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IMAGES À L 'APPUI
Collection publiée par le CLntre de. rcche~che.s comparé~ sur le.s sociitl.s a,c~trnf!S d l'Ecole française de Rome
DANS LA MEME COLU:!CTION
Jean-L ouis DURAND, Sacrifice et labour en Grèce ancien ne.
Francois LISSARRAGUE
Daniel Russo, Saint Jérôme en Italie. ÊIUde d'ioon.ographit et de spiritua· lit~ (Xllf•.xv~ sî~cle).
L'AUTRE GUERRIER ARCHERS, PELTASTES, CAVALlERS DANS L'IMAGERIE ATTIQUE publié avec le concours du Centre national de la recherche scientifique et du ministère des Affaires étrangères
miTIONS l..< DECOUVI!RTE
ÈCOLE PRANÇ.IISE DE ROMll PARIS- ROME 1990
INTRODUC fiON
UNE APPROCHE DE L'IMAGERIE ATTIQUE
.rx~ Rttaftn, di~ idr. wxtrage. lwben $kit mir GN/ rcbt 6'Mpirisdwr Wq:~ ugeben. Die Gewu du HurmtNuliJ: in dn Syst~m zu brilrgc" mun iclt philœo,hikhlr'~ /{np. fm abaiGJ.Jua 11.
cart Ronn Arcltaolo,jsdr.e H trmmeNtilc 1
En pr~ntant Je bilan de ses recherches iconographiques, C. Ro· bert prenait soin d'ave rtir son lecteur qu'il n'allait pas faire une t h~r ie p hilosophique du d~chiffrement des images, mais simplement explici· ter par l'exemple et d e facon tout empiriq ue les problèmes qui se posent dans ce domaine et les solutions qu'il proposaiL tl n'est pas davantage questi on de faire ici cette th êorie ; je voudrais plus modestement, en guise d'introduction, p roposer une mise a u point sur les perspectives et les limites, dans le domaine de la céramique atti· que, de l'enquete iconograph ique et icono]ogique, au ~ens où l'icono· graphie s'attache à la reconnaissance, au déchiffrement des images et où l'iconologie cherche à mettre en évidence le rapport qut unit ces lmaees et les formes de pensée d 'une sodêté donnéel. En somme. H s 'a git de partir des images et de k s analyser comme les monuments d'une cu lture passée, produits pour une société déterminée, conformémen t aux gotlts et à. l'idéologie de cette société, Ces Images sont en e ffel porteuses de significations - à travers un type de
• C. Roben, Arch~ y~_,_6.11.tik. . Derlio 1919: «Les rtrles que j'c:a:.pos.e 111.e .ont appa.ruet J)ftr dc. l'Oies purement empiriques. Je l~tissc • del tt1d pluli phUosophl. quet~ toin d'o.-pnher e:n systeme les lois de l'herméneutique•. 'tour cette distnKiion, voir e.. f> où historiens et anthropologues trouveraient chaqu e fois réponse à leurs questions' . 11 faut tenir comp te d e la double sélectîon opérée pa r les peintres: dans chaque image, parmi les éléments Ju r~l, dans Je répertoire, parmi ks rcprêscntations possibles.. Cette double !!élection limae néce~sairemcnt le champ couvert par l'iconographie, qui ne peut être tenue pour un réservoir .inépuisable d'illustrations. Il paraÎt nécessaire de p arti r, ~i l'on ne veut pas farcer les images, d e ce qu'eUes sont et de Ce qu'est ie rèpertoire. Cette recherche se proposait initialement d'étudier l'iconographie des barbares; l'examen du corpus des rcprêscntations a: montré qu'une telle perspective, si elle a une évidente pertinence anthropologique, en particulier dans le monde grec, ne correspond pas à la nature d u rêpettoîre: Je barbare ne constitue pas en tant que tel une catégori~ homogè· ne d ans J'imagerie attique'. U faudrait en effet distinguer pi 11 ~l1":1Jrs
MONUMENT ET DOCUMRNT
Partir des images pour en expliciter le cüntcnu, c'est peser a priori l'hypothèse du sens.3. Dans la céramique attlque des VI~ ct v~ siëdes, les. images rte sont pas simple ment un dêcor dcslinê à meublc;r la surface des vases; d i es constituent un ensemble tout à faü caractéris tique de représentations anthropomorphjques, figurant Jes activi tés divine.s, héroïques et humaines. L' essentid de cene imagerie est comtruJI autou1· de la présen tat ion du corps qui sert à incarner Ie.s dieux et les hér os autant que ics homme~. Les ~léments d e décor. de paysa ge sont cxtrê· mcment rarcs 4 ; ks an imaux ne !iOnt p résem.'i. q ue dans leurs. rapports avec J'h omme : chassés, sacrifiés, d omestiqués; les pdnt:res choîsîssent en fait de privilégier, dan.r; la rëalilé qui les en toure, l'image de l'h om· me. Cett e tendance évidente révèle en quet les images n e sont- pas u ne re productîon mais une construction d u réel par les pei:ntres. La précision ana!omiq ue de certaines images, pan iculièrernent à figures rouges., la richc:ssc de certaîns d étaîls concernan! tel ou tel objet (vêtement, instrument de musique. arme, vase ...) ont conduit, en particulier sous l'influence de la critique: d 'art du XIX< siècle\ à surestimer le «réalisme·~> de ces représentations~. Mais le problème du réalisme ne se pose pas en ces Lermes, pour ce qui concerne la céramique anique. La fidélité des. dêtails, dont n ous n 'avons pas à douter et que les découvertes archéologiques confirment, n 'implique pas que l'ensemble de ch aque image soit com m e la répéti·
1 Sur cette hypothè.~e ~nlh.t(l!)()i(lol!:il!UC, voir l'. Hoas, l'rimitive Grt, O:.lo 1'127. ' Voir M. H~inemann, Laru!sohu.{ltiOVE.t v
T. Où 'li 1 9 , lieu Je la fémin ité qu i renvoit~ Pâris à son véritable statm: pas tou t à fait homme ni tout
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t. "J\TJ'i"IUi GfJ fl RRUUt
. Le même schéma fiaure égaiement sur J'am phore de New York 98.8.13. Le dessin de l'hoplite centra l est inac hevé 28 • Le bouclier est simplement tracé au co mpas, sans être peint, ce qui laisse apparaître l'esquisse du 1orse. Deux a rchers n~groldes encadrent cet hoplite. Celui de droite est barbu et porte u ne massue; son carquois est attaché à la hanche gauche. L'arch er d e gauche tien t son arc d e la main gauche, une massue d e la droite, son carq uois à l'épaule. Les d eux archcr.s ont une cu1rassc mais pas d'é:pée. L'hydrie de Bristol, dont le panneau porte une ima~e analogue, introduit en plus des deu x. a rc hers négroïdes, à droite et à ~auche, un qua1riéme personnage, égaJcmen l négroïde, q ui sc tient à l'a rrière-plan, derrlt:re l'hoplite, et se retourne vers la droite. l.'archer de gauche cs1 ~emblablc à son homologue du vase de New York, ma is il a en p lus u ne épée; celui de d roite porte une épée à la h anch e, son- carquois s ur le dos.
lb
n Voir 1 p. 51.
N~ble, Th~
ütchnlquf!s c;f painft.d attic pMttry,
l.ond1·~•
1966. f ia. J94 , tl
Ptt. .z
14
110PU11!/NON-HOPUtR
Enfin. sur L'amphore de Londres. l'hop lite va vers la ùroitc C( l'on voit donc l'intérieur d ~ son bouclier . I1 c.o;t suivi d 'un guerrier nêgroldc, arm~ d'u ne simple ma!isue et revêtu d 'une cuirasse. Tourné '-Trs l'hopli· te, figure un pdtastt.': armf:: d'une massue. L'h) scripti<m qui cncc\dre l'hoplite fait dîfficult6 : on peu~ lire à galtche OJHI:.N CL â droite AMA· t,lt, . On a songé à une signature d u peintrc·polit:r Amasis -2'1, mai~ les .signatures d',\masis :iOn t d'habitude parfa itement complètesJO et le style de l'image est plutôt celui d 'P..xckins, auquel Bcazley attribue le vase, 1• On a donc prHé.rt: comprendre l'inscription AMA41 ~ comme le nom du pclwteu, •l'autanl plus qu'un aufre pehaste noir figure, avec le nom d'AMA~O~. sur une amphore egalement attribuée à Bx.ckîas qlii "•· l7 représente un combat entre Grecs et TroyensH. Aucune delS autres images de ce tte sêrie n e comporte d'inscription d ésignant les personnages représentés ; sur l' hydrie de Bristol les inscriptions visibles sont de purs signes graphiq ues qui n'ont pas de sens ling uistiqueM . - , La composition tern aire de ces images est fr~uente sur les amphores à fig ures noires, ct l'on peut rapprocher ces cinq tableaux d'images p.._,. analogues et contemporaines figurant un hopli1c entre deu"J archers scythes,'. Personne n~an moins n'a osé postuler, à propos des archers noirs, de corps d'arm~e ~thiopien ..dans l'A thènes du vr~ siècle. On a plutôt proposé une lecture mythique de ces images,. : dans l'univers tpique, l'image du Noir esr associee à Memnon, et la présence de ces guerriers noirs peut s'y ré-ferer. L'hypothèse n'est pas san s fond ement. Un commentaire de Pausanias vient l'étayer n. Décrivant à Delphes la Lesché des Cnidiens décorée par Polygnote, Je p~rlégète mentionne un aroupe de héros troyens: Hector, Sarpéd on ct Memnon. Un détaîl sert à préciser l'îd cmiJication de cc dernier: " Ptor exemple H. O. Walt~:r::s, dao' sou texte du CV 4, p. 4.
10 VoJr les .5I.Jnaturt:s conserv«:$ SUT ABV l52 (25). (26), (27), (l9), (30); 15J (32). ()l); 157 (87). nA.BV 144 (8). J 7 C'e11 la solutionll:doptéc par Ch. Dugu . cNot~ I Ut l'OtJi int: d'Arnasis et de q1.1cl· que~ peintres de vase.u, MUil1fl&1 Giat ~, 19.U, l, p ..lJS tq., repris dan.~ R~cueil C:Ji. D11g~s. Parts 1960, p. 13-17 . Voir ~UMI1. Bo~trdm:m, e The Amtll:iJS pado.ter:., 1/IS 7S, 1958, p . J•l, el Id, c Am1nis: ·rt.e lrnpUcalkHI$ uf hb Mme:., in Pdpci'S un th~ A.ma.'lü P4inlu and hi.t wortJ, Malibu lfl7, p.l4 l·lS2. )! Philadei,Phic MS 3442, amphot-e B. FN;ABV 145 ( 14). C.la to~ue P 52. J< Vo1r d-aptb, cha ph re 1V p. 7 9. u Cf. C:auJoctte, A JSI·A 360. -"O. B. l una. Mr:nu'IOit, ttrchllolOflsc.h. Si.utliat ~.,, ll.ltJtioplJ, diu. Bonn 1913, p. 10. n Pa u:; 67 , P 68 ~7 A. lJovon, ap. cit.. n•• l, H 61 çr_ M . F . Vru, cp. ci:. (noie 64), p . -44. ~A . Bovon, op. cit., n.. 4, 7, a Voir aussi K. Sc h~ucnbur,g, 011. cil . (uore 56), pl. 35. 1. "JO A. üo"t·on, op. dl., n"" ·' · 10, J 1, 12, 1S
L'AUTRI! GUt!.IUlUUt
ltOt'UTIYNON·OOPI.rTR
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BA - fT611'.jl(l yùp 'oÇoui.Kôç a!;w~ &u; ;ttpotv aùt otç xj}tut· XO- ~ · èn~ ln: c•lttloolttf', m-1.-: cent.aiDI!: ~ulernent fjgurent de. archers sans hoplites. On u~-.:rvcr~o~ que $11 1' une amphor e de La NouveUe ·OrUMI 1&.39 (Shapiro; Gred: Vo-st'.J from $(1ulhr.r~t Coflu,lioo!o:, 19Sl, no 2.2), l'hoplite auis a pour éJH~· me un c arquois. 1Sur cc,lc nolklfl ÔÀ >(/)
AUX ARMES CITOYENS!
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Toutefois une certaine réserve s' impose sur ce point: une coupe Ge )ologne "3 présente au médaillon intérieur un jeune homme nu dé ba lt"• le bouclier d'u n adulte barbu armé d'une lance. On pourrait sonr à un pais - esclave du guerrier. L'extérieur de cette mêJUe cou pe ige à nuancer : les deux revers reprennent le même thème et l'on rouve les mêmes pro tago nistes que dans les scènes à figures no ires, illard, femme. Il s'agit ici non plus d'un seul mais de quatre hopli tes
I
rmant, chacun assisté d'un autre personnage masculin, nu. Or ce
st pas toujours le jeu ne homme imberbe qui donne son arm e à duite barbu : sur un des revers c'est un adulte barbu qui don ne case et épée à l'hoplite barbu , tandis qu'un jeune homme imberbe revêt e cuirasse et qu'un e femme à droite fait libation. On voit bien ici que jeunes gens ne peuvent être tenus pour de simples esclaves; il sem·
!
~ plutôt que cette im age d'armement montre comment ces jeunes
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~ns, comme les adultes, en s'arman t sous le regard d'u;ne femme, d'un ~illard, accèdent, eux aussi, au statut d'hoplite. f Recevoir ses armes hoplitiques semble bien en effet constituer une rrte d'investiture, dont il est difficile de préciser le contex te soc ial, r_ais qui paraît clairem ent indiquée sur diverses images classiques à gures r ouges. Une pélikê de San Francisco 45 met en scène entre deux ~mmes un jeune homme en tun ique brodée, chlamyde, armé de deux lances. Son pétase - chapeau du voyageur ou du chasseur - est posé sur sa nuque. Entre lui et la femme de gauche, un boucl ier est posé sur une sorte de chevalet 46 • l e jeune homme tient de la main droite un casque hoplitique. Ainsi voit -on un personnage équipé comme un chasseur recevoir les armes de l'hoplite. Cette scène n'est pas unique. Un cratère de Tübingen 47 fournit un autre exemple tout 1à fait intéressant car l'image est ordonnée autour d'un autel où a lieu une libation, ce qui souligne à l'évidence le caractè· re rituel, au sens strict, de la scène. Les armes, épée et bouclier , sont présentées au jeune homme au pétase par la femme de droite. Ici enco· re est indiqué l'accès au statut d'hoplite, marqué par la remise des armes et la libation, toutes deux assurées par une femme.
43 Bologne inv. Palagi 1151 (P U 274), coupe FR, ARV2 793 (78). 44 Sur ce geste, cf. par exemple Paestum, amphore FR, ARV2 220 (2); Vatican, coupe FR, AR V2 373 (48). u San Francisco, Legion of Honor, 18 13; ARV2 610 (27) . .. Pour Cet accessoire, cf. K. Pelers, c KIAAIBANTEL », M 1965, p. l75-l79. ' 7 Tübingen E 104, cratêre en cloche, FR, ARV2 603 (35}.
