournissaient qu’un contrôle partiel, soit qu’ils ne survivaient pas assez longtemps pour produire un quelconque effet significatif, sans compter les mauvais choix d’organismes. Si de nombreux organismes pathogènes sont en cause, les genres Phytophthora et Pythium en constituent les principaux sur lesquels la plus grande partie de la recherche a porté et porte encore aujourd’hui. Il faut dire que les spores mobiles (des zoospores) ont trouvé dans les sols de nos régions plus humides des conditions idéales pour s’y mouvoir d’une plante infectée à une plante saine, augmentant considérablement le potentiel de dissémination. Alors qu’au début la recherche était surtout faite dans les États plus chauds du continent (Floride, les Carolines, la Géorgie, etc.), celle-ci s’est progressivement déplacée vers le nord au fur et à mesure que les champignons se sont propagés au fil des « libres échanges » commerciaux avec les Américains. Il faut penser que le contrôle des frontières est très difficile à exercer pour empêcher l’arrivée des champignons. Les découvertes sur les effets insoupçonnés du compost ont commencé au début des années 1960, et principalement dans l’industrie américaine de la production de plants en pépinière. Tout a débuté lorsque furent explorées les possibilités d’exploiter les écorces d’arbres compostées comme un substitut à la tourbe de sphaigne (peat moss). Le processus de compostage était une étape à franchir pour éviter l’immobilisation de l’azote par les micro-organismes décomposeurs et également les problèmes d’allélopathie (relâchement d’une substance chimique qui empêche la germination ou nuit à la croissance des plantes) engendrés par les écorces fraîches. Très tôt, il est apparu que l’utilisation d’écorces dans le compost améliorait la croissance des plantes et diminuait les taux de maladies racinaires causées par les espèces de champignons du genre 202
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Phytophthora. Rapidement, il fut observé que les composts étaient aussi efficaces pour contrôler les maladies racinaires que les fongicides (Hoitink et collab., 1991) et qu’ils pouvaient éliminer la fumigation au bromure de méthyle, un produit très dangereux à manipuler. C’est le compost d’écorce de pin qui fut le plus rapidement maîtrisé d’une façon technique ; la méthode de compostage et son utilisation comme effet suppressif (diminution des champignons ou de bactéries néfastes à une plante) ont même fait l’objet d’un brevet américain par le chercheur Hoitink. La production commerciale sur une grande échelle de potées fleuries de cyclamens de Perse (Cyclamen persicum), dans un compost d’écorce à effet suppressif contre la fusariose (occasionnée par le champignon Fusarium oxysporum f. sp. cyclaminis), permet même l’utilisation d’un système d’irrigation avec réutilisation des solutions, ce qui aurait été impensable il y a quelques années à peine. Est-ce que seulement le matériel de base peut expliquer les effets observés ? La réponse est non tout comme un boulanger peut manquer son pain même avec de bons ingrédients. Pour être utilisés avec succès dans un contrôle biologique des maladies des plantes horticoles, particulièrement celles croissant dans des contenants, les composts doivent avoir une qualité constante. C’est la variabilité dans la stabilité du compost qui est l’un des principaux facteurs limitant leur usage à plus grande échelle. Parmi ces facteurs qui influencent la variabilité, il y a les intrants. Prenons l’exemple de la tourbe de sphaigne, laquelle fait partie de certains mélanges de substrat et qui est parfois utilisée seule dans des contenants. Celle-ci ne peut supporter la croissance et l’activité des micro-organismes bénéfiques. Bien pire, de tels substrats contribuent même aux maladies racinaires dans tous les tests effectués, comme le rapportent Hoitink et collab. (2001) ; j’ai pu fréquemment l’observer dans les pots d’orchidées. Il ne faut pas se surprendre si les premières mentions de cultures en serre, vers 1935, affectées par des champignons de Phytophthora, ont été les potées fleuries d’azalées (Rhododendron simsii), produites dans des substrats presque purs de tourbe de sphaigne. Il y a fort à parier que l’azalée que nous achetons à Noël soit encore produite dans un tel substrat. Si elle n’est pas plantée dans un nouveau substrat, elle succombe lentement à une dégénérescence du système racinaire Jacques Allard engendrant la mort du plant, comme si la plante manquait d’eau alors qu’elle ne peut en absorber. Pour allonger la durée de vie des potées fleuries qu’on reçoit Le compostage : retour sur sa fabrication en cadeau, il faut les replanter dans un meilleur substrat que
