SYLVIE LACKENBACHER
TEXTES AKKADIENS D'UGARIT Textes provenant des vingt-cinq premières campagnes
Littératures ancienn...
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SYLVIE LACKENBACHER
TEXTES AKKADIENS D'UGARIT Textes provenant des vingt-cinq premières campagnes
Littératures anciennes du Proche-Orient LES ÉDITIONS DU CERF www.editionsducerf.fr PARIS 2002
AVANT-PROPOS
DANGER
Tous droits réservés. La loi du Il mars 1957 interdit les copies ou
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tion ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l'auteur et de Toute l'éditeur, est illireproductions destinées à une utilisation collective. représentacite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code pénal.
PHOTOgPlLLAG ruE LE LIVRE
© Les Éditions du Cerf, 2002 www.editionsducerUr (29, boulevard La Tour-Maubourg 75340 Paris Cedex 07) ISBN: 2-204-06701-6 ISSN : 0459-5831
Les fouilles du tell de Ras Shamra, bientôt identifié comme le site de l'ancienne ville d'Ugarit, commencèrent en 1929 ; dès la première campagne furent découverts des documents écrits en cunéiforme alphabétique qui, publiés aussitôt, allaient révéler une nouvelle langue sémitique de l'Ouest, baptisée de ce fait, comme son écriture, « ougaritique ». L'intérêt de cette découverte, en particulier pour les biblistes, allait occulter l'importance de la découverte parallèle d'un corpus de textes en akkadien dont le nombre, faible lors des dix premières campagnes, allait s'accroître considérablement avec les fouilles des archives du palais. La découverte d'autres archives, renfermant aussi ce que nous appellerions des textes de bibliothèque, ne ferait que confirmer l'importance de l'akkadien dans la ville synenne. Après avoir publié deux volumes consacrés aux trouvailles en ougaritique, la collection« Littératures anciennes du ProcheOrient » a souhaité mettre à la disposition de ses lecteurs une traduction mise à jour de textes importants des archives en akkadien, à l'exclusion des textes littéraires, religieux, lexicographiques ou scolaires, un domaine à part qui relève surtout de la tradition mésopotamienne. Qu'ils concernent la haute politique ou la vie quotidienne, ces documents jettent un éclairage unique sur une période assez courte mais décisive: ce sont, avec les textes de Boghazkoy, notre principale source d'informations sur la période post-amarnienne en Syrie du Nord et les années précédant la crise du XIIe siècle, dont Ugarit allait être l'une des victimes les plus notoires. Il faut donc remercier les Éditions du Cerf pour cette occasion de rappeler que la trouvaille épigraphique de l'Ugarit ne se borne pas à la litté-
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rature ougantlque, même si c'est une évidence pour tous les historiens de la période. Il ne s'agissait pas de publier un corpus de tous les textes de ce type retrouvés à Ugarit, d'accumuler les listes de noms propres dont on ne sait souvent à quoi elles correspondent, les énumérations d'objets ou les lambeaux de documents, et il a été décidé de laisser de côté les textes découverts à partir de 1973 : ceux qui sont publiés l'ont été récemment, en français, dans un ouvrage facilement accessible, et surtout, ils appartiennent à un ensemble, les prétendues« archives d'Urtenu », dont le gros des textes est encore inédit. Les documents retrouvés sur le site voisin d'Ibn Hani et publiés à partir de 1979 ne sont pas repris non plus. Il s'agit dans ce volume de documents retrouvés lorsque C. Schaeffer dirigeait la mission et, à quelques exceptions près, publiés entre 1936 et 1970. Ces textes ont quasiment tous été publiés de façon exemplaire par Jean Nougayrol, dont l'œuvre magistrale fait toujours autorité. Il n'était cependant pas inutile d'en préparer une nouvelle traduction. Nougayrol avait fait œuvre de pionnier, polissant transcriptions et traductions au fur et à mesure des nouvelles trouvailles, et tous ceux, philologues ou historiens, qui se sont penchés sur ces textes soulignent la justesse de ses intuitions et la qualité de ses éditions. Aujourd'hui, avec la découverte et la publication de nouveaux textes, d'Ugarit ou d'ailleurs, et grâce aux travaux de plusieurs savants, les connaissances se sont beaucoup accrues, tant sur le plan historique que sur celui de la langue. Ainsi, le contexte politique et diplomatique dans lequel s'insèrent les traités ou les actes internationaux, publiés en 1956, est-il beaucoup mieux connu. Plusieurs travaux essentiels ont été consacrés à la géographie, aux archives, à l'akkadien d'Ugarit, et au vocabulaire ougaritique : ce livre doit beaucoup aux livres et aux articles de J. Huehnergard et W. van Soldt. À l'exception des duplicats ou des fragments trop mutilés pour être cités autrement qu'en note, toutes les archives internationales et une grande partie des lettres appartenant à cette période sont reprises. C'est la première partie du livre. En revanche, dans la deuxième partie, les textes juridiques locaux ont fait l'objet d'un choix, car certains actes sont identiques aux contractants près et n'impliquent parfois que des person-
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nages inconnus par ailleurs, et seuls quelques textes économiques ou administratifs significatifs sont donnés à titre d'exemples. Tous les documents ont été regroupés en dossiers, avec un bref commentaire introductif; le classement peut certainement être discuté mais une distribution par thèmes, si subjecti ve et contestable soit-elle, a semblé préférable à une présentation par type de document ou par ordre chronologique, ce qui n'est pas toujours possible. Le reproche que l'on pourrait faire à Nougayrol, s'il est bien le responsable de ces choix d'édition, est d'avoir publié les textes des deux premiers volumes sous leur numéro d'inventaire alors qu'il a numéroté ceux des volumes suivants. Les documents sont donc cités tantôt sous leur numéro d'inventaire, tantôt sous le numéro attribué par Nougayrol, tantôt selon la page du volume dans lequel ils sont publiés, certains de ces volumes étant eux-mêmes cités soit comme PRU (Palais Royal d'Ugarit) III, IV et VI, soit, et c'est le cas du Dictionnaire de Chicago, comme MRS (Mission de Ras Shamra) 6, 9 et 12. On sait que la situation de l'ougaritique n'est pas meilleure et tout cela n'aide guère le profane à s'y retrouver. Numéroter une nouvelle fois les textes n'aurait fait qu'ajouter à la confusion; j'ai choisi de les présenter d'après leur numéro d'inventaire suivi de leur lieu de publication, avec tables de concordance à la fin du livre. À part quelques textes de la Xye campagne, toutes les tablettes d'Ugarit ont été moulées et photographiées par les soins de la mission de Ras Shamra et il a donc été possible de collationner la plupart des textes sur les moulages conservés à Paris, au Collège de France. Cela m'a permis de confirmer et de compléter les collations déjà publiées, de corriger les fautes d'impression, les très rares oublis et quelques lapsus de l'éditeur ; certaines améliorations, qu'il faudra compléter, ont été rendues possibles par la connaissance de tout ce qu'il a luimême publié après la première édition. Les résultats sont minces: ceux qui reprendront la tâche, car bien des obscurités et des difficultés restent à résoudre, seront certainement frappés eux-aussi par la qualité exceptionnelle du travail de Nougayrol. Les traductions ont essayé de suivre quelques principes en fonction des buts de la collection : rester près du texte, sans
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pour cela traduire ligne à ligne comme dans l'édition antérieure ; être intelligible à tous, en évitant au maximum d'utiliser des termes jouissant du consensus des assyriologues mais peu clairs pour d'autres lecteurs, quitte à expliquer en note le choix de tel ou tel terme pour exprimer ce qui n'aurait pas d'équivalent en français; être cohérente et tenter de traduire autant que possible les mêmes expressions de la même façon ; essayer de tenir compte des nuances, comme « l'Ugarit» et « Ugarit », sans entrer dans certains détails sans signification, et respecter autant que possible les images et le vocabulaire: par exemple, traduire « le Soleil » et non « sa Majesté », « ses fils et les fils de ses fils », quand cela désigne peut-être tous les enfants des deux sexes, ou « pur » pour un individu libre de toute revendication, mais préférer« une question de vie ou de mort » à « une question de mort ou de vie ». Il n'est pas sûr qu'il soit très heureux de traduire un texte ancien comme s'il avait été écrit aujourd'hui, et il me paraît important de garder quelque chose du parfum de la langue. Il est inutile de souligner l'importance de ce corpus pour les historiens: il faut qu'ils puissent y avoir accès, il faut aussi qu'ils puissent apprécier à quel genre de textes ils ont affaire et comment ils sont écrits, au risque de la monotonie car la phraséologie de certains textes, en particulier juridiques, est très figée et très répétitive. Mais cette monotonie et les répétitions, comme le« mon seigneur ... mon seigneur »qui ponctue tant de lettres anciennes, caractérisent une façon d'écrire. Par ailleurs, je n'ai pas tenté de me démarquer systématiquement des traductions précédentes ; il est souvent impossible de faire mieux que Nougayrol, et il eût été absurde de le paraphraser pour donner l'illusion d'une nouvelle traduction. Les différences sont dues aux conventions évoquées plus haut mais surtout aux progrès de l'information, ainsi qu'aux recensions, collations et propositions de divers savants. L'apparat critique est important et certaines notes paraîtront superflues aux spécialistes, mais elles pourront être utiles à d'autres lecteurs; quant à la bibliographie, elle ne comprend que les ouvrages consultés et ne prétend pas être exhaustive. Il me reste à remercier tous ceux dont la compétence m'a été précieuse et qui ne m'ont pas ménagé leur aide: John Huehnergard, qui a répondu à d'innombrables demandes avec
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une patience et une bienveillance inépuisables ; Sophie Lafont, toujours disponible pour me faire bénéficier de ses connaissances de juriste, mais qui n'est nullement responsable de mes interprétations ni des lacunes; Florence Malbran-Labat, avec qui j'ai discuté plus d'un point, qui a relu attentivement la première version et m'a communiqué un article en cours de rédaction ; Martin Sauvage, qui a réalisé les cartes; Itamar Singer, qui a lu la première partie lors de son séjour à Paris, m'a fait part de ses articles sous presse et m'a évité quelques bévues sur les noms des divinités hittites. Qu'ils soient remerciés, non seulement pour leur aide mais pour leur amitié. Il va sans dire qu'aucun ne pouvait consacrer à une lecture critique ou à mes questions un temps considérable et que, selon la formule consacrée, je suis la seule responsable des choix, des lacunes et des erreurs. Enfin, je voudrais dédier ce livre à la mémoire de Jean Nougayrol.
Abréviations
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AoF = Altorientalische Forschungen. Annuaire de l'EPHE = Annuaire de l'École Pratique des Hautes Études. ve section. ARM = Archives royales de Mari Au Or = Aula Orientalis. BASOR = Bulletin of the American Schools of Oriental Research. BEAL, Organization = R. H. BEAL, The Organization of the Hittite Military, (Texte der Hethiter 20), Heidelberg, 1992. BECKMAN, HDT = G. BECKMAN, Hittite Diplomatic Texts, Atlanta, 1996.
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ABRÉVIATIONS
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Conventions d'édition
[ ] = texte restauré [... ] = texte perdu r l = signes partiellement illisibles . .. = texte obscur ou fort endommagé < > = omission fautive ? = sens incertain = correction 1
N = chiffre disparu NP = nom de personne Dans les transcriptions, les capitales tures douteuses; dans les traductions, les hésitations.
servent à indiquer les lecc'est l'italique qui signale
Les noms féminins sont précédés de« (dame) »pour permettre de les distinguer. Lorsqu'un pays et sa capitale portent le même nom, ce qui est le cas la plupart du temps, la traduction tient compte de ce qu'a écrit le scribe: par exemple Ugarit, ou Siyannu, lorsque le nom est précédé du déterminatif de la ville, l'Ugarit, ou le Siyannu, lorsque ce déterminatif est remplacé ou précédé par le déterminatif du pays. Les noms propres et les noms de lieux sont écrits comme ils le sont dans les textes akkadiens et non pas », car cela simplifie l'édition et la lecture des « à l'ougaritique non-spécialistes: l'aleph initial ou final, le Cayn initial et les consonnes qui n'existent pas en akkadien ne sont pas utilisés ; h transcrit h, I:zet !J. Ils ne sont pas francisés : le u se prononce ou, le s: sh, le ~: ts, le est un t emphatique.
!
INTRODUCTION Archives
Archives:
Archives
Ouest
centrales
sud-ouest
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Plan du Palais royal d'Ugarit d'après BORDREUILet PARDEE,TEO, p.77, fig. 23
Située à proximité de la mer à quelques kilomètres de l'actuelle Lattaquié, au nord de la côte levantine, la ville d'Ugarit était à l'époque du Bronze récent la capitale d'un petit royaume homonyme, qui « couvrait approximativement le territoire de l'actuel mohafazat (département) de Lattaquiél ». C'était déjà une ville ancienne: l'occupation du site remonte à l'époque néolithique et si la présence d'Ugarit, avec la graphie étrange U9-ga-ra-atki, dans une liste géographique des archives d'Ebla est contestée, la ville est bien attestée dans les archives de Mari2. Elle fut pillée et incendiée au début du XIIe siècle avant notre ère et ne s'en releva jamais. La découverte de ses ruines sous le tell de Ras Shamra et les fouilles effectuées par la mission française dirigée pendant de longues années par C. Schaeffer allaient livrer des documents de toutes sortes3. Comme on a coutume de le souligner, ils attestent la présence de plusieurs langues différentes - akkadien, ougaritique, sumérien, hittite, hourrite, égyptien, chypro-minoen - dans cinq systèmes d'écriture: cunéiforme syllabique, cunéiforme alphabétique, hiéroglyphes égyptiens, hiéroglyphes hittites, chypro1. M. YON, La Cité d'Ougarit sur le tell de Ras Shamra, Paris, 1997, p. 19. Le royaume faisait donc environ 2000 km2. 2.Cf. VANSOLDT,Bi Or 40 (1983), col. 693. 3. Les circonstances de la découverte, les fouilles et les trouvailles archéologiques et épigraphiques ont été décrites par J.-c. COURTOIS,«Ras Shamra (Ugarit ou Ougarit) 1. Archéologie », Supplément au Dictionnaire de la Bible IX (= SdB IX), Paris, 1979, col. 1124-1295 ; pour un résumé de l'histoire des fouilles jusqu'en 1997, cf. YON, La Cité d'Ougarit, p. 18. La mission est maintenant dirigée par Y. Calvel.
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minoen. Cela ne doit pas faire trop illusion: le hittite syllabique est à peine attesté, le chypro-minoen se borne à une demidouzaine de documents, les hiéroglyphes figurent sur des sceaux, des stèles, des vases ou des scarabées, témoignant de relations avec Chypre, l'Égypte et le monde hittite. En revanche, il existe une littérature scolaire, savante et religieuse en hourrite, dont il ne faudrait pas minimiser l'importance, et le sumérien accompagne comme toujours l'akkadien dans la littérature savante d'inspiration mésopotamienne; mais la plupart des documents sont soit en akkadien, et donc écrits en cunéiforme syllabique, soit en ougaritique, en cunéiforme alphabétique, les quelques textes akkadiens ou hourrites en écriture alphabétique et ougaritiques en syllabique restant des exceptions4. L'ougaritique était la langue locale ; les études sur les scribes et leur formation montrent qu'ils étaient sans doute tous capables d'exercer leur art dans les deux écritures, ce qui ne signifie d'ailleurs pas qu'ils étaient bilingues5.
