ФЕДЕРАЛЬНОЕ АГЕНТСТВО ПО ОБРАЗОВАНИЮ УЛЬЯНОВСКИЙ ГОСУДАРСТВЕННЫЙ ТЕХНИЧЕСКИЙ УНИВЕРСИТЕТ
КУЛЬТУРА ФРАНЦИИ И РОССИИ УЧЕБ...
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ФЕДЕРАЛЬНОЕ АГЕНТСТВО ПО ОБРАЗОВАНИЮ УЛЬЯНОВСКИЙ ГОСУДАРСТВЕННЫЙ ТЕХНИЧЕСКИЙ УНИВЕРСИТЕТ
КУЛЬТУРА ФРАНЦИИ И РОССИИ УЧЕБНО - МЕТОДИЧЕСКОЕ ПОСОБИЕ НА ФРАНЦУЗСКОМ ЯЗЫКЕ ДЛЯ СТУДЕНТОВ 2 КУРСА ВСЕХ СПЕЦИАЛЬНОСТЕЙ ДНЕВНОГО ОТДЕЛЕНИЯ ВЫСШИХ УЧЕБНЫХ ЗАВЕДЕНИЙ
УЛЬЯНОВСК 2006
ФЕДЕРАЛЬНОЕ АГЕНТСТВО ПО ОБРАЗОВАНИЮ УЛЬЯНОВСКИЙ ГОСУДАРСТВЕННЫЙ ТЕХНИЧЕСКИЙ УНИВЕРСИТЕТ
Культура Франции и России Учебно - методическое пособие на французском языке для студентов 2 курса всех специальностей дневного отделения высших учебных заведений
Составитель: А. Р. Мурасова
УЛЬЯНОВСК 2006 -1-
УДК 804.0(076) ББК 81.2Фр
Учебно - методическое пособие на французском языке для студентов 2 курса всех специальнос тей дневного отделения высших учебных заведений / Сост.: Мурасова А.Р.- Ульяновск : УлГТУ, 2006.- 95 с. Данное учебно – методическое пособие предназначено для использования на занятиях по страноведению с целью проведения сравнительного анализа некоторых культурных аспектов Франции и России. Оно направлено на обучение студентов просмотровому, ознакомительному, изучающему и поисковому видам чтения, а также умению переходить от одного вида чтения к другому в зависимости от изменения цели получения информации из текста. Пособие включает в себя тексты с лексическими упражнениями, направленными на осуществление контроля усвоения материала, развитие навыков устной монологической и диалогической речи, усвоение новой лексики, а также на развитие умения анализировать и сопоставлять аналогичные явления в рамках культуры своей страны. Оно содержит комплекс тестовых заданий по проверке понимания представленного страноведческого материала. Работа подготовлена на кафедре иностранных языков. Одобрено секцией методических пособий научно-методического совета университета . Рецензент канд. филол. наук, доцент кафедры Иностранные языки Пятышина Т.Г.
© Ульяновский государственный технический университет , 2006 -2-
Dossier 1
L’HISTOIRE DE PARIS Texte 1
L’Antiquité Autrefois Paris s'appelait Lutèce. Elle était hébitée par les parisiis. Il n'y avait que la Seine. Lutèce est envahie par l'armée de Jules César. La ville passe sous la domination romaine. Les Romains améliorent Lutèce. Ils construisent de nouveaux bâtiments. Exemples : des thermes, forum, théâtres et arènes. Au IIIe siècle, Lutèce est envahie par les barbares. L'empire s'écroule dans l'anarchie. L'Ile de la cité solidement fortifiée redevient le coeur de la ville. Le Christianisme s'impose peu à peu. C'est à ce moment là que Lutèce devient Paris. La ville est sous l'autorité d'un comte, d'un roi et d'un évêque. Elle n'a plus de rôle politique. Elle conserve un grand prestige religieux. Au VIII ° siècle, elle compte des dizaines d'églises et d'abbayes. Au IX° siècle les Normands attaquent et pillent tout sur leur passage. Ils reviendront à cinq reprises.
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Texte 2
Le Moyen-Age En 987 Hugues Capet devient roi de France et d'Orléans. Paris redevient la capitale du royaume. L'économie redémarre. Foire de Troyes, Provins et St Denis attirent vers la ville marchandises et capitaux. La population augmente. Les Abbayes sont reconstruites et agrandies. En 1163 Maurice de Sully évêque de Paris décide de construire une cathédrale. Ce sera Notre Dame de Paris. Au X siècle des écoles renommées se sont développées. Des professeurs s'unissent pour former des réunions. L'université de Paris est née. Des étudiants viennent de toute l'Europe. Artisans et commerçants se regroupent autour de la rue St martin et St Denis. Là se trouve le c?ur de la ville. Philippe Auguste construit deux halles. Il veut conserver à Paris, dans une forteresse, son trésor et ses archives. Ce coffre fort de la monarchie sera le LOUVRE. Au XIVème sièc le, Charles V fait du Louvre un palais habitable. D'où sera issue la bibliothèque nationale. En 1348 la peste emporte un parisien sur trois. A cette épidémie s'ajoute la guerre de 100 ans. Après un court répit, les malheurs reprennent. Le Duc d'Orléans se fait assassiner. La guerre civile s'ajoute à la guerre étrangère. JEANNE D'ARC ne peut reprendre Paris.
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Texte 3
La Renaissance Vers 1550, Paris est une des cités les plus peuplées d'Occident : 200 000 habitants. Des nobles bâtissent des hôtels ; François 1er et Henri II aménagent le Louvre en palais. Catherine de Médicis construit le château des Tuileries. Ce siècle se termine mal avec les guerres de religions. En 1589 Paris refuse le nouveau roi Henri IV, un protestant. Il doit se convertir au catholicisme. La ville retrouve la paix et l'assassinat du roi en 1610. Avant de mourir, il honore la capitale par des constructions. (Ponts en pierre, immeubles) De grandes places bordées d'immeubles sont ouvertes. La place Dauphine, la place Royale qui sont aujourd'hui la place des Vosges. D'autres sont créées par Louis XIV, la place Vendôme et la place Victoire. Le plus spectaculaire est la création et le lotissement de l'Ile Saint Louis sous le règne de Louis XIII. Paris reste quand même difficile à contrôler.
Texte 4
XVII – XVIIIèmes siècles De 1649 à 1652, Louis XIV encore enfant doit affronter la révolte de la Fronde, qui l'oblige à s'enfuir de la ville. Plus tard il établira sa capitale à Versailles, où il y bâtit le château. Il ne délaisse pourtant pas Paris. La cour carrée et la colonnade du Louvre, l'hôtel des Invalides, datent de son règne. Paris demeure 1ère ville française, un monstre -5-
de 500 000 habitants. En 1670 naissent les grands boulevards. Une ville moderne est en train de naître. Au XVIIIème siècle de nouveaux quartiers se construisent. Les maisons sont numérotées, les rues sont éclairées. Les théâtres se multiplient, ains i que les églises ;les rues sont élargies ainsi que la hauteur des maisons. Le Paris médiéval commence à disparaître. Le roi dispose d'une police. Cependant la vie de 600 000 parisiens reste difficile. Les mendiants sont nombreux. En juillet 1789, Paris à faim, Paris a peur. La guerre recommence. C'est la révolution. Des monuments sont détruits ou à l'abandon, Notre Dame y a échappé de peu. Les abbayes servent de prisons. On guillotine Louis XVI. Paris est en piteux état ; Napoléon Bonaparte ramène la confiance. Paris retrouve ses fêtes souvent militaires. Des avenues sont aménagées, comme la rue de Rivoli, les Champs
Elysées
et
l'Arc
de
Triomphe.
La
Bourse
est
construite.
L'approvisionnement en eau est amélioré. Les projets de l'Empereur ne s'arrêtent pas. Paris est redevenue une des plus belles villes d'Europe.
Texte 5 XIXème siècle 1870 - 1871 : Paris est assiégée par les Prussiens. La ville est dévastée, les Tuileries, l'Hôtel de ville brûlent, des milliers de révolutionnaires meurent fusillés. La révolution s'achève.Au XIXème siècle se produit une autre révolution. Celle de l'industrie. HAUSSMAN préfet de la Seine donne à PARIS sa superficie actuelle divisée en vingt -6-
arrondissements, et onze communes de banlieue ; il veut aussi lutter contre les épidémies comme le choléra qui a été terrible en 1832, faciliter les transports, prolonger les égouts de 600 Km. On construit des Halles, des hôpitaux, des ponts. Des espaces verts sont aménagés : les bois de Boulogne et de Vincennes et le Parc Monceau. La IIIème République poursuit l'?uvre d'Haussmann. La Tour EIFFEL est dressée pour 1889. La 1ère ligne de métro est ouverte en 1900, ainsi que la construction du grand et petit Palais. Le centre de Paris prend son aspect actuel. Fin du XIXème siècle, les spectacles sont variés et brillants. Opéra, théâtre, music-hall, Comédie Française, Moulin Rouge laissent l'embarras du choix. Paris parait la capitale des plais irs et de l'élégance. Ces boutiques de luxe sont célèbres dans le monde entier. Toute l'Europe suit ses modes. Seule une minorité de Paris iens profite de ce luxe. Deux Paris étrangers cohabitent l'un à coté de l'autre sans se rencontrer. Les travaux d'Haussmann séparent définitivement riches et pauvres qui habitaient autrefois les mêmes immeubles. Les beaux quartiers aux immeubles modernes sont nombreux. Hôtels particuliers dotés d'eau courante, éclairés au gaz ou à l'électricité depuis 1880 sont réservés aux gens aisés. Les ouvriers sont chassés du centre et rejetés dans les quartiers ou banlieue ; les logements sont petits, restreints et insuffisants, sans eau courante le plus souvent. Pourtant l'hygiène progresse. Le ramassage des poubelles est amélioré, rendu obligatoire par le préfet ; le nombre de taudis diminue ; les conditions de vie s'adoucissent.
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Texte 6
XXème siècle En 1914 la guerre vient d'éclater. C'est la bataille de la Marne. Paris est la capitale de la victoire. Le grand défilé réunit tous les alliés sur les Champs Elysées le 14 juillet. Un autre fléau, la grippe espagnole, fauche des milliers de paris iens affaiblis par quatre ans de conflit. Après la guerre de 14 - 18 on parlera de " la Belle Epoque ".1939 : la France et l'Allemagne sont à nouveau en guerre, la nourriture est rationnée. Les plus riches profitent du marché noir. Il n'y a plus d'essence, le vélo est roi. Le couvre feu impose de rentrer tôt le soir. La paix est revenue, la croissance de l'agglomération parisienne reprend. Les vingt arrondissements évoluent peu. Mais la grande banlieue évolue rapidement ; Paris et sa banlieue passent de 4,8 millions d'habitants en 1931 à 9 millions en 1982. Cinq nouveaux départements entourent Paris aujourd'hui ; (1 français sur 6 habite Paris) Un certain nombre de personnes parcourt une centaine de kilomètres par jour pour aller à son travail et en revenir. En 1957, les autoroutes et voies rapides aboutissent aux boulevards périphériques. Le métro et le R. E. R. sont adaptés aux besoins des banlieusards depuis 1961. Les halles sont remplacées par le marché de Rungis (le plus grand marché d'Europe).
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Paris reste le centre du pouvoir politique pais aussi économique et financier. 80 % des entreprises sont à Paris. Chaque président marque cette capitale d'une grande création. Le Général de Gaulle et son ministre de la culture André Malraux on fait restaurer les principaux monuments poursuivis par tous leurs successeurs. On doit à Georges Pompidou le centre Beaubourg (art contemporain), Valéry Giscard d'Estaing a fait de la gare d'Orsay un somptueux musée du XIXème siècle. François Mitterrand multiplie les grands projets. Le grand Louvre devient le premier musée du monde. Parie offre ainsi à ses millions de vis iteurs un splendide ensemble architectural. C'est une ville musée, vivante qui se prépare à l'an 2000. De nouveaux défis lui sont posés comme ceux de la circulation ou de la pollution. Elle saura trouver des réponses comme il en a toujours été.
Texte 7
Jeanne d'Arc En 1328 lorsque, contre toute attente, s'était éteinte la lignée capétienne directe, les 3 fils de Philippe le Bel étant mort successivement, la France s'est choisie pour roi Philippe VI, comte de Valois, plutôt qu'Edouard III, roi d'Angleterre et neveu du roi défunt1. En janvier 1340, faisant état2 des droits qu'il revendiquait à l'héritage français, Edouard III prenait le titre de « roi de France » et mettait les fleurs de lys dans ses armes 3. Peu après commençait la série de luttes qui mettaient aux prises 4 deux peuples jusqu'alors traditionnellement amis en dépit de mésententes passagères5 , luttes marquées par une série de lourdes défaites pour la France. En 1415, l'Angleterre a acquis un fort allié : Jean sans Peur, duc de Bourgogne, avec qui elle a signé le pacte de Calais, par lequel celui-ci reconnaissait le roi d'Angleterre et ses descendants 6 comme héritiers de France. En 1422, la mort du roi Charles VI aurait dû rendre effectives les clauses du traité7 de Troyes signé en 1420 : « Tantôt après notre trépas 8 et dès lors en avant, la couronne et le royaume de France avec leur droits et appartenance demeureront et -9-
seront perpétuellement à notre fils le roi Henri et à ses hoirs », déclarait l'article 6 du traité. Destiné à mettre fin à la guerre, le traité établissait que la France et l' Angleterre devaient être désormais unies sous la couronne anglaise. L'héritier du trône français n'était plus le dauphin Charles VII, fils de Charles VI, mais bien Henri VI, fils mineur du roi d' Angleterre et de la fille de Charles VI. La France s'est divisée alors entre partisans9 de Charles et partisans d'Henri, représenté à Paris par le duc de Bed-ford. En 1429, les partisans de Charles ont délivré10 Orléans assiégée par les Anglais. La même année, le sacre" de Charles VII à Reims a préludé12 à l'affirmation progressive du pouvoir du roi sacré. La paix d' Arras (1435), qui a obtenu la neutralité bourguignonne, les campagnes militaires et le renforcement du pouvoir central ont permis à Charles VII de reprendre la quasi-totalité des terres tenues par les Anglais : Paris s'est rendu en 1436, Rouen en 1449, Bordeaux en 1453. La guerre de Cent Ans a pris fin. Parmi plusieurs noms des héros de cette guerre l' Histoire n'a mémorisé qu'un seul : celui de Jeanne d' Arc, quoique sa carrière militaire n'ait duré qu'une seule petite année. Née 1e 6 janvier 1412 et originaire de Domrémy en Lorraine, Jeanne d'Arc avait 17 ans lorsqu'elle a rencontré à Chinon le dauphin Charles. Fille pieuse13 de laboureurs fidèles à Charles VII, Jeanne avait entendu des voix - celles de saint Michel, de sainte Catherine et de sainte Marguerite - qui lui enjoignaient14 de prendre les armes et de libérer le royaume de France. Après de multiples essais infructueux, elle a enfin obtenu de Robert de Baudricourt, capitaine de Vaucouleurs, l'autorisation de faire part de sa mission au dauphin : une commission de théologiens 15 réunie à Poitiers n'a trouvé rien à y redire16 et Jeanne, QUI avait reçu à Tours l'équipement d'un capitaine, a mené l'armée française à Orléans alors assiégée par les Anglais. La délivrance inespérée de la ville en mai 1429 a été immédiatement suivie, toujours à l'initiative de Jeanne, du sacre de Charles VII à Reims en juillet. Oint17 selon la tradition, Charles a apparu comme le protégé de Dieu face au jeune Henri VI, qui n'a été sacré que deux ans plus tard - et trop vite - à Paris. Après l'échec du siège de Paris en septembre 1429 et des batailles peu glorieuses contre les Bourguignons et les Anglais (La Charité-sur-Loire en décembre 1429 et Compiègne en mai 1430), la Pucelte d'Orléans 18 a été capturée par un homme de Jean de Luxembourg, cédée pour 10 000 livres tournois aux Anglais, puis menée à Rouen où Pierre Cauchon, évêque de Beauvais, a dirigé son procès.., Le duc de Bedford entendait faire condamner Jeanne par l'Eglise pour la faire disparaître de la scène politique. Ses intentions étaient de saper le moral19 des Français qui croyaient à la protection divine, de jeter le discrédit20 sur le sacre de Charles VII et de permettre ainsi celui d' Henri VI. Lé-procès de Jeanne a été donc conçu comme un procès religieux, mené selon le style de l'Inquis ition et portant sur des aspects de doctrine (hérésie, sorcellerie). Jeanne se défendait avec simplicité, habileté et courage. Manifestement épuisée par une procédure pénible, elle a pourtant abjuré21 ce qui a fait d'elle une relapse22 et l'a conduite inéluctablement23 à la mort par le. feu. Jeanne a été brûlée sur la place du Vieux-Marché à Rouen, le 30 mai 1431. Etonnamment passif en 1430 et 1431, Charles VII a fait rouvrir le - 10 -
procès canonique dès qu'il a repris Rouen et la Normandie (1449). Après une longue et minutieuse enquête24 , le procès a dénoncé les vices 25 de procédure du premier procès et lavé Jeanne de tout soupçon d'hérésie. Depuis lors, la renommée posthume26 de Jeanne n'a cessé de croître, particulièrement dans le cadre.des guerres entre la France et l'Allemagne (1870 et 1914). Jeanne a été considérée par la République comme une héroïne nationale et comme l'incarnation de la résistance à l'envahisseur. L'Eglise l'a béatifiée27 en 1909, puis l'a canonisée en 1920. Dès 1435 déjà, à Orléans, se jouait un Mistère du siège d'Orléans et, peu .après, François Villon a évoqué dans ses vers la mémoire de « Jeanne, la bonne Lorraine ». Au XVIMe sièc le, Jeanne est devenue une véritable héroïne littéraire, qui a inspiré notamment Voltaire, Schiller et Robert Southey. Au XtXe, elle a été une des figures de prédilection des historiens romantiques comme Jules Mi-chelet. Sa légende a inspiré ensuite Charles Péguy, George Bernard Shaw, Jean Anouilh et Paul Claudel. Dès les débuts du cinéma, Jeanne d' Arc a été portée à l'écran par de nombreux cinéastes ; en France : les frères Lumières (film muet de 40 secondes en 1899), Georges Méliès (1900), Albert Capellani (1908), Cari Theodor Dreyer (1927), Marco de Gastine (1928), Robert Enrico (1950), Jean Delannoy (1954), Roberto Rossellini (.1954), Otto Preminger (1957), Robert Bresson (1963), Robert Lapoujade (1973),-Jacques Rivette (1994), Luc Besson (1999), Marcel Ha-noun (2000) et à l'étranger : Mario Case-rini, Nino Oxilia et Roberto Rossellini (Italie), Cecil Blount De Mille et Victor Fleming (Etats-Unis), Gustav Ucicky (Allemagne), Otto Preminger et Christian Duguay (Grande Bretagne), Gleb Panfi-lov (URSS).
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Dossier 2
LA MUSIQUE FRANÇAISE Texte 1 La chanson française
La chanson française ― plongeant de profondes raciness dans le terroir national et subissant les influences venues de l’étranger ― est caractérisée depuis plusieurs décennies par la diversité et la richesse.
Charles Trenet (1913) Fils de la terre catalane, il a rendu la chanson française à la poésie, à travers plus de cinq cents oeuvres dont la fraîcheur d’inspiration, l’humour et l’invention mélodique ont fait le succès. Il commence sa carrière en 1933. Charles Trenet va prendre son envol avec un succès, une sorte de profession de foi: Je chante. C’est vraiment la naissance d’un nouveau style. Il est tellement exubérant et inattendu qu’on le surnomme très vite le «fou chantant». Il symbolise la jeunesse et la santé, l’optimisme et une vis ion idyllique de l’amour, de la nature, de la vie enfin.
Edith Piaf (1915-1963) Enfant du pavé de Paris, elle commença par chanter dans les rues. La rencontre de Louis Leplée, directeur d’un cabaret, décida de son avenir (1935). Bientôt connue par la radio, le disque et le music-hall, elle allait devenir en quelques années la plus grande figure de l’histoire de la chanson. Ses dernières années, marquées par une lutte pathétique contre la maladie et la mort, ont achevé de bâtir sa légende. Inspirant des auteurs de qualité, elle a composé elle-même plusieurs de ses chansons (La vie en rose). La vibration particulière de la voix d’Edith Piaf était mise au service de belles et tristes chansons, chansons d’amour, d’espoir ou de désespérance. - 12 -
Yves Montand (1921-1991) Il n’écrit ni ne compose, il n’est qu’interprète. Sa longévité dans le métier et la qualité de ses prestations font tout de même de lui un grand classique. Issu d’une famille d’immigrés italiens, il vit une enfance pauvre à Marseille et ses premiers pas dans la profession sont des imitations des idoles de l’époque: Maurice Chevalier et Charles Trenet. Il danse aussi un peu, son autre idole étant Fred Astaire. Il quitte les music-halls de Marseille pour monter à Paris. Aidé par Edith Piaf, il gagne petit à petit ses galons de vedette. Il a du talent, de la présence en scène, du flair dans le choix de ses chansons qui lui attachent assez vite un public fidèle. Yves Montand était non pas une idole, mais un monument, un des rares chanteurs d’envergure internationale qui a réussi dans tous les domaines.
Georges Brassens (1921-1982) En 1952, il commence à chanter ses poèmes au cabaret en s’accompagnant de sa guitare. Ses premiers disques connaissent rapidement un vif succès, amplifié bientôt au cours des années 50 et 60 par des passages au music-hall où la pudeur et la sobriété de la personnalité contrastent avec la verdeur et la totale irrévérence de ses chansons. Celles-ci, dans lesquelles la mélodie souligne parfaitement les versets, les rimes, dénoncent en effet les tabous, les convenances, l’ordre établi (Le Gorille, Quand Margot, Le Mécréant), mais célèbrent aussi l’amour et l’amitié (Les amours d’antan, Les Copains d’abord) et expriment surtout sa tendresse pour tous les exclus, les petites gens (Chanson pour l’auvergnat, La Fille à cent sous…). Il a reçu le Grand prix de la poésie française en 1967. Il a fini par conquérir un public immense recruté dans toutes les classes de la société et toutes les tranches d’âge.
Johnny Hallyday (1943) C’est la superstar: le rocker français. Johnny Hallyday est vraiment devenu l’idole des jeunes. En évoluant, Johnny Hallyday a maintenu le cap sur son objectif essentiel: le rock, tout en ayant traversé plusieurs périodes: la soif de vivre juvénile et le bonheur amoureux (Mon anneau d’or), le malaise existentiel (Génération - 13 -
perdue, Noir c’est noir), la révolution hippie (San Francisco), le style Mad Max (spectacle 1986).
Serge Gainsbourg Serge Gainsbourg, né en 1928, mort en 1991, se fait connaître dans les années 60 avec Le Poinçonneur des Lilas. Depuis, il a su imposer au public un personnage désinvolte, désenchanté et provocant qui souvent laisse exprimer une vive sensibilité, à la musique très recherchée (proche au blues) comme dans le film Je t’aime, moi non plus (1969). Son personnage très médiatisé l’avait rendu très populaire. A sa mort, des centaines de «fans» lui ont rendu hommage.
