Kinshasa Ville et Environnement
Espace Harmattan Kinshasa Dirigé par Léon Matangila (Kinshasa) et Eddie Tambwe (Paris)
Dernières parutions
E. P. NGOMA-BINDA, 2008.
Justice transitionnelle
en R. D. Congo,
A. MULUMA MUNANGA G.T., Sociologie générale africaine, 2008. D. BAMUENE SOLO, Le VIH/SIDA : Incapacité ou chef de nullité canonique ?, 2008.
et
matrimoniale
P. BIYOY A MAKUTU, Pari d'une transition apaisée en République démocratique du Congo, 2008. S. MBUY AMBA MUSUNGAI, Les années MOBUTU et les vérités historiques, Tomes I et II, 2007. Charles Wola Bangala, Entrer dans la troisième république, 2007. Marie-Madeleine Mwifi Bodibatu, L'avènement du leader constructeur du Congo Démocratique, 2007. Y' Ambayamba Kasongo-Mwema, Enjeux et publics de la télévision en République démocratique du Congo (1990-2005), 2007. Emmanuel Kabongo RDCongo, 2007.
Malu,
Epurations
ethniques
en
Francis Lelo Nzuzi
Kinshasa Ville et Environnement
Priface LÉON DE SAINT MOULIN S.].
L'Harll1attan
Photo de couverture Quartier Grand-Monde à Kingabwa-Pêcheurs/Kinshasa (photo Gbua Mbeli, 2005)
@ L'Harmattan, 2008 5-7, rue de l'Ecole polytechnique; 75005 http://www.1ibrairieharmattan.com
[email protected] harmattan
[email protected] ISBN: 978-2-296-06080-7 E~:9782296060807
Paris
Remerciements
C
ET OUVRAGEest devenu effectif grâce aux observations de plusieurs personnes qui ont lu soit un des chapitres, soit tous les textes. Le principe arrêté était de faire lire d'abord les textes par les fonctionnaires des services techniques de l'Etat parce qu'ils sont technocrates-praticiens et ensuite par les universitaires parce qu'ils sont théoriciens-concepteurs. Qu'ils trouvent ici l'expression de nos sincères remerciements. Ces lecteurs sont nombreux. Les fonctionnaires sont Nseka François (géographe-aménagiste et directeur au Bureau d'études d'aménagement et d'urbanisme) pour le 2(' chapitre; Mabiala Jérôme et Zasy Germain (ingénieurs forestiers et directeurs au Service permanent d'inventaire et d'aménagement forestier) pour le 3(' chapitre; Tuluenga David et Omakoy Damas (ingénieurs en bâtiments et travaux publics et directeurs à l'Office de voirie et drainage) pour le 4(' chapitre; Kipoy Ngiam (géographe-aménagiste-hydrologue et directeur à la Régie des voies fluviales) pour le 5(' chapitre et Ngoyi Mbele Evariste (ingénieur d'assainissement et directeur du Programme national d'assainissement) pour le 6(' chapitre. Les universitaires sont Tsambu Léon (sociologue, chef de travaux à l'université de Kinshasa) et Mukendi Martin (philosophe, professeur à
l'Université pédagogique nationale) pour le 1 chapitre; ('r
Mansila Fukiau
Shourit (géographe-aménagiste, professeur à l'Institut supérieur pédagogique de la Gombe) pour le 2 50000 hab/Km1 Limite commune o
~
~
m
-
..
15 Matete 16.Ndjm 17.Kisenso Source: Monogl'aphfe de Kin.shasa (2004) Echelle: 1/280.000
Conclusion
La naissance des quartiers de Kinshasa n'a pas, dans tout les cas, suivi la rationalité dans l'occupation de l'espace. Ceux qui sont nés avant l'Indépendance répondent aux normes urbanistiques. Ce qui n'est pas le cas pour tous les quartiers créés spontanément après la colonisation. Avec la poussée de la population à intégrer dans l'espace urbain dont les bons emplacements se font rares, les établissements humains ne respectent plus les normes de l'aménagement urbain. Les Kinois s'établissent sur des sites topographiques non constructibles comme les pentes vertigineuses et les
70
vallées marécageuses difficilement aménageables. L'implantation de certaines infrastructures dans l'espace urbain suit aussi la même logique. Elles sont présentes là où il est facile de les construire. La conséquence est que la ville facilement urbanisable, comme dans la plaine, accueille les équipements et les autres quartiers collinaires et marécageux en sont dépourvus. Ce qui donne l'impression de vivre un urbanisme ségrégatif à double vitesse.
71
Chapitre 3
Croissance spatiale et déboisement
L
E CHAPITRE
urbain
montre l'impact de la croissance spatiale et urbaine sur la
forêt. En effet, l'augmentation de la population urbaine, l'urbanisation anarchique et la pauvreté poussent les Kinois à déboiser anarchiquement le couvert végétal urbain et périphérique. Malgré cela, il n'y a ni volonté politique, ni pouvoir économique pour reconstituer ces ressources naturelles, alors que la richesse de cette ville devait aussi provenir de sa forêt. Le chapitre compte six points. Le premier fait le lien entre l'urbanisation et le déboisement urbain. Le second établit la relation qu'il y a entre le manque d'électricité et le recul de la forêt urbaine. Le troisième fait aussi le rapprochement entre l'agriculture urbaine et le déboisement urbain. La quatrième analyse le taux de déboisement urbain. Le cinquième présente le reboisement périurbain. Le sixième fait observer que la politique de reforestation de Kinshasa est géographiquement déséquilibrée.
3.1 . L'urbanisation et le déboisement urbain Les projections démographiques de l'hôtel de Ville de Kinshasa (2007) estiment qu'en 2037, la ville comptera plus de 20 millions d'habitants lorsque la RDCongo en aura 100 millions. Elles évaluent le taux de croissance annuelle de la capitale à 5% dont 4,5% d'accroissement naturel et 0,5% de solde migratoire depuis le déclenchement successif des guerres à l'est. Mais déjà aujourd'hui, avec 8,2 millions d'habitantsS8 en 2007,
58 De Saint-Moulin
(2007).
73
Kinshasa est une mégapole qui colonise rapidement les zones rurales et détruit les écosystèmes forestiers. Autour de la ville, plusieurs hectares de forêts disparaissent chaque année avec le déboisement urbain. Et pourtant, Kinshasa n'a pas été construite sur un site de forêt luxuriante. Elle a plutôt une localisation géographique proche de l'océan Atlantique qui lui fait subir l'influence du courant froid de Benguela et qui est à l'origine de la végétation de la savane arborée: forêt intermédiaire entre le type guinéen et zambézien (de Maximy, 1975). La mosaïque forêt-savane, en état de dégradation très avancée, due notamment à la croissance rapide du bâti, c'est-à-dire de l'habitat, repousse les quelques vestiges forestiers jusqu'au plateau du Kwango.
Tableau 8 Progression annuelle de l'habitat
Année 1884 1930 1950 1957 1960 1967 1968 1975 1981 1998
Population 5000 39 950 201 905 378 628 476 819 864 284 939 317 1 679 091 2 567 166 4 131 845
Superficie en ha 115 1500 2331 5512 4100 9400 12 863 17 922 20 160 59 000
Source: BEAU (1975), BouteJ. et de Saint-Moulin Mbumba (1982), Pnud/Habitat (2000)
Densité hab./ha 43,5 26,6 86,6 68,7 116,0 91,9 73,0 93,6 127,3 70,3 (1978), BouteJ.
(1980),
Le tableau n° 8 montre que l'urbanisation est rapide et par conséquent fait subir une pression démographique sur la forêt. La croissance de la population urbaine est manifeste dans les années 70 : 8,5°/0 en 1976
74
avec
une
croissance
spatiale
de
9%
par
an59
et
une
consommation
importante de forêt parce que le site bâti de Kinshasa est passé de 115 ha en 1884 à 59 000 ha en 1998. En tout cas, une explosion urbaine d'une telle envergure ne s'effectue pas sans laisser de traces sur le couvert végétal. La forêt climacique laisse ainsi donc la place à des formations de remplacement comme les savanes boisées (Mosengo, 1996). Le déboisement a débuté lentement mais d'une façon continue dès la fin du XIXc siècle, à l'arrivée du rail en 1898. Le petit poste de Léopoldville se transforme mais demeure encore un archipel de petits villages disséminés dans la plaine alluviale. Sa mutation en une porte d'entrée et de sortie du territoire national marque le début de la croissance spatiale effrénée. Rapidement, la ville se transforme en un haut lieu de convergence et d'échange, c'est-à-dire en un important point de rupture de charge entre la navigation fluviale et les transports terrestres ouvrant, ainsi le débouché vers la mer. Les témoignages de l'article 'de Nshasa à Kinshasa' (hôtel de Ville de Kinshasa, 2007) indiquent à cette époque la présence d'innombrables baobabs et borassus. Il a fallu donc déboiser à Kintambo pour construire les toutes premières infrastructures6o, les bungalows sur pilotis pour Européens61 et les cases en pisé et en briques adobes pour les populations indigènes. Plus au sud vivent entre 12 000 et 13 000 Kinois, en 1914, dans ce qu'on nomme la 'Cité africaine' sous l'appellation de Kinshasa. Le déboisement de Kintambo n'inquiète pas, d'autant plus qu'il s'effectue dans un périmètre très circonscrit. Mais quelques années plus tard, la ville va vite déborder de son 'site d'origine' : d'abord en 1920, après la réunification de Léopoldville et de Kinshasa en une seule circonscription urbaine, sous l'appellation de Léopoldville, pour le transfert de la capitale de Borna à Léopoldville décidé en 1923. Il faut encore déboiser pour construire les grandes infrastructures et les habitations appelées à accueillir les 2500 Européens et plus de 30 000 Congolais (hôtel de Ville de Kinshasa, op.cit.). En 1929, Kinshasa n'est qu'une petite bourgade: Kintambo, Gombe, Kinshasa, Barumbu et Lingwala. Comme les Européens et les Mricains ne peuvent pas cohabiter, le plan d'urbanisme conçoit un habitat séparé, mais avec comme conséquence la grande consommation de l'espace urbain, donc le recul du tapis végétal. En effet, plusieurs km2 sont affectés à des coupures physiques pour séparer les deux habitats par une zone neutre. L'administration coloniale implante 5.9 République française, ministère des Transports, Centre d'études des transports urbains (1982), manuel d'urbanisme pour les pays en développement, vo1.4. « Les transports urbains », 344 p. 60 La mission Arthington de l'Eglise baptiste et le Livingstone Inland Congo Mission, l'église Saint-Léopold, le chantier naval, etc. 6/ Dont 112 travaillaient au port en 1907.
75
dans cette zone tampon des camps militaires, des infrastructures commerciales, scolaires, médicales, ludiques62, socioculturelles et le chemin de fer (carte n07). A titre d'exemple, le grand hôpital général de Kinshasa, avec une capacité de 2000 lits, est construit dans cette zone de 'no man's land' entre la commune de la Gambe (cité européenne) et la commune de Lingwala (cité africaine).
Carte n° 7
La trame
via ire du secteur
Nord de Kinshasa
en 1960
Légende
..
Rivière Edifice public de fel' 'N'Chemin ,".
"
Echelle: 1/200.000
Â
Malgré cela, la végétation est encore perceptible dans le tissu urbain. Le couvert végétal se répartit presque équitablement dans la ville. Les collines et leurs vallées humides sont encore couvertes de vastes forêts secondaires et galeries comme celles de Lukunga, de Mont-Ngafula à l'usine de pompage de la Regideso, de Mampeza à Djelo-Mbinza, de Matete, de Lukaya et de Makelele. Tous ces sites conservent encore leur bois. Ce sont en fait des mosaïques de résidus forestiers et de savanes arbustives qui couvrent les collines. Dans les plaines de l'Est, les forêts galeries sont encore présentes dans les vallées comme celles de la Ndjili ; et plus loin à l'extrême est, les savanes arbustives et herbeuses subsistent aussi face à l'influence urbaine. La forêt de borasses et de raphias est aussi visible dans les zones marécageuses du fleuve. 62 Marché central, hôpital général, jardins botaniques le golf, les écoles, etc.
76
et zoologiques,
cimetières de la Gombe,
Est également visible un cordon de sécurité alimentaire: la ceinture verte. Elle entoure la ville et englobe les forêts galeries parce qu'elle s'implante principalement dans les fonds des vallées des grands cours d'eau pour leurs sols riches en humus et mieux drainés que ceux des interfluves. Ces vallées maraîchères63 et fermes s'étalent dans un rayon de 20 à 25 km autour de la ville. Leurs superficies varient suivant les sites. Le site maraîcher le plus important est celui de Ndjili à l'est de la ville. Enfin, la ceinture verte approvisionne la ville en viande porcine, fruits et légumes. Kinshasa est donc, en 1950, une petite et coquette ville de 201 905 habitants sur 2331 ha. Mais, déjà l'administration coloniale ambitionne d'en faire une métropole de la sous-région d'Mrique centrale. Elle voit tout en grand et dote la ville d'imposants équipements64 qui consomment encore quelques espaces. Le couvert végétal a été touché non seulement avec l'implantation de la zone tampon, mais aussi avec la mise en œuvre, dès 1950, du plan d'urbanisme qui implante vers l'est les quartiers africains. Au lendemain de la seconde guerre mondiale, l'administration coloniale crée trois nouvelles cités: Kasa- Vubu, Ngiri-Ngiri et partiellement Kalamu. Le grand stigmate que porte la ville, à cause de cette croissance spatiale, est la disparition de la forêt climacique dans l'hinterland immédiat de la ville. Cela a des conséquences sur la consommation de l'espace bâti qui atteint 5 5 12 hectares (Nzofo, 2002) en 1957 avec 389 547 habitants en 1958 (Léon de SaintMoulin, 2001). Entre 1954 et 1960, Matete, Bandalungwa, Kintambo, Lemba, Ndjili et Kalamu voient le jour dans le tissu urbain. La ville n'a que onze communes en 1959, mais elle devient spacieuse. Ces forêts qui formaient la ceinture verte de la ville commencent à être touchées par les cultures périurbaines, comme la colline Joli Parc, les périphéries des nouvelles cités indigènes (Ngiri-Ngiri) et des nouvelles cités planifiées indigènes (Lemba, Matete, Ndjili). Les forêts galeries secondaires ne sont pas non plus épargnées, comme celles de la vallée de Basoko entre Ngiri-Ngiri et Bandalungwa, de Bumbu et de Ndjili qui commencent à se dégrader petit à petit (carte n08). Au-delà de la ceinture verte, la seconde couronne d'habitat comprend les villages agricoles dont Kinkole, Nsele, Kimpoko sur la route nationale n° 1 à l'est65, en direction de la province de Bandundu. Elle compte aussi d'autres villages agricoles dont Matadi-Kibala, Mbenseke-Mfuti, Mitendi sur la même route nationale n° 1 à l'ouest66, en direction de la 63 Funa, Ndjili-Brasserie,
Lemba Imbu, Kimbanseke,
etc. 6-1Ecoles, hôpitaux, bâtiments administratifs, 65 La route vers la ville de Kikwit. 66La route vers la ville de Matadi.
Tadi, Tshanga,
port, aéroport
77
Mangu,
(piste de 5 km), etc.
Mokali, Bona,
province du Bas-Congo. La construction de la nationale n° 1 à l'est contribue à orienter l'extension de la direction urbaine. Et comme cette expansion n'est pas ordonnée, l'anarchie s'installe rapidement avec le rapprochement de plusieurs villages le long de la route. Or, il est connu que les établissements humains anarchiques comportent toujours beaucoup d'inconvénients. Chacun construit sa maison à sa manière, comme il l'entend. La population organise l'espace comme en milieu rural. La ville connaît un développement spontané de villages, en chapelet, le long de cette route. Et ce sont les bosquets situés le long de cet axe routier qui subissent en premier lieu les effets pervers de l'implantation de ces 'villages-rues' parce que l'une des activités principales de ces Kinois reste la production de denrées agricoles, de bois de chauffe, de charbon de bois, de bois de construction et d'artisanat, etc.
Carte n° 8
La zone urbanisée de Kinshasa en 1969
COltgo
Fleuve
À N$ele
~a 1. Gambe 2. Lingwala 3. Kinshasa 4.Barumbu 5. Kintambo
6. Bumbu 7. Selembao 8. Lemba 9.8andalungwa
Légende Vers Maluku
O.Ngaba11 . Kas 12.
o
Limite communale ([]I Zone urbanisée
a,.. Vubu
Ngirî,..N
9 hi
13 Kalamu 14 Makala 15. Matete 15. Ndji/i 11. Kisenso Source:Delb8rf,
V. (2000)
Echelle: 1/280.000
L'afflux démographique lié à l'exode rural, dû d'abord au rejet, par les ruraux, des contraintes de l'administration coloniale sur leur migration à Kinshasa et ensui te à la guerre civile qui sévit à I'in térieur du pays, en traîne une crise du logement en ville. Selembao, Makala, Bumbu, Ngaba, Kisenso, Kimbanseke, Masina naissent dans de vastes concessions que l'administration coloniale avait attribuées à l'époque à des églises ou à des privés comme Wery, Imaf, Profrigo, les frères des écoles chrétiennes, 78
Alhadeff, Foncobel, Herman, Groupe Rodeby, Dufour, De Bonhomme, Marques, Malingrau, etc. (ministère du Plan, 2005) (carte n09).
Carte n° 9
L'extension
de Kinshasa
en 1969 N
A
Congo
Fleuve
Ns&l.
Légende
o Ngaba 11 Kasa-Vubu 12 Nçjri-Nglrl
13 14 15 16 17
D
Limite de Kinshasa en 1969
~
limite de commune
Kalamu Makala Matete Nqili Klsenso
Source: Delbart. V. (2000) Echelle: 1/280.000
Avec tous ces établissements humains spontanés, le déboisement urbain prend vraiment des allures inquiétantes. Selon Pain (1979), cité par Monsengo (op.cit.), les 398 km2 de forêts inventoriées qui, en 1958, occupaient 7% de la superficie totale (carte n° 10), n'en représentent plus que 1% en 1968. Et pourtant, le gouvernement avait élaboré en 1967 un plan de développement urbain et initié déjà un projet pilote de reboisement de l'hinterland immédiat à Kasangulu, à l'ouest, en direction de la province du Bas-Congo et sur le plateau de Bateke, à l'est, en direction de la province de Bandundu, avec des espèces à croissance rapide67. Mais les résultats sont nettement mitigés avec le retrait des bailleurs68. Les forêts galeries des vallées de Ndjili et Lukunga souffrent déjà de déboisement avec la pression démographique. Cette période correspond d'ailleurs au découpage administratif urbain en 24 communes et la ville annexe prend en son sein le secteur des
67 L'eucalyptus,
l'acacia
auriculifonnis,
le tectona grandis,
arborea, etc. 68Le PNUD et la F.A.O.
79
l'azadiarachta
indica, la gmelina
Batékés et la chefferie de Mbankana qui, jadis, appartenaient au territoire de Kasangulu dans la province du Bas-Congo. Au cours de la même décennie, les surfaces arborées dégradées passent de 8,5 à 15%. Jusque-là, rien ne présage encore que les lambeaux forestiers, qui subsistent toujours dans le périmètre urbain, vont être 'dévorés' sans merci par l'urbanisation sauvage. Il faut donc attendre le début des années 70 pour constater ce recul rapide du couvert végétal alors que la ville compte à peine 1 142 761 habitants (Léon de Saint-Moulin, op.cit.). A Masina Mapela, les plantations des goyaviers destinés à l'industrie du cirage commencent à être coupées. La forêt 'zamba ya avocat', dans la commune de Limete, subit le même sort. Et, les fermes de la vallée de la Ndjili commencent à être loties, tout comme celles des vallées de Makelele et de Funa.
Carte n° 10
L'état de la déforestation
de Kinshasa en 1960
)~i. .,-\.
Légende )::::::))): Marécage t@@t
_
Mosaïque
forét-savane
::::::::::::: Sav ane-st eppe s-c utt ures
Forêt Espace urbain
Echelle: 1/500.000
C'est pour améliorer l'environnement urbain par des actions d'aménagement horticole et par la création d'une zone de production agricole afin de ravitailler Kinshasa devenue millionnaire que le gouvernement crée officiellement, en 1972, les ceintures vertes et les vallées présidentielles69. Elles sont à l'origine de la forêt artificielle d'eucalyptus dans la commune de Ndjili dans le quartier 1 à l'est et de deux centres69c\tVP.
80
paysannats à Luzumu (7680 ha et 319 paysans) et à Nsanda (5800 ha et 292 paysans) dans l'hinterland ouest. Ces deux centres produisent du manioc, du maïs, des légumes, des palmiers et des fruits: 970 tonnes en 1974, 2900 tonnes en 1984 et 780 tonnes en 1990. Et cette production est essentiellement destinée à la garde présidentielle (Ndembe, 1998). Le plan de développement élaboré en 1967 par l'administration qui traçait les grandes lignes de fonctionnement de la structure urbaine jusqu'à la fin de l'année 1975 se retrouve donc vite débordé par la rapide croissance urbaine. Pour preuve, ce plan prévoyait 12 000 ha de surface urbanisable en 1967 ; curieusement, 19 000 ha de superficie étaient urbanisés en 1975 alors que la ville abritait à peine 1 679091 habitants (Léon de Saint-Moulin, op.cit.). C'est dans le même élan de reconstituer la ceinture de sécurité alimentaire que l'Etat d'abord et les privés ensuite construisent, à l'est, des infrastructures agropastorales à Kinkole, Nsele, Maluku et sur le plateau de Bateke. L'industrialisation et l'urbanisation70 de ces contrées font reculer la savane boisée de Maluku, tout comme quelques galeries forestières de la Nsele71. Mais tous ces investissements publics et privés seront saccagés plus tard pendant les pillages de triste mémoire de 1991 et 1993. Comme conséquence, la savane herbeuse continue progressivement à gagner du terrain même aux endroits où jadis la savane boisée régnait en maîtresse. Et les infrastructures pillées restées en friches sont investies par de l'herbe. Si en périphérie urbaine, le déboisement touche à peine les bosquets le long de la route nationale, dans la ville en revanche, les grands travaux de construction de logements occasionnent aussi la disparition du couvert végétal naturel sur plusieurs hectares72. C'est le cas du recul du couvert végétal (carte n° Il) qui a eu lieu lors de l'érection des nouvelles cités planifiées collinaires73 dans les années 80 pour répondre aux besoins en logements de cette ville de 2 664 309 habitants en 1984 (Léon de SaintMoulin, op.cit.).
70 Construction 71Construction
de l'usine métallurgique de Maluku et de la cité ouvrière. du Domaine agropastoral et industriel de la Nsele (D.AIPN), du port fluvial, de
la cité ouvrière et de la cité du Parti-Etat (le Mouvement 72 La construction des cités Salongo, Marna Mobutu, Foire internationale de Kinshasa, etc. 73Cité Verte, cité Mama 1\1obutu, camp Badiadingi.
81
populaire de la révolution). Verte, de l'échangeur de Limete, la
Carte n° 11
L'état de la déforestation
de Kinshasa
en 1982
Légende Marecage Espace Mosaïque
..
::::::::H Savane
urbain forêt-savane
- Steppes - Cultures
Forêt
Echelle: 1/500.000
C'est dans ce contexte de la disparition de la forêt urbaine qu'en 1986, (carte n° 12) sous l'égide du Fonds de reconstitution du capital forestier (FRCF) et du Service national de reboisement, le ministère de l'Environnement crée le projet de la Foresterie urbaine de Kinshasa (Fuki). Cette dernière dispose d'une pépinière de 4ha dans la commune de Bandalungwa et est capable de produire 640 000 plants74 de plusieurs espèces à croissance rapide, dont l'acacia auriculiformis. Plusieurs communes bénéficient de ce programme de reboisement avec cette espèce: Lemba (25 ha), Limete (80 ha), Matete (2,5 ha), Kisenso (1 ha), Mont-Ngafula (25 ha), Kalamu (4,5 ha), Kasa-Vubu (100,7 ha), Kinshasa (9,5 ha), Bandalungua (19 ha), Gombe (15 ha), Kintambo (9 ha), Ngaliema (27 ha), Ndjili (17 ha), Masina (22 ha) (Mulumba, 1995). Le projet a pour objectif ambitieux de 'couvrir' Kinshasa d'une forêt artificielle d'acacias. Mais ses concepteurs oublient totalement que le Kinois n'a pas de considération envers l'arbre non fruitier et qu'il est le premier à l'abattre dès qu'une occasion pour se faire un peu d'argent s'offre à lui. Effectivement, ces occasions se sont beaucoup présentées les années suivantes. Devant les besoins en logements au centre de la ville, la succursale 7-1Acacia auriculiformis, adenathera pavonina, odoranta, delonix regia, eucalyptus camaldelensis,
82
albizzia lebbeck, cassia Slamea, samanea saman, etc.
cananga
d'une église spolie le bosquet de l'Institut d'études médicales (1,2 ha) et la bourgeoisie nationale construit de belles villas dans le bois du quartier de Socimat (2,5 ha) (Mulumba, op.cit.). Comme si cela ne suffisait pas, les garages informels s'établissent dans le bosquet situé le long de l'avenue de l'Université. Plus loin au sud de la ville, les adeptes d'une autre église investissent la vallée de la Funa en abattant presque tous les acacias. Plus récemment, le bosquet d'acacias du Palais du peuple vient de tomber à son tour en 2002 avec le projet gouvernemental d'ériger sur le site un monument dédié aux victimes des guerres civiles de la fin des années 90. Le seul et presque l'unique à échapper jusque maintenant aux bûcherons, à l'intérieur du tissu urbain, est le bois des eucalyptus à l'entrée de la commune de Ndjili. A cause de sa bonne situation géographique, il reste l'objet des convoitises de tous bords, notamment les ministères et les entreprises paraétatiques qui veulent y construire des logements.
Calie n° 12
L'état de la déforestation de Kinshasa en 1987 t;œ~Q'
i~
Maré: cage D Lim ite de comnlUl1e
Tableau 21 Dégâts de la pluie diluvienne nocturne du 20 au 21 mai 1990 Dégâts
Décès Disparus Maisons détruites Populations sans-abri
Commune de Ngaliema 19 Il 16
Commune de Bandalungvva 09 20 29 34
29
Commune de Kintambo 13 26 25 52
Source: Rapports annuels de 1990 des communes de Ngaliema, Bandalungwa et Kintambo 149
Total
41 57 70 109
Le tableau n021 montre le degré de la catastrophe causée par cette pluie restée historique dans la mémoire collective des Kinois. Il faut noter que les 57 disparus n'ont jamais été retrouvés et ont été déclarés décédés par la suite. Deux autres ruptures mémorables de bassins d'orage ont eu lieu simultanément le 17 mai 2001 entraînant une cinquantaine de morts, selon le rapport de l'hôtel de Ville de Kinshasa: celle de Lalu à Mbinza Delvaux, déjà en état précaire, a fait déferler un torrent de 108 m3/ s dans la rivière Lubudi et celle de Mbinza Pigeon Melmeza.
5.3. Les inondations
et autres
conséquences
Les conséquences qui vont être analysées ci-dessous concernent d'abord l'espace urbain avec la destruction des rizières et ensuite la santé publique avec la recrudescence de plusieurs maladies d'origine hydrique. 5.3. 1 Les inondations
et /a destruction
des champs
de riz
Les études de Bapinga (2004) ont montré que les inondations du fleuve causent des dégâts énormes dans les rizicultures riveraines. C'est le cas de 1400 hectares des champs rizicoles à Kingabwa appartenant à 4500 riziculteurs131. Les conséquences sont énormes. Pour preuve, en temps normal, un riziculteur produit en moyenne 1600 kg de riz sur le site. De ce tonnage, il réserve 600 kg pour les semences et la consommation et vend en moyenne 1000 kg, c'est-à-dire 20 sacs de riz de 50 kg à 20 $ la pièce132. Mais en cas d'inondations, la production baisse entre 150 et 300 kg, c'est-à-dire une production individuelle moyenne de 3 à 6 sacs de riz de 50 kg. Même la Mission agricole d'une coopération au développement qui dispose de gros moyens de lutte et de protection est en proie aux inondations sur le même site: 9 000 kg de riz perdus en 1998, soit environ 180 sacs, c'est-à-dire 15% de sa production normale (Bapinga, op.cit.). Les inondations du fleuve sont un véritable cauchemar pour les riziculteurs, 'au point qu'une femme après avoir perdu toute sa production s'est pendue dans son champ' (Bapinga, op.cit.). Il est aussi regrettable d'observer le degré 'd'irresponsabilité' dans le comportement des riziculteurs. Une fois, les riziculteurs avaient été prévenus au mois de février, après la semence, de la probabilité de crues en mai et juin. Malheureusement, au lieu d'aménager des digues, environ 97,2% des riziculteurs s'en sont remis au 13190
%
des femmes.