4. Tous les objets inscrits mis au jour jusqu'en 1988 sont répertoriés dans P. BORDREUIL et D. PARDEE, La trouvaille épigraphique de l'Ougarit (= TEO), 1. Concordance, RSO V, Paris, 1989 ; voir l'index des écritures, p. 414-422. Savoir quelles étaient les langues ou dialectes parlés dans le royaume, en particulier à la cour, à Ugarit même et dans les ports, est un tout autre problème, voir F. MALBRAN-LABAT, « Langues et écritures à Ugarit », Semitica 49 (1999), p. 65-101. 5. Voir W. H. VAN SOLOT,« Babylonian Lexical, Religious and Literary Texts and Scribal Education at Ugarit and its implications for the alphabetic literary texts », dans M. DIETRICH et O. LORETZ (éd.), Ugarit. Ein Ostmediterraneische Kulturzentrum im Alten Orient, Münster, 1995, p. 171211, qui étudie aussi les familles de scribes. Nougayrol n'a malheureusevoir D. ARNAUD, ment pas pu mener à bien l'étude qu'il avait entreprise, « La culture suméro-accadienne », SdB IX, Paris, 1979, col. 1356. Pour la liste des scribes, les documents qu'ils ont signés et ce que l'on peut savoir de chacun, cf. W. H. VAN SOLOT, Studies in the Akkadian of Ugarit. Dating and Grammar (= SAU), AOAT 40, Neukirchen Vluyn, 1991, p. 1932, et « The Syllabic Akkadian Texts », dans W. WATSON et N. WYATT (éd.), Handbook of Ugaritic Studies (=Handbook), Leiden, Boston, KaIn, 1999, p. 40s. Voir aussi VAN SOLOT, compte rendu de A. RAINEY, Canaanite
in the Amarna Tablets : A Linguistic Analysis of the Mixed Dialect used by Scribes from Canaan, Leiden, 1996, dans lAOS 118 (1998), p. 596 : the resulting Akkadian "interlanguage" was most probably not a spoken pidgin (... ) but rather a code developed during more than a century of local school tradition. MALBRAN-LABAT, « Langues et écritures à «
»
Ugarit
»,
p. 65-101.
INTRODUCTION
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Mis à part quelques trouvailles erratiques, les documents ont été découverts par lots soit dans le Palais royal, soit dans divers bâtiments dont les noms sont entrés dans l'usagé. Le vaste Palais royal mis au jour par les archéologues est celui du Bronze récent, qui fut construit en plusieurs étapes entre le Xve et le XIIIe siècle7. On y a retrouvé cinq archives principales, baptisées, d'après leur emplacement, Ouest, Est, Centrales, SudOuest et Sud, qui étaient sans doute situées à l'étage au-dessus des pièces et cours où elles ont été trouvées8 : les Archives Ouest, à gauche de l'entrée principale du palais proprement dit, au-dessus des pièces 2, 3 et surtout 4 et 5 ; les Archives Est, à l'autre extrémité, au nord-est du palais près de l'épais mur extérieur, au-dessus des espaces 52 à 56; les Archives Centrales, au-dessus de la cour IV, de ce qu'on appelait jadis la cour VI, aujourd'hui la pièce 132, et des pièces adjacentes; les Archives Sud, dans la partie récente du palais, au sud de l'ex « cour V », maintenant la pièce 153, au-dessus des pièces 68 et 69 ; les Archives Sud-Ouest, au sud-ouest de la même cour, au-dessus des espaces 79, 80 et 81. Aucun de ces dépôts n'était exclusivement consacré aux documents rédigés en alpha .. bétique ou en syllabique, mais la proportion varie; aucun n'était
6. Outre la TEO (cf. ci-dessus, n. 4), qui indique le lieu de trouvaille de chaque objet inscrit, v()ir VAN SOLOT, SAU, p. 47-223 ; COURTOIS, SdB IX, col. 1218-1234, et « A propos des Archives Royales d'Ougarit: la correspondance diplomatique était conservée dans les locaux des Archives Est du Palais royal (Fouilles C. F. A. Schaeffer, 1951 et 1953) », Syria 65 (1988), p. 389-394 ; O. PEDERSEN, Archives and Libraries of the Ancient Near East 1500-1000 B. c., Bethesda, 1998, p. 68-80. VAN SOLOT, « The Syllabic Akkadian Texts », dans WATSON et WYATT, Handbook, p. 29-36, et« Private Archives at Ugarit », dans A. BONGENAAR (éd.), Interdependency of Institutions and Private Entrepreneurs (MOS Studies 2). Proceedings of the second MOS Symposium (Leiden 1998), Istambul, 2000, p. 229-245. 7. Le palais a été dégagé au cours des années cinquante mais la publication définitive est encore à venir. Les études entreprises à cette intention et O. Callot modifient sensiblement les données prépar J.-c. Margueron sentées à partir des publications antérieures par COURTOIS, SdB IX, col. 1217-1234. En attendant leur ouvrage, on se reportera donc à la présentation du Palais royal tenant compte de leurs études préliminaires dans YON, La Cité d'Ugarit, p. 46-55. 8. Sur la situation à Ninive, voir L. BATTINI, « La localisation des archives du palais sud-ouest de Ninive », RA 90 (1996), p. 39.
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non plus exclusivement consacré à un type de document, mais certaines constatations s'imposent. Les textes littéraires, religieux ou scolaires sont extrêmement rares et il faut signaler qu'il y en a un certain nombre en hourrite, en particulier dans les Archives Sud-Ouest9. Les textes juridiques internationaux, tous en akkadien, proviennent quasiment tous des Archives Sud et les textes juridiques locaux, eux aussi presque tous en akkadien, des Archives Centrales; les lettres, pour la plupart en akkadien, étaient disséminées mais le plus grand nombre était dans les Archives Est. Les textes économiques et administratifs étaient partout, mais surtout dans des archives dépourvues ou presque de textes juridiques et il n'yen avait quasiment pas dans les Archives Sud; la grande majorité est en langue locale. Cette prédominance de l'ougaritique pour ce type de documents, alors que l'akkadien est la langue des textes juridiques, nationaux ou internationaux, et le plus souvent celle des lettres, explique pourquoi la proportion entre les deux langues varie suivant la composition de chaque dépôt d'archives 10. On constate que ces archives sont restreintes, surtout si on les compare à ce que l'on a exhumé dans le palais de Mari, qu'elles sont composites mais organisées et qu'à de rares exceptions près, tout ce qu'elles contiennent semble postérieur au milieu du XIVe siècle, ce qui porte à penser que les archives précédentes avaient été jetées, soit lors de la réorganisation du palais au fur et à mesure de sa réfection, soit pour quelque autre raison II. L'époque documentée correspond donc aux règnes des sept derniers rois, pour lesquels il n'est pas possible d'indiquer des dates précises, mais qui se succédèrent à partir des envi9. On y remarque, trouvés dans la même pièce, des foies divinatoires inscrits en langue locale et plusieurs textes musicaux hourrites. 10. Sur l'emplacement et la composition des archives du palais, ajouter aux ouvrages cités n. 6, S. LACKENBACHER, « Les archives palatiales » (sous presse, dans la revue KTEMA). d'Ugarit Il. Voir p. 41. Le problème des documents disparus parce qu'ils étaient écrits sur un support périssable est très délicat. Je n'ai décelé aucune trace de fabrication, d'achat, de traitement ou d'emploi du papyrus; en revanche, les tablettes de bois recouvertes de cire, dont on on a retrouvé quelques restes, sont mentionnées dans les textes d'Ugarit (cf. par exemple RS 19.53 et MALBRAN-LABAT, RSO VII, p. 30, n. 7), de l'empire hittite et d'Emar, voir les remarques de D. ARNAUD, « Les Hittites sur le Moyen-Euphrate: protecteurs et indigènes », Hethitica VIII (1987), p. 24, n. 43.
INTRODUCTION
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rans de 1350: Niqmaddu « II », Ar-halba, Niqmepa, III »et Ammurapil2. Ammistamru« II », Ibiranu, Niqmaddu« La plus grande partie des textes dont il est question dans ce volume proviennent du Palais royal. Le reste a été retrouvé dans divers bâtiments datant tous de la dernière période de l'existence d'Ugarit. Le grand bâtiment appelé tantôt le Palais Sud, tantôt la résidence de Yabninu, « le grand administrateur »13, a livré d'autres archives, qui étaient situées aussi à l'étage car on les a retrouvées surtout dans les pièces 203, 204 et à l' extérieur, y compris sur les mursl4. Les textes en akkadien, qui prédominent, sont presque exclusivement des textes économiques et administratifs datant de la fin de l'existence d'Ugarit1S.
12. D'après la publication récente de quatre nouvelles listes de noms de rois divinisés, mises au jour lors des campagnes de 1988 et 1994, par D. ARNAUD, « Prolégomènes à la rédaction d'une histoire d'Ougarit II : les bordereaux de rois divinisés », SMEA 41 (1999), p. 153-173, il s'agirait en effet de Niqmaddu III, Ar-halba, Niqmepa VI, Ammistamru III, Ibiranu VI, Niqmaddu IV et Ammurapi II. J'ai eu connaissance de l'article au moment où ce livre allait être remis à l'éditeur. [La publication ayant été retardée, il m'a été possible de compléter la bibliographie]. Adopter cette nouvelle façon de désigner les souverains d'Ugarit aurait engendré une certaine confusion, mettre le chiffre romain entre guillemets complique la lecture. Après beaucoup d'hésitation, j'ai décidé de garder la numérotation traditionnelle, celle des ouvrages antérieurs, dont WATSON et WYATT, Handbook: pour une concordance avec la numérotation d'Arnaud, voir p. 355. En ce qui concerne la chronologie, voir les tableaux de VAN SOLDT, SAU, p. 44-45, et de 1. SINGER, « A Political History of Ugarit» (= PHU), dans WATSON et WYATT Handbook. p. 733. 13. Selon VAN SOLDT, SAU, p. 157, le Palais Sud « was probabiy a private mansion owned by a high officiai, the satammu rabû Yabni-sapsu, who
empioyed at ieast one scribe (Nahdisaimu) and kept extensive records of state affairs as weil as his own business affairs »; cela, probablement durant le demi siècle précédant la destruction d'Ugarit. Il se réfère à RS 19.53, une lettre retrouvée dans la pièce 204, adressée « à Nahesi-salmu, mon bon frère, scribe de Yabni-Sapsu, l'administrateur en chef » (voir, dans ce volume, p. 202). Plus récemment, VAN SOLDT précise que le nom du scribe doit être une forme du nom Nahis-salmu, « a good Akkadian un assyrien, cf. W. H. VAN SOLDT, name », et que c'était probablement « The syllabic Akkadian Texts », dans WATSON et WYATT, Handbook, p. 32s. et n. 32, et « Private Archives at Ugarit », p. 230. 14. YON, La Cité d'Ougarit, p. 61 15. J. C. COURTOIS a dressé« la liste de tous les documents écrits (cunéiformes alphabétiques et syllabiques, chypro-minoens et hiéroglyphiques égyptiens) mis au jour dans les locaux d'archives du palais sud et leurs
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INTRODUCTION
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La« maison de Rap'anu »16 a livré une vingtaine de textes en ougaritique, essentiellement économiques ou administratifs, et en akkadien, beaucoup de textes lexicographiques et scolaires, des textes religieux, mais aussi plus de soixante lettres et des documents juridiques et économiques. Il faut noter que les documents juridiques, relevant presque tous du droit familial, n'ont pas de lien apparent avec le propriétaire présumé de cette maison (à une exception près) de même que les textes économiques, où le nom de Rap'anu ne figure même pas et qui ne présentent aucune unité apparente. Ces archives portent sur les règnes d'Ammistamru II et ses successeurs, c'est-à-dire la fin de l'existence d'Ugarit. La découverte de nombreux textes lexicographiques et scolaires a fait penser qu'il s'agissait de la demeure d'un scribe, et le contenu des lettres que celui-ci était « un scribe de très haut rang chargé de fonctions importantes ayant accès aux affaires les plus délicates de l'État17 ». Dans la« maison d'Urtenu », dont les trouvailles sont en grande partie inédites, la situation est tout à fait similaire: en ce qui concerne l'akkadien, nombreux textes lexicographiques et scolaires, correspondance internationale touchant au même type d'affaires et de la même époque, documents juridiques et économiques, textes littéraires. L'appellation traditionnelle de « maison de Rap'anu »et« maison d'Urtenu »masque sans doute une réalité plus complexe, que la publication du fonds inédit et des travaux ultérieurs permettront peut-être de mieux cernerl8.
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La« maison de Rasap'abu », syndic du port de Ma'hadu19, à laquelle il faut ajouter la « maison du Lettré »20, car les trouvailles de la prétendue maison du Lettré proviennent sans doute de l'effondrement de la maison de Rasap'abu21, a livré quelques documents en ougaritique et moins de trente documents en akkadien, dont une dizaine de textes juridiques, certains appartenant clairement aux archives familiales de Rasap'abu. Tels sont les principaux lieux d'archives qui nous intéressent ici. Dans la« maison aux textes littéraires22 », les textes akkadiens comportent, à côté de vocabulaires et de textes littéraires, quelques lettres et contrats souvent fragmentaires, presque tous inédits23. La« maison du prêtre hourrite » et la « cella aux tablettes mythologiques et liturgiques », dont l'état actuel ne permet pas de reprendre l'étude et donc de déterminer s'il s'agit d'une ou plusieurs maisons, ont livré, en akkadien, des textes littéraires, lexicographiques et religieux, mais aussi quelques lettres et textes dits de la pratique24. D'autres bâtiments comme la« maison aux textes médico-magiques » ou la« maison du Grand-Prêtre » ont livré des textes lexicographiques, littéraires et religieux en akkadien, en ougaritique et en hourrite d'une grande importance, mais qui ne sont pas concernés par cet ouvrage.
19. Cf. n. 859.
abords immédiats », cf. « Yabninu et le Palais Sud d'Ougarit », Syria 67 (1990), p. 104-141. VAN SOLDT, SAU, p. 372, signale que plusieurs traits distinguent l'orthographe de ces archives de celle des autres archives, ce et qui confirme la date tardive proposée à partir des indices archéologiques prosopographiques ; pour cet auteur, cela tiendrait à la présence d'un scribe assyrien (voir n. 13). 16. Cf. COURTOIS, SdB IX, col. 1253-1261 ; VAN SOLDT, SAU, p. 165-180. Seule la partie nord du vaste ensemble désigné jadis comme « maison de Rap'anu » devrait mériter ce nom, cf. YON, La Cité d'Ougarit, p. 83 et le plan, p. 84. Les tablettes devaient se trouver à l'étage, comme ailleurs: cela paraît clair d'après leur lieu de trouvaille, essentiellement les espaces 5-6-7. 17. NOUGAYROL, Ugaritica V, p. 42. 18. J'ai quelques réserves sur le bien-fondé d'expressions comme « les », mais ce n'est appaarchives de Rap'anu » et « les archives d'Urtenu remment pas le cas de VAN SOLDT, « Private Archives at Ugarit », p. 243.
SdB IX, co1.l250-1251 et col. 1251-1252. 20. Respectivement, 21. YON, La Cité d'Ougarit, p. 82 et O. CALLOT (communication personnelle). 22. SdB IX, col. 1261-1262. 23. Le fragment de lettre RS 22.393, de Urhae à Yabnu, dont il ne reste que les salutations et la proposition de présents réciproques, a été publié comme « RS 22.06 » dans PRU VI, n° 16, p. 18s. O. CALLOT, pour qui c'est la maison B de l'îlot X, a publié une étude exhaustive de cette grande », et de ses trouvailles dans demeure, « à caractère presque aristocratique La Tranchée« Ville Sud ». Études d'architecture domestique, RSO X, Paris, 1994, Callot tie du phase thèque et de
p. 53s. (la maison) et p. 221-223 (les trouvailles). Noter que pour (p. 61), les textes trouvés entre 2 m et 3 m ne peuvent pas faire parmême lot que les autres: « ils étaient sous les sols dans la dernière d'existence de cette maison »(remb1ai? vestiges d'une première biblio?). Il faut espérer que l'étude qu'il projette des maisons de Rasap'abu Rap'anu pourra être menée à bien, en dépit de leur état actuel. 24. SdB IX, col. 1269-1275.