Le processus du compostage se divise en trois phases. La première phase se produit dans les 24 à 48 heures celui d’origine, lequel devient lorsque la température monte rapidement à 40 ou 50ºC ; elle est associée à une fermentation des sucres et rapidement déficient en d’autres substances biodégradables. On pourrait même dire que les organismes à la surface des plantes produits minéraux. « n’attendent » que ce moment pour se mettre en évidence : il n’y a qu’à plonger sa main dans un gazon frais coupé et celle-ci peut détecter un changement de température en cinq minutes. Après une heure, peu de personnes peuvent laisser leur main plus de 30 secondes dans le centre du sac, surtout si le gazon n’était pas trop sec au départ. À la seconde phase, lorsque prévalent les hautes températures (55 à 70ºC), les substances cellulosiques moins biodégradables sont alors détruites par des micro-organismes thermophiliques. C’est au cours de cette Recherche fondamentale en horticulture
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phase que les graines et les champignons pathogènes sont censés être détruits. Mais cela exige de retourner le tas de compost assez souvent pour exposer l’ensemble de la matière organique à la chaleur afin d’obtenir un produit homogène, libre de champignons pathogènes surtout (quoique le processus détruise aussi les bons). Rares sont les personnes qui suivent suffisamment bien leur compost pour effectuer à temps l’étape de retournement. On peut dire que le bon compost domestique a plus de chances d’être manqué à cette étape par comparaison avec le compost industriel qui contrôle mieux ces opérations cruciales. La troisième phase est celle où des micro-organismes mésophiliques (croissance en bas de 40ºC) colonisent à nouveau le tas de matières organiques à partir des couches périphériques plus froides, si tous les facteurs favorables sont réunis. La suppression des agents pathogènes et des maladies subséquentes qu’ils engendrent s’effectue principalement au cours de cette phase de recouvrement, parce que les bons agents de contrôle biologique ont été tués durant le processus du compostage. De nombreux organismes fongiques et aussi des bactéries ont été identifiés comme des agents de contrôle biologique dans les substrats amendés de composts. Mais cela donne-t-il pour autant aux composts un effet suppressif ? La teneur en humidité du compost affecte d’une manière critique le potentiel pour les bactéries mésophiliques de coloniser le substrat après le sommet de la chaleur. Des composts secs (en bas de 34 % poids sec/poids total) sont colonisés d’abord par les champignons et sont inducteurs de maladies associées aux Pythium. Pour induire un effet suppressif, le compost doit avoir un pH supérieur à 5 et un taux d’humidité entre 40 et 50 % pour produire un biofilm dans lequel croîtront les bactéries bénéfiques. Les composts secs, poudreux et les paillis deviennent majoritairement colonisés par des champignons qui causeront des problèmes. Même lorsque tous les facteurs sont optimaux, 20 % des lots de composts vérifiés se sont avérés quelque peu déficients quant à la présence des agents de contrôle biologique, même si le compost était conservé à un taux d’humidité au-dessus de 45 %. La variabilité dans la suppression de la fonte des semis, associée aux champignons Rhizoctonia spp. et Fusarium spp., s’explique en partie par la colonisation inégale du compost par des agents de contrôle biologique après le pic de chaleur. Les composts faits aux champs suppriment d’une manière plus constante les maladies associées aux rhizoctonies, par rapport aux composts produits dans des bâtiments industriels fermés. De même, les composts produits dans une aire ouverte près d’un milieu forestier sont colonisés avec une plus grande variété d’agents de contrôle biologique, les milieux forestiers représentant un environnement riche en espèces microbiennes. Il semblerait établi que les microsclérotes (propagules de réserve qui engendreront de nouveaux agents pathogènes), bien qu’elles aient survécu dans plusieurs cas aux traitements de chaleur, à cause de leur lenteur à germer, soient envahies par les bons champignons qui, ainsi, les empêchent de germer et de contaminer le substrat. Le brevet américain (U.S. patent 4,960,348, 13 février 1990 en faveur de la Ohio State University), selon le procédé mis au point par Hoitink, consiste donc à inoculer le compost, peu de temps après le début de la troisième phase, avec des lignées sélectionnées de bactéries et de champignons (essentiellement 204