Fig. 20
F!g. 2 1
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Fig. 22
AUX ARMES CITOYEN S 1
L'AU'f RE GUERRIER
D'autres images, qui donnent à l'auxiliaire un aspect différent per· meuent de préciser Je rapport qu i s'étab1it entre hoplite et a uxiliaire. Ainsi sur une coupe de La Havane ' 11 sont associés autour d'un guerrier mettant sa cuirasse une femme à gauche e t un jeune homme à droite. La femm e tend à l'ho plite son casque; le jeune homme tient la nce et boucHer. li est coiffé d'un pilas, vêtu d'un chiton et d'une peau anima le. Ce type de guerrier, distinct de l'hoplite, n'est pas très fréq uent; plusieurs im ages en montrent combattant à l'aide de pi erres•9, On en voit aussi un marcher aux côtés d'un hoplite sur un crat ère de la Villa Giulia so, Dans ce petit groupe d'images, on voit apparaître un guerrier non hoplitique qui peut à l'occasion accompagner l'hoplite et même lui servir d'aide. Or il semble bien que ces personnages au pilas pratiquent une form e de guerre non hoplitique, marginale et que cette margina lité, qui es t aussi celle de leur vêtement similaire à celui d'un berger s!, définisse leur rôle secondaire par rapport à l'hopli te. Pour clore cette analyse des 'types d'auxiliaires qui entourent l'hoplite, il faut citer un fragment extrêmemen t surprenant, att ribué au pein tre d'Eua ion s2: un jeune honime nu présente un casq ue à un hoplite. Ce jeune homme est lui" même coiffé d'un bonnet scythe, ma is n'a aucune arme. Ici la marginalité de la coiffure scythe est utilisée, comme dnns le cas du pilas; poUr marquer un écart par rapport à l'hoplite, écart qui da ns le ca$ présent vient relayer une opposition d'âge (im berbe/barbu). L'image est trop fragme ntaire pour qu 'on puisse en dire davanta ge, .mais on remarquera que ce jeune «.scythe :., sur lequel on reviendra 5J, n'est nullement un archer ; nu, sans armes, il est distinc t des archers en costume de notre série à figures noires. •• La Havane, coll. Lagunillas, coupe FR, ARV2 825 (9). '~ Par exemple : 1. Paris Louvre G 216. amphore à col, FR, ARV2 637 (39). 2. C$mbridge (Mss.), coll. Dewing,lécythe FR; non attribué; Arc hive Beazley. 3. Sydney, crat~re en calice FR, fragt ; non attribué; Archive Beazley. ~0- A l'appui de cette hypothèse, on notera la présence, sur les obituaires attiques, â côté des citoyens morts à la guerre, de to:wtai batbaroi (IG 12 950 et D. W. Bradeen, The Athenian Agora XVJI, Inscriptions: Funerary Monuments, Princeton 1974, n"' 14, 17, 22) ou de simples toxotai (IG U 929, 949) qui ne sont évidemment pas nos archers scythes, mais semblent tenir une place analogue. li
A travers cette série s'ordonne dans l'imaginaire attique le retour du beau mort vers la cité: passage, seuil entre l'instant de la mort et celui où le cadavre reçoit les rites. Un lieu qui n'est nulle part, un ins· tant qui n'a pas de nom; d'un espace militaire sans classes d'âge, mais différencié (hoplites/archers), vers un espace civil qui oppose vieux et femmes. Le rapport de l'un à l'autre est construit par la mise en scène dp portage et de l'accueil du mort; les scènes isolées (porteur/porté) suggèrent des scènes plus complexes, avec femmes et vieillards. La représentation épique n'est qu'une des modalités d'expression du transport du corps; elle a 'une fonction essentiellement métaphorique. Aller au combat, retourner dans la cité : deux actes fondamentaux, deux moments clés de la vie du citoyen. Mais d'un épisode à l'autre, toùt peut basculer dans la mort. L'imagerie est là, rappelant que la mort au combat n'est pas la fin ultime que serait l'oubli. Au guerrier mort la cité prodigue ses soins et ses rituels, et ce faisant, elle revêt le cadavre des atours du héros 91 • La femme, le vieillard, l'archer scythe, les divinités même témoignent de ce recueillement du corps civique dont sont exclus logiquement jeunes et enfants. Discours muet des images qui, à travers la métaphore héroïque, rappelle que pour le guerrier mort au combat la cité est une et solidaire. •1
Cf. N. Loraux, op. dt. (note 41), p. 147 sq.
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LA M ~TAPJiORB DU HSROS
L'AUTRE GUERRIER
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zs.
Philadelphie 3442, amphore FN ; ABV 145 (14) ; VL3 376; AJA J 2. 26. Munich 141 5, amphore P N ~ VL3 376; AJA J l ; LfMC Achilleus 877. 1. Athènes, Kanellopoulos, a mphore FN; Pam 218; VL3 376 (18). 2 _2;8. Baden, Ros, lécyth e FN;ABV 378 (261); VL3 375 (4);AJA G 7. APPENDlCE
Bibliographie des vases cités (AJA =AJA 84, 1980: cf. note 1). 1. Florence 4209, cratêre FN ; ABV 76 (1); VL3 373 (l); AJA, A 1·2, pl. 3, 3. 2. Rome, Vatican 317, coupe FN; ABV 169 (4); VL3 373 (2) ; AJA, A 3; LlMC Achilleus 882. 3. Florence 3893, coupe FN; ABV 64 (26); VL3 373 (3); AJA, A 4. 4. Oxford 512, lécythe FN; ABL pl. 18, 3; VL3 373 (4); AJA, A S. S. Berlin F 1802, coupe FN; VL3 373 (5). 6. Berlin P 1879, amphore FN; Para 221; VL3 376 (17). 7. Munich 1470, amphore FN; ABV 144 (6); VL3 374 (7); AJA B 1·2; LIMC Achilleus 876. 8. San Sim eon, Hea rst 9848, amphore FN; Para 145; VL3 376 (12) ; AJA B 7. 9. All ema gne, coll . privée, amphore FN ; Antiken aus rheinischem Privatbe!oitz, Bonn 1973, no 46, pl. 23.
10. Boulogne 565, amphore PN ; ABV 149 (2); VL3 376 (2). 11. New York 96.1 8.63, hydrie FN; VL3 375 (35); AJA B 6, pl. 3, S. 12. perdu, œ nochoé FN ; AA 1978, p . 505, fig. 6. 13. Paris. Louvre, 983.0645, olpè FN Ge remercie Mme Fournier-Chris tol qui m'a procurê une photographie de ce vase dont elle prépare l'êtude). 14. Paris, Cab. Méd . 262, olpè FN ; VL3 275 (27); AJA B 4. 15. Paris, Louvre F 323, olpè PN ; VL3 375 (28);AJA B 5. 16. ex-Hauser, amphore FN, fragt ; VL3 275 (19); AJA B 3; L/MC Achilleus 888. 17. Vienne 3607, amphore FN; ABV 319 (10); VL3 376 (6); LIMC Achilleus 884. 18. Vienne 3722, amphore FR; ARV2 11 (3); VL3 376 (B 2); LJMC Achilleus 890. 19. Paris, Cab. Méd. 537, coupe FR, fragt;ARV2 429 (19); VL3 376 (B 1); LIMC Achilleus 889. 20. Athènes MN 433 (CC 809), skyphos FN; ABV 120 (5); VL3 376 (1); AJA, F3. 21. Altenbourg 211, amphore FN; ABV 312 (5); VL3 374 (5) ; AJA H 2. 22. Malibu 77 AES, amphore FR, fragt (je remercie J, Frei qui m 'a procuré des photos de ces fragments). 23. Boulogne 575, amphore FN ;ABV l49 ;AJA J 6. 24, Beverley Hills, commerce, amphore FN; Sutnma Galleries, sept. 79, no 5; AJA J 8.
i~: ~'::~~~. ~;!~~h~~~~ !~~~~~ (~:;)~3~i3v;;6 ~~~;~~; ~1: c_8J. pl. 4,9.
Jl. Athènes MN (CC 939), lécythe FN ; ABV 379 (281) ; VL3 376 (8) ; AJA G 6. 32. Munich SL 458, amphore FN ; ABV 259 (18); VL3 375 (1); AJA G 9 ; UMC Achilleus 875. 33. San Simeon, Hearst 5436, cratère FN;ABV 592 (9); VL3 376 (10). 34 à 40. Catalogue A 38 à A 44. 41. Berlin F 1718, amphore PN; ABV 144 (5); VL3 374 (6); AJAC 1, pl. 3, 4. 42. Bruxelles R 314, amphore FN; ABV 601 (6); VL3 374 (2); AJA C 3. 43. Ferrare 172, œnochoé FN; Para 301 ; VL3 375 (29); AJA C S. 44. Londres B 279, amphore FN; ABV 601 (5); VL3 374 (11); AJAC 2, pl. 3, 6. 45. Villa Giulia 74900, amphore FN ; Il museo etrusco di Villa Giulia, G. Proietti éd., Rome 1980, n~ 299, p. 223. 46. Dublin 1921.91 , amphore FN; AJA H 5, pl. 5, 10. 47. Paris, Louvre F 270, a mp hore FN; CV 5 (8), pl. 56 {354) 8. 48. Athènes MN 1052 (CC 951), lécythe FN; ABV 500 (44) ; VL3 376 (9). 49. Vatican G 42, amphore FN; VL3 375 (24);AJA H 1. 50. Tarquinia RC 1646, amphore PN; VL 3 374 (13); AJA H 4. 51. Metz F 165, amphore FN. 52. ex-coll. Hamilton, lécythe FN ; ABV 508; VL3 375 (32); AJA H 3, p. 35. 53. Adolphsek 4, amphore FN; Para 123 (12 ter); VL3 374 (4); AJA E J. 54 . Syracuse 21926, amphore FN ; VL3 375 (20); AJA E 4; CV 1 (17) pl. 5 (8 JO} s. 55. Munich 1537, amphore P N; AJA E 6; CV 8 {37) pl. 403 (1 82 1) 3. 56. Toulouse 26097, amphore F N: Para 153; VZ.3 376 (14); AJA E 2. 57. Rome, Vatican 441, olpè FN; VL3 37 5 (30);AJA E 3. 58. Rome, Villa Giulia·' 47934, amphore FN; VL3 374 (16); AJA E s. 59. Syracuse 24509 bis, amphore FN; VL3 374 (12); AJA E 7; CV 1 (17) pl. 6 (811}1. 60. Leyde II 1683, amphore FN ; VL3 374 (17); CV 1 (3) pl, 28 (122) 1; AJA E 9. 61. Tarquinia RC 5652, amphore FN; VL3 374 (14); AJA E 8. 62. Paris, Cab. Méd. 333, coupe FN; ABV 646 (203); VL3 375 (3); AJA J S. 63. Paris, Louvre F 228, amphore FN; ABV 269 (46); VL3 344 (10); AJA D 6. 64. Tarquinia, amphore FN; ABV 590 (3); VL3 374 (15) ; AJA C 4. 65. Munich 1884, lécythe FN;A.BL 54; VL3 375 (3l);AJA D 5. 66 à 86. = Catalogue A 44 bis â A 62. 87 Agrigente, lécythe FN; ABL 226 (26). 88. Agrigente, Giudice 1, lécythe FN; photo DAI, T 47.
96
89. 90. 91. 92 . 93. 94. 95.
L'AUTRE GUERRIER
Boulogne 97, amphore FN; inédit. Bryn Mawr P 90, amphore FN; inédit. Greifswald 149, amphore FN, fragt; Peters pl. 13. Kansas City 34.290, lécythe FN; inédit. Londres commerce, lécythe FN; ABV 489 (73 bis); VL3 376 (11). Rome, Villa Giulîa, amphore PN; ABV 278 (36); VL3 376 (5). Malibu, 77 AE 7, coupe FR, fragts (je remercie J. Frei qui m'a procuré des photos de ce vase).
Dans la liste de VL3 , les numéros 375 (29) et 376 (19) désignent le même vase; de rp.ême 376 (13) et (16). Enfin, on ajoutera à ceue liste les vases suivants; 31 bis. Zurich, commerce, amphore FN; Galerie Arétè, liste 20 (1982), 0 o s. 3 1 ter. Leningrad B 1850 (St. 111), amphore FN; Gorbunova n 166. 44 bis North Carolina Museum of Art, Raleigh 74.1.6., amphore FN; A. Shapi~ ro, Art Myth and Culture (expo. New Orleans) 1982, no 35. 52 bis. San Antonio, coll. Denman, olpè FN, Sotheby's Londres 10· 12·1984 0°3 16. 91 bis. Athènes MN, Acropole 2416, plat FN; D. Calipolitis-Feytmans, Les plats attiques ... , pl. 54, 26.
CHAPITRE V
L'HOPLITE ET SON DOUBLE
SCYTHE ET ~POPÉE
Au terme de cette triple analyse, nous pouvons nous tourner vers l'ensemble des représentations d'archers scythes dont le catalogue figu· re à la fin de cet ouvrage. Deux faits essentiels sont à noter dans cet ensemble : la place cen~ traie de l'hoplite par rapport auquel toutes les images s'ordonnent, et qui organise la plupart de nos représentations, et surtout le caractère épique ou héroïque fr éq uemment donné à ce guerrier, à travers une utilisation métaphorique des thèmes mythologiques. L'importance de cette métaphore héroïque paraît essentielle pour définir le répertoire archaïque à figures noires. Tout se passe entre 550· 500, comme si, pour dire les exploits du guerrier, seule la référence à l'épopée était - iconographiquement - pertinente. En première ap· proximation, c'est au moment où, dans la société athénienne, se met· tent en place les institutions égalitaires qui donneront la démocratie cla)>sique que, paradoxalement, le modèle épique de la guerre prend, dans l'iconographie, son importance maximale. De cette apparente contradiction naît tou ~ le travail idéologique par lequel la démocratie 'cherche à s'approprier les valeurs aristocratiques de la guerre épique. Il ne saurait être question ici d'entrer dans une analyse de ce phénomène bien étudié par ailleurs'; mais, pour s'en tenir à l'imagerie, on observera que le discours figuré fait l'économie de la parole, et qu'à la différence de ce qui est nécessaire chez l'orateur, l'imagerie n'a pas à définir de lieu d'énonciation de la parole, ni à se situer, rhétorique~ ment, comme genre épique ou narratif. Au début de l'oraison funèbre, au moment de faire l'éloge des
1
Voir en particulier N. Loraux, L'invention d'Athènes, Paris· La Haye 1981, p. 50.53 et
1 88~190.
