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Armillaire se veut un espace de refaion ouvert a toutes les sciences humaines et li toutes les combinaisons de ces diffkrents savoirs. Son ambition ? Aider l'honnete homme li faire le point des connaissances, li aborder de nouveaux terrains, ri klaborer de nouveaux outils conceptuels. Chacun des ouvrages de cette collection participe a l'intelligibilite' du monde et des hommes d'hier et d'aujourd'hui.
DLpassant le clivage habitue1 entre les disciplines, n'he'sitant pas ci emprunter des chemins inqlore's, Armillaire rassemble des livres s'adressant a la fois ri l'l~istorien, au philosophe, a l'e'conomiste, a I'ethnologue, a l'e'pistkmologue, au biologiste, a l'historien des religions... Des ouvrages dont la dkmarche, l'e'criture, et le ton, libres des modes, ofient au lecteur dksireux de saisir ['essence des choses grbce a la c l a d des mots une approche stimulante d'un objet particulier.
Hegel ou Spinoza
La sphkre armillaire dessinCe par M. Dessertenne, qui figure en ttte de I'ouvrage, est extraite du L.arousse d u x,Ysi.?rle avec l'aimable autorisation de la Librairie Larousse.
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Georges Albert Astre, Pierre Lipinasse, La dktnocratie contrariie. L>obbieset je~u.d~rpouvoir alcx Etclts-Unis. Lire Braudel, ouvrage collectif. Jean-Michel Besnier, La politiq~~erlc 1 'ir71possible. L 'intellectuel erztre rkvolte el enguger rlent. OIivier BCtournC et Agl:tia I. I-Iartig, Penso l'histoire de la Rkvolutior~ frmcaise. Edward H. Carr, Qu'est-ce qirc I'histoire ? Maria Daraki, Une religiosi~Csor~sDieu. Fran~oisDosse, L'histoire en nzietres. Des Annoles a la Nouvelle Histoire. Jean Duvignaud, Hb-e'sie ot S L I ~ V P I S ~ OEssais ~L. sur lhnomie. Esprit, TraversCes d~rXX' siecle (ouvrage collectif). Fran~oisFourquet, Richesse ct l)uissar~ce.Une gknialogie de la v a l ~ ~ t r . Jean-Yves Guiomar, La nation er~trzI'histoire et la raison. Michael IgnatieR', La libcrtk d'2tre h~tmain. Essai sur le de'sir et le besoin. Gilles Kepel, Le Propll?te et Plzcrtnon. Lc.7 morivements islarnistes duns I'Egypte contempomir~e. Zaki Lai'di, Les contrnintc.~d'llne rivalitt Les superpuissances et I'Afrique (1960- 1985). Abdallah Laroui, lslo~net 171orlerrlitL Bernard Lewis, Comrnerzt I'lsltrrn o de'couvert I'Erirope. C.B. Macpherson. Prirzcipc~set limites dc la dkmocratie libkrale. Silvano Petrosino, Jacques Rolland. La vb.itC nomade. lrltroduc~ion2 Errrrnari~lelLPvinas. Shlorno Sand, L'ill~rsior~ (111 politiqrle. Ckorges Sore1 et le dkbat ir~tellect~~el 1900. Pierre-Andri. l'aguicff, Ltr jor.ce (111 p+jugk. Essai sur le rocisme el .ses ~l0rlhl~.ss. Yossef Flayirn Ycrushalnli, Ztrkhor; 1ri.stoirr jui11e et 117c;rnoiwjr~it,e.
Consacrer une Ctude au rapport de deux grandes philosophies historiques, comme le sont celles de Spinoza et d e I lcgel, c'est indiscutablement se confronter, au-del8 des limites d'une cornparaison formelle, acadkmique dans sa tldmarche et indiffkrente dans son contenu, 8 certains enjeux I'ondamentaux de la dCmarche philosophique considCrCe en !:dnCral. N Spinoza n, cc Hegel , ,: ces expressions indiquent d'abord I)our nous des systkmes de pensee ayant valeur en eux~l~Cmes, et attach& 8 I'existence personnelle d e leurs auteurs, tlui d'emblke les nomme, c'est-8-dire 8 la fois les dCsigne c.1 les signe. Or, si I'on prend quelque peu au sCrieux I'cntreprise de la pensCe philosophique, on doit reconnaitre . I ocllc-ci une relative autonomie par rapport 8 de telles ~)~-ockdures d'identification, qui, sous prCtexte de la singuI;II-iscr,la dispersent, et tendanciellement la font disparaitre ,l;tlls une pluralite indistincte de doctrines, en privilkgiant (c.4 , confond deux figures 1 1 , . I'clv;iluation comparCe que d'autres langues distinguent , 1 1 1 (x~lltraire : c'est ainsi que ce ccou D du franqais traduit ~~~tIi\ti~lctcmcnt le vel et le aut... aut du latin, qui disent des I IIII\(.S apparemment contraires. Aut... aut est la formule de I I qq)o"irion et de I'exclusive : c'est (ou) I'un ou I'autre, mais ~ I . I \ less deux a la fois. Si cc Hegel ou Spinoza v se disait de I re. manikre, aut Hegel nut Spirioza, c'est-a-dire cc ou bien I I(.!:(.I ou bien Spinoza D, cela reviendrait a les prCsenter I I I I I I I I C ~ C U Xfornles de pensCe irreductibles, constituant les 1 1 . 1 I I I C ' S d'un choix qu'il n'est pas possible de laisser indCI I I I I I I I C I ~ ~ suspendu. Or, en privilkgiant, pour signaler le , . I I .lc.{Crc incontournablc de cette alternative, I'ordre des IIOIII\ ( l t r i renverse la succession chronologique, en faisant , I I I I I C . 1);IsscrSpinoza aprks Hegel, et non avant lui, on semble I,II!:;I!:CS d'emblee dans un tel choix : car on a d e cc fait 1111l)ll(.itcnicnt recusC la logique evolutive qui constitue le l r . 1 1 1 ( l u systkme hkgklien, d'apres laquelle ce qui vienl .IIII(.\ ctlglobc et comprend nkcessairement ce qui, le preI ~ I , I I I I , n'cn constituait que I'anticipation ou la preparation ; I .1111si o n 21 inverse la perspective qui commande la lecture I I I !~.lr(.~tllc dc Spinoza, en la subordonnant i celle, nCces..I I I ~ . I I I C hypothktique, .I~~ d'une lecture spinoziste de Hegel, I I I I I I I 1;1 puissance spdculative semble des lors I'emporter. \ I I II~.I;I tl'unc mesure reciproque des syst2mes, qui les fait $ 1 1 11c.11t1r.c tlc leur relation, ce jeu du cc ou bien... ou bien >> I.IIII)I(. tlol~c.ddbouchcr, plus ou moins dogmatiquement, sur 1 1 1 1 1 . I (.>ol~~liori d~ 121 crise ouverte par leur confrontation : I 1 . 1 1 c.l~oisiss;~nt dc placer Spinoza en alternative a Hegel, I I I O I I I'it~vcrsc,c'cst du c6te du premier, sen~blc-t-il,que 1 \ ; I c.l~crcllcsIcs conditions dc cctte solution, par unc 1 , 1 1 - . l o 1 1 (10111 !;I 116cessil6 rcstcrait alors a 6tablir et a I