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Flavobacterium balustinum souche 299 et Trichoderma hamatum lignée 382). Ceux-ci furent identifiés pour induire d’une façon constante des niveaux suppressifs de maladies causées par un large spectre de champignons pathogènes. De tels composts sont même utilisables dans les champs avec des résultats semblables à ceux obtenus dans le cas des composts plus dispendieux faits à partir d’écorce d’arbres (Hoitink et Fahy, 1986). Au Québec, des champignons avec de grands potentiels contre les agents pathogènes du sol furent isolés, mais ils ne sembleraient pas avoir fait l’objet d’une recherche d’introduction dans des composts. Par contre, aux États-Unis, les inoculants commerciaux fournissant aux composts d’une manière constante les effets bénéfiques sont enregistrés auprès de l’Agence américaine de protection de l’environnement (EPA). La majorité des effets bénéfiques induits par les composts s’expliquent par les activités des micro-organismes présents dans la rhizosphère, zone du sol entourant immédiatement les racines. La majorité de ceux-ci produisent des hormones de croissance végétale et stimulent directement la croissance de la plante. D’autres produisent des agents de chélation, appelés sidérophores, qui conservent le fer à une forte concentration dans sa forme disponible dans le sol, même à un pH aussi élevé que 7,6. Les acides fulviques solubles dans l’eau et formés pendant le compostage forment les blocs de fondation pour les acides humiques. Ils peuvent aussi chélater les éléments mineurs et les conserver en solution même à des pH élevés. Ceci expliquerait pourquoi les producteurs utilisant des biosolides compostés peuvent produire des plantes d’azalées, des plantes acidophiles, à des pH de 7,4. Ils utilisent un mélange d’écorce âgée de pin (60 %), de tourbe de sphaigne, de noix de coco ou d’enveloppes de grains compostées (20 %) et de biosolides (20 %) et un peu de sable de silice dans les régions où l’eau est riche en carbonates. Ceci est très difficile à faire dans nos mélanges de tourbe de sphaigne lorsque l’eau est riche en carbonates, car la solubilité des éléments décroît à mesure que le pH augmente. Les acides fulviques et les sidérophores produits par les micro-organismes bénéfiques dans les mélanges de compost amendé réduisent les problèmes de carence minéralogique. Au fur et à mesure que le compost vieillit dans les contenants, cet effet bénéfique diminue et des éléments mineurs doivent être ajoutés. Des pourritures racinaires se développeront à moins que la plante ne soit rempotée dans un mélange frais. C’est la fraction biodégradable de la matière organique des composts qui maintient l’activité des agents de contrôle biologique. Les substances humiques ne supportent pas cette activité : ils sont trop résistants à la décomposition. Est-ce que la présence d’acides fulviques, de sidérophores et de micro-organismes exerçant un contrôle biologique peut à elle seule expliquer les effets bénéfiques observés par l’apport de compost ? La réponse est non. Certes, ce sont des éléments dont il faut tenir compte, mais il y a aussi d’autres effets insoupçonnés du compost. L’un de ceux-ci est l’induction d’une résistance systémique à la maladie dans les composts suppressifs. Si de tels effets sont concevables dans le cas des champignons des racines, Hoitink et collab. (2000) ont même réussi à démontrer un effet de suppression de l’anthracnose du concombre, maladie foliaire occasionnée par le champignon Colletotrichum orbiculare, sur des plants croissant dans un mélange Recherche fondamentale en horticulture
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composté d’écorce de pin, et fortifié au champignon Trichoderma hamatum souche 382, alors que le feuillage des plants croissant dans des mélanges traditionnels de tourbe de sphaigne était fortement affecté. Il y a donc ici un type de résistance systémique induite, liée à un mécanisme de défense. En résumé, les plantes se développant dans des substrats riches en matière organique biodégradable peuvent supporter des microorganismes qui sont inducteurs de changements biochimiques reliés au contrôle de la maladie dans les plantes. Celles-ci sont donc mieux préparées à se défendre contre les maladies. C’est ce qui explique qu’un apport de compost est nettement plus bénéfique qu’un apport de tourbe de sphaigne sur un terrain, si on exclut la construction d’une tourbière pour plantes acidophiles. Toutefois, il faut réaliser que les composts ne fournissent habituellement pas un contrôle