132 Le riz asiatique
importé
se vend
au marché
à 30 $.
150
Ciel pour les protéger contre les mauvais esprits marins133 et à peine 1,4% s'était mis à 'endiguer' le site pour parer toute éventualité. (Bapinga, op.cit.). 53.2
Les inondations
et la détérioration
de la santé publique
L'étude de Gbua en 2005 dans le quartier inondable de KingabwaPêcheurs montre que de toutes les maladies dont souffrent les enfants, le paludisme bat le record avec 73% des cas. En ce qui concerne la malaria, qui constitue donc l'une des principales causes de morbidité et de mortalité chez les enfants de moins de 5 ans, l'enquête MICS 2 a demandé aux 'mamans' de Kinshasa si leurs enfants de moins de 5 ans avaient 'eu de la température' au cours des deux dernières semaines avant les interviews, même si l'on sait que la poussée de fièvre n'est pas automatiquement liée au paludisme. Les résultats montrent que 294 avaient eu la fièvre sur un total de 921 enfants, soit une prévalence de 31,9%. On estime donc à 31,9% la prévalence du paludisme chez les moins de 5 ans à Kinshasa. Par ailleurs, il faut déplorer la faible utilisation des moustiquaires (27,5%) dans les ménages kinois (ministère du Plan, 2005). Etant donné que toutes les conditions d'endémies parasitaires, infectieuses et vectorielles sont réunies dans les quartiers inondables, il est fréquent que se déclarent des épidémies de choléra et de graves maladies hydriques qui succèdent aux inondations: 64 morts à Kinshasa, Barumbu, Lingwala et Kingabwa du 13 février au 26 mars 1996 sur 109 cas (Mayele, 1996). Au départ circonscrite dans les quatre communes mentionnées, l'épidémie de cette année-là s'est répandue sur toute la ville avec une morbidité cumulative de plus de 400 cas et un taux de létalité très élevé se situant autour de 17% (PNAE, 1996). Aussi, les maladies diarrhéiques à Kinshasa affichent une prévalence de l'ordre de 22% chez les moins de 5 ans (MI CS 2, 2002).
133 'Bilima
va mayÎ'
151
Tableau 22 Incidence des maladies sous surveillance à Kinshasa sur les sites des zones de santé sentinelles en 1999 Maladies Paludisme Méningite Choléra Fièvre typhoïde Diarrhée sanguinolente Rougeole
Nombre de cas 16 138 1042 803 495 193 43
Proportion en
0/0
77,3 5,0 3,8 2,4 0,9 0,2
Source: Inspection médicale urbaine, bulletin épidémiologique, Kutungulula (2001)
cité par
Le tableau n022 indique que le paludisme est la maladie la plus fréquente à Kinshasa. Ces résultats cadrent avec ceux de Bempongo (op.cit.). La méningite et le choléra sévissent aussi dans la capitale. Le choléra frappe souvent dans les zones inondables de Kinshasa, Barumbu, Lingwala et Kingabwa.
Tableau 23 Incidence des maladies dans le quartier inondable de Lemba-Foire
Proportion en 0/0 45 30 15 10
Maladies Paludisme Verminose Fièvre typhoïde Diarrhée Source:
en 2002
Bempongo (op.cit.)
152
Le tableau n023 présente le nombre de cas de maladies déclarées et soignées entre le 6 novembre et le 6 décembre 2002 dans le centre de santé 'Maison médicale de Lemba'. A Lemba dans ce centre, le paludisme touche un grand nombre de riverains de la Yolo. En conclusion, ce tableau désastreux démontre jusqu'à quel point Kinshasa est réellement confrontée au problème des inondations avec des eaux très polluées. Leur ampleur dépasse parfois tout entendement et certains Kinois restent encore convaincus des origines métaphysiques de ce phénomène. Pour preuve, les inondations de remous du fleuve dans la rivière de la Gombe et l'apparition dans ce cours d'eau en débordement d'un grand crocodile dans les années 80 ne cessent d'alimenter les croyances populaires jusqu'aujourd'hui. Plus récemment encore, la disparition d'un enfant lors des crues du 10 au Il novembre 1994 de la rivière de la Yolo entre les quartiers Paka-Djuma et Ofitra et la découverte 3 jours plus tard de son corps déchiqueté alimentent aussi ces croyances dans des phénomènes surnaturels concernant les inondations. Autrefois, les sinistrés kinois abandonnaient pour de bon leurs habitations pour fuir la furie des eaux. Maintenant, par manque d'alternatives, beaucoup parmi eux ont appris à se battre contre les inondations pour ne pas être emportés par les 'vagues'.
5.4. La lutte contre les inondations Il s'agit de présenter ci-dessous les différentes techniques utilisées pour contenir les inondations à Kinshasa: les techniques manuelles d'abord et de génie civil ensuite. Peu importe les méthodes utilisées, l'objectif poursuivi par ces travaux de lutte contre les inondations est surtout d'empêcher le débordement des crues d'atteindre les habitations. 54.1
Les travaux collectifs manuels des 'ingénieurs aux mains nues' avec des techniques rustiques
- Le remblai des marais Il consiste à assécher les marais. Cette pratique ne date pas d'aujourd'hui dans cette ville qui compte beaucoup de communes construites sur des terrains quelquefois marécageux comme Lemba, Kalamu, Matete, etc. Les difficultés de construire ces quartiers planifiés ont conduit l'administration à exécuter des travaux de remblaiement afin d'assécher les marais et d'ouvrir la circulation aux engins lourds dans les différents chantiers. 153
Plus récemment encore, l'administration urbaine a gagné de la terre ferme sur un terrain marécageux au croisement des avenues Kabinda et des Huileries devant l'école et l'église de l'Armée du Salut. La technique utilisée a été le dépôt d'ordures ménagères et leur remblaiement avec de la terre Jaune. Les habitants des quartiers fréquemment inondés par la remontée des eaux de la nappe phréatique recourent souvent à cette technique de remblai des marais. Lorsqu'ils ont des moyens, ils achètent des sacs qu'ils remplissent de sable et qu'ils superposent dans les endroits inondables et créent des passages pour les piétons.
- Les digues de sacs de sable Les jeunes des quartiers riverains usent aussi de sacs de sable pour lutter contre les inondations des rivières. Mais ils ont des difficultés pour réaliser de grands travaux d'endiguement sur de longues distances parce que les nombreux sacs qu'ils doivent acheter dépassent largement leurs capacités financières: environ 0,60 $ le sac. Souvent, ils font le siège des différents bureaux des officiels pour solliciter le financement de leur projet d'endiguement. Après avoir obtenu des sacs, ils érigent des murailles sur les berges des rivières. Il existe le long de la rivière Ndjili, sur la rive de la commune de Kisenso, une digue qui tient encore sur 4 km avec 40 000 sacs de terre 'végétalisés' et construite en 2003 par deux associations de jeunes avec l'appui technique et financier d'une agence de coopération au développement. Cette digue protège les quartiers Dingi Dingi et Nsola contre les inondations de la rivière de la Ndjili.
- Les digues de terre Cette méthode consiste à créer une sorte de 'dune de terre' pour contenir le débordement des cours d'eau. La Mission agricole d'une coopération au développement a été la première à construire de grandes digues de terre à Kingab\va pour contrer les inondations dévastatrices de la Ndjili sur des champs de riz au niveau du quartier Ndanu. Cette digue ajoué effectivement son rôle. ~1alheureusement, quelques inciviques y implantèrent plus tard leurs baraques et ces implantations fragilisèrent l'ouvrage. Maintenant, les eaux se frayent un autre chemin et inondent le terrain pourtant asséché. C'est pourquoi lors de la pluie du 10 avril 2001, 90 maisons furent détruites, 431 ménages sont devenus des sans-abri pour un total de 1895 sinistrés. Face à ce désastre, l'administration communale de Limete a dû recaser les sinistrés à l'est de la ville dans le quartier de Mpasa.
154
Pour refaire la digue détruite, plusieurs dizaines de mètres.
l'autorité
urbaine
a éloigné les maisons de
- Les digues d'ordures A la place de sacs et de terre, certains quartiers construisent des digues avec des tas d'ordures pour faire barrage aux eaux des crues. Près de
7
%
des ménages kinois usent de cette pratique pour lutter contre les
inondations
(MI CS 2, 2001). Dans la zone inondable
de la commune
de
Kinshasa, 51 % des ménages déposent leurs immondices dans la BitshakuTshaku (Zeimo, 2004). A Ngaliema et Lingvvala, 2% des ménages déposent leurs immondices sur les berges des cours d'eaux (Lelo Nzuzi et Tshimanga, 2004). A Limete, 48% des ménages riverains, régulièrement inondés, utilisent les berges de la rivière de la Yolo comme décharge publique (Bolya, 2004). A Kalamu, 35% des ménages riverains déposent leurs ordures sur les rives de la rivière qui porte le même nom (Bokolo, 2004). Dans la commune de Matete, les populations du quartier Kunda jettent les ordures sur les
berges de la rivière Matete pour lutter contre les inondations. Du 1er avril au 15 mai 2007, les pousse-pousseurs avaient jeté 1951 m3 sur les berges de cette rivière (Lelo Nzuzi, 2007). C'est aussi pour lutter contre les torrents boueux venus de Kisenso avec tous leurs dégâts au pied du versant à Matete qu'au début des années 90 les populations des quartiers \livi (10 485 habitants) 134et T otaka (21 095 habitants)135 commencèrent à construire des digues avec des ordures. Au fil du temps, la décharge s'agrandit et s'allongea sur une longueur de 730 m et une largeur de 20 m pour 'coloniser' toute l'avenue Mulele jusqu'à sa jonction avec Kiyimbi et pour traverser deux quartiers de Vivi et Totaka. C'est la fameuse décharge: Mulele à Matete étalée sur une largeur de 22 m, une longueur de 720 m et une hauteur de 6 m (Okita, 2007). Avec la même technique, les autorités urbaines ont remblayé de septembre 1997 à juillet 1998 plusieurs zones marécageuses à Kingabwa afin de lutter contre les inondations du fleuve Congo et supprimer les gîtes des anophèles. A cette occasion, Lelo Nzuzi, (1999) mentionne que 8200 m3 de déchets y ont été déposés et ont servi à remblayer le site inondable de Ma Ngalu, 5100 m3 le site Bayang, 4600 m3 le site Bia, 700 m3 le site Mongu, etc. Ensuite, lorsque les berges des rivières sont bondées d'ordures et commencent à obstruer les passages pour les piétons le long des cours d'eau, les populations ont la fâcheuse habitude de repousser carrément les ordures 13-1Localités de Kinsaku, Batende l, Batende 2. 135Localités de Ngufu, Kinda l, Kinda 2, Vitamine
155
l, Vitamine
2, Singa l, Singa 2.
dans le cours d'eau avec toutes les lourdes conséquences que cela comporte sur le plan environnemental et hydrologique. La suite est classique. Pendant les pluies, les riverains seront encore inondés. Ils lanceront des cris de détresse en direction des pouvoirs publics pour assainir le site et envers les chefs coutumiers pour organiser des cérémonies rituelles. Et comme la requête restera sans suite, les associations de jeunes du quartier 'se jetteront à l'eau' pour curer manuellement le fond des rivières.
- Les curages manuels Le travail consiste à assainir et à désencombrer les berges des rivières pour canaliser les eaux et augmenter leur compétence. Les jeunes s'organisent temporairement en brigades d'assainissement pour exécuter ces travaux de curage manuel soit sur des fonds propres avec les moyens du bord, soit avec l'appui de bailleurs locaux ou internationaux. Les rivières qui bénéficient souvent de ce type d'assainissement sont la Gombe, la BitshakuTshaku, la Kalamu et la Yolo parce qu'elles traversent des zones inondables très densément peuplées. Par contre, la rivière Ndjili n'a bénéficié d'aucun projet de curage manuel, probablement à cause de sa longueur, de sa largeur et de la quantité des sédiments. Il en est de même de la rivière Makelele qui n'a jamais été curée et pourtant, elle déborde régulièrement et fait beaucoup de dégâts. Heureusement pour ces deux rivières, elles ont été transformées en carrières de sable. En effet, tous les jours, des dizaines de jeunes gens écument le lit de ces rivières pour 'extraire' du sable destiné aux travaux de construction. Cette activité contribue systématiquement au curage manuel des rivières. Les jeunes se mobilisent facilement pour exécuter les travaux de curage lorsqu'ils sont appuyés financièrement et matériellement. Les exemples sont légion avec l'appui de la Fédération des associations laïques à caractère économique. Grâce à cet appui, les associations de jeunes ont curé en 1996 la rivière Yolo et évacué près de 2 500 m3 de déblais (Bolya, 2004). De 1997 à 1998, elles ont nettoyé manuellement 3 609 mètres linéaires (ml) des rivières Yolo et Bitshaku- Tshaku et évacué 6 436,25 m3 de déblais (Muamba, op.cit.). De 1998 à 1999, elles ont assaini 48 842 ml de collecteurs et 6 149 ml de rivières. En 2000, c'était le tour de la rivière Mango136 et elles en ont sorti 2 000 m3 de déblais et 15 m3 d'épaves (Lukengo, 2007). Entre 2000 et 2001, 67 726 ml de collecteurs et de rivières ont été curés et 86 509 m3 de déblais évacués. De 2001 à 2002, 63 428 ml de collecteurs et de rivières ont été nettoyés et 95 142 m3 déblayés. En 2005, 48 600 ml de 136Zone à faibles inondations fortes inondations
(11,17 ha), zone à moyennes
(5,88 ha).
156
inondations
(17,67 ha), zone à
caniveaux et rivières ont été déblayés et 19 907 m3 de déblais ont été évacués. La rivière Kalamu a souvent été curée manuellement par une organisation de jeunes appelée Omego grâce à l'appui financier d'agences d'aide au développement. L'exemple très récent du curage date de 2006. En effet, une agence de coopération au développement a financé le curage, par 1000 jeunes ouvriers, des collecteurs Bitshaku- Tshaku sur 3 000 ml à Barumbu et à Kinshasa, Okapi sur 1 600 ml à Masina et Isangi, Kutu 1 et Kutu 2 sur 1700 mètres, etc. Tous ces travaux de curage manuel ont permis d'évacuer 115 000 m3 qui ont été jetés sur des sites indiqués par les autorités communales pour assécher les marais. L'un des sites était la concession de la force navale à Kingabwa ou encore le centre kimbanguiste à Kasa-Vubu. Ces jeunes font du bon travail. Mais le curage des rivières et des collecteurs de Kinshasa est un éternel recommencement non seulement parce que la ville est construite sur du sable qui se dirige dans les cours d'eau, mais aussi parce que les riverains y jettent continuellement leurs immondices aussitôt après les travaux. 5.4.2 Les travaux mécaniques
des entreprises
de génie civil
- Les curages mécaniques C'est le mode d'assainissement le plus efficace avec d'énormes quantités de déblais évacués. Ce sont encore les mêmes collecteurs et les mêmes rivières, Gombe, Kalamu, Yolo, etc., qui font l'objet de ce genre de curage. Les exemples abondent: curage en 1997 de la Bitshaku- Tshaku de la source à l'embouchure pour 1,5 million $ (hôtel de Ville de Kinshasa, 1997) ; curage en 1999 de la rivière Kalamu sur 3231 ml, évacuation des 47 900 m3 de déblais, démolition de 70 maisons pour 50 000 $ (Bokolo, 2004), etc.
Conclusion Comme on vient de le voir, la configuration topographique de Kinshasa contribue beaucoup aux inondations des rivières (carte n024). Elles ne sont pas seulement dues à la tombée de grosses quantités d'eau de pluie sur des bassins-versants dénudés, mais aussi au manque et à la détérioration du système de voirie et de drainage. Ces inondations causent des dégâts énormes dans l'espace urbain. Ce qui nécessite leur curage régulier. ~'lais le curage est une activité d'assainissement dont la durabilité ne dure que le temps d'une saison parce que les riverains ont acquis cette fâcheuse habitude d'y déverser des déchets urbains aussitôt après la fin des travaux de curage.
157
De plus, ces mêmes populations sinistrées luttent contre ces crues avec les moyens du bord pour contenir les eaux dans les lits des rivières en créant encore des digues avec des ordures. Elles justifient ce mode d'évacuation par le manque de système efficace de collecte des déchets ménagers. Mais cela ne peut pas être considéré comme une excuse. Les observateurs sont d'avis que ces populations ont besoin d'être formées en éducation environnementale d'abord pour qu'elles ne condamnent plus la 'mami wata' d'être à l'origine des inondations, ensuite pour qu'elles apprennent que ce sont leurs tas d'ordures qui bouchent les tirants d'air des ponts, réduisent l'écoulement des eaux, modifient le tracé et causent des inondations lors des pluies diluviennes.
Carte n° 24
Les inondations des crues des rivières
Sit.é$ touchés
18.
RQute 1\/ .
Rivière Marècage c:::J limite de commune ,
Echelle:
158
'11'100.000
À
Chapitre 6
Déchets
solides et insalubrité
municipaux urbaine
C
E CHAPITREdémontre les faiblesses des autorités et des populations en ce qui concerne la gestion rationnelle des ordures ménagères. Il présente aussi les différents modes non hygiéniques d'évacuation des déchets. Ce qui a des conséquences néfastes sur l'espace urbain et sur la santé publique. Le chapitre se répartit en quatre points. Le premier inventorie les différents types de déchets solides municipaux. Le deuxième répertorie les différents modes d'évacuation et d'élimination des déchets solides municipaux. Le troisième présente les conséquences de l'insalubrité sur la santé de l'homme. Le quatrième émet des réserves sur le projet de la ville de créer des décharges contrôlées en périphérie urbaine.
6.1 Les types de déchets solides municipaux La typologie des déchets solides municipaux sera traitée dans les lignes qui suivent. Il s'agit de déchets issus des activités artisanales, des ménages, des marchés, des industries et des hôpitaux. Il est connu que Kinshasa est une ville qui déborde d'activités de différentes sortes et de diverses origines: activités quotidiennes des ménages et celles liées à l'urbanisation ainsi qu'à l'industrialisation. A titre d'exemple: Kinshasa, en 2004, comptait 538 300 unités de production informelles dans les secteurs marchands tels que le commerce (63,2 %), l'industrie (14,8 %), les services (12,3 %), les activités agricoles (7,5 %) et la construction (2,2 %) (ministère du Plan, 2005). Le secteur informel était donc dominant avec 70,9% des emplois. Ces 538 300 unités de production informelles ont créé
159
692 000 emplois. Et c'est le commerce, activité produisant beaucoup de déchets, qui occupait la première place, soit 56,7% des emplois créés par les entreprises privées informelles (ministère du Plan, op.cit.). Kinshasa s'est spécialisée dans deux types de commerce: le formel et l'informel; tout comme dans l'industrie. Ce secteur informel se caractérise par une grande précarité des conditions d'activité. Plus de 50 % des unités de production informelles ne disposent pas de locaux spécifiques et 36,2 % exercent leur activité à domicile. Le secteur informel est massivement constitué de microunités (ministère du Plan, op.cit.). Toutes ces activités informelles génèrent beaucoup de déchets solides de différents types qui polluent l'environnement. Ils sont de différentes sortes: déblais, gravats, décombres et débris issus des travaux publics et privés, déchets des établissements artisanaux, industriels et commerciaux, cadavres d'animaux domestiques, épaves de véhicules, carcasses d'appareils électroménagers, déchets d'abattoirs, produits d'élagage, etc. La ville en produit quotidiennement des tonnes, parfois jetés pêle-mêle à même les trottoirs. Et l'autorité urbaine éprouve d'énormes difficultés pour les évacuer. De tous ces déchets solides, les ordures ménagères sont les plus visibles et encombrantes. En 1986, la société Rexcoop a étudié la production de déchets ménagers selon les quartiers de production: résidentiels, anciens et nouveaux. Sur ces bases, IGIP (2007), dans son étude sur le plan d'action pour l'assainissement de la ville de Kinshasa, a évalué la production urbaine actuelle de déchets ménagers à environ 6 300 m3/jour, soit 6Iitres/parcelle/jour (Ngoy, 2007), contre 5 700 m3/jour en 2005 (PNA, 2005), 5000 m3/jour en 2000 (Lelo Nzuzi, 1999), 3500 m3/jour en 1986 (llunga, 1995). Ces chiffres font apparaître une production croissante des déchets urbains dans le temps. Ce qui suppose de gros moyens à mettre en place pour la propreté de la ville. 6. 1. 1 Les déchets des activités artisanales, et lieux publics
des lieux de loisirs
Ce sont des types de déchets produits non seulement là où s'exercent les activités artisanales, mais aussi où se tiennent les lieux de loisirs comme les bistrots, les stades, les divers lieux de récréation, etc. Les activités artisanales dans les kiosques, boulangeries, fabriques de chikwangues, distilleries d'alcool traditionnel, ateliers de couture, de menuiserie, etc. produisent beaucoup de déchets ordinaires et assimilés, en tassés là où cet artisanat se déroule quotidiennement.
160
Le service de coordination urbaine du ministère de l'Environnement, censé veiller sur la salubrité de ces lieux d'activités, assiste impuissant à la grave dégradation et pollution de ces endroits. Ces artisans et vendeurs pollueurs s'établissent à volonté dans des lieux publics avec la bénédiction des autorités qui leur accordent ces lieux en violant souvent les normes urbanistiques sur les autorisations d'établissements précaires. Ces activités produisent des déchets qui compliquent d'avantage leur mécanisme de gestion. Les 'nganda'137 sont parmi ces établissements précaires qui s'établissent à des carrefours, sur les espaces verts, trottoirs, berges, etc. et où la production de déchets est très importante. Ces bistrots sont très concentrés dans tous les quartiers populaires centraux comme Bandalungwa, Kalamu, Matete et périphériques de recréation comme Kinkole, Nsele, Maluku au bord du fleuve. Ces derniers quartiers sont des banlieues de fêtes hebdomadaires. Ils accueillent des milliers de Kinois en repos qui abandonnent derrière eux des tas et des tas de déchets comme les feuilles d'emballage des maboke138 et chikwangues. Les gargotières jettent ces déchets carrément sur les places publiques et dans les rues et lors des pluies, ces ordures aboutissent dans le fleuve Congo. Les infrastructures publiques sont à classer aussi parmi les lieux de grande production de déchets; et pourtant, c'est là où devrait plutôt s'exercer l'autorité de l'Etat. Les cours de ces édifices publics sont crasseuses parce que bondées d'ordures abandonnées à elles-mêmes par les gargotières. Fait curieux, les autorités semblent s'accommoder de voir leurs bâtiments publics, c'est-à-dire les symboles de l'Etat, souillés par les décharges sauvages. Ces tas d'ordures sont souvent évacués dans la précipitation à la veille d'une manifestation officielle. C'est le cas de la décharge non contrôlée sur le boulevard Triomphal, nettoyée ponctuellement et souvent nuitamment, à la veille d'un défilé ou d'autres manifestations et visites de grande portée politique. Il en est de même des tas d'immondices qui jonchent les artères principales et qui sont évacués précipitamment de la même manière.
6. 1.2 Les déchets ménagers Ce sont les débris des végétaux, les tessons de bouteilles, les restes de cuisine, les cendres, les feuilles mortes, les chiffons, les plastiques, les cartons et autres emballages, etc. que les ménages produisent quotidiennement.
/37 Buvettes ou bistrots en plein air. /38 Poissons cuisinés traditionnellement
dans des feuillages.
161
C'est dans les quartiers densément peuplés que les déchets s'entassent en monticules et restent dans cet état pendant plusieurs jours, voire plusieurs mois. Les décharges ainsi créées constituent des lieux de prédilection pour la multiplication des vecteurs de maladies et pour la fréquentation des animaux domestiques (chats, chiens, chèvres, moutons, etc.), rongeurs et vermines. En attendant leur évacuation, les enfants jouent au football sur ces tas d'ordures par manque d'espaces de jeux. Et les parents ne se soucient guère de voir leurs enfants exposés à l'insalubrité, donc aux blessures et aux maladies comme le tétanos, les maladies respiratoires et des mains sales. D'après Muamba (op.cit.), les déchets ménagers kinois sont composés en général de matières organiques (62,2 °/0), de matières plastiques (22,2 °/0), de textiles (7, Il °/0), de boîtes de conserve (5,8°/0), de verre (1,42 °/0), de chaussures (0,77°/0), d'autres déchets (0,48°/0), etc. Cette composition ne change pas beaucoup selon les sources. Ces statistiques ressemblent à celles d'autres études spécifiques menées dans les communes proches du marché central139 et dont les résultats sont presque semblables. Elles indiquent que les déchets ménagers sont composés de détritus organiques, de végétaux et de matières putrescibles (65,5°/0), de plastiques (20 °/0), de poussières et divers (4 °/0), de métaux (4 °/0), d'autres déchets (3 °/0), de papier et de carton (1,5 °/0), de verre (1 °/0), de textiles (1 °/0), etc. (Lelo Nzuzi, 1999). Il en est de même des recherches de Biey (2005), cité par Ekula (2007), qui présente cette composition de la manière suivante: matières organiques (66°/0), plastiques (13,2°/0), textiles (7,1 °/0), papiers (6 °/0), métaux (5°1o),verre (1,4°10),chiffons (0,8°/0), autres (0,5°/0). Pour le Programme national d'assainissement (PNA), cité par Kimuha (2005), le poids volumétrique des ordures "sèches" dans une poubelle ménagère est d'environ 200 g/l et atteint 350 g/l avec le tassement du transport. Il peut passer à 500 g/l dans le cas de déchets humides, comme les résidus de cuisine qui représentent la grosse part des ordures dans les décharges publiques. Certes, Kinshasa produit des grosses quantités de déchets ménagers, mais cette production n'est pas répartie de la même manière dans tous les quartiers. Les études d'IGIP (op.cit.) montrent d'ailleurs que la quantité de déchets ménagers est proportionnelle au rang social du quartier.
139Lingwala, Kinshasa,
Barumbu,
Gombe.
162
Tableau 24 Quantités de déchets produits par type de quartier Type du quartier
Production spécifique de déchets solides ménagers kg/hab./j Non tassés Tassés l/hab. / j l/hab. /j 3,5 2,0 0,7 0,5 2,5 1,43 1,5 0,3 0,86 1,1 2,0
Quartiers résiden tiels Quartiers anciens populaires Quartiers nouveaux populaires Valeur moyenne
Source:
IGIP (2005)
Le tableau n024 indique que la production de déchets varie selon le type de quartier. Le quartier le plus aisé, c'est-à-dire résidentiel, produit beaucoup plus de déchets (0,7 kg/hab./jour) que les quartiers anciens populaires (0,5 kg/hab./jour) et les quartiers nouveaux populaires (0,3 kg/hab./jour). Et pourtant, ces derniers sont très peuplés mais très marqués par la pauvreté grandissante. Dans ces nouveaux quartiers populaires périphériques, ce n'est pas tous les jours que les ménages font bouillir la marmite, comme le démontre le tableau ci-après.
Tableau 25 Nombre de repas par jour dans les quartiers de Kinshasa Nombre de repas par Jour
1 repas 2 repas 3 repas
Commune périphérique de Kimbanseke en 2000 39,8% 55,2% 5,0%
Autres communes périphériques en 2004 17% 72% Il %
Commune centrale de Lingwala en 2004 17,3% 71,4% 11.2°/0
Commune périphérique de Ngaliema en 2004 39,8% 58,2% 2%
Commune périphérique de Kisenso en 2004 25% 72% 3%
Source: Coopération technique belge/Fonds social urbain, rapport annuel 2006, Lelo Nzuzi et Tshimanga Mbuyi (op.cit.)