Joe Dassin (1938-1980) Fils du metteur en scène Jules Dassin, il est né à New York. Son enfance est marquée par d’incessants déménagements entre l’Europe et les Etats-Unis. Il maîtrise rapidement plusieurs langues ― l’anglais, l’allemand, l’espagnol, l’italien ― qui l’aideront à développer sa carrière internationale au début des années 70. Fortement influencé à ses débuts par le folklore américain, il s’oriente ensuite vers une variété grand public. En 1964, il enregistre ses premiers disques. En 1969, il endosse pour la première fois son fameux costume blanc et interprète ChampsElysées. Au début des années 70, Joe se découvre de nouveaux horizons: le golf et les îles tahitiennes. En juin 1975, il revient au premier plan de l’actualité avec l’Eté indien. Joe Dassin est alors une immense star, un statut qu’il ne quittera pas jusqu’à sa mort provoquée par une crise cardiaque à Tahiti.
Claude Nougaro (1929) C’est un chanteur à voix et à forte personnalité, très influencé à la fois par le jazz et par une formation classique. Si ses musiques sont inspirées du jazz, ses paroles se distinguent par un phrasé riche et généreux. Toulouse, Une petite fille, Le jazz et java, Sing Sing, Armstrong, Il y avait une ville, Cécile ma fille, La pluie fait des claquettes… tout un monde, une variété de paysages citadins, nocturnes, de drames… et des bouquets de sentiments.
Jean-Jacques Goldman - 14 -
Né en 1951, est rapidement célèbre à partir des années 80 (Quand la musique est bonne, Comme toi) auprès d’un public généralement très jeune qui lui fait un triomphe en 1986 dans l’immense salle du Zénith, à Paris: Je te donne, Je marche seul. Il allie les acquis du rock anglo-saxon à une certaine tradition de la chanson française.
Patricia Kaas Née en Lorraine. C’est une des chanteuses préférées des Français. C’est une excellente chanteuse avec une belle voix rauque et sûre. Elle écrit ses chansons. Son ambition: écrire de belles chansons et faire une longue carrière.
Texte 2
Salvator Adamo – poète, compositeur, interprète de ses chansons Adamo est accueilli à bras ouverts en Union Soviétique. Les quatre récitals qu'il a fait Moscou, les ler, 2 et 3 juillet ont fait salle comble. Sans parler de tous ceux qui avaient assiégé le théâtre dans l'espoir de se procurer un billet. Pourtant, Adamo n'était pas venu depuis plus de 9 ans. Et il n'y avait que 2 ou 3 disques en vente, d'ailleurs pratiquement introuvables. Le public moscovite ne l'a pas oublié, la preuve: la chaude ambiance qui régnait dans la salle. Les applaudissements se déchaînèrent dès les premiers accords. Puis vient cette attention sensible qui inspire toujours un artiste et, enfin, les ovations et les fleurs. Une avalanche de fleurs: des oeillets, des lys, des marguerites… Adamo est dans une forme excellente. Il est toujours un peu gauche sur scène, mais cette maladresse ne fait que le rapprocher davantage encore du public. Je dois interviewer Adamo après le récital. J'attends 20 bonnes minutes, car le public ne le laisse pas partir. Le voilà enfin. Il a troqué son costume de scène - 15 -
contre un jean et un tee-shirt. Sa tenue trahit une franchise et une simplicité naturelle. Ma première question est horriblement banale: “Comment trouvez-vous le public moscovite?” Je regrette presque de l'avoir posé. Mais il me regarde droit dans les yeux, et semble vouloir me tirer d'embarras: ― J'ai eu terriblement peur de le perdre après 9 ans d'absence. Maintenant je suis heureux. Il me semble qu'on m'a bien compris. Le public soviétique est très bienveillant. ― Nous avons dit à nos lecteurs que vous aimiez apprendre les langues étrangères. Avez-vous appris un peu le russe avant de venir ici? ― Vous tombez mal. Je le regrette mais je n'ai appris que quelques mots et expressions. Votre langue est difficile à apprendre. J'habite la Belgique depuis l'âge de trois ans, mais je suis Sicilien et, bien que vivant dans un milieu francophone, je commence seulement maintenant à penser en français… ― Vous n'interprétez que les chansons dont vous avez écrit la musique et les paroles? ― Sur scène, oui. Mais ce n'est pas par égoisme. Je n'ose pas interpréter les chansons des autres par peur de les trahir. (Il est ― et tout le monde le reconnait ― la modestie même. Après 11 disques d'or, il nous offre encore de merveilleuses poésies. Car ses chansons sont des poésies. Je le lui dis. Il est touché et me fait cadeau de son recueil de poèmes qui vient de paraître à Paris, sous le titre “Le Charmeur d'Océans”. Il avoue en être fier). ― Puisque vous écrivez la musique et les paroles de vos chansons, dites-nous comment cela se passe: qu'est-ce qui naît d'abord: la mélodie, les vers?.. ― Ça vient ensemble. Ce qui ne veut pas dire qu'après il ne faut pas travailler le texte. Parfois ça dure très longtemps. ― Quels sont aujourd'hui, selon vous, les représentants les plus intéressants de la chanson française? - 16 -
― Je n'ose pas le dire. Si on formulait votre question un tout petit peu autrement: quels sont mes chanteurs préférés? Ce sont Brel et Brassens, j'aime beaucoup Guy Béart, Charles Trenet, Jean Ferrat, et parmi la nouvelle génération: Alain Souchon et Yves Simon. Adamo est le représentant d'une espèce en voie de disparition: celle des poètes naïfs qui ont pour arme la gentillesse et un regard bienveillant sur toutes choses. Ce n'est pas lui qui dira que les hommes sont vils, que l'amour n'existe pas, que le soleil peut être noir… Non! Toutes ses chansons évoquent l'amitié gratuite, la fraternité spontanée; les mots d'amour, parfois désuets, y poussent à l'aise, les caresses y croisent les promesses et le mot bonheur y rime avec toujours… Belge, fils d'émigrés italiens, Adamo commença à faire connaitre son nom en remportant plusieurs semaines de suite, à l'âge de quinze ans, un “crochet” organisé par RadioLuxembourg. Sa voix à la mue mal réalisée, mais radiophoniquement très “présente”, se révéla totalement quelques années plus tard avec “Tombe la neige”, “Vous permettez, Mons ieur?”, et “Les filles du bord de mer”. Aucune adolescente qui ne succombât et dont le coeur ne battit pour lui…
Texte 3
Charles Aznavour (Varenagh Aznavourian) Paris, 1924. Auteur-compositeur-interprète. Fils d'Arméniens émigrés de Turquie, tour à tour cuisinier, restaurateur, cafetier et à l'occasion comédien ou chanteur. Charles Aznavour rentre à l'école du spectacle après des études primaires plus ou moins suivies. Avec sa soeur Aïda, il se produit dans les bals arméniens. Il a 11 ans lors de son premier engagement au théâtre du Petit-Monde et joue divers rôles d'enfants au théâtre Marigny, à la Madeleine et à l'Odéon. Il chante pour la première fois dans la troupe de Prior, puis remporte quelques “crochets” dans les grands cafés. Vendeur de journaux pendant la guerre, il fréquente le Club de la chanson où il se lie d'amitié avec Pierre Roche qui est compositeur. - 17 -
A la Libération, Aznavour n'écrit que des textes. Edith Piaf le remarque. Aznavour se met alors à écrire ses musiques. Il est chanté par Eddie Constantine, Piaf, Juliette Gréco. Cependant comme interprète, il n'a aucun succès et se fait copieusement siffler dans les cinémas de quartier. Les critiques à son égard sont sévères: “Avoir la prétention, avec un tel physique et une telle voix, de se presenter devant un public est une pure folie… de la part de cet artiste, cela prouve une totale inconscience.” Le côté souffreteux de sa silhouette et de son timbre gêne un public habitué aux ténors claironnants et pleins de santé. Charles Aznavour végète ains i pendant des années. Seul le Maroc en 1953 lui fait un triomphe. La chance tourne lors de son passage à l'Olympia en vedette américaine en 1954: pour la circonstance, il a composé Sur ma vie, qui va être un succès radio. En 1963, il conquiert la presse newyorkaise au Carnegie Hall qui le salue comme “le plus important événement vocal des temps nouveaux”. Vedette enfin consancrée, il revient en 1965 à l'Olympia, tandis que se joue au Chalet son opérette, Monsieur Carnaval. “Si je pointais tous les jours dans une usine, a dit Aznavour, personne ne s'en étonnerait”. Sans doute est-ce là un de ses traits les plus marquants: être un homme du commun. Il a été plébiscité par un public populaire, celui-la même qui jusqu'ici, n'écoutait que les chanteurs “à voix”. Mais les efforts de l'émigrant pour s'intégrer, l'arrivisme du pauvre pour monter dans l'échelle sociale, la souffrance de l'être humain à la recherche du bonheur ne pouvaient pas ne pas rencontrer d'échos, une fois surmontée la difficulté de transmettre d'une manière vocale différente. Seuls les intellectuels ont fait la fine bouche devant les évocations très quotidiennes et “vulgaires” de Tu t'laisses aller. Seule la bourgeois ie bienpensante a mis à l' index Après l'amour dont l'auteur trouvait “absurde qu'il y ait des toiles et des sculptures de nus… et que le déshabillage soit interdit dans la chanson”. Aznavour a toujours affiché son respect pour la religion, son sens de la famille, sa dignité dans le travail, autant de valeurs sûres qui ont fait accepter sa voix, non plus comme une tare inévitable mais comme un vêtement essentiel, de plus en plus seyant avec les années: voix faite pour le jazz (Je ne peux pas rentrer bâiller et dormir), Piaf - 18 -
(Jézébel), chez moi, Pour faire une fam) savoir, la Mamma,― R. Gall). En scène, ce petit homme a une fulgurante puissance de description qui tient du mime (peintre au pinceau dans la Bohème, sourd-muet parlant par gestes dans Mon émouvant amour). Fait rare, Aznavour a su être un acteur de cinéma (“Un taxi pour Tobrouk”) sans rapport avec la vedette de music-hall. Parvenu au faite de la gloire à coups de cris du coeur et des sens, après avoir été le premier chanteur à “oser chanter l'amour comme on le ressent, comme on le fait, comme on le souffre” (M. Chevalier), Aznavour a failli ne plus être qu'un chantre du démon de midi. Des années 70 à 80 on retiendra pourtant Ils sont tombés (― G. Garvarentz) à la mémoire des Arméniens massacrés, Comme ils disent, chronique de la vie d'un travesti, et Autobiographie, titre d'un disque qu'il présente comme un livre de mémoires.
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Brel, le révolte, n’est plus Fils d’un riche industriel, Jacques Brel aurait pu suivre sans problèmes le chemin ouvert par son père, mener une vie confortable et facile. Au contraire il a choisi la route difficile de la chanson. Tout Brel tient dans cette révolte de jeune homme contre le milieu dans lequel il vit. A vingt ans donc il quitte l’usine de son père et se lance dans la chanson. En 1953, il arrive à Paris, commence alors une époque difficile où il cherche à faire sa place dans le monde parisien de la chanson; il passe dans des petites salles, dans quelques cabarets, il ne mange pas tous les jours à sa faim. C’est souvent très dur, il dira plus tard: “Je ne veux plus jamais avoir faim”. Le succès arrive quand même, en 1958, il passe à l’Olympia, la partie est gagnée. Depuis, son succès est allé grandissant, il devient une grande vedette, demandée dans tous les pays. Mais son style, celui de ses débuts difficiles, n’a pas changé. Brel a été l’auteur, le compositeur et l’interprète de ses chansons, chacune est construite comme un tableau ou une courte pièce de théâtre. La langue qu’il parle - 19 -
est celle de tous les jours mais il sait trouver des images qui lui donnent une poésie simple et forte. “J’écris, je chante ce que je sens, dit-il: quand je compose, je pense surtout à moi, à ce que j’ai dans la tête”. Dans plusieurs chansons il s’élève avec un humour mordant contre le milieu où il est né: c’est l’exemple de la célèbre chanson “Les bourgeois” dont le refrain dit: “Les bourgeois c’est comme les cochons Plus ça devient vieux, plus ça devient bête”. Dans “Les Bigotes”, il se moque de ces femmes qui ne voient dans la religion que des habitudes étroites et vides de sens. Il se moque aussi de ces Flamandes trop sérieuses qui, même quand elles dansent, semblent remplir un devoir: “Les Flamandes dansent sans rien dire Sans rien dire aux dimanches sonnants Les Flamandes dansent sans rien dire Les Flamandes ça n’est pas causant. Si elles dansent c’est parce qu’elles ont vingt ans Et qu’à vingt ans il faut se fiancer Se fiancer pour pouvoir se marier Et se marier pour avoir des enfants”. Mais dans le fond, Brel est un tendre qui cherche à le cacher, mais qui de temps en temps se laisse aller. Qui a peint mieux que lui dans “Les vieux” la fin s i triste, à la fois douce et terrible, des vieilles gens? - 20 -
Ce que Brel a le plus chanté, c’est l’amour. Il croit en l’amour et en même temps ne veut pas y croire. Parce qu’il a peur: peur de ne pas le trouver, peur de le perdre quand il l’a rencontré. Il reste toujours le jeune homme qui attend Madeleine, ses fleurs à la main, qui rêve de toutes les choses qu’il feront ensemble, mais Madeleine ne vient pas. Mais il a besoin de l’amour, il lui est nécessaire, il peut seul changer la vie et “couvrir de soleil la laideur des faubourgs”, comme il le chante dans “Quand on n’a que l’amour”. Bien sûr il apporte des peines, mais: “On a beau faire, on a beau dire Qu’un homme averti en vaut deux On a beau faire, on a beau dire Ça fait du bien d’être amoureux”. Quel cri d’amour plus violent et plus doux que celui qu’il lance dans “Ne me quitte pas”. Mais il y a chez Brel des chansons plus claires, plus heureuses comme “La valse à mille temps”, “Le prochain amour” ou même “Le Moribond” dans laquelle il montre un homme qui va mourir mais qui part en paix parce que sa vie a été bien remplie. En 1968, il remonte sur scène pour jouer Don Quichotte dans “l’Homme de la Manche”, la comédie musicale américaine qu’il a adopté et totalement “brélisée”. Ensuite il se prête au cinéma. Il intérprète huit films (“Les risques du métier”, “Mon oncle Benjamin”, “La Bande à Bonnot”, “L’Emmerdeur”…) Il en réalise deux, comme on réalise un rêve de gosse: “Franz” et “Far West”. En 1977 il revient à Paris. Il enregistre 19 titres, douze seulement sont publiés. Un million de disques vendus.
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٭٭٭ Aujourd’hui, il ne reste à Paris que deux grands music-halls: “L’Olympia” et “Bobino”. Lorsque les chanteurs vont dans d’autres villes de France ils chantent souvent dans des théâtres ou des cinémas, quelquefois même, l’été, sur une scène en plein air. Et les Français connaissent surtout la chanson par la radio, le disque et la télévision.
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Joe Dassin Joe Dassin est né en Amérique. Sa famille a déménagé en Europe quand Joe avait 12 ans. Il a aimé la France, surtout la chanson française, et a décidé de devenir chanteur. Joe Dassin avait plus 200 chansons dans son répertoire. Beaucoup de ses chansons ont été écrites pour lui par les grands Maîtres de la variété comme le Français Pierre Delanoë ou l'Italien Toto Cutugno. Les plus connues sont Salut, L'été indien, Les Champs-Elysées, Et si tu n'existais pas qui restent très populaires et aimées 25 après la mort du chanteur. De L'Amérique aux Champs-Elysées, tel pourrait être résumé le parcours de Joe Dassin. Le plus américain des chanteurs français a traversé l'Océan avec une aisance incomparable. Sachant trouver le juste équilibre entre la country-folk de ses origines et les textes populaires écrits par les plus grands auteurs français (dont Pierre Delanoë et Claude Lemes le), ce séducteur au grand cœur - un cœur si fragile pourtant - nous a quittés en pleine gloire. Porté par ses plus grands succès tels que Les yeux d'Emilie, La bande à Jojo, L'été indien ou Bip-Bip, Joe Dassin s'inscrit parmi les grandes étoiles de la chanson populaire francophone. Une étoile qui brille de plus belle1 depuis le jour de sa mort, il y a vingt-cinq ans. S’il naît à New York le 5 j novembre 1938, Joseph Ira Dassin porte dès sa plus tendre enfance les couleurs du soleil. En effet, son père Jules Dassin n'est pas encore le grand réalisateur que l'on connaît (Topkapi, Jamais le dimanche. Cri de femmes, ...) et part à la recherche du succès. En cette année 1940, Juies et sa famille quitte la Big Apple2 pour le paradis du cinéma: la côte Ouest américaine. Les années 40 ont ainsi un goût de bonheur pour Joe, sa mère Béatrice Launer et ses deux sœurs, Richelle et Julie. La Californie est un véritable paradis terrestre et permet à la famille un parfait épanouissement. Un bonheur de courte durée cependant car les années de Maccarthysme3 ont raison de la tranquillité des Dassin dont les époux, d'origine juive hongro-russe, sont une cible rêvée. Après un bref passage à New York, Joe est sa famille s'installe en France, « leur Amérique ». Savigny-sur-Orge, Paris puis Grenoble et fa Suisse les accueillent. Le jeune américain découvre une terre d'asile dont il tombe immédiatement amoureux. A - 22 -
dix-huit ans, alors qu'il rejoint les Etats-Unis pour poursuivre un doctorat d'ethnologie, il prend réellement conscience de cette seconde patrie. Entre deux petits boulots, chauffeur ou barman, il commence à jouer les chansons de Brassons dans les bottes de nuit américaines. La mode est alors au folklore et à la « protest song » façon Bob Dylan. Il faut beaucoup d'ingéniosité1 au jeune homme pour faire passer du Brassens à la jeunesse étudiante californienne. Nostalgique au plus haut degré, Joe regagne enfin la France en 1963 et parvient à se faire embaucher chez CBS. Il est désormais convaincu que la France est son pays et qu'il y sera chanteur. Son premier disque sort en 1965. Je change un peu de vent n'a aucun succès mais ne décourage en rien Joe. Il persévère et s'impose dès l'année suivante grâce au phénoménal BipBip. Ce titre offre au public l' image d'un homme athlétique et séduisant, un gendre idéal à la voix chaleureuse et aux chansons entraînantes5 . En pleine déferlante6 Beatles, le répertoire de Dassin se singularise' par son allégeance au répertoire folk à la Dylan ou à la Simon and Garfunkel8 . Guitare sèche11 en bandoulière10 , reprise des standards américains et fleur aux dents, Joe Dassin développe l'image d'une Amérique romantique, amoureuse des grands espaces et de la liberté. Dès lors, il enchaîne les tubes": Les Dation, Guantanamera, Cecilia, L'Amérique, Excuse Me Lady. Bénéficiant du soudain engouement^ du public, Joe monte sur la scène de l'Olympia13 dès 1969 et enchaîne14 les tournées. Pour que son bonheur soit complet, il A épouse Maryse la même année. Leur union durera jusqu'en 1975, Aussi populaire que Claude Fran çois et Dalida, Joe Dassin bénéficie cependant d'une image encore plus positive. On le voit toujours te sourire aux lèvres, et ses chansons, quoique très entraînantes, se refusent d'aborder des thèmes plus sérieux, politiques ou sociaux, à la différence des « protest songs » dont elles s'inspirent. Le chanteur s'évertue àlà rester « politiquement correct », même si le ton de ses chansons peut parfois paraître mièvre16 ou lourdement humoristique. Porté aux nues 17 en 1970 par le titre Champs Elysées qui confirme, si besoin en est, son attachement viscéral'" à la France, Joe vit sa passion à cent à l'heure: télévis ions, radios, concerts, sport - il est passionné de goif - et voyages. Il achète en 1972 une propriété à Tahiti où il se ressource en famille ou entre amis dès qu'il le peut. Sa carrière ne cesse de prendre de l'ampleur. Après avoir rempli une nouvelle fois l'Olympia en 1974, le chanteur sort en octobre 1975 son plus grand succès: L'été indien. Ce tube est écrit par Pierre Delanoë d'après un titre du chanteur italien Cutugno. C'est l'archétype19 de la ballade romantique des années 70, dont les paroles sont dites sur un fond musical langoureux20 et mélodieux. Un succès qui sera d'ailleurs largement exploité par les médias et les public itaires. Divorcé la même année de Maryse, quelque peu déprimé^ et épuisé par une vie trépidante22 , Joe rencontre en Normandie la jeune Christine Delvaux, d'origine rouen-naise. Ils ne se quitteront plus. La jeune femme est d'un grand réconfort23 . Dès qu'ils le peuvent, les amants prennent le iarge^, en Normandie ou à Tahiti et se ressourcent en musique ou durant de longues parties de pêche en mer. Ils se marient le 14 janvier 1978 et Christine donne naissance au premier enfant Dassin, Jonathan, le 14 septembre de la même année. Julien, un autre garçon, suivra en mars 1980. Mais les deux enfants n'auront guè re la joie de connaître leur père. Malgré une apparen- 23 -
ce toujours détendue et un physique de sportif, Joe Dassin a une santé fragile. Alors qu'il termine une série de représentations à l'Olympia en 1979, il est victime d'une alerte cardiaque et doit être opéré d'un ulcère25. D'autres alertes suivront jusqu'à celle, fatale, qui terrasse? 6 le chanteur le 20 août 1980, dans un restaurant de Papeete. A seulement 42 ans, Joe Dassin laisse derrière lui une femme et deux enfants, mais surtout des millions de fans à travers le monde. Son patrimoine unique, entre ballade romantique et chanson folk populaire reste encore aujourd'hui l'un des plus diffusés.
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La comédie musicale еn France La comédie mus icale a gagné sa place dans le monde d'aujourd'hui. Partout elle fait battre les cœurs au public qui admire Notre-Dame de Paris, Starmania, les Misérables, Roméo et Juliette, Le Petit Prince. Des milliers de jeunes écoutent et chantent les chansons les plus connues de ces spectacles, aiment et souffrent avec leurs personnages préférés. Quelle belle perspective d'essayer de faire bouger les élèves, les faire chanter, s'exprimer et jouer en français. Tous ceux qui ont tenté l'expérience témoignent : les capacités phonétiques des élèves s'améliorent, l'aisance dans les expressions vient tout naturellement, la motivation et le plaisir montent. Dans ce spécial nous vous offrons de l'information sur la comédie musicale française d'aujourd'hui et proposons quelques pistes pour son utilisation en classe. Essayez pour voir !