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De 1929 à 1939, les premières publications de textes en akkadien furent l'œuvre de C. Virolleaud, F. Thureau-Dangin et E. Dhorme25 mais c'est J. Nougayrol qui, de 1955 à 1970, a publié l'essentiel des trouvailles: successivement Le Palais
royal d'Ugarit, III : Textes accadiens et hourrites des archives est, ouest et centrales, avec des études de G. Boyer et E. Laroche, Paris, 1955 ; Le Palais royal d'Ugarit, IV : Textes accadiens des Archives Sud (Archives Internationales), Paris, 1956 ; « Textes suméro-accadiens des archives et bibliothèques privées d'Ugarit» dans J. Nougayrol, E. Laroche, C. Virolleaud et C. Schaeffer, Ugaritica V, Paris, 1968; Le Palais royal d'Ugarit, VI : Textes en cunéiformes babyloniens des Archives du Grand Palais et du Palais Sud, Paris, 1970. J'ai évoqué dans l'Avant-propos la qualité exceptionnelle du travail de ce savant, confronté à un akkadien souvent bien différent de l'akkadien des scribes de Mésopotamie. Les textes que l'on trouvera ici sont en effet de provenance très diverse: à côté de ceux qui ont été écrits en Ugarit, il y a ceux qui viennent des États avec lesquels le royaume entretenait des relations, au premier rang desquels l'empire hittite, puisque l'akkadien était la langue diplomatique de l'époque. Cet akkadien d'adoption n'est donc pas uniforme, même si, dans l'ensemble, il est proche du médio-babylonien. Il n'existe guère de travaux approfondis récents sur celui des scribes hittites26 ; en revanche, pour les quelques textes écrits en Amurru, on peut se référer à l'ouvrage de S. Izre'el, paru en 199P7. En ce qui concerne l'akkadien d'Ugarit, les ouvrages de 25. On en trouvera la liste dans J. HUEHNERGARD,The Akkadian of Ugarit, 1989, p. 1-2; Nougayrol a republié la plupart de ces textes.
HSS 34, Atlanta,
Étude sur la langue des lettres, traités et vocabulaires akkadiens trouvés à Boghaz-Koi, Bordeaux, 1932, est ancien; la thèse de J. HUEHNERGARD, The Akkadian Dialects of Carchemish and Ugarit (PhD. Dissertation, Harvard University), 1979 (= ADCU), que j'ai pu utiliser, n'est guère accessible et le livre qu'il 26. Le livre
de R. LABAT, L 'Akkadien de Boghaz-Koi:
prépare sur l'akkadien de Karkemis est en cours. Voir aussi les remarques de VAN SOLDT, SAU, p. 381s. : par exemple que l'orthographe des textes de l'époque de Suppiluliuma 1 se distingue de celle des textes postérieurs, ou que les textes d'Ini- Tesub diffèrent peu de ceux de Tusratta, c'est-à-dire reflètent une orthographe mittannienne. 27. Amurru Akkadian : a Linguistic Study, HSS 40, Atlanta, 1991.
INTRODUCTION
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1. Huehnergard et de W. van Soldt sont essentiels, comme le prouvent les nombreuses références que l'on trouvera tout au long de ce volume28. Pour résumer les conclusions de Huehnergard, l'akkadien d 'Ugarit, comme d'autres variétés d'akkadien hors de Mésopotamie, ne doit pas être considéré comme du mauvais akkadien mais comme un dialecte parlé ayant ses procédés et ses règles linguistiques propres. Huehnergard compare la grammaire des textes en akkadien écrits en Ugarit à un palimpseste: c'est à la base du médiobabylonien conservant des traits vieux-babyloniens, influencé par l'assyrien et présentant des particularités étrangères à tous les dialectes de Mésopotamie, certains traits reflétant sans doute une tradition scribale propre à ce que l'auteur appelle « northern Western Peripheral Akkadian, or Syro-Anatolian »29. Van Soldt étudie en outre les particularités de l'akkadien d'Ugarit de façon chronologique et constate que l'influence mittannienne (au demeurant peu attestée) décroit, au contraire de celle de l'assyrien et surtout de l'ougaritique, le règne de Ammistamru II représentant un tournant30 : l'évolution de la langue reflète celle de la situation politique31. L'ougaritique a beaucoup influencé la syntaxe, beaucoup plus que la morphologie : ainsi, l'ordre des mots est-il moins strict qu'en akkadien, le verbe étant rarement placé à la fin de la phrase32. Outre que l'orthographe et la grammaire sont particulières, le vocabulaire com-
28. J. HUEHNERGARD, Ugarit Vocabulary in Syllabic Transcription (= UVST), HSS 32, Atlanta, 1987, et The Akkadian of Ugarit (voir n. 25), 1989 ; VAN SOLDT, SAU (voir n. 5), 1991, et « The Akkadian of Ugarit: Lexicographical aspects », SEL 12 (1995), p. 205-215 ; voir aussi les contributions de ces deux auteurs dans WATSON et WYATT, Handbook, le premier p. 134s., le second p. 28s. En 1979, D. ARNAUD avait publié une courte synthèse, SdB IX, col. 1348-1359. 29. AU, p. 271 ; dans son compte rendu, S. IZRE'EL, Bi Or 49 (1992), Peripheral Akkadian ». p. 172, dit préférer«
30. The pivotai point for many phenomena seems ta be the reign of'Ammiltamru /1... », SAU, p. 473. Du point de vue des archives qui nous «
intéressent ici (les textes littéraires et scolaires ne figurant pas dans ce volume), il faut noter que l'influence assyrienne est particulièrement sensible dans celles du Palais Sud (voir n. 15). 31. VAN SOLDT, dans WATSON et WYATT, Handbook, p. 45. 32. V AN SOLDT, SAU, p. 494 et p. 517s., HUEHNERGARD,A U, chapitre VI, « Dialects Affinities and Substrate Influences », p. 271s.
"-
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porte un certain nombre de mots ougantlques, inattestés par ailleurs, dont certains sont encore intraduisibles33. L'onomastique de ce corpus composite est très mélangée, sans doute à l'image de la population du royaume et de celle de ses correspondants34 ; il n'est pas toujours aisé de savoir comment il faut transcrire les idéogrammes et lire certains noms, ce qui explique les hésitations et les différences que l'on trouvera çà et là avec les transcriptions de Nougayrol, qui les modifia parfois au fur et à mesure des découvertes. Pour ne donner qu'un exemple, un nom composé de deux idéogrammes sera lu différemment selon qu'on le considère comme ougaritique, hourrite ou akkadien; or l'origine supposée du personnage n'est pas toujours d'un grand secours, car on sait qu'un père et ses fils portent parfois des noms qui pourraient faire penser qu'ils appartiennent à des groupes différents. Par ailleurs, il suffit de lire les ouvrages les plus récents pour constater que le consensus n'existe guère, même pour des noms aussi célèbres que ceux des divinités et des souverains; pour les noms hourrites, en particulier, il est difficile pour une profane de choisir la proposition qui a le plus de chance de survivre, au moins un certain temps. En outre, plus d'un nom est d'étymologie incertaine ou d'origine inconnue. Il est sûr que les travaux ultérieurs sur cette onomastique rendront caducs certains des choix, qu'il faut bien faire, même en cas d'incertitude, avec le risque
33. On en trouvera./a liste dans le glossaire de HUEHNERGARD, UVST, p. 103s., avec les références à toutes les études antérieures. Voir aussi G. DEL OLMO LETE et J. SANMARTIN, Diccianaria de ta tengua ugaritica, Sabadell, t. l, 1996, t. II, 2000. 34. L'ouvrage de base reste celui de F. GRONDAHL, Die Persanennamen der Texte aus Ugarit, Rome, 1967, mais, malgré ses qualités, et ne seraitce qu'en raison de sa date, il serait très souhaitable qu'un nouveau travail d'ensemble soit mené à bien. Il devrait être facilité par l'entreprise de Carole Roche, qui, pour sa thèse, vient de terminer le catalogue des noms propres d'Ugarit, y compris ceux des textes inédits. Voir aussi M. LIVERANI, « Antecedenti deI diptotismo arabo nei testi accadici di Ugarit », Rivista degli Studi Orientali 38 (1963), p. 131-160; les listes et les références de D. PARDEE, « Ugaritic Proper Nouns - Personal Names - Personal Names p. 391-430; H. HOFFNER, « Name (Syllabic) », AfO 36/37 (1989-1990), - Namengebung. C. Bei den Hethitern », et G. WILHELM, « D. Bei den Hourritern », RtA 9,1998, p. 116-127. M. GIORGIERI, ,( L'onomastica hurrita », La parata det passa ta 55 (2000), p. 278-295.
INTRODUCTION
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de manquer de cohérence. Les spécialistes d'ougaritique seront peut-être surpris par la façon d'écrire toponymes et anthroponymes, mais c'est celle des textes akkadiens d'Ugarit. Le souci d'être intelligible a ses contraintes: les lectures traditionnelles de certains noms passées dans l'usage courant mais sans doute approximatives sinon erronées ont été conservées ; il en est de même pour la numérotation habituelle des souverains hittites, contestée pour Tudhaliya IV et Hattusili III, et celle des rois d'Ugarit, dont on a vu qu'une publication récente oblige pourtant à revoir la façon de les désigner.
Ilo...
Première partie
LES RELATIONS INTERNA TIONALES MER
MÉDITERRANÉE
1
LE CADRE ÉVÉNEMENTIEL35
L'époque des archives est celle où, après avoir appartenu à la sphère d'influence du Mittanni puis au domaine égyptien, le royaume d'Ugarit se trouvait sous la domination hittite. La côte syro-palestinienne intéressa de tous temps les puissances successives établies en Anatolie, en Égypte ou en Mésopotamie, et le petit État d'Ugarit était un État riche dont la prospérité, 35. Pour les faits résumés ici et la bibliographie, voir M. LiVERANI, Storia di Ugarit nell'età degli archivi politici, Rome, 1962 ; l'article
L'APPLICATION
32-410r moi, j'ai été gravement malade; (il s'en est fallu) d'un doigt que je ne sois mort. À présent, je suis guéri de mon mal: le dieu Apsukka de Irhanda est apparu et il m'a demandé de faire partie de sa confrérie264. Quiconque fait des offrandes d'association à ce dieu fait de nombreux présents et (lui) apporte de la laine bleue. 41-47Maintenant, que mon seigneur m'envoie de la laine bleue. Si mon seigneur ne me fait pas porter de la laine bleue, qui d'autre, à moi, donnera de la laine bleue, si mon seigneur ne m'en donne pas ! RS 17.422 = PRU IV, 223s. et pl. LXXII Lettre Palais
de Taguhli au roi d'Ugarit. royal, pièce 56 (Archives Est).
1-7Dis au roi de l'Ugarit, mon seigneur: ainsi (parle) Taguhli, ton serviteur. Je tombe aux pieds de mon seigneur, de loin, deux fois sept fois. 8-lOQue l'on m'envoie la nouvelle que tout va bien pour le roi mon seigneur. 11-17Au sujet du lapis-lazuli, dont tu as écrit au Roi: « j'ai cherché du lapis-lazuli mais je n'en ai pas trouvé », le cœur du roi est plein de griefs contre mon seigneur; 18-23maintenant, que mon seigneur cherche du lapis-lazuli chez quelqu'un et qu'il en fasse porter265 au Roi. Le Roi recherche fort le lapislazuli. 24-28Si tu lui fais porter du lapis-lazuli, tu verras si le R~i ne te fait p~s.de fav~urs et moi je f?urraj dire ~lor~ à mon seigneur: « al-Je oublzé266? » 29-3 A present, Je viens de dépêcher mon messager auprès de mon seigneur; que mon seig~eur .remett~ e~tre les, ~ains de ~et ho~me tout (ce. dont} ~e lUI (al expnme) le deslr et qU'Il revienne [ensu]lte? 3 43Jusqu'à maintenant on ne me cherche pas querelle en Hatti, que mon seigneur me donne ... 267. Si mon seigneur ne me tire pas d'embarras, qui donc me tirera d'embarras?
264. Mot à mot 265. Le texte dit 266. Nougayrollit
est monté
«
«
fais porter
et il m'a demandé »,
d'être
son associé
».
à l'impératif.
am-[S]a(?)-a (ù a-na-ky am-[t]a?/[S]a?-a ka-am-ma ana bêli-ia a-qa-bi) ; je vois plutôt TA que SA. Serait-ce un sens de ma!û, quelque chose comme « être insuffisant »? 267. TU BU GA AN ZA m'est incompréhensible.
Correspondance
DES ACCORDS ET LEURS CONSÉQUENCES
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avec le pouvoir hittite.
RS 20.184 = Ugaritica V n° 28, 97s. et 386 Lettre d'Ammistarnru Maison de Rap'ânu,
II au prince pièce 26.
hittite
Hesmi-Tesub.
1-8Dis à Hesmi- TeSub268, mon seigneur: ainsi (parle) Ammistarnru, ton serviteur. Je tombe aux pieds de mon seigneur. Pour mon seigneur, que tout aille bien ! Pour ta maison, tes épouses, pour tout ce qui est à mon seigneur, que tout aille très très bien! 9-15Mon seigneur, chaque fois que le roi mon seigneur envoie des chevaux269 à son serviteur, [... ] par l'intermédiaire de Taguhli [... ], t[on?] serviteur s'(en) réjouit. Qu'en est-il de toi ?[... ]maintenant, des chevaux[ ... ] ret ton serviteu~l ( ] cassure rev.l -7 [ ] j'envo[ie] A[mutafÜ (mon ... ) a]u roi, mon seigneur. Que mon [seigneur] introduise donc Amutarü270 auprès du roi mon seigneur ; que mon seigneur expose ses affaires aussi bien que possible, qu'il l'introduise aussi favorablement que possible. 8-16Que mon seigneur parle devant le roi mon seigneur pour qu'il envoie à son serviteur deux bons chevaux et un bon arc du Hanigalbat, par l'intermédiaire d' Amutarü, mon ... 271 Et toi, mon seigneur, envoie ici à ton serviteur un bon arc du Hanigalbat par l'intermédiaire d' Amutarü, mon .... 17-20À présent, en cadeau à mon seigneur, je t'envoie une grande pièce de lin fin et une pièce de lin (plus) ordinaire272.
268. C'était le frère d'Ini-Tesub, roi de Karkemis, voir D. ARNAUD, Notes brèves 2 », RA 68 (1974), p. 190; SINGER, Tel Aviv 10 (1983), p. 7-8 ; D. ARNAUD, Recherches au pays d'Astata : Emar VI.3, Paris, 1986, n° 19, p. 30, 1. 1 : du mu lugal ses-su sa lugal. 269. Sur l'élevage des chevaux en Hatti, voir F. STARKE, Ausbildung «
und Training von Streitwagenpferden. Eine hippologisch orientierte des Interpretation des Kikkuli-Textes, St BoT 41, 1995. Sur l'importance chevaux dans les échanges du Hatti, SINGER, Tel Aviv 10 (1983), p. 27, n. 3 et p. 29. 270. Sans doute le successeur cf. SINGER, PHU, p. 271. lu ZA-ar-GU ((1. 16' KU) SINGER, Tel Aviv 10 (1983), p. 8s. 272. sa nu sigs ; « une autre
à Karkemis,
de Taguhli comme représentant d'Ugarit 655. IGI-ia. Voir les diverses hypothèses dans n.11 et HUEHNERGARD,AU, p. 143, n. 10. » serait plutôt sa-nu-u/sa-na-a.
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RS 17.247 = PRU IV, 191 et pl. XXXII Lettre de Piha-walwi, prince hittite, à Ibiranu CTH 110. Beckman, HOT, n° 21. Palais royal, pièce 56 (Archives Est).
d'Ugarit.