163
Le tableau n025 illustre que peu de ménages ont trois repas par jour. Ce qui influe sur la quantité de déchets produits par ménage dans ces communes pauvres de Kinshasa. Mais les études n'ont pas précisé la quantité de repas pour les ménages qui mangent trois fois par jour. Néanmoins, les résultats de ces enquêtes ont été confirmés par ceux de l'Inspection provinciale de la santé (2003) qui ont montré que 10,9% en 2000 et 12,4% en 2002 des ménages kinois ne mangeaient qu'une fois par jour. Si les quantités de déchets produits varient en fonction du rang social du quartier, il y a lieu de faire remarquer qu'elles diffèrent aussi selon le site topographique de la ville. En effet, selon le PNA, au début des années 2000, les cités des collines (1 625 000 habitants) produisaient quotidiennement près de 1 500 m3 de déchets par jour alors que les cités des plaines (4 375 000, d'habitants), quant à elles, produisaient 3 500 m3 par jour (Lelo Nzuzi, 1999). Quel que soit le type de quartier ou du site, les déchets ménagers sont d'habitude stockés dans des poubelles domestiques constituées de petits seaux ou demi-fûts usagés sans couvercle et souvent posés dans l'arrière-cour au coin de la parcelle à l'air libre. Ces récipients ouverts dans lesquels les Kinois stockent les ordures ne protègent pas contre les maladies car les déchets entrent rapidement en putréfaction en contact avec l'humidité. C'est pourquoi, ils s'en débarrassent le plus rapidement possible à cause des odeurs nauséabondes qui s'y dégagent pendant la putréfaction. Comme la collecte parcellaire systématique n'est pas organisée, ils les jettent dans des décharges non contrôlées situées, dans la plupart des cas, dans les marchés.
6. 1.3 Les déchets des marchés Le zando140 et les wenze141 en général sont des 'hauts lieux' de production de déchets urbains. Le 'zando' de Kinshasa prévu pour 2000 vendeurs en abrite aujourd'hui près de 10 000. Ce marché central de Kinshasa produit à présent près de 45 m3 de déchets par jour (pNA, 2005) composés de matières organiques (60,0%), plastiques (15%), de papiers et de cartons (10%), de cendres et de terre (4%), de verre et de poteries (4%), de bois et de branchages (3%), de chiffons et de tissus (2%), de métaux (2%). Il faut ajouter à cela les 15 m3 de déchets que les ménages environnants jettent chaque soir dans une décharge sauvage créée anarchiquement dans les environs de ce 'zando'. Ceci fait au total 60 m3 de déchets qu'il faut évacuer à tout prix quotidiennement.
1-10Grand marché ou marché central (marché urbain). l-ll Marché communal ou municipal.
164
A côté du 'zan do', il existe plusieurs 'wenze' éparpillés dans les communes et qui ont une aire d'influence parfois extra-communale. Une commune en compte au minimum quatre 142. La présence d'un marché entraîne d'office la naissance d'une décharge non contrôlée. A Kinshasa, l'équation est simple. A côté d'un marché, il y a toujours un dépotoir.
Tableau 26 Effectifs des vendeurs et nombre d'étals des principaux
marchés municipaux
Commune
Nom du marché
Création
Bandalungwa Barumbu Bumbu
Lumumba Libulu 24 Novembre ou Libération Wangata Marché central Kapela Gambela ou Anciens Combattants Ngandu Somba Zigida Kintambo Kisenso Gare Lemba Lalo Lufungula ou Marché des essuie-mains Zola Menkao Kilumba
Gombe Gombe Kalamu Kasa-Vubu
Kimbanseke Kinshasa Kintambo Kisenso Lemba Limete Lin~ala
Makala Maluku Masina 1-122 principaux
et 2 secondaires.
165
Nombre d'étals
1957 1934
Nombre de vendeurs 1270 529
1961 1983 1925 1962
1460 285 16 440 2235
1480 285 20 000 2 325
1946
5 704
10610
1948 1946 1964 1961 1971
1965 396 300 300 1748 550
1945 390 300 300 2408 585
1950
870
1 084
1969 2002 1960
810 300 2500
1235 300 2500
2420 897
Matete Mont- N gafula Ndjili Ngaba Ngaliema Nsele Ngiri-Ngiri Selembao
1961 1979 1969 1971 1964
l\1atete Ngafani Sainte- Thérèse Rond-Point Mataba Kinkole Bayaka Kitokimosi
1945 1967
3 100 290 1970 2800 1955 240 2 292 465
3 700 680 1990 840 1955 240 2000 100
Source: Hôtel de \lille de Kinshasa (1997), Alazie (1997)
Le tableau n026 donne un aperçu général du nombre important d'étals, de vendeurs et de marchés municipaux: 92 marchés (Alazie, 1997) pendant la décennie 90, donc autant de décharges non contrôlées. A présent, ce chiffre doit être revu à la hausse parce que plusieurs nouveaux marchés sont nés depuis le début de la décennie 2000. C'est le cas de la naissance de récents marchés comme 'La Liberté' (3500 vendeurs) à Masina et Menkao (350 vendeurs) à Maluku qui datent de 2002. Tous ces marchés produisent quotidiennement des déchets qu'il faut évacuer régulièrement. Le marché de Matete, par exemple, a produit 1500 m3 en 1997 et 1478 m3 en 1998 (Nzofo, 1999). Le PNA mentionne dans ses rapports avoir évacué 3024 m3 de déchets au marché Gambela en 1997(Nkoso, 2001). Les 'petits wenze'143 qui s'établissent le long des grands axes routiers entraînent du coup la création de dépotoirs, des encombrements et des risques élevés d'accidents le long des trottoirs. Eux aussi produisent de grandes quantités de déchets. C'est le cas des marchés Bitabe à Masina, Gambela à Kasa-Vubu, Djakarta et Mariano à Kalamu, Rond-Point Ngaba et Kianza à Ngaba, Pascal à Masina, Kingasani ya Suka à Kimbanseke, etc. qui se sont implantés le long des routes et ont étalé dangereusement leurs ordures sur les trottoirs publics. Malheureusement, ces tas d'immondices jonchent les trottoirs pendant plusieurs mois avant d'être évacués par les pouvoirs publics, habituellement après les attaques acerbes de la presse ou de la population. A côté des décharges liées à la présence des marchés, il y a celles qui sont nées carrément dans des lieux de forte fréquentation. Ainsi, par exemple, Lelo Nzuzi (2000) indique avoir dénombré la présence de 80 dépotoirs anarchiques implantés aux carrefours et dans les gares routièresl44, 1-/3Autrement
appelés
l'avenue. 1-1-1 Rond-point
'wenze ya coin' : Petits marchés
Ngaba, Bongolo et Maviokele, Kimbondo
166
du quartier
ou marché
à Bandalungwa,
du coin de
UPN à Ngaliema.
arrière-cours des édifices publicsI45, emprises ferroviairesI46, routièresI4i, berges de cours d'eauI48, industries, etc. 6. 1.4 Les déchets
emprIses
industriels
Ils sont difficiles à voir et à quantifier parce qu'ils se trouvent dans des concessions industrielles inaccessibles à toute personne étrangère. Néanmoins, il est connu que Kinshasa produit aussi ses quelques déchets industriels même si les activités des usines tournent au ralenti dans la ville. En effet, Kinshasa a vu beaucoup de ses fabriques fermer après les pillages du début des années 90. Les brasseries et les fabriques de produits agroalimentaires, cosmétiques, textiles, de matériaux de construction, de déchets recyclés (plastique, papier , verre), etc. sont les seules restées en activité malgré la baisse de leur production liée à la crise économique et à la concurrence mondiale. Elles produisent aussi régulièrement des déchets qui proviennent des matières premières, des produits finis ou semi-finis. Ces déchets sont soit ordinaires et inertes, soit dangereux et toxiques. Les déchets de matières premières et des produits finis sont déversés en vrac dans des décharges non contrôlées. C'est le cas des sachets d'emballage, des tessons de bouteilles, des copeaux de bois, de la mitraille, etc. Ces déchets industriels restent un danger permanent à Kinshasa. Malgré leur toxicité, les populations restent indifférentes. Les services étatiques, de leur côté, ne parviennent pas à évaluer le degré de pollution de ces fabriques qui, afin d'échapper au contrôle, ont la fâcheuse habitude de maquiller leurs statistiques. Au stade actuel, il est difficile de connaître les quantités exactes de la production de déchets industriels alors qu'ils sont biologiques, chimiques, physiques, inflammables, radioactifs, etc. donc dangereux pour la santé publique et pour l'environnement. L'une des rares estimations récentes vient du PNA (2006) qui évalue la production de déchets solides dans les unités industrielles et commerciales à environ 62 697 tonnes par an, mais ne précise ni leur nature, ni leur origine. En 1989, selon CNAEA (1990), la production annuelle de déchets industriels et commerciaux était évaluée à 42 000 tonnes.
J./5 Maison communale de Màtete. J./6Gares de Matete et de Kisenso, pont Matete et Bikanga à Kisenso. J./7Saïo, Itaga, pépinière de Bandalungua. J./8 Marché du pont Kasa- Vubu.
167
6. 1.5 Les déchets
biomédicaux
Ce sont des déchets produits par les centres de santé. Ils augmentent proportionnellement aux effectifs des centres de santé. Si au début des années 70, selon Flouriot (1973), Kinshasa avait 16 établissements hospitaliers et maternités comptant au total 3000 lits, vingt ans plus tard, les effectifs avaient beaucoup évolué. D'après le ministère de la Santé, cité par Lapika (2006), Kinshasa comptait 23 hôpitaux et 6900 lits en 1997, tandis qu'en 1999, le nombre était de 58 institutions hospitalières avec 7398 lits. Et en 2000, selon le Plan d'action national pour l'habitat, la ville avait 78 établissements hospitaliers et maternités comptant au total 8 796 lits. Ceci donnait un taux d'environ Ilit pour 470 habitants149. En 2004, le nombre d'établissements hospitaliers avait encore augmenté. En effet, selon l'Inspection médicale provinciale de la santé, la ville comptait environ 2101 structures médicales officielles, toutes catégories confondues, dont 82,8% des formations médicosanitaires appartenant aux confessions religieuses, 5,8% au secteur public et 3,3% aux entreprises (Kande, 2004). Mais le ministère de la Santé, en fonction de ses critères liés aux capacités et aux performances des structures hospitalières, ne reconnaît que 52 établissements ayant le statut d'hôpital à Kinshasa comptant au total 7 812 lits, soit 1,5 lit pour 1000 habitants (ministère de la Santé, op.cit.). Pour ne citer que les grandes institutions par exemple, les cliniques universitaires de Kinshasa ont une capacité de 547 lits et un taux
d'occupation moyen de 50 à 70 %. L'hôpital général de Kinshasa a une capacité de 2000 lits réels et un taux d'occupation de 52 %, et un taux de fréquentation de 92 %. L'hôpital général de référence de Ndjili a une capacité de 150 lits et un taux d'occupation de 40 %, et un taux de fréquentation de 30 %. La clinique Bondeko a une capacité d'accueil de 300 lits (Kiyombo, op.cit.). Les critères de sélection des hôpitaux importent peu, tous ces établissements médico-sanitaires, petits et grands, produisent des déchets dangereux, contaminés, dont l'élimination pose de sérieux problèmes. Biey (2007) évalue la production des déchets hospitaliers à 300 m3 par jour.
1-19Les normes de l'OMS sont de 1 lit pour 100 habitants.
168
Tableau 27 Production
de déchets biomédicaux
dans quelques hôpitaux
Catégories des hôpitaux
Quantité (m3/semaine)
Quantité totale (m3/ an)
Cliniques universitaires de Kinshasa Hôpital général de Kinshasa Clinique Bondeko Hôpital général de référence de N~jili
0,3
15,6
5 0,2 0,1
260 10,4 5,2
Source: Kiyombo (2003)
Le tableau n027 montre que cet échantillon de quatre hôpitaux génère des déchets biomédicaux constitués essentiellement d'éléments utilisés au cours des soins curatifs et préventifs. Ils sont liquidesl50 mais surtout solidesl51. Leur taux de toxicité dépend de leur nature, des modes de collecte, d'évacuation, de traitement et d'élimination. Très souvent, les évacuations s'effectuent sans précautions et ces déchets deviennent la cause de toutes sortes de pollutions de l'environnement biophysique et humain.
6.2 Les modes d'évacuation municipaux
et d'élimination
des déchets
solides
Ils sont de toutes sortes et seront analysés ci-dessous tels que le mode de collecte et de transport des déchets, le mode de recyclage des déchets, le mode d'élimination des déchets solides municipaux, la dégradation de l'environnement suite à la prolifération des décharges non contrôlées et les maladies de l'insalubrité. La gestion des déchets solides à Kinshasa s'effectue suicant sa manière et ne suit pas formellement la logique TRIV AC, c'est-à-dire Trier, Recycler, Incinérer, Valoriser, Communiquer comme cela se fait sous
150Sang, liquide de dialyse, pus, liquide d'épanchement, etc. 151Matériel médical, membres amputés, placenta, restes de biopsie, fœtus, bistouris, etc.
169
d'autres cieux. Le cycle de gestion des déchets solides munICIpaux à Kinshasa se présente de la manière dont la figure nOlle présente ci-dessous.
Figure n01 Le cycle de gestion de déchets solides municipaux
Recyclage
Valorisation biologique (artisanale) des déchets biodégradables
Déchets Ménagers
à Kinshasa
Recyclage
Valorisation physicochimique (industrielle) des déchets bio et non biodégradables
Q) OJ) Cd
U
>-. C,) Q) ~ Q)
"'C rJJ Cd ~
Papiers hygiéniques, bouteilles, barres de fer, objets plastiques.
Compost (Fumier)
Décharge non contrôlée (vallées, espaces publics, ravins, cours d'eau, terrains vagues. . .)
La figure nOI montre que le Kinois vide rapidement sa poubelle parcellaire dans une décharge non contrôlée à cause de la putréfaction rapide de ses déchets biodégradables. C'est par manque d'un système organisé de gestion des déchets qu'il ne choisit pas où évacuer les ordures. Si ces déchets sont récupérés par les chiffonniers, ils suivent la filière du
170
recyclage soit biologique pour fabriquer artisanalement des engrais verts, soit physico-chimique pour fabriquer industriellement des bouteilles, des papiers recyclés, des obj ets en plastique, etc. Le rapport annuel de 2005 du PNAl52 faisait mention de la faible capacité de la ville de monter des stratégies de gestion des déchets. Il indique qu'en 1960, Kinshasa, avec une population de 476 819 habitants et un taux de production d'ordures ménagères estimé de 15 %, avait un taux d'évacuation de plus de 70 %. Curieusement en 2000, avec une population de plus de 6 millions d'habitants et un taux de production de déchets ménagers estimé à plus de 70 %, la ville a une capacité d'évacuation de moins de 15 %. Cette faillite est à la base de la multiplication, à travers la ville, de décharges non contrôlées qui affectent dangereusement la santé publique. Des statistiques récentes sur le mode d'évacuation des ordures ménagères montrent qu'en 1989, Kinshasa était déjà confrontée aux problèmes de gestion des immondices. Si 1/3 des ménages enfouissait ses déchets dans la cour soit 113 000 tonnes par an, les deux tiers restants, qui les évacuaient sans normes, en produisaient 287 000 tonnes par an. Au total, selon le CNAEA (op.cit.), cité par Kamena (op.cit.), l'évacuation se présentait de la manière suivante en 1989 : 1% par les entreprises privées, 8% par le service public, 25% par les pousse-pousse et 66% abandonnés dans les décharges sauvages. Aussi, l'enquête nationale sur la situation des enfants et des femmes en RD Congo (MICS 2) en 2001 démontre que le Kinois se débarrasse de ses ordures de la manière suivante: services organisés publics ou privés (29,1%), incinération/brûlage (6,4%), enfouissement (14,6%), compost/fumier (11,6 %), voie publique (6,2 %), cours d'eau (6,6 %), décharge non contrôlée (21,6 %), autres (3,9 %). Depuis des années, les modes d'évacuation n'évoluent presque pas. Le Kinois, en général, jette ses ordures à l'air libre dans la rue (51%), dans le cours d'eau (10 %), les incinère (Il %), les enfouit (28%), etc. (Muamba, op.cit.) Mêmes les études spécifiques dans les communes font apparaître les mêmes comportements vis-à-vis des déchets. Ainsi, par exemple, l'étude spécifique de Lelo Nzuzi et Tshimanga en 2004 dans les communes de Lingwala et Ngaliema donne des résultats presque similaires: recours à un service organisé avec 41 % à Lingwala et 7% à Ngaliema, incinération/brûlage avec 16% à Lingwala et 5% à Ngaliema, enfouissement avec 34% à Ngaliema et 14% à Lingwala, compostage avec 26% à Ngaliema 152Rapport
du PNA (février 2005), service chargé de la gestion des déchets solides et division
de planification
des opérations.
171
et 4% à Lingvvala ; et enfin dans les deux communes, le jet d'ordures dans les artères (13%), dans les rivières (2%), dans les dépotoirs sauvages (9%) et dans les érosions (2%). Si cette dernière étude indique que 73% des ménages utilisent des modes d'évacuation d'ordures ménagères considérés comme hygiéniques (services organisés, incinération/brûlage, enfouissement, compost ou fumier), soit 75% à Lingvvala et 72% à Ngaliema ; la même enquête révèle que 27% des ménages de ces deux communes recourent à des modes non hygiéniques, tels que le jet d'ordures dans les artères (13%), dans les rivières (2%), dans les dépotoirs sauvages (9%) et dans les ravins (2%). L'autre étude spécifique dans la commune de Lemba confirme les faits. Sur la base d'une enquête menée par la Croix-Rouge du Congo, à travers le projet Compostière de Lemba, 80% des ménages évacuent leurs déchets dans des dépotoirs sauvages, 10% dans des cours d'eau, 2% dans les potagers, 1% dans les caniveaux et 7% dans divers endroits (Ekula, 2007). Toutes ces enquêtes indiquent que les ménages kinois transportent les ordures ménagères à travers un service organisé public ou privé. Et ils les évacuent par incinération/brûlage ou enfouissement, par jet sur la voie publique, dans le cours d'eau, dans la décharge non contrôlée ou les transforment en compost ou fumier. Au vu de tout ce qui précède, il y a lieu de rappeler que les déchets ménagers ne suivent pas la filière normale jusqu'à la décharge finale, c'est-àdire la collecte, le transport, l'évacuation, la valorisation et l'élimination. Toutes ces étapes ne sont pas respectées dans tous les cas.
6.2. 1 Le mode de collecte et de transport des déchets Les pouvoirs publics ne parviennent pas jusqu'à présent à organiser un système planifié de ramassage parcellaire des ordures. Il existe des initiatives sporadiques et éphémères de quelques associations locales qui, à la mesure de leurs moyens, collectent les déchets urbains avec des chariots dans les quartiers populaires. Par contre, dans les quartiers riches, ce sont plutôt les privés qui lancent, faute de mieux, quelques initiatives très limitées de ramassage, à petite échelle et à peine efficaces. Ceux qui ne sont pas abonnés aux chariots ni aux véhicules déposent carrément leurs déchets dans des décharges anarchiques qui seront évacuées plus tard par l'hôtel de \'ille dans l'une de ses traditionnelles et improvisées opérations appelées communément 'Kin Bopeto'153.
153Traduction
littérale en lingala, la langue locale:
172
'Kin-propre'.
- Les services
privés
de collecte
et de transport
des déchets
Depuis les années 80, seules deux entreprises privées nommées Transvoirie et Arômel54 collectent vaille que vaille les ordures dans les résidences de leurs abonnés, hôtels et entreprises situés uniquement à la Gombe. Plusieurs sociétés ont tenté l'aventure comme Stavacom, Sitraco et d'autres mais elles ont arrêté pour des raisons de non-rentabilité: personnel à payer, matériel à acquérir et à renouveler, taxes à payer, décharges contrôlées inexistantes, etc. Active en 1988, Arôme n'est plus opérationnelle auprès de ses clients à Limete et à Mont-Ngafula à cause notamment de la crise économique, de la non-solvabilité de la clientèle et de l'inaccessibilité de ses sites dégradés par les érosions. Elle vient de recentrer ses activités à Ngaliema et à la Gombe. Elle approvisionne les espaces maraîchers et les ravins en déchets à la demande générale des bénéficiaires. Il lui arrive aussi, sur demande de sa clientèle, d'évacuer les gravats. Tout cela se réalise sans normes environnementales. Transvoirie est la plus vieille puisqu'elle date des années 60. Elle a travaillé en partenariat avec l'hôtel de Ville, de 1968 à 1980, pour la propreté urbaine, après la faillite des sociétés Jacquemot Vanputer et Cie et de la ferme de Bouc (1926-1968). Depuis la fin de son partenariat avec la Ville de Kinshasa, elle a concentré ses activités uniquement à la Gombe pour les mêmes raisons évoquées ci-dessus. A présent, Transvoirie et Arôme fonctionnent à la limite de leurs moyens. Les clients payent directement leurs prestations et le coût, apparemment, n'est pas à la portée des bourses des ménages des quartiers populaires. Beaucoup de Kinois les ignorent d'ailleurs parce que leurs actions, circonscrites uniquement au centre-ville, passent inaperçues. Dans les quartiers populaires, ce sont plutôt les pousse-pousse organisés individuellement ou à travers les organisations non gouvernementales de développement qui assurent le ramassage domestique. - Les associations des déchets
communautaires
de collecte
et de transport
Ce sont des associations appelées communément 'communautés de base' qui œuvrent sporadiquement dans le secteur de l'assainissement soit en utilisant les pousse-pousse (chariots), soit en organisant ponctuellement des campagnes de salubrité publique grâce aux travaux collectifs.
15-1L'Agence
de ramassage des ordures ménagères.
173
En ce qui concerne les chariots, IGIP (op.cit.) a dénombré 15 000 pousse-pousse qui, avec leurs deux roues, assurent la collecte et le transport de biens et de marchandises dans des quartiers accessibles. Parmi eux, certains sont indépendants et d'autres appartiennent à des associations communautaires. Les indépendants jouent un rôle important dans la collecte domestique des déchets. Ils sont payés à la tâche. Les coûts des prestations des services varient selon le nombre de rotations à effectuer et le volume d'ordures à évacuer. Ils vendent les déchets en vrac aux maraîchers du quartier. Dans le cas contraire, ils les déposent malheureusement soit dans les dépotoirs temporaires, soit dans les collecteurs et cours d'eau. Il n'existe pas beaucoup d'associations communautaires spécialisées dans le ramassage domestique des déchets parce que l'activité serait, semblet-il, moins rentable. Pour preuve, le Conseil national des ONG en 1996 avait
inventorié 342 ONG à Kinshasa dont 2,7
%
spécialisées dans le secteur de
%
dans le secteur de l'environnement en l'eau et de l'assainissement et 4,3 général. La situation ne s'est toujours pas améliorée depuis la fin des années 90. En effet, en 2002 sur 4 587 ASBL que le ministère du Plan et de la Reconstruction avait répertoriées, 31 seulement œuvraient dans le secteur de l'environnement en général. Les ONG qui naissent pour œuvrer dans la propreté urbaine disparaissent quelque temps après par manque de financement ou par
mauvaise gestion. Quelques organisations non gouvernementales émergent de façon satisfaisante parce qu'elles sont appuyées par les bailleurs. La première est la Fédération des organisations laïques à vocation économique du Congo qui mène des actions visibles sur le terrain depuis 1991, date à laquelle elle a été créée avec un budget de 260 520 $ par an (llunga, 1995). En 2005, elle avait un programme de collecte parcellaire auprès de 860 abonnés à Limete et 690 à Ngiri-Ngiri, Mombele et Kalamu. Les résultats sont globalement probants: 2 307, 98 m3 de déchets évacués avec les pousse-pousse et déposés dans les dépotoirs de transit où se trouvaient les bacs à ordures du PNA (Muamba, op.cit.).
174
Tableau 28 Quantité
d'immondices
évacuées par la Foleco de 1998 à 2001
Année
Quantité prévue
Quantité évacuée
1998
1 191 m3
1 208,56 m3
1999
1 742,40 m3
1 349,96 m3
2000
2 338,94 m3
1 893,52 m3
2001
1 408,64 m3
1 139,98 m3
Source: Foleco (2002), cité par Mutima (op.cit.)
Le tableau n028 montre que la Foleco contribue aussi à l'assainissement de la ville avec la collecte des déchets par les pousse-pousse dans la ville. La Foleco est la seule association qui est restée presque permanente dans quelques communes de Kinshasa. La deuxième est l'Association des propriétaires de chariots de Kimbanseke qui est routinière dans la fabrication de chariots spéciaux pour la collecte et le transport des ordures ménagères, la collecte primaire de porte-à-porte, la lutte contre les érosions au moyen de déchets récoltés, la formation de charretiers et d'éboueurs. Son rayon d'action reste toujours la commune de Kimbanseke. Cette association ne fait plus parler d'elle depuis que son bailleur principal a réduit son appui. La troisième est l'Association des conducteurs de chariots du Congo (ACCCO). Elle compte 739 membres. Elle travaille régulièrement avec l'appui des bailleurs internationaux dans l'assainissement urbain. Cette association est active souvent lorsqu'elle reçoit des subsides. Néanmoins, lorsque ses pousse-pousse s'engagent dans un programme officiel et signent des contrats de prestations de services pour la propreté urbaine, ils prennent soin de ne plus jeter leurs ordures anarchiquement parce que les décharges sont officiellement désignées et le travail contrôlé.
- Le service public de collecte et de transport de déchets Kinshasa n'a pas son propre service public d'assainissement. Après l'échec cuisant de l'Office des routes et de l'Institut congolais pour la conservation de la nature au début des années 70 pour relayer Transvoirie
175
qui venait de rompre son contrat de partenariat avec l'hôtel de Ville, Kinshasa fut abandonnée à elle-même jusqu'à la création du PNA, car le service de nettoyage de la ville créé par la suite en 1975 ne donnait pas une entière satisfaction. Kinshasa ne s'appuie maintenant que sur les prestations du PNA qui est un service technique du ministère de l'Environnement et qui a pour mission, notamment, de mener la lutte antivectorielle, d'évacuer les ordures et les eaux usées. Le PNA fournit ses prestations sans subsides étatiques mais bénéficie parfois des dons de quelques bailleurs dont le plus important de son histoire est un équipement complet d'assainissement, en 1988, avec des engins lourds d'une valeur de 700 000 000 de yens, don d'un pays asiatique, mais pillé malheureusement en 1991 et 1993. En 1992, le PNA bénéficiera d'un financement de 400 000 $ d'une organisation internationale des Nations unies, via le ministère de l'environnement, pour la réhabilitation du charroi automobile et pour évacuer les immondices afin de protéger les enfants contre l'insalubrité et les maladies. Mais la campagne récoltera des résultats mitigés suite au pillage, à l'arrêt de la coopération structurelle et à la crise économique qui s'est ensuivie pendant de longues années. Depuis lors, les activités du PNA tournent au ralenti par manq\Ie de subsides et de matérie}155. Ses capacités d'évacuation journalière s'amenuisent au fil des ans, passant de 2800 m3 en moyenne par jour à 600 m3 sur les 5700 m3 que produisait Kinshasa quotidiennement au début de l'an 2000. Tableau 29 Nombre d'engins du PNA en bon état en 1989 et 1999 Engins
Nombre d'engins en 1989
Pelle chargeuse Camions bennes (8m3) Camions bennes basculantes Camions compresseurs (5m3) 155
3 15 8
Nombre d'engins en bon état en 1999 1 3 3
Nombre d'engins à réhabili ter en 1999 1 2 2
15
3
10
1 vieille pelle de 2m3, 2 camions porte-containers,
et rouillés.