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Hegel ou Spinoza
Mais il ne faut pas oublier que K Hegel ou Spinoza D, cela peut aussi se traduire cc Hegel'vel (sive) Spinoza n, qui signifie apparemment le contraire. Le * ou >> est ici la formule de I'identite et de l'kquivalence. C'est lui qu'on retrouve dans la farneuse expression si souvent imputee a Spinoza, alors que, sous cette forme, il ne I'a jamais ecrite, Deus sive natura, dans laquelle N Dieu >> et > se prksentent comme deux noms differents, mais aussi indiffkrents, pour une seule et mCme chose. cc Hegel >> et u Spinoza >> ne seraient-ils pas egalement deux noms pour une meme chosc, et quelle serait alors cette chose qu'ils dksigneraient indistinctement ? A cette question, il convient de conscrver jusqu'au bout son caractere interrogatif, sans prktendre la rCsoudre dkfinitivement. C'est elle qui soutient, et traversc de bout en bout, 1'Ctude qu'on va lire. Selon I'esprit de cette interrogation, il est manifeste que, s'il est ineluctable de lire Spinoza ct Hegel en opposition I'un ii I'autre, c'est le c6t6 aut... aut du cc ou ,>,il n'est pas moins nkcessaire de les r6flCchir I'un avec I'autre, comme s'ils donnaient ses ClCmenls, ou ses parties, B un unique discours, a I'intCrieur duquel lcurs positions respectives seraient indissociables, parce que lcur sens ne s'expliquerait que dans leur interaction - et ici c'est lc cBtC sive du cc ou >> qu'on fait ressortir. Le debat qui s'eleve entre ces deux formes de pensee n'aurait donc pas de nkcessitk, et ne prksenterait aucune signification, si elles n'avaient en partage une meme vCritC, dont le processus n'appartient ni a I'une ni a I'autre, parce qu'il se produit a l'intersection de leurs parcours respectifs. Cette vkritk suspendue, issue de la contestation et du conflit, n'a plus de ce fait la valeur d'une thkse arri2tCe : mais elle est celle d'une critique et d'une epreuve, dont I'objet est la philosophie elle-meme, telle qu'elle se dkploie, travers I'ensemble de son histoire, dans I'Clement problkmatique de la difference et du dkbat. Pierre M AC HERE Y, juin 1990.
30 juillet 1816, le prorecteur de 17universitCde HeidelCcrit a Hegel, alors proviseur du gymnase de Nurem11t.11:. pour lui proposer une chaire de professeur titulaire. I1 I t1111111cnle son offre de la fason suivante : Heidelberg .IIII;III pour la premikre fois en votre personne un philo. I I ~ ) ~ I Ctlepuis . la fondation de I'UniversitC. Spinoza fut une IIII,,;~l)pclCici, mais en vain, comme vous le savez sans I ~ O I I I C ... * On connait en effet la lettre du 30 mars 1673 (( au I I t . , , I lluslre et trks distingue Dr Louis Fabritius, professeur . I I A(-;~tlCmie de Heidelberg et conseiller de I7Electeur palaI 1 1 1 ', l);lr laquelle Spinoza avait dCclinC I'invitation qui lui 1 . 1 1 1 I;~ilcd'occuper une chaire professorale, car, en se ~ I I , , ; I C .an1 I h I'enseignement de la jeunesse, il craignait de I I I . \ O I I - I-cnoncer h ses travaux philosophiques personnels ; I I I I O I I I , i l redoutait que sa liberte de philosopher puisse etre I I I I I I I ( ~ . p;lr la nkcasite de respecter les lois Ctablies et les I t~.(.l)Icstle la religion. Son refus, clairement motivC, se 1111c-l11;1il i~ilisi: ( I Ce qui m'arrkte, ce n'est pas du lout I t . , . l ) t 111. ( I ' L I I ~ C l'orlune plus haute, mais I'amour de ma tran1 I I I l l I 1; clue jc crois devoir prkserver, en quelque manikre, I I I ~ll';ll~\lc~iarlt de lcqons publiques. )) Hegel connaissait cet I ~ I . . O ~ ~ C c. l u ' i l rclalc ainsi dans ses L e p n s sur l'histoire de la I ~ l u l o \ o l ~ l l i:c ~ Spinoza (tl'aprks ce que nous rapporte sa lc-,l)(~~(l;~ncc) rcpoussa cclte offre, mais a bon escient, .II 1 1 IIC* x ; ~ v ; ~ i pas l tliins q~lellcslin~ilesserait restreinte I
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Hegel ou Spinoza sa libertC philosophique, pour qu'elle ne paraisse pas inquid-
ter la religion officiellement Ctablie ". )) Le 6 aoiit 1816, Hegel rCpond au prorecteur avec empressement : cc par amour pour les Ctudes universitaires n, il accepte sa proposition, alors meme que d'autres perspectives sont pour lui ouvertes, du c6tC de I'UniversitC de Berlin ; il demande seulement que le traitement qu'on !ui offre soit amCliorC, qu'on le loge gratuitement, que les r a i s de son dCplacement soient remboursCs... Un peu plus tard, le 20 aofit 1816, ces questions matCrielles Ctant rCglCes B sa satisfaction, Hegel revient sur sa nomination pour (( exprimer sa gratitude, en partie pour l'intkret que [son correspondantl veut bien prendre B son affaire, en partie pour celui qu'il porte avec lui 2 1'Ctat de la philosophie en Allemagne et dans les universitks )I. I1 ajoute : cc Non moins rCjouissante est pour moi la bontC avec laquelle vous considCrez mes travaux antCrieurs et - ce qui est plus encore - la bontC avec laquelle vous fondez des espoirs sur mon activitC dans une universitk. Dans aucune science, en effet, on n'est aussi solitaire que dans la philosophie, et j1Cprouve vivement le dCsir d'un cercle d'action plus vivant. Je peux dire que c'est le v e u le plus ClevC de ma vie. Je sens aussi trop combien l'absence d'une action rkciproque a kt@jusqu'ici dkfavorable 2 mes travaux. Hegel restera une annCe a Heidelberg, o c il composers et professera en meme temps son Etzcyclope'die des sciences philosophiqurs. En 1817, il acckde enfin au poste qu'il convoitait B 1'UniversitC de Berlin. Derrikre ce que ces circonstances ont d'anecdotique s'annonce dCji pourtant un sens. De cette histoire, des hCgCliens retiendront surtout que Hegel a occupC la place que Spinoza avait laissCe vacante : rernplissant, dans cette relkve n, une tiche que l'autre n'avait pu ou voulu accomplir. Nu1 ne peut sauter pardessus son temps : le moment n'Ctait pas venu. avec Spinoza, que la vraie philosophie s'exposbt publiquement. D'autres, que I'on peut bien nommer spinozistes, y verront au contraire l'indice d'une divergence, d'un irrCductible Ccart : sinon entre deux systkmes, au moins entre deux conceptions, voire deux pratiques de la philosophie. L e systttme hCgClien, dont l'exposC se construit et se ))