98
L'HOPLITE ET SON DOUBLE
L .AUTRB GUBRRIER
99
guerriers athéniens morts en com battant pour la cité, Lysias 2 prend la
précaution de mettre en place son propre discours en prose, de le s ituer par rapport à la poésie é pique en regrettant de n 'être pas poète pour se mettre â la hauteur des exploits de ceux qu'il va évoquer 3 • Ce qui rend le discours en prose possible, c'est précisément qu'il n'y ait plus de poètes épiques. Mais la métaphore héroïque joue dès le début
du discours de Lysias. L'imagerie, elle, se met d'emblée en situation de dire les explo its de l'épopée. Un tel travail d'héroJ:sation par l'image est évident dans les scènes
d'armement et de retour du mort que nous avons analysées, où l'utilisation d'éléments épiques n'est pas une simple adapta tion , sur le mode héroïque, de scènes tirées du quotidien\ mais bien une manière d'héroïser le guerrier. De la même façon les nombreuses scènes où figure Fig. ss un char ' situent l'im age dans un contexte épique : on a déjà eu l'occasion d'indiquer qu'en aucun cas le char n'est un véhicule effectivement utilisé dans les combats d'époque classique ; il est au contraire fréquemment évoqué dans l'épopée, q ui lui donne un rôle important 6 . Diverses études iconographiques ont abordé l'a nalyse de ces représentations de char 7 que je répartirai ici, d'un stri ct point de vue formel, en trois groupes : char défilant , char de face, c har au galop. 1 Lysias, U, 1·2 . Cf. N. Loraux, op. cit. (note 1), p. 234-241. 1 Lysias, li, 2: 'O~O>Ç ôt 6 }lèV hôyoç ~Ol n:spi. "tOOt'rov, 6 0' 6:yffiv o\> Jtj)ÔÇ "tit "tothrov tpyu, àli.à. ~ "tOÙÇ ltpÔ'tf.pOV è1t' a.ù"toù; e{pT)KÔ'tW,. Toouô'tf)v -yùp fup9ovio.v n:etpOOKEOOaev li 'to&'trov â.pe"tT') Kat -.otç :rrotetv Suva11tvmç ~eai -.oiç ein:etv flouJ..TJOgtow, lixne KaÂ.à. 11èv :rroUà. "totç ltj)O"tipi:'IIÇ n:tpi cuhiùv e{pfloOetl, 7tOU.Ù ôt ~o:ai è~o:e{vmç n:apaÀ.eÀETcp9at, {Kavà ôt K«i "tO!Ç èl'l:t')'t"(VOJléVOtÇ ~etva.L etnetv. Dans ce discours à la gloire de nos héros, ce n'est p as avec leurs actions qu'il me faut rivaliser, mais avec les orateurs qui les ont célébrées avant moi. La matière offerte à la poésie et à l'éloquence par leur valeur est si riche qu'après avoir déjà ins piré tant de chefs-d'œuvre, loin d'être épuisée, elle laisse encore assez â dire aux nouveaux venus J (trad. M. Bizos, CUF). 4 Sur ce point, voir les remarques anciennes de H . Heydemann, «Heroisierte Genre· bilder auf bemalten Vasen», ln Commentatione.s Philolog(U in honorem Th. Mommseni, Berlin 1877,']>. 163· 179. ' Catalogue § 5 - A 186 â A 308, soit 122 vases. •cf. M. Detienne, .. Remarques sur le char en Grèce•, in Problèmes de la guerre en Gréce ancienne, J.,P. Vernant éd., Paris-La Haye 1968, p. 313·3 18; J . Wiesner, Fah ren und Reilen (Archaeo\ogia Homerica), Gottingen 1968. Voir également ci-dessus, chapitre IV, note 28. 1 L'arricle fondamental ~t celui de W.Wrede, c Kriegers Ausfahr t in der archaisch· griechischen Kunst •, AM 41, 1916, p . 222·374, pl. 15·34. Voir aussi G. Hafncr, Viergespanne in Vorderansicht, die- repràsenlalive Darstellung der Quadriga in der grieschisckn und derspiiteren Kunst, Berlin 1938, et le compte r endu de D. Amyx, AJA 1939, p. 164-166.
55
1) Les scènes de départ de char sont le plus souvent construi tes linéairement. Le char défile, en général vers la droites, et il est entouré des divers personnages que l'on tro uve d ans les scènes de dépa rt: vieillard, fe mme, archer, hoplite. L'image est organisée autour du véhic ule; toutefois, ce ne sont pas les opéralions de caractère technique q u'implique l'usage du char qui retiennent les imagiers: les scènes d'attelage, par exemple, sont rares 9 • Ce n'est pas le cheval ou le char en tant qu'objet de manipulations, de préparatifs qui est mis en scène, mais le char comme marque d 'un statut épique du guerrier . Loin de proposer une scène de genre animée et pittoresque, l'imagerie met en scène le guerrier dans ce qu'il peut avoir de plus noble et de plus hérol"que. Du reste, certaines scènes nomment les héros qui s'en vont 10, et les présen· ces divines dans de tels départs ne sont pas inconnues 11 • 2) Dans le groupe des départs de char, on peut également isoler une série d'images où le char est vu de fa ce. Cette série a fa it l'objet d'études qui s'intéresSent avant tout au problème esthétique de la fron-
1 Catalogue n"" A 186 â-A204 ; A208 à A2 IO ; A214 à A230; A.232 â A 236: A238 à A 258; A 260 à A 262; A 264 (soit 68 vases). Le char est orienté à gauche sur les n"' A 205 â A 207: A 211 à A 213; A 23 1; A 237; A 259; A 263 (soit 10 vases). ' Catalogue n"" A246 â A251; cf. J.D. Beazley, o; Recent accessions: Attic hydria», Minneapolis Inst itutc of Arts Bulletin 51-I, 1962, p. 8- 11. Ajouter une amphore à figures noîres passée dans le commerce à Bâle M. u . M., hors catalogue (nèg. Widmer 2695) et un fragment d'ampore F N, Fogg Art Museum, Harvard, 1960.308;ABV 274 (129). Voir sur· tout M. Moore, Horses on bW.ck-figurcd greek vases of the archaic period, Ph. D. New York Univ. 1971 , p. 411 ·414. IO Ainsi les n"' A 213 (Adraste) ; A 214 (inscription incomplète): A 231 (Ajax). 11 Catalogue n"' A 244-A 247.
Fig.
ss
Fig. 60
100
L'AUTRE GUERRIER
L'HOPLITE ET SON DOU BLE
ta1 ité 12 et à son rapport avec celui de la perspective. Si l'on s'interroge
oû l'espace fi gu ré es t celui du c~~bat. Au ~har galopan~ sont ru:s~iés des guerriers en mouvement : 1elan ou 1assaut consti tuent ams1 le héma le plus fréquent 18 • Sur cer taines images, plus rares, un hoplite '~oppose à la char ge du véhicule et un guerrier gît au s~l. sous le s.lulrt9. Les catégories domestiques - femme, vieilla rd - sont évidem~ent absentes de ce grou pe d'images. On observera par a illeurs qu'en aucun cas l'archer n'est monté sur le char, ni dans ce groupe, ni dans
sur une organisation symbolique de l'espace, les rar es scènes où le char est encandrê de figures complémentai res son t tout à fait remarquables. Le peu de place laissé sur l'image par les quatre chevaux 13 n'a pas empêché les peintres d'ajouter des fi gures latéra les toujours tournées vers le char, convergeant vers le centre de l'image qui est ai nsi ouver te en profondeur et non latéralement. La fronta lité du char crée un échange de rega rds entre le spectateur et l'image qui, en quelque sorte, et de façon exceptionn ell e dans l'imagerie attique, implique le spectateu r dans l'i mage 1•: c'est en effet vers lui que le char ava nce, et les figures d'accompagnement n'ouvrent pas l'image vers l'extérieurls. Ainsi le c ha r es t-il mis en valeur de façon encore plus éviden te da ns une telle disposition iconographique. La répartition des personnages a utour du char se fait, dans cette série, exactement comme da ns les scènes d'armement ; archer et hoplite, d'une part, ou femme et archer, de l'autre, y sont , ici a ussi, complémentaires 16 • De ce point de vue, l'image la plus intéressante est fournie par une hydrie de Londres 11: à droite du char se tiennent un hoplite et un archer , en superposition, tandis qu'à ga uche fig urent une femme et un a rcher, l'un derrière l'autre. Ici encore l'archer fa it la transition entre l'espace domestique et celui de la guerre. 3) Sur l'épa ule de cette même hyd rie le peint re a représentê un cha r lancé au galop, encadré de deux hoplites, et d' un couple archerhoplite, qui lous s'élancent, accompagnant la course du c har. Cette image est un bon exem ple de notre troisième groupe de représemations
12 C'est le cas du travail de G. Hafner, op. cit. (note 7); cf. également, dans cette même perspective, W. Deonna, .r Le quadrige dans le dessin et le relief grec et romain :.,
Genava 9, 193 1, p. 125 sq., et du même auteur, ~~: La conquête du mouvement par la statuaire de la Grl!:ce arc haique», Genava 13, 1935, p . 80-201. 11 Voir les observations de M. Moore, op. cit. (note 9), p. 411. '~S ur le problème .de la frontalité dans l'art archaique, cf. F. Frontisi·Ducroux. Pro· sopon : valeurs grecques du masque et du visage, thèse d'État EHBSS, Paris 1987, chap. VII. l! On relèver a une exception notable sur une coupe à bande de Londres B 399, ABV 193 (4): face A un char de face, entre 2 chars défilant vers l'extérieur ; face B un char défilant, entre 2 chars de face. 1 ' Voir Catalogue noo A 275 à A 284. Archer et hoplite: A 275, A 276. Femme et arc her: A277, A278. Sur les n"' A279 à A284, on trouve plus de deux personnages au tour du char. 17 Londres B 343, Catalogue A 284.
"'
101
56b
les précédents : l'écart entre l'hoplite et son acolyte est ainsi de nouvea u marqué. Le statut héroïque, que connote métaphoriquement la présence du char, est réservé au seul hoplite; l'arc her reste une figure complémentaire de second plan dont la présence garantit l'excellence du guerrier hêroïsê. Dans l'ensemble des scènes de c hars que l'on vient d 'examiner, on observe la même unité typologique que dans les précédentes séries : majorité d 'amphoreS et d' hydr ies à figures noires du dernier tiers du VIe siècle, ce qui confirme bien la cohérence de ce répertoire où les scènes de char tienn ent, qu antitativement, une place importante. Un autre groupe d'images s'inscrit dans une même perspective épi· que : celui des scènes qui, à travers des éléments iconiques précis, se réfèrent à un épisode mythique déterminé, et non pas seulement à une scène de type générique. No n plus un combat épique en général, auquel peut s'appliquer la métaphor e héroïque telle qu'on a cherché à la défi· '"Catalogue n.. A 285 à A 300. 1' Catalogue n"' A 301 à A 308. On trouve un guerrier à terre sur A 302, A 303, A 304; sur A 306, c'est un archer.
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L'HOPLITE BT SON DOUBLE
L 'AU TRE GUERRŒR
n~r, mais un. êvéne~~ent singulier de l'épopée, qui a pu faire l'objet
d:
dune narration prectse. Dans de telles scènes, la présence de l'arche ~:es_t pas un êléme_n t iconiquement nécessaire à la reconnaissance 1 epts~e représente. Aussi peut-on, de ce point de vue, maintenir dans un meme ensemble trois séries d'images figurant les trois épisodes suivants :
- Ajax et Achille jouant a ux dés2o; - Achille poursuivant Troilosz ' ; Fia.
S6a
-
Énée portant Anchise22.
CeS épisodes sont très précisément identifiabl es à traVers le schéma général de l'image et certains éléments iconiques déterniinés. Dans Je cas d'Achill e et Ajax par exemple, la position des deux guerriers assis face à face, et la table à jeu qui les sépare; dans l'épisode de Troil os, Je s~héma de _la p~~rsuite d'un cavali_er par un hoplite, et la présence ~~;,e hydne bnsee 23 ; enfin, pour Enée, un hoplite portant un vieil-
zo sur cet é~isode , voir VL3 p. 334-339; L!MC s.v. Achilleus, IX (A. Kossatz); et
:: ~~~~rd, I;Ufl«;)" . De la Fig. 61 même façon une amphore d'Angers 72 représente un duel héroïque:
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111
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6 t En commentant l"œnochoé de Londres (Catalogue A 301), Murray·Smith·Walters, Exca.vation.s in Cypms, Londres 1960, p. 107, identifient comme Pâris l'archer qui sc tient
MOMELI.EI, (LI.to~~ livç) affront e HEKTOP ('Enwp). Entre eux, à terre, gît un archer. Au lieu de rester anonyme, comme souvent, ou de porter le nom d'un deS archers que l'on vient de citer, il est nommé 4KV9EL, (!KU9T]ç); une teHe inscription montre bien qu'il s'agit là non pas d'un individu précis qui aurait une histoire à laquelle le peintre pourrait renvoyer en le nommant, mais d'un personnage quelconque pris dans un ensemble indifférencié; J'archer blessé ou mort n'est pas un héros que l'on nomme, il est à lui seul une catégorie nettement distincte de l'ensemble des guerriers épiques. De cette enquête on retiendra donc que l'archer n'est pas une figu· re mythique précise, qu'H se présem e plutôt comme une catégorie dans la guerre qui peut par son caractère étrange, indiquer l'altérité des Troyens, mais qui, surtout dans l'espace de l'épopée; a pour rôle de marquer un éc art entre hoplite et non hoplite, plus qu 'entre Grec et non Grec.
près du char. Rien n"impose cette lecture. u K. Schefold propose, sans aucun argument, de voir Pandaros sur la coupe de Boston 10.196 (Catalogue A 503), GHS, p. 218, fig. 295. u wurzbourg 319, Catalogue A213. '4 J . D. -Deazley rSome inscriptions on vases : V ! ,AlA 54, 1950 p. 311 ·315. ~'Sur cette notion. cf. H. lmmerwahr, ~A projected Corpus of attlc vase inscriptions», Acta of the 5th Congre5s of Greek and Lajin epigraphy, Cambridge 1967, Oxford 1971, p. 56. 66 Munich 2308, ARV2 26 (2), Catalogue A 21. ' 7 Cf. chapitre Il , note 41. t~Ci-dessus, note 57. M Cf. A. Mlnto, Il vasa François, Florence 1960, p. 29 et 32. 10 Bonn 143a; Catalogue A 209. " Mjnto, op. cit. (note 69), p. 35. n Angers, amphore PN; catalogue A 521.