176
2 camions bennes,
160 bacs abandonnés
Camions vidangeurs Camions porte-bacs (5m3) Camion laboratoire Camion atelier Dumpers (2m3) Bacs156 Jeeps
5 15
2 3
1 3
1 1 8 170 6
1 0 2 100 0
0 1 2 70 0
Source: PNA (2000), cité par Kutungulula
(2001)
Le tableau n029 présente l'état de dégradation du charroi automobile du PNA en 1999. Ce parc des engins s'est encore dégradé par manque de subsides alors que la population kinoise continue de croître et la production de déchets monte en flèche. Aujourd'hui, le PNA vit 'sous perfusion' grâce aux divers projets d'assainissement appuyés par les bailleurs internationaux, mais cela ne lui permet pas de renouveler son charroi. Il en est de même de ses bacs à ordures abandonnés et disparus dans la nature par manque de camions porte-bacs pour les ramener à l'entrepôt.
Tableau 30 Nombre de bacs du PNA abandonnés Secteur Secteur Est Secteur Centre Secteur Ouest
Nature des déchets Déchets hospitaliers Déchets industriels Déchets domestiques Déchets hospitaliers Déchets industriels Déchets domestiques Déchets hospitaliers Déchets industriels Déchets domestiques
Total Source:
PNA (2001), cité par Kutungulula
156La récupération coûte 2700$.
Nombre de bacs 2 1 18 3 12 14 4 3 30 77
Poubelles 1
4
5
(2001)
par le PNA d' 1 bac rouillé abandonné
177
dans la ville
à travers la ville et sa réparation
lui
Le tableau n030 recense le nombre de bacs abandonnés par-ci par-là dans la ville dans les concessions hospitalières, industrielles et d'habitations. Par manque de camions porte-bacs, le PNA ne passe plus pour les récupérer. Certains bacs ne sont plus récupérables parce que pourris et enfouis dans des montagnes d'immondices. De temps en temps, à l'occasion d'une fête nationale ou de l'investiture des nouvelles autorités dans la ville, l'hôtel de Ville, s'appuyant entre autres sur les quelques vieux engins du PNA, lance ponctuellement l'une de ses traditionnelles opérations 'Kin-Bopeto' qui s'arrête brusquement, comme elle est née, quelques semaines après par manque de moyens et de stratégies.
Tableau 31 Évacuation
des déchets par le PNA (1995-2005) à Kinshasa
An
1995
1996
1997
1998
1999
2000
m3
14604
35829
27797
55885
41717
21669
An
2001
2002
2003
2004
2005
m3
8515
13232
8608
7842
7167
Source: PNA (2005)
Le tableau n031 présente les prestations décennales du PNA. Les statistiques indiquent sa bonne prestation entre 1996 et 2000. Cette période correspond aux années fastes de l'hôtel de \1'ille de Kinshasa engagé manifestement dans une campagne de grande envergure de propreté urbaine, avec la création de son service de salubrité doté de 1200 cantonniers, de matériel de cantonnage et d'engins lourds d'assainissement. C'est en mars 1998 que la ville bénéficie d'un appui budgétaire gouvernemental de 230 769 $ qui lui permit de lancer l'opération 'KinBopeto' et d'éliminer, grâce aux engins du PNA, les grandes décharges anarchiques15ï à travers la ville, notamment celles situées sur le boulevard
157Sur le terrain public de l'avenue communale
du 24 Novembre
de Lingwala et sur l'avenue du Flambeau
178
à l'actuel
emplacement
en face de l'aéroport
de la maison
militaire de Ndola.
Triomphal avant son asphaltage. C'est cette année-là que le PNA est parvenu à évacuer 55 885 m3. C'est aussi grâce aux bailleurs internationaux que depuis 2007, le PNA conduit, en régie, une action pilote de gestion des déchets solides dans 10 communes, en partenariat avec l'ACCC0158, pendant 22 mois, pour une enveloppe totale de 1 596 067 $. Le projet comprend trois volets: primo, éliminer en 4 mois la grande décharge non contrôlée de Banunu au niveau du pont Matete ; secundo, éliminer en 6 mois, dans la commune de Matete, la grande décharge non contrôlée de l'avenue Mulele (environ 70 000 m3) ; tertio, collecter de porte-à-porte et évacuer pendant un semestre les déchets ménagers dans dix communes de la ville de Kinshasa159 avec 590 chariots. Outre ces activités, le projet comprend également le volet de location d'engins lourds pour l'exécution de travaux. Les déchets sont à déposer dans des décharges relais désignées par les bourgmestres des communes concernées, soit dans des zones marécageuses à Matete, soit dans des anciennes carrières de sable à Kimbanseke, soit dans des ravins à Ndjili, soit dans des bacs PNA à Lingwala et à Barumbu. Les résultats sont visibles. Environ 26 000 m3 de déchets ont été évacués entre avril et mai 2007 (Lelo Nzuzi, 2007). L'ACCCO y installera des équipes de trois personnes par dépôt relais pour trier et exploiter les broyeurs. Le compost récupéré par les équipes de l'ACCCO après broyage sera livré aux maraîchers. Les rebuts seront évacués à partir de ces dépotoirs par les camions du PNA pour les acheminer vers les décharges finales en dehors de la ville. Comme on le constate, l'évacuation de déchets par le PNA n'est possible que lorsqu'il obtient des subsides parce qu'il n'est pas un service générateur de recettes. D'ailleurs, ses quelques engins fonctionnent encore grâce à la débrouillardise, à l'ingéniosité de son personnel et à quelques recettes récoltées après une prestation chez les privés dont le coût fixe est de l'ordre de 35 $ par 5-8 m3 de déchets solides évacués (IGIP, op.cit.).
6.2.2 Le mode de recyclage des déchets Le recyclage se fait de deux manières, soit artisanalement pour fabriquer le compost, soit industriellement pour recycler les métaux, papiers, objets plastiques, etc. Et la matière première, c'est-à-dire les déchets, est fournie par les chiffonniers. C'est un des nouveaux métiers, à Kinshasa, nés de la crise économique et de la crise d'emploi. Ce métier de chiffonnier est donc très récent à Kinshasa. Il est lié à la profonde crise socioéconomique 158L'Association d'appui aux conducteurs de chariots du Congo. 159Matete, Kisenso, Ndjili, Kimbanseke, Barumbu, Kinshasa, Lingwala, Kasa-Vubu, et Masina.
179
Kalamu
qui frappe Kinshasa depuis les pillages de 1991 et 1993 et qui a supprimé 100 000 emplois (Lelo Nzuzi et Tshimanga, 2004). Ces activités de récupération qui alimentent le lot des petits métiers de Kinshasa attirent de nombreux jeunes désœuvrés, les enfants des rues et les « sans emploi fixe ». La filière recyclage regroupe deux types d'activités distincts: le ramassage et le recyclage. Les ramasseurs collectent les déchets qu'ils revendent aux recycleurs. Ces derniers valorisent ces déchets qu'ils revendent à leur tour sur le marché urbain. La collecte, le transport, l'évacuation, la valorisation et l'élimination se réalisen t vaille que vaille sans normes ni évaluation d'impact environnemental et social. Les déchets récupérés dans les décharges de la ville sont les verres, les objets en plastique, les papiers, les métaux, etc.
Tableau 32 Consommation
industrielle
de quelques produits de récupération Déchets
Entreprise
en 1989
Quantité consommée
en Verres Plastiques Plastiques Papiers Papiers Aluminium
Boukin Sizaplast Plastica Carto-ZaÏre Zapac Alukin
%
du total 35 18 15 68 12 5
Source: Lubuimi (1989), cité par Mutima (2002)
Le tableau n032 montre bien le rôle que jouent certaines fabriques de Kinshasa dans la récupération et le recyclage des déchets solides municipaux. C'est le recyclage des papiers qui bat tous les records parce que les papiers hygiéniques, les papiers journaux et les papiers d'emballage fabriqués localement sont très consommés sur le marché urbain.
180
- Le recyclage des déchets ménagers en compost Des études sur le mode d'évacuation des ordures ménagères à Kinshasa montrent que certains ménages kinois transforment leurs déchets en fumier pour leurs potagers: Il,6°/0 d'après MICS 2 (2001), 15,4% selon Lelo Nzuzi et Tshimanga (op.cit.). Ce mode de recyclage rustique s'effectue à domicile parce que la ville n'a pas une usine de compostage industrielle, hormis la petite compostière eXpérimentale de Lemba. Cette compostière a été créée en 1996 à l'initiative de la Société nationale de la Croix-Rouge en collaboration avec le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et des autorités communales de Lemba. Dix ans après, elle fonctionne encore telle une compostière-pilote. Sept jeunes secouristes de la Croix-Rouge assurent la collecte des déchets des ménages de la commune et trois employés s'occupent du compostage sur le site. Le compost se vend à 2 $ le sac de 50 kg et la moyenne de la production annuelle est de 24 tonnes par an (Kasulu, 2007) car le rendement trimestriel en compost est de plus ou moins 6,75 tonnes, soit une production de 135 sacs (Ekula, op.cit.). Le compost produit se vend difficilement à cause de son coût exorbitant par rapport aux revenus des maraîchers, horticulteurs et arboriculteurs qui doivent acheter et transporter eux-mêmes les sacs de compost jusqu'aux sites de culture. C'est à cause de cela qu'à la place du compost, les maraîchers utilisent les ordures ménagères biodégradables que les pousse-pousse leur livrent en vrac sur le site et à meilleur marché. Pour preuve, 58% des maraîchers de la pépinière de Bandalun~a s'approvisionnaient de la sorte. Les pousse-pousse leur vendaient sur le site une cargaison de 0,5 m3, l'équivalent de la capacité d'un chariot, des déchets triés à 1 $ et non triés à 0,25 $ (Makangu, 1998). C'est bien ce prix d'achat dérisoire et cette politique de livraison du produit sur le site du maraîchage qui ont cassé le marché du compost fini de la compostière de Lemba. C'est comme cela que les maraîchers récupèrent par jour près de 400 m3 de déchets ménagers pour le compostage artisanal, selon le PNA (op.cit.). Aujourd'hui, à Kinshasa, les espaces maraîchers cohabitent avec les dépotoirs anarchiques, véritables réservoirs de déchets biodégradables, c'està-dire d'engrais verts pour les maraîchers. Et pourtant, les maraîchers ont tout intérêt à fertiliser leurs champs avec du compost puisque la fertilité du sol qu'ils utilisent depuis des années diminue progressivement. Les estimations du ministère du Développement rural indiquent qu'un hectare de culture maraîchère a besoin de 40 tonnes de compost par an. Et il est connu que 1 m3 de déchets organiques après tri produit 350 kg de compost fini. Les besoins en compost, en 1986, étaient évalués à 2500 m3 par jour
181
pour tous les grands espaces maraîchers de la ville qUI ne comptaient qu'environ 600 ha160 à cette époque-là (Ilunga, op.cit.). Pour toutes les raisons évoquées plus haut, la compostière de Lemba rencontre des difficultés énormes parce que le compost fini ne trouve pas de débouchés. Pour preuve, calculant le coût de production du compost entre octobre et décembre 2006 dans la compostière, Ekula (op.cit.) a trouvé que les dépenses engagées par le projet (375,02 $) étaient largement supérieures aux recettes obtenues (165,09 $), soit une perte de 139,93 $. Il en est de même pour le premier trimestre de 2007 avec un déficit de 159,41 $ avec des gains récoltés (259,7 $) qui sont inférieurs par rapport aux frais engagés (419, Il $). Au total, le recyclage des déchets en compost ne récolte pas de succès à Kinshasa pour des raisons économiques. Une autre expérience de compostière tentée à Barumbu, par une association locale spécialisée dans le curage des caniveaux, l'assainissement des latrines publiques et la collecte des déchets, a été abandonnée après sept ans de pilotage. Ainsi, par exemple, de mars à juin 2001, l'association avait collecté 106 m3 d'ordures et transformé 51 m3 de déchets biodégradables avec environ 18 tonnes de compost qu'elle avait difficilement vendues sur le marché. (Mutima, 2002). Très récemment, ont été identifiées à Kinshasa des initiatives volontaristes dans le domaine du traitement des déchets solides ménagers. C'est le cas de la mise au point d'un type de broyeur testé et en commande de 31 pièces par une institution bancaire internationale africaine auprès d'un artisan local. Ces broyeurs son en train d'être montés dans les ateliers des Travaux publics sur financement de l'hôtel de \'ïlle. Ils ont l'avantage de diminuer le temps de compostage. Ainsi, par exemple, le recyclage des déchets bruts en compost dure 3 à 4 mois et 2 à 4 semaines seulement avec les déchets broyés. Ce broyeur est donc un outil très important en appui à la production du compost rapide, en 1 mois au lieu de quatre (Ngoy, op.cit.).
Le recyclage de cartons et papiers usés en papier hygiénique, papier journal, etc. Le recyclage de cartons et papiers ne date pas de maintenant, mais les informations sur cette activité sont rares parce que les fabriques se livrent à une concurrence déloyale. L'une des rares études connues est celle de Mataba (1996) sur l'Izap161 qui, avec ses deux camions, ramassait les papiers et cartons usés dans les imprimeries et cartonneries de la place pour les 160 Centre Ndjili (56 ha), Kimbanseke (44 ha), Tadi (39 ha), Manzanza (50 ha), Ndjili Cecomaf (3 ha), Lemba-Imbu (108 ha), Funa (81 ha), Echangeur (8 ha), Lingwala Huileries (15 ha), Bandalungwa (20 ha), Masina Mission chinoise (8 ha), Tshanga (44 ha), Tshwenge (32 ha), Mango (54 ha), Mekori Bono (120 ha). 161Industrie zaïroise du papier.
182
recycler dans ses installations. L'lzap travaillait avec des ramasseurs indépendants et recrutait des jeunes chiffonniers à qui elle fournissait des chariots. Elle achetait, en 1996, les cartons usés à 0,10 $ par kg et les papiers à 0,06 $ par kg (Makangu, op.cit.). Ses achats annuels étaient montés jusqu'à 813 034 kg en 1995 dont 731 730,6 kg pour les cartons (43 903,836 $) et 81 303,4 kg pour les papiers (8 130,34 $). Au total, l'Izap achetait jadis pour environ 50 000 $ par an de cartons et papiers usés pour le recyclage.
Tableau 33 Production
en kg de cartons et papiers recyclés par l'Izap
Variétés Simili kraft Papier hygiénique Papier blanc journal Total
1993 560 075 305 518 52 720 918 313
1994 755 414 280 885 39 990 1 076 289
1995 739 553 398 160
1 137 713
Source: Mataba (1999)
Le tableau n033 montre que la fabrique Izap travaillait essentiellement dans le simili kraft et dans les papiers hygiéniques. D'autres sources montrent que l'Icop (ex-Izap) a recyclé 510 974 kg de papiers en 2000 qui se répartissaient de la manière suivante: 226 294 kg de cartons et 284 680 kg de divers (Mutima, op.cit.). Le recyclage des cartons donne lieu aux emballages appelés 'simili kraft', tandis que les 'divers' qui contiennent tous les autres papiers donnent des papiers hygiéniques. A présent, à côté de l'Icop, il existe quelques recycleurs de papiers et cartons mais ils travaillent presque dans l'anonymat, sans publicité, pour des raisons de fisc et de concurrence. Les kinois observent seulement des chariots remplis de cartons, tirés par des jeunes, en route pour la commune de Limete où se situent ces usines de recyclage. Ces jeunes chiffonniers viennent même de créer anarchiquement en plein air, au croisement des avenues de l'Université et Lumumba à Limete industriel et à l'angle des avenues Luambo Makiadi et Sendwe à Kalamu, un dépôt relais où ils stockent des tas et des tas de cartons usés. Ils sont destinés à ces fabriques162 qui les recyclent pour fabriquer principalement du papier hygiénique parce que le marché du /62
ICOP, Carton Congo Pegal, Zapak, etc.
183
papier journal n'est plus bénéfique à cause de la concurrence étrangère. Le constat fait est que la récupération de cartons usés ne draine pas des centaines de jeunes chiffonniers parce que le métier est mal rémunéré. Le chariot de 0,5 m3 bondé de cartons ne coûte tout au plus que 5 $, c'est-à-dire 1 m3 = 0,1 $. Et comme ils vivent au jour le jour dans la précarité., les fabriques de recyclage profitent de leur état de pauvreté pour leur imposer à vil prix l'achat des cartons et papiers. Cela démotive ces jeunes chiffonniers qui travaillent péniblement sous un soleil ardent pour ne récolter que des miettes après tant d'efforts fournis dans le ramassage et le transport des cartons usés.
- Le recyclage des déchets plastiques en granulés Kinshasa en produit et en consomme des quantités énormes chaque jour. Les sachets en plastique ont plusieurs usages à Kinshasa. Ils servent de panier de la ménagère, d'emballage non seulement de produits mais aussi de déchets contaminants et même de selles pour certaines familles qui vivent dans des parcelles dépourvues de latrines. Ce ne sont pas en tout cas les déchets plastiques qui manquent à Kinshasa. Certains Kinois ironisent en disant que les 'sachets plastiques usagés ont valablement pris la place du gazon'. Effectivement, les sachets en plastique couvrent le sol à perte de vue sur de vastes étendues: le long des trottoirs, dans les caniveaux, dans les espaces publics, etc. créant ainsi une couche imperméable aux eaux pluviales. Donc, pendant les pluies, les eaux de ruissellement, ne pouvant s'infiltrer, stagnent sur les routes. La ville souffre donc du phénomène de 'sachetisation' ou du 'péril sachet' produit officiellement par dix-sept fabriques dont le personnel varie entre 20 et 30 personnes. Début 2005, le gouverneur de la ville essaya, mais sans succès, de sensibiliser les Kinois dans une campagne nommée les 'communes sans sachets'. Il osa même interdire par un arrêté la production de sachets dans la ville: un jour à trois mois de prison avec des amendes de 1 à 10 000 $, selon l'importance de l'industrie, suivies de la saisie des équipements en cas de récidive. Mais cet arrêté se trouva encore confronté à la problématique de son application. Il est en souffrance maintenant dans les tiroirs faute vraisemblablement de mesures d'encadrement appropriées. Pour atténuer les conséquences du 'péril sachet', quelques initiatives locales d'associations communautaires naissent actuellement. Elles recyclent des sachets plastiques en divers objets d'usage quotidien comme des sacs à main, des chapeaux, etc. Le succès de cette activité reste mitigé parce que ces activités restent de faible capacité et de petite échelle. De plus, les populations sont peu 'friandes' de ces produits à base de sachets parce que les plastiques 'chauffent' sous le soleil ardent de Kinshasa. 184
Parmi les initiatives locales, il y a celle de Cerplast. Il regroupe deux associations bien structuréesI63 d'assainissement. Il appuie et accompagne, depuis 2005, le développement d'une filière de recyclage de déchets plastiques dans la commune de Lemba. Il recycle les déchets plastiques et vend aux fabriques des résines récupérées (triées, broyées, lavées) à un prix plus économique que les produits importés (Maisin, 2006). Avec cette activité, le Cerplast poursuit un double objectif: l'assainissement de Kinshasa et le développement d'une activité économique créatrice d'emplois. Il emploie 16 personnes fixes. Du ramassage à la production, la filière est bien organisée. Près d'une soixantaine de jeunes dont une trentaine d'enfants des rues et une dizaine de pousse-pousse ramassent régulièrement les déchets plastiques. Le recyclage concerne, pour le moment, uniquement les plastiques (bouteilles, bassines, pièces de voitures, téléviseurs, etc.). Le prix d'achat varie entre 0,12 et 0,23 $/kg, parfois 0,15 = /kg, selon le degré de tri effectué par les collecteurs/vendeurs. La quantité moyenne achetée entre novembre et décembre 2005 se chiffre à 3,3 tonnes/mois (Maisin, op.cit.). En 2006, le Cerplast a acheté 40 449 kg et a livré 40 tonnes de plastiques broyés vers les fabriques de plastiques à 0,42 = /kg (Tsimba, 2007). De 2005 à 2006, le Cerplast a déjà acheté environ 3 200 kg de déchets plastiques. Il espère atteindre une vitesse de croisière, en 2007, avec une production de 250 kg/jour soit 6,5 tonnes par mois (Tsimba, op.cit.). Les plastiques que le Cerplast vend à ses principaux clientsI64 servent à la fabrication de produits finis comme des seaux, bassines, entonnoirs, tuyaux de grainage de câbles, matériel électronique (boîtes de dérivation). Malgré la présence de ces deux associations spécialisées dans le recyclage, l'activité ne crée pas d'émules auprès des jeunes chiffonniers parce que ce métier de ramassage de plastiques, à l'instar de celui de cartons, ne nourrit pas son homme. Il n'y a pas que les chiffonniers qui sont 'démotivés' parce qu'ils ne vivent pas de leur métier. Les vendeurs de plastiques broyés le sont également. Eux aussi éprouvent les mêmes difficultés. En effet, malgré le gain économique qu'elles tirent en utilisant des produits secondaires issus de déchets plastiques, les fabriques de recyclage de déchets en plastique rabattent le prix d'achat des flocons de plastiques broyés et payent les vendeurs plusieurs jours après livraison. Cela paralyse la filière. Depuis 2007, deux nouvelles associations partenairesI65 sont venues 'révolutionner' la filière après leur expérience-pilote à Makala et à NgabaI66. !63Vie montante et Ingénieurs sans frontières. !6-1Comme les fabriques Kern Piast et Congo Piast. !65Umoja et Ingénieurs sans frontières. !66 Texte tiré de Nzela ya Lobi,journal de la Coopération nOl,juillet-août 2007, p. 11.
185
technique
belge à l'est de Kinshasa,
La chaîne de production s'organise dans une filière en trois étapes. D'abord, un groupe de plus de quarante jeunes filles et garçons ou d'enfants des rues majoritairement issus de familles pauvres ramasse en moyenne 300 kg par semaine de sachets plastiques qu'ils vendent à un collecteur dans son guichet d'achat-vente. Ensuite, le collecteur les centralise, les trie, les prépare et les vend aux deux associations partenaires. Enfin, ces deux associations partenaires collectent, trient, broient, déchiquètent, lavent, sèchent, régénèrent, et transforment les plastiques en granulés qu'elles vendent aux entreprises de recyclage. Apparemment, cette 'innovation' dans le secteur commence à porter ses fruits puisque ces deux associations partenaires qui viennent de s'installer dans la vaste commune de Kimbanseke projettent, au second semestre de 2007, de fournir mensuellement aux industries plastiques de Kinshasa plus de 6 tonnes de matières premières.
- Le recyclage des déchets ferreux en barres de fer de construction Le ramassage de la mitraille est une activité très récente et lucrative à Kinshasa. C'est à la fin de l'année 2005 qu'elle voit le jour et ce commerce prend vraiment de l'ampleur. Elle emploie des jeunes robustes qui font désormais la chasse à toute mitraille qui traîne dans la rue. Cette activité fait suite à la naissance récente dans la ville de sociétés de rachat et de recyclage de mitrailles. Certaines fonderies les recyclent localement en matériaux ferreux de construction. Elles fondent les mitrailles dans des fours de fusion, ensuite les laminent pour produire des fers ronds de différents diamètres, des cornières de différentes dimensions, c'est-à-dire, de la ferraille pour les constructions. Une tonne de mitrailles permet de fabriquer 211 barres de 8 (Bayoli, 2007). Sur le marché de Kinshasa, une barre de fer de 12 m de long et de 6 mm de diamètre revient à environ 4 celle de 8 mm à 7 $, de 10 mm à 6,5 $, de 12 mm à 8 $, etc. D'autres acheteurs, par contre, exportent ces déchets ferreux à l'état brut vers l'Asie du Sud-Est. Une fonderie qui vient d'ouvrir ses portes à Limete a une capacité de production de 2000 tonnes par mois de barres de fer de béton mais n'en produit que 200 tonnes à cause de coupures fréquentes d'électricité (Mwarabu, 2007). Kinshasa est en train d'être vidée en partie des mitrailles constituées principalement des épaves de véhicules. Comme les déchets ferreux commencent à se raréfier, les jeunes ramasseurs parcourent les rues ou écument les rivières de la ville pour racheter ou ramasser de la ferraille rouillée. Certains arrivent à déterrer la mitraille enfouie jadis dans les ravins pour lutter contre les érosions. Ce qui malheureusement déstabilise les talus et réveille ces érosions qui mettent en danger des quartiers en tiers.
186
Déjà vers les petites heures du matin, profitant de la faible circulation matinale, des colonnes de chariots 'à la queue leu leu' et 'bourrés' de déchets ferreux encombrent l'avenue des Poids lourds et le boulevard Lumumba en direction des entreprises de recyclage à Limete. Comme il est difficile de rassembler une tonne de mitraille et de tirer la charrette tout seul jusqu'à Limete, ces jeunes se regroupent à plusieurs pour atteindre les points de vente. Après avoir écoulé la mitraille, le groupe se partage l'argent gagné en fonction de la contribution de chacun. Mais ces énergies et efforts physiques dépensés pour ramasser et tirer ces charrettes ne rapportent que des miettes. Les recycleurs rachètent la mitraille à 30 $ la tonne pour être revendue FOB à Matadi à 170 $ et à 300$ en Asie du Sud-Est. Depuis février 2007, la tonne se négocie de 100 $ à 150 $ et autour de 600 $ en Asie. Malgré le fait positif sur l'assainissement de la ville, l'exportation de la mitraille brute constituerait un manque à gagner important pour la Sidérurgie de Maluku fermée depuis 1988. Des initiatives officielles existent pour redynamiser cette sidérurgie, notamment les différents arrêtés des gouverneurs de Kinshasa de 1998, de 2002 et 2007 relatifs à la fermeture des garages et à l'évacuation des déchets ferreux sur les servitudes publiques ainsi que la décision du ministre de l'Industrie de 2007 concernant l'interdiction de l'exportation des mitrailles. Toutes ces décisions avaient notamment pour but d'approvisionner la sidérurgie en voie de réouverture en matières premières telles que les déchets ferreux. La sidérurgie aura besoin bientôt de 29 515 tonnes de mitrailles pour produire 2 300 tonnes de produits finis ferreux (Bayoli, op.cit.). Mais cette relance de la sidérurgie tarde encore à prendre forme. C'est la raison pour laquelle le commerce des mitrailles prend de l'ampleur parce que Kinshasa a cette réputation d'être un vaste entrepôt de véhicules et engins déclassés. En 1999, dans le cadre du programme 'food for work', l'Office de voirie et de drainage avait évacué 487,5 tonnes de mitraille (Mutima, op.cit.). Mais à cette époque-là, les fonderies de Kinshasa n'existaient pas encore. Probablement, les Kinois les avaient rachetées pour les déverser dans les ravins dans le cadre de la lutte antiérosive. - Le recyclage
de tessons
de verre en bouteilles
L'artisanat du recyclage de verres n'existe pas. Boukin 167est la seule usine qui fabrique des bouteilles à Kinshasa depuis 1948. Au début des années 90, sa production s'élevait à 45 tonnes de bouteilles par jour dont 15 à 20% des matières premières provenaient de la récupération des verres à l'intérieur de l'usine et 5 à 10% étaient ramassées à l'extérieur (Ilunga, op.cit.). 167La bouteillerie
de Kinshasa.