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~ l i . ~ o ~en r l c mCme temps que son auteur parcourt, avec I ~ l ) ~ l l ~ cles u r ,Ctapes de la carrikre universitaire (du prCcep1 1 1 1 . 1 1 privC B 1'UniversitC de Berlin, en passant par toutes les I I.III(..; intermkdiaires), I'une se rCflCchissant dans l'autre et ~!.l.ll~l.oquement, et lui donnant sa vCritC, n'est-il pas fait ~ll..l(.~~icnt, dans son organisation hikrarchique, pour Ctre proII..:.~.. dans le cadre d'une institution publique d'enseigne1 1 1 1 . 1 1 1 !' J. Derrida dit cela trks bien : (( Hegel ne conqoit pas I t . 0 1 ~ . comme la consCquence ou l'image du systkme, voire ~ ~ I I I I sa I I ~ pars totalis : le systkme lui-mCme est une immense 111t..tic part en part 1'autoencyclopCdie de l'esprit absolu I ~ . I I I , , I(: savoir absolu. Et une Ccole dont on ne sort pas, une I I I . . I I 11c.r ion obligatoire aussi : qui s'oblige elle-mCme puisque I I ~lcx.c.ssitkne peut plus y venir du dehors '. I : I tloctrine spinoziste, au contraire, bien qu'elle ait su 1 1 I I I I I (;111 . I . S O U C ~politique sa vraie place dans la spCculation llo\ol>lliclue (voir non seulement les Traitb, mais aussi I I / I , i c l ~ r o .dont c'est l'une des clCs), rCpugne profondkment I I I I Ilclle ~ . officialisation. Elle expose le point de w e d'un 11 1 1 . 1 I I C , tl'un rCprouvC, d'un rebelle, et se transmet de bouche I , 1 1 c . 1 1 I(.. D'etre professke, elle risque d'entrer en contradic. I \ ~elle-meme, c en acceptant de tenir une place dans * a I I I ~ X . ;11 I isme d'oppression matkrielle et intellectuelle qui 1 1 1 I , B I ( I O I ~ I ~ C toute chose au point de vue de l'imagination. La 1 1 1 1 1 ~*;oljl~ic supprime la crainte et iznore I'obCissance : elle 11' II(.III tlollc Ctre enseignke publiquement. La philosophie , I t I I t . ~ ~,'cnscigne ~.l 2 des Clkves, de haut en bas ; la philo1 1 1 1 1 1 1 . t l ~ . Spinoza se transmet a des disciples, a @galit&. Ici . I I 1 1 , I I C.C. ~ I I ~diffirence C qu'il faut prendre au skrieux. I ' sI I I I ( ; I 1 1 1 . c'cst un lieu commun que de rapprocher Spinoza I I I t , , , c . I , I>arce qu'existe entre eux une Cvidente familiaritk. I 1 1 1 1 1 ~ . I J L - ~ I aujourd'hui ~ lire Spinoza sans penser a Hegel, I I I L . I I1);ircc ~ . qn'entre Spinoza et nous il y a Hegel, qui 1 1 I 1 1 . 1 ~ I O . ; ~ . 011 < ~ ~ interckde. l i Hegel lui-nieme n'a cesse de ou plut6t de le penser : pour le digCrer, 1 I I i o I 1 1 ,~ I I I I C .coll~rllc I, un dinlent domink de son propre sysI
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recueil col-
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121uc.Mais le fait que Hegel n'ait cessC de revenir sur le 1~1.c'hli.me que lui posait la philosophie de Spinoza indique ;~r:ssiclu'il y trouva quelque chose d'indigeste, une rdsistance ~ 1 1 1 ' i l l u i fallut toujours de nouveau affronter. Tout se passe corlllnc si Spinoza avait occupe, vis-B-vis du discours hCgClic~i,I;I posilio~id'iine limite, qu'il rejetait au moment m2me tlc I'inclr~rc. ("csl ~~ourclrioi I'c~~trcprise de cotnpnrcr la philosophie de S,,ino/;l el ccllc dc Hegel est fondamentalement dicevante. I 1 far~lmisir en cffct sur quoi porte une telle comparaison : xur dcs systkmes, c'cst-Adire sur des discours organisCs forrncllelnent A partir d'un principe de cohCrence interne, entre lesquels on ;leu: chercher B dtablir une correspondance, qui s'interprkte comme un rapport de filiation, ou une diffkrence, qui exclut toute possibilitd de comprendre I'un B partir de I'autre. Ainsi, dans une annexe de sa monumentale Ctude sur Spinoza, analysant I'interpretation que Hegel donne du spinozisme, M. Gueroult conclut B une radicale (( mCconnaissance v , fondCe sur une affabulation 1) : ceux qui reprennent cette interprktaiion ne font que projeter dans la doctrine de Spinoza tout un ~nondede concepts nes ailleurs et sans rapport avec elle' 1 1 . Comme nous le niontrera une Ctude dCtailiCe des textes que Hegel consacre B Spinoza, il est difficile de ne pas donner acte B M. Gueroult de ceci au moins : la recherche d'une prCtendue homogdneitd, d'une ressemblance, ou d'un rapport Cvolutif. entre les deux philosophies, si elle n'est pas abso!ument vouCe B l'Cchec, conduit a des rCsultats sans intCrEt. Elle tend tout simplement B ramener Ics deux doctrines B un modiile comnlun qui ne reprisente ;~~~IhcnIiqrlcn~ent ni l'une ni l'autre. M;li>, h ' i l ~ ' ; I I I ~allcr contre la pente des rapprochements 1 1 1 1 1 1 c:vi11(.111\ c 1 1 1 i l~~.o~.?(lcnt par analogie, Ccarter la tentaI I O I I1 1 1 . I;(.II! I ( * I ~ . I I ~Y lIi i,l .l o / ; ~ C I l l c ~ c lla sin1ilitude 210Il.1la ~ 1 ' 1 1 1 1 .I.II.. I I I I I I I I ~ I I I I , .I I ~ . I \ ( *Irt1~1~~1 I.\ sc r~':~nifesterait 1 I I ( 1 1 1.1 < O I I ! I I ' , , . I I I ( 11,. ( I ( . I I \ I ) C . I I S Ci l: Lnc ~ , serait 1, I 1 1 1 ~ ~ 1 1 1 11' I I I ~ I I 1 1 , 1 ~ . 1 c ~ 1( 1 1 1 ' 1 1 ~ , ' ; I ~ ~ (IcI I (lcrix formes , I t I , 1 1 , I ~ ~ I1 I ~ 1 O ~~ ~ ~ I I 1 I O ~ ~ I I ,~ II I~ I I ~ , I I ( ~ I I I ~ ~C I ~ I \I I C ~ ~ ~ ~ C 'l'une ~ I I ~ ~ AS ((