total des maladies. Lorsque toutes les conditions sont favorables, les composts riches offrent un meilleur potentiel de réduction de plusieurs maladies en deçà des seuils critiques d’intervention. Combien de temps l’effet suppressif peut-il durer ? Puisque la fraction facilement biodégradable de la matière organique supporte l’activité des agents de contrôle biologique, quel rôle peut jouer la partie humique ? Comme telles, les substances humiques ne supportent pas cette activité. Cependant, c’est la concentration de lignine et de cellulose protégée par de la lignine, tels les matériaux foncés dans le bois, dans l’écorce ou dans la paille, qui contrôle la durée de la suppression de la maladie. Lorsque ces matériaux ont été décomposés dans le sol, la population des micro-organismes bénéfiques devient moins active et la population des pathogènes reprend le dessus. C’est l’apport constant de compost qui maintiendra des récoltes sensibles, exemptes de maladies. Les meilleurs fongicides n’apporteront pas un contrôle au-delà de celui fourni par un mélange naturellement suppressif d’écorce de pin compostée. La situation est similaire avec l’apport de bois raméal qui correspond un peu à un compostage de surface, mais avec une fraction fongique évidente plutôt que bactérienne et formant de longs filaments blanchâtres dans le sol. En somme, l’effet des composts d’écorce dans une proportion de 10 à 15 % est d’environ deux années, ce qui est à peu près la même durée que les composts de fumier de vaches ou les boues d’égouts. Parfois plusieurs composts immatures, comme ceux qui sont préparés avec de la sciure de bois et aussi de l’écorce, immobilisent l’azote. Cependant, l’industrie a appris de ses erreurs et la majorité des composts sont maintenant suffisamment stabilisés pour libérer un peu d’azote. Les composts de fumiers de vache ou de porc ont cependant une teneur élevée en sels et sont d’une composition chimique variable. Le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec a produit un petit guide pour l’évaluation « maison » de valeurs des composts (Vaillancourt et collab., 1999). On peut dire que les composts de boues d’égouts relâchent 25 % de l’azote total dans les premiers mois après leur utilisation, ce qui implique une application en faible quantité (environ 10 % du volume de compost dans le mélange) avec une incorporation complète pour que l’azote ne se volatilise pas. Au-delà du seuil de 20 %, les problèmes racinaires associés aux champignons de flétrissure (ex. Fusarium, Phytophthora, etc.) se présenteront assez rapidement sur les plantes sensibles : tomates, poivrons, fraisiers, framboisiers, etc. Il serait même préférable de mélanger ces composts avec ceux faits à partir de feuilles ou de gazon qui ont une très faible teneur en azote et environ 206
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Effet suppressif du chitosane à grande échelle dans une production de tomates inoculées avec le champignon racinaire Fusarium oxysporum f. sp. radicis-lycopersici. À droite, le plant préalablement inoculé avec du chitosane ne montrant aucun symptôme apparent et, à gauche, le plant sans protection préalable qui est sévèrement flétri.
1 % de potasse disponible. Le Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec a tenu un colloque en février 2000 sur le thème « Les amendements organiques pour la santé des sols » où divers aspects dont le bilan humique, les résidus des papetières, des composts et des résidus chitineux (à base de crustacés comme des crevettes) furent des sujets abordés. Qu’en est-il de ces nouveaux produits ? Quel est le rationnel derrière l’utilisation des résidus chitineux en agriculture ? Nos composts de crevettes montrent-ils aussi un effet suppressif ? Leur composition différente présente-t-elle un avantage en regard des micro-organismes associés à un effet suppressif ? La réponse à ces questions n’est pas simple. Les parois des champignons, autant des bons que des méchants ou des indésirables, sont faits de chitine (en fait, de son dérivé déacétyle, le chitosane), alors que le matériel de base des plantes est la cellulose. Dans les champignons, la quantité de chitosane est en faible proportion, mais en grande quantité dans la carapace des crustacés (90 % du poids sec). Les travaux de Benhamou (1992) ont montré que contrairement aux autres polysaccharides connus, le chitosane a la propriété, d’une part, d’inhiber la germination et la croissance de plusieurs champignons pathogènes et, d’autre part, d’agir comme un puissant inducteur de réactions de défense pour les plantes (Benhamou et Picard, 2000).