187
Si, en 1998, l'usine rachetait les tessons de bouteille à environ 0,40 $ le kg, elle le fait maintenant à 24 $ le m3 auprès des chiffonniers, payables une semaine après livraison. Ces derniers sont généralement installés à proximité des usines brassicoles, le long de l'avenue des Poids lourds, pour ramasser les bouteilles cassées. Ils les récupèrent aussi dans les décharges publiques situées le long du fleuve à Kingabwa. C'est une activité qui passe presque inaperçue parce qu'elle est circonscrite au centre-ville et très concentrée sur la route des Poids lourds dans le quartier industriel. Comme on vient de le voir, malgré la présence de tonnes de déchets recyclables dans les cités, la filière recyclage ne connaît pas un succès réel, hormis la nouvelle qui concerne les déchets ferreux. Les jeunes chiffonniers rencontrent beaucoup de difficultés pour développer leur activité: manque de moyens de locomotion, prix d'achat dérisoire, paye aléatoire, etc. Pis encore, les industries de recyclage profitent de l'état de pauvreté des chiffonniers pour rabattre les prix. C'est la raison pour laquelle, dans plusieurs cas, les ménages producteurs de déchets jettent carrément leurs ordures n'importe où avec toutes les conséquences que cela entraîne sur l' environnemen t. 6.2.3 Le mode de/imination
des déchets
sa/Ides municipaux
Le colmatage des anciennes carrières de sable et des ravins Le colmatage des ravins et des carrières est un mode d'évacuation et d'élimination des déchets connu de tous les Kinois et pratiqué dans toutes les cités collinaires. D'après Mayambwedi (op.cit.), 50% des ménages de MontNgafula et selon Matondo (op.cit.), 58% des ménages de Kisenso jettent leurs déchets dans le ravin pour colmater le fond des érosions. A Ndjili, sur la demande des autorités communales, les ravins Mabanza et 'Bassin', avec leurs capacités d'accueil respectives de 164 000 m3 et 270 000 m\ viennent de recevoir des tas d'immondices avec le projet PNA-ACCCO : le premier, 278,50 m3 et le second, 51,50 m3 entre avril et mai 2007. Il en est de même des ravins Kulumba- Tswenge et KulumbaTshangu avec des capacités d'accueil respectives de 7 200 m3 et 78 750 m3 qui viennent de recevoir, grâce au même projet, respectivement 1513,50 m3 et 1164 m3, chacun pendant la même période (Lelo Nzuzi, 2007). Dans la commune de Kimbanseke, sur la demande aussi des autorités municipales, les pousse-pousse du projet PNA-ACCCO enfouissent les immondices dans d'anciennes carrières de sable jadis remplies d'eaux pluviales et transformées en gros étangs. La carrière de \7unda a une capacité d'accueil de 30 000 m3 et entre avril et mai 2007, elle a été remblayée avec 903 m\ tandis que celle de Toyeye, avecses34 200 m\ a 188
accueilli 1085 m3 (Lelo Nzuzi, op.cit.). Ce colmatage est en train de supprimer les gîtes larvaires et les marécages dont l'assèchement ne présente pas de gros risques sur le plan environnemental. Le remblai
des zones
marécageuses
Comme les déchets solides municipaux kinois posent d'énormes problèmes de gestion, une partie de ces immondices est jetée dans les marais pour colmater le fond des zones marécageuses et pour gagner de la terre ferme. Dans les années 70, le caractère marécageux de la zone inondable de Kingabwa-pêcheur a conduit les habitants à la remblayer avec des déchets et du sable pour aménager un terre-plein sur les marais. Les travaux de Gbua (2005) montrent que 29% des ménages de Kingabwa jettent leurs déchets dans les zones marécageuses. Dans les années 90, le remblai réalisé à l'aide des ordures ménagères et du sable, au croisement des avenues Kabinda et Huileries, a permis de récupérer près de 1000 m2 de terre sur les marécages. Le site est affecté maintenant à la cour d'une école. Plus récemment, l'ancien lit inondable de la rivière Matete a reçu près de 6 000 m3 de déchets grâce au projet PNA-ACCCO pour gagner de la terre ferme sur les marécages (Lelo Nzuzi, op.cit.). Le rejet
dans
les cours
d'eau
Certains ménages kinois jettent directement leurs ordures dans la rivière comme c'est le cas dans la commune de Limete dans quartier de Mombele (14%) (Nsia, op.cit.), 8% dans quartier de Bribano à Kingabwa (Mawete, op.cit.), 35% des riverains de Yolo (Bolya, op.cit.), 59% des riverains
de Mango/Mokali (Lukengo, op.cit.). Dans plusieurs cas, ces dépôts de déchets servent de digues contre les crues. C'est comme cela qu'en déposant les ordures le long des berges de la rivière Matete, les habitants du quartier de Kunda contiennent les crues de ce cours d'eau. L'incinération
de déchets
A Kinshasa, à l'époque coloniale, le caractère biodégradable des déchets des marchés communaux et les difficultés de les évacuer quotidiennement tous les après-midi, après chaque fermeture, avaient conduit les autorités communales à implanter de petits fours incinérateurs168 168Appelés
communément
fours.
189
sur le site pour brûler les immondices. A cette époque, les déchets n'étaient pas composés de grandes quantités de matières en plastique. Aujourd'hui, cette pratique polluerait probablement davantage l'air avec l'incinération de sachets plastiques qui produisent des gaz à effet de serre. Cette pratique n'existe plus. La seule et l'unique expérience postcoloniale d'implantation d'un four incinérateur public date de 1999 avec I'hôtel de Ville de Kinshasa. Il était en briques réfractaires avec une capacité de 8 m3. L'hôtel de Ville l'avait construit à proximité de l'espace maraîcher du pont Kiyimbi, à Matete, avec pour objectif de brûler les rebus des déchets ménagers déposés auprès des maraîchers. Pendant les essais, cette pratique d'élimination gêna davantage la population avec des rejets toxiques dus au mauvais brûlage. Du coup, elle s'affola de la pollution et l'expérimentation s'arrêta. Abandonné, le four sera démoli quelques années après par des lotisseurs anarchiques venus implanter des magasins sur le site. Seuls les hôpitaux continuent tant bien que mal à incinérer. Mais il est surprenant de voir la manière dont ces déchets biomédicaux sont évacués sans précautions dans certains hôpitaux. Leur stockage se fait pêle-mêle dans des poubelles métalliques, des seaux en plastique et des cartons. Dans certains cas, leur transport se fait manuellement ou dans une brouette vers ces incinérateurs artisanaux de faible capacité par rapport à l'expansion de la clinique. En cas de manque, les déchets biomédicaux sont brûlés à l'air libre ou dans une fosse située dans la cour arrière, vers la morgue. Il est regrettable de constater que, suite à la complaisance des services étatiques, plusieurs centres de santé ne se soucient pas de se doter d'incinérateurs appropriés. Certains centres de santé osent même brûler leurs déchets biomédicaux dans les décharges sauvages du quartier. Et pourtant, lorsque les résidus des hôpitaux sont jetés dans les décharges et sont mélangés avec les déchets ménagers, ces derniers sont directement déclarés déchets spéciaux qu'il faudra incinérer. Ce qui ne se fait pas souvent et malheureusement, c'est là où les chiffonniers courent le risque d'être contaminés par des seringues souillées lorsqu'ils y vont pour ramasser toutes sortes d'emballages jetés. En ce qui concerne les ménages et les vendeurs de rue, ils incinèrent régulièrement leurs déchets après les travaux de salongo, alias travaux collectifs de salubrité. Le salongo appartient à l'histoire. Institué dans les années 70 par le gouvernement, le salongo obligeait tout Congolais à accorder la demi-journée du samedi à l'Etat pour la salubrité publique: débroussaillage, curage de caniveaux, abattage de vieux arbres, etc. et incinération. Depuis les années 80, le salongo obligatoire n'existe plus (Kamena, 1999). Mais, les habitudes sont restées. Tous les travaux collectifs sont désormais désignés par le vocable 'salongo'. Dans le quartier de 190
Mombele, dans la commune de Limete, 18,7% des ménages l'incinération comme mode d'évacuation des ordures (Nsia, op.cit.). L'enfouissement
de déchets
utilisent
ménagers
Lorsque la ville avait encore, en 1989, près de 3,5 millions d'habitants, le rapport du CNAEA (1990), cité par Kamena (1999), avait mentionné que près de 30% des Kinois enfouissaient leurs ordures ménagères dans la cour. Ce qui représentait environ 113 000 tonnes par an. Les rapports du PNA en 1996 indiquaient que 1,5 million d'habitants enfouissaient leurs déchets ménagers. Ce qui représentait environ 168 000 tonnes par an. Si ces chiffres représentent la situation en général pour toute la ville, il y a aussi des études spécifiques qui confirment les faits. A Makala par exemple, 44% des ménages enfouissaient leurs déchets (Monsengo, 1996) dans la cour. Dans le bidonville de Bribano à Kingabwa, 83% des ménages les enfouissent dans la parcelle et à Masina, ils sont 7% à les éliminer de la même manière. Et plus tard, après leur décomposition, la décharge parcellaire cède sa place au potager. Comme l'impose la tradition du jardin de case, les ménages kinois, pauvres et riches, se dotent de jardins et élevages parcellaires lorsqu'ils ont de l'espace. Ils plantent des légumes à l'ancien emplacement du trou à ordures. A Ngaliema, 91% des ménages ont un jardin parcellaire (Lelo Nzuzi et Thsimanga Mbuyi, 2004).
L'enfouissement des déchets spéciaux et dangereux Il n'existe pas d'études connues qui décrivent ce mode d'évacuation parce que les services de l'Etat eux-mêmes ne réussissent pas à obtenir les autorisations des entreprises pour inspecter leurs installations. Dans les rares cas où ils les obtiennent, leurs analyses ne reflètent pas la réalité du terrain. Les quelques bribes d'informations qui circulent portent sur une entreprise locale qui produit, par mois, près de 80 m3 de plaques de fibrociment. Cette entreprise évacue ses déchets d'amiante, en pâte boueuse, en les donnant volontiers aux Kinois sinistrés, sur leur demande, pour les enfouir dans les érosions naissantes. Il est aussi connu que ces mêmes déchets sont très prisés par les enfants qui fabriquent des statuettes de jeu avec cette pâte blanche. Aujourd'hui, certains travailleurs retraités de l'usine sont en procès avec le patronat parce qu'ils ont développé des maladies incurables. Il est étonnant qu'aucune réglementation contraignante n'existe pour inquiéter les producteurs d'amiante et de ses dérivés dans le pays, quand bien même la production de plaques en eternit pour les faux plafonds et autoportants de couverture de toitures n'existent pratiquement plus à Kinshasa.
191
Certains déchets spéciaux et dangereux sont issus des métaux lourds utilisés dans la fabrication des billets de banque. Cet autre désastre environnemental n'attire pas non plus l'attention des services de l'environnement. Ce sont ces déchets produits par les institutions qui 'battent la monnaie' et qui 'impriment' des gadgets comme les macarons, les récépissés, etc. qui sont très dangereux et qu'il faudra éliminer par des méthodes spéciales. Or, la 'radio trottoir'169 raconte que ces déchets seraient enfouis à une centaine de kilomètres de Kinshasa, sur le plateau de Bateke, sans normes environnementales et avec comme risque encouru, la pollution chimique de la nappe phréatique. 6.2.4
La dégradation de l'environnement urbain suite à la prolifération des décharges non contrôlées
L'évacuation des déchets solides municipaux à Kinshasa s'effectue généralement sans normes hygiéniques, avec des conséquences néfastes sur l'environnement. En effet, au sens strict du terme, la gestion rationnelle des déchets urbains consiste à évacuer les ordures en dehors de la ville car leur dépôt dans des zones habitées pollue l'environnement et détériore la qualité de la vie. Dans les années 60, lorsque Kinshasa n'était pas encore millionnaire, l'élimination des déchets urbains ne posait pas de problème parce que la ville était dotée d'abord de décharges de transit équipées de bacs à ordures, ensuite de décharges finales (comme la ferme de Bouc) le long du fleuve, à l'actuel emplacement du quartier général des forces navales. Or, Aujourd'hui à Kinshasa, les transporteurs de déchets n'ont plus de sites appropriés pour éliminer leurs immondices en bonne et due forme. Même les sites qui abritaient jadis les décharges de transit ont été lotis anarchiquement par les autorités municipales. Comme conséquence, les ménages qui ont du mal à payer un pousse-pousse pour évacuer des ordures, déversent leurs cargaisons à l'air libre (48% des ménages à Mombele, d'après Nsia, 2001), dans les cours d'eau (19,4% des ménages à Kimbangu, d'après Makangu, 1999), etc. De leur côté, les camionneurs et pousse-pousse affichent les mêmes comportements lorsqu'ils ne trouvent pas de preneurs d'ordures. Ils vident leurs contenus dans les décharges non contrôlées situées soit dans la ville, soit à quelque distance de l'agglomération. Et, comme le métier de chiffonnier ne fait pas vivre son homme, les déchets s'entassent scandaleusement dans des décharges non contrôlées
/69 Rumeurs.
192
pendant des mois, voire des années, avant d'être évacués par une sporadique opération 'Kin-Bopeto'. Le PNUD, selon ses critères de sélection, avait dénombré à Kinshasa 47 gros dépotoirs anarchiques (Kimuha, op.cit.), non liés à la présence de marchés. Parmi ceux-ci, il y a les décharges de la force navale, de Kingabwa et Salongo dans la commune de Limete, Delvaux et Ozone à Mont-Ngafula, Congo-Gulf et Masikita à Ngaliema, Cecomaf et Camping à Ndjili, prison de Makala à Selembao, etc. En effet, Kinshasa en compte plusieurs sans niveau de contrôle de récupération, ni de contrôle de feu, sans matériau de couverture, sans compactage mécanique ni nivelage de déchets. Ici, les déchets sont carrément abandonnés à eux-mêmes: les eaux superficielles et de la nappe phréatique sont contaminées, les sols sont pollués, les insectes prolifèrent, les rongeurs et les animaux errent, des odeurs nauséabondes se dégagent, des germes pathogènes se développent, les fumées sont permanentes, etc. A long terme, l'entassement de déchets dans ces décharges provoque des échappements de gaz méthane CH4 (biogaz) qui, de par leur odeur et leur taux d'inflammabilité, sont dangereux. Leur minéralisation dans le sol provoque des cavernes souterraines qui sont de grands risques pour la ville. La biométhanisation ou la fermentation anaérobie de la fraction organique des déchets produit le biogaz (mélange CH4 et C02) et un composé humique. Ce dernier est issu de déchets biodégradables faciles à éliminer car ils fermentent, se minéralisent et recyclent l'écosystème. Mais les nonbiodégradables constitués des emballages de métal, de verre ou de matière plastique, comme les tonnes de sachets en plastique, ne se détruisent pas de la sorte. Ils s'accumulent dans la nature et forment des tas d'ordures qui défertilisen t le sol. Certaines décharges non contrôlées ont soit des sites profonds supérieurs ou égaux à 5 m de profondeur. C'est le cas de la décharge de Banunu près du pont Matete qui vient d'être assainie ou encore de Kingabwa Funa et Kingabwa Bayang. En effet, cette décharge de Kingabwa Funa se situe dans une ancienne zone marécageuse dans la commune de Limete, à 5 km du centreville, le long de la rivière Kalamu, à 100 m de l'aérodrome de Ndolo. Elle accumule 50 000 m3 d'ordures. Elle date de 1951 et c'est depuis 1980 qu'elle est investie par les sans-abri qui y ont créé un bidonville: le quartier de PakaDjuma. La décharge de Bayang, quant à elle, se trouve aussi dans une ancienne zone marécageuse à proximité de la zone industrielle de Limete, à 10 km du centre-ville, à 50 m du fleuve Congo. Elle entasse 400 000 m3 d'ordures. Elle date de 1950. Depuis les années 1970, elle est aussi investie par les sans-abri qui y ont établi également deux bidonvilles: Grand-Monde et Bribano. L'autre secteur de la décharge reste encore opérationnel. Les 193
populations environnantes courent de gros risques de maladies parce qu'elles sont exposées à toutes sortes d'intempéries.
6.3 Les maladies
de l'insalubrité
Comme on le voit, Kinshasa a perdu en quelques années seulement son éclat de Kin-la-belle des années 50 à cause de son insalubrité indescriptible. Les médecins sont d'avis que beaucoup de maladies peuvent être évitées si la ville se dote d'une bonne politique de salubrité. Comme ce n'est pas le cas, les vecteurs de maladies de l'insalubrité comme les rats, les cancrelats, les moustiques, les larves, les puces, etc. côtoient au quotidien les Kinois qui vivent dans une crasse épouvantable.
Tableau Maladies liées à la dégradation Maladies
Paludisme Verminose Maladies respiratoires Dysenterie amibienne Bilharziose Filariose Total
34 de l'environnement
du total
en 1989
de cas
Nombre des cas
des cas (64 334)
28 873 18 793 2628
45,0 29,3 4,1
1 175
1,8
2,8
95 52 51616
0,1 0,1 80,4
0,2 0,1 100
0/0
0/0
environnementaux (51 616) 55,9 36,4 5,1
Source: Yuma (1999)
Le tableau n034 présente les statistiques du bulletin épidémiologique du ministère de la Santé, en 1989, quand la ville avait près de 6 000 000 d'habitants. Les résultats montrent que 80,4% des cas de maladie étaient déjà liés, à l'époque, à la dégradation de l'environnement, notamment à l'insalubrité.
194
Aujourd'hui encore, la conséquence immédiate de l'insalubrité sur la santé publique n'est plus à démontrer. Les dernières statistiques montrent que 89% des pathologies à Kinshasa sont provoquées par les vecteurs de la malaria, la méningite, le choléra, la typhoïde, la diarrhée gastroentérite (Baku, 2007). Et les enfants sont les premières victimes des agents vecteurs. L'hôtel de Ville de Kinshasa (op.cit.) évalue à 88% les maladies à Kinshasa qui ont pour origine l'insalubrité Oe paludisme, la fièvre typhoïde, les infections respiratoires aiguës, les maladies diarrhéiques, etc.) Ainsi, la faible protection des enfants de moins de 5 ans contre les maladies de l'enfance (rougeole, tétanos, poliomyélite et autres infections respiratoires aigues) affiche une prévalence de l'ordre de 3,6% (ministère du Plan, 2005). Les données recueillies dans les insti tu tions hospitalières sont parlantes. D'après une étude de Mbula et al., en 1993, sur le suivi des cas 1980, la fièvre typhoïde entre le 1er janvier 1958 et le 31 décembre % représentait 1 des admissions chez les moins de 30 ans dans le département de médecine interne des cliniques universitaires de Kinshasa. Les patients, dont 4,8% sont morts suite à certaines complications en relation avec la durée de la maladie (Mbula et al. 1993), venaient principalement de trois communes: Lemba (22,1%), Matete (14,9%), Ndjili (12%) dont 18,4% de ménagères, 12% d'élèves, 10,6% d'étudiants, etc. La même maladie a touché une bonne partie de la population de Kimbanseke, une commune d'autoconstruction, plus récemment encore. En effet, en 2004, la péritonite, une complication de la fièvre typhoïde, a sévi au second semestre de l'année à Kimbanseke à cause des très mauvaises conditions sanitaires et de la consommation d'eau insalubre: 13 400 cas signalés au 13 décembre 2004, 615 cas graves avec ou sans perforation entre le 1er et le 10 décembre; 53% de cas de décès, soit 55 des 98 patients enregistrés à l'hôpital général de Kinshasa. Ainsi donc, six quartiers de Kimbanseke touchés par l'épidémie ont été approvisionnés pendant deux mois avec six réservoirs d'eau potable de 15 000 litres chacun acheminés sur les sites par des camions-citernes (Ben-Clet, 2005). Même les communes planifiées ne sont pas épargnées par l'insalubrité et par ce genre de maladies. En effet, à Lemba (219 000 habitants), la clinique Saint-Raphaël, à elle seule, a traité en 2006 près de 4136 cas de paludisme, 1081 cas de fièvre typhoïde, 1403 cas de diarrhée simple et 2167 cas de diarrhée amibienne (Ekula, op.cil.). Kalamu est également frappé par la même problématique. En effet, en menant l'étude de faisabilité d'un projet de salubrité dans la commune de Kalamu, Kimuha (op.cit.) avait présenté les statistiques du bureau de la zone de santé de cette commune qui avait dénombré 629 cas de paludisme et 534 cas de fièvre
195
typhoïde déclarés et soignés sur environ 300 000 habitants entre le 17 juin et le 2 août 2005. Si les enfants sont les plus touchés par le paludisme, ils le sont aussi par des parasites intestinaux car lorsqu'ils sont bébés, ils j ouen t avec des objets sales et lorsqu'ils commencent à marcher, ils s'amusent dans les rues au milieu des déchets chargés de nombreux microbes. Pour preuve, l'enquête de 2005 sur la prévalence de l'anémie en RD Congo a étudié la distribution par province de parasitoses intestinales chez l'enfant de moins de 3 ans et les résultats sur Kinshasa interpellent: ascaris (36,2%), ankylostomes (16,5%), trichocéphales (9,4%), anguillules (2,0%), amibes (8,3%), oxyures (100%), (ministère de la Santé, 2004).
Tableau 35 Soins médicaux pour les maladies des mains sales Coût des soins médicaux 5 $ à 10 $ 4$ 10 $ 4$ 10 $ 15 $
Maladies Paludisme Verminose Typhoïde Diarrhée sanguinolente Bilharziose Choléra Source:
Inspection médicale de la santé (2007)
Le tableau n035 démontre que ces maladies des mains sales ont des conséquences sur le budget ménager, d'après l'Inspection médicale de santé de Kinshasa. Dans une ville où la pauvreté est manifeste et où près de 50 000 personnes reçoivent déjà une aide alimentaire sous forme de maïs local grâce à une agence de coopération au développement, on peut s'imaginer les difficultés des ménages de faire face à ces coûts. L'insalubrité de la ville de Kinshasa et ses conséquences sur la santé publique interpellent les pouvoirs publics. C'est la raison pour laquelle ils sont en train de projeter de créer des décharges contrôlées afin d'éliminer les multiples dépotoirs anarchiques qui prolifèrent dans la ville.
196
6.4 Les limites de la création urbaine
de décharges
contrôlées
en périphérie
Kinshasa se développe rapidement et produit beaucoup de déchets sans créer ce qu'on appelle une décharge contrôlée. Les autorités urbaines qui se succèdent à la tête de la ville ont du mal à en créer parce qu'elle exige des moyens matériels importants que le budget municipal ne saura supporter. Le coût d'exploitation d'une décharge contrôlée coûterait 1,5 million $ en 2008 ; 2,2 millions $ en 2015, et 2,9 millions $ en 2020, selon les études de IGIP (2005), cité par Ngoy (op.cit.). Ces coûts exorbitants n'ont pas empêché l'hôtel de Ville, en 2006, malgré ses maigres moyens, d'en projeter la création en périphérie urbaine. L'équipe d'expertslïO pour prospecter et proposer des zones futures de dépotoirs de transit et finaux a retenu plusieurs sites. Les plus importants sont le site Mandrandele, au nord, à Kingabwa pour la décharge de transit, le site Lau, à l'est, à Mpasa 4, le site Mitendi, au sud-ouest, à Mont-Ngafula pour les décharges contrôlées. Le site de la décharge de Lau devra être délocalisé à près de 3 km du lieu initialement prévu parce que le gouvernement commence à construire sur le site des maisons d'habitation. Malheureusement, le site de Mitendi à MontNgafula, pourtant retenu en priorité pour tous les avantages qu'il comporte, vient d'être vendu à des particuliers. Ces pistes de solutions présentent quelques faiblesses parce qu'elles ne précisent pas le mécanisme de fonctionnement et ne prennent pas en compte les grandes distances très embouteillées entre les zones de production de déchets et les sites sélectionnés des décharges finales. Pour éviter les bouchons, les autorités urbaines proposent d'assainir la ville nuitamment. Et pourtant, elles savent bien que la ville est plongée dans le noir dès la tombée de la nuit, soit à cause des délestages, soit à cause des pannes techniques. Les risques d'accidents sont grands en travaillant dans ces conditions et dans l'obscurité la plus totale. Les propositions d'IGIP en 2005 contiennent aussi des limites. Il propose sept sites dont le plus proche se situe à 13 km, à Ngaliema, à l'ouest du centre-ville et les plus éloignés se trouvent à 22 km, à l'est du centre ville, plus précisément au nord-est, au sud et à l'est de l'aéroport de Ncljili. Lorsqu'on sait que le centre-ville est relié à l'aéroport de Ndjili par la seule et unique artère, le boulevard Lumumba, très achalandé et embouteillé, il y a de quoi se poser des questions sur l'efficacité des opérations de transport de déchets vers ces décharges proposées. D'autres pistes proposent plutôt de réhabiliter le réseau ferroviaire urbain et de le 170 L'hôtel de Ville, la présidence de la République, les ministères de l'Environnement, des Travaux publics, des Affaires foncières, le Programme national d'assainissement, le Bureau d'études d'aménagement et d'urbanisme.
197
mettre à profit pour évacuer les déchets par des voies rapides sur 'site propre'. Dans ce cas, il y a la crainte de transformer les gares ferroviaires en décharges de transit. De plus, aucun de ces sites n'a fait l'objet d'une véritable étude d'impact environnemental et social. De plus, toutes ces contraintes illustrent à suffisance l'impasse dans laquelle la ville se trouve actuellement en ce qui concerne la gestion des déchets urbains. En conclusion, au vu de tout ce qui vient d'être présenté comme un tableau sombre relatif à l'insalubrité de Kinshasa, les statistiques contredisent totalement l'adage qui affirme que 'les Noirs ne meurent pas de microbes'. Les Kinois commencent à se rendre compte qu'ils sont aussi vulnérables aux microbes, surtout leurs enfants qui s'absentent souvent de l'école parce que fréquemment malades. Mais les pouvoirs publics ne mènent pas convenablement une sensibilisation tous azimuts sur cette vulnérabilité face aux microbes. S'ils ont réussi en 2000 leur campagne de journée nationale de vaccination contre la poliomyélite 1ïl, ils continuent à accumuler des échecs, par exemple en ce qui concerne l'utilisation des moustiquaires imprégnées, c'est-à-dire traitées à l'insecticide. En effet, l'étude de Save the children (2000) sur la situation sanitaire des enfants âgés de 0 à 18 ans dans les zones de santé de Biyela et Kimbanseke démontre que peu d'habitations utilisent des moustiquaires.
Tableau 36 Protection de l'habitation
contre les moustiques % 4,7% 6,1% 4,6% 3,7%
Source: Save the children fund (2000)
Le tableau n036 donne des résultats sur la protection des habitations contre les moustiques. Les enquêtes montrent que peu de ménages utilisent les moustiquaires: 4,6% des ménages font dormir leurs enfants sous des moustiquaires et 3,7°jo des ménages les utilisent pour les autres membres 17163,5% d'enfants vaccinés, selon MICS 2.
198
(Save, 2000). Ces résultats ont été confirmés par les enquêtes de MICS 2 sur les enfants de moins de 5 ans qui dorment avec des moustiquaires imprégnées. A peine 4,5% des enfants se couchent sous les moustiquaires. Ceci illustre bien que l'utilisation de la moustiquaire imprégnée n'est pas encore vulgarisée à grande échelle à Kinshasa: cause notamment de beaucoup de cas de paludisme.
Conclusion La mauvaise gestion des déchets de Kinshasa préoccupe maintenant tous les Kinois. La presse dénonce l'encombrement des lieux publics par les ordures. L'insalubrité qui en résulte et que tous les Kinois condamnent est source de maladies. Depuis près d'une dizaine d'années, les actions sur la salubrité se sont multipliées et les remèdes pour l'hygiène du milieu font recette. Malgré ces bonnes intentions, les coûts exorbitants pour la salubrité ne permettent pas à la ville d'exceller en la matière. Entre-temps, les populations se débrouillent pour éliminer leurs déchets urbains. Dans beaucoup de cas, leurs modes d'évacuation des déchets ne sont pas hygiéniques. Face à cette problématique, les Kinois ont vu défiler à la télévision plusieurs investisseurs dans ce domaine. Jusque-là-rien de concret n'est fait parce que, probablement, ces bailleurs se rendent compte que I'investissemen t ne serait pas rentable dans cette ville où les producteurs de déchets seront incapables de financer les programmes d'assainissement. Les autorités urbaines ne l'entendent pas de cette oreille. Elles multiplient les appels pour trouver des financements afin d'assainir durablement la ville.
199
Chapitre 7
Eaux usées et nuisance
urbaine
C
E CHAPITREanalyse la consommation et la production de déchets liquides, décrit le péril fécal qui menace non seulement l'espace urbain mais aussi la santé des populations. Il passe en revue les différentes pollutions par les déchets liquides dont les rejets industriels. Illes traite en trois points. Le premier fait un état des lieux sur la production des eaux usées industrielles, ménagères et excrétas. Le deuxième répertorie différents modes d'évacuation et d'élimination des déchets liquides. Le troisième présente les conséquences du rejet anarchique des eaux usées sur la santé publique.