C'est en effet l'association archer-hoplite qui est primordiale dans l'ensemble du corpus, dont on peut à présent rendrè compte très bri èvement en s'appuyant sur les observations déjà faites. Deux grands ensembles thématiques sont restés jusqu,'ici à l'écart de nos analyses : les départs et les combats. En examinant les Scènes d'armement ou de hiéroscopie on a pu étudier, parmi l~s départs, les images les plus complexes, les plus fortement chargées d'éléments iconiques et qui par là se prêtaient à une lecture plus détaillée. Ces images trouvent en quelque sor te leur complément dans l'importante série des
ARCHERS ET HOPLITBS
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Fig. 61
Fig. 63
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L'AUTRE GUERRlER
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départs où interviennent les mêmes acteurs : vieillard, femme, hoplite, archer selon une série de mises en place qui montrent le jeu des espaces et des catégories tel qu'on l'a défini. Les indications de notre catalogue permettent, sans qu'il soit nécessaire d'y insister davantage, de saisir J'organisation et les variantes de cette longue série d'images. On remarquera le rôle donné au vieillard dans les scènes avec per_sonnage assis: c'est toujours lui qui occupe cette place 13 , présidant amsi à la scène, conformément à ce que nous pouvons savoir par ailleurs du principe d'ancienneté en Grèce ancienne 7 4 • Une image exceptionnelle confirme cette anal,yse 7s: on a ici affaire à une sorte d'inversion dans les termes comme si le peintre avait voulu nous situer c: en pays scythe». La figure centrale en costume scythe, assise, demeure la plu s importante, comme un pea·sonnage royal, et, puisque Les rapports sont inversés, en bonne logique les hoplites devien· nent marginaux:76. Il est difficile d'aller au-delà et il serait vain, pour nous, de vouloir nommer ces personnages, mais on notera, une .foi~ de plus, combien une image marginale confirme la pertinence des sché· mas usuels. n Catalogue A 63·A 74; cf. aussi Catalogue A 186-A 207. 1~ Cf. P. Roussel, •Essai sur le principe d'ancienneté dans le monde hellénique du V• siècle av. J.·C. â l'époque romaine,, Mémoires de l'Açadémie des l11sçr. et B.-L. 43, 2, 1951,
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Les scènes de combat, quant à elles, sont tout à fait révélatrices du statut de l'archer. Il est souvent relégué en marge de la scène. Cela, tout d'abord, pour des raisons tactiques évidentes, que Vos a fort bien exposées 77 : l'archer se ba t aux côtés de l'hoplite mais ne participe pas au combat propreme nt dit. Techniquement, il intervient avant l'affrontement des hoplites; après avoir décoché ses flèches, il se retire et laisse place a ux fantassins. L'arc est l'arme du combat à distance et ne permet pas le corps à corps réservé au.x hoplites ou aux héros 78 • Toutefois, iconographiquement, ces deux temps distincts ne sont pas toujours d issociés. Si bon nombre d'images montrent un duel ou un combat de plusieurs hoplites, en bordure duquel un a rc her scythe se tien t sans utiliser son arme, comme s'éloignant du combaF9 , on rencontre autant de scènes où les archers tirent tandis que les hoplites se battent 8o. Dans ce der1,1ier cas, les peifltres maintiennent une composition centrée sur le duel, et placent les archers en retrait, derrière les ·hoplites. Une telle disposition - technologiquement inexacte - ne s'explique que par la volonté dç mettre les hoplites en valeur et de reléguer au second plan Jes archers qui n'interviennent dans ces batailles que comme figur es complémentaires et non comme protagonistes. Nous n'avons pas d'exemple de bataille d'archers sans hoplites.
p.i23-228. 7! Florence 3845; Catalogue A 69. 16 On observe une tra nsformation analogue sur un lécythe à figures rouges de Francfort publié par O. Kleiner, .:Eine rotfigurige Lekythos klassicher Zeit in der Sammlung des frankfurter archaeologischer Seminaru, Mélanges Mtmsel, Ankara 1974, p. 933-938. Une femme verse une libation à un archer perse: il me semble qu'Il s'agit lâ d'une tranS· position dans le monde perse d'un départ de guerrier, plus que d'une allégorie de la Grèce et de la Perse, commêmorant la paix de Callias, comme le suggère G. KJeiner.
Vos, op. dt. (note 26), p. 70-80. Cf. supra, chapitre I. Catalogue A 467-A 476. Ce type de composition a été étudié par K. Schauenburg, «Eurymedon eimh, AM 90 1975, p. 97-1 21. 110 Catalogue A 477·A 490. 77 7~
1~
PJg. 64
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L'AUTRE GUERRIER
L'BOPUTB BT SON DOUBLB
11 5
L'archer, en effet, est mis à l'écart du corps à corps rése rvé aux héros. L'imagerie de la guerre retient avant tout, dans ces sér ies à figu. res noires, le schéma du duel de préférence au rang hopli tique 11 • Non pour de simples raisons graphiques, mais parce que, dans une vision épique de la guerre, c'est bien évidemment le duel entre héros qui marque le moment culminant de la carrière du guerrier, celui où éclate sa
fureur héroïque 81 • On voit en quoi la liaison entre hoplite et archer peut être nécessai-
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re: les personnages héroïques sont mis en valeur par la prése nce d'ar-
chers au second plan. Graphiquement, ils s'en détachem, occupant le centre de l'image, à côté d'archers qui ne sont que des «figures de remplissage». Mais on comprend que ce remplissage n'est pas une simple convention graphique insignifiante; il prend son sens à l'intérieur d'une conception épique de la guerre dans laquelle le caractère héroYque d'un guerrier ne peut être perçu qu'à travers l'existence de simples soldats, combattants anonymes, qui forment comme une toile de fond. En somme, dans l'imagerie, l'hoplite ne se conçoit pas sans l'archer . On en trouvera un e confirmation dans la rareté des images d'archers isolés. ARCHERS ISOL~, CHASSEURS
Cet ensemble d'images est en effet extrêmement réduit ; il comprend deux groupes distincts. Sur une quinzaine d'exemples figure un archer se ul, soit immobile, soit combattant un adversaire qui n'est pas représenté. Il s'agit tantôt de compositions en médaillon, à l'intérieur d'une coupe ou sur un plat 83, tantôt de figures isolées - deux yeux :..., sur des revers de coupes, des kyathoi ou même des amp h ores•~. La structure même de ces objets, en particulier celle des coupes à yeux, favorise ainsi la sélection, à l'intérieur d'un ensemble iconique bien connu, d'une partie de l'image qui à elle seule renvoie à l'ensemble. L'imagier ne retient comme «extrait» que des figures susceptibles de renvoyer à un ou plusieurs contextes immédiatement identifiables par 11 cf. chapitre I , note 8. usur ce caractère du héros épique, cf. M. Daraki, .: Le héros à meno.s et le héros daimoni lsos: une polarit6 homérique 11, ASNP 10, 1980, p.1-24. u Bn médaillon : Catalogue A 548-A 560. 14
Entre deux yeux : A 562-A 566.
Je spectateur 85 • Or, souvent, â l'archer entre deux yeux correspond, au revers, un hoplite 86 : les deux figures sont bien complémentaires. Le second groupe comprend à peine huit images qui ne form ent pas à proprement parl er une sêrie, car elles sont formellement très diverses, mais les archers scythes y ont dans chaque cas une même activi té de chasseurs. Sur le vase François, on l'a vu, trois archers participent à la chasse collective au sanglier de Ca lydon 87 , et l'on retrouve un semblable archer, anonyme, sur une autre c ha sse calydonienne de Florenceu. Comme on pouvait le su pposer , ces archers n 'ont pas le premier rôle dans une telle c hasse; ils sont là en arrière des héros chasseurs. En fait, Ja chasse â l'arc n'est pas une pratique grecque et l'on ne connaît pas de chasseurs archers en dehors des quelques archers scy thes que nous allons examiner. Ce groupe d'images - marginal dans notre corpus l'est aussi dans le corpus des c hasseurs 89• Aussi peut-on penser que c'est parce qu'ils sont scythes qu' ils chassent à l'arc . Ce n 'est pas la chasse qui motive l'emploi de l'arc, mais le caractère scythe de celui qui l'utilise. Cela est confirmé par deux des trois coupes de petits maîtres qui montrent un archer scythe chassant en solitaire!Kl. En effet, le gibier qu'y poursuivent ées archers est peu commun : un sphinx sur la coupe
15 Cf. J .-L. Durand et F. Lissarr Qgue, «Un lieu d'image? L'espace du louterion 11, in Arts et légendes d'espaces, Ch. Jacob, F. Lestringant éd., Paris 1981, p. 125-148. u Catalogue A 562, A 565. 11 Ci-dessus, note 71. 11 Flore.nce 3830.1797 ; Ca1alogue A 543. "Voir A. Schnapp, La dupficüé du chasseur : comportement juvénile et pratique cyné· gétique en Grèce ancienne, thèse d 'état, Paris, 1987. 90 Catalogue A 539-A 54 1.
L'AUTRE GUERRIBR
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./
du Louvre9 1, un griffon sur celle d'Angers 92 . Ainsi, à l'altérité évidente de l'archer scythe ou de l'Arimaspe 93 répond L'étrangeté du gibier chas. sé, qui nous r envoie très probablement au monde épique'4. A ces chasses quasi m ythiques répond peut-être une image attribuée au peintre de Bonn 95 : un daim b1essé 96 , attaqué par un c hien, est cerné par quatre chasse urs. La bête porte au cou une sorte de lanière à laquelle est attaché un objet mal défini ; ce détail n'a pas à ma connaissance d'équivalent et reste difficile à expliquer, mais on est tenté d'y voir la marque d'une domestication ou d'une consécration de l'animaL Cette chasse ne serait donc pas une chasse quelconque, et peut-être faudrait-il la mettre en rapport avec un animal apollinien en donnant cette même· valeur au palmier qui figure à droite de l'image 97 • On retrouve la même association palmier/cervidé, encadrés par deux archers, sur un plat à figures noires de Bologne 98 qui n'est guère plus explicite pour nous. En l'absence d'élément décisif, il est difficile d'aller au-delà de
Louvre A 242; Catalogue A 541. Angers : catalogue A 540. Sur les Arlmaspes, cf. J . D. P. Bolton, Ariste.as of Procomre.sus, Oxford 1962. 9i Pour ceUe tradition épique, voir G. L. Huxley, Greek epie poe~ry, Londres 1969, et J. Bolton , op. cit. (note 92), p . 8-19. 95 Bâ le BS 439; Catalogue A 545. ,. Outre le sang qui coule, l'animal porœ à la cuisse une marque faite d'une série de points. J. Boardman a pro~ d'y reconnaître une blessure plutôt qu'une marque. Cf. J. Boardman, c:An anatomical puzzle:., AA !978, p. 330-333. VJ Sur le lien entre palmier et cervidé en rapport avec Apollon, voir Haspels, ABL p. 18; P. Jacobst hal, Ornamente Criechiescher Vasen, Berlin 1927, p. 94. Plusieurs !mages présentent un tel ensemble d'élé.ments, par exemple: 1. Londres B 548, lécythe FN ; ABL pl. 6, l. 2. Oxford 1965.118, amphore FN; ABV 335 (1); CV 3 (14) pl. 35 (650) 2. 3. Gela, Ant. in v. 43, lècythe FN; ABL 208 (69); CV 3 (54) pl. 16 (2393) 2·5. 4. Athènes Agora P 2569, lécythe FN; ABL 210 (lOI); Hcsperia 15, 1946, pl. 49-50, n" 118. s. Côme C25, œnochoé FN, fragt; CV 1 (47) pl. 5 (2090) 2; peintre de Gela. 6. Rhode.s 12240, œnochoé FN; CV 2 (10) pl. 20 (496) 4-6. 7. Ferrare 20298 (T 27C VP), pyxis FR; ARV2 1277 (22); N. Alfieri, Sp iua Museo archaeologico, Bologne 1979, p.92 fig.214-215 ; Ph. Bruneau, BC11!985, DcUaca 43. Sur ce dernier exemple, on notera la présence, entre un laurier et un trépied, d'une femme assise sur un omphalos, désign~e par l'inscription Délos. SW" l'association autel + palmier voir Ch. Sourvinou-lnwood, BICS 32, 1985 p. 125146. 9e Bologne M 600; catalogue A 546. 9t
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L'HOPLITE BT SON DOUBLE
117
cette hypothèse, d'aut?nt que. l'interp:étation du palmier comme mar· que d'un espace cexottque :t n est pas a exclure ,~ . La coupe du Peintre de Bonn est éga lement exceptionnelle par le :vêtement qu'y portent les chasseurs. Les quatre personnages onr c hacun un costume différent : un des cavaliers est nu, l'autre, également ~u, porte un bonnet scythe et des bottes; l'un des chasseurs à pied, nu, est coiffé d'un bonnet scythe, tandis que l'autre est entièrement vêtu d'un costume à pantalon et tricot. Seuls les deux piétons ont un arc. On retiendra l'apparente incohérence de ces vêtements sur laquelle je reviendrai plus loin l(>o, en me limitant ici à observer que la nudité de la plupart des chasseurs est probablement en rapport avec celle des athlètes qui figurent au revers de la coupe. La scénographie retenue par Amasis sur une œnochoé de Bristo1 10 1 est tout à fait diffêrente; par son caractère doublement exceptionnel, elle nous permettra de mieux saisir un aspect du rôle cte l'archer scythe. Au centre de l'image un archer barbu, tenant son arc de la main gauche et un lièvre de la droite, fait face à un personnage barbu, en manteau, qui s'appuie sur une sorte de sceptre. Ils sont encadrés par deux jeunes gens en chlamyde, tenant l'un une lance, l'autre un long bâton, accompagnés chacu n d'un chie n. Ce retour de chasse est tout à fait exceptionnel car il met l'archer au premier plan: c'est lui qui porte le gibier et occu pe le centre de l'image. En même temps, nous avons ici la seule image où un archer est accueilli par un vieillard, sans la pré~ sence d'un hopli te. Ces deux exceptions - archer central, archer isolé - • sont à expliquer ensem ble: dans l'espace de la guerre, l'archer n'a de rôle qu'à côté de l'hoplite; devenu chasseur de lièvre 102 , accompagné de " C'est probablement en ce sens - comme marque de l'espace troyen- qu'il fau t comprendre par exemple le palmier qui figure sur l'amphore d'Exekias représentant le suicide d'Ajax (Boulogne 558; ABV 145/18) ou celui que l'on voit sur l'Ilioupersis du Peintre de Klêophradès (Naples 2411; ARV2 189n4). Voir J. M. Hurwit, ( Palm trees and the pathetic fallacy in archaic greek poetry and art .:o, Cl 77, 1981-82, p. 191-199. (Je remercie M. I. Davies qui m'a signalé ccl article). 100 Ci-dessous, chapitre VI. 10 1 Bristol H 803; Catalogue A 547. lll2Qn sait que la chasse au lièvre caractérise avant tout les chasses éphébiques; cf. A. Schnapp, op. cit. (note 89), II• partie, chapitre II, p. 153·156, ainsi que ibid., ( Pratiche e immagini di caccia nella Grecia anlicu, Dialoghi di Arclwologia n.s. 1, 1979, p. 36-59. Par ailleurs, le lièvre, vivant, entre dans la catégorie des dons amoureux (sur ce point, voir K. Dover, Greek Homosexuality, Londres 1978, p. 92 sq. et A. Schnapp, t: Une au1re image de l'homosexualité en Grèce ancienne ), Le. Dibat lO, 1981 , p. 107-117). Aussi l'œnochoé de Bristol n'est-elle probablement pas exempte de ces connotations éphébiques.