1-5 Ainsi (parle) Piha-walwi, le prince273 : dis à Ibiranu, mon fils : à présent, tout va bien pour Mon Soleil. 6-11Depuis que tu as pris le pouvoir royal de l'Ugarit, pourquoi n'es-tu pas venu auprès de Mon Soleil, et 8ourquoi n'as-tu pas envoyé de messagers régulièrement? 12-2 Or, maintenant, Mon Soleil est fort irrité par cette affaire; envoie maintenant aussi rapidement que possible274 des messagers auprès de Mon Soleil et fais porter ici les présents du roi avec mes présents. RS 17.423 = PRU IV, 193 et pl. LXXIII Lettre Palais
du roi de Karkemis à Ibiranu d'Ugarit. royal, pièce 56 (Archives Est).
l-5Ainsi (parle) le Roi: dis à Ibiranu, roi de l'Ugarit: que tout aille bien pour toi! 6-12Lors que Mizra-muwa va aller là-bas (à Ugarit) résider avec PAP-Sarruma, toi, tu dois toujours le traiter très bien, comme cela lui est dû. l3-l6En outre, tu dois donner grain et paille à ses chevaux. 17-24Au cas où tu ne le connaîtrais pas, c'est le frère de Uppar-muwa, c'est un fils du roi lui-même275 ; tu dois donc toujours le traiter très bien, comme cela lui est dû.
273. Peut-être fils du Grand Roi hittite, cf. F. IMPARATI, « Una concessione di terre da parte di Tudhaliya IV», RHA 32 (1974), p. 116 et n. 185. Sur ce personnage, voir SINGER, PHU, p. 684 n. 264. 274. kî du-luh-ti-is, cf. MORAN, Les Lettres d'El-Amarna, p. 86 et p. 88, n.24. 275. C'est J. Huehnergard qui m'a fait noter que le -ma de la 1. 20 (dumu lugal-ma) incite à traduire ainsi et non « c'est un prince », la traduction que j'ai adoptée pour dumu.lugal (cf. n. 83). Cela permettrait de trancher la question de savoir si Mizra-muwa et Uppar-muwa étaient ou non les fils du roi de Karkemis, voir IMPARATI, RHA 32, p. 116s. et « Mizramuwa », RIA 8, 1994, p. 316-317. F. PECCHIOLI OADDI, compte rendu de van den HOUT, Der Ulmitesub-Vertrag, OLZ 92 (1997), col. 175s. BEAL, Organization, p. 393, n. 1486, fait remarquer que si Mizra-muwa et Upparmuwa étaient les fils du roi de Karkemis, il est étrange que l'auteur de la
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.RS 20.03 = Ugaritica V n° 26, 9ls. et 384 Lettre de Sukur-Tesub, prince hittite, à Ammistarnru Quartier Résidentiel, Maison de Rap'anu, pièce 7.
II.
l-4Ainsi (parle) Sukur-Tesub, le prince: dis à Ammistarnru, roi de 1'Ugarit: que tout aille bien pour toi ! 5-13 À présent, j'ai quitté la présence du Soleil, je suis en poste à Alalah et tu es donc mon voisin de frontière. Comporte-toi bien avec moi et moi, je me comporterai bien avec toi. Toi, tu m'écriras tous tes désirs, moi, tout ce que je t'écrirai, écoutes-le. 14-220r, maintenant, je t'envoie des ~iiripu, gens de Panestii(yu), pour faire de la laine pourpre276 ,. qu'ils (en) fas-
lettre n'ait pas appelé le premier « mon frère » ou « Ipon fils », et que Mizra-muwa n'était pas nécessairement un descendant de Sarri-Kusuh ; mais cela pourrait tenir au fait que le véritable auteur de la lettre n'était pas le roi au nom duquel elle était envoyée (cf. p. 48). Pour SINGER, dans son compte rendu de van den Hout, Bi Or 54 (1997), col. 420-421, il s'agit bien de fils du roi de KarkemiS. Voir aussi E. CANCIK-KIRSCHBAUM, Die Mittelassyrischen Briefe aus TaU Se!; Hamad, BA TSH 4, Berlin, 1996, n° 17, 1. 15' : Imi-iz-ra-mu-ra1. 276. himes $a-ri-pu-tu/ti ne se trouve à ma connaissance qu'ici et dans RS 25.461 (où ils sont qualifiés de « $liripu du Roi »), deux lettres de provenance hittite, et dans la lettre en hittite de Manapa- Tarhundas, cf. P. HOUWINK TEN CATE, « Sidelights on the Ahhiyawa Question from Hittite », laarbericht ex Oriente Lux 28, (1983Vassal and Royal Correspondance 1984) p. 33-79. Houwink ten cate (p. 50) les qualifie de « presumably workers of a relatively low social standing » ; certains d'entre eux sont « du Soleil ». Ils déclarent (ligne 15s.) : « we are tributaries (ar-kam-ma-naal-li-us) [and] we came o[ver] the sea. Let us render (our) tribute (ar-kamma-an)! »lci, ils sont envoyés « mas.da.a.ri a-na e-pé-si ». Nougayrol lit mas-da-a-ri a-na e-pé-si et traduit: « pour faire les offrandes perpétuelles », ce qui n'est repris par aucun dictionnaire. Une liste lexicographique trilingue de Boghaz koy donne deux équivalents pour mas.da.a.ri : ir-bu = arkam-ma-as, « tribut » en hittite, et is-te-hu(?) = iS-x-x-x-a-u-wa-ar = ?, voir MSL XII, p. 143, Izi Bogh. A, 1. 317-318 (CAD 1, p. 174, sous irbu, mais pas sous i.fdihu, voit dans i.f-te-hu une graphie hittite de l'akkadien i.fdihu). La lettre de Manapa-Tarhundas indiquerait qu'il faut choisir arkam-ma-a.f comme le mot hittite rendu par mas.da.a.ri. Mais comment expliquer le verbe epe.fu avec un mot signifiant « tribut » (à moins qu'il ne s'agisse d'un décalque du hittite), et comment comprendre la situation? Quel tribut? Celui d'Ugarit? Il faut noter qu'en akkadien, argamannu signimais généralement « laine fie « tribut » dans les textes de Boghazkoy pourpre » (CAD A/2, p. 253 ; AHw, p. 67), et que $arlipu ($arlipu B pour CAD, $arlipu 1 pour AHw) signifie « teindre en rouge », comme l'ouga-
96 sent donc Salmiya278 durant leur ser devant pement, ...
TEXTES AKKADIENS
D'UGARIT
à Ba'alat-rimF77, puis confie-les au maire de lui-même; 23-31 personne ne doit les rançonner279 voyage dans la montagne, personne ne doit se dreseux. Que le maire de Salmiya leur fournisse équi280, tout ce qu'ils demanderont comme fourrage.
RS 17.78 = PRU IV, 196s. et pl. V Lettre d'Ebinna'e au préfet d'Ugarit281. Palais royal, cour VI (Archives Centrales).
1-7Ainsi (parle) Ebinna'e282 : dis au préfet, mon cher fils: que tout aille bien pour toi! Que les dieux veillent à ton bien-être! Envoie-moi des nouvelles de tout ce qui concerne ta santé! 89Lors que je dépêche un homme à moi auprès de (toi,) mon fils, 1O-13il pourra prendre tout ce qu'il désire ...283,personne ne doit lui faire obstacle. Le douanier ne devra prélever aucune douane sur lui.16-18Tant qu'il demeurera [là-bas], considère-le très bien!
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RS 25.461 = Studies in Honor of Ake W. Sjoberg, 318s. Lettre de Piha-ziti au roi d'Ugarit. Sud Acropole, Maison aux Textes Magiques.
1-4Dis au roi d'Ugarit, mon seigneur: ainsi (parle) Piha-ziti284, ton serviteur. Je tombe deux fois sept fois aux pieds de mon seigneur. 5-20Voici : pourquoi mon seigneur ne cesse-t-il d'exiger des droits de douane des ~iïripu285? Ne sont-ils pas les ~iïripu du Roi? Pourquoi mon seigneur ne cesse-!-il d'agir de façon déplaisante envers le Roi, mon seigneur? A présent, mon seigneur, n'exige pas de droits de douane des ~iïripu car si tu le faisais, je devrais en référer au Palais.
0
RS 15.33 = PRU
III,
15s. et pl. XV
Lettre de Hismi-Kusuh au préfet d'Ugarit. CTH 113. Archives Est, pièce 53.
1-6Ainsi (parle) Hismi-Kusuh286 : dis au préfet, mon frère: que ntique $rp « tinte rojiza, a acci6n de aplicarla », DEL OLMO LErE et SANMARTIN, DLU, p. 421. De fait, $ariipu se trouve avec argamannu dans un passage de Teglatphalasar III (CAD ~, p. 104 « sheep sa sipatesunu argamannu ~arpat whase waal is dyed purple »). Par ailleurs, dans une lettre inédite retrouvée en 1994, le roi hittite envoie de la laine a-na $a-rapi, une opération que mentionne aussi une autre lettre dont l'en-tête est perdu. Le scribe du prince hittite résidant à Alalah n'aurait-il pas pris en compte ou imaginé une équivalence mas.da.a.ri = ar-kam-ma-as = argamannu, pris au sens de « (laine) pourpre »? Les $iiripu seraient alors des artisans spécialisés dans la production de laine pourpre. Il resterait à savoir pourquoi ils doivent aller hors de leur lieu de résidence pour exercer leur activité: pour surveiller ou contrôler, par exemple parce que cette laine pourpre fait partie du tribut? Peut-être faudrait-il traduire ana epëSi« pour la fabrication » plutôt que« pour faire ». 277. Cette localité, uru nin-ri-mi, n'est attestée qu'ici, VANSOLDT,UF 28 (1996), p. 663 et UF 30 (1998), p. 740, n. 119. Pour Panesta(yu), voir RS 17.62 + et n. 411. 278. D'après VANSOLDT,UF 28 (1996), p. 687, il Y avait deux villes de ce nom en Ugarit, l'une au nord, l'autre un port du sud. 279. Le texte porte bien u-ha-ab-bti-at. 280. LIU LA BI. 281. Voir n. 81. 282. C'est le personnage envoyé à Ibiranu par le roi de Karkemis pour fixer la frontière (cf. RS 17.292 et RS 15.77). 283. i-na ka-mi? Nougayrol : « en voyage ».
tout ~ille ~bien gour toi! Que l~s dieu~ de l'U ~~rit v~illent à ton blen-etre! -12Quant au faIt que Je ne t'aI JamaIS (plus) envoyé (de nouvelles de ma) santé: je n'habite plus ici, j'habite en pays hittite, c'est pour cela que je ne t'ai pas envoyé (de nouvelles de ma) santé. 13-15Maintenant, envoie des nouvelles de tout ce qui concerne la santé de mon frère. 16-21D'autre part,
ilfmt
Ilta~mu.'
quand/or de mon Personne prélever qu'il ait
Mo~ Soleil
le. traite Ea{ticu}ièrement bien, ? 22- lA present, un homme père va chez toi pour faire des achats sur place. ne devra lui faire obstacle, aucun douanier ne devra de douane sur lui. Considère-le très bien jusqu'à ce fait ses achats!
partie de ma suite
284. Il s'agit d'un fonctionnaire au service du roi de Karkemis, cf. RS 17.248. 285. Voir RS 20.03, n. 276. 286. La collation confirme plutôt la lecture de Nougayrol Hi-is-mi-d30, mais BERGERpropose de lire Hi-is-mi-dingir.mes (= Hismi-enna), WO 5 (1969), p. 278.
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TEXTES AKKADIENS
FOURNIR
UNE ASSISTANCE
D'UGARIT
MILITAIRE
OU ÉCONOMIQUE
En temps de guerre ou de situation difficile, le rôle d'un vassal fidèle était d'autant plus important. La première obligation, stipulée par le traité entre Mursili et Niqmepa avec force détails, était d'avoir les mêmes alliés et les mêmes ennemis que son suzerain et de contribuer à son effort de guerre. Il faut envoyer des troupes et des chars dès le début des hostilités, combattre avec les armées hittites, obéir aux ordres, envoyer des renseignements. En retour, le vassal sera protégé. On sait qu'Ugarit combattit effectivement aux côtés de Muwatalli contre Ramsès II à la bataille de Qades287 mais ses archives sont muettes à ce sujet. Si l'on en croit deux lettres du roi de Karkemis (RS 17.289 et RS 20.237) l'importance des troupes n'était pas laissée à l'appréciation du roi d'Ugarit: c'était l'administration hittite qui fixait le nombre de soldats et de chars à fournir, un officier hittite allant vérifier si les ordres étaient bien exécutés. Mesure habituelle ou exceptionnelle, due à la conduite d'Ibiranu, s'il s'agit bien de lui dans les deux cas288? C'est peut-être un hasard des sources mais il semble qu'Ibiranu ne se soit guère soucié d'être un vassal modèle289 ; sans doute la conjoncture le lui permettait-elle. Il est probable, comme l'a écrit Nougayrol29o, que «les rois d'Ugarit ont adhéré à la politique hittite plutôt nolentes que volentes ». À l'occasion, ils ne se privaient pas de garder leurs meilleures troupes et d'envoyer au roi de Karkemis des soldats peu experts et des chevaux affamés291. On aimerait par ailleurs que le roi de Karkemis ait rappelé dans ses lettres le nombre d'hommes et de chars requis d'Ugarit à une époque où la guerre se faisait essentiellement
287. KLENGEL,Geschichte Syriens II, p. 369. 288. La première lettre est adressée à Ibiranu, la seconde « au roi de l'Ugarit» mais il pourrait bien s'agir de la même affaire. 289. cf. RS 17.247. Voir aussi MALBRAN-LABAT, RSO VII, n° 10 (RS 34.150). 290. Iraq 25 (1963), p. 122. 291. Voir la lettre RS 34.143, MALBRAN-LABAT, RSO VII n° 6, p. 27s. et pl. II ; cf. W. VANSOLDTdans W. MAYERet W. VANSOLDT,« Akkadische Lexikographie: CAD S », Orientalia NS 60 (1991), p. 117s.