7.1 La production des eaux usées industrielles, ménagères et excrétas Les eaux usées ménagères et assimilées, les excrétas, les eaux usées hospitalières et les eaux usées industrielles représentent les différents types de déchets liquides qui seront traités ci-dessous. Il est reconnu que Kinshasa déborde d'activités de différents types qui produisent quotidiennement des eaux usées en grande quantité. A titre d'exemple, au troisième trimestre de l'année 2004, selon l'enquête 1-2-3, Kinshasa comptait 538 300 unités de production informelles dans les branches marchandes dont 63,2% des unités de production dans le commerce, 14,8% dans l'industrie, 12,3% dans les services, 7,5% dans les activités agricoles et 2,2% dans la construction. Les effiuents liquides dont il va être question ci-dessous sont soit les eaux usées ménagères et assimilées issues des ménages, marchés, hôtels, bars, restaurants, bâtiments publics, grandes surfaces, soit hospitalières provenant 201
des hôpitaux, cliniques, dispensaires, pharmacies, laboratoires, soit artisanales en provenance des petites activités informelles (artisanat, agriculture, petit commerce et abattoirs), soit industrielles, etc. A cela, il faut ajouter les excrétas. Ces déchets liquides, d'origines diverses, sont mal gérés parce qu'ils sont évacués souvent sur les chaussées et les places publiques et ils polluent l'environnement. Etudiant la production de déchets liquides ménagers à Kinshasa, IGIP (2005) avait évalué à 5,2 t de matières solides en suspension et à 0,43 t de charge organique (DB05) déversées chaque jour et entraînant des nuisances importantes au niveau du cadre et de la qualité de vie. De tous ces déchets liquides, les eaux usées ménagères et les excrétas sont les plus présentes et nuisibles.
7 1. 1 Les eaux usées ménagères et assimilées Il n'existe pas encore d'études spécifiques sur la production des eaux usées à Kinshasa. Les chercheurs ne se contentent que des estimations qui donnent un lien de cause à effet entre la quantité d'eau consommée et celle qui est rejetée parce qu'usée. En 1999, la Regideso produisait 380 000 m3 par jour172 pour des besoins estimés à 526 100 m3 par jour173. Si ces estimations se révèlent exactes, cela laisse croire que les 380 000 m3 d'eau consommés correspondent aux mêmes quantités rejetées, c'est-à-dire 380 000 m3 d'eaux usées. L'hôtel de Ville de Kinshasa (op.cit.)estime aujourd'hui à 760 000 m3 les besoins quotidiens en eau dans la ville alors que la Regideso n'en fournit que 360 000 m3 par jour actuellement. Dans l'hypothèse que toute eau consommée se transforme après en déchet liquide, on peut conclure que Kinshasa produit à peu près 360 000 m3 par jour d'eaux usées, d'autant plus qu'elle en consomme la même quantité. L'hôtel de Ville de Kinshasa (op.cit.) évalue à 45% les ménages kinois qui ont accès à une eau salubre et à 25% ceux qui parcourent près d' 1 km chaque jour pour s'approvisionner. Selon le Plan d'action national pour l'habitat (op.cit.), les quartiers résidentiels de haut niveau consomment 155 litres/hab./jour, le centre des affaires, 100 litres/hab./jour, les cités planifiées, 50 litres/hab./jour, les autres cités, 30 litres/hab./jour et les cités d'extension périphériques, 10 litres/hab./jour. En conclusion, la desserte en eau est faible parce que la consommation moyenne est en deçà de 100 litres/hab./jour selon les normes. C'est donc la
172 Les stations de Ndjili (260 000 m3/j), de Ngaliema (86 000 m3/j), de Lukunga (31 000 m3/j), de Maluku (3 000 m3/j). 173Besoins des industries et commerces (70 000 m3/j), des semees (66 100 m3/j), domestiques (390 000 m3/j).
202
corvée quotidienne d'eau dans les quartiers populeux périphériques. Dans la commune périphérique de Kimbanseke, plus précisément dans les quartiers de Biyela et de Kikimi, 61,2% des ménages s'approvisionnent en eau dans les puits, 14,9% dans la rivière, 30,6% avec l'eau de pluieli4. Malgré la faible desserte, les 570 364 ménages kinois (Kanene, op.cil.) consomment et gaspillent énormément d'eau. Ils produisent tous les jours les rejets liquides des cuisines qui contiennent des matières organiques et grasses; celles de buanderie et de douche qui ont des éléments minéraux en suspension et du savon; celles des toilettes (\tVC + urinoirs) qui comprennent des matières organiques, azote, phosphore et bactéries, etc. Ceci illustre bien que les eaux usées ménagères contiennent aussi des matières nocives, inertes et toxiques pour les milieux récepteurs. Ces productions sont donc régulières avec des variations de débit et des quantités qui varient selon le rang social des quartiers. Dans les casernes des militaires, les camps de police et les bâtiments publicsli5 par exemple, le gaspillage d'eau est manifeste. La consommation et la production d'effiuents liquides dans ces infrastructures ne sont pas exactement connues parce qu'elles ne payent pas les factures. Mais on sait qu'elles consomment beaucoup d'eau et produisent de grandes quantités de déchets liquides dans la ville. Dans ces lieux, les robinets, les tuyauteries et les pompes défectueux font couler de l'eau sans arrêt pendant plusieurs jours alors qu'il suffit d'un peu de bonne volonté et d'organisation pour les changer et stopper le gaspillage. C'est le cas aussi dans beaucoup de quartiers où les systèmes d'adduction sont défectueux et les fréquentes fuites parviennent à créer un étang sur le site. Dans d'autres quartiers par contre, la pression d'eau est basse, les eaux sales s'infiltrent dans les conduites et contaminent des populations entières. Malheureusement, les gros consommateurs et gaspilleurs d'eau ne payent pas les factures à Kinshasa. En 1999, la perte enregistrée par la Regideso pour non-payement des factures, toutes catégories confondues, était colossale: près de 10 250 000 $ sur les 250 000 abonnés ménagers, industriels, commerciaux et de services. Cette enveloppe, selon la Regideso, était répartie de la manière suivante: 6 500 000 $ à Kinshasa-Nord (Gombe, Kinshasa, Lingwala, Limete, Bandalungwa, Ngiri-Ngiri, Kasa-Vubu), 1 000 000 $ à Kinshasa-Sud (Lemba, Matete, Kalamu, Kisenso, MontNgafula), 1 250 000 $ à Kinshasa-Est (Ndjili, Kimbanseke, Maluku, Masina, Nsele), 1 500 000 $ à Kinshasa-Ouest (Selembao, Bandalungwa, Bumbu, Kintambo).
IN Save the children fund (2000). 175Hôpitaux, écoles, marchés, stades, etc.
203
7 1.2 Les excrétas La production d'excrétas est énorme et sa gestion pose problème dans cette ville multimillionnaire. Malheureusement, il n'existe pas de statistiques sur le volume d'excrétas produits quotidiennement à Kinshasa et qui polluent l'environnement. D'ailleurs, beaucoup de ménages n'ont pas de latrines. A titre d'exemple, examinant les types de latrines utilisées et le système sanitaire pour le traitement des excréments des petits enfants, beaucoup d'études montrent que certains Kinois ne possèdent pas de
toilettes: 1,1% des ménages kinois font leur besoins dans la brousse (MICS 2, op.cit.), 4% des ménages du quartier Paka-Djuma (Kingabwa) défèquent dans la rivière Yolo (Molha, op.cit.), 2% des ménages de Kisenso dans les érosions (Matondo, op.cit.) et 60% des ménages de Mont-Ngafula, dont les latrines furent détruites par l'érosion Kivulu, font leurs besoins dans ce ravin (Mayambwedi, op.cit.), etc. Or, le non-accès à une latrine améliorée est considéré à présent comme un indicateur de pauvreté. Ceci confirme la pauvreté urbaine à Kinshasa. Même les types d'installations sanitaires que les Kinois utilisent ne sont pas hygiéniques. En effet, s'intéressant aux types de latrines à Kinshasa, l'enquête MICS 2 (op.cit.) a donné les résultats suivants: 50% des ménages utilisent des latrines à évacuation, 15,9% des latrines traditionnelles non couvertes, 13,9% des latrines traditionnelles couvertes, 9,8% des trous ouverts, ï ,4% des toilettes avec chasse d'eau et raccordées à l'égout, 1,4% des latrines améliorées à
ventilation, 1,1% pas de toilette, brousse ou champ et 0,1% autres. D'autres enquêtes comme celles de Lelo Nzuzi et Tshimanga Mbuyi (op.cit.) dans les communes de Lingwala et Ngaliema confirment
les faits. Elles montrent
que
41 % des ménages enquêtés utilisent des latrines avec fosse couverte, 38% ont des latrines avec fosse septique, 14% possèdent des latrines avec couverte, etc. Ces études mentionnent qu'en général, les latrines dites couverte sont en réalité 'non couvertes' parce que ce couvercle souvent dans un état défectueux. Ainsi, concluent-ils, en réalité, ménages utilisent des latrines non hygiéniques.
204
fosse non avec fosse se trouve 55% des
Tableau 37 Types de latrines à Biyela et Kikimi dans la commune Type de latrines
de Kimbanseke °/0 5,8%
Latrines avec fosses septiques et chasse Latrines avec fosse septiques sans chasse
23,3°/0
Latrines à fosses arabes couvertes Latrines à fosses arabes non couvertes Latrines reliées à un caniveau Autres
22,1°/0 43,4°/0 0,8°10 1,0°/0
Source:
Save the Children fund (2000)
Le tableau n° 37 confirme que la latrine ordinaire, c'est-à-dire à fosse arabe, est très répandue dans les communes non planifiées d'autoconstruction. Cette latrine est d'habitude construite dans la cour arrière, au coin de la parcelle, pour préserver la stricte intimité du lieu d'aisance. Derrière la maison, il y a donc ce trou creusé qui sert de WC et une douche démontable. La latrine ne dure pas plus d'une année parce qu'elle n'est pas 'blindée' et est exposée aux effondrements pendant la saison des pluies. Et elle est souvent mal entretenue et peu hygiénique. La technique locale de construction de cette fosse arabe est très répandue. Elle consiste à enfouir un fût vide sans fond qui maintient une fosse sèche. Même dans les communes planifiées, beaucoup de ménages se dotent à présent soit de grandes fosses septiques conventionnelles ou de simples fosses à eau (de 6 à 10m3), soit de fosses à eau de petites dimensions (3 m3) parce que le réseau d'assainissement d'antan ne fonctionne plus. Ces dimensions varient souvent en fonction du rang social du ménage. Selon Mimpu (2003), 57°10 des ménages du quartier ImmoCongo, une cité pourtant planifiée, utilisent des fosses septiques, c'est-à-dire des infrastructures sanitaires autonomes. Bientôt les communes résidentielles comme la Gombe et Ngaliema vont être confrontées au même problème à cause de la vétusté du réseau. D'ailleurs, l'enquête d'IGIP (op.cit.)sur 235 300 ménages kinois montre que 164 700 ménages (70 °/0) utilisent de grandes fosses de 9 m3 et 70 600 ménages (30 °/0) ont de petites fosses de 3 m3. La grande fosse nécessite une vidange tous les 8 ans et la petite tous les 3 ans, avec un taux de remplissage maximum de 85°/0 lorsqu'il s'agit d'un ménage de 15 personnes, selon IGIP (op.cit.).
205
Tableau 38 Répartition
Gambe
des fosses dans les ménages à Kinshasa en 2005
Population
Fasses sèches
Fosses septiques
Fosses étanches
40.000
-
900
-
Limete
266.000
5.800
5.203
14.997
Ngaliema
588.000
29.800
22.074
7.726
Barumbu
97.000
550
2.744
4.356
Kinshasa
93.000
1.760
80.000
6.000 3.400
4.170
Kintambo
3.012
1.988
Lingwala
64.000
3.400
2.076
1.324
Kalamu KasaVubu
171.000
6.000
7.916
6.184
80.000
2.800
4.800
1.800
N giri -N giri
110.000
6.200
4.000
2.200 2.700
Bandalungwa
145.000
4.200
8.100
Lemba
223.000
15.120
3.701
1.299
Matete
196.000
4.335
9.750
N' djili
332.000
37.000
29.600
3.250 7.400
Bumbu
276.000
17.800
10.980
920
Makala
180.000
18.300
734
266
Ngaba
117.000
8.010
4.262
1.078
Selembao
223.000
19.800
4.351
609
Kimbanseke
683.000
59.100
9.494
5.306
Kisenso
271.000
25.300
1.680
1.120
Masina
399.000
59.100
6.400
8.400
Maluku
242.000
24.603
875
1.626
Mont-Ngafula
226.000
22.977
1.902
2.874
Nsele
158.000
16.063
2.559
4.756
Total
5.260.000
395.658
151.282
83.939
Source: IGIP (op.cit.)
206
Le tableau n038 montre la présence de 83 939 fosses étanches, 151 282 fosses septiques et 395 658 fosses sèches dites fosses arabes à
Kinshasa. Cela illustre que 97
%
de la population se sont équipés au total
d'environ
631 000 installations sanitaires autonomes (lGIP, op.cit.). Elles sont autonomes mais posent presque partout les mêmes problèmes. C'est dans les quartiers pauvres que les latrines sont ordinaires avec fosse arabe. Elles s'inondent souvent pendant la saison des pluies et refoulent les matières fécales qui ruissellent mélangées avec les eaux pluviales. Ces équipements sont le plus souvent très rudimentaires et n'offrent pas de garantie d'hygiène. Dans les quartiers collinaires pauvres, ces fosses menacent la santé des ménages utilisateurs qui sous-estiment les risques sanitaires associés parce que les excrétas dans les latrines arrivent par gravitation à polluer la nappe phréatique. C'est dans les quartiers riches par contre que les ménages s'équipent de fosses septiques conventionnelles. A côté des problèmes posés par les installations sanitaires autonomes des ménages, il y a aussi ceux liés à la gestion des excrétas dans les infrastructures publiques où les latrines sont mal entretenues et défectueuses dans la plupart des cas. Ainsi par exemple, dans les résidences des étudiants de l'université de Kinshasa, le taux de latrinisation en 1996 était d'une latrine pour 400 étudiants. Il était de 1 pour 600 personnes au marché central de Kinshasa (pNAE, 1996). Ce taux de latrinisation faible contraint certains Kinois à évacuer leurs excrétas souvent dans un sachet en plastique qu'ils jettent sur des places publiques. Le péril fécal n'est pas un phénomène récent, ni isolé, à Kinshasa.
7 1.3 Les eaux usées hospitalières Les hôpitaux, cliniques, dispensaires, pharmacies, laboratoires, etc. sont les infrastructures médicales qui produisent des déchets liquides dangereux et contaminés. Ce sont des eaux utilisées pour les soins curatifs et préventifs. Malheureusement, comme il n'existe aucune réglementation rigoureuse sur leur gestion, ces eaux usées hospitalières deviennent la cause de toutes sortes de pollutions de l'environnement humain et physique. Dans certains centres, les eaux usées sont évacuées dans des fosses septiques et dans d'autres vers les cours d'eaux et caniveaux. Le problème d'évacuation devient sérieux lorsqu'on a affaire à un petit dispensaire situé dans un quartier non urbanisé. C'est là que les eaux usées sont évacuées dans la cour ou dans un puits perdu.
207
71.4 Les eaux usées industrielles Elles regroupent les eaux usées de l'artisanat et celles des grandes fabriques. Les activités industrielles représentent une véritable source de production d'eaux usées: 1300 m3 par jour selon IGIP (op.cit.). Les activités artisanales (teintureries, boulangeries, briqueteries, etc.) produisent des effiuents liquides qui sont souvent évacués dans la nature. Les garages automobiles et toutes leurs dépendances, comme les installations de lavage de véhicules dégradent quotidiennement l'environnement parce qu'elles produisent aussi de grandes quantités d'eaux usées mal canalisées. Kinshasa compte peu de grandes fabriques de dimension internationale et la quantité évacuée des effiuents liquides se fait de diverses manières qui dépendent souvent de la taille de l'industrie. Les fabriques de produits chimiques comme les insecticides, les cosmétiques, les médicaments, la peinture à Kingabwa produisent des déchets liquides pleins d'éléments minéraux qui peuvent entraîner plusieurs sortes de pollution. Les entreprises de recyclage de papier à Kingabwa encore engendrent d'importants rejets hydriques car la fabrication de la pâte à papier et du papier se fait à partir de la cellulose ou de la pâte faite à partir de vieux papiers. Après, la pâte est lavée pour éliminer les matières en suspension. Ces opérations engendrent d'importants rejets hydriques. Les industries agroalimentaires à Kingabwa aussi, comme les boulangeries, laiteries, huileries, biscuiteries, abattoirs, etc. produisent des eaux usées très chargées en matières organiques. La pollution agroalimentaire comprend des matières en suspension (sable, verre, déchets solides) et des matières organiques solubles ou colloïdales (sucres, matières azotées, huiles, graisses.. .). Toutes ces industries consomment beaucoup d'eau et la quantité de liquide consommée et le degré de pollution varient selon le gabarit de l'industrie et la technologie de production. Les eaux de nettoyage des machines industrielles contiennent aussi d'importantes quantités d'éléments chimiques: soude caustique, acide nitrique, détergents, etc.
7.2 Les modes d'évacuation
et d'élimination
des déchets
liquides
Ils varient selon qu'il s'agit des eaux usées ménagères, des excrétas ou des effiuents industriels. Ces modes feront l'objet des paragraphes à venir. Ils sont donc simples pour les eaux ménagères, délicats pour les excrétas et fastidieux pour les industries.
208
72. 1 Les eaux usées ménagères Les rivières Makelele, Basoko, Matete, Ndjili, Kalamu et Yolo traversent ces cités où existaient jadis un réseau superficiel de drainage et un réseau enterré pour les eaux usées. Les deux types de réseaux sont maintenant très dégradés et sont devenus inopérationnels. Les réseaux secondaires comprenaient en grande partie les égouts en béton enterrés ou couverts de dalles et quelques canalisations à ciel ouvert ainsi que des caniveaux en béton desservant la plupart des avenues revêtues. Tout ce réseau de drainage est enfoui dans du sable et ne fonctionne plus. De temps en temps, les cantonniers de l'hôtel de Ville essayent, mais en vain, de les déboucher pour rétablir l'assainissement. Jamais ils n'ont réussi à 'exhumer' ces conduites parfois vieilles de 50 ans enfouies sous quelques mètres de sable. L'étude sur le mode d'évacuation des eaux usées à Kinshasa est arrivée à la conclusion que les Kinois les évacuent de plusieurs manières: les égouts (7,5%), les caniveaux d'eaux pluviales (25,4%), les puits perdus (1,5 %), les trous dans la parcelle et dans la rue (17,4%), à la volée dans la parcelle et dans la rue (45,2%), etc. En bref, 34,4% seulement des ménages kinois utilisent des modes hygiéniques d'évacuation des eaux usées (MICS 2, op.cit.). Evacuation
par les égouts
et caniveaux
d'eaux
pluviales
Au sens strict du terme, la gestion planifiée des déchets liquides consiste à évacuer les eaux usées en dehors de la ville d'autant plus que leur stagnation pollue l'environnement, entraîne de mauvaises odeurs, des épidémies, des érosions, des inondations, des marécages et enfin détériore la qualité de la vie, etc. Malheureusement, la situation de l'assainissement à Kinshasa devient préoccupante même dans les quartiers dits planifiés dotés pourtant d'un réseau d'assainissement qui s'étendait jadis sur environ 250 km. La situation est par contre catastrophique dans les quartiers populeux anarchiques qui se sont développés sans réseaux d'égouts. Dans ces quartiers, le problème d'assainissement se pose avec acuité parce que les eaux usées se déversent dans la nature et divaguent par-ci par-là en polluant l'environnement et en menaçant la santé publique. Dans ces quartiers populeux anarchiques, 95,2% des sections de rues sont dépourvues de caniveaux (TP ATUH, 2000). En conclusion, Kinshasa est confrontée à un problème sérieux d'insalubrité du milieu parce que les ouvrages d'assainissement, hérités il y a plus d'une cinquantaine d'années, sont dans un état de délabrement très 209
avancé. La mauvaise évacuation des eaux usées et surtout des excrétas détériore le cadre et la qualité de la vie. Et pourtant, l'assainissement par réseau d'égouts représente le mode le plus couramment utilisé dans presque toutes les communes kinoises nées avant 1960. Les premiers réseaux d'égouts existants à Kinshasa datent de la création de la ville, vers le début du XXe siècle, dans les quartiers européens de la Gombe. Ici, le système était conçu pour fonctionner de manière relativement unitaire. Au milieu du XXe siècle, l'implantation du réseau d'égouts se propage dans les cités planifiées indigènes. A Bandalungwa, Lemba, Matete, Kalamu, ce sont les ingénieurs belges qui installent les premiers réseaux des communes pour Mricains. Le système d'assainissement par réseau secondaire gagne donc Kinshasa dans les années 50, à la fin de la colonisation, alors qu'il se développe rapidement dans d'autres quartiers pour Européens comme dans la commune résidentielle de Limete et dans la commune de Ngaliema. Ici aussi, c'est la même administration qui l'introduit au milieu et à la fin de la colonisation pour équiper les villas qu'elle était en train de construire pour loger les Européens. Ainsi, par exemple, pour presque toutes les cités de l'époque 1960, elle élabora des schémas directeurs d'assainissement, du moins pour la ville européenne et africaine, sur la base du modèle du réseau. Dans sa forme classique, le dispositif matériel se présentait en un réseau de galeries souterraines construit sous les voies publiques. Il avait pour objectif de recueillir les eaux usées domestiques (eaux ménagères de vaisselle, de lessive, de toilette corporelle, eaux vannes des WC). Tous ces effiuents liquides coulaient par gravitation dans des canalisations aux sections croissantes et rejoignaient directement l'exutoire qui avait été conçu pour évacuer avec rapidité les eaux usées domestiques hors de la ville à travers les cours d'eaux: les rivières et le fleuve. En 1960, toutes les communes urbanisées de Kinshasa étaient connectées au système d'assainissement: 626 km de drains en profondeur et 15 km d'égout. Et en 1965, la ville bénéficia de 1,4 km de drains en profondeur et 8,9 km d'égouts (Lelo Nzuzi et Tshimanga Mbuyi, op.cit.). Ce réseau de drainage des eaux usées dans les quartiers planifiés est hors de service maintenant par absence totale d'entretien. Par endroits, il est complètement ensablé ou bouché par les immondices. Par absence de réseau d'assainissement, l'évacuation des eaux usées ménagères s'effectue maintenant en grande partie au niveau des parcelles. Il s'agit le plus généralement d'un assainissement autonome. Aujourd'hui, les ménages canalisent ces eaux soit dans un puits perdu creusé dans la parcelle, soit carrément dans la cour, soit à la volée dans la parcelle et dans la rue. Ce comportement dégrade l'environnement dans des zones à forte concentration d'habitat où se créent des marécages, de gros gîtes larvaires. 210
Evacuation
dans
les trous
parcellaires
La solution traditionnelle à Kinshasa pour évacuer les eaux usées ménagères est leur enfouissement dans les puits perdus non maçonnés. Ces trous parcellaires servent à récolter les eaux usées en divagation dans la cour. Les drains parcellaires offrent donc, pour les habitations individuelles, une solution satisfaisante à l'assainissement à condition que les puits restent éloignés les uns des autres afin de ne pas saturer le sous-sol. A Makala par exemple, 14% des ménages évacuent leurs eaux usées dans des puits perdus (Mosengo, op.cit.), 13% à Lingwala et Ngaliema (Lelo Nzuzi et Tshimanga Mbuyi, op.cit.), 30% à Lemba et à Ngaba (Kilu, op.cit.), 83% à Kisenso (Bempongo, 2004), etc. Ces chiffres montrent que les eaux usées sont évacuées principalement dans un trou. Dans le cas contraire, elles sont jetées à la volée dans la rue. Le rejet
à la volée
dans
la parcelle
et dans
la rue
Dans la ville, 45,2% des ménages évacuent leurs eaux à la volée dans la parcelle (MICS 2, op.cit.). Dans certaines habitations, les eaux vannes sont toujours répandues dans la parcelle: 38% dans le quartier Marna Yemo à Mont-Ngafula (Mayambwedi, op.cit.). Dans le cas contraire, certains ménages les canalisent avec un tuyau carrément dans la rue malgré l'existence d'une réglementation très restrictive en la matière. Heureusement qu'il s'ensuit quelquefois de vives réactions de la part de la population environnante et des autorités municipales. A Lemba et à Ngaba par exemple, Il % des ménages évacuent leurs eaux usées dans la rue (Kilu, op.cit.). Il arrive que ces eaux usées soient canalisées directement dans la chaussée. Ce qui entraîne la détérioration à terme du bitume. Les avenues de l'OUA à Kintambo, de l'Université à Ngaba et Bokassa à Barumbu se détériorent souvent avec les eaux vannes que les habitations riveraines rejettent sur la chaussée. Celles qui sont proches de cours d'eaux ne se posent pas de questions, si ce n'est de canaliser leurs eaux usées ménagères dans la rivière. Le rejet
dans
les rivières
A défaut de la chaussée, les ménages riverains des cours d'eaux ont l'habitude d'y évacuer directement aussi leurs eaux usées. La proximité de la rivière les épargne de creuser des trous parcellaires. A Kingabwa, Bokolo (2004) a répertorié 17% de ménages qui déversent leurs eaux usées dans la rivière Kalamu. Dans le même secteur, Bolya (2004) a inventorié 71 % de ménages qui évacuent leurs eaux de douche dans la rivière Yolo. A Masina,
211
82% des ménages riverains évacuent leurs eaux usées dans la rivière Mango (Lukengo, op.cit.). Molha (2004) a recensé 16% des ménages de Paka-Djuma à Kingabwa qui déversent leurs eaux usées dans la rivière Yolo. Ce mode d'évacuation contribue à la pollution des cours d'eau. Il est étonnant de voir les mêmes populations utiliser les eaux de ces cours d'eau pour divers besoins: 3% des ménages de Kingabwa utilisent l'eau de la rivière Kalamu pour la lessive et la vaisselle et 2% pour la douche corporelle (Bokolo, op.cit.) Cela entraîne de graves ennuis de santé au niveau de l'organisme. 72.2
Les excrétas
Le péril fécal a refait surface depuis quelques années suite à la dégradation généralisée des systèmes sanitaires et au mauvais état du peu d'égouts encore fonctionnels. Hygiéniquement, Kinshasa devrait évacuer les excrétas en dehors des limites de la ville ou hors de sa surface parce qu'ils sont porteurs de germes susceptibles d'infecter les milieux récepteurs. Ce qui n'est pas le cas malheureusement. Aujourd'hui, l'évacuation des excrétas est probablement l'aspect le plus problématique au niveau domestique à Kinshasa. Pour faire face à l'absence d'égouts, les ménages kinois ont développé un autre mode d'évacuation d'excrétas, soit par vidange mécanique à travers un service public ou privé, soit par vidange manuelle avec des artisans. Dans le cas contraire, ils les éliminent par incinération, par enfouissement, par jet dans un cours d'eau ou abandon dans la cour. Ainsi, par exemple, analysant les modes de traitement par les ménages des excréments de leurs enfants de 3 ans, l'enquête ~1ICS 2 a trouvé que 1,6% des ménages les jettent en dehors de la cour, 5,2% les enterrent dans la cour et 0,1% les abandonnent dans la cour avec toutes les conséquences qu'un tel type de comportement pourra entraîner comme conséquences sur l' environnemen t. Comme l'évacuation des excrétas devient de plus en plus préoccupante parce que les réseaux d'assainissement sont désuets, le Kinois élimine maintenant ses excrétas à travers des dispositifs individuels sur place ou à distance. L'évacuation sur place consiste à vider les latrines situées soit dans une fosse sèche (fosse arabe), soit dans une fosse septique.