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La chronique des comédies musicales еn France 1968 L'Homme 4k la Mancha 1969 Hair (créé en, 1967 à New York ) 1973 La Révolution française l979 Starmania 1980 Lès'Misérables 1998 Notre-Dame de Paris 2000 Da Vinci Les Mille et Une Vies d'Ali Baba Les Dix Commandements 2001 Roméo et Juliette – De la Haine à l'amour Tristan et Yseult - 24 -
Le petit monde de Georges Brassens 2002 Cinry Cendrillo Emilie Jolie Le Petit Prince 2003 Les Demoiselles de Rochefort Autant en emporte le vent N'ALLEZ pas croire que la comédie musicale soit un produit exclusivement made in Broadway. En France, elle tire ses racines de genres aujourd'hui injustement négligés ou tombés dans l'indifférence générale : l'opérette et l'opéra bouffe. Offenbach, par exemple, fut un incontestable précurseur de ce que l'on nomme aujourd'hui « spectacle musical », « opéra-rock », « comédie chantée » ou « opéra populaire ». On a toujours été un peu honteux de plaire ou de chercher à plaire au grand public... Et puis en face, il y a le très sérieux et plus aristocratique opéra. Les temps ont, depuis, bien changé, les modes aussi. Opérette et opéra bouffe lèguent à leur digne héritière le poids d'un glorieux mais non moins éphémère héritage. L'armistice de 1918 résonne au son du clairon. Maurice Chevalier triomphe dans Dédé et dans Là-haut, deux opérettes charmantes. Le théâtre musical à l'européenne n'a pas de frontière, il est irrésistible. Avec les années 1930, les spectacles mélangeant tour de chant, music-hall, scènes chantées et frag ments de revues tendent à disparaître. Après la Seconde Guerre mondiale, l'opérette et ses dérivés ne sont plus un genre universel. Ce sont les années 1960 qui, brutalement, font les adieux à genre réputé suranné. Il serait cependant injuste de dire qu'à partir de 1965 la comédie musicale est un genre moribond. Même si, effectivement, un certain nombre de créations sombrent dans l'oubli avant d'avoir rencontré le succès, Jacques Brel connaît une sorte de nouvelle consécration avec la création française de L'Homme de la Mancha, fin 1968, aux Beaux-Arts de Bruxelles, puis à Paris, au Théâtre des Champs-Elysées, de janvier à mai 1969.
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« L’Homme de la Mancha », comédie musicale de Jacques Brel Au début de l'armée 1968, Jacques Brel avait présenté ses vœux à la France entière, sur les ondes d'Europe 1 : « Je vous souhaite des rêves à n'en plus finir et l'envie d'en réaliser quelques-uns. Je vous souhaite d'aimer ce qu'il faut aimer, et d'oublier ce qu'il faut oublier. Je vous souhaite des passions. Je vous souhaite des silences. Je vous souhaite des chants d'oiseaux au réveil et des rires d'enfants. Je vous souhaite de résister à l'indifférence d? notre époque. Je vous souhaite surtout d'être vous. » Cette part de rêve, qu'il offre ains i à tous, est désormais la notion qui, à ses yeux, supplante toutes les autres. Brel l'infatigable n'a pas encore fini sa tournée d'adieux qu'il conçoit déjà le projet le plus important et le plus fou de sa carrière. De passage aux États-Unis, il a assisté à une comédie mus icale qui ne pouvait le laisser indifférent : Man of La Mancha. L'idée de l'adapter en version française est immédiate. Le premier contact avec les producteurs américains est décourageant, voire désespérant. Convaincre les Américains, traduire le livret, adapter les chansons, trouver les fonds, réunir une compagnie de comédiens et de chanteurs, trouver une salle... Chaque étape fait apparaître des problèmes qui auraient découragé n'importe qui... sauf Brel. Un an plus tard, les répétitions commencent, le 4 octobre 1968 le spectacle est présenté devant le public bruxellois enthousiasmé. Au mois de décembre à Paris, le Théâtre des Champs-Elysées affiche : L'Homme de la Mancha. Pour Brel, enfant de la Deuxième Guerre mondiale, Don Quichotte, l'homme de la Mancha, Chevalier à la triste figure, ses fantasmes et sa fierté, ses délires et sa générosité, parurent infiniment plus admirables et plus proches que la réalité des jeux de guerre. - 26 -
Le spectacle Man of La Mancha monté et présenté sur scène à New York, une sorte de tragédie musicale, est une découverte pour Brel, un souvenir, un rêve enfin... Brel va voir et revoir ce spectacle cinq fois. Don Quichotte, le héros parfait de son enfance lui ressemble, il brûle de l' incarner sur scène. Son projet est de monter le spectacle en Belgique, puis en France. Commence alors un énorme travail. Jacques Brel, non seulement se passionne, mais trouve l'énergie nécessaire aux exploits : « Notre tentative est peut-être plus importante qu'il n'y paraît. L'époque du tour de chant est révolue en France. La comédie musicale peut sauver le music-hall. » Brel, la plus grande vedette française du moment, va devoir se familiariser avec le travail de l'équipe et, pour la première fois, avec une musique qui n'est pas sienne. Non seulement il accepte toutes les contraintes, mais redécouvrant le bonheur d'être élève, il s'applique à tout apprendre. Le chanteur doit aussi se faire acteur. Il est Don Quichotte, mais pas seulement : il est également Cervantes, passant des fantasmes du héros à la sagesse du narrateur. Parce que l'histoire qu'il raconte n'est donc plus celle de Don Quichotte et de Sancho Pança, mais celle de Cervantes exposant les grandes lignes et les moments les plus forts de son œuvre. Les répétitions, les décors, le spectacle en avant-première, tout se prépare à Bruxelles au Théâtre de la Monnaie. Au lendemain de la première, le 6 octobre 1968, le journal Le Soir salue l'artiste : « Brel tient pratiquement tout le spectacle sur ses épaules. Son jeu est marqué par la flamme, la passion, l'humanité, lu ferveur. Il est convaincant, bouleversan ntoya-ble. Il exprii, le. e donquichottisme auec sa grandeur et sa foi [...] Il joue vrai, avec une profonde sincérité, finalement ; et par la force des choses, tout s'organise autour de lui, de sa présence scé-nique, de son autorité. » Jusqu'à la fin novembre, toute la Belgique, à commencer par la princesse Paola, se précipite au Théâtre de la Monnaie, c'est un triomphe ! Pour tous, L'Homme de la Mancha est l'événement majeur de la saison théâtrale. Belle récompense d'un travail forcené, sous la direction d' Albert Marre, le metteur en scène américain. Soir après soir, Brel épate les spectateurs. Seigneur de la Mancha Pour toujours au service de l'honneur Car j'ai l'honneur d'être moi Don Quichotte sans peur... - 27 -
En France, l'accueil public et critique sera unanime : triomphal ! L'Homme de la Mancha remporte un succès sans précédent, en France, dans l'histoire de la comédie musicale. Le spectacle tiendra l'affiche cinq mois durant, devant une salle chaque soir archicomble, jusqu'à ce que Jacques Brel, épuisé, annonce qu'il abandonnera après la cent cinquantième représentation. Partout on réclame « la Mancha ». En Suisse, en Italie, au Canada... jusqu'aux Américains qui proposent à Brel de reprendre le rôle à Broadway ! Mais Jacques Brel est à bout. Physiquement, il n'en peut plus et, pire que la fatigue physique, le côté répétitif de la chose commence à le lasser. Tous les acteurs pressentis alors pour lui succéder s'esquiveront prudemment... Tous auront les mêmes mots : « Après Brel, c'est impossible... » Le 17 mai 1969, s'achève l'ultime représentation. Grâce à Brel, L'Homme de la Mancha a vécu, avec lui il se retire. Brel avait réussi encore une fois, là où personne n'aurait osé s'aventurer. Habité par Don Quichotte depuis son enfance, il ne pouvait trouver rôle plus émou vant pour ce dernier adieu à la scène.
Texte 9
« Starmania » – l’ opéra-choc Une comédie musicale ? Française ? Ecrite par des auteurs de langue française ? Avec des Français pour la plupart inconnus ? Et de jeunes Québécois ? Ce sera un échec ! ! ! ! Et cependant, on n'arrête dire en France que la соmédie musicale ne marche qu'elle est américaine ou qu'elle n'existe pas. Ce sera Michel Berger qui osera signer la partition d'une œuvre de ce genre. Tout simplement parce qu'il fait partie de ces hommes qui prouvent le mouvement en marchant. À l'un de ses amis musiciens, il précise : « Si ce n'est pas moi qui le fais aujourd'hui, qui le fera ? » Ainsi naît Starmania, le premier opéra-rock français, l'opéra-choc. Le tandem Plamondon/Berger aura moins de flair avec son second pus commun, La Légende de Jimmy - cette œuvre sombre et froide, nos-talgique et morbide, est créé au Théâtre Mogador le 22 septembre1990, dans une mise en scène de Jé-pas de rome Savary. La mort brutale de Michel Berger, durant l'été 1992, nis un point final à l'une des collaborations les plus fulgurantes de ces vingt-cinq dernières années. Coup de tonnerre dans l'histoire contemporaine de la comédie musicale à la française, Starmania, cette bande dessinée futuriste révolutionne le genre et les pratiques du show-business dès 1978. Après Starmania, qui depuis sa - 28 -
création n'a jamais disparu longtemps de la scène, rien de parei ' 'avait été créé à Paris. Le sujet en question, c'est le terrorisme. Dans les années 1973-1974, ce sujet terrifie déjà le monde. On craint Septembre Noir, les Brigades rouges, la bande à Baader. On a un souvenir tout frais des Jeux Olympiques de 1972, à Munich, où la tentative de libération des athlètes israéliens par la police ouest-allemande s'est soldée par un bain de sang. À ce propos, un fait divers attire l'attention de Michel Berger. Un journal raconte l'odyssée étrange de Patricia Hearst, la fille du magnat américain. Enlevée par une bande de terroristes, violentée, retenue en otage, elle a fini par prendre les armes à leurs côtés. Cette descente aux enfers fascine le compositeur. Il se documente. Il réfléchit. Il compose. Il souhaite parler du monde d'aujourd'hui, de cette violence qui semble l'entraîner malgré lui vers on ne Edith Fortin-Cristal sait quelle abîme. Michel Berger est pris par le vertige quand il regarde d'en haut la profondeur du gouffre. Dangereux, plein d'irrationalité, peuplé de créatures aux réactions inimaginables, contradictoires, inexplicables. Il se persuade que la comédie musicale qu'il brûle de dé sir d'écrire doit traiter de tout ça : la haine, le sang, l'affrontement de bandes rivales qui s'arrachent le pouvoir. Ayant jeté les bases de son argument et l'ayant baptisé Angelina Dumas, Berger entre en contact avec le Québécois Luc Plamondon. Luc Plamondon raconte : « En 1975, Michel Berger m'a donné un coup tic fil de Paris à Montréal. Il m'a dit : " Je voudrais faire un opéra-rock. J'ai envie de travailler avec toi parce que tu décris la violence du monde moderne. " Je ne lui ai pas dit tout de suite que, moi aussi, je rêvais de faire mon opérarock. Mais j'étais étonné que la proposition me vienne d'un compositeur français. Bref, je suis venu à Paris le rencontrer. » Angelina Dumas va perdre son nom pour s'appeler maintenant Starmania. Elle est violente, proche de la politique-fiction souhaitée par le compositeur. C'est une œuvre lyrique sur la violence du monde et sur le terrorisme. Elle raconte une ville folle, une mégalopole, capitale de l'Occident, nommée Monopolis, traversée par son petit peuple d'apprenti dictateur, de chef de bande, de star éphémère de la télévision, de serveuse automate amoureuse, dans ce monde qui vit au sommet des buildings pour les puissants et sous terre pour les autres. Monopolis est le terrain de jeux des Étoiles Noires, le gang de Johnny Rockfort et de Sadia. Quand il ne met pas la ville à feu et à sang, le groupe se retrouve à l' Undeground Café. C'est là que travaille Marie-Jeanne, serveuse automate qui nourrit un amour impossible pour Ziggy. Loin des souterrains, Zéro Janvier, un puissant businessman, annonce sa candidature à la Présidence de l'Occident. Fervent opposant de ce dernier, John ту Rockfort choisit Starmania, l'émission de Cristal pour ses idées. - 29 -
L'enregistrement est brutalement interrompu par l'enlèvement de l'anima trire par les Étoiles Noires. Alors le drame commence. Enthousiasmé par ce qu'il reçoit, Berger signe une série de mélodies parmi les plus belles du répertoire musical populaire de la fin du siècle. En fait, il n'a pas l'habitude de travailler sur des textes préexistants. Et ces textes-là doivent aussi développer des psychologies de personnages, des actions, dérouler une histoire, bref encadrer une progression dramatique d'autant plus complexe que la galerie de portraits. Beaucoup d'histoires en parallèle. Et pour unir tout ça : une ville assiégée et désincarnée. La collaboration Berger / Plamondon durera 18 mois et donnera naissance à un album concept en 1978. Inconnus pour la plupart à l'époque, les chanteurs québécois et français qui prêtent leur voix à cette aventure se nomment Daniel Balavoine, Claude Dubois, Diane Dufresne, Eric Esteve, France Gall, Fabienne Thibault et Nanette Workman.
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« Michel était un magicien » Ou la musique venait toute seule ou [Michel] abandonnait le texte au bout d'une demi-heure. Il ne travaillait que sur l'inspiration. Je ne l'ai jamais vu bûcher sur une musique. À certains moments, quand j'étais à bout d'inspiration, il s'énervait après moi. Un soir par exemple, j n'avais rien à lui donner. Alors il s'est mis à fouiller dans mes brouillons : « T iens, c'est pas mal ça : "On dort les uns contre les autres, on se déchire, on se désire, etc." » J'ai répondu : « C'est un départ, tout juste huit lignes... » II m'a arraché le brouillon des mains et il est parti avec. Un quart d'heure d'après, il est revenu en disant : « Voilà, la musique est faite, t'as qu'à écrire huit lignes déplus l » Je les ai écrites sur le champ et la chanson était finie. C'est le texte le plus court et la chanson la plus vite faite de tout Starmania, mais ce fut notre plus gros hit. Bien qu'étant lui-même auteur, Michel en faisait abstraction quand il travaillait avec moi. Jamais il n'essayai! de réécrire une ligne. Il me donnait son jugement bien sûr, mais il ne tentait pas de se substituer à moi, comme ça m'est arrivé avec d'autres. Il me disait : « Je crois que ça pourrait sonner mieux... » ou « Non, ça, c'est trop québécois l ». Il s'attendait toujours à êtreétonné. Et je l'étais souvent moiaussi par les musiques qu'il faisaisur mes textes. Par exemple,quand j'ai écrit Le Blues du businessman, c'était pour moi une chanson satirique. Or ça lui a inspirécette musique tellement lyriqueque la chanson a été prise complètement au premier - 30 -
degré. Le phénomène d'identification à cettechanson, aussi bien au Québecqu'en France, m'a beaucoup surpris. En lisant « Y aurais voulu êtreun artiste » pour la première fois,Michel s'est mis au piano et la mélodie lui est sortie de la voix. L'accord lui est venu au bout desdoigts à la fin de la phrase, puis il a laissé la musique sedérouler jusqu'à la fin. La chanson était faite. C'étaitvraiment un magicien.
Texte 11
Les Misérables, version musicale Les Misérables (1862) - un livre de colère et de pitié Toute sa vie, Victor Hugo est à la tête du combat pour les libertés et pour l'éradication de la misère sous toutes ses formes. En 1862, Victor Hugo met en pratique ses idées en instaurant les dîners des enfants pauvres, chaque semaine, dans sa maison de Guernesey. La même année, il publie l'une de ses œuvres majeures, Les Misérables. Cette épopée populaire est construite autour de quelques personnages emblématiques - Jean Valjean, forçat qui connaît la rédemption morale à force de générosité, Coset-te, petite fille malheureuse qui connaît le bonheur après avoir été recueillie par Jean Valjean, Gavroche, gamin de Paris, railleur qui meurt sur les barricades de l'insurrection de 1832. Commencé en 1845, interrompu en 1848, ce roman, d'abord appelé Misères, ne sera repris qu'en 1860. Il y travaille avec acharnement pendant deux ans : « Tant qu'il y aura sur la terre ignorance et misère, des livres de la nature de celui-ci pourront ne pas être inutiles. » Mal accueilli par la critique, ce livre de colère et de pitié, né de « choses vues » et vécues, devient immédiatement un grand succès populaire, en France comme à l'étranger. Il a été illustré par de grands talents, porté au théâtre, condensé au roman-photo ; présenté par vingt, trente adaptations de cinéma.
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Comment entendr t , ijourd'hui ce titre ? « Misérable » s'emploie au double sens de malheureux, digne de compassion et de pitié, et de scélérat, indigne de compassion. Qu'entendre du misérable ? Rien. « C'est toujours la même histoire », formule terrible de Hugo qui concerne un être sans passé, sans avenir, sans devenir, perdu dans la lacune historique. Il n'a pas d'histoire, il s'oublie. Sans état civil, de statut indéfini, il ne saurait être personnage, héros d'aucun roman, d'aucun récit, puisque dépourvu de ce qui le constituerait : son individualité, sa conscience, le rêve de lui-même, sa parole. Les Misérables est une œuvre référée à son temps. Mais elle reste contemporaine au temps de son lecteur. Le récit inquiète toute pensée par la cohérence et la modernité des questions : celle de la condition féminine, du statut de l'enfant, du système juridique et économique, celles de la famille et de l'ordre social. La comédie musicale Les Misérables, signée Schonberg-Boublil, est une vraie réussite à l'aube des an nées 1980. Cette adaptation libre de l'énorme roman de Victor Hugo donnera, une quinzaine d'années plus tard, des idées, à Luc Plamon-don, connu déjà comme coauteur de Michel Berger dans la fameuse Starmania. Quand on y regarde de plus près, on se rend compte qu'il n'y a pas de hasard ; tout est écrit, c'est le cas de le dire. Notre-Dame de Paris est inscrit dans Les Misérables et dans Starmania.
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Dossier 3 Le théatre français Texte 1
Les scènes parisiennes En France, l’éclosion d’un véritable théâtre fut plus tardive qu’en Italie, qu’en Espagne ou qu’en Angleterre. Alors que Shakespeare ou Lope de Vega avaient déja disparu, la scène française se résumait encore pour l’essentiel aux exhibitions des comédiens itinérants que Scarron a si bien décrits dans le Roman comique. Les choses commencèrent à évoluer quand Louis XIII accorda le titre de Troupe Royale à la compagne itinérante de Valleran Lecomte. A Paris, la troupe de Lecomte se produisait à la salle de l’Hôtel de Bourgogne, rue Mauconseil, où jouaient également les Comédiens Italiens, tandis qu’une autre troupe, celle de Mondory, s’installait à la salle du Jeu de Paume, appelée aussi salle du Marais. Ce fut néanmoins Richelieu qui, passionné par le théâtre, donna l’impuls ion nécessaire afin qu’il devienne un véritable «art noble». Il fut équiper un troisième théâtre au Palais-Caudinal, qui prendra ensuite le nom de Palai-Royal, et enfin celui de Comédie-Française.
Texte 2
Corneille Pierre Corneille naquit à Rouen en 1606, dans une famille de fonctionnaires royaux. Il fut reçu avocat en 1624 mais se tourna rapidement vers la carrière dramatique. Quelques comédies et tragi-comédies ke firent remarquer par Richelieu. Recruté, donc, par le Premier ministre, Corneille poursuivit cependant son oeuvre personnelle. En 1635, Médée fut un échec,mais vint en 1636 l’éclatant succès du Cid. Corneille proposait aux spectateurs de son temps l’illustration d’une véritable éthique, celle d’une exaltation de l’honneur et des valeurs aristocratiques. Le Cid reste la meilleure pièce de Corneille, et sa fougue romanesque continue de lui assurer une éternelle jeunesse. Corneillle ne s’était pas toujours plié aux règles classiques. Il amait les grandes histoires, les beaux sujers, et leur accordait pkrs d’importance qu’à l’étude des caractères. A la demande du surintendant Fouquet, il reprit cependant la plrme en 1659 pour donner un Oedipe, et rédigea en 1661 La Toison d’or, grand - 33 -
spectacle avec machineries donné à l’occasion du mariage de Louis XVI avec l’infante Marie- Thérèse. Mais la gloire montante de Racinelui faisait de l’ombre, et l’opposition entre les deux auteurs culmina en 1670 avec les représentations très attendues, à huit jours d’intervalle, de deux pièces sur le même sujet. La perfection du Bérénece de Racine l’emporta sur le T ite et Bérénice d’un Corneille vieillissant. Un peu éclipsé, il garda néanmoins la faveur du Roi dont il avait toujours servi la gloire. En 1682, il donna une édition complète de son théâtre, avant de mourir en 1684.
Texte 3
Molière Jean-Baptiste Poquelin naquit à Paris en 1622. Il reçut chez les Jéduites une éducation bourgeoise. Avec Madeleine Béjart et ses amis, il créa en 1643 l’Illustre Théatre et pri le nom de Molière. Bientôt encouragé par ses amis, li se mit à des farces. Mais la troupe, dont il avait pris la tête en 1650, jouait également les tragédies de Corneille et des auteurs de l’époque. En 1658, les comédiens revinrent à Paris. Pris en charge par Monsieur, le frère du Roi, ils furent alors placés au Peutit-Bourbon, près du Louvre. En 1659, Molière innova en faisanrt la satir des salons littéraires qui devenaient à la mode. Ce furent Les Précieuses ridicules, qui provoquèrent de profondes polémiques : le théâtre pouvait-il se faire le portrait de la vie? Comme le Petit-Bourbon allait être détruit pour que soit réalisée la colonnade du Louvre, la troupe avait déménagé pour le Palais-Royal que la mort de Richelieu acait laissée sans affectation. L’école des maris (1661) revint dans les préoccupations de l’époque, mais c’est L’école des femmes en 1662 qui souleva une nouvelle vague d’indignation à la Cour et à la ville. Fort de la faveur de Louis XVI, Molière osa Le Tartuffe (1664), Dom Juan ou le Festin de pierre(1665) et Le Misanthrope(1666). Molière s’était rabattu sur une farce, Le Médecin malgré lui (1666), puis sur une comédie, Amphitryon (janvier 1668), qui obtint un vif succés; George Dandin (juillet 1668) eut moins la faveur du public, et L’Avare (septembre 1668) fut un échec. Pour les fêtes de la Cour, il écrivit alors trois comédies-ballets, Monsieur de Pourceaugnac (1669), Les Amants magnifiques (1670) et Le Bourgois gentilhomme(1670). La peinture des travers ridicules prenait les pas sur la satire. La plus grande apporte de Molière au métier théâtral lui-meme fut d’avoire su transcender la comédie et la pastorale pour aboutir au spectacle - 34 -
complet de la comédie-ballet, ce qui, plus tard, allait favoriser l’éclosion de nouvelles formes de spectacle. Mais l’histoire du théâtre retient évidement surtout ses grandes comédies, celles de la description des comportements sociaux. Et même si, comme dans Dom Juan, le sujer n’est pas toujours de lui, son apport est tel qu’il semble toujours le faire renaître.
Texte 4
Racine Lorsque parut Jean Racine (1639-1699), toute la vie de cour s’était centralisée autour de Louis XIV, et le jeune poète ,’aura de cesse que d’assurer sa réuissite auprès du Roi-Soleil. Son théâtre s’enferma dans un univers essentiellement aristocratique, mais il n’endemeure pas moins la forme la plus accomplie de toute l’expression classique. Fils d’un contrôleur de grenier à sel, Racine fut pris en charge par sa grand-mère, qui le fit élever dans l’ambiance très particulière de Port-Royal, et dans des collèges également tenus par des Jansénistes. Il recherchait la protection des grands, et tenta d’attirer l’attention du Roi par des poèmes à sa plus grande gloire. En 1664, il fit représenter La Thébaide par la troupe de Molière au Palais-Royal, puis Alexandre en 1665. Il se brouilla cette année-là avec Molière, passa à l’hôtel de Bourgogne où sa maîtresse Thérèse Du Parc, comédienne chez Molière, le rejoignit pour créer Andromaque en 1667. Suivirent trois autres chefs-d’oevres dramatique, Britannicus (1669), Bérénice (1670), Phèdre (1677), et son unique comédie, Les Plaideurs (1668). En 1667, Louis XIV le nomma «historiographe du Roi». Il fit un mariage convenable, devint directeur de l’Académie française. C’est à ce souce d’exactitude que le théâtre de Racine doit son accent de vérité dans l’analyse des personnages, qui est le reflet d’une interrogation plus profonde sur la condition humaine. Et, derrière la masque du cynique arrivist, se révèle le visage plus douloureux d’un véritable grand dramaturgue.