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r1 de les renvoyer comme des systkmes Ctrangers B l~ltl(:l>cndance. En effet, il est incontestable que Hegel I ' , ~ I I I I O / ; I se sont rencontris, meme si leur rencontre a pris, o l , ~ , I~, . tlc Hegel, la forme d'un extraordinaire malentendu. '.I ' 3 ~ ~ ~ ct ~H~e o ~ e/ lne ; ~ parcourent pas, ensemble ou I'un , I t I I I I I , I':~r~tre, . un m2me chemjn, il reste, c'est un fait, que 111.. I O ~ I I C ' She sont croisCes, se rapprochant 2 certains ! I 1 , I I I I , - I I ~ , 1>00rs'ecarte: ensuite vers des directions fort oppo. I )(. cc point de vue. plut6t que de comparer des sys11 .. r(.r~~;~(ivc vouCe B I'kchec ou B des succks trop faciles, I I 1 1 1 ( . I I L . significatif de rechercher entre ces deux p?ii!oI I I I , . . (I(.> points de recoupement sing1.11iers.Car ce sont I I 1111 C'Y pliquent le sentiment d'etrange fan~iliarite < I I I III,IIIL'L. ~oilt lecteur hC2Clien de Spinoza, tout lecteur 1 1 1 1 1 1 I:I.,I(. tlc Hesel. I I . I I I ~ , \osc ~ ~ L . sur uiie formidable mCprise : tout se 11, I I . ., , I I I I I I I?ri I ( I. Ic:-cI s7Ct;lit donnC les moyens de construire I I I I I . I I I I C . I ; I ( I ( 111 (111 S I ~ / I ~ ~ Z qui ~ S 1ui I ~ ~perniette C d'en igno, , I 1.1 I(.(.oII t.\s~~~(icIIe. c11 (ant q i ~ cc e l l e ~ ijustement a l l l l ~ ~, . 110\1.:I V O I I . ; I V U C xo~ipropre systCme. Cette interpriI 1 1 1 ~ 1 1 1 . I I I I I . I I ; I ~ I C . O I I I unc I I I ~4ol.I~dc defense obstinCc dressCe
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Hegel ou Spinoza
Ce livre reprend en le dtveloppant le contenu d'un expos6 que j'avais fait en 1977 au colloque Spinoza organist par les UniversitCs de Leyde et dJArniens : un passage du troisikme chapitre est publit par ailleurs dans les actes de ce colloque. D'autre part, j'ai dfi traiter ces rntmes questions % plusieurs reprises B I'occasion de cours : je tiens k remercier les Ctudiants qui avaient eu la patience de m'entendre et dont les rCactions, les suggestions et les contributions rn'ont CtC bien utiles ; j'ai eu lire plusieurs rnCmoires de maitrise sur Spinoza, en particulier celui de Bruno Huisman (Hegel devant Spinoza), qui comportait un essai d e traduction du chapitre sur Spinoza des Lecons sur l'histoire de la philosophie de Hegel (en collaboration avec A. Lacroix). Pour ce dernier texte, je risque ici nies proprcs traductions. Pour les autres textes de Hegel, je me suis r6fCrC aux traductions franqaises existantes. C'est-%-dire. essentiellernent :
- Pour La Science de la Logique : les livres I et I1 dans le texte de la prernitre edition, trad. Labarrikre et Jarczyk (Aubier, 1972-1976) ; les livres I, 11 et 111 dans le texte de la deuxikme Cdition, trad. Jankelevitch (Aubier, 1947) ; le chapitre de la Ire partie sur la Mesure, trad. Doz (P. U. F.). - Pour I'Errcyclope'die des sciences philosophiqlies : la premibrc partie dans le texte des trois Cditions, trad. Bourgeois (Vrin, 1970) ; le texte complet dans le texte de la troisikrne Cdition, trad. de Gandillac (Gallimard, 1970).
HEGEL LECTEUR DE SPINOZA
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t i r ~ ~ ~ n c n chez c c , Hegel, par une reconnaissance :
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1 . 1 1 1 , 1;1 philosophie de Spinoza quelque chose d'excep-
I 1.1 tl'i~~Cluctable. (( Spinoza constitue un tel point 1 1 1 u 1 1 1 1 I;! philosophie moderne qu'on peut dire en
crufait .lb1 ., 1,. c.l~oiuentre le spinozisme ou pas de philosophie .I I I I I 1,111 I I ~ IcS n t~ w e d e r clerl Spino,-istlzus oder k e i n e Pllilo: J ' . , I I I'aut en passer par Spinoza, parce que c'est . 1 III~iIt~sopI~ic que se noue le rapport essentiel de la 1,. . I \ ( . ( . I':~hsolu,seul point de vue duquel s'expose la 1 I 1 . 1 , I c.~ili;'r.c, d'ou il apparait que la raison n'a rien 1l I I I ~ I I mais ~ C comprend tout en soi. Ainsi toute ' l 1 1 1 1 1 ( . . I O I I I C la philosophie devient possible. l I t . ~ ~ ~ . Spinoza l . occupe donc la position d'un prCIII : I \ t,c. I u i q ~ ~ c l q uchose e commence. Mais il n'est 1 , 1 1 1 ~ 1 1 1 cl11'1rn pl.i.curseur : ce qui commence en lui n'abou1.1 1 ' 1 . . . I 1;1 1';1~ond'une pensee arr&tCe qui s'6te la 1.. , I 1 I ( I t . I I ; I I . V C I;IU ~ ~ but ~ par elle pourtant indiquC. C'est I dans I'cruvre de Spinoza tous les I . I I I ~ I I I O I I l t . , ~ ( ~ (I6co~1v1.c I' t l ' r ~ ~ l c .lc~llativeavorlde, emp2chCe par des diffiI I I I , . I I I rt~or~~;~l>lca clu'clle a elk-m2mc dressCcs devant sa I ' . .I,I I , - I t . \ \ i o ~(~ .'c. s;~voirfondamcntal rnais dCchirC n'a , 1 1 1 11111.s i ~ ~ ~ i l i c ; ~ l historiquc ioll : dans le processus I . I' , (1,. 1;1 ~ ~ l i i l o s o p hSpinozn i~, occupe une position 1 . 1 , 1 1 1 1 , I I I I ~ . I ( ' , (I'oi~I';~l,solu CSI a p e r p . 111ais saki restric. 1 1 1 , I I I I I I I I ~ . I I I I C SIII>\I;IIICC. AVCCSpino~n.ct son effort li..lllll
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Hegel lecteur de Spinoza
Hegel ou Spinoza
prCcis : elle permet de rCvCler le (( mouvement )) essentiel du systkme, si I'on peut dire, puisque Hegel caractCrise surtout cette philosophie par son immobilisme. L'intCrCt de cette reconstitution apparemment arbitraire, de cette reconstruction, c'est qu'elle rCvkle les articulations principales de la pensCe spinoziste, telle que Hegel la comprend, en isolant ses principales catCgories et en les situant les unes par r a p port aux autres. C'est B partir d e cette interprktation que Hegel expose ensuite sa critique du spinozisme, dans une importante (( Remarque historique )) consacrk B Spinoza et B Leibniz, qui termine ce chapitre. Cette prisentation gCnkrale est extremement intkressante, parce qu'elle met e n place les ClCments constitutifs de la doctrine et explicite leur articulation. L'absolu, qui donne son objet B l'ensemble de ce dCveloppement, est d'abord caractiris6 par (( son identiti simple et massive " )) : il semble enfermC dans l'intCrioritC de la substance, tout entikre replike sur soi. Pourtant, comme nous allons le