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L' HOPLITE ET SON DOUBLE
L'AUTRE GUE RRIER
jeunes gens, il peut être reçu à son tour par un vieillard, suivant une scénographie analogue au départ ou au retour de l'hoplite. Mais, précisém e n t, il n 'y a pas d 'hoplite chasseur 103 • La chasse est, en un cer tain sens, une forme s ubalterne d e la guerre 1 ~ et l'archer ne peut, p ar exception, y tenir la p remière p lace q ue parce que l'hoplite n'y a pas la sienne. Dans un contexte proch e de ces images, la série des représeiltations de la capture de Silène, série qui n e se conforme pas à un schéma unique, comprend quelq ues personnages de type «Scythe :. tout à fai t intéressants. On connaît, sous d iverses fo rmes, le mythe de Silène capturé par le roi Midas 105 • Deux textes, entre a utres, précisent que Midas a agi par ruse ; Xénophon 106 mentionne une fon taine dite d e Midas : 1./Ev-w.eea ~v na.pà tl']v OôOv Kpf)vl1 ~ptry&v pacrtMroç Bq>'
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Kep, DS vol. IV, 2, p. 1003, note 1. De même A. Plassart, op. cit. (note 4), p. 194. UJG P 950. D. W. Bradeen, The Athflnian Agora XV/J. Inscriptions: the fururary monuments, Princeton 1974, inscriptions n"" 17, 22 et sans doute 14. si l'on accepte ~a restitution très vraisemblable de Bradeen. Le texte de JG P 950 a été revu par W. K. Pntchett et J. Charbonneaux; il faut lire "to[xcr]Q-ta~ [j3]cip[~]apo~ et non [it]ûp[e]ôpm. Sur ce point, voir Hesperia 21 (1952), p. 340, note 1.
B. Meritt, Hesperia 21 (1952), p. 340, note L Cf. aussi N. Loraux, op. cit. (note 8), p.366, note 123. li Ph. Gauthler, op. cit. (note 11), p. 64; cf. Thuc. VITI, 98, 1. 16 Dates proposées pour les inscriptions êvoquées: IG 11 929 : 459/8 ; /G·P 44 : 447/6; Agora XVII, 17 : 431/0; Agora xvn, 14 : vers 430 ; JG Jl949 : 4ZS/4; Agora XVII, 22: 413;/G P 950:41211. 17 M.. F. Vos, op. cit. (note 1), p. 56-57, et pl. 18. " Cf. D. Metzler, Portrat und Gesellschaft, Munster 1971. 19 Par exe.m·pte W. Helbig, t:Les l.ttmtç athêniens , , Mémoires de l'Institut, Acad. Inscr. et B. Leures, 37, l, 1904, p. 199. Cf. Vos, op. cit. (note 1), p. 54, note 8. '4
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L' AUTRB GUERRIER
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t'rRE SCYTHE À ATHèNBS ?
Tableau
3 - All.c:JŒII.S NUS !SOLIÔS
Remarques
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contexte. Le costume de ces archers est beaucoup plus varié que celui des archers scythes. Dans la plupart des cas, ils n'on t plus le tricot ni le pantalon qui les distinguait des au tres guerriers sur les im ages à figures noires. Seul l'arc les désigne et, parfois, le bonnet scythe. Mais on Fi;.73 peut aussi rencontrer des archers coiffés du bonnet de fourrure anima~ le qui caractérise les Thraces (àÀ.oç ~v KEKpa~évoç •olcùç; (I:AT.B) IJ).X oôSi; l.siljm >OUÔE ti!\ yévet 9i.l'tÇ. (I:AT.A) KaÀÔJÇ ~v oovtayet v "'-uG~tnuifv.
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Plusieurs textes concordent sur ce point pour faire des Scythes des buveurs immodérés, avant même l'époque d,e Cléomène. Ainsi une ode d'Anacréon, que cite Athênée!S :
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dus fous par la seule odeur du vin que dégage la jarre ouverte par HéraklèsU. Ou bien ce sont des barbares: a insi les Scythes tels qu'Hé· radote les décrit lorsqu 'il veut expHquer la folie du roi spartiate Cléomène u : « KÂ.So~Évea ôè Mroum i]K6nrov 'téôv !:Ku9Érov bti 'tetiho: ÛJ.LtÀé.ew m:pt ~sÇ6vroç, ÛJ.nÂ.tOV'ta Oè J.Lêi.ÀÀOV t où iKVSUJ.LÉvou J.Let8etv Tijv àKp11't'01tOOiTtV n:a.p' a\l"tffiv · È.K toUtou Oè J.LnvfJvaî J.LW VOJ.LiÇoum 1:1taj)'t1.ii'mt · "EK 'tt 1:Ô<Jou, OOç mhoi À.éyoum, È.1teà.v Çrop6u:pov , j)oûÀrov-rat mstv ' 'E1ttcrci9tcrov' Myooot.
147
« KO..i 7tposÀ8Wv -r~v Cncpa"tOttoaiuv ~KU9tKijv Ka/..ei
A s'en tenir aux images, deux éléments essentiels sont mis en valeur par le peintre : le bonnet scythe et le rhyton. Cette sorte de corne à boire est caractéristique de Dionysos ao qui boit le vin pur. Or on sait que la pratique grecque du banquet ex ige que le vin soit coupé d'eau , mélangé dans un cratère, avant d'être consommé. Toute une série de règles et de prescriptions précise la force du mélange adopt é at . C'est un des traits essentiels de la civilité grecque que de boire a insi. ceux qui
Achaios dans son dra me satyrique Air hon montre les satyres, i'ldignés de boire du vin coupé d'eau, disant: A. Est~ ce que l'Acheloos entier y est m élangé? B. Pourtant ce n'f:St pas permis à notre race, même Pas d'en lécher de ce vin-là. A. Pour bien fa ire (if faudrait) le boire à la scythe.»
/ 1
u Il me seijlbie que c'est la va leur qu':! faut acco rder â \nro- dans le composê \m:o.dVO'ITSÇ, contrairement à ce que propose le Bailly qui traduit c boire en mêine temps (par ex. en chantant)».
Xénophane, fr. BI West (Athénêe XI, 462 c.). Cf.l. Defradas, c Le banquet de XénoRBG 15, 1962, p. 344·365. Athénée X, 477 c. (= TGF Nauck 9; Tr. G.F. Snell9). J'ai adopté le texte donné par B. Snell qui ma.ntient une croix a u troisième vers; mais l'homol,ogie Scythe-Satyre qui nous intêresse ne fait aucun doute. 11
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L'AUTRE GUERRIER
:nTRE SCYTHE À ATHÈ NES?
Nos images reprennent à l'évidence cette tradition en présentant des buveurs en train de faire les Scythes. En même temps qu'ils se don~ nent des règles et tentent de se discipliner, comme l'attestent en tre autres les poèmes d'Anacréon ou de Xénophane que je viens d'évoquer, le symposion et le cômos peuvent, à l'inverse, être le lieu de la transgression et du monde à l'envers 89 . On connaît, par exemple, toute une série d'images, dans le détail desquelles on ne peut entrer ici, où figurent des cômastes barbus, déguisés en femmes, brouillant a ins i les · frontières du masculin et du féminin 90 . Dans le cas des buveurs scythes, l'opposition grec/noil grec vient s'appliquer aux manières de boire; la sauvagerie est introduite à l'intérieur du banquet, lieu par excellence de la civilité grecque. On remarquera que ni l'arc, ni le costume scythe ne son t représentés; la nudité du banqueteur grec est maintenue. Seul le bonnet est retenu qui, asso· cié à la nudité du buveur ainsi désigné comme grec, permet en quelque sorte d'indiquer le mode de boisson adopté. La présence du rhyton en exergue vient, sur un autre plan, renforcer cette indication pour confir· mer sans ambiguité la présence du vin pur. Cette transgression des règles du bien-boire et de'Ia bonne tenue au symposièn qu'annonce le port du bonnet scythe se retrou ve sur une coupe-skyphos 91 signée Hermogénès 92 . Sur une face, au centre un couple màle se livre à une gymnastique érotique des plus acrobatiques. A gauche et à droite, deux hommes nus, ·coiffés d'un bonnet scythe, semblent se préparer à un exercicé analOgue. Au revers, un homme et une femme s'accouplent de façon plus classique pourrait-on dire. Deux hommes nus, coiffés de bonnet scythes, s'avancent vers eux. Celui de ... droite paraît tenir un objet_mal identifiable 9P, celui de gauche tient un
rhyton. L'érotique au comas rejoint ici la transgression des règles du bien-boire 94 .
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~~Sur ce" point, voir H. Kenner, Das Phit.nomen der verkehrten Welt in der griechischrOmischenAntike, Klagenfurt 1970, p.l12-l33. WC'est la série dite des «Anacréontiques », sur laquelle on consultera J . D. Beazley, Attic vasepaintings in the Museum of Fine Arts, Boston , Il, Oxford 1954, p. 55sq., F. Frontisi-Ducroux et F. Lissarrague «De l'ambiguité à l'ambivalence, un parcours dionysiaque",A/ON ArchSt V 1-983, p. 11-32 et D. C. Kurtz et J. Boardman, «Booners», Greek Vases in the J. Paul Getty Museum 3, 1986, p. 35-70, , 91 On notera le jeu de mots skyphos/skythes attesté par Athénée XI 499 f. • 9l Riehen, coll. Hoek, Para 68 en bas. ?l Je n'ai pu contrôler directement sur le vase, qui ne m'est connu que par une photographie du séminaire archéologique de Bâle, où R. Stucky m'a généreusement accueilli.
On voit à travers cette série de banqueteurs comment les imagiers attiques ont élaboré, autour de la figure du Scythe, un modèle de buveur. L'imaginaire grec construit ses propres catégories à travers l'image de l'autre, mais d'un autre dont il sélectionne les traits pertinents pour les réutiliser dans son propre système de valeurs. Faire le Scythe à l'intérieur d e la société athénienne, c'est jouer à être autre pour mieux affirmer ses propres valeurs et sa propre identité. Aussi faut-il renoncer à la question qui nous a servi de point de départ, concernant la nationalité des archers, dans la mesure où les images ne sont pas des documents ethnographiques. L'imagerie nous montre divers types de guerriers- hoplites, archers - qu'elle oppose en les associant ou qu'elle confond, en jouant sur la marginalité et la transgression. C'est donc autour de ce travail des images qu'il faut orienter notre enquête pour tenter de mieux définir les formes de guer· re et les catégories d e guerriers qu'elle met en place.
?4 Peut-être faut- il interpréter dans un tel contexte une coupe FN d'Amsterdam inv. 3356, CV 1 (1 ) pl. 2 (26) 4-5, queT. B. L. Webster, The Greek Chorus, Londres 1970, p. 36, no 102 et fi g. 3, propose de rattacher à un chœur théâtral.
CHAPITRE VII
DU BON USAGE DE LA PELTÈ
PBLTQ$ BT PELTASTES
Dans le présent chapitre je me propose d'analyser diverses séries d'images où figurent des peltastes. De cet ensemble complexe et varié on peut dégager plusieurs séries homogènes, qui renvoient des unes aux autres et forment ainsi comme les segments successifs d'un réseau d'images. La logique du parcours que j'ai retenu ici nous mènera des représentations les plus proches de celle que l'on vient d'examin er aux limites les plus lointaines du corpus des guerriers : satyres et êthio· pîens. Les aspects non hoplitiques de la guerre, tels qu'ils se dessinent dans les groupes d 'images étudiés au précédent chapitre, trouvent une expression beaucoup plus nette, me semble-t-il, dans le corpus des représentations de peltastes. En effet, on n'y rencontre pas de série équivalente à celles où archers et hoplites sont étroitement associés et comme complémentaires. Les peltastes sont en quelqu~ sorte autonomes, du point de vue iconique, et n'entrent dans aucun des rituels de la guerre - armement, libation, retour -, ni comme acteurs, ni même comme spectateurs. ,Cette autonomie se double d'une grande var iété dans . les vêtements et les équipements qui contraste' avec l'uniformité du costume scythe; variété si manifeste que j'ai choisi d'organiser Je catalogue des peltastes en partie autour de ce critère : présence ou absence d'éléments scythes ou thraces dans leur costume 1 • Les peltastes doivent leur nom au bouclier qu'ils portent, la n6À:t11 ~ . bouclier léger, échancré, en croissant de lune, qui peut prendre diver-
' D'où les rubriques du Catalogue : peltaste avec bonnet scythe (P 1 à P 20), avec élé· ment de costume thrace (P 21 â P 30), sans élément scythe ni thrace (P 31 à PSI). 2 Voir PlV, vol. 19 (1937), col. 403·406, s. v. peltas/ai {F. Lammert) ainsi que G. Lippold, t: Griechische schilde », îo Manchener archdologische Studien, Munich 1909, p. 488-504.