Nicole Benhamou, gracieuseté du Laboratoire de cytologie moléculaire de la FSAA (Benhamou et Picard, 1999, p. 154 ; reproduit avec la permission de Phytoprotection).
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Il y a donc un intérêt théorique à fournir, du moins aux bons champignons, des avantages sur les « méchants », ne mettant à leur disposition que des molécules qui serviront à assurer leur développement et à stimuler la réaction de défense des plantes. L’apport des résidus chitineux sous la forme de composts est une avenue dans ce sens. Cependant, la chitine qui compose la carapace des crevettes, des homards, etc., est très dure et n’est pas un produit facilement décomposable. L’attaque des champignons et des bactéries ne permet pas d’obtenir facilement les sucres qui sont leur source de nourriture. Bref, le défi est techniquement complexe car il faut, par des procédés physiques (broyage en fines particules) et chimiques (prédigestion), présenter aux champignons « amis » le substrat rébarbatif. Il a été démontré, par l’équipe de recherche de l’Université de Sherbrooke, sous la direction de Carole Beaulieu, que la chitine a des propriétés antifongiques contre les champignons du sol, principalement les Phytophthora dans les framboisières et les fraisières. Pour que cette chitine devienne une source de nourriture aux champignons qui présentent un effet bénéfique, tels les Trichoderma et Gliocladium, il faut qu’ils puissent Recherche fondamentale en horticulture
Coupe anatomique à la base de plants de tomate. Plant A : un plant de tomate infecté par le F. oxysporum montrant l’étendue des lésions internes au niveau du système vasculaire des racines et du collet. Plant B : un plant traité au chitosane et montrant l’effet suppressif du produit sur le système vasculaire du plant de tomate inoculé par la suite avec le Fusarium. On peut y voir une lésion très mineure à la base du plant, mais le reste du plant est sain. Plant C : Traitement au chitosane seulement, sans une infection subséquente au Fusarium. Plant D : Plant témoin, sans chitosane et sans inoculation au Fusarium. Nicole Benhamou, gracieuseté du Laboratoire de cytologie moléculaire de la FSAA (Benhamou et Picard, 1999, p. 155 ; reproduit avec la permission de Phytoprotection).
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briser rapidement la grosse molécule de chitosane afin d’aller chercher chimiquement le sucre. Non seulement celui-ci est en sorte camouflé dans une longue chaîne, mais le champignon doit battre de vitesse les champignons phytopathogènes qui sont à la recherche de sucres plus facilement assimilables, tels ceux autour des racines des plantes. La recherche a démontré que certains composts de résidus marins diminuaient chez la pomme de terre la sévérité des symptômes causés par la rhizoctonie (R. solani) et la bactérie associée à la tache commune (Streptomyces scabies) (Côté et collab., 1997). Une infusion de ces composts n’inhibe pas la croissance ni du Pythium ultimum associé à la fonte des semis du concombre ni du Phytophthora. Bien plus, en comparaison, un compost commercial à base de résidus chitineux ne réduit même pas l’incidence de cette maladie (Labrie et collab., 1997). L’action phytoprotectrice des composts ne semble donc pas être attribuable à une inhibition de croissance du champignon Pythium par les composés solubles des composts, alors que les composts traditionnels ont cette propriété. D’ailleurs, même s’il présente principalement une propriété stimulant la croissance des plantes, le purin de compost est aussi un produit souvent employé comme méthode antifongique. Alors que les composts traditionnels présentent un substrat humique de lignine, ici le substrat humique est en fait une base chimique différente, soit la chitine broyée. Il est moins utilisé parce que la disponibilité des composts à base de crevettes est récente sur le marché et que leur prix est plus élevé que les autres composts. Le deuxième élément à considérer est la constance de la composition chimique car selon les procédés de fabrication, les fractions qui ont un potentiel actif peuvent être plus ou moins inhibées. La technique de présenter les produits marins est différente car, après la phase thermophile, il faut apporter un second amendement de carapaces de crevettes pour leur incorporation dans les champignons protecteurs ; c’est cette fraction qui donnerait aux composts chitineux leur vraie valeur. Le cégep de Matane a d’ailleurs publié, en 1997, un guide technique sur les façons de faire. Il ne faut donc pas se surprendre si le produit coûte plus cher à l’achat, car son coût de production est nettement supérieur. Malgré tout, l’achat en vaut le prix pour les plantes qui ont plus de valeur et surtout celles qui sont cultivées dans des conditions difficiles : les plantes d’appartement, les plantes en contenants à l’extérieur ou dans les boîtes à fleurs, celles qui sont placées dans des conditions plus humides, etc. La fabrication de composts phytoprotecteurs à partir de résidus marins possède un grand potentiel, d’autant plus que la matière première est abondante au Québec à peu de frais.