voir, il y a un procks d'exposition de l'absolu : c'est celui de sa manifestation extkrieure, qui passe de l'affirmation initiale de l'absolu comme substance B sa riflexion dans des attributs, puis dans des modes. C'est ce (( passage )) - nous allons voir qu'il a seulement les apparences du mouvement - qui organise le point de vue de la substance dans sa disposition singulikre, telle qu'elle s'est exprimCe historiquement dans l'ceuvre de Spinoza. Nous allons suivre ce dCveloppement dans ses Ctapes successives. Ce procks commence par l'absolu lui-mCme, qui s'expose immkdiatement comme tel. L'argumentation de Hegel consiste B dCcouvrir la contradiction latente qui hante et dCcompose secrktement cette unit6 apparente. Dans sa constitution initiale, l'absolu se prCsente comme l'identitC indiffkrenciie, et donc indiffkrente B soi, de la forme et du contenu. L'absolu qui est absolu, c'est B la fois un sujet dans lequel tous les prCdicats ont 6tk posCs et un sujet dont tous les prkdicats ont Ctk niCs : c'est un point de dCpart, une base, qui ne peut Ctre reconnue comme telle qu'au moment
rien n'est encore Cdifik sur elle, et qui n'est base pour Tout le raisonnement de Hegel est ici construit sur un I , . I I tlc mots qui prend pour prCtexte l'expressisn ct zum ( ,1111lde gehen )) : revenir au fondement, qui veut dire aussi .. .~llclh l'abime )). La plCnitude de l'absolu, renfermke dans I 1111CrioritC radicale de la substance, est celle du vide. Ainsi, la substance, qui se prksente comme une source de 1 1 , rc.~.lninations,est aussi en elle-mCme un nCant de dktermi1 1 . 1 I 1011, parce qu'elle est I'indCterminC qui prCckde et condir I ~ I I I I Itoute C ditermination. C'est la contradiction propre de 1 . 1 t>~ll,xtance : elle s'offre d'abord, dans son absolue positivitk, I I I I I I I Cce qui est le plus rCel ; mais, en mCme temps, pour I ~ . I I . I I I Ice ~ ~ maximum d'etre, il faut qu'elle retire rialit6 B ce 1 1 1 1 ~ ~ ' e pas s t elle et qu'elle place sous sa dkpendance. E n .1ll11111;1nt son antCrioritC et sa prCCminence, la substance se comme ce qui est, en regard de l'apparence de ce qui II'I.,.I pas aussi dans ce commencement; d'oii sa fonction .:.(.l~licllementdtre'alisante, puisqu'elle rejette dans l'abime .III\ I'ond du nCgatif qui n'est que nCgatif tout ce qui ne o l ~ ~ ~ . i pas t l e immidiatement avec sa positivitk premikre. 1 ~ , I I I \ 121 substance, ce qui est s'offre et se dCrobe B la fois : 111. t.41 ce qui donne, mais aussi ce qui 6te rCalitC. I )';I utre part, l'autosuffisance de la substance qui se dkfinit I ~'llc-meme,en l'absence de toute ditermination, rend I I I , 0111l,r6hensible le passage du sujet aux pridicats, la rela1 1 0 1 1 ( l u fondement B ce qu'il fonde : les dkterminations qui I I I I C base dans l'absolu ne peuvent venir s'ajouter B lui 4 1 1 1 ' $ 1 I ) I 2s coup et de I'extCrieur, d'une manikre arbitraire, sans I I I \c.Iol,pement immanent. C'est pourquoi la substance, qui . I ol).jc~de toute connaissance, est aussi inconnaissable : 11,. ( . \ I . en elle-meme, un sujet dont on ne peut rien affirmer, 1111111 lui-mCme, et son rapport aux dkterminations qui I I . I I I I ( . I I [ appui sur elle est incomprkhensible : du fait de sa I . ~ I . I I c . 4ulTisance B soi, elle n'a nu1 besoin de ces ditermina( ~ u iIui sont donc adjointes sans nCcessitC et sans raiOII
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commencement absolu, la substance est donc aussi plknitude de son Etre propre, auquel rien I I I ; I I I ~ ~ L elle I C . a dCjh Cpuisk toute possibilitk d e mouve1~
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Hegel lecteui. de Spinoza
Hegel ou Spinoza
ment ; ce qu'elle inaugure en elle s'achkve aussitdt. C'est un commencement qui ne commence rien, oil l'absolu immobile constitue la dCnCgation de tout procks. Le systkme qui commence par I'exposition de l'absolu s'y trouve aussitdt arrCtC : s'Ctant donnC au dCpart toute rCalitC, il ne peut plus progresser. Pourtant, la doctrine spinoziste, B laquelle cette analyse se rCfkre implicitement, ne se contente pas d'indiquer, dans une dkfinition initiale, la plCnitude de l'absolu ; elle en prCsente I'ordre interne, de manikre cohCrente, en explicitant son contenu rationnel. Mais la progression de cet expos6 ne peut Ctre qu'apparente : son dCveloppemnt formel est en fait une rigression, puisque l'identitC immidiate de l'absolu B lui-mCme interdit toute avancCe ultCrieure. Le cc procks )) illusoire de la substance qu'inaugure l'exposition de l'absolu ne peut Ctre le mouvement d'une constitution positive. puisque tout est d'emblCe constituC, mais celui d'une dCgradation qui soustrait successivement B l'absolu les ClCments de sa rCalitC, en reportant ceuxci sur des dkterminations extrinskques, qui ne peuvent effectivement rien lui ajouter puisqu'il se suffit complktement B lui-mCme. Cette rdgression est manifeste dks le premier cc passage )) qui conduit de la substance B l'attribut, c'est-Bdire de l'absolu au relatif. L'absolu qui est absolu est aussi ce qui est seulement absolu : sa plCnitude primordiale est aussi la forme inCluctable de sa limitation. L a perfection de l'absolu, c'est en m&me temps ce qui lui manque pour Ctre vraiment absolu : la totalit6 des diterminations qu'il a dili nier pour rentrer en soi, pour n'Ctre que soi. L'absolu qui n'est qu'absolu, c'est aussi une nCgalion de l'absolu : cc I1 n'est par consCquent pas I'absolument absolu, mais I'absolu dans une dCterminit6 oil il est absolu '" )) L'absolu devient attribut, regoit des dCterminations, mais il s'expose alors dans une rCalitC amoindrie. L'attribut constitue le second moment, le moyen terme, du procks apparent de l'absolu qui s'est donnC immCdiatement comme tel au commencement, et dont la progression 18. Zbid., p. 233.