152
Fig.92-94,96, 97 • 100• 101 Fig. 87,95
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Fig. 96
DU BON USAGE. DB LA PBL'fÈ
ses formes 3, selon que les cornes du croissant sont arrondies ou pointues et que L'éc hancrure médiane en est plus ou moins large 4 • Elle paraît faite d'osier 5 ou de marériau léger, sa ns bordure m étallique6. Sur ce rtaines représentations 7 , et comme par ana logie avec le bouc lier rond, elle semble munie d'un brassard: peut-être ce déta il est-il dû à l'influe nce - iconograp hique - du bouclier hoplitique, car technologiquement les deux objets diffèrent 8 ; il n'y a évidemment pas d'exemple de formation de peltastes en rangs serrés. Les épisêmes qui figurent sur les peltès se répètent et forment un groupe réduit d'images emblématiques tout à fait intéressa ntes. On rencon:tre souvent des motifs apotropaïques: un œil, parfois deux, séparés par un nez comme on en voit au revers des coupes 9 : les deux surfaces sont d'ailleurs analogues et un tel masque, proche d'un gorgoneion, uti· lise, sur la coupe comme sur la peltè, la double valeur du r egard qui terrifie et protège à la fois 10 . Autre épisème apotropaïque, le phallus, dont il y a même des versions ailéesu, parfois accompagné d'une feu il -
]ede figuier u, qui figure souvent au bouclier des hoplitodromes 1J, mais donc la valeur symbolique reste difficile â préciser. On rencontre également des animaux: dauphin s ~' , tê te de panthère 15 et perdrix 16. Ce dernier animal est remarquable, on le sait 17, pour sa lubricité et également pour sa ruse, capable de tromper Je chasseur ; on ne sera donc pas surpris de Je voir figurer sur une peltè. Les épisèmes des boucliers/ne sont pas toujours aisés à déchiffrer u; il semble en revanche plus aisé, parce que le corpus en est réduit, de dégager quelques traits d'ensemble de la série des peltès : valeurs apotropatques de l'œil et du phallus, valeurs érotiques du phallus et de la perdrix, peut-être aussi de la pant hère, notation athlétique avec la feuille de figuier. Tout cela est nettement distinct des épisèmes des boucliers où la perdrix ne se rencontre pas, où le phallus est tout à fait rare 1 ~ et où le lion fait place à la panthère. Ainsi la peltè se distingue-t-elle clairement du bouclier, non seulement en tant qu'objet technique mai s aussi comme support emblématique, Au port de la peltè, aucun type de vêtement spécifique n'est asso· cié. On s'attendrait pourtant, à cause des nombreux textes qui font de lui une arme d' origine thrace 2o, à voir ces guerriers réguli èrement vêtus en Thraces. On rencontre bien des peltastes vêtus d'un manteau bariolé (zeira), coiffés d 'un bonnet de renard (alopekis), et chaussés des bottes à rabats (em bades) qui caractérisent les Thràces 2 1 , mais ils sont
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.1 Les textes ne s'accordent pas toujours sur ce point. la peltè est tantôt rhomboide (Dion. Hal Il 70), ta ntôt ronde (A rîsiOte fr. 498, èd . Rose, Leipzig 1886), ou e n forme de feuille de lierre (Pollux 1, 133), et même à q uatre côtés (Suidas s. v. peltè). • Ai nsi, dans les re présentaùoos figurêes, la pelté est constamment en forme de croissant de lune, très a llongé s ur P 20, ou au contraire beaucoup plus massif sur P 48. ssur P JS, P46, P89, P 95, P98. 'C'est ce que précise le texte d' ArisiOte cité par le scholiaste du Rl:ésos 311 : « ~!v ôt 1\ trt"-ffl àa1tlt; tn>v 00,;: ixooaa oOO' È1ri:taÂ.Koç oOôè floôç eUX a.lrOç ~ otôç otp}lU1l !œpt "t"S"tUI·UiVTI · La peltè était un bouclier rond qui ne comportait ni garniture de bronze ni cuir de bœuf, mais qui ~tait "couvert d'une peau t~ndue de chèvre ou de bre biu. Toutefois, Xénophon, Anabase V 2, 29, parle de peltè de bronze. Dans 1~ Rhéso3, il est question d'une peltè en or (v. 305; cf. également Euripide, Alceste v. 498 à propos d"Arès), mais il s'agit alors d'armes mythiques, dont le statut est tout diffêrent. 7 Par exemple sur P 5, P 15, P 24, P 39, P 83. ' C!. A. Snodgrass, Arms and armour of the Greeks, Londres 1967, p . 78-80. 9 Ainsi s ur P7 â 10, PI2, P56, PS7, P62, P82, P91, P112; masque avec deux yeux sur Pli, Pll, P22, P23, P83,P91. 'OSur ce point, J.-P. Vernant, Annuaire du Collège de France, 790 année, p. 373-393; SOÉpOOO'l 'tÛ 't6 ÔVO ilO. 'tOÙ 'téÀ.OOÇ, Û>Ç dv 6.1t6 'tOÙ 1tpé:y-
On saisit ici comment le groupe sculpté est perçu : le cheval joue le rôle d'une marque désigna nt Le: c hevalier dont il ,garantit l'identifica· lion, et qu'il permet de situer dans sa nouvelle classe sociale. Ainsi deux caractères fo ndamentaux et complémenta ires du cheval sont à retenir : à la fois objet technique et animal embléma tique. Sans reprendre l'ensemble de toutes les images de cavaliers 6 , notre analyse se limitera aux séries où les cavaliers sont marqués comme Scythes ou Thraces, pour essayer de com prendre quelle valeur donner à ces marques de l'altérité déjà repérées par ailleurs.
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llO.'tOÇ K:B{Ilevov, Ka.i tà â.va.GtîJ.to:ta 't&v àpxo.trov · âvO.Kët'ta.t yàp E:v ciKpon6ÂSl etKrov, èq>' n èmytypamnl 6-upU.Ou 'Av9ej.1Uov 'tijvô'àvé.:9t)Ks Gsoïç, 9'l'llKOÙ 7, 12. 11 Catalogue A 417, A 425, A 426, A 433. n Catalogue A 424, A 427. u Ph.ila delpbie 4873; ABV 145 (16); Cata logue A 443. 3• Ainsi sur A 430 (• P 123); A 431 (• P 11 9); A 432 (• P 109); A 433 (• P 122)
LES CAVALIERS D"ATHtlNES
197
La présence du cheval, q ui vient en quelque sorte relayer celle de l'hoplite, permet également. de mettre en relation l'archer scythe et l'oi· kos, dans des scènes de départ où ne figu re aucun hoplite. Ainsi sur une amphore de Francfortzs, au centre de l'image un archer à pied conduit un cheval; il est encadré à gauche par une femme qui fa it un geste de salutat ion, et à droite par un vieillard. Aucun élément de l'image n'indiq ue la présence de l' hoplite dont la place habilue lle, du point de vue formel, es t occupée par le chevaP 6 • Nous avons vu que les scènes de dépar t de guerriers à pied éta ient toujours construites a uto ur de l'hoplite; il n'existe pas de scène d'adieu mettant en scêne uniquement un archer . Ici, tout se passe comm e si la présence du ch eval dans l'image permettait de faire l'économie de l'hopli te. La présence de l'a nimal modifie d onc non seulement la construction de l'image, mais aussi le jeu entre les catégories de la guerre et de l'oikos. Le cheval et l'hoplite, sans être de simples équivalents, sont e n tout cas fo rtem ent Hés du point de vue des catégories de la guerre et peuvent se substituer l'un à J'autre daris certaines images. Une amphore, dans le commerce en Su isse 17 , propose, en dédoublant la scène sur chaque fa ce, une scénograph ie encore plus révélatrice. D'un côté, un a rcher menant un cheval, accompagné par un c hien, est salué par un vieillard. Ces deux dernières figures, vieillard et chien, indiquent clairement l'espace dom estique. Au revers, un archer identique, mena nt également un cheval, est salué pa r un au tre a rcher qui occupe ici la position du vieillard et dont il reprend le geste. L'image est beaucoup plus ambiguë, puisque le chien a disparu, et que l' archer qui salue est à la fois marqué, par son costume, du côté de la guer re, et par son geste du côté de l'oikos 2 a. En l'absence de l'hoplite, le jeu des catégories, ici aus~ i se modifie: le Scythe paraît en q uelque sorte interchangeable, entre >J'espace de la guerre et celui de l'oikos. Trais a utres scènes de dépa rt où figure un archer à cheval, sans hoplite, révèlent clairement, par les variantes qu'elles proposent, le lien possible entre le Scythe monté et l'oikos:
l' Francfort KHWM 01 6; Catalogue A 434. Comparer, par exemple, avec les n"" A 115-A 118. n zurich, commerce, Gallerie Fortuna; Catalogue A 436. Je remercle A. Kossatz qui m'a signale ce vase. n Cf. une amphore d e la collection H unt (catalo gue A 8) sur laquelle on a d éjà repé ré une homologie semblable entre S et V; cf. ci-dessus, chapitre Il, note 55. H
198
L ES CAVAUB RS D"ATHJ:!NBS
L 'A UTRB GUI!RRTBR
- Sur un lécythe de Catane 29, un cavalier en bonnet scythe et zei· ra avance vers un vieillard assis; derrière ce cavalier un hoplite marche à pied. Le couple archer/hopli te est dissocié: le Scythe à cheval n'a pas d'arc; il est marqué de la zeira thrace. La modification des signes retenus permet ainsi de constru ire une image nouvelle où le cavalier n'est autonomie par rapport à l'hoplite. · - Cela paraît confirmé sur un lécythe de Heidelberg 30 : entre
deux vieillards assis aux deux extrémités de l'image et une femme
e
112
Fig. 112
Ces quelques images de départ, si rares soient-elles, montrent en fait qu'à travers l'utilisation du cheval s'esquisse une mise en place de l'archer ou du Scythe qui ne passe plus toujours directement par sa complémentarité avec L'hoplite. La présence de L'hoplite paraît relayée par celle du cheval. qui n'est pas un simple substitut de ce demîer, mais qui renvoie, parmi les catégories de la guerre, à celles qui sont les plus centrales. On observera qu 'un tel jeu n'existe pas pour les peltastes qu i demeurent davantage marginaux : pas plus q u' ils n'entrent en rap· port direct avec les hoplites, ils ne sont susceptibles - piétons ou montés- d'une mise en relation avec les catégories de l'oikos. Cette relative tendance à faire du Scythe un personnage iconiquement indépendan t
l t Catane 2098 ; ABV 490 (38); Catalogue C 2. JO Heidelberg L 8; Catalogue C 3. '' Tarquinia RC 2450; ABV 27 1 (80); Catalogue C 1. 11 Cf. ci-dessus, chapitre V, note 100.
B .
.
plus exactement l'arch er scythe, et semble acquérir dans l'image son
debout à gauche, avance un cavalier en costume scyt he, qui mène un · second cheval, non monté. La présence implicite d'un deuxième cavalier, probablemen t hoplite, permet de traiter le départ du Scythe cavalier comme un départ de guerrier hoplitique en rapport avec l'oikos. - Enfin, sur un e amphore de Tarquinia3 1, entre une femm e à gauche et un vieillard à droite, avancent côte à côte d eux cavali ers vêtus de chlamydes; l'un est un jeune homme, nu-tête, l'autre est coiffé d'un bonnet scythe. Ils sont accompagnés d'u n chien. L'absence d 'hoplite ec la tenue des cava liers, ainsi que la présence d"un ch ien ren· voient plutôt à une activité cynégétique; le dépar t des chasseurs es t ici traité comme un départ de guerriers, ce qui confirm e certaines des ambiguïtés entre chasse et guerre, autour de la fi gure du jeune et de l'archer 32 •
199
apparaît beaucoup plus nettement dans la série des défilés de cavaliers. c) Défilés
On peut en effet regrouper en série une trentaine de représentations où figurent des cava liers de type scythe qui défil ent à pl usieurs, en dehors de tou te présence hoplitique et de tou t personnage de J'oikos. Dans cette série l'opposition hoplite/archer n'étant plus organisa trice de l'image, on voit apparaître, à côté du cavalier scythe, d'autre types de cavaliers non hoplites, et une combinatoire nouvelle des armes et du costume, dont le tableau p. 200, perm et de saisir l'essentieJll. On peut constater dan s cette série une grande diversité d' équipements. Les cavaliers coiffés d'un bonnet scythe peuvent porter le tricot ajusté des a rchers [1. 2. 3. 4. 5] o u bien une zeira [1. 13], un chiton court [6. 8. 9. 11] ou une chlamyde [7. 10. 12]. Ils sont parfois peltastes [2. 3. 4. 5]. D'a utre cavaliers, coiffés d'u n pétase ont une chlamyde [14. 25. 26] ou une zeira [17, 18. 19], et sont équipés de peltès [14] o u de boucliers ronds [14. 25. 26]. Enfin, certains cavaliers casqués portent la zeira [10. 22] qui les distingue du pur hoplite. Au-delà de cette combinatoire, quelques images associent des cavaliers de types di stincts [1. 5. 6. 10. Il. 14. 20. 22], en faisant jouer les lJ Dans ce tablea u, seuls les vases non fragmentaires ont été retenus. Lorsque rous les personnages on1le même type de vêleme nt, la description n'a pas été répétée; dans le cas contraire, les personnages sont désignés à partir de la ga uche, par les lettres a, b, c . . Bibliographie des vases non cités au Catalogue; 2-4. New York 06.1021.85, amphore PN; CV 4 (1 6) pl. 3 1 (759) 1. 25. Genève 15007, amphore FN;ABV 365 (69); CV 2 (3) pl. 63 (119). 26. Oxford 1947.26-4, hydrie FN; ABV 365 (67); CV 3 (14) pl. 40 (655) 2.
LES CAVALIERS D'ATHÈNES
L'AUTRE GUERRIER
200 Musêe
Nombre de cavalien
Coiffure
Chiens
bonnet s. bonnet s.
zeira tricot s.
lances lances+
bonnet s.
tricot s.
lances+ 1 peltè
Bâle, comm. cat. P 97
bonnet s.
tricot s.
lances+ l peltè
Sassari cat. P 98
bonnet s.
tricot s.
lances+ peltès
bonnet s.
tricot s. zeira
lances+
a bonnet s.
tricots chiton
peltè
Bâle, comm. cat. C 5
bonnet s.
chlamyde
lances
Dublin 1108.80 cat. C 6
bonnet s.
chiton
lances
chiton
Louvre F 248 cat. A 459
2
Vatican Ast. 734 cat. P 96
5
'
Nombre de cavaliers
14
2
Louvre F 211
cat . P 117
'
Coiffure
201
Vêtement
pétase
chlamyde
pétase
chlamyde
Chiens
lances+ b. rond 1
Fig.113
2
15
2
a
Naples Stg. 117 cat. P lOO
Capesthorne Hall cat. C 7
2
'
8:2
Londres, comm. cat. C 8
4
11
Odessa cat. C 9
2?a b
12
Brunswick 1915.43 cat. C 10
13
Dresde ZV 2955 cat. C 11
10
'·'
b, d
2
peltè lances
bonnet s.
chiton
lances+ b. rond lances
casque bonnet s.
zeira chlamyde
lances lances
bonnet s.
chiton chiton
lances lances
bonnet s.
chlamyde
lances
A: 2
bonnet s.
chlamyde
3
~:~~;s lances+ peltè
vé
17
Haifa
pn-
cat. P 124 16
cat. P 99
Hambourg,
lances
(àswvre)
Wurzbourg 323 cat. C 75
2
Wurzbourg 205
A 4
pétase
cat. C 76
B:2
pétase
zeira
lances
zeira zeira
lances lances
1$
Bâle, privé cat. C 77
pétase
lances+
19
Berlin 3274 cat. C 78
pétase
lances
20
Tarquinia caL C 79
2
21
ex-Castle Ashby cat. C 80
2
22
Orvieto cat. C 81
A: 2 8:2 a b
23
Leontini cal. C 82
b. rond
zeira chlamyde
'
lances lances lances
casque casque casque
ze1ra chiton zeira
lances lances lances
zeira
lances
24
New York
pétase
chlamyde
lances
25
Genève 15007
pétase
chlamyde
lances -t b. rond
26
Oxford 1947.264
pétase
chlamyde
lances+ 2 b. ronds
3
Fig. 114
202
ll3
L'AUTRE GUERRIER
LES CAVALI BRS D'ATHtiNES
203
114
oppositions peltè!bouclier [14], casque/bonnet [10], zeiraltricot [1. 5], zeira/ch lamyde [10. 20], zeira/chiton [22], tricot/chiton [6]. On peut en rapprocher une coupe passée dans le commerce a Bâ l e3~ où son t repré-
sentés, outre un archer nu au médaillon centraJ3s, un cavalier en costuFig. 74
me scythe sur un revers, un cavalier en costume thrace sur l'autre. La présence simultanée dans l'ima ge de types aussi divers qui , on
l'a vu, ne se rencontrent pas en dehors du contexte êq uestre, permet de conclure que dans un tel ensemble de défilés, ce n 'est plus le type de boucl ier ou Je costume qui fait série, mais bien le fait d 'être en groupe, à cheva l. On a ura remarqué que tous ces cava lier s, à une exception près [6], sont armés de lances. C'est cette arme qui dans J'i mage cons ti· tue le trait pertinent, le signe dis tinctif par lequel sont d ésignés les cavaliers, qu'ils soient par ailleurs archers ou non, peltastes ou non. Une fois définie la série à travers ces critères : dé filé collectif de porte-lances, on est tenté de cerner de plus près, p our a utant que l'image s'y prête, le type d'aCtivité ainsi désigné. Jamais da ns ces scènes il n~y a rencontre avec les catégories de l'oikos ni avec la guerre hopliti· que; les signes hoplitiques qui marquent certains d e nos cavaliers sont toujours contrebalancés par un signe non hoplitique : le casque par la zeira, le boucüer par le pétase. Souvent ces cavaliers sont accompagnés d e chiens 36 qui, en l'absence de tout personnage de l'oikos, son t plutôt 1
' 1
,. Bâle, MM.: Catalogue A 582 ( .. A 440 et C 40). Cf. aussi, chez les Amazones, des combinaisons analogues; voir A. Shapiro, ~: Amazons, Thracians and Scythianh, GRBS 24, 1983, p. IOS-114. u Sur ce m ~aJllon , cf. chapitre VI, tableau, no 15. :IIi Quatorze fois sur 26 ; n"" l , 4, 5, 7, 9, 10, t 2, 14, 18, 19, 20, 21, 25, 26.