Conclusion Les composts de nos grands-pères, de nos grands-mères et de nos parents ont beaucoup évolué au fil des 20 dernières années. Un peu à l’instar de la mycorhization des substrats de culture, les nouveaux produits sur le marché tiennent compte des développements des connaissances et de la technologie. À moins de vouloir jeter son argent par les fenêtres, il ne sert à rien de mettre une somme d’argent à l’achat d’une plante si on ne veut pas lui donner les meilleures chances de survie. Bref, l’horticulture, ce n’est plus comme autrefois, même pour les composts, et pour le plus grand bénéfice des horticulteurs, des horticultrices et de leurs plantes. 208
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Index A abbé Nazaire Leclerc 189 abbé Provancher 188 Abies koreana ‘Horstmann’s Silberlocke’ 32 acides fulviques 205 acides humiques 205 action phytoprotectrice 208 Adlumia fungosa 47 adlumie fongueuse 47 adonis printanière 92 Adonis vernalis 92 agents de chélation 205 de contrôle biologique 204, 206 aliments fonctionnels 151 aliments nutraceutiques 151 allélopathie 202 amarantine 14 Ampelopsis brevipedunculata ‘Elegans’ 2 androsace sarmenteuse 94 Androsace sarmentosa 94 anémone des bois ‘Elise Fellmann’ 38 Anemone sylvestris ‘Elise Fellmann’ 38 anthracnose 129 Aralia elata 28 aralie du Japon 28 Arboretum du Jardin Roger-Van den Hende 163 arbre aux anémones 29 arbuste à papillons 171 argémone à fleurs blanches 12 Argemone albiflora 12 azote 206
B bactéries 204 Baptisia australis 20 Barnsley House 196 Belamcanda chinensis 21 Berberis thunbergii ‘Harlequin’ 4
berce de Mantegazzi 136 blocs de laine de roche 112 Blumeriella jaapii 130 Briza media 13 brize intermédiaire 13 brûlure tardive 131 Buddleja davidii 171 bulbocode printanier 88 Bulbocodium vernum 88
Convallaria majalis 134 Crambe maritima 40 crambe maritime 40 criblure 129 criocère du lis 123 Crocosmia x crocosmiiflora ‘Lucifer’ 16 crocosmie ‘Lucifer’ 16 cultivateur 102
D C Calycanthus floridus 29 canche gazonnante 24 Carex siderosticha ‘Variegata’ 89 Carl von Linné 169 Cercospora circumscissa 130 chalef ‘Quicksilver’ 90 Chambre des lilas 181 champignons de flétrissure 206 du sol 207 mycorhizateurs 173 pathogènes 207 protecteurs 208 symbiose 172 charançon noir de la vigne 123 Chine 195 chitine 207 chitine broyée 208 chitosane 207, 208 cœur-saignant à feuillage jaune 22 compost domestique 204 industriel 204 chitineux 208 de boues d’égouts 206 de résidus marins 208 phytoprotecteurs 208 suppressifs 205 compostage 201
Deschampsia caespitosa 24 Dicentra spectabilis ‘Gold Heart’ 22 Domaine Joly-De Lotbinière 184
E Echium russicum 51 écorces d’arbres 202 ectomycorhizes 173 effet suppressif 202, 207 Elaeagnus ‘Quicksilver’ 90 endomycorhizes 173 enkianthe à feuilles de campanule 30 Enkianthus campanulatus 30 ensemencement à la volée 114 éphémère de Virginie ‘Blue and Gold’ 85 épimède à fleurs jaunes 43 Epimedium x versicolor ‘Sulphureum’ 43 épine-vinette ‘Harlequin’ 4
F Festival canadien des Tulipes 183 Festival des Jardiniers de Kingsey Falls 183 Fleurifête 185 Flore laurentienne 188 Fondation Maison 198 fonte des semis 204 fothergilla géant 31 Fothergilla major 31 frère Marie-Victorin 187