de ce fait empCchCe : (( L'attribut est l'absolu seulerclatif '"I,, ou encore l'absolu dCterminC seulement 1 1 1 . 1 1 1 1 :I sa forme. L a substance qui s'exprime dans ses attri1 ~ 1 1 1 ~ c.11 . dicouvrant qu'ils lui sont identiques, c'est l'absolu ',c- r6flCchit en s'extCriorisant : prCcisCment parce que, . I I I I I I I C * (el, il ne comporte en lui-mCme aucune ditermination, 1 1 ,.I illcapable d'une riflexion immanente. L'absolu sYCpuise - 1 I I I , , c.c(te rCflexion, car sa ditermination lui fait face, s ' o p l e t.,. i~ lui comme l'inessentiel B l'essentiel : il y reconnait ~~lt.~~lc.nt son inanitC. L'attribut est le prCdicat qui rCflCchit 1, . . I I I C - ( hors de soi : il en est la reprksentation, le phCno111, ; il donne seulement une image de la substance. I '.rrlr.ibut est donc une forme vide, car il qualifie la subI . I I I ( ~ * tle I'extCrieur et sans nCcessitC : en lui l'absolu se rcstreint, et amoindri, dans la mesure oil il s'affirme , D ~ lui dtant ~ ~ identique. ~ ~ ~ Cette c restriction, qui apparait dks ,111 1.6flCchit la substance dans un attribut, se renforce 1 1 1 ~ 1 011 pose une multiplicitC d'attributs : du fait de son lorit6 et de sa contingence, une seule forme ne suffit I I . . 1 ~orr r reprksenter I'absolu ; c'est pourquoi celuici s'Cpuise ' 1 I I I V 1; 1 qu&te indCfinie de diterminations nouvelles, qui -llllosc:l~t les unes aux autres (comme le font par exemple la 1 1 ~ . 1 . c . ct I'Ctendue), B travers lesquelles il cherche en vain I 111)c'rersa compldtude. Dans la forme de I'attribut, I'infini I ( 1 1 . 1 l t l ndcessairement l'apparence de la pluralitd : il se divise, 1 1 . 1 1 pille, se perd dans la sCrie illimitCe des images que 11 I I C le mouvement illusoire de sa rCflexio1n extkrieure. Le 1 1 I.:..I.!~~: de la substance B l'attribut, c'est le devenir-apparence I'.~l)solu.qui se met B penser son unit6 dans 1'Cmiettement 1.1 cliff6rence pure. I . I \trbstance se ddfait, se dissout dans ses attributs, en se I , I IIC.I;I I ) ( dans une conscience qui lui est nkcessairement , I I . I 11I ~ O L I S
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la question de la connaissance et de son histEire sur des b:l?r(r comvlktement difftrentes. En effet, 1'idCe vraie donnte n, qui, chez Spinoza, pcrl~wl d'tchapper au cercle vicieux impliqut par la concepliotl instrumentale de la connaissance, est tout le contraire tll\ttl principe au sens carttsien. Spinoza dit bien que l'espril # besoin d'un (( instrument inn6 1) pour commencer B connailrn, mais il est clair que pour lui il ne s'agit pas d'un germc t k vCritC, d'une connaissance originaire dans laquelle tout la savoir qui doit en rtsulter prtexiste B son actualisation. E t c'est ici que la comparajson avec l'histoire des artr mkcaniques, empruntte B Descartes, prend tout son sens. 1111 sens qui Cchappait ntcessairement B Descartes. Le premier marteau utilisC par un forgeron n'a justement pas pu 6113 un vrai marteau, pas plus d'ailleurs que l'homme qui 10 maniait n2tait lui-m&me un vrai forgeron, mais c'ttait utl caillou ramass6 au bord d'une route, instrument nature1 en lui-meme imparfait, qui n'est devenu instrument que pirr l'usage qu'on en a fait, en s'en servant comme d'un outil. co qu'il n76tait certainement pas pour commencer. Ainsi lct hommes de cette Cpoque primitive ont-ils pu, h l'aide d'instrw ments improvisCs, fabriquer des objets, d'abord trks imparm faits, puis plus perfectionnks, au nombre desquels des instrum ments mieux adapt& aux fonctions qu'ils devaient remplir : (10 cette faqon, ils se sont engagis peu B peu, paulatim )), suf une voie progressive au terme de laquelle ils sont parvenu# B accomplir des tiiches difficiles et nombreuses avec 11n minimum de peine )I. De la meme manikre, I'entendement e dC1 d'abord travailler avec Tes idCes qu'il avait, s'en servir comme si elles itaient des connaissances authentiques, pour leur faire produire tous les effets dont elles ttaient capablcs, puis rectifier graduellement sa propre activite : il est ainsl parvenu, en rkalisant ses cruvres intellectuelles (opera inlc!. lectualia), (( au sommet de la sagesse )I. Cette analyse signifie en clair qu'il n'y a pas pour In pensCe de bon commencement, qui I'engagerait une fois pour toutes sur une voie droite dont l'orientation serait dejB touto
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Jamais vraiment ni en vCritC, parce qu'elle (1C:jit commenct : il y a toujours dCjh des idCes, I . . I , I'llo~nmepense )), par le fait de sa nature. C'est , I';~rgument de la regression h l'infini, que nous ..II 1 . 1 1 1 inlcrvenir tout 2 l'heure, conserve une validitC, I , l l r r l lois o n lui dCnie la valeur d'une rCfutation : il dCcrit = - . ~ 6 ~ I ~I I l ( t. I I ~ lcs conditions dans lesquelles se produit la 1 1 I I ,,,;I IJCC, par un enchainement d'idCes absolument I I 1 I I I (.I sans commencement assignable. Le vrai problkme I (11 , , . ~ \ : o ice r que deviennent ces idtes qu'on posskde en I ,,I I Ilill)cmus enim ideam veram ))), comment elles sont I* 1 1 1 1 I I I L ~ C Sh , la manikre dont on a pu transformer un ~ 1 1 1 I1I I l)our en faire un marteau. Or cette transformation I):IS un problkme simplement technique : il ne s'agit I. ~ ~ ~ ~ . i p a l e rde n e nsavoir t se servir de ces idCes, dans la 111,. o i l elles ne prtexistent pas B leur usage mais en 11lr1.11t a u contraire. Les idCes par lesquelles il faut bien , , b~~~ltlc-ncer ), pour parvenir A connaitre ne sont pas des III ., i11nCessur lesquelles on pourrait fonder une fois pour 1 . I I I ~ C.omnie sur une base intbranlable, un ordre des I III',, ~llaiselles sont un matCriau h euvrer, qui doit Ctre , . . , # I 111tlCrnentmodifiC pour servir ultkrieurement B la pro. I I I , I I I I I I clcs vtritts. ' ~ I I I I . , retrouvons ici un argument dont nous avons dCjB . , I I . [ . I 12 l'importance chez Hegel : la prttention d'un savoir ,I l!.ll~i~irc, d'un fondement de la connaissance, est ddrisoire. I 1 1 ' 1112connait en effet le caracthe ntcessairement factice I ~~~llmencements auxquels l'esprit est condamn6 dans son 1 s t I I I I I . ~ effective : par dtfinition, tout ce qui vient au , 111c.ncementest prtcaire, inachevt, condamn6 h dispaparce qu'il doit cider la place B ce dont il n'est que I * I 11 (,;I lable. Ces commencements se justifient seulement par I . I ~ I I1;12ilitC interne, par leur nature intrinskquement contra, I I , I ,111-c,car celles-ci leur permettent de jouer efficacement 1. I I I I-lilcd'impulsion pour un mouvement qui leur succkde et ,