Texte 5
Le théâtre des lumières L’homme qui ouvrit de nouveaux horizons au théâtre français ne fut pas un très bon dramaturge; mais il sur rèfléchir sur le théâtre comme personne ne l’avait fair jusque-là, et poser les bases dramaturgie. - 35 -
Examinant les différents types de théâtre Diderot fit la différence entre le burlesque, le genre comique, le genre sérieux, le genre tragique, et le merveilleux. En anoblissant des sujets bourgeois, en proposant d’orienter le théâtre vers des portraits de société, il dégageait clairement une tendance qui s’était amorcée avec la comédie italienne de Machiavel et L’Arétin, qui avait touché Lope de Vega dans ses drames sociaux, Molière sans des pièces comme George Dandin. Le théâtre de Diderot, Le Fils naturel (1757), Le Père de famille (1758), Est-il bon?(1771) fut trop démonstratif pour être véritablement intéressant, mais sa réflexion entraina une prise de conscience dans les milieux du théâtre.
Texte 6
Beaumarchais Enfin, arriva celui qui allait porter l’art de la comédie au niveau d’un véritable pamphlet,et qui, témoignant des idées séditieuses de son temps, annonça la proche Révolution française. Pierre-Aguctin Caron (1732-1799), aui prit par la suite (par sa femme) le nom de Beaumarchais, était avant tout un homme actif. Il fut l’inventeur avant vingt ans de l’échappement d’horlogerie, devit agent secret, fit un négoce d’armes avec les insurgés américain. Débordant de vie et d’énergie, il entama de surcroît une carrière littéraire avec des comédies sérieuses, avant d’oser en 1774 Le Barbier de Séville ou La Précaution inutile, interdit par la censure, et que Louis XVI n’autorisa l’année suivanre que dans une version remaniée. En 1781, Beaumarchais avait terminé la suite du Barbier, qu’il avait ontitulé Le Mariage de Figaro ou La Folle Journée. La première représentation publique, le 27 avril 1784, fut l’une des plus mémorables soirées de l’histoire du théâtre en France. En 1789, Beaumarchais fut néanmoins considéré comme un aventurier servile et un arriviste corrompu. Il échappa de peu à la mort, s’installa à l’étranger, ne revint en France qu’en 1796, proposa au gouvernement de percer l’isthme de Panama, avant de mourir en 1799. Le Mariage de Figaro fut la dernière grande pièce de l’Anc ien Régime, et la première de tout le théâtre moderne.
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Texte 7
Le théâtre de la Révolution La Renolution française entraîna la multiplication des salles de spectacle et l’écriture de centaines de pièces de toutes sortes. Un décret de 1791 donna à toute personne le sroit d’ouvrir un théâtre et de faire représenter les peèces de son choix. Libérés de la censure, le répertoire des théâtres s’engagea jusqu’au vertige dans tous les genres. Quand aux révolutionnaires, ils envisageaient avec enthousiaime les possibilités didactiques du spectacle. Le public commença par se ruer pour voir les pièces jusque-là interdites, commme le Charles IX ou la Saint-Barthélemy de Marie-joseph Chénier, les pièces qui dénonçaient les scandaleux internements dans les couvents. En 1793, le Comité de Salut Public resserra considérablement les libertés du théâtre. Ne subsistaient que les spectacles autoricés, et des représentations gratuites hebdomadaires des: «tragédies de Britus, Guillaume Tell, Caius Graccus et autres pièces dramatiques qui retracent les glorieux événements de la Révolution et les vertus des défenseurs de la Liiberté». La Révolution française ne trouva pas son dramaturge. Pendent dix ans, les Français avaient été les propres acteurs d’un drame national. Et c’est à l’étranger qu’étaient apparues, pendant ce temps-là, de nouvelles formes d’écriture dramatique.
Texte 8
Le Romantisme Le Romantisme se targua de trop nombreuses paternités, se diversifia de telle façon et eut une descendance suffisamment embrouillée pour qu’il ne soit pas légitime de se demander ce qu’il avait vraiment, a l’origine, cherché à représenter. Le Romantisme, en fait, naissait de la confrotation entre Shakespeare et Corneille. On admirait chez le premier son audace, son lyrisme, ses puissants portraits de personnages, sa liberté de compositoin, son mélange de genres. Mais l’on souhaitait conserver du second une certaine forme esthétique, une théâtralité somme toute assez formelle, un sens de l’épopée et une grandeur sublime des personnages. S’y ajoutaient à l’époque un sentimentalisme assez exacerbé, un goût prononcé de l’extravagance des situations, et une petite pointe de rejet pour le genre sérieux. Dans ce dessein vague d’une nouvelle théâtralité, qui n’était pas non plus sans apparaître - 37 -
comme une forme noble des mélodrames populaires, de jeunes auteurs allaient jeter tout leur talent et toute leur fougue de modernes, contre les anciens, gardiens du temple du Classicisme.
Texte 9
Napoléon et le théâtre Napoléon amait le théâtre, et il aurait bien voulu lui donner une importance digne de son règne. A sa manière, il lui accorda une attention toute particulière. Il commença en 1806 par réduire à huit le nombre des théâtres de Paris, et à en contrôler sévèrement le répertoire. Il avait ses préférences, mais aussi ses haines tenaces, et ses goûts allaient dans l’ensemble vers le théâtre de Corneille, chez qui «les Grands Hommes sont plus vrais que dans l’histoire». Il aimait assez bien l’opéra, n’appréciaitpas la comédie,et trouvait que les drames étaient «des tragédies pour femmes de chambre». Il aurait aimé que son règne fut marqué par un grand dramaturge, s’intéressa un temps à Lemercier, puis à François Raynouard (1761-1836), qui avait attiré les foules en 1805 avec une plate tragédie, Les Templiers. Alas, ses efforts ne furent pas couronnés de succès.
Texte 10
Victor Hugo Victor-Marie Hugo (1802-1885) était le fils d’un général de Napoléon. Ses plus grandes oeuvres étaient déja en gestation, mais c’est vers le théâtre qu’il se tourna en 1827 avec Cromwell. La pièce était injouable, mais la préface fit l’effet d’une bombe; Hugo y affirmait un renouvellement nécessaire de l’art, l’introduction du «grotesque» et du «caractéristique», la libération de toutes les règles sinon celles de la nature, en bref, l’exigence d’un nouveau genre mariant le sublime, le comique, le lyrique, l’épique, le moral et l’historique, tout en respectant la forme de l’alexandrin. «La poèsie complète, affirmait-il, est dans l’harmonie des contraires.» La première d’ Hernani, le 25 février à la Comédie-Française, provoqua la célèbre bataille entre les bourgeois et les jeunes Romantiques. Il est pourtant le grand méritede faire triompher un renouveau du théâtre dans lequel les uns et les autres allaient puiser leur libérté.
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Texte 11
Dumas, Mérimée Un an avant Hernani, Alexandre Dumsas (1802-1870) avait déja donné à la Comédie-Française Henri III et sa cour (1829) qui, sans faire de scandale, avait plu par son mouvement. Dans les manifestes romantiques, Dumas avait surtout piusé le principe d’un théâtre historique, servant de toile de fond à des avenrures politiques et amoureuses. Il enchaina avec Anthony (1831) et La Tour de Nesle (1832), incontestables réussites du genre, même s i la vérité historique s’y trouvait quelque peu bousculée. Dumas pat la suite se consacra essentiellement à ses grands romansfeuilletons, que des miliers de lecteurs suivaient avec passion dans les journaux en ne se souciant pas plus que l’auteur de l’exactitude historique : «Qu’est-ce que l’histoire, demandait-il. Un clou auquel j’accroche mes romans.» Et rappelons la curieuse tentative de Prosper Mérimée (1803-1870) qui prétendra un temps n’être que le traducteur des oeuvres d’une certaine Clara Gazul. Sous la forme d’un «théâtre littéraire», publié entre 1825 et 1842, Mérimée s’adonna à un romantisme plus souriant que dramatique, avec des thèmes pleins de fraîcheur et d’originalité. S’en détachent L’Occasoin, tendre drame juvénile, et le brillantissime Carosse du SaintSacrement, objet de convoitise de la courtisane Calila Pérchole dans un Pérou d’opérette.
Texte 12
Musset Alors qu’Hernani, Antony ou Chatterion triomphaient sur scène, un jeune dandy au talent prometteur vouyait l’une de ses premières pièces sifflée à l’Odéon. Alfred de Musset (1810-1857) fit pendant un certain temps partie de la jeunesse romantique,dont il incarna les outrances avec élégance et détachement. De toute la dramatique française, Musset est en effet le seul que l’on ait pu comparer au poète anglais, mais son esprit de fantasie et son badinage en font aussi le premier grand héritier de Marivaux. Il projeta son âme inquiète et sensible dans ses personnages. Musset projeta dans ses personnages ses ambiguités et ses interrogations qui étaient, avant l’heure, proprement existentielles. Avec une élégance un peu blessée, et sacs aucune artificialité, il fit de son théâtre la plus pure émanation de l’esprit du Romantisme. - 39 -
Texte 13
Le Boulevard du Crime Au Boulevard du Temple, la Révolution de 1789 eu un effet déclisif sur les théâtres: en supprimant le royal privilège de la Comédie-Français, elle autorisait tout à coup les directeurs des autres salles à montrer de véritable pièces, et ils ne s’en privèrent pas. Le repertoire du genre se renouvela très vite sous la plume d’auteurs tels que Louis-Charles Caignier (1762-1842) et de René-Charles Guilnert de Pixérécourt (1773-1844), surnomés les «Racine et Corneille de boulevard», avec des pièces romanesques de pure fantaisie. Sur le Boulevard du Crime, on ne faisait pas que pleurer. La parodie, dans laquelle la Comédie-Inalienne était passé maître au XVIIIe siècle, resta au boulevard de l’un des genres les plus applaudis. La chute de l’Ancien Régime avait d’autre part propulsé sur la scène des personnages comme le Roi d’Espagne, le Pape et la Tsarine de Russie. Enfin, un genre nouveau, le vaudeville, mélangeant la comédies, les chansons et les ballets, florissait sur de nouvelles scènes dont celles du Théâtre du Vaudeville et du Théâtre des Variétés.
Texte 14
Les drames et les comédies Scribe, avec sa prolifique production, avait largement occupé les scènes du théâtre bourgeois. Il eut un continrateur en la personne de Victorien Sardou (18311908), qui fit montre de son savoir-faire dés 1865 avec un drame bourgeois, La Famille Benoîton, puis avec une comédie de Goldoni, Maison neuve (1867). Il fur du «sur mesire» pour Sarah Bernhardt avec Fédora (1882), Théodora (1884), écrivit en 1887 un sombre drame La Tosca, que Puccini mettra en music. Durant le Second Empire, Alexandre Dumas fils (1824-1895) poursuivit la carrière théâtrale de son père. Un drame personnel avait inspiré La Dame aux camélias (1852), mais c’est avec les comédies de moeurs, La Demi-Monde (1885), Denise (1885), Francillon (1887), qu’il se démarqua en abordant des thèmes sensibles à l’époque de la société umpérial.
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Texte 15
L’opérette et le vaudeville Il est difficile de passer sous silence l’importance que détenaient sous Napoléon III des spectacles de pur divertissement, avec en premier lieu la place prépondérante qu’avait prise l’opérette. Sur des livrets dus la plupart du temps au tandem Meilhac et Halévy, Jacques Offenbach composa des oeuvres d’une extravagance et d’une gaîté irrésistibles, qui se donnèrent aux Bouffes-Parisiens, au Variétés, au Palais-Royal. Eugène Labiche (1815-1888) fut à sa manière un autre héritier de Scribe. Mais son théâtre se distingua vite par sa fantais ie débridée, et une peinture de moeurs. Celui que Robert Pignarre appellera «l’Homère de la petite bourgeoisie à pantoufles brodées» porta le vaudeville à un niveau éclatant de réussite. Notons que Labiche écrivit presque toujours en collaboration, et c’est du fruit de ces collaborations que naquirent ses plus grandes réussites: Embrassons-nous Follenille (1850),Un chapeau de paille d’Italie (1851), Le Voyage de monsieur Perrichon (1860), La Poudre aux yeux (1861), La Cagnotte (1864). Labiche n’avait pas d’autre but que de se moquer un peu, de faire rire beacoup. Et les bourgeois de province et de Paris faisaient un triomphe à celui qui les peignait si bien. Henry Monnier (1799-1877) collabora épisodiquement avec Labiche, comme pour la burlesque Affaire de la rue de Lourcine (1857) qui fit également intervenir Edmont Martin. Monnier mit en scène son héros bourgeois dans La Famille improvisée (1831), dans Grandeur et Décadance de M. Joseph Prudhomme (1853), dans de nombreuses saynètes, et lui invena une solennelle biographie à travers un poman, Mémoires de monsieur Joseph Prudhomme. Cependent, pour la plupart de ces auteurs, la guerre de 1870 ainsi que la déchéance de l’Empire furent un véritable traumatisme. Labiche se borna ensuite à éditer son théâtre complet, Offenbach entreprit ses émoubants Contes d’Hoffmann.
Texte 16
Le théâtre de la IIIe République La IIIe République était constituée en septembre 1870. Après l’anéantissement de la Commune, les Parisiens reprirent peu à peu leurs habitudes. Les théâtres détruits furent reconstruits et rouvrirent bientôt leurs portes. Enfin achevé, l’Opéra de Garnier fut inauguré en 1875; une tradition de boulevard se renoua aux Variétés, au Gymnase, au Vaudeville. Les théâtres municipaux reprent bientôt leurs activités, accueillant à nouveau les troupes en tournées. Enfin, les diiférentes lois sur les associations allaient favoriser la constitution de groupes d’amateurs. Le théâtre Prenait une physionomie nouvelle. Les insouciants du - 41 -
Second Empire découvrait un monde de revendication sociales, et les romans d’Emile Zola allaient contribuer à leur dessiller les yeux. Le même Zola avait produit quelques drames médiocres. En 1881, il publia Le Naturalisme au théâtre, après avoir fait jouer une adaptation de L’Assammoir. Stéphan Mallarmée plaidait pour un théâtre qui pourrait rendre compte des aspirations spiritualistes et symboleques de la fin du siècle. Il n’avaient que dégoût pour le Naturalisme naissant, et revenaient à l’admiration des grands textes. Citons, comme l’un des meilleurs exemples dans cette voie, le théâtre de Maurice Maeterlinck (1862-1949), dont La Princesse Maleine (1889), Pelléas et Mélisandre (1892) ou Monna Vanna (1902) qui étaient empreints d’un beau climat d’étrangeté et de mystère. Cependent, le vaudeville retrouvait toute sa gloire, et Rostand allait même ressusciter le Romantisme.
Texte 17
L’Occupation Pendent l’Occupation, la vie parisienne des théâtres fut plus florissante que jamais. De nombreux spectacles que s’adressaient aussi aux soldats allemands en permission relevait du grossier divertissement, mais le théâtre survivait censure. Une partie des professoinnels du théâtre avait cessé de s’exprimer, certains avaient quitté la France. Mais d’autres étaient restés, et la période se révélait propice à un théâtre de qualité. Un cetain public, en effet, était prêt à recevoir des pièces un peu plus difficiles, qui soient distrayantes sans verser dans la gaudriole. Cela démoda très vite de vaudeville et la comédie légère, mais permit le succès des Mouches de Sartre en 1943, mis en scène par Dullin, tandis que son ancien collaborateur André Barsacq faisait triompher Le Bal des voleurs, Le Rendez-Vous de Senlis, Antigone d’Anouilh. On créait également La Reine morte (1942), et Fils de personne (1943) de Montherlant. En 1943, Jean-Louis Barrault réalisa Le Soulier de satin de Claudel à la Comédie-Française, et Marcel Herrand, l’année suivante, créa Le Malentendu de Camus et Hius clos de Sartre.
Texte 18
Sartre et Camus Dans l’une des périodes les plus troublées de l’humanité, les deux philosophes de l’Existentialisme posèrent de grandes questions, auxquelles ils apportèrent des tentatives de réponses.
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Jean-Paul Sartre (1905-1980), qui devenait le maître à penser de toute une génération, utilisa le théâtre comme un mode d’illustration directe de ses thèses. Les Mouches (1943), en montrant la ville d’Argos ployant sous la domination d’Egisthe et sous le poids de la culpabilité, prenait une évidence caleur symbolique pour les spectateurs français. Huis clos (1944) avait un fondement plus psychologique. Morts sans sépuluture (1946) avait comme sujer la torture, et La Putain respectueuse (1946) abordait le thème du racisme. En 1948, Les Mains sales retransposait le thème des Mouches. Plus complexes, ses deux dernières grandes pièces, Le Diable et le Bon Dieu (1951) et Les Séquestrés d’Altona (1959) furent d’ambitieuses variations sur l’acte et l’éthique. De tendance plutôt naturaliste, le théâtre de Sartre de voulait limpide, démonstratif et efficace; mais un certain symbolisme de ses thémes lui conserve une actualité universelle. Le philosophe Albert Camus (1913-1960) était né en Algérie, où,journaliste, enseignant, il avait également dirigé une petite compagnie théâtrale. Le Malentendu, créé en 1943 par Maria Casarès, traitait de manière un peu schématique de l’absurde condition de la vie. Plus flambouant, Caligula, en 1945, illustrait le terrible syllogisme: «On meurt parce qu’on est coupable. On est coupable parce qu’on est sujet de Caligula. Donc tout le monde est coupable. C’est une question de temps et de patience...» L’Etat de siège (1948) et Les Justes (1949) eurent moins de portée. Camus aimait le théâtre, mais il ne parvint pas, sauf dans Caligula, à y insuffler le sens de l’absurde et de ma révolté qu’il avait si bien fait ressentir dans ses romans. Il venait d’adapter pour le théâtre «Les Possédés» de Dostoievski, quand il disparut prématurément dans un accident de voiture.
Texte 19
Les théâtres en France aujourd’hui Traditionnellement le théâtre en France est présenté en deux parties: d’un côté le théâtre public, de l’autre le théâtre privé. Les théâtres nationaux. Les plus connus et les plus prestigieux théâtres de France sont au nombre de cinq. Le plus ancien, la Comédie-Française remplit une double mission: conservation du répertoire classique et consécration du repértoire moderne. Le développemant des tournées en province et à l’étranger est également prévu pour faire connaître le patrmoine théâtral de la nation. Le Théâtre National de l’Odéon, institution bi-centenaire, tout en ayant pour mission essentielle de la représentation en alternance l’oeuvres classiques pu - 43 -
modernes d’auteurs français ou étrangers, orientait également son activité vers la création. Le Théâtre National de Chaillot souhaite retrouver sa vocation initiale de grand théâtre national populaire de création. Créé en 1972, le Théâtre de l’est Parisien poursuivit un travail de recherche de publics nouveaux, en particulier par la mise en place d’une cellule d’animation pour le quartier. Le Théâtre National de Strasbourg (lui aussi créé en 1972 à partir du centre dramatique du même nom) est un instrument ouiginal de création et de recherche. Ces cinq théâtres nationaux constituent donc un ensemble qui, sous la même appellation, recouvre des activités et des missions différentes mais complémentaires. Les centres dramatiques nationaux Les centres dramatiques nationaux sont issus de ce qu’on a appelé la «décentralisation dramatique» et proviennent initialement de troupes de province dont les directeurs, choisis à titre personnel pour leur valeur artistique, ont passé des accords tacitesou verbaux avec l’administration des Affaires culturelles. Certains centres se sont vu attribuer une compétence nationale et même international; ils apparaissent presque comme des théâtres nationaux de région du fait de l’amplication de leur travail commencé depuis plusieurs années: Théâtre National populaire de Villeurbanne, Théâtre National de Marseille, de Lille, les Tréteaux de France. Les compagnies dramatique indépendantes Avant mai 68, il existait en France environ une trentaine de compagnies indépendantes plus ou moins subventionnées par les pouvoirs publics. Plus de mille sont aujourd’hui recensées dont 450 sont aidées par le ministère de la Culture. Deux systèmes d’aide coexistent. La plupart d’entre elles sont soumises à l’évaluation annuelle d’une commission: elles sont dites «en commission». D’autres, en général les plus anciennes traitent directement avec la direction du Théâtre et des Spectacles: elles sont appelées «hors comission». Illustré par la réussite de grandes troupes permanentes comme le Théâtre du Soleil d’Ariane Mnouchkine, ce monde théâtral nouveau comprend également de petites équipes à la recherche d’un public local ou d’un langage original. Le théâtre privé Dans les années 60, le théâtre privé est composé, en province, des théâtres municipaux et, à Paris, d’une cinquantaine de théâtres privés. Les deux tiers des théâtres parisiens ont un répertoire axé sur le «boulevard», les autres se consacrent à la présentation d’un théâtre plrs ambitieux ( le Vieux-Colombier par example). D’une façon générale, à l’époque, la vie des théâtres privés est difficile. Il convient de distinguer parmi les théâtres privés ceux dont le but est de faire du commmerce et ceux qui s’attachent à promouvoir des oeuvres de qualité (dans la tradition du Cartel), et qui dés irent seulement que leur gestion ne soit pas déficitaire. - 44 -
En tout cas la situation du théâtre privé parisien apparaît maintenant comme bien meilleure. Une partie de ces résultats doit sans nul soute être à porter au crédit de l’Association pour le soutien au théâtre privé, qui aide financièrement certaines productions dramatiques. Le théâtre amateur Les troupes de théâtre amateur en France ont une activité importante et variée. Elles développent une pratique théâtrale de loisir: celui qui l’exerce n’a pas l’ambition d’en vivre. Cetteactivité est donc du ressort du ministère du Temps libre. Elle s’exerce aussi au sein de stages organisés par des conseillers techniques et pédagogiques, de groupes de lycéens ou d’étudiants, d’entreprises, du «troisième âge», de maisons des jeunes, etc.