à mettre en rapport avec la ch asse. Ces défilés de cavaliers non hopliti ques se placent ainsi dans un espace ambigu, entre chasse et guerr e; les groupes ainsi formês paraissent proches d e patrouillesJ7 et J'on sera it tenté de les rapprocher de ce qu i paraît être Le ur équivalent ins ti· tutionnel, les J;SpiJtoÀOt chargés d e patroui ller au.x fronti ères et de sur· veiller les lim ites du terrüo ire 38 • Toutefois, i1 faut ici soulîgner un point essentiel qui empêch e, â mon sens, une identification immédiate. la plupart des cavaliers de notre série sont barbus et ne peuvent donc être -. directement assimilés à la classe d 'âge des jeunesJ9_ Ce ne sont pas, tels quels, des éphèbes, ma is leur insertion collective entre chasse et guerre paraît analogue. , En somme, d e même q ue, mis en rapport avec l'hoplite, l'archer scythe nous a paru, dans certaines représentations ~o, occuper, parmi les catégories de la cité, la position du jeun~, sans être à proprement
37 Cf. M. P. Vos, Scyrldan archers in archaic attic vase-painting. Groningen, 1963, p.91-92. l i Sur les peripoloi, voir L. Robert, Hellenica X, Paris 1955, p. 283-292, et Ph. Gauthier, Un commelltairc h/j/orique des Poroi de. Xénophan, Paris-Genève 1976, p. 192-193. 31 Cf. Eschine II, 167, qui prècisc qu'il a servi deux ans comme peripolos au sortir de l'enfance. Voir P. Vidal-Naquet, Le âza.sse.ur 110ir, Paris 1981, p.l53"154. ~Supra, chapitre Il .
L'AUTRE! GUERRIER
204
parler un éphèbe, de même ces cavaliers, systématiquement démarqués des hoplites, paraissent avoir des comportements d'éphèbe. Fig. us Il faut ici mentionner une coupe de Leipzig" que Beazley décrit d'un mot : peripolos. On y voit au médaillon un jeune homme à pied , coiffé d'une alopekis, vêtu d'une chlamyde. De la m ain gauche il tient
deux lances qui , même en l'absence de cheval , le désignent comme cavalier. De l'autre main il tient un bâton noueux qui se rencontre habituell ement dans les scènes de palestre ou de cômos et marque un certain statut éphébique de ce personnage imberbe. En fin, derrière ses jambes, à gauche, se voit un rocher qui marque un espace extérieur, non urbain. Une telle image, unique à ma connaissance, indique bien
une activité juvénile, équestre, aux marges de la cité, et l'intuition de Beazley me paraît très convaincante. Il reste toutefois difficil e de généraliser à partir d'un seul exemple; ici encore l'image ne permet pas une stricte identification. · Quoi qu'il en soit, le lien entre les cavaliers de type scythe et les comportements juvéniles paraît clairement établi dans cette série de défilés, et l'on en trouve une confirmation dans un groupe d'images où l'activité des cavaliers scyt hes est proche d'un exercice gymniqueu: sur une amphore de Londres par exèmple 43, un personnage barbu, en costume scyt he, l'arc à la main, est agenouillé entre deux chevaux cabrés qu'il tient par des longes. Nous avons ici une scène en rapport avec le .. dressage, tout à fait exceptionnelle, une des rares scènes où le Scythe ait une relation de type tec hnique avec les chevaux. Sur les sept représentations analogues de dressage, le dresseur est quatre fois scythe; dans les autres cas, c'est un éphèbe nu, ce qui confirme le caractère - palestrique et gymnique d'un tel exercice~ 4 et le lien d'analogie qui unit le Scythe et l' éph èbe. Leipzig T 510, coupe FR; ARV2 407 (13); Archive Beaz.ley. A 448-A 452. Londres 8 235; Catalogue A 449. •• Par exemple sur : 1. Kinnalrd, amphore FN; non attribuée; Archive Beazley. 2. Leningrad 161, amphore FN; ABV 151 (15). ' 3. Paris, Louvre, amphore FN; Morin-Jean, fig. 245. 4. Londres E 21, coupe FR ; ARV2 91 (49). Cf. également: 5. Dunedin E 53.61, hydrie de caéré; JHS 75, 1955, pl. 1. Sur ce schéma, voir G. Loeschclœ, c Bildliche Tradition :., Bonner Studien R. Keku/e gewidmet, Bonn 1890, p. 248-260. •1
·~catalogue
•J
LES CAVALIERS O'ATHANES
205
De cet ensemble d'images qui associent le Scythe et le cheval, ensemble réduit par rapport au corpus des archers à pied, on peut conclure qu 'à travers son activité équestre le Scythe acquiert dans l'image une certa ine autonomie vis-à-vis de l'hoplite, et que cette activi· té équestre le rapproche ici aussi des éphèbes.
Ê.PHaBES CAVALIERS
Le regroupement des cavaliers peltastes ou porteurs de bonnet scythe fait apparaître, aux marges du corpus, une petite série d'images, toutes à figures rouges, qui mettent en scène des cavaliers d'un type beaucoup plus clairement juvénile et éphébique. Sur le col d'un cratère de Dunedin 4 s figurent les préparatifs de quatre cavaliers; ils sont en chiton court et chlamyde, .sauf le second cavalier à gauche, nu et déjà monté. Les deux cavaliers de droite por· tent un bonDet scythe. Aucune arme n'apparaît dans la scène; l'espace est marqué par un arbre et une borne: ce dernier élémen t indique clairement la palestre, li eu de l'activité éphébique. L'image est sa ns am biguïté; il s'agit bien d'un exercice gymnique et les jeunes gens, marqués comme scythes, sont présentés comme des athlètes. On retrouve ce même aspect athlétique et éphébique, dans un contexte différent, sur une co upe du Vatican 46 : Thésée, héros juvénile par excellence, lutte con tre le taureau de Marathon, sous le regard d'Athéna à gauche; à droite un jeune homme nu. à pied, menant un cheval, est armé d'une peltè que décore une perdrix. Ce compagnon de Thésée est ici figuré comme le jeune éphèbe cavalier et peltaste, équipé pour combattr~ dans les zones de confins où Thésée accompli t ses exploits. Sa présence dédouble et renforce le caractère du héros éphé· bique par excellence qu'est Thésée. Les autres représentations de cavaliers juvéniles sont plus claire· ment mises en rapport avec la guerre, bien que ce ne soient pas des
Pour ce type d'exercice, cf.: 6. Paris BN 243, amphore FN; CV 2 (10) pl. 88 (474). et l'article de J. D. Beazley, cTwo swords, two shields:., BA.lh.sch 14, 1939, p. 4·14. 45 Dunedin E 56.6.; Catalogue C 17. 06 Rome. Vatican SOS ; A.RV2 35 1 (4); Ca1alogue P 127.
206
L 'AUTRE GUERRŒR
LBS CAVALIERS D'ATH1!NES
207
scènes de combat, mais de préparatifs ou de défilés. Il s'agit d'un ensemble de coupesH, toutes archaïques, dont on peut rete nir les traits sui van ts: ces cavaliers son t nus, généralement casqués, armés d'une peltè; ils porten t parfois un bonnet scythe au lieu du casq ue 41 • Chacune de ces images, en associant diverses variantes parmi les types de guerriers possibles, met en place des polarités et des oppositions qui, semble-t-il, forment système, autour de la figure de l'éphèbe menant la
Fig. tt6
guerre: ':> Sur une coupe de la collection Bareiss~ 9 fi gurent q uatre guerriers nus, en bonnet scythe. Deux d'entre eux ont un bouclier rond, les deux autres une peltè. Seuls les peltastes mènent des chevaux. Ainsi, à J',intérieur du gro upe marginal que sont ces jeunes Scythes, s'opposent les fantassins porteurs de boucliers aux peltastes cavaliers. Sur un e coupe de New York 5°, les catégories opposées sont différentes : à l'intérieur un Scythe en costume ajusté, avec peltè, mène un cheval. A l'extérieur, quatre jeunes gens mènent aussi des cheva ux ; ils sont nu s et couronnés, l'un d'eux tient un kentron . Id ce sont les deux activités possibles autour du cheval qui sont opposées: la guerre à l'intérieur, Je concours athlétique, qu'indique la couronne, à l'extéri eu r. Sur une coupe de Montauban 51 , autre opposition : on y voit une scène de départ où figurent deux types distincts de cavaliers; à droite de c haque revers, menant un cheval, un jeune peltaste nu, coiffé d'un bonnet scythe, identique à celui qui, monté, occupe le médaillon central ; à gauche, sur chaque rever s, menant également un cheval, de ux guerriers nus, casqués, en cnémides, tenant un bouclier. Tous les per· sonnages sont ici cavaliers, dans la nudité éphébique, et l'opposition joue uniquement sur les . signes: bonnet + peltè 1 casque + bouclier rond. Les deux r evers de la coupe G 4bis du Louvresl offrent une association équivalen te mais plus complexe: sur une face défilen t en alternance de jeunes peltastes montés, en chlamyde, coiffés de bonnets sCythes et des hoplites à pied, armés de lances, coiffés d'un curieux casq ue
Catalogue P Ill à P 11 6. u Casquê sur P Il l ; bonnet scythe sur P 112-P 116. ' Catalogue P 114. JO Catalogue P 11 2. u Catalogue P Il l. n Catalogue P 11 6.
41
4
1
L'AUTRE GUERRIER
208
à queue de chevaJ5 Ce casque ne fait pas d'eux des guerriers tout à fait «canoniques», mais l'opposition hoplite/cavalier est claire. On notera également ici le caractère érotique de certains épisèmes des peltès: phallus ou coq 5 ~- à mettre en rapport avec l'éphébie. Si l'on observe l'autre face de cette coupe, on rencontre une autre mise en place du rapport entre jeunes gens et chevaux : quatre éphèbes nus, sans armes, s'affairent autout de chevaux attachés à des anneaux. L'absence d 'arme incite à croire qu'il s'agit de préparatifs athlétiques. Ainsi, sur cette coupe, les jeunes gens ont-ils un double rôle d'athlète et de guerrier non hoplitique, que l'imagerie, alternativement, associe ou oppose. C'est, me semble-t-il, de la même façon que l'on peut analyser une coupe de Düsseldorf5s. Sur la face A, à gauche, un cavalier casqué, partant une peltè, s'apprête à prendre congé d'un adulte qui se tient devant son cheval. A droite de l'image, un autre personnage salue un cavalier en chlamyde. Au centre, un ensemble d'éléments spatialisateurs- un arbre devant lequel se trouve un louterion -, qui marque à la fois un espace extérieur et palestrique. L'inscription KUÀÔÇ qui se lit sur la vasque renvoie à la beauté des athlètes et des jeunes guerrierss6. La face B vient confirmer ce jeu entre guerre éphébique et érotique: entre deux cavaliers, peltastes et casqués, un jeune homme nu est en train de s'armer; il met sa cnémide, selon le schéma que nous avons analysé à propos des hoplites 57 . Toutefois, devant lui, au lieu de la femme porteuse d'armes se tient un autre jeune homme, couronné, en manteau, appuyé sur son bâton. Il ne tend pas d'arme, casque ou bouclier,.mais une fleur : exaltation de la beauté dans une relation pédérastique carac-
LES CAVALIERS D'ATH.i1.NES
209
3•
Fig. 111
53 Sur ce type de casque, cf. B. Schroeder, -x Thrakische Helme ;,, Jdl27, 1912, p. 317344, et comparer avec: 1. Berlin 4982.19, coupe FR; ARV2 860 (5); Catalogue C 96. 2. Paris, BN 260, olpè FN; ABV 378 (253). Sur cette olpê, le casque porté par une femme ailée, s'il est bien de type non grec, la désignerait comme Eos portant Je corps de Memnon, et non comme une Athéna (voir l'hésitation de Boardman, ABFH fig. 207). 14 Cf. chapitre VII, note 1 L 11 Catalogue P 125 . 16 Sur ce jeu du louterion en rapport avec la beauté, cf. J.-L. DW"and, F. Lissarrague, ~un lieu d'image? L'espace du louterion », in Arts et légendes d'espace, Ch. Jacob, F. Lestringant êd., Paris 1981, p. 143-144. ~7 Supra, chapitre II.
téristique des cadres de l'éphébie et de l'éducation des jeunes 5 8 . Ainsi, au centre de chaque revers, le louterion qui dit la beauté des jeunes gens ou l'amant offrant une fleur relient clairement les deux sphères de la guerre et de l'érotique. Cela n'est possible qu'au point d'articulation des deux domaines, a4tour de la figure de l'éphèbe dont on obs.ervera qu'il est, dans cet ensemble, parfois marqué du bonnet scythe
13 Il n'existe pas à ma connaissance d'étude précise sur cette question. Les exemples sont fort nombreux et mériteraient une analyse détaillée; voici une liste, presque au hasard, d'exemples à figures rouges: 1. Berlin 2159, amphore FR; A:RV2 3 (1). 2. Londres E 158, amphore-FR; ARV2 54 (4). 3. Tarquinia RC 6848, coupe FR; ARV2 60 (66). 4. Paris, Louvre G 10, coupe FR•; ARV2 83 (3). 5. Berlin 2779, coupe FR; A:RV2 115 (2). 6. Rome, Villa Giulia 50590, cratère FR; ARV2 162 (5). 7. Palerme V 699, lécythe FR; ARV2 211 (188). 8. Cleveland 66.114, lécythe F. bl.; Para 376 (266bis). 9. Berlin 2291, coupe FR ; ARV2 459 (4). 10. Rome, Vatican, stamnos FR; ARV2 484 (21). Il. Munich 2413, stamnos FR; ARV2 495 (1).