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les efface. Si une connaissance est possible, c'est prCcisCmenl par cette distance qu'elle Ctablit par rapport B son commencement : elle ne (( sort )) pas de celuici pour dkvelopper un contenu qui serait dCjB donnC positivement en lui, mais p t l f Cchapper B son indktermination et B sa nCcessaire abstraction. I1 n'y a pas d'introduction au savoir, pas de bonne mCthotla pour connaitre, puisque c'est seulement dans sa pratiquo effective que la pensCe peut Ctre rCflCchie, comme activitd rCelle d'un esprit qui met en ceuvre, et B I'Cpreuve, sa propra force (vis sua nativa), qu'il forme en l'exerqant. Si la connaissance ne prockde pas par conformit6 h un ordre des raisons, en se fixant abstraitement un cadre qu'il ne lui resterait plus ensuite qu'8 occuper, c'est parce qu'ello existe d'abord dans son histoire rCelle, dans son travail effectif. Le savoir est un procks, nous pouvons dire : le procb de production des idCes, et c'est ce qui justifie qu'on lo compare B un procks de production matkrielle. Cela s'Cclairera complktement lorsque nous parlerons de l'enchainement causal des idCes qui est le mCme que celui des choses : c'est un seul et mCme ordre, un seul et mCme mouvement, qul s'exprime comme rCel et comme pensC. C'est pourquoi lo savoir doit &tre prCsentC comme une activitC et non comma une reprksentation passive, idCe sur laquelle Spinoza revient inlassablement : la connaissance n'est pas le simple dCroulement d'une vCritC prCCtablie, mais la genkse effective d'un, savoir qui ne prCexiste nullement B sa rkalisation. C'est pourquoi aussi son progrks n'est pas soumis B la condition d'une origine absolue, qui en garantirait la vCritC en la (( :on= dant )) : au contraire d'un ordre formel, qui est dktermind par sa limite, une pratique ne commence jamais vraiment, parce qu'elle a toujours dCjB commencC, d'une manikre qui ne peut donc jamais Ctre (( vraie )). Nous voyons que C ~ C Z Spinoza se trouve aussi l'idCe d'une histoire de la connaissance : celle-ci ne rencontre pas la vCrit6 comme une norm0 fixCe au dCpart, parce qu'elle est inskparable du mouvement dans lequel elle se constitue, et ce mouvement est B lui-mCmo sa propre norme. Aussi, lorsque Hegel reproche B S p i n m d'avoir chassC de sa philosophie tout mouvement, en dressant devant elle I'idCal et le modkle d'un savoir mort, fig6 par
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. I ~ l l , , , ~ rde ~ o rreproduire l un ordre inflexible, nous devons I I~rrlnerde le voir ignorer, ou travestir, une tendance I I I 1 c . l lc: du spinozisme. I ' 1 1 1 - 1tl2c,toute idCe, est adCquate d'aprks sa cause : dans I ' 1 1 . 1 rllination intrinskque, elle exprime la puissance d'agir 1 . 1 I I I I ~ . ou elle se produit. Mais cette puissance n'est pas I 1 # I I \ o i l - abstrait d'une nature dClimitCe par ses conditions, I I. rl:rturelle au sens cartksien ; elle est I'entreprise II.I,.,on dirait presque matkrielle, d'une pensCe engagCe 1111 I (.ll'ort, le travail, de sa rkalisation. Dans l'Ethique, sc: propose de (( nous conduire comme par la main I (j~inaissancede I'esprit humain et de sa bCatitude ,I 111; (avertissement au livre II), et cela en suivant un II ~l(:c.cssairede dCmonstrations que nous devons suivre, I, ~ l l ~ , o lui i r Cchapper. En quoi cet ordre diffkre-t-il d'un I , 1 1 , I I(..; raisons au sens cartksien ? En quoi la voie qu'il '11 1 I'. diffkre-telle de la voie rigide, dCjh complktement I I , I I I I I I I ~ Cpar le prCalable d'une mCthode, et qui nous I 1 1 I I . IIOLIS le savons, a la fiction d'un Dieu tout-puissant . I , l,l(c,.l I .1111i's les primisses que nous avons Ctablies, il faut que I I I I ~ Icngagions S dans une lecture de 1'Ethique dClivrCe I 1 1 1 1 1 1 prCjugC formaliste, en Ccartant l'illusion d'un . . I I I I I ~(.~lccment absolu. Si l'expos6 de la doctrine spinoziste ~ I I I I I I , . I I C par ~C des difinitions, des axiomes et des postulats, 1 1 t ~ ~ ~ ~ ~ lpar l c nlac esubstance, sinon par Dieu, cela ne I I I I I , . llr~llenlentque ces notions primitives constituent une tlc vCritC a partir de laquelle tout ce qui s'ensuit I . . I I . I 1 1 ?Ire simplement dCduit, selon un dCroulement rigide I 1 # I ,I(:~cr-rnink, dans la f o r ~ n ed'une explicitation. Substance, 1 1 I I 1 1 1111,. modes. tels qu'ils apparaissent dans ces principes 1 1 1 1 I 1 . 1 1 1 (.s. sont justement 1'Cquivalent de ce caillou ma1 , I . I ~ ~ dont , ~ ~ les I premiers forgerons ont eu besoin pour ~lllrllrncer,, leur travail : ce sont des notions encore 1 . ! I I I I(.\.de simples mots, des idCes naturelles qui ne pren. I . . I I I \ (:I i (a hlement une signification qu'8 partir du moment I I I . ~ , I'onctionneront dans des dCmonstrations, en y p r e ,111 I I 1 1 1 ~ C cffets S rdels, exprimant ainsi une puissance dont 1 1 , . I I ~ . tli.;po:;aient pas au dCpart. Peut-etre mCme faut-il I
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prendre 1'Ethique de Spinoza comme la Logique de Hegcl : elle n'est pas cet expos6 linCaire et homogkne, uniformCmcnl vrai de bout en bout, qui explorerait progressivement un ordre dCjB ttabli, en se fixant un ideal de conformit6 ; n ~ n h elle est un procks rCel de connaissance qui construit au fut et B mesure qu'il avance sa propre nCcessitC, dans le mow vement effectif de son autoconception, de sa penkse. Alorm, la substance, ou la causa sui, telle qu'elle se presente d'abod B nous dans une definition gComCtrique, au debut du livrc 1 de I'Ethiqlre, c'est quelque chose qui se rapproche de l'I7lrd au sens hCgClien : notion prCcaire et comme telle intenabla, qu'il faudra transformer pour la comprendre et la maitriser. Toutefois, le rapprochement qui vient d'etre esquissC rcfP contre assez vite sa limite : ce qui constitue chez Hegel 1) moteur du dCveloppement rationnel, la contradiction, CHI complktement absent de la dkmonstration spinoziste, cl \I serait parfaitement abusif de pretendre l'y retrouver. C1161 Spinoza, le pouvoir de l'entendement est, dans tout son exercice, intkgralement positif, affirmation de soi qui exclut les reculs et les ddfaites : il ne comporte aucune sorte (10 