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Dossier 4 La haute couture en France Texte 1
Paris, capitale de la mode
Paris devint la capitale de la mode européenne sous le règne de Louis XIV. Le Roi-Soleil voulait montrer sa suprématie par son aspect extérieur. Il attacha de l'importance à la couture et fit venir à Paris les meilleurs tailleurs. Les nouvelles tenues voyagèrent dans les autres pays pour être copiées grâce à de petites poupées habillées à la dernière mode. Le pionnier des grands couturiers fut Rose Bertinin qui créa les toilettes de la reine Marie-Antoinette. En 1845, un jeune Anglais, Charles Worth, arriva à Paris afin d'entrer en apprentissage chez un tailleur, et dès 1858, il ouvrit sa propre maison de couture. Il organisa les premiers défilés de mode, dans lesquels son épouse présentait ses créations. Charles Worth est considéré comme le premier grand couturier. C'est avec lui que la haute couture devint un art. Madame Paquin, qui ouvrit une maison de couture en 1891, fut la première femme à avoir du succès dans le monde de la haute couture. - 46 -
Paul Poiret présenta la première collection sans corset au début de ce siècle. Il allait dans les grandes villes européennes avec ses mannequins. Il lança aussi sur le marché un parfum nommé Rosine. Lors de son voyage aux Etats-Unis, il enragea en voyant en vente des copies de ses créations et décida de s'attaquer à cette pirateries... et cette question n'a toujours pas été complètement résolue. Gabrielle Chanel apporta une toute nouvelle liberté aux femmes. Son influence sur la mode a duré plus de cinquante ans, ce qui est un exploit unique dans ce domaine. Apres la Première guerre mondiale, elle vint à Paris et obtint un succès rapide. Elle fut la première à utiliser de nouvelles etoffes comme le jersey. En 1930, elle avait plus de 2400 employés et en 1935, elle ouvrit une fabrique de jersey. Le plus célèbre parfum du monde, Chanel 5, fut lancé en 1925. Contrairement à Poiret, Coco Chanel était contente que ses créations soient copiées. Paris dominait la scène de la mode. Entre les deux guerres mondiales, de nouveaux couturiers apparurent: Vionnet, dont on disait que c'était un architecte parmi les couturiers et dont l' influence se fit sentir pendant vingt ans ; Jean Patou, dont une des premières collections fut achetée entièrement par un magasin de New York et qui fit venir à Paris les premières mannequins américaines en 1924. Avec le krach de Wall Street en 1929, la haute couture paris ienne connut de graves difficultés. En 1925 elle avait été la deuxième industrie d'exportation française, mais se retrouva au 27eme rang en 1933. Dans les années trente, la mode commença à devenir plus internationale et des couturiers étrangers arrivèrent à Paris. Parmi eux, l'Irlandais Edward Molyneux, l'Espagnol Christobal Balenciaga, et Elsa Schiaparelli, une Italienne, qui mettait de l'exotisme dans la mode. Elle travaillait avec des artistes comme Salvador Dali et elle fut la première à ouvrir une boutique qui servit de modèle pour ce que presque tous les couturiers allaient faire vingt-cinq ans plus tard. Pendant la Deuxième guerre mondiale et jusqu'à la Libération en 1944, Paris perdit sa position de capitale de la mode. Chanel se retira pour quinze ans, certains partirent pour les États-Unis, quelques-uns pourtant continuèrent de travailler sous l'Occupation et contribuèrent ainsi à la sauvegarde de la haute couture à Paris. Au mois de février 1947, Christian Dior présenta sa première collection parisienne. Le New Look était né. Avec lui commença une nouvelle ère pour la haute couture, qui devint un big business. Six ans plus tard seulement, l'empire Dior comptait six compagnies et seize filiales dans les quatre coins du monde, couvrant pratiquement tous les domaines de la mode. Mais Christian Dior était aussi un artiste, et la ligne corolle fut suivie de beaucoup d'autres looks. Il associa la haute couture et le prêt-e-porter, et ses créations furent largement copiées. Après son décès en 1957, Yves St. Laurent lui succéda comme styliste pour une courte durée. Ensuite c'est Marc Bohan qui prit la relève et crée toujours les toilettes de Dior. Christobal Balenciaga fut un personnage énigmatique et inapprochable, dont l'influence sur la mode fut tout aussi importante que celle de Dior. Il était contre la - 47 -
commercialisation de la haute couture et vers la fin de sa carrière, il refusa de participer aux présentations organisées pour les acheteurs et la presse. Sa maison de couture ferma ses portes en 1968 et à partir de ce moment l'éclipse de la haute couture semblait de plus en plus imminente. Les années d'après-guerre avaient vu arriver un groupe de nouveaux couturiers dont l'emprise sur la mode sera importante pour les années à venir. Le dernier grand couturier traditionnel est Pierre Balmain, qui avait commencé sa carrière chez Molyneux en 1934. Il avait une approche pratique avec sa ligne appelée jolie madame. Parmi ces nouveaux stylistes, citons Nina Ricci, Jacques Griffe, Guy Laroche, Hubert de Givenchy, Pierre Cardin, Courreges et surtout Yves St. Laurent. La maison de couture que celui-ci ouvrit en 1962, fut suivie d'une première boutique, Rive Gauche, en 1966. Dans ses créations St. Laurent s'écartait de la tradition de la haute couture. La maison de Chanel survécut à la disparition de Coco Chanel en 1971, mais c'est seulement l'entrée de Karl Lagerfeld en 1983 qui lui apporta une nouvelle vie. La nouvelle génération des couturiers avaient de nouvelles manières d'agir, mais les temps aussi avaient changé. En 1970, même à Paris, le prêt-a-porter avait pris de l'avance sur la haute couture. A partir des années soixante, Paris perdit petit à petit sa position de capitale mondiale de la mode qu'elle avait gardée pendant cent ans.
Texte 2
Théophile Gautier Pourquoi l'art du vêtement est-il abandonné tout entier au caprice des tailleurs et des couturières, dans une civilisation l'habit est d'une grande importance, puisque, par suite des idées morales et du climat, le nu n'y paraît jamais? Le vêtement, а l'époque moderne, est devenu pour l'homme une sorte de peau dont il ne se sépare sous aucun prétexte et qui lui adhère comme le pelage à un animal, а ce point que la forme réelle du corps est de nos jours tout а fait tombée dans l’oubli. Toute personne un peu liée avec des peintres, et que le hasard a fait entrer dans l'atelier à l'heure de la pose, a ėprouvé, sans trop s'en rendre compte, une surprise mêlée d'un léger dégout, а l'aspect de la bête inconnue. Certes une espèce inédite, rapportée récemment de l'Australie centrale, n'est pas plus imprévue et plus neuve, au point de vue zoologique que deux individus de l'un et de l'autre sexe, appartenant au genre homo, et dépouillés de leur peau factice. On peut les regarder avec autant de curiosité que la girafe, l'hémione, le tapir, l'ornithorhynque, le gorille ou la sarigue. Sans les admirables restes de la statuaire antique, la tradition de la forme humaine serait entièrement perdue. C'est en consultant ces marbres et ces bronzes, ou les plâtres moulés sur eux, et en les comparant au modèle nu, que les artistes parviennent а reconstituer péniblement l'être idéal qu'on voit dans les sculptures, - 48 -
les bas-reliefs et les tableaux. Quel rapport existe-t-il entre ces figures abstraites et les spectateurs habillés qui les regardent? Les croirait-on de la même race? En aucune manière.
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Nous regretterons éternellement le nu, qui est le principe même de l'art, puisque l'homme ne peut concevoir de forme plus parfaite que la sienne, pétrie а l'image de Dieu. Le nu, qui était naturel sous le divin climat de la Grèce, dans la jeunesse de l'humanitė, lorsque la poésie et les arts s'épanouissaient comme les fleurs d'un printemps intellectuel, a fait Phidias, Lysippe, Clėomene, Agas ias, Agėsandre, Apelle, Zeuxis, Polygnote, comme plus tard il a produit Michel-Ange et les merveilleux artistes de la Renaissance (sous le nom de nu nous comprenons la draperie, son complément obligé, comme l'harmonie est le complément de la mélodie) ; mais déjà le nu n'était plus qu'une convention ; l'habit était la vis ible forme de l'homme.Statuaires et peintres se plaignent de cet état de choses qu'ils pourraient, non pas changer, mais modifier а leur avantage. Le costume moderne
les empêche, disent-ils, de faire des chefs-d'oeuvre ; а les entendre, c'est la faute des habits noirs, des paletots et des crinolines, s'ils ne sont pas des Titien, des van Dyck, des Velasquez. Cependant ces grands hommes ont peint leurs contemporains dans des costumes qui laissaient aussi peu paraître le nu que les nôtres, et qui, parfois élégants, étaient souvent disgracieux ou bizarres. Notre costume est-il d'ailleurs si laid qu'on le prétend? N'a-t-il pas sa signification, peu comprise malheureusement des artistes, tout imbus d'idées antiques? Par sa coupe simple et sa teinte neutre, il donne beaucoup de valeur а la tête, siège de l'intelligence, et aux mains, outils de la pensée ou signe de la race ; il maintient le corps а son plan et indique les sacrifices nécessaires а l'effet. Supposez Rembrandt face а face avec un homme de nos jours, en habit noir ; il concentrera la lumiere prise d'un peu haut sur le front, éclairera une joue, baignera l'autre d'une ombre chaude, fera pétiller quelque poils de la moustache et de la barbe, frottera l'habit d'un noir riche et sourd, plaquera sur le linge une large touche de blanc paillé, piquera deux ou trois points brillants sur la chaîne de montre, enlevera le tout d'un fond grisâtre, glacé de bitume. Cela fait, vous trouverez le frac du Parisien aussi beau, aussi caractéristique que le juste-au-corps ou le pourpoint d'un bourgmestre hollandais. Si vous préférez le dessin à la couleur, voyez le portrait de M. Bertin par M. Ingres. Les plis de la redingote et du pantalon ne sont-ils pas fermés, nobles et purs comme les plis d'une chlamyde ou d'une toge? Le corps ne vit-il pas sous son vêtement prosaïque comme celui d'une statue sous sa draperie? - 50 -
La beauté et la force ne sont plus les caractères typiques de l'homme а notre époque. Le moindre cric fait la besogne musculaire d' Alcide. On ne doit donc pas orner ce qui n'a pas d'importance réelle ; il s'agit seulement d'éviter la lourdeur, la vulgarité, l' inélégance, et de cacher le corps sous une enveloppe ni trop large, ni trop juste, n'accusant pas précisément les contours, la même pour tous, а peu de chose près, comme un domino de bal masqué. Point d'or, ni de broderies, ni de tons voyants ; rien de théâtral : il faut qu'on sente qu'un homme est bien mis, sans se rappeler plus tard aucun détail de son vêtement. La finesse du drap, la perfection de la coupe, le fini de la façon, et surtout le bien-porté de tout cela constituent la distinction. Ces nuances échappent aux artistes, du moins au plus grand nombre, amoureux des couleurs vives, des plis abondants, des draperies à cassures miroitantes, des torses aux pectoraux bien divisés, des bras aux biceps en relief. Ils regrettent que quelque jeune élégant n'ait pas le caprice d'une toque à plume et d'un manteau écarlate ; et ils s'étonnent de la persistance des gens du monde à garder un costume si triste, si éteint, si monotone. C'est comme si l'on demandait pourquoi à Venise toutes les gondoles sont noires. Cependant rien n'est plus facile а distinguer dans l'uniformité apparente que la gondole du patricien de la gondole du bourgeois. Mais, par exemple, si les artistes sont fondés en raison lorsqu'ils réclament contre le costume des hommes, dont ils laissent l'invention aux tailleurs au lieu de le dessiner eux mêmes, ils n'ont aucune objection plausible а élever contre le costume des femmes. S'ils allaient plus souvent dans le monde et voulaient se dépouiller de leurs préjugés d'atelier pendant une soirée, ils verraient que les toilettes de bal ont de quoi satisfaire les plus difficiles, et que le peintre qui les traiterait d'une façon historique, en y appliquant le style, sans cesser pour cela d'être exact, arriverait à des effets de beauté, d'élégance et de couleur dont on serait étonné. Il faut toute la force de la fausse éducation classique pour n'être pas frappé de l'aspect charmant que présente une sortie d'Opéra, un cercle de femmes assises dans un salon, ou causant debout près d'une console ou d'une cheminée. Jamais peut-être on ne s'est mieux coiffé : les cheveux sont ondés, crêpés, nattés, relevés en ailes, rejetés en arrière, tordus en câble, avec un art vraiment merveilleux. Le peigne paris ien vaut le ciseau grec, et les cheveux obéissent plus docilement que le marbre de Paros ou du Pentélique. Regardez ces beaux bandeaux noirs, décrivant leurs lignes pures sur un front pelé, et pressés comme un diadème, par une torsade, qui part du chignon et s'y rattache ; cette couronne blonde, on semble palpiter la brise amoureuse, et qui forme comme une auréole d'or а une tête blanche et rose! Voyez avec quel goût se massent sur la nuque ces noeuds, ces boucles, ces tresses enroulées sur elles-mêmes comme une corne d'Ammon, ou comme une volute de chapiteau ionien! Un sculpteur athénien, un peintre de la Renaissance, les disposeraient-ils avec plus de grâce, d'ingéniosité et de style? Nous ne le croyons pas. Nous n'avons parlé jusqu'ici que de l'arrangement même des cheveux, que serait-ce si nous arrivions aux coiffures proprement dites ; nous défions l'art d'inventer mieux. Tantôt ce sont des fleurs où tremblent des gouttes de rosée, ouvrant leurs pétales parmi des feuillages glauques, roux ou verts ; tantôt de - 51 -
souples brindilles qui descendent négligemment sur les épaules ; ou bien des sequins, des résilles de perles, des étoiles en diamant, des épingles à boules de filigrane ou constellées de turquoises, des bandelettes d'or nattées avec les cheveux, des plumes légères comme des vapeurs colorées, comme des arcs-en-ciel, des noeuds de rubans chiffonnés et feuillus comme des coeurs de rose, des lacis de velours, des gazillons lamés d'or et d'argent dont chaque cassure papillote aux lumières, des échevaux de corail rose, des grappes d'améthyste, des groseilles de rubis, des papillons de pierres précieuses, des bulles de verre au reflet métallique, des élytres de buprestes, tout ce que la fantais ie peut rever de plus frais, de plus coquet, de plus brillant, et tout cela sans surcharge, sans excès, sans entassement grotesque, sans luxe ridicule, bien en harmonie avec l'air du visage et les proportions de la tête ; la Vénus de Milo, si elle retrouvait ses bras et si une femme du monde voulait lui prêter un corsage, pourrait aller en soirée coiffée comme elle est. Quel éloge pour la mode de notre temps! Mais la crinoline, allez-vous dire ; les jupes cerclées, les robes à ressorts qu'on fait raccommoder comme des montres par l'horloger lorsqu'elles se détraquent, n'est-ce pas hideux, sauvage, abominable, contraire а l'art? Nous ne sommes pas de cet avis : les femmes ont raison qui maintiennent la crinoline malgré les plaisanteries, les caricatures, les vaudevilles et les avanies de toute sorte. Elles font bien de préférer ces jupes amples, étoffées, puissantes, largement étalées à l'oeil. De cette abondance de plis, qui vont s'évasant comme la fustanelle d'un derviche tourneur, la taille sort élégante et mince ; le haut du corps se détache avantageusement, toute la personne pyramide d'une manière gracieuse. Cette masse de riches étoffes fait comme un piédestal au buste et à la tête, seules parties importantes, maintenant que la nudité n'est plus admise. - Si l'on nous permettait un rapprochement mythologique dans une question si moderne, nous dirions qu'une femme en toilette de bal se conforme à l'ancienne étiquette olympienne. Les dieux supérieurs, en représentation, avaient le torse nu ; des draperies а plis nombreux les enveloppaient des hanches aux pieds. C'est pour cela qu'on doit, quand on s'habille, se découvrir la poitrine, les épaules et les bras. La même mode se trouve à Java, on l'on ne peut se présenter à la cour que nu jusqu'а la ceinture. Erudition et plaisanterie à part, une jeune femme décolletée, les bras découverts, coiffée comme nous l'avons dit et traînant après elle des flots de moire antique, de satin ou de taffetas, avec ses doubles jupes ou ses volants multiples, nous semble aussi belle et aussi bien costumée que possible, et nous ne voyons pas trop ce que l'art aurait à lui reprocher. Par malheur, il n'y a pas de peintres contemporains ; ceux qui paraissent vivre de notre temps appartiennent а des époques disparues. L'antiquité mal comprise les empêche de sentir le présent. Ils ont une forme de beau préconçue et l'idéal moderne est lettre close pour eux. Une objection plus sérieuse serait celle de l'incompatibilité de la crinoline avec l'architecture et l'ameublement modernes. Lorsque les femmes portaient des paniers, les salons étaient vastes, les portes s'ouvraient à deux larges battants, les fauteuils écartaient leurs bras, les carosses admettaient aisément cette envergure de - 52 -
jupes ; les loges de théâtre ne ressemblaient pas à des tiroirs de commode. Eh bien! l'on fera des salons plus grands, on changera la forme des meubles et des voitures, on démolira les théâtres! La belle affaire! car les femmes ne renonceront pas plus а la crinoline, quа la poudre de riz, - autre thème de déclamation banale que ne devrait varier aucun artiste.
Avec le rare sentiment d'harmonie qui les caractérise, les femmes ont compris qu'il y avait une sorte de dissonance entre la grande toilette et la figure naturelle. De même que les peintres habiles établissent l'accord des chairs et des draperies par des glacis légers, les femmes blanchissent leur peau, qui paraîtrait bise а côté des moires, des dentelles, des satins, et lui donnent une unité de ton préférable à ces martelages de blanc, de jaune et de rose qu'offrent les teints les plus purs. Au moyen de cette fine poussière, elles font prendre а leur épiderme un mica de marbre, et ôtent à leur teint cette santé rougeaude qui est une grossièreté dans notre civilisation, car elle suppose la prédominance des appétits physiques sur les instincts intellectuels. Peut-être même un vague frisson de pudeur engage-t-il les femmes а poser sur leur col, leurs épaules, leur sein et leurs bras ce léger voile de poussière blanche qui atténue la nudité en lui retirant les chaudes et provocantes couleurs de la vie. La forme se rapproche ainsi de la statuaire ; elle se spiritualise et se purifie. Parlerons-nous du noir des yeux, tant blêmé aussi : ces traits marqués allongent les paupières, dessinent l'arc des sourcils, augmentent l'éclat des yeux, et sont comme les coups de force que les maîtres donnent aux chefs-d'oeuvre qu'ils finissent. La mode a raison sur tous les points. Qu'un grand peintre comme Véronèse peigne l'escalier de l'Opéra ou le vestibule des Italiens, quand les duchesses du monde ou du demi-monde attendent - 53 -
leurs voitures, drapées de burnous blancs, de cabans rayés, de camails d'hermine, de sorties de bal capitonnées et bordées de cygne, d'étoffes merveilleuses de tous les pays ; la tête étoilée de fleurs et de diamants, le bout du gant posé sur la manche du cavalier, dans toute l'insolence de leur beauté, de leur jeunesse et de leur luxe, et vous verrez si, devant son tableau, on parlera de la pauvreté de notre costume!
Texte 3
Christian Dior Né au sein d'une famille nantie2 à Granville, Christian Dior passe toute son enfance, en Normandie, auprès de ses parents. Soucieux de l'avenir de leur fils, ils l'encouragent à poursuivre ses études en sciences politiques, mais Christian déc ide de les abandonner pour se consacrer au dessin. Ses aspirations artistiques l'amènent à ouvrir en 1928, sa propre galerie de peinture où il expose des œuvres de très grands artistes tels que Picasso, Salvador Dali, Jean Cocteau, etc.. Cette relative période d'oisiveté3 prend fin avec la faillite4 de son père ruiné par la crise boursière de 1929 et Christian doit fermer sa galerie. Il apprend les techniques du dessin de mode et vit en vendant ses croquis 5 à quelques grands couturiers. Il est ensuite embauché comme illustrateur par le « Figaro Illustré ». Grâce à ses ta lents de styliste il se fait finalement engager comme modéliste6 chez Robert Piguet en 1938. Après avoir servi au cours de la seconde guerre mondiale dans le Sud de la France, il retourne à Paris et travaille pendant quelque temps chez Lucien Lelong. En 1946, séduit par son talent et sa détermination7 , un industriel du textile, Marcel Boussac lui propose de créer sa propre maison de couture. En février 1947, Christian Dior présente sa première collection. « Nous sortions d'une époque de guerre, d'uniformes, de femmes soldats aux carrures de boxers, je dessinais des femmes fleurs, épaules douces, bustes épanouis, tailles fines comme lianes et jupes en corolles. » Le style qui sera désormais mondialement connu comme le New Look contraste fortement avec la tradition. C'est une véritable révolution dans la mode. En imposant une nouvelle silhouette, le jeune couturier se fait immédiatement connaître et contribue par ailleurs à relancer Paris comme la capitale mondiale de cet art mineur8 . Avec Christian Dior, Paris redevient la ville où naissaient les plus belles robes. La féminité9 incarnée, voici le principal objectif de Dior. Le créateur est d'ailleurs le premier à avoir l' idée d' importer cette mode, celle du bon goût et de l'élégance propre à la France et aux Françaises. Rapidement, son emblème, tes deux lettres « CD », contenu dans un médaillon style Louis XVI, dépasse les frontières de la France. A la mort de son fondateur, en 1957, la maison Christian - 54 -
Dior est reprise en main par un jeune homme engagé 4 ans auparavant comme premier assistant : Yves Saint Laurent. Celui-ci suivra les traces de son illustre prédécesseur en conservant la même ligne de création. En 1960, Saint Laurent est remplacé par Marc Bohan qui régnera sur la maison pendant trois décennies. En 1989, lui succédera l'Italien Gianfranco Ferré. A la fin du contrat de Ferré, la maison cherche un successeur capable de relancer13 la marque, de la moderniser sans pour autant la dénaturer14 . On ne voit alors qu'un seul homme capable d'accomplir ce qu'on attend : l'excentrique John Galliano. Depuis son arrivée chez Dior en tant que créateur en 1995, Galliano révolutionne15 la maison en remplaçant son image classique par un esprit moderne et novateur. Grâce à ses créations mais aussi à ses campagnes de publicité aussi charnelles 16 que brûlantes 17 , Galliano réussit le pari18 de réveiller Dior en donnant à la marque un côté plus jeune et plus sexy. Sous sa direction, Christian Dior réussit à renforcer les fils ténus 22 qui relient les différentes activités Femme. Parallèlement à celles-ci, Dior souhaite mettre l'accent sur le développement de son département masculin. Récemment nommé au poste de directeur artistique de la ligne Homme, on attend d'Hedi Slimane une action similaire23 . Après avoir habillé la femme et le mari, la marque voit dans la progéniture24 de leur clientèle les « victimes » idéales. Désormais la famille entière sera griffée Dior : la gamme Enfant a été créée en 1967. En complément de ces lignes de vêtements, Christian Dior produit également de nombreux accessoires : lunettes, maroquinerie25 , chaussures etc. Celles-ci sont pensées pour être en accord avec les lignes principales et constituent les outils idéaux pour toucher une clientèle moins aisée et plus occasionnelle. Monsieur Dior est mort d'une crise cardiaque en 1957, il avait seulement 52 ans. Sa gloire internationale n'a duré qu'une décennie mais celle-ci l'a fait entrer dans la légende de la haute couture Christian Dior s'est également diversifié dans les parfums et cosmétiques à travers la société Christian Dior Parfums créée en 1947. Ses laboratoires sont réputés pour les innovations techniques de son département Recherche et Développement où sont nés les parfums que tout le monde connaît : Miss Dior, Fahrenheit, Dune, Dolce Vita, J'Adore, Remember Me, Forever And Ever et bien sûr le très célèbre Poison. Aujourd'hui Madonna et Nicole Kid-man s'habillent en Dior, tout comme Céline Dion, Gwyneth Paltrow et des stars du R'n'B telles que Lauryn Hill, ou du rock comme Gwen Stefani, la chanteuse de No Doubt qui s'est même mariée en Galliano-pour-Dior en 2003 Monsieur Dior est mort d'une crise cardiaque en 1957, il avait seulement 52 ans. Sa gloire internationale n'a duré qu'une décennie mais celle-ci l'a fait entrer dans la légende de la haute couture. Apres la Seconde guerre mondiale, le jeune modéliste français Christian Dior a fondé à Paris sa maison de couture. Le style qu'il a créé pour les robes de sa première collection était tellement novateur et élégant que tout de suite le couturier est devenu célèbre. Après sa mort en 1957, son entreprise qui porte toujours son nom, a continué à développer l'image de (a France comme la capitale mondiale de la mode. Aujourd'hui, la marque Christian Dior, ce n'est pas seulement des - 55 -
collections haute-couture pour femmes, mais aussi des collections prêt-à-porter (pour femmes, hommes et enfants), des accessoires et des parfums.