212
Tableau 39 Quantité quotidienne
d'excrétas de vidange V olume journalier de matières de vidange (m3(j)
Les cités résidentielles Gombe Limete Ngaliema Les anciennes cités indigènes Barumbu Kinshasa Kintambo Lingwala Les nouvelles cités Kalamu Kasa-Vubu Ngiri-Ngiri Les cités planifiées Bandalungwa Lemba Matete N qjili Les cités de l'extension Sud Bumbu Makala Ngaba Selembao Les cités de l'extension Est Kimbanseke Kisenso Masina Les cités excentriques Maluku Mon t-N gafula Nsele Total Source: IGIP (op.cil.)
6,1 31,4 44,7 13,7 7,0 7,2 4,9 18,2 8,5 8,4 15,9 8,4 22,3 25,2 16,8 1,4 7,1 6,8 20,8 4,1 12,2 0,4 0,7 1,1 293
213
Le tableau n039 montre que le volume journalier de matières vidangées en 2005 n'était que de 293 m3/j. Cette quantité ne représente qu'une infime partie des excrétas qui devraient en principe être évacués. Les vidanges
mécaniques
des fosses
septiques
Les ménages, situés dans les quartiers accessibles aux véhicules, recourent aux services des camions vidangeurs publics et privés lorsque leurs fosses septiques sont pleines. Le service public qui assure cette vidange est le PNA. Il n'a qu'un seul camion vidangeur de 10m3 et qui se trouve dans un piteux état. Le coût de location de ses services diffère en fonction des distances: 40 $ à Kalamu, 50 $ à Ngiri-Ngiri, 70 $ à Masina et 120 $ sur les hauteurs de Ngaliema (IGIP, op.cit.). Ces prix sont abordables par rapport à ce que les privés facturent dans la ville. Le PNA, en 1995, rapporte avoir évacué 37 440 m3 d'excrétas, moyennant paiement, provenant des fosses septiques des particuliers (PNAE, op.cit.). Malheureusement, cet unique et seul camion du PNA est à présent trop sollicité tant par la population que par les pouvoirs publics. Le PNA n'arrive plus à rendre service correctement. Son camion vidangeur travaille sans repos et tombe souvent en panne pendant plusieurs semaines. C'est à cause de cela qu'en 1995, dans le cadre du programme 'nourriture contre travail', le PNA n'avait vidé que 530 m3 des excrétas dans les fosses septiques publiques. Ce qui est insignifiant vu l'ampleur du travail à faire. Pris de cours par les faibles performances du PNA, certains ménages louent carrément les services de l'une des quatre entreprises privées de la place; leur prix varie entre 100 et 200 $. Ces entreprises offrent de loyaux services à la ville mais leur parc automobile est insuffisant par rapport aux besoins de la ville. Les Kinois déplorent le fait que ces camions vidangeurs déversent tous les jours leurs excrétas à la confluence de la rivière Kalamu et Yolo, dans le quartier Kingabwa à quelques centaines de mètres du fleuve en amont du bidonville Bribano. Non seulement ce rejet pollue l'environnement avec le dégagement du CH4, mais aussi, cette pratique est une véritable source de nuisance pour la rivière où les enfants du bidonville, Bribano viennent se baigner régulièrement. Pour preuve, étudiant l'assainissement de ce bidonville Bribano, Mawete (op.cit.)a relevé des faits inquiétants: 89,9% des enfants ont eu la diarrhée au cours des 4 dernières semaines avant ses enquêtes. Les vidanges
manuelles
des fosses
septiques
Les ménages les plus démunis recourent au service de jeunes artisans professionnels pour la vidange manuelle de leurs fosses septiques. Le prix moyen varie entre 20 et 50 $ en fonction des quantités d'excrétas à vidanger. 214
Les enquêtes de Nsia (2001) sur le mode de vidange des latrines dans le quartier Mombele, dans la commune de Limete, montre que 63,8% des ménages vident manuellement leurs fosses septiques. Les excrétas vidangés sont ensuite enfouis dans la cour. Et à cet endroit, les arbres fruitiers ou les légumes seront plantés, comme c'est le cas à Mombele dans près de 7,2% des ménages (Nsia, op.cit.). Dans le même quartier, 57,6% vident leurs fosses le jour et 42,4% la nuit. D'autres ménages par contre, qui ne peuvent pas se payer les services des vidangeurs, profitent malheureusement de la tombée des grosses pluies pour vider leurs fosses septiques, mélangeant par conséquent les excrétas évacués avec les eaux pluviales. Ces déchets liquides ruissellent enfin vers les vallées. Certains Kinois décrient, sans succès, ce mode d'évacuation qui s'effectue souvent lors des averses nocturnes à l'abri des témoins gênants.
Le rejet libre dans les cours d'eaux Beaucoup d'études sur l'assainissement des quartiers riverains révèlent que certains ménages, par manque d'une réglementation restrictive, dirigent leur conduite vers les cours d'eaux pour évacuer leurs excrétas. A Kingabwa, dans le quartier Grand-Monde, 13% évacuent leurs eaux usées directement dans le fleuve (Gbua. op.cit.). Bolya (op.cit.)a répertorié 82 % de ménages qui utilisent la rivière Yolo comme déversoir de leurs excrétas. Les travaux de Bokolo (op.cit.)à Kalamu montrent que Il % des ménages riverains qui n'ont pas de toilettes utilisent la rivière comme latrines. Les enquêtes de Lukengo (op.cit.) montrent que 84% des riverains de la rivière Mangu y évacuent les eaux des latrines et 49% des ménages utilisent cette rivière comme latrines. Les enquêtes de Nsia (op.cit.) montrent que 14,4% des riverains de la Yolo Y évacuent leurs excrétas. Ces quelques exemples ne représentent que la pointe de l'iceberg. De tels cas sont nombreux à Kinshasa. Comme la réglementation est floue en la matière, les riverains ne sont pas inquiétés alors que ce mode d'évacuation des excrétas est une source de maladies hydriques.
72.3 Les eaux usées industrielles En ce qui concerne l'évacuation des eaux usées d'origine industrielle, aucune statistique précise n'est tenue à ce jour; et en l'absence de réglementation spécifique, la tendance est au laxisme généralisé. Quelques cas de traitement des rejets d'origine industrielle sont connus, mais il s'agit le plus souvent du recyclage des eaux. Il n'existe pas à ce jour d'étude exhaustive sur le mode d'évacuation des eaux usées industrielles, hormis l'analyse récente sur quatre entreprises dont les résultats sont présentés ci-dessous. 215
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Le tableau n046 présente le flux routier journalier à Kinshasa entre 6h et 18h en 2006. Le décompte final par jour est évalué à 360 575 véhicules dont 63% de voitures particulières et de taxis, 30% de bus de transports en commun, 4% de véhicules de marchandises et d'entreprises et 3% d'autres. Les déplacements motorisés sont estimés, par jour, à 3 368 790 voyageurs
dont 23% se déplacent en voiture particulière et en taxi, Il
%
en véhicule de
service et 66% en transports en commun. L'étude a mis dans le même lot le véhicule particulier et le taxi parce qu'il arrive souvent à Kinshasa que la voiture personnelle fasse aussi le taxi clandestin. Il faut faire remarquer que tous ces déplacements de véhicules ne s'effectuent, en grande partie, que sur près de 546 km de routes urbaines. Ce qui entraîne de gros embouteillages et, comme conséquence, de graves pollutions de l'atmosphère urbaine. En 2004, Mubenga avait étudié la densité journalière du trafic routier aux grands carrefours183 et la situation était déjà chaotique dans ces lieux.
Tableau 47 Densité journalière Sites
Moyenne / heure
Source:
du trafic routier aux carrefours routiers
Rondpoint Ngaba
Rondpoin t Victoire
Rondpoint Mandela
Carrefour Masina/ Quartier 1
708
1529
2301
2617
Rond-point Kintambo Magasin 1565
Mubenga (2004)
Le tableau n047 indique une valeur élevée de la densité du trafic routier au carrefour du quartier I-Masina avec 2 617 véhicules en moyenne par heurel84, suivi du rond-point Mandela et du rond-point Kintambo Magasin. Cet échantillonnage indique que le flux de véhicules sur les routes principales est très intense.
183 Rond-point Ngaba, rond-point Victoire, Quartier 1, rond-point Kintambo Magasin. 18-1De 6 h à 7 h, 12 h à 13 h, 17 h à 18 h.
234
rond-point
Mandela,
Carrefour
Masina
Fait étonnant, c'est le long de ces artères principales et à leurs carrefours que les activités de commerce informel naissent comme des champignons au su et au vu des autorités urbaines. Et pourtant, ce sont des zones de pollution à risques à cause de tous ces véhicules kinois en très mauvais état et qui utilisent de l'essence plombée. Cette situation est vécue avec une relative passivité par les pouvoirs publics. Pour répondre à certaines critiques de la presse sur son laxisme, l'autorité urbaine improvise parfois des opérations musclées d'évacuation de ces vendeurs de rue qui échouent lamentablement par manque de suivi et les vendeurs reviennent aussitôt après 'l'ouragan'. Ces vendeurs de rue ne sont pas convaincus du danger qu'ils courent en inhalant les fumées des gaz d'échappement, ni non plus les 'sportifs' qui s'exercent la journée sur les boulevards au milieu de deux rangées de véhicules embouteillés. C'est à cause de cette ignorance que le nombre des 'marchés de rue' ne cesse d'augmenter le long des artères principales, tout comme les 'marathoniens' des boulevards. Et pourtant, ils sont grandement exposés à la contamination avec les gaz des tuyaux d'échappement. A présent, beaucoup de quartiers situés le long des grandes artères principales, comme l'avenue de l'Université, n'échappent plus au fléau de la pollution de l'air avec le monoxyde de carbone et d'azote. Il est certain que les riverains inhalent un air dont la qualité est à la limite de l'insalubrité. La pollution de l'air menace fortement la santé des vendeurs de trottoir, surtout ceux qui sont exposés aux plus fortes pollutions, parce qu'ils 'commercent' toute la journée au milieu des gaz d'échappement des véhicules chargés de plomb. La pollution par le trafic automobile est invisible, mais tout aussi mortelle. Sur des avenues où le trafic automobile est dense, les gaz d'échappement des véhicules Oe monoxyde de carbone et le monoxyde d'azote) peuvent avoir des conséquences sanitaires graves, aujourd'hui connues, sur les populations résidant à proximité: affection des poumons, de la peau, des yeux, angine de poitrine, douleurs d'estomac, relâchement des muscles, etc. L'OMS, d'après Moore (1995), a découvert qu'une femme enceinte exposée au monoxyde de carbone peut connaître une baisse de poids du fœtus, une hausse de la mortalité périnatale ainsi que des lésions cérébrales. Les témoignages abondent dans ce sens. Kinshasa enregistre de plus en plus de cas de décès d'agents qui réglementent le trafic automobile par des cancers de la gorge, des enfants mort-nés et atteints de malformations monstrueuses dont les images font le tour de toutes les chaînes de télévision de la capitale mais que la population attribue curieusement à la sorcellerie. Ce comportement influe sur la non-tenue des statistiques dans les centres de santé pour de tels cas considérés comme métaphysiques.
235
Les Kinois sont de plus en plus nombreux à souffrir fréquemment des maladies dues à la respiration de l'air vicié parce que la ville connaît aujourd'hui un accroissement des taux de monoxyde de carbone à cause de l'augmentation du nombre de véhicules et de l'intensification de la circulation embouteillée. Très souvent pendant et après les pluies, lorsque les agents de la brigade routière ne réglementent plus le trafic, des milliers de véhicules roulent aux heures de pointe pare-chocs contre pare-chocs, embouteillés pendant de longues heures. Les scientifiques utilisent une technique classique qui consiste à prélever le sang humain pour étudier le niveau de pollution de l'air dans la ville et le danger sur la santé humaine. Pour étudier ce niveau, Mata (2004) a prélevé du sang veineux sur 45 KinoisI85 qui exercent leurs activités quotidiennes dans trois zones à intense trafic automobile, notamment le marché-rue du carrefour routier appelé communément rond-point Ngaba, la place Monseigneur Gillon sur l'avenue de l'Université et le croisement des avenues Lukala et Université. Ces études préliminaires ont donné les résultats ci-après.
Tableau 48 Teneur moyenne en plomb (J..tg/l)dans le sang humain Carrefours
Marché rond-point Ngaba sur l'avenue By- Pass Place Monseigneur Gillon sur l'avenue de 1'lTniversité Croisement des avenues Lukala et lTniversité
Densité moyenne horaire du trafic routier (nombre de véhicules/heure/ carrefour) 6hOO-7hOO 12h00-13h00 17h 0018h00 623 653 890
de 15 personnes
189
490
524
632
99
236
389
360
76
Source: Mata (2004) 185 A raison
Plombémie moyenne (f.1g/l)
par site.
236
Le tableau n048 montre que le trafic routier est plus intense au rondpoint Ngaba, grand carrefour routier, que sur les autres sites. Ce qui a un impact aussi sur la pollution du sang humain.
Tableau 49 Plombémie moyenne (J.tg/l) sur les trois sites Carrefours Marché rond-point Ngaba sur l'avenue By-Pass Place Monseigneur Gillon sur l'avenue de l'Université Croisement des avenues Lukala et Université
Moyenne 189,13 :t 43,89 99, 27 :t 18,26 76,27:t 27,79
Source: Mata (op.cit.)
Le tableau n049 indique que le site du marché rond-point Ngaba occupe la première place dans la pollution des personnes qui le fréquentent régulièrement car les analyses montrent une teneur très élevée en plomb dans le sang des sujets observés. En conclusion, les personnes les plus exposées à la pollution des gaz d'échappement des véhicules mal entretenus et non soumis au contrôle technique obligatoire sont celles qui exercent leurs activités commerciales quotidiennes le long des artères principales. Et pourtant, il est connu que le plomb diminue l'intelligence, retarde la croissance, réduit l'audition et la capacité de percevoir le langage et entraîne une baisse de l'attention (Moore, 1995). Si les résidents souffrent de la pollution automobile, les plantes aussi. Les plantes sont souvent utilisées comme bio-indicateur de l'environnement urbain. Kalau (2002), étudiant le degré de pollution des plantes par le plomb dans une zone à forte et à faible circulation automobile, démontre que la végétation est un bon indicateur de la qualité de l'air urbain. Les résultats préliminaires sont résumés dans le tableau ci-dessous.
237
Tableau 50 Concentration
de plomb en f.!g/ 100 ml
dans les arbres le long des routes Espèce
Zone à forte circulation
Zone à faible circulation
I'lT niversi té
Boulevard Lumumba
Campus universi taire
67,2 62
82 36,8
70,4 43,2
35 3,5
6,4 3,5
64,4
64,4
42
28
1,87
Avocatier
77
36,8
59,6
1,6
1,4
Badamier
54
50
61,2
40,4
5,6
Route By-Pass
Acacias Eucalyptus Manguier
Avenue de
Forêt du Prieuré Notre-Dame D'Assomption
Source: Kalau (2002)
Le tableau n050 montre que les végétations qui se situent à proximité des routes à forte circulation, comme By-Pass, l'avenue de l'Université et le boulevard Lumumba, sont fortement polluées. La concentration en plomb dans la forêt du Prieuré Notre-Dame d'Assomption est très faible parce qu'elle se situe dans une zone de très faible circulation automobile. Il existe également des études qui décrivent la contamination au plomb des légumes cultivés le long des routes à intense trafic motorisé à travers la ville. Ce sont des études faites sur des échantillons d'amarante, du sol et de l'eau d'arrosage dans des espaces maraîchers situés à l'intérieur de l'espace urbain et le long des grandes artères de la ville.
238
Tableau 51 Teneur en plomb dans les légumes cultivés le long des routes en mg/kg Distance de la route
Pépinière de Bandalungwa (avenue Kasa-Vubu)
Pépinière de l'Echangeur (boulevard Lumumba)
Pépinière de Camp Kabila (route By-Pass)
Sm 10m 20m 30m
192 185 163 162
165 137 113 180
Moyenne par site
176
149
Pépinière de la vallée de la Funa (route de Kimwenza)
Valeur moyerme
150 135 120 90
Pépinière de la Régie des Vales aériennes (route Mokali) 95 95 90 65
6, 7 6,6 6,3 6, 1
122 112 98 101
124
86
6
Source: Musibono et al. (2005)
Le tableau n05I montre qu'en étudiant les échantillons d'amarante (amarantushibridis L.) des 5 sites maraîchersl86, en s'éloignant progressivement de la route de 5, 10, 20 et 30 mètres, Musibono et al. (2005) ont démontré que les légumes cultivés entre 5 et 10 mètres de la route contenaient beaucoup plus de plomb que ceux qui se situent plus loin, à 20 et 30 mètres. Aussi, les chiffres montrent que les légumes cultivés dans la vallée de la Funa sont consommables parce que les risques d'intoxication sont quasi nuls. C'est le résultat non seulement de la bonne localisation de l'espace maraîcher qui se situe en dehors des grandes artères principales mais aussi de la végétation qui sert d'écran aux dépôts de plomb sur les légumes. Les analyses de Kilensele (2002) sur les échantillons du sol, le pH et de capacité d'échange cationique sur les mêmes espaces maraîchers confirment les faits.
186Sites maraîchers de l'Echangeur,
de Camp Kabila, RV A, de la pépinière
de la vallée de la Funa.
239
de Bandalungwa,
de la pépinière
Tableau 52 Teneur en plomb dans le sol en fonction de la distance par rapport à la route principale,
de la capacité d'échange
cationique et du pH du sol
Sites
Distances
pH
C.E.C. en m éq/ 100g de terre
Concen tration de Pb en mg/kg
Pépinière de la vallée de la Funa
Om
6,7
17
155
10m 20m 30m
5,3 6,9 7,1
16 15 14
153 141 130
Om
6,9
48
410
10m 20m 30m
6,8 7 4,8
47 35 36
320 250 260
Om
7
46
300
10m 20m 30m
5,4 6,9 6,5
34 29 43
230 195 199
Om
7
32
350
10m 20m 30m
6,8 6,6 6,9
26 24 21
250 200 135
Om
6,9
37
360
7 6,8 6,9
36 34 28
280 250 240
Pépinière de Bandalungwa
Pépinière de l'Echangeur
Pépinière de la Régie des voies aériennes
Pépinière de Camp Kabila
10m 20m 30m Source: Kilensele (2002)
240
Le tableau n° 52 établit les corrélations entre les distances et la teneur du plomb dans le sol, son pH et la capacité d'échange cationique. En effet, en se référant à la concentration recommandée en ppm de plomb dans le sol, selon la capacité d'échange cationique, on peut retenir que la concentration admissible est de 70mg/kg de plomb pour un sol dont la CEC est supérieure à 15 milliéquivallent par 1DOg, et la concentration admissible est de 35mg/kg de plomb pour un sol dont la CEC est inférieure à 15 milliéquivallent par 100g (Kilensele, op.cit.). L'auteur a observé que tous les échantillons des pépinières ont une CEC supérieure à 15 milliéquivallent (m éq) par 1DOg. En conclusion, les sols de ces espaces maraîchers sont pollués parce que les concentrations de plomb sont supérieures à 70 mg par kg. Les chiffres indiquent que le sol de la pépinière de Bandalungvva est beaucoup plus pollué parce que les échantillons prélevés le long de l'avenue Kasa-Vubu ont une valeur 5 fois plus élevée que la normale. Ailleurs, les échantillons prélevés le long de la route sur les sites de l'Echangeur, de la RV A et de Camp Kabila présentent aussi des taux de pollution élevés et ont des valeurs presque trois fois supérieures à la normale. Par contre, le sol de la vallée de la Funa a une capacité d'échange cationique proche de 15, ce qui justifie la faible concentration de plomb observée dans les analyses. (Kilensele, op.cit.). Au total, les analyses des échantillons montrent que la concentration de plomb dans les légumes et dans le sol diminue au fur et à mesure que l'on s'éloigne de la grande circulation routière.
Conclusion Autant la pollution par les carrières est nuisible, autant celle causée par le trafic automobile reste redoutable. La réglementation sur la pollution industrielle pourrait contribuer à assainir l'air, malheureusement elle n'existe pas encore. Pour ce qui est de la pollution automobile, l'abandon progressif dans la ville de l'essence au plomb dans certaines stations commence à contribuer à la commercialisation d'une nouvelle génération de carburants verts. Si les pouvoirs publics exigent l'importation de carburant sans plomb, comme dans d'autres pays, la presse ne parlera plus des légumes 'plombés' à Kinshasa. Mais la pollution des quartiers excentriques de l'ouest de la ville par de la poussière industrielle passe inaperçue auprès de l'opinion publique. Et pourtant, cette pollution est beaucoup plus perceptible que celle causée par les gaz d'échappement des véhicules.
241
Conclusion
générale
L S'AGIT ICI à la fois d'une conclusion et d'une vision sur les perspectives pour un développement urbain durable. C'est l'objectif majeur de I d'avenir tout le livre: un appel à la mobilisation pour une éducation environnementale et un urbanisme participatif. Les différents chapitres de l'ouvrage ont mis l'accent sur l'inaccessibilité des Kinois aux services de base. Ces citadins marginalisés croient qu'ils vivent en ville alors qu'en réalité ils sont des exclus. Ce sont donc des pauvres qui vivent réellement la pauvreté urbaine. Mais les concernés eux-mêmes ne s'en rendent pas compte. Ils se complaisent à vivre dans cet état de précarité et de vulnérabilité. Ils affirment qu'ils y vivent heureux. Ils ont raison de l'affirmer parce qu'ils n'ont pas d'autre référence que les quartiers spontanés où ils vivent. Ils ne sont pas conscients de leur état. Malheureusement, les chercheurs en développement urbain jouent le jeu de ces citadins marginalisés. Ils sont tombés dans leur piège. Eux aussi se complaisent à affirmer que ces citadins exclus sont heureux de vivre là où ils sont, dans des bidonvilles. Les chercheurs en développement urbain les maintiennent, sans le savoir, dans cet état d'ignorance. Et pourtant, ils ont les connaissances et ont donc l'obligation d'aider, d'accompagner ces populations pour renforcer leurs capacités afin qu'elles améliorent leurs conditions de vie et leur environnement immédiat. Le comble est que certains de ces citadins marginalisés sont fortement influencés par les croyances populaires. Une question reste à poser. Est-ce qu'au nom du respect de la culture, les chercheurs en développement urbain doivent laisser ces populations continuer à vivre dans l'ignorance et s'enfoncer dans la pauvreté? Ce travail n'a pas la prétention d'avoir clos définitivement le débat relatif à l'influence de la pauvreté et des croyances populaires sur l'environnement. Au contraire, il a contribué à le relancer de nouveau.
243
En effet, la pauvreté de l'Etat congolais et celle de la population ont contraint les pouvoirs publics au laxisme et les citadins à la débrouillardise. Les Kinois ont développé des stratégies de survie dans tout le domaine, même en matière d'accès à l'habitat. Ainsi par exemple, l'absence d'une politique nationale de l'habitat a poussé la population à développer ses propres stratégies d'accès au logement parce que, culturellement, la propriété immobilière a une importance capitale dans la société. Ce comportement est à l'origine, malencontreusement, de l'étalement démesuré de la ville avec le développement rapide des quartiers spontanés qui vivent dans des conditions environnementales précaires: déboisements, érosions, inondations, nuisances par les eaux et par l'air insalubre. Malheureusement, les victimes des catastrophes naturelles dues à la dégradation de l'environnement pensent que leur malheur provient de la sorcellerie, c'est-à-dire de phénomènes métaphysiques. Leur démobilisation est donc presque totale devant les méfaits des forces de la nature qu'ils croient impossibles à maîtriser. C'est ici que se pose l'épineux problème de l'assainissement de Kinshasa. D'un côté, l'Etat, avec ses moyens limités, ne parvient pas à assainir rationnellement la ville. De l'autre, les citadins de l'ancienne génération et fortement influencés par les croyances populaires se sentent impuissants pour affronter la nature. Par contre, les autres citadins de la nouvelle génération, c'est-à-dire les jeunes Kinois, se démarquent, se détachent de plus en plus de ces croyances populaires pour les bénéfices économiques qu'ils tirent en assainissant la ville. Kinshasa vit donc maintenant un conflit de générations sur le comportement qu'il faut adopter face à l'assainissement. Deux courants d'idées divisent deux générations: celle qui croit encore aux sorciers qui détruisent l'environnement et celle qui y accorde moins d'intérêt parce que l'assainissement de la ville leur procure un emploi. Ces jeunes ont donc développé une logique économique parce que l'assainissement du milieu, à leur propre initiative, leur apporte un gain pécuniaire. C'est eux qui assainissent la ville. Ils sont éboueurs, chiffonniers, vidangeurs, bûcherons, forgerons, cureurs, etc. et gagnent leur pain en vendant leurs produits de déblayage, de curage, de défrichage, de vidange, d'élagage, de sarclage, de nettoyage, etc. La vieille génération, par contre, a développé un comportement attentiste. A la moindre catastrophe, elle tend la main aux pouvoirs publics pour une intervention étatique et sporadique. Elle compte beaucoup sur l'Etat providence qui est lui-même déjà trop faible et presque en faillite. Les pouvoirs publics, quant à eux, ont développé malheureusement un comportement laxiste et passif. Ils n'arrivent pas à anticiper les événements parce qu'ils n'ont pas une politique de prévention et de gestion des catastrophes naturelles urbaines. Ils subissent les événements 244
et sont plutôt spécialistes du curatif. Ils passent leur temps à réparer les dégâts, à colmater les brèches, à replâtrer les casses. Et cela coûte trop cher au trésor public. A titre d'exemple, une agence de coopération bilatérale, dans son programme de développement communautaire à Kisenso, a construit avec 30 000 $18ï une école de 300 m2, soit six salles de classe de 36 m2 chacune avec 15 bancs, deux bureaux administratifs de 6 m2 chacun avec mobilier, des latrines scolaires de 12 m2 avec six portes. A la même période, une entreprise a construit avec 1 500 000 $ un collecteur maçonné de 1 km à Ngaliema pour traiter une érosion. Ce budget qui a été investi dans 'le curatif pour réparer les dégâts d'une érosion aurait servi à construire 50 écoles à Kinshasa et scolariser, dans de bonnes conditions, 18 000 élèves dans des établissements scolaires à double vacation, comme c'est le cas souvent dans la ville. Le même montant aurait aussi servi à doter les écoles de 30 000 bancs, car un banc revient à 50 $ la pièce. Trente mille bancs auraient servi aussi pour 60 000 élèves à Kinshasa. Les exemples d'un tel gâchis sont légion. Ailleurs dans le secteur des transports et des communications, une entreprise locale a réhabilité dans la ville une artère principale détruite par les eaux pluviales mal canalisées en facturant 1 million $ le kilomètre; alors qu'en curant les caniveaux, la route aurait été préservée dans son entièreté et cette enveloppe aurait servi à aménager soit 400 sources d'eau pour 100 000 habitants, soit 200 puits avec pompes manuelles pour 50 000 habitants dans les quartiers périphériques dépourvus du précieux liquide. Afin de stopper ce gâchis, il serait urgent de s'orienter vers le 'préventif en éduquant les Kinois et les autorités publiques sur l'environnement, c'est-à-dire en renforçant leurs capacités en matière d'éducation mésologique. Comme on l'a vu à travers les huit chapitres, l'environnement de la ville de Kinshasa se dégrade rapidement parce que les pouvoirs publics et les populations ont une perception divergente de la gestion de l'espace. Les deux interprètent d'ailleurs différemment la loi foncière et les réglementations de l'urbanisme. Dans cette confusion, il faut ajouter les chefs coutumiers qui contribuent à l'anarchie urbaine en spéculant sur le foncier. Tous ces acteurs sous-estiment les conséquences de la mauvaise gestion de l'espace sur l'habitat et l'environnement parce qu'ils n'ont pas de connaissances mésologiques. C'est comme cela qu'ils ne développent pas de méthodes préven tives de gestion de l'espace.
187 Entre
2002
et 2006.
245
Il y a lieu donc de lancer le plus rapidement possible le processus d'acquisition des connaissances environnementales auprès des utilisateurs188 Oes communautés) et gestionnaires189 Oes administrations) de l'espace. Ainsi donc, l'appui institutionnel dans la gouvernance environnementale s'avère nécessaire auprès des autorités politico-administratives et coutumières qui lotissent les lopins de terre, des services techniques municipaux qui délivrent des autorisations d'occupation parcellaire sans respect des normes administratives et des chefs coutumiers qui violent systématiquement la loi foncière.