nCgativitC. Faut-il, ainsi que le fait Hegel, interpreter cclta absence comme le sympthme de la ddfectuositt proprc tlU spinozisme ? Car, en meme temps que la contradiction qul le determine, manque aussi au systkme le mouvement, c'eslJI dire cette vie interne qui conduit, ou reconduit, l'espril b lui-mCme, jusqu'en ce point oh histoire et raison conjoignent : la pensCe qui vise un positif qui n'est que posi est pensee morte et arrCtCe. Au contraire, le concept hCgdli est constamment & 17Cpreuvedes obstacles qu'il doit sur pour avancer : l'histoire qu'il parcourt est d'autant plu et nCcessaire qu'elle est jalonnCe de ces attentes, impatiences et de ces revers qui la font rkellement durer. si le systkme spinoziste traite B sa manikre la connaissa comme un procks, celuici avance d'une manikre trks tlil rente du dCveloppement hCgClien, parce qu'il perpCtue ulN mCme affirmation absolue : estce que cela signifie qu'il rcdo soumis aux lois d'une temporalit6 abstraite, celle d'un ortlro 2 la fois simultanC et successif, dont la progression conlinud
I I ' I I I L t~ ~apparente ? Alors la dCcouverte chez Spinoza I~~,.lol.icitC du rationnel serait effectivement illusoire. I , ~ ~ I I ..ol.(ir I de cette difficultk, il faut remarquer que, ce I ., I I I I I I ~ I I I&C I'histoire spinoziste, ce n'est pas seulement le 1. la contradiction, mais aussi ce qui en est le produit 1 1 , 1 1 1 . , .II-ac(6ristique : cette orientation qui tend le procks 1 1 1 1 t . 1 . en vue d'une fin et qui est le principe secret de -.I, ..(.,, opCrations. L'aspect fondamental de la dCmons.I , I I ..l)illoziste,c'est son refus radical de toute tC1Cologie. 1 1. , I lcgel, la contradiction est le moyen qui suscite ,. 1 1 1 . I ( I I I . Cet qui permet en meme temps de la dipasser, I I I lll\sant jusqu'a ce terme ou tous ses aspects successifs ..I 11 1ixi.s et rkonciliCs. De ce point de vue, la dialectique I. . . 1 1 1 I I I I C pourrait bien n'stre que le substitut de la r~otion 1 I I I I I I . tl'ordre, dont elle reprend, en la renouvelant, la I .., I 1 , (Ic garantie : par son recours 2 la ndgativitd, l'his1 1 revenant sur soi, avance, au prix m&me de tant de 1 . ~ 1 1 1 . lCrs une fin qui est aussi son accomplissement et sa - ) I l I I I I I I I : histoire rkcurrente, parce qu'elle est orientCe, , 1111't~llc a un sens, qui s'affinne de f a ~ o npermanente I, I I I \ ~ C moments. S Alors le vrai successeur de Descartes, I I 1 I I 1011 Spinoza, mais Hegel lui-m2me. \ I I ~)l~rl.;~ire du dCveloppement de I'esprit hCgClien qui est , 11111.llc111cnt finalisC, le procks de la connaissance tel que * r L 1 6 1 . I Ic construit est absolument causal ; comme tel, il 1.1 fois nCcessaire et libre B 1'Cgard de toute norme ! . . I I I I I I ( . ; sa positiviti ne suppose aucune fonction rCguI I 1, c l r i~ soumettrait I'activitC de l'entendement 5 un .,.. LIIl 11- t.\(Crieur, inddpendant de son accomplissement. C'est 1 , I 1 1 1 , 1 1 1 pour cela qu'il exclut toute relation au nCgatif : car . . 11. I I I C pourrait &re nouCe que dans une perspective I. I ' 1 1 bcplclrlcqui disposerait une fois pour toutes le positif I 1, I l l . ~ ; lI if I'un par rapport a I'autre, dans le partage d'une 111 1 1 1 ~'onimune et dans la promesse de leur rCconciliation. , 1 1 \ . I Ilnc histoire spinoziste, celleci est totalement indkj,, I I I I ~ . d'un tel prCsupposC : elle se situe en ce point ou 1 1 , v(.lopp"ment necessaire, son processus matkriel, ne I . I I I I I ~ . I [ 11111s pour Ctre compris le repkre idCal d'un sens ou o1,1~11(;1tion : sa rationalit6 n'a plus rien B voir avec ,I I
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Spinoza
le dkroulement obligk d'un ordre, parce qu'elle n'a plus h s'accomplir dans une fin.
aborde ses objets du point de vue de leur reprkla penske, selon un mouvement qui accomI I I (ollnaissance dans son progrks : cet ordre est celui I I . I I lcs a suivi dans ses 1Mkditations. Mais la demonsI I ( . I I I aussi, B I'inverse, partir des causes pour construire I I 1 1 ~l'c~llcs leurs effets : alors, dit Descartes, cc elle se I I I I I . I011guesuite de dkfinitions, de demandes, d'axiomes, ! I ' , I I I IL'S et de problkmes, afin que, si on lui nie quelques .- . I I 1 1 . 1 I(.c'.s, elle fasse voir comment elles sont contenues I :!, I' .~~irc:cedents et elle arrache le consentement du 1 . 1 1 1 1 obslini et opiniritre qu'il puisse etre )). Mais cette ~ ~ ~ 1111'ont , , ~ suivie l ~ les anciens gComktres cc ne convient I ~~*lll~. sil l )bien is [que I'analysel aux matitres qui appar1 1 1 . I I;I mitaphysique I...) oh la principale difficult6 est 11
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Que reste-t-il alors chez Spinoza lui-m2me de la proc6cl11r's more geometric0 >> ? La fidilite sans cesse rappelCe :I 1111 modkle de dimonstration qu'offrent les mathkmatiqucs I\@ va-t-elle pas en sens inverse de la nouvelle voie ou Spillox4 s'est engage, en substituant B la dktermination formellc t l l la connaissance comme un ordre sa presentation commc r ~ n p r o d s effectif et non finalis6 ? Pour repondre B cclM q u estion, il faut savoir ce que signifie au juste la r6fercllc'~' constante de Spinoza B la procidure ((more geometrico *, Ici encore, nous allons voir que Hezel s'est cornplklenlc~lt mepris sur la pensee rielle de Spinoza en prksupposant qr~'c.l18 continue celle de Descartes. Alors la suite des proposiliot qui compose 1'Etllique ne serait rien d'autre qu'une apl) cation de I'idkal de rigueur formuli dans le Discours t l ~ Mkthoclc, i I'exemple de cc ces lonzues chaines de raiso~ls simples et faciles que construisent les geomktres pour ~)cr venir directement B des connaissances certaines. Mais I proc6dure more geometric0 >> est au contraire l'indice tl1ul\@ divergence fondamentale : loin d'aligner Spinoza sur la prolllda matique cartksienne de la connaissance, elle est ce qui lui 1)ct'. met d'affirmer par rapport a elle une opposition radicale. Pour ~omprendrele sens de cette opposition, il faut revcn au texte de Descartes dans ses Rkponses aux secondes ol)irA tions, que Spinoza commente, par la plume de son pril'i~cid Louis Meyer '" au dkbut des Principes de la philosoplrir~ De.~cartr~s. Dans ce texte, Descartes distingue deux cc mani? de dimontrer )) : I'une suit un ordre analytique et rcn~oll des effets vers les causes ; elle reprksente une ratio co!:lion