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DOSSIER 5 LA CUISINE FRANÇAISE TEXTE 1
L’histoire de la gastronomie La gastronomie date, en France, du siècle de Louis XIV. On note à maintes occasions dans l'Histoire le rôle de la gastronomie dans la politique et la diplomatie... Bien des affaires, des traités, des conflits, se sont réglés lors d'un banquet а Paris; haut lieu du pouvoir politique, Paris est devenu tout naturellement une ville d'intérêt gastronomique. Les premiers restaurants se sont ouverts à la fin du XVIIIe siècle. La cuis ine française a joui, très tot, d'une grande réputation dans de nombreux pays. Elle accompagnait la circulation des idées: on vantait sa légèreté, sa finesse, laissant entendre, en quelque sorte, qu'elle s'accordait bien avec l'intelligence et l'esprit. Certains n'ont pas hésité а dire qu'il n'y avait qu'en France que l'on savait manger. Partout ailleurs dans le monde, on ne faisait que s’alimenter! Sous le règne de Louis XIV, à la Cour et dans la haute noblesse, il y avait parfois jusqu'а quarante-huit plats dans un souper, mais on ne mangeait pas tout! Le repas était divisé en trois, quatre ou cinq services, le plus souvent quatre: les hors-d'oeuvre, les entrées, les rotis, les entremets. On apportait un ensemble de plats (parmi lesquels on choisissait ce qu'on voulait), puis on desservait et on apportait une nouvelle série de mets. C'est au milieu du XVIIIe siècle qu'on se mit а présenter aux invités les premiers «menus» sous la forme de cadrans divisés en quartiers symbolisant les différents services. Au XIXe siècle, le menu permettait aux convives de savoir si on allait leur servir un repas «à la française» (avec plusieurs services) ou bien un repas dit «à la russe », qui se répandait de plus en plus, et où il n'y avait qu'un seul service. Peu à peu, le menu s'imposa dans les banquets. On prit aussi l'habitude de le proposer dans tous les restaurants, même modestes, pour indiquer la totalité des
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plats et boissons proposés, avec les prix. Née en France, la vogue du menu gagna les pays limitrophes, puis le monde entier. N. Mauchamp, Les Français. Mentalités et comportements
Texte 2
Déjeuner, diner, souper aujourd’hui Autrefois, on déjeunait le matin, on dînait à midi (le repas le plus important de la journée), on goûtait l'après-midi et on soupait le soir. Dans certaines régions de province, à la campagne, on continue parfois à utiliser ces termes. L'aristocratie oisive de l'Anc ien Régime prit l'habitude de faire glisser le déjeuner du matin en milieu de journée et de se faire servir le dîner en fin de journée. Au XIXe s iècle, ce rythme fut adopté par la bourgeois ie, puis devint le modèle standard dans tous les milieux, les pensionnats, les hopitaux, etc. Au moment de l'industrialisation, les ouvriers luttèrent pour que soient respectées des heures de repas fixes. La journée de tous les Français est rythmée par ces trois moments: le petit déjeuner (au lever), le déjeuner, le dîner. Le «souper» ne se prend plus que de façon très exceptionnelle, tard après le spectacle.
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Le fromage, emblème d’une nation ?
«Pour un peu, le fromage serait aux Français ce que sont les pâtes aux Italiens, un véritable marqueur de notre identité culturelle. Est-ce en raison de cela qu'on a prêté à différentes personnalités historiques - dont Churchill et de Gaulle - cette fameuse phrase «Un peuple qui a produit 180 variétés de fromages ne peut pas être sur son déclin?» Un mets pour tous les palais - 58 -
Le roquefort est parmi les fromages celui qui illustra le mieux et à plusieurs reprises l'histoire du pays. Ce fut l'un des premiers à retenir l'attention de l'un des monarques. On raconte que Charlemagne, s'arrêtant chez l'évêque d'AIbi, se fit offrir entre autres mets du roquefort. Prenant le bleu pour de la pourriture, il l'écarta : l'évêque lui apprit alors respectueusement qu'il en gachait le meilleur. Charlemagne l'apprécia tant qu'il en commanda deux caisses par an. Pour Brillat-Savarin «Un dîner sans fromage est un homme sans moustaches» ou encore «Un dessert sans fromage est une belle à qui il manque un oeil». Balzac, dans «La Comédie humaine», «Le Colonel Chabert» et «Les Illus ions perdues», fait l'éloge des fromages de chèvre de la Touraine et du Berry ainsi que celui de Brie. Le fromage est aussi à l'honneur chez des auteurs aussi divers que Georges Duhamel, Colette, Jean Giono, Benjamin Péret, Henri Pourrat, Marcel Proust, Jean-Jacques Rousseau, François Villon, Emile Zola... sans oublier La Fontaine avec «Le Corbeau et le Renard» ou «Le Rat qui s'est retiré du monde». Pour sa part, Molière vante les vertus thérapeutiques du fromage, dans «Le Médecin malgré lui», Sganarelle offre un morceau de fromage à la femme de Thibaut, qui est en train de mourir; dans «Le Malade imaginaire», Foinette, déguisée en docteur, recommande un régime dans lequel on trouve «du bon gros boeuf, du bon gros porc, du bon fromage de Hollande». Jusqu'au soir de sa mort, où Molière réclama un morceau de parmesan. C'est aussi dans l'histoire du camembert que l'on trouve une utilisation médicale du fromage. Le camembert, dont la naissance légendaire coïncide presque avec celle de la République, est а la fois un symbole notamment celui du Français vu par l'étranger et un mythe national». N.Mauchamp, Les Français. Mentalités et comportements
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LES BONNES MANIERES A TABLE
C'est peut-être à table que les règles de la bonne éducation se sont les plus maintenues. Bien se tenir à table suppose de ne pas mettre ses mains sur les genoux ni ses coudes sur la table, de ne pas faire de bruit en mangeant ni en buvant, de ne jamais porter son couteau à la bouche. Quand la maitresse de maison annonce: «Nous pourrions passer à table», c'est le s ignal qui indique que le dîner est prêt. Les invités se lèvent et la suivent, puis attendent qu'elle leur dés igne leur place. Ils ne s'assoient que lorsque leur hôtesse s'est assise. Que ce soit un dîner très formel ou beaucoup plus simple entre amis, les règles de politesse à table sont les mêmes. Attendez que la maîtresse de maison soit assise. Messieurs, tirez légèrement la chaise de votre voisine de gauche pour lui permettre de s'asseoir avant vous. Placez votre serviette sur vos genoux et posez vos deux mains, ou plus exactement vos poignets au bord de la table, de chaque coté des couverts. On prend bien sûr la fourchette dans la main gauche pour piquer les aliments et le couteau dans la main droite, mais si l'on n'a pas besoin d'un couteau, la fourchette passe dans la main droite (sauf si on est gaucher!). On s'essuie la bouche avec la serviette quand on a bu. Pendant le repas, quand les plats circulent, les hommes doivent les présenter d'abord aux femmes pour qu'elles se servent avant eux. Evidemment, on ne commence pas à manger avant que tout le monde soit servi et que la maîtresse de maison ait elle-même commencé. Si on doit faire passer un plat ou un objet devant une autre personne, on s'excuse en disant «pardon!». - 60 -
Il est impoli de refuser de goûter un plat. Meme si on n'aime pas ce mets, il faut absolument en prendre un peu dans son assiette et y goûter pour ne pas insulter la maîtresse de maison... а moins qu'on ait une contre-indication médicale (allergie ou régime). Dans ce cas, on doit s'excuser auprès de la maîtresse de maison en lui expliquant la raison de votre refus. La maîtresse de maison vous demande de vous resservir d'un autre plat: «Vous reprendrez bien un peu de salade?» «Resservez-vous, je vous en prie...» Si vous acceptez, vous pouvez répondre: «Volontiers / Avec plais ir / Je veux bien...» en ajoutant un compliment sur le plat : «C'est excellent / C'est délicieux / C'est vraiment très bon...» Si vous refusez : «Non, merci... (+ compliment)... mais je n'ai vraiment plus faim». «Merci, mais j'ai déjа bien mangé.» «J'en ai déjа repris, c'est délicieux, merci non.» Si la question est négative : « Vous n'en voulez plus ? » et que vous désirez vous resservir, dites : «Si, j'en prendrais bien un petit peu avec plaisir.» (et non pas « oui »). «Je vais en prendre un peu, mais c'est vraiment par gourmandise!» Dans le cas contraire: «Non, merci, c'est vraiment très bon, mais je me suis déjа bien servi(e)» ou simplement «Merci!» qui, dans ce cas, a un sens négatif, accompagné évantuellement d'un léger signe de tête de gauche à droite. Pas question de quitter la table au cours du repas. Si on veut aller satis faire un besoin naturel, on doit attendre la fin du repas, quand on passe au salon par exemple. On peut demander alors discrètement а la maîtresse de maison: «Où sont les toilettes?» Et non pas «Où est la salle de bains?» Car en France les deux lieux sont généralement séparés et votre question paraîtrait bizzare! - 61 -
А la fin du repas, la maîtresse de maison peut proposer de « passer au salon », pour boire le café ou offrir un « digestif» (appelé aussi familièrement un « passecafé »). On vous propose alors des alcools forts tels que de l'armagnac, du cognac, des eaux de vie, mais aussi des infusions pour ceux qui ne prennent pas d'alcool. C'est l'occasion de prolonger la soirée et la conversation.
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Beaucoup de plats russes portent des noms français. Surprise: dans notre assiette, il s’agit de tout autre chose Quel Français voyageant autrefois en URSS n'a revé d'une simple salade verte? Pourtant il y avait bien de la salade au menu, tous les jours, et de Moscou а Vladivostok. Hélas! Le Français avait du mal à admettre qu'un hachis de choux et de carottes à la mayonnaise ou à la crème fraîche soit de la salade... Il n'était pas au bout de ses peines : sous le nom de compote, on lui servait des fruits au sirop; s'il commandait une côtelette, il recevait une boulette. La crème brulée se présente en glace dans la, version russe et le Champagne est en fait un mousseux demi-sec. Cette foison de mots trompeurs s'explique par l'histoire de nos deux pays. Les vins français étaient connus en Russie dès la fin du XVe siècle et quand, après sa visite en 1717 au Régent et au jeune Louis XV, Pierre le Grand ramena avec lui un cuisinier français, ce furent non seulement les recettes, mais aussi les manières de table et l'art de recevoir des Français qui arrivèrent en Russie. L'habitude de faire venir des cuisiniers de France s'est généralisée au XIXe siècle quand l'aristocratie raffolait de la cuis ine française — à sa manière. Pour faire joli, on donnait des noms français à des plats qui avaient peu à voir avec l'original.
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Recettes Si un Français commande une salade Vinaigrette, il n'aura pas de laitue avec de l’huile, du vinaigre, du poivre et du sel. Quant au Russe qui désire une salade Russe en France, il sera bien étonné aussi. La salade Vinaigrette Pour 8 personnes : • 1 kg а 1,5 kg de viande cuite (restes de boeuf, veau, gibier) • 8 grosses pommes de terre • 1 gros navet • 5 petites betteraves • 3 oignons • 5 mini-concombres pelés et épépinés • 250 g de champignons marines • 3 c. а soupe d'huile d'olive • 3 c. а soupe de vinaigre fort • 3 c. а soupe d'eau • 1 c. а soupe de moutarde • 1 c. а soupe 1/4 de sucre • 2 c. а soupe de fines herbes ciselées (aneth, ciboulette, estragon ou cerfeuil) • sel, cardamome Cuire pommes de terre, navet, betteraves. Les couper avec les autres ingrédients en petits dés de taille égale. A part, mélanger huile et moutarde, saler, ajouter le sucre dilué dans le vinaigre, l'eau. Verser la sauce et parsemer avec les herbes et la cardamome.
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CUISINE SAINE ET GOURMANDE POUR UN REVEILLON JOYEUX Pour les fêtes de fin d'année, nous vous proposons des menus gourmands а la française, qui apporteront un peu de chaleur dans votre maison. Vive alors les longues soirées d'hiver où l'on aime partager des moments privilégiés entre amis, pour déguster des plats savoureux et chics... Menu de fête pour les enfants... 1 canelé bordelais Lait chocolaté Salade de fruits frais au jus d'orange Facultatif : pain brioche grillé, beurre, miel ou confiture Meme si c'est la première fois qu'ils les goûtent, les enfants adorent les canelés bordelais, moelleux et bien sucrés, un peu brunis sur leur pourtour, et aussi agréables que faciles à déguster. Un goûter d'enfants sera une bonne opportunité pour leur faire découvrir cette recette traditionnelle du Sud-Ouest de la France. Mettez les canelés à l'honneur dans le menu. Proposez-les en même temps que du lait chocolaté, chaud ou froid, selon les préférences ou la saison. Une boisson qui s'impose pour les petits convives, dont les besoins en calcium et protéines (élément de construction) sont très élevés. Continuez avec une salade de fruits qui assure un apport satisfaisant en vitamines et en fibres. N'oubliez pas d'y introduire du kiwi (c'est une mine de vitamine C!), et arrosez la salade de jus d'orange frais, pour renforcer son apport vitaminque. Pour ceux qui ont encore faim, prévoyez du pain brioché grillé (l'odeur, à elle seule, fait saliver!), accompagné, au choix, de beurre, de miel ou de confiture. А
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cet âge, il est important de satisfaire leur faim avec des apports caloriques variés, de bonne qualité. ... et pour les femmes actives 1 madeleine Fromage blanc + 1/2 pamplemousse rose en tronçon Thé а la menthe Quand on mène une vie active et trépidante il est nécessaire de savoir faire une pause dans la journée pour pouvoir repartir avec un tonus renouvelé. Pour autant, on n'a pas envie de calories superflues. Une collation, oui, mais sans risque de prendre du poids! On a prévu un menu-collation à la fois raisonnable et gourmand. Avec comme source essentielle de calories une madeleine, capable de redonner rapidement de l'énergie... tout en procurant un plais ir savoureux ! Elle accompagne une coupelle de fromage blanc au pamplemousse. Optez pour un fromage allégé а 10 ou 15 % M.G. (matière grasse), aussi riche en protéines, en calcium et en vitamine B qu'un fromage frais plus gras, mais nettement moins calorique. Le demi-pamplemousse apporte sa vitamine C naturelle (37 mg au 100 g), et sa saveur stimulante est bienvenue quand on se sent un peu fatigué. N'oubliez pas la boisson, d'autant plus nécessaire en cette saison, quand le chauffage réduit encore l'humidité dans l'air ambiant. Choisissez un thé à la menthe, une boisson à la fois tonique et rafraîchissante, mais pas trop excitante (le thé renferme environ deux fois moins de caféine que le café)
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La galette des rois Très bientot, le 6 janvier, le Jour de l'Epiphanie, croyants ou non partageront en famille ou entre amis la galette des Rois. Elle est faite avec de la pate feuilletée et - 65 -
fourrée а la frangipane. А l' intérieur se cache une fève. Celui qui tombe sur la fève est désigné roi ou reine de la table et est couronné. Il ou elle se choisit une reine ou un roi. Ce couple est privilégie le temps d'un jour. Cette coutume est typique des festivités de fin d'année où se produisait un désordre rituel du pouvoir pour dynamiser la société. Autrefois la fève était un simple haricot, depuis elle a pris les formes les plus variées, de nos jours elle est souvent remplacée par un santon de Province peint à la main et émaillé au four, ou même un héros de bandes dessinées. Elle est tantôt en porcelaine, tantôt en plastique. Former une fontaine avec la farine, mettre au milieu le sel, le beurre, l'eau. Pétrir le tout ensemble, sans trop insister, meme si le mélange du beurre n'est pas complet. Rouler la pâte ainsi obtenue en boule et la laisser reposer au frais pendant deux heures. Après quoi lui donner quatre tours: aplatir la pâte et la replier en trois sur elle-même, comme pour la pâte feuilletée. Après le deuxième tour, laisser reposer la pâte une vingtaine de minutes. Continuer les deux autres tours. Puis allonger la pâte au rouleau pour faire une galette ronde de 1,5 cm d'épaisseur, glisser la fève. Dorer la galette а l'oeuf battu, orner le dessus d'un quadrillage et piquer le fond en plusieurs endroits afin que la pâte monte uniformément en cuisant. Mettre alors аu four chaud pendant 20 à 25 minutes environ. Quelques minutes avant la fin de la cuisson, saupoudrer de sucre glacé qui, en se caramélisant, donnera un beau brillant doré. 200 g de farine 125 g de beurre 1 dl d'eau 1 bonne pincée de sel
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La salade russe est une invention française Et voilа comment les Français, qui avaient introduit la salade composée en Russie, au siècle dernier, ont de quoi être dépaysés devant les créations locales. Par exemple, un filet de hareng habillé de couches successives, collées entre elles par la mayonnaise, d'oignons, de pommes de terre, de betteraves et de carottes rapées et cuites — c'est une salade intitulée Le Hareng en manteau de fourrure. II n'y a pas une salade russe, comme le suggère la recette française de ce nom, mais de quoi remplir une carte infiniment variée. Autrefois plus encore, quand le mot salade désignait la garniture du plat princ ipal - depuis les concombres et champignons en marinade jusqu'aux compotes de melon. Dans ce pays changeant à toute allure certaines traditions subsistent: aujourd'hui comme hier, tout repas de fête commence par une quantité impressionnante de salades.
D'où
l'expression
aller-manger-des-salades-chez-quelqu'un
(salatiki
kouchat' y kogo-libo) qui signifie fêter un mariage. Goûtez-en-une, vous ne serez pas déçu!
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Une culture culinaire Apprécier la bonne nourriture, être gourmet, font partie de la bonne éducation et des qualités qu'une personne doit avoir. A l'inverse, quelqu'un qui n'est ni gourmand ni connaisseur, qui ne manifeste aucun intérêt pour la table, présente la très mauvaise image d'un personnage grossier, peu sociable. Un des grands plais irs qu'il est important de savoir partager est de manger et de parler de ce qu'on mange. La gastronomie fait partie du patrimoine culturel. Une véritable culture culinaire s'est développée, avec d'innombrables livres de recettes, - 67 -
des revues spécialisées, des rubriques gastronomiques, des guides de bons restaurants. Ce qu'on appelle «la grande cuisine», ce sont les mets raffinés que l'on mange essentiellement dans les très grands restaurants. Mais les cuisiniers amateurs — aussi bien les hommes que les femmes — connaissent un certain nombre de bonnes recettes, transmises par des parents ou des amis qu'ils préparent lorsqu'ils ont des invités. Ce qu'on qualifie de «cuisine bourgeoise», c'est la cuisine classique: le pot-au-feu, le canard aux navets, le gigot d'agneau aux flageolets, le coq au vin, la soupe au pistou. Des recettes traditionnelles mais toujours assurées d'obtenir un succès. Dans les années 70, est apparue pendant un temps la mode de «la nouvelle cuisine», qui bouleversait les règles de la cuisine traditionnelle. C'est l'utilisation de produits sains et naturels, les légumes à peine cuits, la diminution des graisses et des calories, la cuisine à l'huile (plutôt que la cuisine au beurre), ou mieux encore la cuisson à la vapeur. La nouvelle cuisine inventa des plats aux noms а faire rêver: «la caille rotie sur son lit de petits légumes», «le gigotin de lapereau sur canapé de thym». Mais les restaurants nouvelle cuis ine présentent des assiettes souvent bien peu remplies... et des additions «salées»! La guerre qui s'est menée pendant quelques années entre les partisans de la nouvelle cuisine et ceux de la cuis ine bourgeoise à été gagnée par ces derniers. Comme certains puristes s'indignent que beaucoup d'enfants ne soient plus élevés dans l'amour de la gastronomie, on organise depuis quelques années dans les écoles primaires des cours d'éveil au goût, qui doivent les sensibiliser au gout des choses de la table et du terroir, et leur apprendre à aimer ce qui est bon. Vive «les gastronomes en culottes courtes»!
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Les repas en France On mange bien en France. Les Français font trés attention aux repas. Au petit déjeuner, on mange en général des tartines, c'est-а-dire du pain beurré, avec éventuellement de la confiture ou du miel. On prend une boisson chaude (café, lait, thé) que l'on boit dans un grand bol ou dans une tasse. Certains prennent des céréales et boivent du jus de fruit. Le déjeuner comporte en général une entrée, un plat de viande ou de poisson accompagné de légumes et un fromage ou un dessert. Avant le repas, on peut prendre un apéritif (du Martini, du jus de fruit, par exemple). Comme entrée, on peut manger, par exemple, de la salade ou une quiche. Comme plat, on peut prendre, par exemple, une escalope de dinde avec des frites. Ensuite, on mange du fromage ou un dessert (ou les deux). Les fromages différents sont servis sur un plateau et se mangent avec du pain (de la baguette). Un yaourt, un fruit constituent des desserts courants а la maison. Si on déjeune au restaurant, on peut commander une tarte, une mousse au chocolat, un sorbet. Pour finir le repas, on boit une tasse de café. Aux repas, les Français boivent du vin rouge ou de l'eau. Le gouter, c'est un petit repas pour les enfants qui sortent de l'école et qui ressemble beaucoup au petit déjeuner. Souvent, les mamans achétent un pain au chocolat, un croissant ou une brioche а la patisserie du coin. Le dоner a en général la meme structure que le déjeuner. Les Français sont gourmands et ils vont souvent au restaurant. Ils préférent les menus à prix fixe. C'est plus cher de commander les memes plats а la carte. Au restaurant, on est servi par le serveur. Il apporte une carte et quand on a chois i, il apporte les plats. Il existe des restaurants gastronomiques qui font découvrir la bonne cuisine française. Dans ces restaurants, on sert des plats recherchés : par exemple, des huоtres aux poireaux, des cuisses de grenouille, du foie gras. Mais les menus sont trés chers.