Z10
LBS CAVALIERS D'ATHÈNES
L'AUTRE GUERRIER
211
mais le plus souvent peltaste, tout comme les éphèbes de la sé rie des tasses du Peintre de Ber lin 2268 auquel on attribue a ussi certaines ima-
ges de cet ensemble". 11 faut sa ns doute rapprocher de ce contexte une aut re tasse du même pein tre 60 où figurent, de part et d 'aUlre d'un lo uterion, deux chevaux que personne ne guide. Celui de droite, en guise de tête, a un long phallus : ce bricolage iconographique marque cla irement le lien entre la palestre, l'érotiq ue et la pratique équestre ; d' une certaine faço n, le cheval-phallus est ici substitut de l'éphèbe, cavalier érotique. On voit ainsi co mment, dans cet ensemble, les imagiets construisent diverses scénographies à partir d'une série d'écarts hopli te/peltaste, piéton/cavalier, guerrier/athlète, à l'intérieur d'un cadre où ces ca tégories peuvent jouer en se combinant autour du carac tère juvénile des éphèbes: Je jeune est à la fois le partenaire érotique, l'a thlète, le guerrier non encore pleinement hoplite. Toutefois, pour exprimer ces valeurs et indiq uer le caractère marginal des jeunes cavaliers, l'i magerie a beaucoup plus souven t recours à un autre ensemble de signes qui fait d'eux des cava li er s de type thr ace; aussi orienterons-nous vers ces séries notre parcours d' images.
FIGURES DU TH RACB
J 'ai déjà eu l'occasion, en analysan t les représentations d'archers nus et de peltastes 61 de définir le costume thrace, tel que le décrit, entre autres, Xénophon. Ce type de vêtem ent est très nettement marqué d ans son caractère thrace, et il ne fait pas de doute q u'il est souvent employé co mme tel par les imagiers. Sans enrrer da ns une a nalyse exha ustive de cet aspect du répertoire, je voudrais ici, à partir de quelques docum ents caractéristiques, préciser certains faits. C'est bien évidemment l'auditoire d'Orphée 62 qui nous four nira les
""Ainsi la coupe de New York 06.1021.170 ; Catalogue P l l2. 60Berlin 2320, ARV2 157 (84); cf. Durand, Lissarrague, op. cit. (note 56), fig.27, p. 141. 1 1 Ci·dessus, chapitre VI, note 20. 61 Sur l'iconoaraphie d'Or phée, voi r M . Schoeller, llimtellunge11 des Orpheus in der Antike, Fri bourg 1969; B. R. Panyagua, La figura de Orfeo e11 el a rte griego y romano, Sala·
liS
meilleurs exemples. L'analyse que A. Furtwângler a donnée du cratère de Berlin 61 3 établi de façon rigoureuse la typologie et la terminologie de ce costume : a lopekis, zeira , em bades. Les guerr iers thraces qui écoutent Orphée son! neuement m arq ués dans leur ca ractère barbare sur bon nombre d'images. Il est !coniquement essentiel qu'ils soien t ainsi désignés com me ba rbares afin que soit mise en valeu r la puissa nce du chan t d'Orphée qui cha rme à la fois le monde anima l e t sauvage. Un tel vêtement es t évidemment masc ulin. Les femmes thraces, dans la série des images d'O rphée, o ù elles interviennent pour le mettre à mort, sont marq uées par d'autres signes : les «armes» qu'e lles ut ili· sent, et parfois des tatouages6.
Fir. 130
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L'AUTRE GUERRIER
fortuit ou insignifiant; t'image indique, de façon exceptionnelle il est vrai, que l'hoplite est ici le citoyen et le héros. Ce passage de l'un à l'autre paraît constant dans l'imagerie archaïque. La lecture épique est parfois imposée par des inscriptions ; souvent elle deme ure implicite, permettant à l'ima ge de fonctionner sur un double registre, puisqu'elle fait du guerrier hoplitique le citoyen d'Athènes et le héros de l'épopée. A la fin du Vl8 siècle, au moment où les poèmes homériques se fixent définitivement, où la mémoire épique devient objet d'apprentissage et où la production poétique fonctionne de façon répétitive, il n'est plus
CATALOGUE
possible de dire la gloire des héros, sauf, comme le fait l'oraison funê· bre, en renvoyant une fois pour toutes à ce passé glorieux et perdu. Cette contradiction entre la nécessité de dire la gloire des héros corn· battants et l'arrêt de la production épique, l'image la résout à sa maniè· re. Ell e prend d'une certaine façon le relais de la parole poétique pour dire la gloire, le kleos des guerriers; elle est, à travers la représentation, mise à distance et renvoi toujours possible au mythe, à l'épopée. Cette imagerie ainsi conçue est étroitement liée à une idéologie aristocratique. On la retrouve, diversement mise en œuvre, dans les représentations â figures rouges de cavaliers où jouent la richesse des vêtements, l'écla t des montures autour desquelles les gestes s'organi· sent, la beauté des cavaliers. Les inscriptions acc1amatoires, répétant inlassablement kalos, s'adressent, à travers l'image, aux p lus bea ux des jeunes gens parmi les cercles aristocratiq ues de l'Athènes arch.SOS
amphoreFN:A4 13.
48: A253bis. SAN fRANCISCO, Legion of Honour
43 : A370.
GBN~VB
lécythe F N: A3 10; skyph os FR: P29.
Art M useum
BARI, Chini
Brutl.IN, flelff elich amphore FN : A306. BOLLJNGBN, Bla tt c.r
cratère FN : A237bis. VIENNE, K unsthistorischesmuseum 1922 : PSO; 2149: A577 ; 3618 : A282; IV 1002 : A408; amphore FN: A374; amp hore FN : A424. WJSBECH
coupe FR : A448. ATUSNHS, lolas amp hore PN : AII4/A279. ATHéNHS, Kanellopoulos am phore FN : A386. ATH8NBS, Roussas amphore FN: A534. BALE, Cahn fiC 101: Pl9; HC 110 : C6Sbis ; HC 133: C34 ; HC 159 : P41; HC 644 : C50; HC 67 1 : C34bis ; HC 699 : P49bis; HC 744 : P11 6bis ; HC 1684: P89bis!Pit lbis; HC 1684 : A605ter; cratère F N: A664 ; coupe FR : A3 14.
31 1
BALB, Niggl i h ydrie FN :,C25.
V ICO EQURNSI!
WtlRZBURG
TARQUINIA
TH 9BBS
SülOTtlRACE
104
32: P26. STOCKHOLU
lécythe FN: A333.
crattre FN: A227; cratère FN: A330; dinos F N: A193.
V6:
138539 : A38 1; 1479!5!5 : C32; 198042 : A401 ; 142345 : A308; ex"Go!Ùchow, amphore PN: AIO; ex-Cracovie, a mphore FN: A388; ex-Binenta l, cratèr e FN : A368; coupe PN: P32.
TER MINI
SALERNE
SAN ANTO NIO,
INDEX DHS VASES CITËS DANS LE CATALOGU E! VARSOVŒ
SozoPOL
Piêridès amp hore FN : A376bis.
MADRID, Salama n ca
lécythe FN : A338bls. MAPt..BWOOD, Noble
oenochoé FN : A522. M ONTBCITO, Brundage amphore F N: A29 J. NAPL.BS, R agusa
lécythe FN : A348. UPON TYNE, Sbefto11 coupe FR : A1 43. NEW YORK, Schimmel N BWCAS'rl.E
56: A336. N EW YORK, VogeJ
stamnos FN : A243.
312
L'AUTRE GUERRIER
NORTHWICK, Spencer-Churchill
hydrie FN: A22. PARIS, Béhague
dinos FN : A256bis. PARIS, Engel-Gros
kyathos PN: A563. PARtS, Pozzi
amphore FN: A109. ROMB, Curti us
coupe FR : A609. SMNT-PBTE!RSBOURG (USA), lemonopoulos amphore FN: A407. SAN ANTONIO, Denman amphore FN: A318bis. STOCKHOLM, Throne Holst coupe FR: A6ll. ZURICH, Buehrle amphore FN: A423. ÀLLBMACNB
coupe FR: Pll2bis. Sursss olpè FN : C23; cou pe FR : ASI7.
P.ns·BAs lécythe FN: A435. USA
amphore FN: A538.
VASES DANS LE COMMERCE (NB: beaucoup d'objets circulent, en particulier en1re W le, Londres cl New York ; f l\1 tenté d'hlte r le~~ doublons, sans ~Ire sOr d'y avoir !OUjOUI'$~USSi).
AMSTIIROAM, Shulman lécythe FN: A430/P123. BALB, Münzen und Medaillen Vente 11,326 : A103; - 16,99: A277; 16,104: A365;- 18,85: A479; - 22,159: A623;- 34,129 : A519; - 34,136: A280; - 40,84 : A566; - 51,128 : A369; !U, I51 : A559 ; - 56,74 : A75;- 56,93: A62I: - 56,94: ASOO:- 60,28: A603; 63,18 : A28bis; Liste Ill, 28 : A637bis; R, 27: A565; - R, 31: CS; hors cat. lécythe FN : A216bis; - lécythe FN:
C16; - coupe PR: AS78bis; - coupe FR : A440/AS82/C40 B.i..LE, Palladion 1976,24: P97. BEVERLEY HILLS, Summa GalJeries amphore FN: AISO. FRIBOURG, Puhze 1979,61: Al4 ; 1979,64: A93; Cal. 2,116 : Al83/A272. GENHVE, Koutoulakis amphore FN : A73. GBNi!VE, Christie's 5/ 5/ 1979,56 : A527; 5/5/1979,62: A553bis. LONDRES, Chartes Ede 12/111976,22 : A91. LoNDRES, Christie's 6/lZ/1972,262 : A34bis ; 31/5/1979,322 : Pl26; 26/11/ 1980.303 : A137; 20/5/1981,279 : A236bis; 7/1986,118: Al3Sbis/Al41 bis. LoNDRES, Sotheby's 5/ 3/1962,93 : A385; 2412/1964,98 : CS; 26/ 11/ 1968,133 : A40: 7/ 12/1973,39: Pll9 ; lln/1977,325 : CJS; t0/4/1978,216: At72; l!'in/1980,154 : CS; 6/5/1982,432 : P44; 5n/t982,342: A242; 2115/ 1984,378 : A531. LUCERNE, Ars Antiqua 2/5/ 1959,103 : A80; 2/5/1980,101: A412; 14/5/1960,138: A493; 14/ 5/ 1960, 140 : Al64; 14/5/1 960,141 : A326; 1415/ 1960,149 : A414; 7/ 12/1962, 133 : ASSI ; amphore PN : A42 ; amphore FN: A287. LUCBRNB, Vente Trau 73: A228. LUCERNE coupe FR : Pl4. MILAN, Finarte 13/3/1963,60 : ASS. NEW YoRK, Sotheb'y. 9/ 12/1981 ,199 : A20 ; 20/5/1982,91: A20; 2/1211982,323 : A369bis. NEW YoRK amphore PN: AllO. PARIS, Samarcande cratère FN: A416.
I NDEX DES VASSS
CITI~S
Vente M.E. 6/1 904,246 : PIS. PHILADIU.J'HIB, Hesperia Art XIV, 3 : Pl08; 16,97: P8 ; 21,273: A99; 33, A!5 : A313; 37, A7 : A422. ROM E, Bassegio amphore PN: A351; coupe FN: A478. RoME, Depoletti coupe FR : A646bis; coupe FR : P86. P ARIS,
DANS LI! CATALOGUa
RoME
amphor;e FN : A515. Mikazuki œnochoé: A39. Zl.IRICH, A. Emmerich 1975,12: PSbis. Zl.IRICH, Fortuna 1981,23 : A436.
TOKYO,
313
1 1 BIBLIOGRAPHIE 1
1
La présente bibliographie est sélective; les rubriques retenues par commodité n'excluent pas certaines interff:rences de l'une à l'autre. On n'a pas repris toutes les publications de céramique ; on les trouvera dans les indices de Beazley (AB V, ARV2, Paralipomena), que l'on complétera avec le Répertoire d~ Vases peints de S. Reinach {vol. U, p. 366· 387) pour les publications antérieures â 1900 et les Beaûey Adden4a (L. Burn et R. Glynn ed., Oxford 1982, p. XIX-XXVI) pour la littérat ure postérieure à 1968. Les abréviations utilisées pour les périodiques sont celles -de l'Année philologique.
ABRÉVIATIONS
1 1
ABFH: BoARDMAN, J., Atheniatt Black-figure Vases, Londres 1974. ABL; HASPSLS, C. H . E., Attic Black-figured Ukythoi, Paris 1936.
ABV; BRAZLBY, J. D., Allie Black-figure V~-pllinters, Oxford 1956. ARFH : BoARDMAN, J., Athenian Red-figure Vases: the arcMic period, Londres 1975. ARV2: BBAZLBY, J. D., Attic Red-figure Vase-pointers, 2• ëd., Oxford 1963. CV: BBAZLEY, J. D., Corpus Vasorum Antiquorum, Paris 1922, etc. GHS: ScHBFOLD, K., GO/ter und Heldensagen det GriescM.n in der splJtarclulischen Kun$1, Munich 1978. LIMC : SCHBFOLD, K., Lexicon lconographicum Mythologiae Classicae,l, Zuric_h 1981. Para: BBAZLBY, J . D., Paralipomena additions to ABV and ARV2, Oxford 1971. RVP : REINACH, S., Répertoire des vases peints grecs et étrusques , 2 vol., Paris 1899-1900. VA: POTTIER, E., Vases antiques du Louvre, 2 vol., Paris 1897-1922. VL3: BROMMI!R, F., Vasènlisten zur griechischen Heldensoge. 3• éd., Marbourg 1973.
ICONOGRAPHIE
BBAZLBY, J. D. et CASKBY, L. D., Allie Vase paintings in the Museum of Fine Arts, Boston , 3 vol., Oxford 1931-1963. Bil:RARD, C., Anodoi, essoi sur l'imagerie des passages chthoniens, Neuchâtell974. CoA.R.ELLI, F. (éd.), Artisti e ortigiani in Grecia; guida storica e crilica, Bari l980. DUGAS, Ch., Recueil Ch. Dugas, Paris 1960. Gi!RICKB, H., Geftissdarstellungen auf griechischen Vasen, Berlin 1970. HBYDEMANN, H ., ' Heroisier te Genrebilder auf bemalter Vasen • , Commentationes Philolo-gae in h