L'APPLICATION
DES ACCORDS ET LEURS CONSÉQUENCES
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en char292, ce qui coûtait cher. Les contingents fournis par les royaumes liés par traité à l'empire hittite avaient certainement leur importance mais il ne faudrait pas surestimer le rôle d'U garit293. Tudhaliya IV exempta Ugarit de participer à une guerre contre l'Assyrie moyennant le paiement de 50 mines d'or294. Pour Nougayrol, cette exemption prouve qu'il ne s'agissait pas d'opérations d'envergure, mais il faut noter que la somme est énorme : « 50 mines d'or représentent le quadruple du tribut fourni jadis par Niqmadu (II) à Suppiluliuma !295 »; et d'autre part que l'exemption était, semble-t-il, limitée à la durée de cette guerre (RS 17.59). Le roi d'Ugarit devait aussi fournir des renseignements précis sur toute menace éventuelle (RSL 1)296 et surtout, il devait veiller à l'approvisionnement de l'empire hittite. Le problème des subsistances était crucial pour toute la région à la fin du XIIIe siècle et l'on possède de nombreux indices d'une famine récurrente dans l'empire hittite297• Une lettre de la chan-
292. Pour R. DREWS,The End of the Bronze Age. Changes in Warfare and the Catastrophe ca 1200 B. C, Prinçeton, 1993, le rôle prééminent du char dans la guerre allait conduire les Etats de l'époque à la catastrophe lorsque l'armement changea et donna la suprématie à l'infanterie, c'est-àdire lorsque les combattants en char durent céder aux attaques de bandes de guerriers à pied, très mobiles, armé~ d'épées longues et tranchantes, de javelines et de petits boucliers ronds. A la fin du Bronze récent, la guerre entre deux royaumes se faisait en char (p. 209) et le rôle de l'infanterie était mineur. Dans le chapitre 14, « The End of Chariot Warfare in the Catastrophe » (p. 209s.), Drews dresse un tableau très évocateur de la fin d'Ugarit et de quelques autres. Pour les lettres en ougaritique concernant l'aide militaire, cf. J.-P. VlTA, El ejército de Ugarit, Madrid, 1995, p. 21, et sur le char de guerre et son équipage en particulier à Ugarit, voir l'étude et la bibliographie de Vita, p. 38-132. 293. Les conclusions de Vita (cf. note précédente) paraissent un peu excessives. 294. 50 ou 40, voir RS 17.59, note ad 1. 17. 295. PRU IV, p. 149. 296. Voir aussi RS 34.129 = MALBRAN-LABAT, RSO VII, p. 38s. n° 12, du roi hittite au préfet, et RS 34.151=, ibid. n013. 297. Sur la famine dans l'empire hittite, voir H. A. HOFFNER,« The Last Days of Khattusha », dans WARD et SHARPJOUKOWSKY, The Crisis Years, p. 49 ; BRYCE,The Kingdom of the Hittites, p. 356 et 364-365 (bibliographie) ; DREWS,The End of the Bronze Age, p. 77-84. On sait que les
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D'UGARIT
cellerie hittite (RS 20.212) réprimande le roi d'Ugarit: certes le Soleil l'a libéré de l'ilku - est-ce dans ce cas l'exemption de combattre les Assyriens, ce qui daterait l'incident du règne de Tudhaliya IV? - mais n'était-il pas entendu qu'il devait faire ce qu'on lui manderait? Or il est urgent de faire parvenir du grain du Mukis et le roi doit fournir un bateau avec son équipage298 ; il est donc sommé de s'exécuter et l'affaire est significative. La situation de vassal avait des conséquences financières de plusieurs sortes: au payement du tribut, aux cadeaux, aux coût des opérations militaires (ou de leur exemption) et à l'obligation d'entretenir les hôtes, s'ajoutait le manque à gagner de toutes les taxes supprimées, soit parce que certaines catégories de personnes ou de professions étaient exemptées par principe (RS 25.461), soit lorsqu'un haut personnage hittite l'exigeait (RS 17.78). Cela dit, il est difficile d'apprécier dans quelle mesure Ugarit remplit les obligations imposées par sa nouvelle situation ; lorsque tout se déroulait conformément au traité, donc à ses exigences, le pouvoir hittite n'avait aucune raison de se manifester. Les lettres de reproches sont peut-être l'écho de situations exceptionnelles.
L'APPLICATION
Tesub300,
inspecter
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le kartappu de Mon Soleil, va (venir) chez toi. Il va tes troupes et tes chars. 1O-16Rassemble/prépare301
autant de .[troupes] et de chars ~ue le Palais t'en. a impo.sé, et Mon SoleIl fera le compte. 17- 0Que Mon SoleIl ne SOlt pas contrarié! (C'est une question de) vie (ou de) mort.
RS 20.237 = Ugaritica V, n° 31, 102s. et 387 Lettre du roi (de Karkemis) au roi d'Ugarit. Maison de Rap'anu, pièce 5.
1-4Ainsi (parle) le roi : dis au roi de l'U garit302 : que tout aille bien pour toi! 5-lOQuant aux chars pour (lesquels) tu m'as écrit, envo[ie] autant [de ch]ars que le Soleil l'a ordonné, et quant ,au~ tr[oupes?] (suite lacunaire ou trop fragmentaire) rev. 2 -6 [... ] et ne [t'en v]a? pas[ .. .l]ivreras-tu [ce que tu as pr]omis? Va auprès du [Sole]il!
Sinon, payer une compensation. Envoyer des troupes . RS 17.289 = PRU IV, 192 et pl. XXXV Lettre Palais
du roi de Karkemis à Ibiranu d'Ugarit. royal, pièce 56 (Archives Est).
1-4 Ainsi (parle) le roi du Karkemis299 : dis à Ibiranu, roi de l'U garit : que tout aille bien pour toi! 5-10 À présent, TalmiÉgyptiens mentionnent l'envoi de céréales au Hatti via Ugarit la 5e année de Merneptah ; or des documents trouvés en 1994 et encore inédits montrent que la famine sévissait aussi à Ugarit à la fin du XIIIe siècle, cf. S. LACKENBACHER, « À nouveau RS 88.2158. », NABU1999, 53), p. 53-4. 298. Une liste de ceux qu'il faut désarmer pour vétusté (RS 34.147 = MALBRAN-LABAT, RSO VII, p. 23s. n° 5) montre qu'il y avait pourtant des bateaux de Karkemis à Ugarit. Sur l'importance de l'accès à la mer et les bateaux de Karkemis, voir la discussion générale dans HELTZER-LIPINSKI, Society and Economy, p. 377s. 299. Comme dans le cas d'Ugarit, Karkemis était le nom de la capitale et du royaume. L'usage est de dire « le roi de Karkemis » mais les documents parlent toujours du (pays de) Karkemis.
.
RS 17.59 = PRU IV, 150s. et pl. IV
Edit de Ini-Tesub. Sceau-cylindre de Ini-Tesub303. CTH 108. Beckman, HOT, n° 37. Palais royal, « cour V ».
1-2[Devant?/Ainsi (parle)?] Ini-Tesub, roi du Karkemis, [fils de Sahurunuwa], aussi roi du Karkemis. 3-5 [Mon Soleil 300. C'est la lecture généralement adoptée pour GAL-dIM, mais UraTarhunta est également possible, voir SINGER, PHU, p. 686, n. 274. Sur l'importance du kartappu du Soleil ou du roi de Karkemis, cf. n. 196. 301. süsir. Le fragment RS 11.834 évoque peut-être la même affaire. 302. Probablement Ibiranu, cf. NOUGAYROL, PRU IV, p.102, n. 2 et M. y AMADA, « Reconsidering the letters from the "King" in the Ugarit Texts : Royal Correspondence of Carchemish? ", UF 24 (1992), p. 444. 303. SCHAEFFER, Ugaritica III, fig. 32-33 ; LAROCHE, ibid., p. 122s. Nougayrol décrivait le texte comme « une décision de Tudhaliya IV, par(PRU IV, p. 149) que RS 17.59 « se prédevant Initesub » et commentait sente comme un arbitrage du roi de Carkemis: la forme et la disposition de la tablette et de l'empreinte confirment sur ce point la tournure des 1. 1 ». et suiv. attestée dans de très nombreux parallèles
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TEXTES AKKADIENS
D'UGARIT
L' APPLICATION
Tudhali]ya, Grand Roi, roi du Hatti, a libéré [X304, roi de l']Ugarit [avec? ses soldats et ses chars. 6-8Jusqu'à ce que? la guerre d'As]syrie soit terminée, les soldats et les chars [du roi de l'Ug]arit n'auront pas à aller [en renfort. 9-l6À présent?, en ce qui concerne? le r]oi de l'Ugarit, on ne peut absolument pas le mobiliser à [la rescousse?], mais lorsque la guerre d'Assyrie [sera terminée, quan]d Mon Soleil l'emportera sur le roi d'Assyrie [et quand] ils [seront] en paix ensemble, [on mo]bilisera ses soldats et ses chars com[ me auparavant? ] et par la suite9[on] l~ de [mo]bilis~ra la ~escouss. IZRE'EL, « A God Rib(bân) in Ugarit? », UF 23 (1991), p. 217-218: 3 [... dr]i-ba-ni dpi-id-ra-i 4 [ù lt-i]m dingir.mes; malheureusement la collation montre que le signe cassé n'est pas ri, mais sa ou ta. 366. ana muhhi-ia amtite sa la banûti tidbuba •.dabiibu, « parler, dire », peut signifier« protester, se plaindre » et même « comploter », en particulier, comme c'est le cas ici, avec ana muhhi, mais en néo-assyrien (cf. CAD D, p. Il § 6) ; amiitu, « parole, affaire », a des sens très divers mais avec (lii) banû, il s'agit en général de paroles amicales ou hostiles et quelques lignes plus haut (5'-7') le verbe signifie simplement« dire ». 367. Il n'y a rien après lu-lim. Voir supra le commentaire, p. 112. 368. Ou : « les choses n'iraient -elles pas bien entre nous? »
ï'-'S;[Si] Sauska-muw[a, fils de Pendi-sëna, roi de l'Amurru] traite avec violence Ammistamru, fils de Niqmepa, roi de l'Ugarit, ou traite avec violence les bateaux et les soldats qui 369. Voir ARNAUDet SALVINI,Semitica 41-42, p. 8, n. 5 : cette tablette a été trouvée lors de la ne campagne au point topographique 1214 et son sceau publié dans Ugaritica III, p. 24 « mais sous un numéro d'inventaire erroné ». Le fragment Badr publié par t\rnaud et Salvini ressemble beaucoup à ce texte mais porte le sceau de Sauska-muwa. 370. la idabbub : quel est le sens exact?« ne s'entretiendra pas, n'aura pas d'entretien direct », c'est-à-dire ne la rencontrera pas, même hors de son palais?« ne complotera pas »? 371. cf. PRU IV, p. 137 n. 1 : « L'aspect extérieur de cette tablette (couleur de l'argile, forme des signes) ne laisse aucun doute sur sa provenance hittite. »
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TEXTES AKKADIENS
D'UGARIT
iront faire disparaître la fille de la Grande Dame, 6' -15' le ciel et la terre le connaîtront. Le dieu de l'orage ... , l'IStar de Tunip, le dieu de l'Orage du Mont Hazzi, la Hebat de Aru372, le Soleil du ciel, le dieu Lune (et) IShara, les maîtres du serment, (le) connaîtront, Sauska-muwa, roi de l'Amurru, fils de Pendi-sëna, roi de l' Amurru. Que ces divinités le traitent alors avec violence, qu'ils le fassent disparaître [de] la maison de son père, du pa~s de son père et du trône de ses ancêtres! 16'-2 'Si Sauska-muwa, roi de l'Amurru, fils de Pendi-sëna, [roi] de l'Amurru, assignait en justice Ammistarnru, [fils de N]iqmepa, roi de l'Ugarit, [au sujet de la fil]le de la Grande Dame et l'amenait Jdevant le r]oi du Hatti ou devant le roi du K[ark]emis 21-23 [... ] grand[s r]ois373 ... ] à l'aven[ir. .. ] Sa[uska-muwa? .. ].
RS 17.372 A+360 A = PRU IV, 139s. et pl. LXII Accord entJ:e Sauska-muwa d'Amurru et Ammistamru. Sceau à hiéf(~lyphes hittites de Sauska-muwa et sceau-cylindre anépigraphe de Aziru37 . lzre'el, Amurru Akkadian II, p. 86-88. Palais royal, pièce 68 (Archives Sud).
1-5À dater d'aujourd'hui, Sauska-muwa, roi de l'Amurru, fils de Pendi-sëna, roi de l' Amurru, a transféré375 la fille de la Grande Dame entre les mains d'Ammistamru, fils de Niqmepa, roi de l'Ugarit. 6-1011 a déclaré: « cette femme a commis une grande faute envers toi, mais moi, jusques à quand resterai-je
372. Hebat de Aru (une localité du sud du royaume, proche de la frontière avec le Siyannu) n'est attestée qu'à Ugarit, cf. M.-C. TREMOUILLE, dffebat. Une divinité syra-anatolienne, Firenze, 1997, p. 40 et 61. SINGER, PHU, p. 663, n. 184, pose la question: Hebat de Aru était-elle assimilée à l'IStar hurri (cf. n. 432)? 373. La ligne 21', dont le début et la fin ont disparu (il n'en reste que [.. .lu]gal.mes gal[ ...]), a été interprétée comme la (seule) preuve que le roi de KarkemiS lni-Tesub porta le titre de Grand Roi », comme le souverain hittite, mais cela ne convainc pas I. SINGER,compte rendu de KLENGEL, Geschichte des Hethitischen Reiches, Bi Or 57 (2000), col. 635-643. 374. Sceaux publiés dans Ugaritica III, respectivement fig. 41, 42, 44 et p. BIs. ; fig. 45 à 47. 375. C'est la même expression (ittasi ... ittadin) que dans les transferts de bien (cf. p. 219 et n. 726). «
L'APPLICATION
DES ACCORDS ET LEURS CONSÉQUENCES
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à garder ta femme, suis~~, moi, le gardien de la coupable d'une faute envers toi? 11-1 A présent, la fille de la Grande Dame qui a commis une grande faute contre toi, prends-la et toi, f[aise]n ce qu'il te plaît! [Si cela te pla]ît, [jette-la] à la [mer! Fais ce qu'il] te [plaît], to[i, de la fille de la Grande Dame376 1... ] l' A[murru ... ]. 2acune) '-4'[ ... ] son décuple il pai[era] en compensation [et] (le) remettra à Ammistamru, fils de Niqmepa, roi de l'Ugarit. 5'-7'D'autre part, Sauska-muwa, roi de l'Amurru, et Ammistarnru, roi de l'U gari~ et leurs fils, ont établi pour toujours la fraternité entre eux. ' -11' Le jour où Ammistarnru, roi de l'Ugarit, a appris que la fille de la Grande Dame était morte, il a remis à Sauska-muwa, fils de Pendi-sëna, roi de l' Amurru, l 000 sicles de bon or fin. 12'-13'Sceau d'Aziru, roi de l'Amurru et sceau de Sauskamuwa, roi de l' Amurru.
~S 17.228 = PRU IV, 141s. et pl. XXVI
Accord entre Sauska-muwa d'Amurru et Ammistarnru. Sceau à hiéroglyphes hittites de Sauska-muwa377. lzre'el, Amurru Akkadian II, p. 78-81. Palais royal, pièce 68 (Archives Sud).
1-4À dater d'aujourd'hui, Sauska-muwa, fils de Pendi-sëna, roi de l' Amurru a dit à Ammistamru, fils de Niqmepa, roi de l'Ugarit: 5-8« voici la fille de la Grande Dame, ta femme, qui a commis une grande faute envers toi ; moi, jusques à ~uand r~~terai-je la coupable faute envers toi? -15VOlCI la fille àdegarder la Grande Dame, d'une ta coupable: prends-la et toi, fais-en ce qu'il te plaît. Si cela te plaît, tue-la! Si cela te plaît, jette-la à la mer! Fais ce qu'il te plaît de la fille de
376. Restitué grâce au texte suivant (RS 17.228). S. Lafont me signale un document vieux-babylonien où un homme désireux de rompre son mariage inchoatif fait au cours du procès une déclaration comparable au père de la femme dont il ne veut plus, cf. D. OWENet R. WESTBROOK, « Tie Her Up and Throw Her into the River! An Old Babylonian Inchoate Marriage on the Rocks », lit 82 (1992), p. 202-207. 377. SCHAEFFER,Ugaritica III, fig. 38-40 ; LAROCHE,ibid., p. 131s.
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TEXTES AKKADIENS
D'UGARIT
L'APPLICATION
DES ACCORDS ET LEURS CONSÉQUENCES
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la Grande Dame. » 16-19Voilà les paroles de Sauska-muwa, fils de Pendi-sëna, roi de l'Amurru, à Ammistamru, fils de
17' -21' À l'avenir, Sauska-muwa, fils de Pendi-sëna, roi de l'Amurru, et les fils de la Grande Dame ne reviendront pas en
Ni~mepa, roi de l'Ugarit. 20- 5Maintenant, Sauska-muwa, fils de Pendi-sëna, roi de l'Amurru, a transféré la fille de la Grande Dame qui avait commis une faute entre les mains de Ammistarnru, fils de Niqmepa, roi de l'Ugarit. 26-29 Maintenant, Ammistamru, fils de Niqmepa, roi de l'Ugarit, a fait ce qu'il lui plaisait de la fille de la Grande Dame, 30-34et Ammistamru, fils de Niqmepa, roi de l'Ugarit, a remis 1400 (sicles d')or à Sauska-muwa, fils de Pendi-sëna, roi de l'Amurru. 35-41Si Sauska-muwa, fils de Pendi-sëna, roi de l'Amurru, s'en venait dire à Ammistamru, fils de Niqmepa, roi de l'Ugarit: « cet or est vraiment trop peu, donnee-moi) donc encore de l' or378 », cette tablette l'emporterait sur lui. 42-43Sceau de Sauska-muwa, fils de Pendi-sëna, roi de l'Amurru.