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Gazette des campagnes 189 Gentiana acaulis 96 gentiane acaule 96 géranium à gros rhizome 6 Geranium macrorrhizum 6 Gertrude Jekyll 1 glaucidie à feuilles palmées 41 Glaucidium palmatum 41 Gloeosporium 129 Gomphrena globosa 14 grimpantes 177
Incarvillea delavayi 170 incarvillée de Delavay 170 inducteur de réactions de défense 207 induction de la résistance 121 inoculants commerciaux 205 insectes charançon noir de la vigne 123 criocère du lis 123 mutants 118 prédateurs 122 ravageurs 123 scarabée européen 123 scarabée japonais 123 Institut agricole d’Oka 188 iris 21, 176, 178, 179 barbus 176, 179 ‘Jean Béliveau’ 179 ‘On Edge’ 179 tigré 21
laîche de fer panachée 89 Larix decidua ‘Horstmann’s Recurva’ 81 Larix decidua ‘Pulii’ 82 Larix laricina 81 Larix laricina ‘Blue Sparkler’ 82 Larix x marschlinsii ‘Varied Directions’ 81 Le Rendez-vous horticole 192 lilas Chambre des lilas 181 commun ‘Windsong’ 74 commun ‘Znamya Lenina’ 75 de Corée ‘Snowstorm’ 73 de Rouen ‘Duplex’ 72 Lilioceris lilii 123 Lilium canadense 17 Lilium henryi 18 Lilium martagon 42 Lilium regale 49 lis collections 160-162 de Henry 18 du Canada 17 martagon 42 royal 49
H Hakonechloa macra 25 Hellen Dillon 11 hémérocalle (Hemerocallis) ‘El Desperado’ 62 ‘Fooled Me’ 63 ‘Moonlit Masquerade’ 64 ‘Strawberry Candy’ 65 Heracleum mantegazzianum 136 herbe du Japon dorée 25 Herbier Louis-Marie 188 Hosta ‘Guacamole’ 76 ‘Pandora’s Box’ 77 ‘Royal Splendor’ 78 ‘Sum and Substance’ 79 ‘Summer Breeze’ 80 de Fortune 170 de Siebold 171 Hosta ‘Guacamole’ 76 Hosta ‘Pandora’s Box’ 77 Hosta ‘Royal Splendor’ 78 Hosta ‘Sum and Substance’ 79 Hosta ‘Summer Breeze’ 80 Hosta fortunei 170 Hosta sieboldiana 171 Hypericum androsaemum ‘Albury Purple’ 52
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J Jacques Verret 189 Jardin au Gré du Vent 175 Jardin botanique de Montréal 187, 192 Jardin Chénier-Sauvé 198 Jardin Daniel A. Séguin 185 Jardin de Gisèle 178 Jardin de la Sagi-Terre 167 Jardin Les Quatre Vents 197 Jardin Roger-Van den Hende 163, 184 Jardin des nouveautés 193 jardin pour enfants 143 Jardins de Métis 160, 184 Jardins de ville 193 Jean-Claude Vigor 117
K kirengeshoma à feuilles palmées 48 Kirengeshoma palmata 48
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M Maackia amurensis 33 maackie de l’Amur 33 maladies 129 maladies racinaires 202, 206 Malus x ‘Coccinella’ 83 Malus x ‘Rainbow’ 84 mécanismes de défense 174, 206 méconopside cambrique 8 Meconopsis cambrica 8 mélèze d’Europe ‘Hortsmann’s Recurva’ 81 mélèze d’Europe sur tige ‘Pulii’ 82 mélèze laricin ‘Blue Sparkler’ 82 mélèze laricin 81
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micro-organismes 206 bénéfiques 203, 206 mésophiliques 204 thermophiliques 203 mildiou 129 millepertuis androsème ‘Albury Purple’ 52 Miscanthus sinensis ‘Variegatus’ 26 Molinia caerulea ‘Variegata’ 27 molinie bleue panachée 27 morelle à feuilles laciniées 54 morphologie externe 118 morphologie interne 119 mousse de polystyrène 112 mousse de sphaigne 206 muguet de mai 134 mutations du métabolisme 119 mycètes 172 mycorhize 172 mycorhizes des éricacées 173