1. Approche pour l'éducation environnementale L'objectif principal de l'éducation environnementale est double: d'abord, comprendre la façon dont les habitants perçoivent les problèmes qui se posent dans leurs quartiers respectifs et comment ils souhaitent y répondre; ensuite, évaluer la qualité des services rendus par l'administration communale à la population et vice-versa. Cette approche comprend quatre phases: la préparation, la formation, l'interface population-services municipaux et l'accompagnement. L'objectif spécifique serait d'impliquer l'administration et la population dans un processus de sensibilisation afin de définir les meilleures stratégies pour un développement urbain durable, d'apprendre le notions de loi foncière et des normes d'urbanisme, d'évaluer les risques environnementaux dans une occupation anarchique, de développer des méthodes préventives de gestion durable de l'espace, de clarifier les rôles à jouer par les parties prenantes (administration et population) en vue d'une appropriation de l'espace, d'harmoniser la perception de chaque groupe (administration et population) dans un processus de bonne gouvernance environnementale. 1. 1 La première
phase
Elle se limite à la préParationde la formation consiste à :
.
répertorier
d'abord,
au cours d'une réunion
dans la commune.
d'explication
Elle
avec les
autorités municipales, les services communaux qui sont étroitement liés à la gestion de l'espace et de l'environnement (par exemple, les 188La population, la société civile, les chefs coutumiers. 189Les chefs des quartiers, les semees de l'urbanisme et de l'habitat, des travaux publics, des affaires foncières, de l'environnement, de l'agriculture, du développement rural.
246
.
.
services de l'urbanisme et de l'habitat, des travaux publics, affaires foncières, de l'environnement, de l'agriculture, développement rural, de l'énergie, des mines, etc.) ;
des du
recenser ensuite, au cours d'une réunion d'explication avec la population, les leaders dans la communauté (par exemple, les chefs coutumiers, les notables, les dirigeants des associations, les responsables des confessions religieuses, les enseignants et les catégories de personnes qui ont comme activité principale l'usage des ressources naturelles (agricul teurs, éleveurs, charbonniers, bûcherons, menuisiers, etc.) ; s'assurer de la large participation de toutes les composantes communauté et des services communaux.
de la
1.2 La deux/ëme phase Elle concerne la Jolmation sur l'environnement. Elle consiste à :
la gestion
de
l'espace
et
de
.
former concomitamment dans des salles différentes pendant 3 jours (1 module par jour) les services municipaux identifiés (25 élèves) et les leaders des populations recensées (25 élèves) ;
.
former les bénéficiaires d'abord sur les principes de base de la loi foncière et des normes d'urbanisme, ensuite sur la mauvaise gestion de l'espace et l'impact environnemental, enfin sur les méthodes préventives d'assainissement urbain;
.
récolter les perceptions des populations sur l'utilisation des services municipaux sur la gestion de l'espace;
.
demander aux bénéficiaires de proposer des solutions pour améliorer l'utilisation et la gestion de l'espace et de l'environnement après avoir acquis des connaissances;
.
sélectionner les indicateurs d'évaluation des services municipaux par les populations afin d'élaborer la carte des points sur la gestion de l'espace et vice-versa, c'est-à-dire sélectionner les indicateurs d'évaluation des populations par les services municipaux sur l'utilisation;
247
de l'espace et
.
prévoir le volet communication et éducation pour le changement comportements qui va concerner les enseignants.
Fig. n02 Processus de formation et de récolte des perceptions
Formation: services communaux (3 modules)
Formation: populations (3 modules)
Récolte des perceptions des services communaux sur les populations dans la gestion de l'espace et des indicateurs
Récolte des perceptions des populations sur les services communaux dans la gestion de l'espace et des indicateurs d'évaluation
248
des
1.3 La troisième
phase
La troisième phase est liée à l'inteiface dans une même salle entre les bénéficiaires, c'est-à-dire entre la population d'un côté et les services municipaux de l'autre. Elle sert à :
.
sensibiliser les populations et les services communaux, participent proportionnellement des deux côtés, au sujet sentiments et des contraintes de l'autre partie;
qui des
.
s'assurer que la rétroaction de la communauté est prise en compte et que des mesures concrètes sont prises afin de corriger les erreurs de gestion et utilisation de l'espace;
.
s'assurer que le dialogue ne s'exprime pas entre adversaires mais qu'il s'agit plutôt d'un rapport d'arrangement mutuel établi entre l'usager / utilisateur et le gestionnaire de l'espace;
.
faire participer aussi d'autres parties (2 à 5 élus locaux par exemple), comme les parlementaires locaux et les hauts fonctionnaires de l'administration, à la réunion en tant que modérateurs de l'interface afin de lui donner un grand crédit;
.
regrouper les participants en fOcus groups sur la base des activités socio-économiques de la population, en tenant compte du genre et de l'âge, collées à chaque aspect du service administratif de l'Etat. Ainsi, par exemple, les agriculteurs et éleveurs formeront un fOcus group avec le personnel du service communal de l'agriculture; les bûcherons et menuisiers formeront un fOcus group avec le personnel du service communal de l'environnement, etc;
.
inviter chaque fOcus group à définir des critères de performance pour évaluer le service communal en question sur la base d'indicateurs observables et mesurables ;
. .
faciliter le dialogue entre la population et les services communaux et les aider à fournir une liste de changements concrets qu'ils peuvent mettre en application immédiatement; faire approuver les réformes par les leaders politiques, les élus locaux et les hauts fonctionnaires de l'Etat présents;
249
.
permettre d'abord à la population de savoir ses droits et devoirs; aux services municipaux leurs engagements;
.
finaliser et prioriser l'ensemble des indicateurs produits et s'assurer de ne pas dépasser le nombre de 5 au maximum;
.
donner des points relatifs pour chaque indicateur, après avoir défini les critères d'exécution par consensus ou par vote à main levée, selon une échelle de 1 à 10 ou de 10 à 100 dont les plus élevés sont considérés comme les meilleurs;
.
programmer l'organisation de l'enquête soit par un bureau d'étude spécialisé soit par des équipes universitaires de recherche.
et
Tableau 53 Exemple d'une carte des points qui pourrait être établie par un ficus group pour que la population
évalue les services rendus par les Affaires foncières
Points interface 100
Indicateurs
Tracasseries administratives 1) lors de la demande d'une fiche parcellaire Objectivité dans le règlement 2) des conflits parcellaires
15
Passivité de la commune face 3) aux chefs coutumiers qui lotissent des lopins de terre
30
10
15 5) Tenue de plan cadastral
250
Points après 6 m.ois
Points après 12 m.ois
Tableau 54 Exemple d'une carte des points qui pourrait être établie par un ficus group pour que la population
évalue les services rendus
par l'Urbanisme
Indicateurs
et l'Habitat
Points interface 100
Octroi abusif de titres 1) d'occupation dans des espaces publics Tenue du plan d'urbanisme 2)
30
Octroi d'autorisations de bâtir 3) dans des zones non aedificandi
40
10
10 4) Tenue de fiches parcellaires 10 5) Règlement des conflits locatifs
251
Points après 6 mois
Points après 12 mois
Tableau 55 Un autre exemple de la manière dont une carte des points qui pourrait être établie par unfocus group pour que le service municipal de l'environnement
puisse évaluer les actions préventives
de la population
Indicateurs
1)
2)
3) 4)
5)
dans la lutte an tiérosive
Points interface 100
Implantation dans les parcelles de puisards ou de drains parcellaires
30
Implantation de 'dos d'ânes de terre' dans les limites parcellaires
10
V égétalisation des versants Implantation de 'bassins d'orage' dans les espaces publics Agriculture sur les versants stabilisés
10 30
20
252
Points après 6 mois
Points après 12 mois
1.4 La quatrième La quatrième
.
organiser
phase phase concerne l'évaluation semestrielle. Elle consiste à :
six mois plus tard une enquête
sur les indicateurs
de
performance de chaque service communal concerné par l'évaluation et transmettre les résultats à l'exécutif et au Conseil communal;
.
assurer une large diffusion des résultats d'enquêtes dans le public par l'intermédiaire de médias tels que la radio communautaire, la presse et la télévision;
.
prévoir une réunion interface d'évaluation pour discuter des résultats d'enquêtes et proposer des recommandations à l'exécutif et au Conseil communal;
253
Figure 3 Organigramme
des étapes du processus complet
de la formation et accompagnement Phase 1 : La préparation de la formation sur le terrain Organiser deux réunions explicatives: l'une avec l'administration communale pour recruter les services communaux concernés; l'autre avec et les couches des populations pour recruter les couches les plus représentatives Constituer l'équipe d'animateurs constituée de juriste, géographe, urbaniste, aménagiste, sociologue, anthropologue, communicateur.
Phase
C
Population
2 : La formation
des groupes
C
~
cibles
Services
~
Perception
Identifier les indicateurs
Phase 3 : Interface
254
Phase 4 : 'évaluation' ~(}ouvernance~
~
~ <participatiOn>
~
/
Services rendus Développement urbain
2. De l'éducation
environnementale
à l'urbanisme
de participation
L'objectif majeur de l'urbanisme participatif est de faire participer activement les administrés Qes habitants) et les administrateurs (services communaux) à l'identification des problèmes, à l'analyse, à la recherche de solutions et la conception d'un plan de développement, de résumer les renseignements relatifs à l'identification des quartiers, ensuite d'identifier les problèmes des quartiers, de dégager les priorités d'intervention, de rassembler les informations pour l'élaboration d'un plan communal de développemen t. Sur le plan pratique, cette approche de l'aménagement urbain participatif offre beaucoup d'avantages: susciter une prise de conscience de la population pour l'autoprise en charge, jeter les bases pour une collaboration étroite entre l'administration municipale et la population pour un développement urbain durable, améliorer la qualité des services rendus par l'administration communale Qes producteurs de services) à la population Qes consommateurs de services), etc. Comme on le voit, l'approche proposée de l'éducation mésologique est un apprentissage manifeste de l'urbanisme de participation ou de dialogue qui privilégie plutôt les aspirations de l'usager et conduit à l'appropriation de l'espace par les habitants.
255
Il est malheureux de rappeler la faiblesse de beaucoup de plans communaux de développement qui ne correspondent pas aux desiderata de la population parce qu'ils ont des modèles stéréotypés conçus dans des bureaux par des experts qui ignorent l'idée que se font les habitants euxmêmes de leur quartier. Souvent, pendant l'élaboration de ces plans communaux, les habitants sont soit marginalisés, soit insérés mais sans responsabilité réelle dans la conception et l'exécution du plan; et pourtant, les décideurs et les aménagistes n'appréhendent pas toujours facilement ce qui constitue les aspirations de la population. Ces plans "parachutés" échouent souvent soit parce que la population a été exclue, soit parce qu'elle n'a pas adhéré. Il est également malheureux de rappeler aussi que la jeunesse, nombreuse et ingénieuse, est marginalisée et est livrée à toutes sortes de problèmes, notamment le chômage. Et sa faible participation à la gestion urbaine exacerbe le problème. Aussi, le niveau de participation des jeunes dans les projets de développement des quartiers se limite aux petites tâches. Dans plusieurs cas, les perceptions des jeunes sur les questions qui concernent leur environnement urbain sont prises avec beaucoup de recul, ignorées ou tout simplement réprimées. C'est comme cela que les stratégies, conçues sans leur participation, sont continuellement en contradiction avec leurs attentes et leurs perceptions. Le conflit de génération entre la jeunesse (véritables Kinois) et la vieillesse (migrants ruraux et néo-Kinois) fait que les aspirations des jeunes sont perçues comme marginales, hors culture et hors normes parce que les valeurs sont conçues et validées par les adultes. Une telle approche conduit inévitablement à la conception de politiques discriminatoires de développement urbain et opposées aux logiques et aux besoins de cette majorité de la population urbaine qu'est la jeunesse. La pauvreté et la violence urbaine des jeunes sont parmi les conséquences de cette marginalisation. Comme les autorités urbaines se retrouvent débordées devant la croissance rapide de la ville et n'arrivent plus à l'accompagner dans son développement et dans son contexte général d'urbanisation avec une population de plus en plus jeune, elles ont tout intérêt à compter sur cette jeunesse et à se tourner vers elle parce qu'en temps de paix ou de guerre, ces jeunes ont toujours défendu leur capitale. Les désirs des jeunes Kinois par rapport à leur ville se traduisent par l'optimisme dans leur vécu quotidien. De manière générale, les jeunes Kinois veulent voir leur ville changée et son environnement assaini. Pour ce faire, ils comptent d'abord sur leur effort personnel, exprimé par le vocable" effoperso 190" dans le langage kinois, avant de compter sur les autres. /90 Effort
personnel.
256
Or, très souvent, les aménagistes mettent les habitants dans une situation de consommateurs de commodités urbaines conçues sans eux et plus souvent loin d'eux. On a affaire ici à un aménagement octroyé et peu propice à l'appropriation de l'espace urbain par les habitants. D'habitude, cet urbanisme est perçu comme une friction. Il provoque et intensifie les réactions de rejet des habitants. C'est le cas des Kinois qui ont quitté leurs maisons construites dans les cités planifiées indigènes par l'Office des cités africaines pour habiter loin, dans de grandes parcelles de la commune de Ndjili qui venait d'être construite vers la fin des années 50. Voilà pourquoi l'urbanisme est opportun pour le développement urbain durable de Kinshasa.
257
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272
Liste des tableaux
Tableau 1 Coûts d'indemnisation des arbres fruitiers et cultures vivrières lors des expropriations à Kinshasa Tableau 2 Valeur immobilière à Matete avant et après l'évacuation de la décharge de l\.1ulele Tableau 3 Les communes peuplées et moins peuplées de Kinshasa de 1967 à 2004 Tableau 4 Populations et densités des communes du district de Tshangu Tableau 5 Populations et densités des communes du district de Lukunga Tableau 6 Populations et densités des communes du district de Funa Tableau 7 Populations et densités des communes du district de Mon t-Am b a Tableau 8 Progression annuelle de l'habitat Tableau 9 Occupation du sol dans le district urbain Tableau 10 Approvisionnement en sacs de braise par site Tableau Il Filière de commercialisation du sac de 50 kg de charbon de bois en 2002 Tableau 12 Coût des différentes sources énergétiques en 2005 Tableau 13 Répartition des centres maraîchers par commune en 1996 Tableau 14 Nombre de parcelles à Kinshasa jusqu'en 1989 Tableau 15 Le nombre de sites maraîchers par commune Tableau 16 Précipitations (en mm) de la ville de Kinshasa de 1995 à 200 1 Tableau 17 Les communes et les degrés des pentes Tableau 18 Dégâts des pluies du 24 et 26 mars 1998 dans le sous-bassin-versant Tableau 19 Maisons et ménages sinistrés à Kingabwa de 1999 à 2002 Tableau 20 Estimation des besoins actuels en voirie et réseaux divers Tableau 21 Dégâts de la pluie diluvienne nocturne du 20 au 21 mai 1990
273
25 51 63 ...65 ...66 67 68 74 84 87 89 89 90 93 94 102 103 113 141 145 149
Tableau 22 Incidence des maladies sous surveillance à Kinshasa sur les sites des zones de santé sentinelles en 1999 152 Tableau 23 Incidence des maladies dans le quartier inondable de Lemba-Foire en 2002 152 Tableau 24 Quantités de déchets produits par type de quartier 163 Tableau 25 Nombre de repas parjour dans les quartiers de Kinshasa 163 Tableau 26 Effectifs des vendeurs et nombre d'étals des principaux marchés municipaux 165 Tableau 27 Production de déchets biomédicaux dans quelques hôpitaux .169 Tableau 28 Quantité d'immondices évacuées par la Foleco de 1998 à 200 1 175 Tableau 29 Nombre d'engins du PNA en bon état en 1989 et 1999 176 Tableau 30 Nombre de bacs du PNA abandonnés dans la ville 177 Tableau 31 Évacuation des déchets par le PNA (1995-2005) à Kinshasa ..178 Tableau 32 Consommation industrielle de quelques produits de récupération en 1989 180 Tableau 33 Production en kg de cartons et papiers recyclés par l'lzap 183 Tableau 34 Maladies liées à la dégradation de l'environnement en 1989..194 Tableau 35 Soins médicaux pour les maladies des mains sales 196 Tableau 36 Protection de l'habitation contre les moustiques 198 Tableau 37 Types de latrines à Biyela et Kikimi dans la commune de
Ki
m
ban
s eke.
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2 05
Tableau 38 Répartition des fosses dans les ménages à Kinshasa en 2005..206 Tableau 39 Quantité quotidienne d'excrétas de vidange 213 Tableau 40 Consommation en eau et rejets industriels à Kinshasa 216 Tableau 41 Analyse physico-chimique de la rivière Yolo à Kingabwa 219 Tableau 42 Quantité de la poussière prélevée sur le terrain en grammes..226 Tableau 43 L'analyse granulométrique de la quantité de poussière pal' semaine 227 Tableau 44 Le pH de l'eau de pluie qui tombe par localité 228 Tableau 45 Pathologies déclarées et soignées au centre de santé deL ukun ga 229 Tableau 46 Comptage des véhicules et estimation moyenne journalière des voyageurs en 2006 233 Tableau 47 Densité journalière du trafic routier aux carrefours routiers...234 Tableau 48 Teneur moyenne en plomb (J.tg/l) dans le sang humain 236 Tableau 49 Plombémie moyenne (J.tg/l) sur les trois sites 237 Tableau 50 Concentration de plomb en f.!g/ 100 ml dans les arbres le
long
des
l~OU
tes..
. . . . . . . . . . . . . .. . . . . . .. . . . . . . .. . . . . . .. . . . . . . . .. . . . . . . .. . . . . . . . . . . .. . . . . . . . ... .. . . . . . . . . . 238
Tableau 51 Teneur en plomb dans les légumes cultivés le long des l'OUtes en mg/kg
274
239
Tableau 52 Teneur en plomb dans le sol en fonction de la distance par rapport à la route principale, de la capacité d'échange cationique et du pH du sol Tableau 53 Exemple d'une carte des points qui pourrait être établie par unfocus group pour que la population évalue les services rendus pa11les Affai11esfoncières Tableau 54 Exemple d'une carte des points qui pourrait être établie par un focus group pour que la population évalue les services rendus par l'Urbanisme et l'Habitat Tableau 55 Un autre exemple de la manière dont une carte des points qui pourrait être établie par unfocus group pour que le service municipal de l'environnement puisse évaluer les actions préventives de la population dans la lutte antiérosive
275
240
250
251
252
Liste des cartes
Carte Carte Carte Carte Carte Carte Carte Carte Carte Carte Carte Carte Carte Carte Carte Carte Carte Carte Carte Carte Carte Carte Carte Carte Carte Ki
n01 : Kinshasa vue par Stanley en 1881 n02 : Le relief de Kinshasa n03 : La ville de Kinshasa en 1997 n04 : Catégorie des communes de Kinshasa n05 : Les districts administratifs de Kinshasa n06 : Les densités démographiques à Kinshasa n07 : La trame viaire du secteur Nord de Kinshasa en 1960 n08 : La zone urbanisée de Kinshasa en 1969 n °9 : L'extension de Kinshasa en 1969 n° 10 : L'état de la déforestation de Kinshasa en 1960 nOli: L'état de la déforestation de Kinshasa en 1962 n° 12 : L'état de la déforestation de Kinshasa en 1987 n° 13 : Le taux d'abonnement d'électricité par commune n° 14 : Les espaces agricoles de Kinshasa n° 15 : Les espaces maraîchères et rizicoles de Kinshasa n° 16 : Les bassins versants des rivières de Kinshasa n° 17 : Les grandes érosions de Kinshasa n018 : Les grandes rivières de Kinshasa n° 19 : Les zones inondables de Kinshasa n020 : Les inondations de remous n021 : Les inondations de manque de réseau de drainage n022 : Les inondations d'affieurement de la nappe phréatique n023 : Les inondations dues aux ruptures des bassins d'orage n024 : Les inondations des crues des rivières n025 : La pollution de l'air par la poussière au quartier
n s u ka
- P ê che
u rs.
34 35 50 64 65 70 76 78 79 80 82 83 86 91 92 105 120 130 137 138 146 147 149 158
....................................................................................... 2 2 5
277
Table des matières
Rem.erciem.ents Avant-propos.
Préface.
... .
... ....
... ...
..
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ..
Introduction...
Chapitre
7
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ..
..
. .. .. .. ... ..
...
.. . ... ... . .. .. ..
9 Il
13
1
Lespréliminaires
17
1.1Kinshasa: ville fascinante aux multiples noms 1.2Dégradation de l'environnementetcroyancespopulaires 1.2.1La propriété immobilièreriflète la réussitesociale 1.2.2De laJorêt protégéeau village,au déboisementabusijen ville
1ï 20 21
22
1.2.3Dieu, le diable et les érosionsurbaines 1.2. 4 La sirène, les monstresmarins et les inondationsurbaines 1.2.5 Les 'Noirs ne meurentpas de microbes'ou de l'insalubrité 1.3 Participation des jeunes Kinois 'ingénieurs aux mains nues'
26 2ï 28
à l'assainissement
29
de I'environnement.
1.3.1'Kinya ba Nka' : Kinshasa desjeunes 1.3.2 Jeunesse et assainissementde l'environnementurbain Con
cI usi
on.
29 29
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
Chapitre 2 Site topographique
et dynamique
urbaine
2.1. Le site urbain: atouts et contraintes 2.1.1. Les cités desplaines: la ville 'basse'
279
33 34 36
2.1.2. Les citésdes collines: la ville 'haute' 2.2. Les districts urbains administratifs: une subdivision géographique déséquilibrée 2.3. Une urbanisation géographiquement déséquilibrée entre la ville 'hau te' et 'basse' Conclusion Chapitre 3 Croissance spatiale
et déboisement
urbain..
3.1. L'urbanisation et le déboisement urbain 3.2. Le manque d'électricité et le recul de la forêt urbaine 3.3. L'agriculture urbaine et le déboisement de l'espace 3.4. Le taux du déboisement urbain 3.5. Le reboisement péri urbain ... 3.5.1 Les exPériencesde Kinzono et de Mampu 3.5.2 Le puits de carbonedans le villaged'Ibi à Mbankana sur leplateau des Bateke 3.6. Une reforestation géographiquement déséquilibrée Con
el
il si 0 n
64 68 70
73 73 85 90 95 95 95 99 99
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 1 00
Chapitre 4 Occupation spontanée
et érosions
urbaines..
4.1. Les pluies torrentielles et les trombes d'eaux 4.2. La genèse des érosions de Kinshasa 4.3. Les bassins-versants et les érosions à l'ouest de la rivière Ndjili 4.3.1 Le bassin-versantde la rivièrede Funa 4.3.2 Le bassin-versantde la Ndjili - rivegauche 4.3.3 Le bassin-versantde la rivièreLukunga 4.3.4 Le bassin-versantde la rivièreBasoko 4.3.5 Le bassin-versantde la rivièreMampeza 4.3.6 Le bassin-versantde la rivièreLukaya 4.4 Les bassins-versants et les érosions à l'est de la rivière Ndjili 4.4.1 Le bassin-versantde la rivièreNdjili rive droite 4.4.2 Le bassin-versantde la rivièreTshangu 4.4.3 Le bassin-versantdufleuve Congo 4.5 Les travaux de lutte antiérosive 4.5.1 Les travaux collectifsmanuels des 'ingénieursaux mains nues' avec des techniquesrustiques 4.5.2
..
.58
Les travaux mécaniques
101 101 104 105 106 109 111 114 ..115 116 117 117 .118 119 121 .121
des entreprises de génie civil
avec les bassins d'orageset les collecteurs Conclusion 280
125 127
Chapitre Anarchie
5 foncière
et inondations
urbaines
129
5.1. Les rivières 5.1.1 Les rivièresdes valléesenvasées 5.1.2 Les rivièresdes valléesencaissées 5 . 2.
Le
sin
0 n dati
129 130 132
0 n s . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 1 3 5
5.2.1 Les inondationsdues aux cruesdes coursd'eau 5.2.2 Les inondationsdues au ruissellementurbain 5.2.3 Les inondationsdues aux torrentsboueux 5.3. Les inondations et autres conséquences 5.3.1 Les inondationset la destructiondes champs de riz 5.3.2 Les inondationset la détériorationde la santépublique 5.4. La lutte contre les inondations 5.4.1 Les travaux collectifsmanuels des 'ingénieursaux mains nues' avecdes techniquesrustiques 5.4.2 Les travaux mécaniquesdes entreprisesdegénie civil Conclusion.
et insalubrité
urbaine
6.1 Les types de déchets solides municipaux 6.1.1
Les déchets des activités artisanales,
6.1. 5 Les déchets
biomédicaux...
6.2 Les modes d'évacuation ci p aux.
bai
ne.
159 159 160 161 164 167
. . . . . .. .. .. . . ... . .. .. .. . . . .. . . . .. . . .. . .. . . . . . . . ..
et d'élimination
. . .. . .. 168
des déchets solides
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 169
6.2.1 Le mode de collecteet de transportdes déchets 6.2.2 Le mode de reryclagedes déchets 6.2.3 Le mode d'élimination des déchetssolidesmunicipaux 6.2.4 La dégradationde l'environnementurbain suite à la proliférationdes déchargesnon contrôlées 6.3 Les maladies de l'insalubrité 6.4 Les limites de la création de décharges contrôlées en périphérie ur
7
des lieux de loisirs
et lieuxpublics 6.1.2 Les déchetsménage'rs 6.1.3 Les déchetsdes marchés 6.1. 4 Les déchetsindustriels
uni
153 157
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 15
Chapitre 6 Déchets solides municipaux
m
137 144 147 150 150 151 .153
l 72 179 188 192 194
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 1 9 7
Conclusion
199
281
Chapitre 7 Eaux usées et nuisance
urbaine
201
7.1 La production des eaux usées industrielles, ménagères et excrétas... 7.1.1 Les eaux uséesménagèreset assimilées 7.1.2 Les excrétas 7.1.3 Les eaux uséeshospitalières 7.1.4 Les eaux uséesindustrielles 7.2 Les modes d'évacuation et d'élimination des déchets liquides 7.2.1 Les eaux uséesménagères 7.2.2 Les excrétas 7.2.3 Les eaux uséesindustrielles 7.3 Le rejet des eaux usées et les problèmes de santé publique Concl
usi
on..
. . .. ... . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . .. . . . ... .. . . . .. . .. . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . .. ... .. . . .. . . . . . 220
Chapitre 8 Air insalubre
et pollution
urbaine
223
8.1 Les nuisances par la poussière des carrières de grès 8.2 Les nuisances par les gaz d'échappement des véhicules Con
el usi
on.
Conclusion 1.
w
générale
deuxième
p hase.
1
243 environnementale
246 246
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 247
1.3 ~ troisièmephase 1. 4 w quatl-Ïèmephase 2. De l'éducation environnementale Bibliographie
224 23l
.. . . . . . . . . . . .. . . . . . . .. . . . . . . . . .. . . .. . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . ... . . . . .. .. . . . . . . .. . . . . . . . ... . . . . . . . .. 24
Approche pour l'éducation 1.1 w premièrephase 1. 2
20 1 202 204 207 208 208 209 2 12 215 218
à l'urbanisme
de participation
249 253 255 259
L.HARMATTAN.ITALIA Via Degli Artisti 15 ~ 10124 Torino L'HARMATTAN HONGRIE Konyvesbolt ~Kossuth L. u. 14-16 1053 Budapest L'HARMATTAN BURKINA FASO Rue 15.167 Route du Pô Patte d'oie 12 BP 226 Ouagadougou 12 (00226) 50 37 54 36 ESPACE L'HARMATTAN KINSHASA Faculté des Sciences Sociales, Pol itiques et Administratives BP243, KIN XI ~Université de Kinshasa L'HARMATTAN GUINÉE Almamya Rue KA 028 En face du restaurant le cèdre OKB agency BP 3470 Conakry (00224) 60 20 85 08
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