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Dossier 6 L’étiquette et savoir vivre Texte 1
Les bonnes manières Les Français, comme tous les peuples, partagent un certain nombre de codes et de conventions qui règlent les comportements de chacun dans la vie en société. Ces codes forment ce qu’on appelle la politesse, le savoir vivre, les bonnes manières, ou encore l’étiquette. Ces codes de comportement facilitent les relations entre individus, ils contribuent à créer une harmonie sociale. Ils définissent également ce qui est attendu, permis ou interdit dans certaines situations, dictent les obligations de chacun envers la hiérarchie sociale, entre hommes et femmes (la galanterie). Souvent, ils permettent aussi de “situer” un individu par rapport à la norme : l’ignorance ou la connaissance de certains protocoles révèlent en effet un manque dans l’éducation, ou au contraire, des qualités. Il faut respecter l’heure, la ponctualité est un acte essentiel du savoir-vivre. Si quelqu’un vous donne rendez-vous dans la rue ou dans un lieu public à une heure précise, on doit arriver à l’heure, le maximum qui peut être toléré est cinq minutes de retard. S’il s’agit d’un rendez-vous d’affaires, professionnel, chez le médecin, le dentiste, il est recommandé d’arriver cinq ou dix minutes plus tôt. Les Français ont la réputation d’être souvent en retard; vrai ou faux, un retard est toujours considéré comme impoli. En France, on s’abstient de téléphoner après 22 heures, sauf à des amis intimes. Cracher dans la rue est absolument interdit. Roter en public est très impoli. Bailler sans mettre sa main devant la bouche, se moucher ou éternuer bruyamment sont également des comportements très mal considérés. Dans la rue, il y a des passages spéciaux (devant les feux rouges ou non) que les piétons utilisent pour traverser. Ne pas utiliser les passages piétons, qu’on appelle aussi les « clous », est mal considéré, même si en France ce code de bonne conduite est loin d’être toujours respecté. - 70 -
Dans les transports publics (bus, train, métro), il est d’usage d’offrir son siège à une personne âgée, à une femme enceinte, à une personne avec un enfant. Dans un ascenseur, dans les transports en commun, dans la rue, on ne fixe pas les gens du regard. Dévisager une personne est considéré comme très impoli. Parler bruyamment à une personne qui nous accompagne ou au téléphone est également mal considéré. A la fin d’un repas, il est normal en France de partager l’addition de manière égale entre tous les convives, sauf si l'un d'entre eux insiste pour tout payer. En revanche, il est toujours d’usage dans un dîner à deux qu’un homme invite la femme qui l’accompagne, même si cet usage est moins courant parmi les jeunes gens. Dans une file d’attente, il faut faire la queue comme tout le monde et attendre patiemment son tour. Il est extrêmement impoli de dépasser quelqu’un ou de venir s’adresser directement au guichet pour traiter ses affaires. Ceux qui se permettent ce comportement seront sanctionnés du regard, ou verbalement sermonnés.. On doit dire merci lorsqu’on reçoit quelque chose, lorsqu’on nous rend un service. Si l’on reçoit un cadeau, il n’est pas impoli de l’ouvrir immédiatement. On peut cependant le faire après une petite phrase conventionnelle : « Est-ce que je peux l’ouvrir tout de suite ? ». Même si le cadeau n’est pas de votre goût, ou n’est pas ce que vous attendiez, on ne montre pas sa déception. Lorsqu’on entre dans une pièce où il y a des gens, il est d’usage de dire bonjour en arrivant, mais il n’est pas obligatoire de serrer toutes les mains. Les Français sont plutôt formels dans la rencontre, ils associent en général un geste – serrer la main – avec la parole. S’il s’agit d’une première rencontre, on pourra dire : “Enchanté”, “Ravi de vous rencontrer”, ou tout simplement annoncer son nom : “Bonjour, Marcel Duchamp”. Si l’on est présenté à quelqu’un, il est préférable d’attendre que cette personne vous tende la main pour la saluer. La poignée de main (i.e., l’acte de serrer la main à quelqu’un) est bien plus habituelle en France que dans les pays anglo-saxons par exemple. En arrivant au bureau le matin, il est fréquent que les Français lancent un “Bonjour, ça va?” ou un “Salut Philippe!” en se serrant la main, même s’ils se sont vus la veille. Le soir, en se quittant, il n’est pas rare qu’on se serre la main une nouvelle fois. Serrer la main est ainsi un rituel d’ouverture et de fermeture de la rencontre, l’acte de se saluer et de se quitter est fortement marqué par ce geste. Une rencontre de moins de cinq minutes – dans la rue par exemple – peut être introduite par une poignée de main et terminée par une autre. - 71 -
Les salutations entre hommes et femmes sont augmentées d’un geste supplémentaire : faire la bise. Il n’est pas anormal de serrer la main à une femme, mais un homme embrassera plutôt sur chaque joue une femme qu’il connaît : parent, collègue ou amie. Assez souvent, lorsque la relation n’est pas encore très développée, un homme prendra la main d’une femme pour la saluer mais se penchera en même temps vers elle pour l’embrasser, signifiant ainsi que la relation est plus proche, plus amicale. Tout comme la poignée de main, faire la bise marque fortement le temps de la rencontre, et là aussi, il n’est pas inhabituel qu’une brève conversation dans la rue soit introduite par des bises et finie par d’autres bises en se quittant, même après quelques minutes. Ce rituel de la bise provoque quelquefois des hésitations, ou même des embarrassements : bien qu’embrasser une fois sur chaque joue semble être la norme, certaines personnes prolongent jusqu’à trois, ou quatre bises, embrassant ainsi dans le vide si l’autre personne s’est déjà retirée. Si c’est le cas, on rit puis recommence, en précisant quelque chose comme “Moi, j’en fais quatre !” Les femmes se font plus souvent la bise entre elles que les hommes le font entre eux, sauf s’il s’agit d’un proche parent (père, frère, cousin etc.) Lorsque les hommes s’embrassent, on parle plutôt d’une “accolade”, qui consiste à mettre ses bras autour du cou, tout en donnant quelques tapes dans le dos. Dans le cas où deux personnes se rencontrent d’une certaine distance (de chaque côté de la rue par exemple), un certain code est aussi en usage : si l’on connaît bien cette personne, et si la relation avec elle est plutôt informelle, un petit signe discret de la main est d’usage. En revanche, si l’on croise dans la rue une personne avec laquelle on entretient une relation formelle (professeur, supérieur hiérarchique etc.) ou qu’on connaît assez peu, il est préférable de marquer cette rencontre par un hochement de la tête seulement. Si cette personne est accompagnée, il est recommandé de s’abstenir de faire un signe, sauf si cette personne fait elle-même un geste. Enfin, si la personne ne vous a pas remarqué (ou fait semblant de ne pas vous remarquer), là encore, il est préférable de ne faire aucun signe. Un simple pronom et une forme verbale font un monde de différence dans les relations interpersonnelles en France. Le passage du “vous” (formel) au “tu” (informel) est un rituel fréquent, qui marque l’évolution d’une relation. Utiliser le pronom tu signifie en effet plus de proximité, plus d’intimité, moins de formalité dans les contacts, la communication et même les sujets de conversation. Ce changement est immédiatement perceptible pour chaque individu, une sorte de relâchement mental et physique se produit, qui transforme la façon d’agir et de se comporter. Le passage du vous au tu se fait plus - 72 -
facilement entre personnes du même sexe que de sexes opposés, l’âge joue aussi un rôle important. Ce passage est souvent formalisé par une question posée ainsi : “On pourrait se tutoyer maintenant, ce serait plus simple ?” ou “Ça vous dérangerait si on se tutoyait ?” Il y a un grand nombre de cas de tutoiement spontanés : les jeunes enfants par exemple s’adressent aux adultes en utilisant le pronom tu jusqu’à ce qu’ils apprennent – vers 7 ou 8 ans – à distinguer les circonstances où il faut faire un choix. Par ailleurs, les jeunes du même âge, les adolescents, se tutoient de manière spontanée, sans distinction de sexe. Les membres d’une même famille se tutoient : sauf dans des cas aujourd’hui exceptionnels, les enfants ne disent jamais vous à leurs parents. Le tu spontané est aussi d’usage dans certains cercles, clubs, associations; cela a pour effet de renforcer le sentiment d’unité et d’appartenance au groupe. En général, on vouvoie les personnes que l’on rencontre pour la première fois, le supérieur hiérarchique, une personne plus âgée que soi. Il existe certains cas où une personne est autorisée à tutoyer, tandis que son interlocuteur emploie le vous : un professeur parlant à un jeune élève, un adulte à un jeune enfant, une personne âgée s’adressant à une personne beaucoup plus jeune. Cette situation n’autorise pas la personne qui est tutoyée à tutoyer son interlocuteur à son tour, ce qui montre que le vouvoiement n’est pas seulement une marque de formalité, mais aussi un indicateur de hiérarchie sociale qui permet de montrer son respect. Dans une première rencontre, le choix entre le vous et le tu n’est pas toujours facile, il existe des circonstances où l’on hésite, et où une solution doit être trouvée verbalement. Même si le premier contact est chaleureux, il est plus prudent d’utiliser le vous jusqu’au moment où les interlocuteurs trouvent un protocole. En général, c’est la personne la plus âgée, ou celle qui se trouve dans une position hiérarchique supérieure, ou celle qui reçoit qui va décider : “On pourrait peut-être se dire tu?” Dans les régions du sud de la France, ainsi qu'en Espagne ou en Italie, dire tu dès la première rencontre est beaucoup plus fréquent que dans le nord, où souvent le tutoiement spontané est ressenti comme une agression. L’usage du vous a longtemps prédominé dans la société française, jusqu’à la fin du 18e siècle. Le philosophe des Lumières Jean-Jacques Rousseau, auteur de Emile, ou de l’éducation (1762), juste avant la Révolution, recommande ains i le tutoiement systématique dans la famille. Aujourd’hui, l’usage du tutoiement est de plus en plus répandu, notamment parmi les jeunes générations. On attribue généralement cette évolution à l’influence de la langue anglaise, dans laquelle le pronom “you” est perçu comme l’équivalent du “tu” français, ce qui n’est pas nécessairement vrai. - 73 -
Lorsqu’on est invité pour une soirée, un dîner, un cocktail chez quelqu’un, il est nécessaire d’observer cette règle : ne pas arriver à l’heure ! En d’autres termes, si l’on est invité pour 19 heures, il est d’usage de se présenter 10 ou 15 minutes plus tard, car arriver plus tôt serait arriver trop tôt. En revanche, si l’on prévoit un “vrai” retard de plus de trente minutes, il est poli de téléphoner à ses hôtes pour les prévenir. Que peut-on apporter à ses hôtes lorsqu’on est invité ? Un bouquet de fleurs bien sûr (le plus naturel possible, et sans papier d’emballage), mais une bouteille de bon vin ou une boîte de chocolats sont probablement un meilleur choix. Il faut en effet considérer que votre hôtesse, si elle reçoit beaucoup d’invités, ne sera peut-être pas très disponible pour s’occuper de plusieurs bouquets de fleurs qu’il faut préparer, mettre en vase etc. L’élégance suprême consiste à envoyer des fleurs avant, la veille ou le jour de l’ivitation, avec une carte de visite et quelques mots de remerciements. Les Français aiment la conversation en général, mais elle doit rester de “bon ton” selon l’usage. Ne rien dire est considéré de mauvais goût, mais vouloir trop briller est également mal considéré. On évitera des sujets de conversation trop polémiques, comme la politique, la religion, la morale, les impôts, afin de ne pas révéler trop ouvertement ses opinions. Il faut également éviter de critiquer certaines professions (avocats, enseignants, médecins etc.), car il est toujours possible que l’un des invités exerce l’une de ces professions. Parler trop de soi-même ou monopoliser l’attention sur soi est également mal considéré. Il faut attendre que son interlocuteur ait fini sa phrase pour parler à son tour, il faut éviter aussi de contredire ouvertement cette personne, même si l’on ne partage pas ses opinions. Il est important d’écouter ce qu’on nous dit, en particulier les réponses aux questions que l’on a posées. Il est impoli de “retenir” quelqu’un pendant trop longtemps, même si cette personne paraît vous écouter avec intérêt. Si un autre invité salue et s’adresse à la personne à qui l’on parle, il est préférable de les laisser pour se joindre à un autre groupe. Lorsque l’on quitte ses hôtes, il est bien sûr essentiel de les saluer et de les remercier personnellement. En général, il n’est pas nécessaire de saluer les autres invités avant de partir, mais les circonstances peuvent varier grandement. Dans le cas d’un petit groupe, il est évident que votre départ sera remarqué, il sera alors poli de saluer tout le monde, soit individuellement, soit en s’adressant au groupe. Il est possible aussi qu’un départ entraîne plusieurs autres départs. Les salutations de départ peuvent parfois durer un certain temps chez les Français, il n’est pas rare en effet qu’après les “au revoir” d’usage, la conversation soit relancée à nouveau pour quinze - 74 -
ou vingt minutes. L’idée de “partir” pour les Français est plus un “projet” qu’une intention ferme et déterminée que l’on exécute immédiatement. En bref, un départ trop brusque sera considéré comme anormal et impoli. Il est poli d’envoyer un message de remerciement ou de téléphoner à vos hôtes le lendemain de leur invitation, mais cet usage est beaucoup moins répandu en France qu’en Allemagne ou dans les pays anglo-saxons. Si vous avez fait des promesses à vos hôtes ou à l’un des invités, tenez ces promesses, sauf si vous avez réalisé que c’est le vin et non la raison qui vous a fait parler ! La “galanterie française” est l’une des fiertés nationales. Elle concerne essentiellement les relations entre hommes et femmes et ses origines sont anciennes, remontant aux usages courtois du Moyen Age, les chevaliers devant honorer, servir et protéger leur dame. La galanterie révèle ainsi un certain paradoxe : alors que les femmes souffrent généralement d’un statut inférieur dans la société civile, essentiellement dominée par les hommes, elles jouissent toutefois dans la sphère mondaine et parfois domestique d’une position haute, essentiellement conventionnelle il est vrai. Un homme galant ouvrira la porte à une femme pour la laisser passer devant lui. Cependant, s’il s’agit d’un endroit public, comme un bar ou un casino par exemple, l’homme généralement précédera la femme qui l’accompagne, peut-être pour s’assurer que l’endroit est sûr ou convenable. Dans la rue, l’homme réserve le côté trottoir (le « haut du pavé ») à une femme, afin de la protéger des risques possibles pouvant venir du côté rue. A la gare, à l’aéroport, c’est l’homme qui se charge des bagages lourds, il aidera à monter les valises d’une femme, à les placer dans le compartiment d’un train. Dans un escalier, un homme précède une femme en descendant, pour la retenir au cas où elle tomberait. Il doit aussi la précéder en montant : il ne pourra pas lui venir en aide s i elle trébuche, mais pour des raisons évidentes, il ne voudra pas embarrasser une femme en la suivant. Au restaurant, un homme tirera légèrement le siège pour inviter une femme à s’asseoir. Les hommes doivent attendre que les femmes soient installées avant de s’asseoir à leur tour. Un homme complimente sans affectation une femme sur sa manière de s’habiller, sur son élégance : « Vous êtes ravissante ce soir », « Cette couleur vous va parfaitement ». Celle-ci le remerciera avec un sourire, en acceptant le compliment. - 75 -
L’homme sert à boire à la femme qui l’accompagne, lui offre les plats en premier, paie l’addition au restaurant. Un homme aidera une femme à enlever son manteau, où à le remettre. Il la raccompagnera jusqu’à la porte, ou mieux, jusqu’à chez elle. S’il la raccompagne en voiture, il lui ouvrira la portière avant de monter lui-même. A l’arrivée, il descend de la voiture en premier pour ouvrir la portière.
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Faire bonne figure à la table Afin de ne pas ternir l’atmosphère ambiante tout convive doit se soumettre à certains usages concernant les repas. Profitons de cette période festive pour nous remémorer (ou pour apprendre!) la bonne façon de se tenir à la table. L’objectif de cette chronique est de nous éviter de commettre des sottises en public, de respecter les autres, de nous procurer confiance, aisance et assurance tout au long du repas. •
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Avant de se présenter à la table, une règle demeure: celle de se laver les mains et de replacer ses cheveux si nécessaire. Pour tout genre de repas, conserver sa casquette dénote un grand manque de savoir-vivre. Lors d’une réception, il convient d’attendre que l’hôtesse nous attribue une place et nous invite à nous asseoir. Une fois installé, plaçons, discrètement notre serviette de table, sur nos cuisses. Évitons de la nouer autour du cou comme au temps du roi Henri IV, dans l’échancrure de son chemisier où encore d’en emprisonner une pointe à la ceinture de son pantalon ou de sa jupe. À la fin du repas, pinçons notre serviette en son centre et glissons-là du côté droit du couvert. Notre serviette nous a faussé compagnie? N’essayons pas de la récupérer en la rapprochant avec nos pieds ou en nous inclinant pour la saisir. Avertissons gentiment l’hôtesse ou le serveur de cet incident. On devrait à l’instant la remplacer tout comme on le ferait pour un ustensile qui touche le plancher. Pour faire bonne figure, il convient de se tenir naturellement droit; ni trop sur le bout, ni trop au fond du siège. Afin de ne pas gêner les vois ins, l’écartement des genoux ne doit pas dépasser la largeur de notre siège. S’avachir, étendre nos coudes sur la table, se courber, se balancer sur sa chaise ou allonger démesurément les jambes ne corresponde pas à une tenue présentable en public. Lors d’un repas en public, en aucun temps, un homme distingué n'enlève sa veste pour la suspendre au dossier de sa chaise. La femme placera son sac à main près de ses pieds pour qu’il ne gêne pas le serveur lors de ses allées et venues.
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Avant le repas, par égard envers nos hôtes, n’appliquons pas une nouvelle couche de rouge à nos lèvres. Nous éviterons ainsi de souiller serviette ou verre. Une fois le repas terminé, le meilleur endroit pour redonner éclat à nos lèvres ou à notre visage demeure la salle de bain. Depuis le début des années 80, l’étiquette moderne nous permet de placer les coudes sur la table. Lorsque notre place est dégagée de tout aliment, entre deux services, c’est avec grâce, élégance que nous pouvons effectuer ce geste. Une main peut alors effleurer le dessous du menton, sans s’attarder au visage, ni en obstruer la bouche ou soutenir la tête. La meilleure position des bras consiste à appuyer les deux mains, sur le rebord de la table et cela tout au long du repas (usage européen qui ne crée aucune interrogation sur le genre d’activité exécutée par une main, sous la table). En Angleterre et aux États-Unis les gens ont la coutume de poser une main sur eux, à la hauteur de la cuisse, près de l’aine. De part sa situation géographique le Canada subit cette influence américaine. Certaines personnes exagèrent parfois ce geste et allongent tout l’avant-bras sur leurs jambes. Ils nous présentent un physique en déséquilibre, corps courbé, épaule penchée, cou tendu, tête basse avec le visage très rapproché de l’assiette. Ce maintien ringard est loin de présenter énergie, bon accueil et connaissance du savoir-vivre à la table. Nombre de personnes font le mouvement de se courber pour aller au devant de l’ustensile. Grave erreur! La main qui tient l’ustensile, quitte son appui sur la table sans distancier le coude du corps et conduit les aliments à la bouche. Freinons certains gestes tels qu’enlacer notre assiette de notre bras de crainte d’en perdre le contenu ou la repousser vers le centre de la table pour avertir que nous avons terminé un mets. Habituons les enfants à ne pas jouer avec les ustensiles. Dans le feu de la conversation, prenons le temps de déposer notre ustensile au lieu de pointer un convive arme fourchue ou pointue, en main!
Observons en tout temps les règles de politesse lorsque nous mangeons. Puisque le degré de savoir-vivre d’une personne se laisse voir dès son arrivée à la table, tentons de faire bonne impression. Ayons en mémoire que le plus précieux cadeau que nous pouvons offrir aux enfants réside en une éducation convenable.
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Dossier 7 LES PARCS NATIONAUX Le Parc national de la Vanoise Texte 1
L’histoire Le Parc national de la Vanoise comprend deux zones : la zone centrale et la zone périphérique. La zone centrale jouit d'une attention toute particulière comme zone de protection. Elle est soumise à une réglementation spécifique. La zone périphérique couvre 28 communes. Le Parc participe à la valorisation touristique, culturelle et économique des ressources locales et incite au respect de l'environnement et du patrimoine culturel. Cinq réserves naturelles, limitrophes de la zone centrale du Parc national de la Vanoise, abritent et protègent les échantillons les plus réprésentatifs de la diversité des milieux naturels. Quatre sont gérées par le Parc national de la Vanoise : • Tignes-Champagny sur les communes de Tignes et Champagny-en-Vanoise • la Bailletaz sur la commune de Val d'Isère ; • la Grande Sassière sur la commune de Tignes ; • le Plan de Tuéda sur la commune des Allues. Par ailleurs, la Réserve naturelle des Hauts de Villaroger est gérée par l'Office national des Forêts).
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La géologie C'est dans des eaux marines qui s'étendaient à l'emplacement de nos Alpes actuelles, il y a plusieurs millions d'années, qu'ont été lentement élaborées la plupart des roches aujourd'hui vis ibles en Vanoise parfois à plus de 3500 mètres d'altitude. Dunes littorales, tel était le paysage originel des sentinelles de silice qui bordent aujourd'hui la Vanoise du Nord au sud : Aiguille du Dôme, Pointe de la Grande Glière, Aiguille Doran... De curieux entonnoirs aux allures de cratères lunaires parsèment le Petit Mont-Blanc de Pralognan ou les flancs de la Tovière. Les roches vacuolaires qui érigent çà et là de surprenants pitons, dont le célèbre monolithe de Sardières, répondent au curieux nom de cargneules. Le Monolithe de Sardières © PNV / Anne-Lise Bard Les calcaires ne manquent pas en Vanoise, mais leur couleur et leur texture dépassent toute attente : au Passage des Eaux Noires, des blocs sombres de cette roche côtoient de blondes cargneules. En franchissant le pas de l'Âne, au contraire, on foulera des marbres purs veinés de carmin ; mais les plus étonnants ne sont-ils pas les calcaires vermiculés du Lac Blanc de Polset où d'énigmatiques pistes de vers marins ont traversé les âges pour venir nous intriguer. Calcaire vermiculé du Lac Blanc de Polset Non loin de là, au Roc de la Pêche, les rares fossiles découverts nous enseignent que cette formidable falaise de 800 mètres de hauteur est entièrement inversée ! Ses affleurements les plus récents sont en effet "enfouis" à sa base, alors que les plus anciens trônent au sommet de Roche Nue. Plus à notre mesure, les innombrables microplis qui affectent certaines formations calcaires. Celles de la Grande Motte, sont si torturées qu'elles témoignent de l'extraordinaire chambardement perpétré par la collision du continent africain avec l'Europe, il y a un peu plus de 60 millions d'années. L'ouest du massif de la Vanoise, de Fourneaux jusqu'à Bourg-Saint-Maurice, en passant par Bozel, est entièrement bordé de formations de l'époque Houillère. Grès et schistes noirs composent souvent la toile de fond un peu uniforme des stations de ski comme celles des Trois Vallées. Cà et là, des veines d'anthracite ont - 80 -
été exploitées par les montagnards jusqu'au milieu de ce siècle. Le gisement de Montagny est l'un des plus connus.