N Napaea dioica 44 napée dioïque 44 Nicandra physalodes 15 Nicandre faux coqueret 15 normes phytosanitaires 201 nutrition minérale 174
O oiseaux 191 Orchidacées 173 organismes fongiques 204 orme blanc ‘Camperdownii’ 35 Otiorhynchus sulcatus 123 oxalis à quatre feuilles 19 Oxalis tetraphylla 19
P Paeonia ‘Bartzella’ 56 ‘Cora Louise’ 56 ‘First Arrival’ 57
‘Garden Treasure’ 57 ‘Julia Rose’ 58 ‘Morning Lilac’ 58 ‘Pastel Splendor’ 59 Parc du Bois-de-Coulonge 180 père Armand David 171 père Jean-Marie Delavay 170, 195 père Louis-Marie 188 père Pierre-Nicholas Le Cheron d’Incarville 170 perlite 110 permaculture 155 persicaire à forme variable 23 Persicaria polymorpha 23 phase thermophile 208 Philipp von Siebold 171 Phlox paniculata 139 phlox paniculé 139 phosphore 107 Phytophthora infestans 129 pivoines ‘Bartzella’ 56 ‘Cora Louise’ 56 ‘First Arrival’ 57 ‘Garden Treasure’ 57 ‘Julia Rose’ 58 ‘Morning Lilac’ 58 ‘Pastel Splendor’ 59 Itoh 55, 56 plante mort-née 138 plantes ligneuses 179 plants en pépinière 202 poivron 131 pomme de terre 131 pommier d’ornement ‘Coccinella’ 83 pommier d’ornement ‘Rainbow’ 84 Popillia japonica 123 pourritures racinaires 205 produits stériles 112 propriétés antifongiques 207 Pulsatilla vernalis 98 pulsatille printanière 98
Q Québec en fleurs 2002 183
R Ranunculus ficaria ‘Brazen Hussy’ 91 réaction de défense des plantes 207 Rendez-vous horticole du Jardin botanique de Montréal 184 renoncule ficaire ‘Brazen Hussy’ 91 résidus chitineux 207, 208 résidus marins 208 résistance chez les plantes 202 résistance systémique 205, 206 Rhizobium 174 rhizosphère 205 Rhizotrotus magalis 123 rhododendrons 181 Robert Fortune 170 Robinia pseudoacacia ‘Frisia’ 34 robinier faux-acacia ‘Frisia’ 34 Rosa ‘Bonica’ 67 Rosa ‘Hope of Humanity’ 68 Rosa ‘Morden Blush’ 69 Rosa ‘Prairie Dawn’ 70 roseau de Chine panaché 26 Rosemary Verey 196 rosiers ‘Bonica’ 67 ‘Hope of Humanity’ 68 ‘Morden Blush’ 69 ‘Prairie Dawn’ 70
S Salvia patens 53 sapin de Corée ‘Horstmann´s Silberlocke’ 32 sauge à larges fleurs 53 scarabée européen 123 scarabée japonais 123 semis à l’extérieur 150 dans la maison 148 des arbustes 181 fonte des 204
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sidérophores 205 Solanum laciniatum 54 Sous-bois 182 spirale de fines herbes 156 stylophore à deux feuilles 45 Stylophorum diphyllum 45 substances humiques 206 substrat humique de lignine 208 substrats stériles 110 symbiose mutualiste 172 syneilesis à feuilles d’aconit 46 Syneilesis aconitifolia 46 Syringa chinensis ‘Duplex’ 72 Syringa meyeri ‘Snowstorm’ 73 Syringa vulgaris ‘Windsong’ 74 système binomial 169
T thérapie 191 Thérèse Romer 198 Thomas Jefferson 14 tomate 131 Tradescantia x ‘Blue and Gold’ 85
U Ulmus glabra ‘Camperdownii’ 35
V Verbena rigida 50 vermiculite 110 verveine rugueuse 50 Viburnum cassinoides ‘Appalache’ 86 vigne vierge à fruits bleus ‘Elegans’ 2 viorne cassinoïde ‘Appalache’ 86 vipérine de Russie 51
Y Yunnan 195
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