~rocès contremettaient Ammistarnru, de Niqmepa, roi de:«l'Ugarit. donne2' -25'S'ils en branlefils quelque procès, disant nous la compensation du sang de notre sœur! », cette tablette l'emf:0rterait sur eux. 26' - 2'D'autre part, si les fils de la Grande Dame mettaient (seuls) en branle quelque procès contre Ammistamru, fils de Niqmepa, [roi de] l'Ugarit, vous remettriez les fils de la Grande Dame entre les mains de Ammistarnru, fils de Niqmepa, roi de l'Ugarit et ce qu'il a fait pour [la fille de la Grande Dame], on ferait de même aux fils [de la Grande Dame] 33'[Et si?] Sa[uska-m]uwa, fils de Pendi-së[na, roi de l' Amurruoo
RS 1).318+349 A = PRU IV, 144s. et pl. XLI
[Edit? de] Tudhaliya IV. (Le sceau de Tudhaliya devait être sur l'épaule brisée de la tablette.) Quartier Résidentiel, Maison de Rasap'abu (?)380.
']00
, Accord entre Sauska-muwa et Ammistamru II. Sceau à hiéroglyphes hittites de Sauska-muwa379 Izre'el, Amurru Akkadian II, p. 83-85 Palais royal, pièces 68-69 (Archives Sud).
Ï"-',p[« ...qui a co]mmis [une grande faute envers toi; et mo]i, jusques à quand resterai-je à] garder [la ]coupable d'une faute envers [toi]? 5'-1O'[La voi]ci, la fille de la Grande Dame: [toi,]fais-[en] ce qu'il te plaît. [Si] cela te plaît, tue-la! Si cela
te plaît, jette-la à [la merl! Fa\s c~ ~u 'il te plaît [de la Jill: de la Grande Dame.] ». 1 -16 VOila les paroles de [Sauskamuwa,] fils de Pendi-sëna, roi de l'Amurru, à Ammistamru, fils de Niq[mepa,] roi de l'Ugarit: « la voilà, la fille de la Grande Dame, ta coupable; fais-en ce qu'il te plaît! » 378. Mot à mot« d'autre or ». Le tribut fixé par Suppiluliuma à Ugarit était de 500 sicles d'or et celui de l'Amurru de 300 sicles. NOUGAYROL, PRU IV, p. 130, n. 2, avance que « cette somme considérable représente, au moins pour partie, un dédommagement de la "saisie" opérée par Ammistarnru sur les biens personnels de la coupable ». 379. SCHAEFFER,Ugaritica III, fig. 43 ; LAROCHE,ibid., p. 13ls.
00 00
RS 17.82 = PRU IV, 147s. et pl. VIII
1-2[Ainsi (parle) Mon Soleil, Tudhali]ya, le Gr[and roi, fils de Hattusili le Grland roi [oo.4-12entre Ammistamru, fils de Niq]mepa, [ro]i de l'Ugarit et Sauska-muwa, fils de Pendi-sëna, roi de l'Amurru, ainsi que les fils de la Grande Dame, au sujet de la fille de la Grande Dame, parce qu'elle est disparue. 13-21À l'avenir, Sauskamuwa, fils de Pendi-sëna, roi de l' Amurru, et les fils de la Grande Dame ne mettront en branle aucun procès contre [00.00.]
Ammistarnru, fils de Ni~mepa, roi de l'Ugarit, ni contre ses fils. Pour toujours! 22- 4S'ils réclamaient quelque procès, [cette] tablette l'emporterait sur eux.
380. C'est le lieu de trouvaille indiqué par la TEO et il est surprenant; VANSOLDT,SAU, p. 161-162, fait noter que PRU IV, p. 272, l'attribue aux Archives Centrales, mais PRU IV, p. 272s., attribue par erreur tous les textes des Archives Sud aux Archives Centrales. Les Archives Sud et la maison de Rasap'abu ayant été fouillées lors de la dix-septième campagne, il est bien possible que ce document provienne en fait des Archives Sud.
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TEXTES AKKADIENS
[Édit hittite] Palais
D'UGARIT
RS 17.348 = PRU IV, 128 et pl. UV
Sceau brisé.
royal, pièce 69 (Archives
Sud).
ï'-'1;[Si] Sauska-mu[wa ... ] et [ses?] fils [et les fils de ses fils réclamaient] au sujet de la sœur de [Sauska-muwa?] auprès de Am[mistarnru, ses fils] ou les fils de ses fils, cette tablette [... 381] l'emporterait sur eux. Et si les fils de la ffille de la Grande Dame réclamaient au sujet de ... auprès d 'Ammistamru?] rev.l' cette tablette 1' [emporterait sur eux]. 2'S'Si cela plaît à A[mmistarnru], roi de l'Ugarit, qu'il ac[cor]de des droits au trône aux fils de la fill[e de la Grande Dame,] 6'-7'si cela [plaît à Ammistarnru], roi de l'Ug[arit, qu'il] ne [les leur accorde pas.]
L'affaire de Ehli-Nikkal. Deux verdicts de Talmi-Tesub de Karkemis (RS 17.355, 17.226) ont trait à une affaire impliquant le roi d'Ugarit Ammurapi et une princesse hittite, Ehli-Nikkal, la « fille du Soleil ». Ils sanctionnent le fait que les deux parties ont récupéré les biens qui leur revenaient de droit, après un événement qui n'est pas précisé: Ehli-Nikkal a rendu au roi « les maisons fortes du roi de l'Ugarit », celui-ci lui a rendu tous les biens meubles « qu'elle avait fait entrer dans [... ] », ce qui évoque douaire et dot. Un fragment de lettre du roi de Karkemis mentionnant les démêlés du roi d'Ugarit avec « la fille du Soleil »appartient sans doute au même dossier (RS 20.216). Nougayrol pensait que celui-ci concernait un divorce, celui de la princesse et d'un fils de Ammurapi d'Ugarit, lui-même roi du Habisse, mais il ajoutait: « il ne s'agit là que d'hypothèses382 ». Pour Astour, la princesse, après avoir divorcé du roi Ammurapi, aurait épousé Tanhuwatassa, le roi hittite du Habisse ; le roi d'Ugarit devait alors lui rendre son don nup381. Que manque-t-il?
382. PRU IV, p. 206s
L'APPLICATION
DES ACCORDS ET LEURS CONSÉQUENCES
127
tial, terhatu, peut-être mentionné dans RS 20.216383. Bryce pense que ce divorce sans précédent serait une preuve de plus de l'affaiblissement des liens entre vassal et suzerain et du respect de l'autorité du souverain hittite384. II faut noter qu'aucun terme ne se réfère ni au fait que les deux protagonistes soient ou aient été mariés - sinon, peut-être, la mention qui est loin d'être sûre d'une terhatu - ni à un divorce ; d'autre part, il paraît difficile d'admettre qu'un roi d'Ugarit ait voulu divorcer d'une princesse hittite, sauf pour une cause grave, ce que rien n'indique non plus, et cela même si l'empire hittite n'était plus ce qu'il avait été385, S'il ne s'agit pas d'un divorce en règle, que peut-on envisager? Le plus plausible est de penser que la princesse était la veuve d'un roi d'Ugarit. Une lettre du roi de Karkernis au roi d'Ugarit décrit le père de ce dernier comme « le gendre de mon SoleiJ386 »: il est tentant de penser que c'était le mari d'Ehli-Nikkal. Est-ce à dire que celle-ci était la mère du nouveau roi? Même si l'état du texte ne permet pas de dire que la« fille du Soleil »allait se remarier, on peut se demander si cela est plausible. II est vain d'échafauder les spéculations: on peut pourtant imaginer que la princesse était bien la veuve de Niqmaddu ID, mais que le nouveau souverain, Ammurapi, était le fils d'une épouse précédente387. La princesse veuve aurait récupéré sa dot mais rendu les immeubles de son douaire.
383. « King Hammurapi and the Hittite Princess », UF 12 (1980), p. 103-108. Pour terhatu, cf. n. 397. 384. The Kingdom of the Hittites, p. 363. 385. FREU, qui ne croit d'ailleurs guère à la décadence de l'empire hittite, admet le divorce Ammurapi-Ehli-Nikkal et pense que le roi épousa ensuite une princesse d'Amurru, cf. Semitica 48 (1999), p. 27s. et n. 51. S. Lafont trouve aussi un divorce tout à fait plausible. Un divorce pour cause de stérilité semble peu compatible avec RS 17.226, 1. 6, mais le passage est difficile à comprendre (voir n. 393). 386. RS 34.136, 1. 26, voir MALBRAN-LABAT, RSO VII, n° 7, p. 29s. et son commentaire p. 30. 387.1. SINGER est arrivé ayx mêmes conclusions, cf. PHU, p. 707, n. 347. Lorsque Niqmaddu mourut, Sar-elli était toujours vivante et c'est sans doute elle seule qui pouvait porter le titre de reine (voir infra, p. 283).
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TEXTES AKKADIENS
D'UGARIT
L' APPLICATION
RS 17.355 = PRU IV, 209s. et pl. LVII Arbitratse. de Talmi-Tesub, roi de Karkemis. Sceau-cylindre Tesub3 Beckman, HOT, n° 38B. Palais royal, pièce 69 (Archives Sud).
de Talmi-
1Devant [Tai mi- Tesub, roi du Karkemis.] 2-8 Ehli-N[ikkal, fille du Soleil, a repris ?389] [ses] dames .. [oo, ses servantes, ses serviteurs,] l'or, l'argent, [les bœufs, le cuivre, les moutons], tout ce qu'elle avait fait entrer dans [la maison 390] étant donn[é ~u 'elle] é[pouse391] Tanhuwatass[a, fils de ?], roi du Habisse. -14Ammurapi, roi de l'Ugarit, a tout rendu à Ehli-Nikkal, [fille du Soleil], les dames ... [... ,] ses servantes, ses serviteurs, 1'0[1', l'argent,] les bœufs, le cuivre, ses moutons et [tout ce qu'il y avait]. l4-21Dans la suite [des jours,] Ehli-Nikkal ne pourra pas réclamer [auprès de]Ammurapi, roi de l'U[garit] et [Ammurapi], roi de l'Ugarit, ne pourra pas réclamera [auprès de] Ehli-Nikkal, fille du SoleiL] Q[ui réclamera,] cette tablette l'emporte[ra sur lui.]
DES ACCORDS ET LEURS CONSÉQUENCES
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1Talmi- Tesub, roi du Karkemis. 2-5Maintenant, le roi du Karkemis a rendu à Ammurapi, roi de l'Ugarit, les maisonsfortes du roi de l'Ugarit que détenait Ehli-Nikkal, fille du Soleil. 5-9Dans la suite des jours, 393 de Ehli-Nikkal ne pourra pas revendiquer auprès de Ammurapi, roi de l'Ugarit, au sujet de ces maisons-fortes. 9-11Si elle revendiquait, cette tablette l'emporterait sur elle394. (Les maisons) restent à Ammurapi, roi de l'Ugarit.
RS 20.216 = Ugaritica V, n° 35, 108s. et 389 Lettre du roi de KarkemiS au roi d'Ugarit, probablement Ammurapi. Beckman, HOT, n° 38C. M.aison de Rap'anu, pièce 5.
1--4Ainsi (parle) le roi: dis au roi de l'Ugarit: que tout aille bien pour toi! 5-l1Une fable des Hittites (dit) : un certain homme était retenu en prison depuis cinq ans ; quand on lui dit: « demain matin, on te libérera », il se pendit395. 12-19Maintenant, toi, tu as fait de même. Peut-ê[tre est-ce] la fille du Soleil (qui) s'est
RS 17.226 = PRU IV, 208 et pl. XXIII Verdict de Talmi-Tesub, roi de Karkemis. Tesub392. Beckman, HOT, n° 38A. Palais royal, pièce 68 (Archives Sud).
Sceau-cylindre
de Talmi-
388. SCHAEFFER, Ugaritica III, fig. 36-37 ; LAROCHE,ibid., p.127s. Pour ce personnage, voir 1. O. HAWKINS,« Kuzi-Tesub and the "Great Kings" of Karkamis », Anatolian Studies 38 (1988), p. 100s. 389. BECKMAN,HDT, p. 169, traduit différemment car il fait de Tanhuwatassa le sujet de la phrase: « Since [Ehli-Nikkalu has been promised in marriage(?)] to Tanhuwatassa, [... j, king of the land of Hapisse, [he shall takej the women (etc.). » 390. Nougayrol restitue bu dunnati, comme dans le texte précédent mais on peut penser plutôt à bu emi-si, « maison de son beau-père », à« maison de son mari », ou à « en Ugarit ». 391. Nougayrollisait za[ 'iratj à la 1. 8 (kïmë ... ana T. ... za[ 'irat]) et traduisait« est re[pousséej »La proposition de M. ASTOURde lire ha-[ 'iratj convient mieux pour le sens général de l'histoire et correspond très bien aux traces et à la forme de la cassure, dans la mesure où l'on peut se fier au moulage. Il reste qu'on ne peut poser comme certain le remariage de la princesse. 392. SCHAEFFER,Ugaritica III, fig. 36-37 ; LAROCHE,ibid., p. 127s.
393. Au début de la 1. 6, NOUGAYROLpropose i-n[a(?)j du mu dumu-si Ua Ehli-nikkal), « au temps des petits-enfants (de Ehli-Nikkal) » mais il faudrait traduire « du petit-fils » car dans ce genre d'expression, dumu est toujours suivi du signe du pluriel, au moins une fois sinon les deux; en outre le pronom -si ne s'explique pas. KÜHNE,UF 7 (1975), p. 242, n. 12, propose dumu-si' dumu dumu-si. Ce qu'on voit sur le moulage ne correspond pas au début de i et la copie fait plutôt penser à sa ; enfin les deux dumu, si l'on compare avec le dumu de la 1. 3, sont clairement des i, surtout le second car ils sont un peu différents J'un de l'autre, ce qui ne donne guère de sens. Ces détails ne sont pas sans importance pour essayer de ,reconstituer une histoire plausible: la princesse hittite a-t-elle déjà une descendance? Envisage-t -on qu'elle en aura une? 394. Le pronom est féminin (i-le- 'e-e-si), donc le scribe devait penser à une réclamation de Ehli-nikkal, ce qui ne simplifie pas le problème soulevé dans la note précédente. 395. it-ta-ah-na-a[qj : traduction ad sensum. Nougayrol est plus littéral: « il s'étrangla lui-même », voir aussi J. NOUGAYROL,«Une fable hittite », RHA fasc. 67 (1960), p. 117-119; VONSODEN,AHw, p. 1559a, hanaqu N, comprend plutôt« il fut très ennuyé ». La suite n'est pas claire, en partie à cause de l'état du texte. Faut-il comprendre que le roi d'Ugarit avait chassé ou tenté de chasser la princesse - un geste « suicidaire » - au moment où les choses allaient être réglées par le souverain hittite?
•.•.....
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TEXTES AKKADIENS
D'UGARIT
d'[elle]même expulsée à son profit de son territoire? N'est-ce pas toi (qui) ... [l'a expulsée?] de [... ?)396 [après une cassure, ce qui reste du verso est très fragmentaire397.]