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La flore La flore de Vanoise comprend plus d'un millier d'espèces d'origines biogéographiques diverses sur les 5000 présentes en France. La flore originaire des Alpes se sont ajoutées des espèces orientales et méridionales, sans oublier çà et là quelques reliques arctico-alpines, témoin des grandes glaciations. Parmi les espèces protégées au plan national, on peut rencontrer plusieurs espèces d'androsaces, l'ancolie des Alpes, différentes laîches dont la laîche bicolore, la cortuse de Matthiole, le chardon bleu, la primevère du Piémont et différents saxifrages... ainsi que la linnée boréale dont les seules stations de France se trouvent dans le Parc national de la Vanoise et sa périphérie, notamment dans la réserve naturelle du Plan de Tuéda. Pulsatille printanière © PNV / Jacques Perrier
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La faune Pour qui prend le temps de l'observer, la faune du Parc national de la Vanoise est très riche et variée... Parmi les mammifères, il convient de noter la plus importante colonie française de bouquetins des Alpes. Le Parc en compte 2000, soit le tiers des effectifs du pays. Il y a 100 000 ans, le bouquetin vivait dans toutes les régions rocheuses d'Europe centrale. Il fut la source d'inspiration d'artistes du néolithique qui le peignirent dans de nombreuses grottes (Lascaux...). Malheureusement, la chasse a conduit l'espèce à sa quasi extermination. Grâce à l'émergence des idées de protection de la nature en Europe, le bouquetin a pu être sauvé. La création du Parc national italien du Gran Paradiso en 1922 lui offre une première - 81 -
protection qui sera étendue en 1963 par la création du Parc national de la Vanoise, dont il devient l'emblème. Actuellement, le Parc national de la Vanoise abrite la plus grande population de bouquetins en France, soit environ 2000 individus. Il est relativement facile de différencier le mâle de la femelle grâce à ses cornes massives et à son gabarit, beaucoup plus important chez le mâle qui peut dépasser 80 kg. Plus présent encore, le chamois représente quelque 5500 individus. Son territoire était à l'origine forestier mais l'homme l'ayant repoussé en altitude, le chamois se trouve aujourd'hui confiné en montagne. Il vit en "hardes" mais les sexes restent séparés en dehors de la période du rut. On retrouve ainsi dans les hardes de femelles, les femelles adultes accompagnées de leur cabri et d'éterles (femelles d'un an) et d'éterlous (mâles d'un an). Le pelage du chamois est grisbeige en été, sa tête est barrée d'une bande foncée et son sabot est adapté à la neige dure, si bien qu'il n'est pas rare de l'apercevoir sur les névés. L'hiver constitue pour le chamois une saison difficile, la nourriture se fait rare et il doit puiser dans ses réserves de graisse qu'il a accumulées durant l'été. Au printemps, il se rencontre dans des zones basses où il recherche l'herbe nouvelle. Il migre ensuite en altitude, suivant la pousse de la végétation. C'est également au printemps (mai) que la femelle s'isole afin de mettre au monde son cabri. Tous deux peuplent falaises et pierriers. Outre ces grands mammifères, nous pouvons apercevoir parmi les rongeurs, le lièvre variable qui change de livrée au cours des saisons, la marmotte établie en majorité dans les vastes pelouses alpines, différents campagnols dont le campagnol des neiges, le mulot à collier ; chez les carnivores, le renard, le blaireau, la martre, la fouine, l'hermine ; des chauves-souris dont la pipistrelle commune et l'oreillard septentrional ; enfin des insectivores comme la musaraigne aquatique. Reconnue par son cri strident, parfois même aux abords des sentiers, la marmotte a fait de la Vanoise l'une de ses terres de prédilection.
Lièvre variable © PNV / Maurice Mollard Elle occupe toutes les zones favorables : pentes herbeuses, ensoleillées et parsemées de rochers, et particulièrement les alpages situés entre 1800 et 2700 mètres. Son champ de vision de 300° et ses yeux orientés vers le haut l'aident à se protéger des prédateurs, en particulier de l'aigle. Absente des forêts, elle vit en groupes familiaux autour des terriers dont elle ne s'éloigne guère.Elle passe six
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mois d'hiver en hibernation, d'octobre à avril. Les marmottons, trois ou quatre par portée, naissent en mai et ne sortent qu'au début du mois de juillet. Parmi les oiseaux, on rencontre l'aigle royal (20 couples), le lagopède alpin, le tétras-lyre, la perdrix bartavelle, le hibou grand duc, la chouette de Tengmalm, le pic noir, le pic tridactyle (observé en France seulement en Savoie et en Haute Savoie), le merle de roche, le gobemouche noir, le tichodrome, le beccroisé, le moineau soulc ie et le cassenoix, pour n'en citer que quelque unes des 125 1 espèces nichant en Vanoise. Au-delà de 2000 mètres, sur les pelouses rases d'altitude, landes, combes à neige et pentes rocheuses, se cache le lagopède alpin ou "perdrix des neiges ". Il se nourrit essentiellement de saules nains et doit son originalité à la mue saisonnière de son plumage. En hiver, il est blanc comme neige... En été, il est gris-brun. Dans les deux cas, cela lui permet de se confondre avec son environnement. Il n'est donc pas rare de passer à proximité de cet oiseau sans même le remarquer, d'autant plus que la femelle reste immobile durant ses couvées. Le lagopède alpin est une relique des dernières grandes glaciations. Lors du recul des glaciers, il a choisi de migrer en altitude plutôt que de se retirer vers le nord, afin de retrouver un climat qui lui soit favorable. Le déclin de cette espèce, qui mériterait d'être protégée sur l'ensemble du territoire national, pourrait être dû en partie au réchauffement climatique. Le lagopède est également très sensible au dérangement des couvées par les promeneurs hors des sentiers, les skieurs, les chiens et les troupeaux. e Eliminé des Alpes à la fin du XIX siècle après avoir été accusé à tort d'attaquer troupeaux et enfants, le gypaète a f ait l'objet d'opérations de réintroduction sur cinq sites des Alpes, depuis 1986. Les premières observations de gypaètes erratiques en Vanoise ont été effectuées par les gardes-moniteurs en 1989. C'est en 2002 qu'on eu lieu les deux premières reproductions réussies en Savoie depuis le début du XXème sièc le : l'une à Val d'Isère et l'autre à Termignon-la-Vanoise. Cet oiseau majestueux, d'une envergure de 2,70 m, est impressionnant mais inoffensif : c'est un charognard qui se nourrit essentiellement d'os qu'il brise en les lâchant en vol sur les rochers (d'où son surnom de "casseur d'os"). Excellent planeur, il peut longer pendant des heures les crêtes et flancs de vallées en quête d'animaux morts : il constitue l'ultime "éboueur" de la montagne.Malgré tout, le retour du gypaète est conditionné par des dangers importants : le tir par des braconniers et les collis ions avec des câbles électriques ou de remontées mécaniques notamment menacent cette espèce à la reproduction lente.
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A noter, deux couples de gypaètes barbus ont donné deux naissances en 2002. Pour les amphibiens, notons le triton alpestre, le crapaud des joncs et la grenouille rousse ; chez les reptiles le lézard vivipare, la coronelle lisse, la couleuvre d'Esculape et la vipère aspic.
Grenouille rousse © PNV / Patrick Follie t
Le parc national de la Cévennes
Texte 1 Histoire Un nouveau "modèle" du Parc national è me A la fin du XIX sièc le, la prise de conscience de la nécessité de protéger les grands paysages des causses et des Cévennes, est à l'origine de l'idée de la création d'un parc national, suggérée dès 1913 par E.A Martel et le "Club cévenol". Vers 1955, l' idée renaît, suite à un exode rural important menaçant l'identité même du pays. Pour revaloriser une nature et des paysages profondément façonnés par l'homme, le Conseil général de la Lozère, l'administration de l'Etat, et quelques fortes personnalités locales unissent leurs efforts pour obtenir la création d'un parc national. La loi cadre de 1960 sur les parcs nationaux, et le décret de création de celui des Cévennes en 1970 inventent dès lors un nouveau concept de parc national, où protéger la nature ne consiste pas à la "mettre sous cloche". Il convient au contraire d'en gérer la richesse, mais s'efforçant d'impliquer tous les partenaires locaux (agriculteurs, forestiers, artisans, chasseurs, élus, prestataires touristiques...), tout en interdisant comme dans les autres parcs nationaux, les altérations artificielles qui en menaceraient le caractère.
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Dans les Cévennes, cette gestion s'organise autour de trois axes majeurs: la conservation dynamique de la biodiversité et des paysages, la valorisation d'un riche patrimoine culturel rural et la mise en oeuvre d'un développement durable.
Un parc habité, en moyenne montagne Seul parc national français de moyenne montagne, il abrite de ce fait une population permanente significative. 41 000 personnes y vivent en zone périphérique et plus de 600 en zone centrale de conservation. Ce sont essentiellement des éleveurs qui entretiennent ces hautes terres (plus de 1 000 m en altitude moyenne). Ces dernières constituent un véritable balcon au dessus de la Méditerranée, du mont Lozère au mont Aigoual, du bord des grands causses aux 2 vallées cévenoles. Cette particularité de parc national habité lui donne une mission que n'ont pas nécessairement les autres parcs nationaux : la recherche des conditions d'un éco-développement soucieux de la protection du patrimoine. Cette gestion dynamique se doit de respecter les grands équilibres en assurant notamment la pérennité des activités agro-pastorales. En effet, ces dernières sont nécessaires au maintien de la biodiversité liée à la présence de milieux ouverts, constamment menacés par l'envahissement naturel de la friche ou de la forêt. Cette politique contribue aussi à la qualité des paysages. Le caractère exceptionnel de ces sites humanisés, cet équilibre particulier et séculaire entre l'homme et la nature, ains i que le souci d'associer protection et développement, ont valu en 1985 au Parc national des Cévennes la distinction par l' Unesco de "Réserve mondiale de biosphère". Sa réputation internationale se traduit aussi par différentes missions d'expertise réalisée par ses agents à l'étranger, par l' intérêt particulier de l' Union mondiale pour la nature (UICN) pour ses actions, et par l'accueil de nombreuses délégations techniques issues des différents continents. Deux jumelages (Parc national du Saguenay au Québec en 1984, et Parc de Montesny en Espagne en 1987) confortent ses réseaux internationaux.
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La faune Jusqu'au XIXe siècle, la densité de la population agricole a fait régresser les grandes espèces animales sauvages ; mais, relativement épargné par l'agriculture intensive et ses traitements chimiques, le Parc national des Cévennes a constitué un refuge naturel pour la petite faune, insectes compris. Depuis, la diminution des zones cultivées et la progression des landes et des forêts ont également recréé des milieux favorables pour la grande faune. Globalement, c'est en Europe une des régions qui a connu un enrichissement biologique parmi les plus forts depuis une trentaine d'années. Ce dernier est du également à diverses réintroductions menées par le Parc national (vautours fauve et moine, castor, cerf, chevreuil, mouflon, grand tétras, écrevisse à patte blanche) et à la protection de biotopes ayant permis ultérieurement une recolonisation naturelle par certaines espèces prestigieuses (aigle royal, loutre, pic noir, chouette de Tengmalm, vautour percnoptère, grenouille rieuse, etc...) L'exceptionnelle variété des biotopes (milieux forestiers, landes, steppes et pelouses, milieux secs ou humides,...) favorise la présence d'une faune variée, depuis le monde discret mais fabuleux des insectes, jusqu'à celui plus spectaculaire des vertébrés où l'on retrouve près de la moitié des espèces visibles en France. Les rapaces et les chauve-souris y sont particulièrement bien représentés. L'extension menaçante pour l'équilibre de la forêt de remarquables populations de cervidés (on y trouve les plus beaux cerfs de France), ainsi que les dégâts de sangliers dans certaines exploitations agricoles, rendent nécessaire des mesures de régulation par des dispositifs cynégétiques. Sur 2 410 espèces aujourd'hui recensées dans le Parc, (zones centrale et périphérique, réserve de biosphère ``Cévennes"), on compte 89 espèces de mammifères (soit les deux tiers des espèces présentes en - 86 -
France), 208 d'oiseaux (dont 135 nicheurs), 17 de reptiles, 18 d'amphibiens, 24 de poissons, 1 824 d'insectes (dont 846 coléoptères), 53 d'arachnides, 12 de crustacés, 106 de gastéropodes, 26 de nématodes, etc
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Les forets Le grand Parc national français forestier en métropole : Le Parc national des Cévennes est le seul grand parc national français forestier en métropole. Plus de 1 500 km² de forêts recouvrent sa zone centrale de protection et sa zone périphérique pour moitié en feuillus, et pour moitié en résineux. 2/3 sont peuplés d'essences originaires de la région, 1/3 d'essences résineuses introduites La forêt occupe 63% de la zone centrale (soit 58 047 hectares) en trois étages : chêne vert (jusqu'à 500m), chêne à feuillage caduc et 3 châtaignier (500/900m), et hêtre (900/1500m) La grande forêt domaniale de l'Aigoual est l'oeuvre des forestiers de la fin du XIXe sièc le. La châtaigneraie cévenole (40 000 ha, plus de 120 variétés différentes), cultivée depuis un millénaire, puis en grande partie laissée à l'abandon, compose un paysage typique. La préservation des dernières hêtraies-sapinières naturelles du versant nord du mont Lozère constitue pour le Parc un enjeu de gestion forestière important.
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La flore La richesse de sa flore (2250 espèces) est favorisée par la diversité de ses climats (océanique, continental et méditerranéen), de la composition chimique de ses sols (granitique, calcaire ou schisteux) et des altitudes de sa zone protégée, (de 378 à 1699m), très propices sous nos latitudes à l'expression de la vie sous toutes ses formes. L'éventail de la végétation est extrême : les pelouses subalpines du mont Lozère abritent quelques espèces typiques du cercle polaire, alors que les abris rocheux très chauds des vallées
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méditerranéennes cévenoles accueillent quelques espèces rencontrées en milieu subtropical sec. Les associations végétales liées au chêne vert (climat chaud et sec) offrent un contraste saisissant avec la hêtraie-sapinière naturelle des versants nord d'altitude (climat froid et humide). Sur les 400 espèces protégées de la flore française, 33 existent sur le territoire du Parc national (lys martagon, adonis printanière, orchidées...). Il veille plus spécialement sur la conservation de 48 espèces "endémiques", c'est à dire uniques au monde, et d'une centaine de plantes rares ou menacées. Un grand nombre de ces dernières dépend du maintien des milieux ouverts (pelouses, landes, prairies, parcours) assurés par le pastoralisme. L'étage asylvatique (1500/1700m), présent surtout sur le mont Lozère, est particulièrement intéressant (pelouse subalpine de nard, canche et fétuque). Il abrite des tourbières à sphaignes, avec trèfle d'eau, populage des marais, linaigrette, canneberge, et surtout la célèbre droséra (plante carnivore)
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L’architecture Construire soi-même sa maison représentait autrefois une nécessité vitale et témoignait par là même de l'attitude de l'homme devant le monde. Dans une région marquée depuis des siècles par l'activité agricole, l'architecture reflète l'évolution des techniques, l'économie des moyens et une somme de labeur humain considérable. Elle est le témoin des modes d'exploitation et des sociétés rurales, et restitue les techniques anciennes, issues des traditions et de la sagesse populaire. Mont Lozère: granite, arrondi des lignes, volumes massifs Des hameaux, des maisons de maître, parfois des fermes fortifiées, se sont implantés dans les sites qui offraient une bonne exposition au soleil, près d'un ruisseau ou d'un point d'eau, à proximité des terres cultivées et des pâturages. Les vestiges des bancels de granite témoignent encore de la pratique des cultures en terrasses, et les `` béals " (rigoles) de la maîtrise des techniques de distribution de l'eau et de l' irrigation. La rudesse du climat explique aussi que les diverses fonctions d'une exploitation (habitation, étable, grange, four...) se répartissent dans un ensemble de bâtiments très groupés et communiquant entre eux, afin de permettre à l'habitant de ne pas sortir à l'extérieur pendant l'hiver. A l'origine en chaume de seigle, les couvertures ont été progressivement remplacées par des lauzes de schiste, en même temps que déclinait la culture du seigle, au profit de l'élevage. A l' intérieur : deux niveaux, rarement trois, des plafonds bas, de petites ouvertures qui tentent de limiter les déperditions de chaleur et préservent l'intimité de la vie familiale face à la vie collective. On entre de plainpied dans la salle commune, au rez-de-chaussée, où s'ouvrent la cheminée et la - 88 -
porte de l'étable. La façade principale du corps d'habitation est orientée au sud, encadrée par `l'étable et les bâtiments d'exploitation, tandis qu'à l'arrière, la pente de la montagne assure un abri contre le vent. La proportion réduite des ouvertures, à côté des dimensions imposantes des blocs de pierres qui constituent les murs, donne aux édifices un aspect trapu tout à fait caractéristique. L'habitat du mont Lozère, le plus élevé des Cévennes, est aussi parmi les plus hauts en altitude de tout le Massif Central : jusqu'à plus de 1 350 m. Sur le versant sud, un domaine des Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem (Ordre de Malte) est probablement à l'origine du développement de certains hameaux comme celui de L' Hôpital. Cévennes: schiste, contraste du relief, étroitesse des volumes C'est sur cette roche à la fois friable et dure que s'est implantée la majorité du peuple cévenol. Comme dans les autres régions du Parc national, le village ou le hameau s'inscrit au coeur d'un paysage fortement marqué par la main de l'homme : un grand nombre de terrasses de culture (bancels, faïsses ou traversiers) ont été édifiée pour retenir la terre et disposer des sols plats (hommes et femmes remontaient la terre `` au-dessus de leurs têtes "), les sources sont captées, l'eau stockée dans des bassins (gourgues) et distribuée par des rigoles (les béals) jusqu'aux terres cultivées. L'environnement immédiat du mas apparaît comme une clairière dans la châtaigneraie : potagers, vergers, vignes, mûriers, prairies de fauche. Au-dessus des châtaigniers, les landes servent de pâturages. L'habitat est souvent situé à mipente où il était plus facile d'accéder autrefois que dans les fonds de vallées étroits et d'ailleurs sujets à inondations brutales. Il est dispersé en fonction des points d'eau, souvent de faible débit en saison sèche. Pour profiter du soleil les hameaux choisissent de préférence les pentes exposées au midi (adret). Les maisons de schiste, dont l'assise est souvent entaillée dans le rocher même, sont hautes et étroites. Elles semblent économiser au maximum le sol plat nécessaire aux cultures. Suivant l'évolution des besoins, un bâtiment vient s'accoler au premier, puis un autre, etc., l'ensemble prenant l'aspect caractéristique du `` mas-ruche ". Avec l'élevage du ver à soie, des étages entiers sont parfois venus rehausser les maisons, avec de nombreuses et petites ouvertures et quantité de cheminées nécessaires à l'aération et au chauffage de la pièce où grandissaient les `` magnans ". Portes et fenêtres du bâtiment d'habitation sont orientées en fonction de l'ensoleillement, surmontées par des linteaux de châtaignier ou de pierre. Des blocs de quartz, ou des galets de toutes les couleurs, viennent éclairer les murs de schiste sombre. La couverture en lauzes de schiste repose sur une charpente en châtaignier. Causse calcaire, horizons ouverts, ampleur des volumes - 89 -
Malgré son aspect désertique, le plateau était autrefois le grenier à céréales des vallées : les plaines et les dolines, mais aussi des versants actuellement délaissés, étaient cultivés, comme en témoignent les murettes qui délimitent des champs. Des tas de cailloux (les `` clapas ") résultent de l'épierrage effectué par les laboureurs. Aujourd'hui c'est le domaine du mouton : les dolines (dépressions argileuses de forme arrondie) sont surtout cultivées pour la nourriture du bétail. L'implantation des fermes isolées et des hameaux, à l'abri du vent, épouse le relief, à la limite des terres cultivées et des terres de parcours des troupeaux. Les pierres et dalles calcaires ont naturellement servi de matériau pour construire les murs et les toits. Les maisons sont édifiées généralement sans charpente de bois (matériau rare sur le Causse) avec un système de voûtes (voûte principale maintenue par des contreforts, ou par d'autres bâtiments, demi-voûtes d'appuis abritant les bergeries). Au-dessous du niveau d'habitation, des bergeries voûtées soutiennent le dallage de la salle commune, tandis qu'au sommet de la maison la couverture calcaire repose également sur une voûte. Les lauzes, extrêmement lourdes, sont posées sans mortier ni clou sur un lit de terre et de cailloutis qui recouvre la voûte. Selon l'orientation de la maison, les ouvertures s'ouvrent sur le mur le mieux exposé. L'ampleur des toits permettait autrefois aux Caussenards de recueillir un maximum d'eau de pluie dans des citernes, grâce à un réseau complexe de chêneaux de bois. En effet, l'eau est très rare sur le Causse et les troupeaux devaient se contenter des eaux de pluie retenues, parfois plusieurs mois, dans les lavognes, petites dépressions argileuses, naturelles ou artificielles, rendues étanches dans ce but. Les murs en moellons calcaires peuvent être édifiés à sec ou avec des enduits de chaux et de sable, de couleur ocre ou rose, recueillis à proximité. C'est souvent un perron, porté par une voûte qui permet d'accéder aux pièces d'habitation. Il sert de terrasse pendant l'été. Une unité dans la diversité A travers ces trois physionomies bien typées, on retrouve des caractéristiques communes à l'architecture rurale : le matériau utilisé est toujours celui de l'environnement proche, les murs sont montés en pierres sèches ou avec de la chaux, ils comportent deux rangées de pierres (un mur extérieur, un mur intérieur) réunies de temps à autre par une pierre plus longue (la boutisse qui assure la tenue de l'ensemble. aux zones de contact entre granite, schiste et calcaire, les matériaux se mêlent, fondant une nouvelle harmonie dans leur diversité. Beaucoup de sites ont été habités depuis des périodes très anciennes mais la ème plupart des constructions sont contemporaines ou postérieures au XVIII sièc le (1780 à 1830 fut une période de construction intense, correspondant à une densité de population maximum). L'influence des courants de pensée extérieurs a eu peu d'emprise sur les techniques empiriques qui se transmettaient de père en fils, évoluant lentement au rythme des Compagnons de passage. On trouve pourtant des éléments de style : - 90 -
fenêtres à meneaux, architecture romane, qui sont la manifestation de techniques plus savantes. Un patrimoine rural remarquable Avec l' intégration progressive du pays dans un système économique d'échanges généralisés, avec la multiplication et l'amélioration des voies de communication, l'introduction de nouveaux matériaux et de nouvelles techniques, la mécanisation de l'agriculture, l'augmentation de la taille des troupeaux, la diminution de la population, etc., les bâtiments anciens sont devenus mal adaptés. Ils sont transformés ou tombent en ruine. Ils constituent pourtant, avec les fours à pain, les fontaines, les églises, les clochers, un patrimoine précieux que la collectivité se doit de préserver comme témoin d'un art de vivre et d'un stade d'évolution de l'architecture remarquable par son harmonie et son intégration à l'environnement. Avec plus de 4 000 bâtiments sur son territoire, le Parc national des Cévennes a donc un rôle à jouer dans la conservation de l'architecture rurale, le patrimoine usuel bâti, méritent le même respect que les châteaux, les églises, les fortifications, qui font depuis longtemps l'objet d'une préservation. Une réglementation adaptée Le Parc national préconise des dispositions pour la restauration du patrimoine bâti selon des critères précis : - mise en oeuvre de matériaux locaux ; respect des savoir-faire traditionnels; - intégration de la couleur dans la palette des tons proposés par le site ; - orientation des faîtages et dimensions des ouvertures ; conservation des volumes et des proportions. C'est une identité régionale, une civilisation et une histoire unique que l'on sauvegarde. Cela n'empêche nullement d'adapter les bâtiment à des conditions de vie confortables. Toutefois, le maintien d'une activité agricole étant la condition même de la perpétuation des paysages humanisés et diversifiés auxquels le Parc national doit sa raison d'être, des impératifs techniques et économiques ont nécessité la construction de bâtiments agricoles neufs. Dans ce domaine, le Parc a dû expérimenter des solutions pour obtenir une meilleure intégration des volumes dans le s ite, et une diminution de la pollution esthétique ponctuelle, tout en tenant compte des impératifs économiques... Mais le `` construit " n'est pas le seul élément qui modifie l'harmonie du paysage : les nouveaux chemins (leur tracé, leur revêtement, leurs talus, leurs parapets...), les lignes électriques (les matériaux employés pour les poteaux, leur emplacement en fonction de la géographie du lieu...), les modifications dans l'utilisation du sol (les reboisements, les coupes forestières, le morcelage des pâtures par les enclos...) entrent en jeu aussi dans l'évolution des paysages.
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