ÉTABLISSEMENT ET RÈGLEMENT
DES FRONTIÈRES
DES CONFLITS
FRONTALIERS
C'est sans doute leur souci de légalité, comme celui de prévenir tout conflit entre leurs vassaux, qui poussait les Hittites à veiller sur les frontières des États qui relevaient de leur autorité. Nougayrol a souligné« le soin assidu qu'apportèrent les Grands-rois à fixer et à maintenir entre leurs divers alliés de Syrie du Nord des limites précises et fermes398 ». Il faut dire que, si l'on en croit la documentation d'Ugarit, ces alliés ne cessaient de se disputer les régions limitrophes et de s'accuser de divers méfaits, ce qui devait entraîner l'intervention, sollicitée ou non par l'une des parties, du pouvoir hittite. La frontière nord fixée par Suppiluliuma fut contestée par le Mukis et Niqmepa dut faire appel à Mursili qui confirma par édit la décision de son père, non sans avoir examiné le dossier et constaté, précise-t-il, que les localités concernées appartenaient traditionnellement à l'Ugarit; on comprend ainsi que le tracé des frontières pouvait avantager tel allié fidèle aux dépens d'un autre, mais qu'il ne faisait souvent que confirmer
396. mi-in-d[u?-ma?J dumu.mf dutu-si ra-ma-a[n-saJ is-tu qa-qa-ri-sa utta-ki-ra-aS-si at-ta-a x-m[a? ... J is-tu [... J ta-[ ... J. Traduction très conjecturale, qui implique naturellement que le roi de Karkemis poursuit sur le même ton sarcastique. Dans les textes de Karkemis, la 3e personne du féminin ne diffère pas, sauf dans un cas, de la 3e personne du masculin, cf. HUEHNERGARD, ADCU, p. 52 ; voir aussi ibid. p. 85 et n. 211. 397. Pour Nougayrol, la ligne 4' mentionnait sans doute la terhatu (don nuptial, cf. n. 796) de la princesse mais il ne reste que ti et, peut-être, le début de ir. La fin de la lettre concerne le départ pour Ugarit d'un certain Kukuli, qu'il faudra bien traiter. La fille du Soleil est également citée dans le fragment de lettre RS 17.429 = PRU IV, p. 227s. 398. PRU IV, p. 17 ; T. BRYCE, The Boundaries of Hatti and Hittite Border Policy », Tel Aviv 13 (1986), p. 99s. LIVERANl,Prestige and Interest, p.90s. «
L'APPLICATION
DES ACCORDS ET LEURS CONSÉQUENCES
131
un état de fait antérieur. La revendication, dit le texte, avait été faite par« les fils du Mukis » et non, comme on s'y attendrait, par un de leurs rois: apparemment, il ne s'agissait déjà plus d'un royaume indépendant mais d'un territoire gouverné par un prince hittite399. C'est pourtant aux « fils du Mukis » qu'est attribuée l'initiative, ce qui, vrai ou faux, ne manque pas d'intérêt (RS 17.62+). Il fallut aussi régler la situation créée au sud lorsque le Siyannu, traditionnellement rattaché à Ugarit et qui englobait alors l'Usnatu, décida de faire sécession et de se ranger sous l'autorité du roi de Karkemis, peut-être à l'instigation de Mursili400 (RS 17.382+, 17.335+, 17.368). Officiellement, Mursili ne fit qu'entériner la sécession mais, suite à la demande du roi d'Ugarit qui fit observer que le tribut était désormais bien lourd pour un royaume amputé d'une partie de ses revenus sinon de son territoire, il révisa celui-ci à la baisse401. Soit son roi contribuait au tribut, soit le Siyannu était considéré comme faisant partie du territoire d'Ugarit et le tribut était proportionnel à l'étendue de ce territoire, non pas aux revenus du commerce, à moins que les droits perçus dans le(s) portes) du Siyannu n'aient été importants. Cela indiquerait que la richesse d'Ugarit ne reposait pas essentiellement sur le commerce de transit mais aussi, sinon surtout, sur ses ressources propres402. Cette frontière méridionale devint une cause permanente de conflit. « Au sud, les possessions d'Ougarit et celles de Siyannu-Usnatu étaient tellement enchevêtrées qu'il fallut plusieurs actes de démarcation et d'échanges de terre pour établir une frontière entre les deux royaumes.403 » Le roi du
399. Voir RS 20.03 et SINGER,PHU, p. 634, n. 93. 400. Voir p. 39 et n. 54 et 149. 401. Le passage est en mauvais état mais si le tribut restait le même, on comprendrait mal la raison d'être de l'édit. Une lettre en ougaritique de Pudu-Heba, RS 17.434 +, mentionne le tribut dû au Soleil, J. L. CUNCHILLOS, Correspondance, Textes ougaritiques II, Paris, 1989, p. 394, 1. 6. 402. VARGY AS, « Stratification sociale », p. 123, insiste sur le fait que « Ugarit n'est pas un État de commerçants, mais un État traditionnel, si l'on veut « territorial » , ayant une structure sociale pareille aux autres et une économie dans laquelle le rôle de l'agriculture était déterminant ». Ugarit, d'ailleurs, exportait du bois et des produits agricoles, voir infra, p. 145. 403. ASTOUR,RSO XI, p. 55 .
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TEXTES AKKADIENS
D'UGARIT
Siyannu, Abdi-Anati, contesta la possession de certains villages et, conformément à ce que prévoyaient les traités hittites en cas de conflit entre vassaux, assigna Niqmepa d'Ugarit devant le Grand Roi. Plusieurs documents témoignent de l'intervention de Mursili. Comme dans le cas du Mukis, il tint compte de la situation passée pour attribuer les localités contestées404, fixa la frontière et répartit soigneusement les salines entre les deux États. Un passage en mauvais état a été interprété comme l'obligation pour le roi du Siyannu de continuer à payer tribut à Ugarit, mais le texte est mutilé et s'il s'agit bien d'un tribut, il apparaît plutôt symbolique405. Un fonctionnaire hittite, l'uriyannu, fut chargé d'exécuter les décisions du souverain hittite et de matérialiser la frontière en y plaçant des « pierres ». Tout ne fut pas réglé pour autant et il fallut parfois en appeler au pouvoir hittite, en particulier pour préciser ce qui appartenait à chacun dans le territoire des villes de Harmanu et Suksu que se partageaient les deux royaumes : un verdict du Soleil confirmant lui aussi les droits traditionnels figure sur un document scellé par Abdi-Anati (RS 17.123) et un édit de Tudhaliya dont nous n'avons qu'un fragment406 prouve qu'Ugarit et le Siyannu continuèrent à se disputer certains territoires comme les salines d'Atallig407. Deux lettres presque semblables (RS 17.292, 15.77) expédiées de Karkemis à Ibiranu pour annoncer l'arrivée de deux envoyés hittites, char-
404. Il est possible qu'il ait procédé à certains ajustements: Samnâ, attribuée à Ugarit dans un document, avait peut-être été attribuée d'abord au Siyannu, cf. VANSOLDT,UF 29, (1997), p. 700, et RS 17.368, n. 426. 405. RS 17.335 + (PRU IV, 7Is.), 1. 44-56 cf; p. 137s. 406. RS 19.81 = PRU IV, p. 291. Cet édit de« Tudhaliya (... ), fils de Hattusi[li] » est très mutilé mais il appartient clairement à ce dossier car il mentionne Ugarit, le roi de Siyannu SUM_dIM (lu généralement Ar(i)Tesub, cf. RS 17.288) et un jugement concernant la ville de Suksu et les salines d'Atallig. 407. On sait l'importance du sel et des salines, cf. D. POITS, « On Salt and Salt Gathering in Ancient Mesopotamia », JESHO 27 (1984), p. 225271, et pour les témoignages d'Ugarit, p. 252-253 et n. 84 ; J.-M. DURAND, « Le sel à Mari (II) : les salines sur les bords du Habur », MARI VI, 1990, p. 629-634. Voir aussi la question du sel dans le traité entre Tudhaliya IV et Kurunta de Tarhuntassa, BECKMAN,HDT, p. III, § 11 (II 4-20).
L'APPLICATION
DES ACCORDS ET LEURS CONSÉQUENCES
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gés de délimiter sur le terrain des frontières fixées par le prince Arma-ziti dont l'emplacement n'est pas précisé, pourraient se référer à la même frontière méridionale et faire partie de ce dossier du Siyannu408. Karkemis, on le sait, jouait désormais un rôle prépondérant et c'est à son roi que le roi d'Usnatu écrivit pour se plaindre des agissements d'Ugarit (RS 20.174 A) ; il faut relever que parmi les documents concernant les problèmes de frontière, c'est le seul qui mentionne le roi « de l'Usnatu » et non « du Siyannu ». D'autres documents scellés tantôt par le roi d'Ugarit (RS 16.170) tantôt par celui du Siyannu (RS 18.01), sanctionnent des accords passés entre eux sans mentionner une intervention hittite. Il semble que, là encore, chaque cas issu de la situation créée par la séparation des deux états ait été réglé en fonction de la coutume: ce que se partageaient telles villes ou telles confréries, appartenant jadis à l'association des deux royaumes mais relevant désormais de pouvoirs différents, leur était confirmé. La promiscuité, l'enchevêtrement des deux territoires et les différends territoriaux entraînaient des incidents et des accusations réciproques soumises à l'arbitrage du roi de Karkemis ; une tablette réunissant plusieurs sentences d'Ini- Tesub nous en donne une idée (RS 17.341). On y retrouve les thèmes classiques du mauvais voisinage, « querelles de clocher » dont il ne faut pas sous-estimer l'âpreté, ou problèmes plus généraux: complicité avec les hapiru et les Beyrouthins, déprédations de vignobles, trafic, rapt et vente illicite de sujets établis hors de leurs pays respectifs. Ini-Tdub, d'ailleurs, ne tranche pas les affaires mais ordonne que l'on fasse jurer les accusés des deux camps et que soient punis ceux qui se dérobent au serment.
408. Voir n. 438 ; la frontière avec le Mukis ne semble plus avoir été contestée, ce qui n'a rien d'étonnant si le Mukis passa sous le contrôle direct des Hittites.
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TEXTES AKKADIENS
D'UGARIT
Confirmation de la frontière avec le Mukis fixée par Suppiluliuma. . RS 17.62+ 17.237 = PRU IV, 63s. et pl. IV et XXX409 Edit de Mursili II. Sceau digraphe de Mursili410. CTH 64. Beckman, HDT, n° 3lA. Palais royal, entre pièces 68 et 69 (Archives Sud).
1-2[Ainsi (parle)] mon Soleil, Mursili, le Grand Roi, r[oi du Hatti, fils] de Suppiluliuma, le Grand Roi, le héros. 3-6[En ce qui concerne les] villes frontières du Mukis [que] Suppiluliuma avait a~t~buées ~ Ni~maddu, roi de l'Ug~t, dans une tablette de traite scellee, -7 attendu que mamtenant Niqmepa, le fils de Niqmaddu, s'est adressé au Grand Roi8gen disant: « les fils du Mukis m'ont ass~né en jugement, (moi) Niqmepa, au sujet de ces villes », 10-1 Mursili, le Grand Roi, en instruisant cette affaire, (a constaté que) ces villes, depuis longtemps, étaient à l'Ugarit, 14-16 et maintenant Mursili, le Grand Roi, les a attribuées [également?] à Niqmepa, le roi de l'Ugarit. 17-18[ ... ] terre [... ] 19-20[la ville de] BHu-huliwé" avec son ter[roir de montagne, avec son terro]ir du mont NAMzihe, jusqu'à la frontière. 21-22[La ville de Zimma]ru jusqu'aux eaux de Hundurasu, [avec le terroir] du mont Hesmarasu. 23-28[Les villes de ... ], Zazaharuwa, Yarqanu, [... ] Kanzata, Magdala, 409. Les fragments ont été rejoints par D. Pardee à la suggestion de VAN SOLDT: cf. D. PARDEE,« Three Ugaritic Tablet Joins », JNES 43 (1984), p. 245. Le texte a été collationné sur les moulages des deux fragments, qui ne peuvent être joints. Il est clair que sur le revers, la dernière ligne de RS 17.62 (1. 31' de PRU IV, p. 67) complète la première ligne du revers de RS 17.237 (1. l' de PRU IV, p. 64). Les choses sont moins claires pour la face, à cause de l'état de la fin de 17.237; c'est pourquoi, à partir de la ligne 17, la numérotation adoptée qui tient compte du fragment duplicat RS 17.366 (= PRU IV, p. 69) n'est pas sûre à une ligne près. 410. SCHAEFFER, Ugaritica III, fig. 7-8 et pl. II ; LAROCHE,ibid., p. 104s. 411. Pour les restitutions d'après les parallèles, les toponymes et leur identification, voir n. 113 et 173 ; parmi les références, voir en particulier VANSOLDT,UF 29, p. 683-696. On peut se demander si la frontière ne fut pas modifiée par la suite: dans une lettre postérieure, RS 20.03 (cf. supra), un prince hittite installé en MukiS envoie à Ammistamru II, le successeur de Niqmepa, « des $flripu, gens de Panesta(yu) », ce qui ferait penser que cette localité, attribuée ici à l'Ugarit, était alors en Mukis.
L'APPLICATION
DES ACCORDS ET LEURS CONSÉQUENCES
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[avec le terroir (bordant)] la route de montagne de Pithana, [avec le terroir du ] mont Kiburu, [ave]c le terroir du mont Asamtihe, avec le terroir du mont Matrana. 29-34Les villes de Huluru, Alullu, Yalda, Mirar, Nasa, Ulmuwa, Yadba, Yakunacmu, Henzuriya, Nidabu, [..]kaki, Harbu-huliwe, avec le terroir [çlu mont?], Sanizula, Hala[ ... ], 35-39Napsatu, BaqC[atu?, Sam]ra?, [avec son terroir de montagne; Pugul'i, [... ], Seta, Yacniya, [.. .igaru] avec le terroir des monts de Ayala, [et le terroir] montagneux de Hadamga. 40-43[Les villes de Kidkidi]ya, Panestayu, [Naghatu], Halbu( -nana), Salma, [Gulbata,] Zamirtu, Suladu, [Mara'il, (et) Him]ulli qui est en mer. 44-52[Ainsi qu'antérieurement] Suppiluliuma, le Grand Roi, [le roi du Hatti, le héro]s, avait attribué ses frontières, avec leurs terres et terroir [montagneux et]leurs [villes] à Niqmaddu, [roi de l'Ugarit, voici que maintenant] Mursili, Grand Roi, les a ainsi attribués [à Niqmepa,] roi de l'Ugarit et à ses fils [et aux fils de ses fils, pour tou]jours! 52-56Dans l'avenir, les fils du Mukis ne revendiqueront pas [en pro]cès [au sujet de] ces [villes] contre NiBmepa, ni contre ses fils et les fils de ses fils. Pour toujours! 8 Qui revendiquera, cette tablette lui répondra. 57-62Quiconque changera les mot~ de ,cette tablette, les Mille Dieux en vérité le connaîtront. 11 -15 Le dieu de l'Orage du ciel, le dieu-Soleil du ciel, le dieu de l'Orage de Hatti, la déesseSoleil d'Arinna, Hebat de Kizzuwatna, IStar d'Alalah, Nikkal de N[ubannu ?412][le dieu de l'Orage] du Mont Hazi en vérité le connaîtront4J3.
Édits de Mursili II après sécession du Siyannu. .
RS 17.382+380 = PRU IV, 80s. et pl. LXIV-LXV
Edit de Mursili II. Sceau digraphe de Mursili4J4. CTH 65. Beckman, HDT, n° 3lB. Palais royal, pièce 69 (Archives Sud). 412. 413. mêmes 414.
Je vois a[- ... ]. Cf. KESTEMONT, Or NS 45 (l976î, p. 147s. Ce sont exactement les divinités que dans la tablette de Suppiluliuma. SCHAEFFER,Ugaritica III, fig. 7-8 et pl. II ; LAROCHE,ibid., p. 104s.
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TEXTES AKKADIENS
D'UGARIT
L'APPLICATION
1-2Ainsi (parle) mon Soleil Mursili, le Grand Roi, roi du [Hatti], fils de Suppiluliuma, le Grand Roi, le héros. 3-4Depuis longtemps, le roi de l'Ugarit et le roi du Siyannu ne faisaient qu'un. 5-9Les années passant, Abdi-Anati roi du Siyannu, s'est écarté de Niqmepa, roi de l'Ugarit et s'est tourné vers le roi du Karkemis : il est (maintenant) sous son autorité. lO-13Mursili, le Grand Roi, a séparé Abdi-Anati, le roi du Siyannu, et ses fils, du roi de l'Ugarit et il l'a donné comme sujet au roi du Karkemis. 14-20Siyannu, avec les villes de ses environs, et Usnatu, avec les villes de ses environs, avec leurs (zones) frontières et avec leurs montagnes, il les a attribuées par tablette scellée au roi du Karkemis. 21-24[Mais] alors Niqmepa, le roi de l'Ugarit, s'est adressé ainsi à Mursili [le Grand Roi] : « le Grand Roi [a réduit] ce pays d'un tiers415. L'or (du) tribut et ~de~ [ ] du. Hatti l~urdem~nt surd')or, ce pays. 5- 0[cadeaux ... 416 le Grand-]rOl, ayantpèse place 500 (sICles en trIbut, [à la charge de Niqmaddu417, roi de l'Uga]rit [ ] du tribut [ ] Le Grand Roi [ ] ce [ ], pesant 30 (sicles) ?>
lacune de 4 ou 5 lignes
DES ACCORDS ET LEURS CONSÉQUENCES
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36-39[ au ]chef-scribe [ ] de laine bleue [ 1] pièce de lin [ 40-471 coupe d'argent, 1] pièce de lin, 100 (sic1es) de laine pourpre, [100 (sic1es) de laine bl]eue, au grand écuyer [1 coupe d'ar]gent, 1 pièce de lin, 100 (sicles) de laine pourpre, 100 (sic1es) de laine bleue, à l'écuyer en second, 1 coupe d'argent, 1 pièce de lin, 100 (sicles) de laine pourpre, 100 (sic1es) de laine bleue, au surintendant des entrepôts, 1 c~upe d'a~ent, 1 pièce de.1in,.100 (s,ic1es)de laine pourpre, au VIZIr.47- Le Grand ROI a Impose ces cadeaux ainsi au roi de l'Ugarit, on n'aura rien à donner d'autre en plus aux grands418 ou bien aux princes. 52-59S'il arrive qu'un prince ou un noble419 aille du Hatti en Ugarit en chargé de mission, si cela fait plaisir au roi de l'Ugarit de lui offrir (quelque chose), qu'il lui fasse un don, mais s'il n'en a pas envie qu'il ne le fasse pas! Cela n'est pas une obligation42o• 60-63Mursili, le Grand Roi, roi du Hatti, fils de Suppiluliuma, le Grand Roi, le héros, a noué le présent accord en ces termes pour l'Ugarit421•
J{S 17.335+379+381+235 = PRU IV, 71s. et pl. XLIV-XLV Edit de Mursili
II réglant
la sécession
du Siyannu.
Sceau
de Mursili422.
CTH 65. Palais 415. Avec LIVERANI, Storia di Ugarit, p. 72, contre NOUGAYROL, « des »PRU IV, p. 81 n. 2. 416. Tout dépend de ce que l'on restitue au début de la 1. 25 : [.. .suppiluliuma sarru] pour NOUGAYROL, mais, d'après son commentaire dans SdB IX, col. 1306, [ MurS'ili sarru] pour LIVERANI, puisqu'il écrit« la réduction est modeste (500 sicles au lieu de 620, le reste sans changement) » (il compte donc en mines de 60 sicles). Il est difficile de trancher: d'après la longueur de la lacune et l'espace occupé par les noms des deux rois hittites aux lignes 2 et IO, ce serait plutôt Mursili. Mais BECKMAN, HDT, p. 160, ad n° 31B, fait remarquer que dans le système hittite, la mine faisant 40 sicles, les 500 sicles d'or mentionnés ici sont l'équivalent des 12 mines et 20 sicles stipulés dans l'édit de Suppiluliuma, RS 17.227 et duplicats ; cela, et la répétition du mot « tribut » à la ligne 27 pourrait faire choisir la solution de Nougayrol. Si c'est la bonne solution, on ne peut savoir si, par exemple, le montant du tribut en or a été modifié en proportion de la réduction du territoire. Il faut noter par ailleurs que dans les textes retrouvés à Ugarit, la mine est soit à 50 sicles, soit à 60. Pour les couleurs et les noms des dignitaires, voir RS 17.227 p. 74s. et pour le document en ougaritique RS 11.772 +, n. 112. 417. Si l'on comprend comme Liverani (cf. note précédente) il faut évidemment restituer Niqmepa et non Niqmaddu.
2/3
royal, pièce 68 (Archives
Sud).
1-2Ainsi (parle) le Soleil Mursili, le Grand Roi, le roi du Hatti, fils de Suppiluliuma, le Grand Roi, le héros. 3-8Depuis longtemps, le roi de l'Ugarit et le roi du Siyannu ne faisaient qu'un. Les années passant, Abdi-Anati, roi du Siyannu, s'est écarté de Niqmepa, roi de l'Ugarit, et s'est tourné vers le roi du Karkemis : il est (maintenant) sous son autorité; 9-11Abdi-Anati, roi du Siyannu, a assigné en jugement devant
418. IMPARATI, dans KLENGEL, GHR, p. 334s. 419. lu ellu, cf. Y AMADA, AoF 22 (1995), p. 314. 420. ZACCAGNINI, 1 Trattati nel mondo antico, p. 63 et n. I06. LIVERANI, Prestige and Interest, p. 268. 421. Voir n. 75 et ZACCAGNINl, 1 Trattati nel mondo antico, p. 61 et n. 97 : il fait noter que l'accord est fait pour le pays et non pour son roi, ce qui est peut-être lié au fait que J'édit sanctionne une diminution du tribut après la perte d'une partie du territoire de J'Ugarit. 422. SCHAEFFER, Ugaritica III, fig. 11-12; LAROCHE, ibid., p. I03s.
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TEXTES AKKADIENS
L'APPLICATION
D'UGARIT
le Grand Roi, le roi [du Hatti,} Niqmepa, le roi de l'Ugarit, au sujet des villes [ci-dessous]. 1 -13Le Grand Roi, en instruisant l'affaire de [ces] villes, (a constaté que) ces villes, depuis l et les biens et les équipements de ces marchands ont disparu »; alors, les fils de l'Ugarit (ne) payeront (que) la compensation de 3 mines d'a~entIni-Tesub, par homme 45roi du(tué). Karkemis, fils de Sahurunuwa, petit-fils de Sarri-Kusuh, le héros, a noué ainsi cet accord. 48-53Quiconque modifiera cet accord, le dieu de l'Orage du ciel, le Soleil du ciel, la Dame Kubaba, dame du Karkemis, Nikkal, dame de Nubannu, Nikkal, dame de Gur'atu, sont maîtres de son serment.
RS 19.75 = PRU IV, 292 et pl. LXXXVIII Plomb-étiquette. Palais Sud, pièce 204.
«
Tablette d'accord
du roi du Karkemis.
«
«
«
490. D. ARNAUD les placerai[t] volontiers sur la rive gauche de l'Euphrate. (...) L'un et l'autre bourg auraient été les deux portes d'entrée pour ceux qui, venant de l'est, voulaient pénétrer dans la Syrie hittite », le premier « en aval d'Emar », le second « entre Emar et Kargamis », cf. SMEA 37 (1996), p. 58s., n. 66. 491. Le passage a été omis. Après i-tam-mu-ni il reste presque une demiligne, dont le début, d'après le moulage, paraît avoir été érasé. À la dernière ligne, le be de be?-Iu paraît sÛT. «
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TEXTES AKKADIENS
L'APPLICATION
D'UGARIT
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DES ACCORDS ET LEURS CONSÉQUENCES
liers de l'Ugarit jure puis que Sukku rembourse son bateau et les biens qui se trouvaient dans le bateau498! »
Leur application. Par Hattusili et Pudu-Heba. RS 17.229 = PRU IV, 106 et pl. XXVII Verdict de Hattusili. Sceau digraphe de Hattusili Palais royal, pièce 68 (Archives Sud).
et Pudu-Hebé92.
RS 17.346 = PRU IV, 176s. et pl. LII
1-2Talimmu493, le marchand, a parlé comme suit: 3-4« des marchands à moi ont été tués à Apsuna494 »; 5-8Talimmu ainsi ~ue les fils d: Apsuna s~nt venus en jugeI?ent et ont ~omparu. -l1Ceux qUI ont verse le sang et les fils d'Apsuna, [... ] 1 talent d'argent [... ] rev. 1'-7'[. .. ] À l'ave[nir,] s'il arrive que Talimmu produise une tablette scellée de ce [... ], cette tablette l'emportera sur lui.
RS 17.133
Par Ini- TeSub. Verdict
de Ini- Tesub,
roi de Karkemis.
type 1499. Palais royal, pièce 68 (Archives
Sceau-cylindre
de Ini- TeSub,
Sud).
1-2Devant Ini-Tesub, roi du Karkemis, le préfet et Masanda ont comparu en jugement. 3-4Le préfet a déclaré: « Masanda a pris 4000 (sicles d')argent frauduleusement(?)500 »; 513Masanda a déclaré: « le roi de l'Ugarit volait501 les caravanes de marchands. Nous avons comparu en jugement devant Urhi-Tesub502. Il a fait les comptes de ces caravanes, il a mis
= PRU IV, 118s. et pl. XVII
Lettre verdict de la reine Pudu-Heba au nom du roi hittite II. Sceau de Pudu-Hebé95. CTH 95. Beckman, HOT, n° 34. Palais royal, pièce 69 (Archives Sud).
à Ammistarnru
1-3Ainsi (parle) Mon Soleil : dis à Ammistamru : 4-12quand l'homme de l'Ugarit et Sukku ont comparu en jugement devant Mon Soleil, Sukku a déclaré: « son bateau s'est brisé contre Le quai496 .» ma~s l'homme de .l'ygarit a déclaré: « ~'est) Sukku (qUI) a vIOIemment497 bnse mon bateau ». 13-2 Mon Soleil a rendu le jugement suivant: « que le chef des bate-
492. SCHAEFFER, Ugaritica III, fig. 16, 23 ; LAROCHE, ibid., p. 109. 493. Ce marchand est cité dans RS 17.346. 494. Ville du nord, près du Mukis, cf. VAN SOLDT, UBL Il, p. 377. Talimmu apparaît aussi dans RS 17.346. 495. SCHAEFFER, Ugaritica III, fig. 16, 23 ; LAROCHE, ibid., p. 109. Pour l'importance de Pudu-Heba, voir BRYCE, The Kingdam af the Hittites, p. 315s. 496. Ou « à quai »? 497. a-na da-a-ni : « maliciausly » pour CAD D, p. 82, d'où « intentionnellement » pour HOFTIJZER ET VAN SOLDT, « Texts from Ugarit Pertaining to Seafaring », p. 340.
498.
Le
«
chef
des bateliers
» est-il
« l'homme
d'Ugarit
»?
F.C.
FENSHAM, « Shipwreck in Ugarit al}d Ancient Near Eastern Law Codes » DA 6 (1967), p. 22Is., commente: Sukku, peut-être un Hittite, qui se disait victime d'un accident, était accusé d'avoir causé par sa négligence le naufrage d'un bateau appartenant (ainsi que sa cargaison) à un Ougaritain, un crime grave dans le Proche-Orient ancien. Le verdict est conforme aux principes du droit mésopotamien. Pour la réglementation de la navigation fluviale, voir la tablette M des Lois assyriennes et le commentaire de G. CARDASCIA, Les Lois assyriennes, Paris, 1969, p. 328-331. 499. SCHAEFFER, Ugaritica III, fig. 30-31 ; LAROCHE, ibid., p. 121s. 500. a-na ha-rna-si. Pour d'autres propositions voir HUEHNERGARD, ADCU, p. 156 (p. ex. von Soden, AHw, p. 30lb a-na ha-ba'-Ii, « par force »). 501. L'emploi de la forme répétitive en -tana veut indiquer qu'il s'agissait d'une (mauvaise) habitude. Le nom de Masanda apparaît sans doute dans ce qui est probablement un fragment de verdict hittite, mentionnant aussi Pendi-sëna, RS. 17.406 = PRU IV, p. 181. 502. Il doit s'agir du fils de Muwatalli, qui fut détrôné après sept ans de règne par son oncle Hattusili, exilé au Nuhasse puis on ne sait pas exactement où (peut-êtr~ en Ugarit ou en Amurru, cf. SINGER, PHU, p. 644s.), d'où il s'enfuit en Egypte, où Ramsès II l'accueillit. Durant son séjour en Syrie, il semble avoir exercé un certain pouvoir, cf. P. HOUWINK TEN CATE, « The Early and Late Phases of Urhi-Teshub's Career », dans K. BITTEL et aUi, Anatalian Studies presented ta Hans Gustav Güterback (Istanbul, 1974), p. 123-150, et pour RS 17.346, p. 138 et 145. Voir aussi, du même auteur, « Urhi-Tessub revisited », Bi Or 51 (1994), col. 233-259 et les
160
TEXTES AKKADIENS
D'UGARIT
L'APPLICATION
au débit du roi de l'Ugarit un talent un tiers d'argent et UrhiTesub a fait pour moi une tablette scellée (à ce sujet503).Voilà les 4000 (sicles d')argent dont on parle504! Maintenant, j'ai brisé la tablette scellée concernant cet argent. »14-21Le préfet a dit: « la tablette scellée qu'il a brisée n'est pas c~lle des 4000 (sicles d') argent dont on parle; c'est celle de l'argent de Talimmu505. Maintenant, si la tablette scellée qui est brisée, c'est bien celle des un talent un tiers d'argent, Masanda est quitte; mais si c'est celle de l'argent de Talimmu, que Masanda ~aye entièrement cet argent (en question). » 2-28Que Masanda jure qu'il s'agit de l'argent des 400 ânes dont on parle506. Si Masanda jure, alors il est quitte pour les quatre (tiers de ?)507talent(s) d'argent qu'il a pris508, mais si Masanda se dérobe au serment, il paiera au roi de l'Ugarit l'argent des quatre (tiers de?) talent(s) d'argent.
DES ACCORDS ET LEURS CONSÉQUENCES
RS 17.128 = PRU IV, 179 et pl. XIII Verdict de Ini- Tesub, roi de Karkemis. type 1509. Palais royal, pièce 69 (Archives Sud).
Sceau-cylindre
au personnage
dans
l'index
de BRYCE, The Kingdom of the était roi, soit lorsqu'il
Hittites, p. 464. Le procès aurait eu lieu soit lorsqu'il était en Syrie.
503. e-tap-sa-am-mi, cf. HUEHNERGARD, ADCU, p. 57. 504. 1 talent = 60 mines, 1 talent 1/3 = 80 mines, soit effectivement, la mine est à 50 sicles, 4 000 sicles. 505. Cf. RS 17.229.
si
506. Soit 10 sicles par âne; si le prix d'un âne était d'environ 30 sicles prices at Ugarit », lAOS 99 d'argent (cf. R. STIEGLITZ, « Commodity [1979], p. 17), il doit s'agir ici d'une taxe prélevée indûment par le roi d'Ugarit. 507. Voir PRU IV, p. 177, n. 1. Ici, 1. 24, comme plus loin, 1. 26, la tablette porte 4 gu.un,« 4 talents » et P. VARGYAS (