OUVRAGES DE LUCIEN-JEAN BORD (ED. GEUTHNER)
Petite grammaire du sumérien a l'usage des débutants Petit lexique du sumé...
43 downloads
778 Views
2MB Size
Report
This content was uploaded by our users and we assume good faith they have the permission to share this book. If you own the copyright to this book and it is wrongfully on our website, we offer a simple DMCA procedure to remove your content from our site. Start by pressing the button below!
Report copyright / DMCA form
OUVRAGES DE LUCIEN-JEAN BORD (ED. GEUTHNER)
Petite grammaire du sumérien a l'usage des débutants Petit lexique du sumérien a l'usage des débutants Exercices corrigés de la petite grammaire du sumérien a l'usage des débutants
OUVRAGES DE LUCIEN-JEAN BORD ET REMO MUGNAIONI (EU. GEUTHNER)
Les statues épigraphes de Gudea du Musée du Louvre
En préparation Les cylindres de Gudea du Musée du Louvre
LUCIEN-JEAN BORD REMO MUGNAIONI
L'ÉCRITURE CUNÉIFORME SYLLABAIRE SUMÉRIEN BABYLONIEN ASSYRIEN
LIBRAIRIE ORIENTALISTE PAUL GEUTHNER S.A.
2002,
S.N. LIBRAIRIE ORIENTALISTE PAUL GEUTIINER S.A.
12
75006 PARIS 2-7053-3682-6
RUE VAVIN, ISBN
COUVERTURE
Signes Mo-sumériens
Les caractères cundiformes de ce volume ont été rdalisés au moyen du procéd6 informatique DubSar® développd par L.-J. Bord
Nous tenons A exprimer toute notre gratitude A ceux qui ont bien voulu nous aider dans la réalisation de ce travail, et particulièrement Jeanie BRAVELET
Laurent COLONNA DISTRIA Lucette DELFINO Bernard DROUOT Annick GERMAIN David LAVERGNE Jean-François Luc Agnès LUCIAN1 Jean-Marie LUCIANI Séverine PERILLAT qui ont mené A bien le long travail de dépouillement et de collation des valeurs pour chaque signe.
et la mémoire de
Paul a BOTTA Edward HINCKS Austen H. LAYARD Henry C. RAWLINSON et à tous ceux qui ont permis la découverte et le déchiffrement des langues cunéiformes
INTRODUCTION
Pour les sumériens, si l'invention de l'écriture était d'origine divine — Enki ayant confié la fonction scribale A la déesse Nisaba — une légende n'en attribuait pas moins la création de cette même écriture au roi-prêtre de la cité d'Uruk, Enmerkar l . Ce long poème raconte comment le souverain d'Uruk ouvrit hi route caravanière du lapis-lazuli en contraignant par sa sagesse et sa ruse le seigneur d'Anitta, cité prospère de l'actuel Iran, A lui livrer les précieux matériaux nécessaires à l'achèvement du temple d'Inanna. Parmi les péripéties du récit, on nous raconte comment Enmerkar fut le premier A écrire sur une tablette d'argile : « Le seigneur de Ku/lab lissa l'argile avec les mains, formant une tablette, et il déposa les mots. Jusque lb, personne n'avait déposé des mots sur l'argile »2, et un peu plus loin le même récit nous renseigne sur la nature de cet écrit : « le seigneur d'Aralia regarda l'argile, mais les 1110iS étaient des clous : son front s'assombrit » 3 . Quoi qu'il en soit de cette légende, c'est en Basse-Mésopotamie, l'ancien pays de Sumer, qu'ont été retrouvées sur quinze sites différents, A partir du début du XX' siècle, près de 5500 tablettes ainsi qu'un petit lot de bulles, couvrant une période qui s'étend de l'Uruk récent (3300-3100 av. E.C.) A l'époque des dynasties archaïques (2800-2400 av. E.C.), permettant de poser la question de la naissance de l'écriture en Mésopotamie 4 . Sur ce long poème épique, cf. J.S. COOPER et W. HEIMPEL, "The Sumerian Sargon Legend", JAOS 103, p. 67-82 ; — T. JACOBSEN, The Harps dm Once... Sumerian Poory in Translation, New Haven, 1987, p. 275-319 ; — id., "The Spell of Nudimud", dans Sha'arei Talion. Studies in Bible, QuntriM, and the Ancient near East Presented to Shentaiyalm Talmon, Winona Lake, 1992 ; — id, "Enmerkar and the Lord of Aralia", dans The Context of Scripture, I, Canonical Compositions from the Biblical World, W.W. iintio et K.L. YOUNOER, éds., Leiden, 1997, p.
547-550. Enmerkar et le seigneur d'Arappa, I. 503-504. Enmerkar et le seigneur d'Arappa, I. 536. 4 Cette documentation provient principalement d'une quinzaine de sites qui appartiennent pour la plupart à la culture d'Uruk. Pour ces documents on consultera : A. FALKENSTEIN, Archaische Texte aux Uruk, Berlin, 1936; — M.W. GREEN et H.J. NISSEN, Archaische Texte ans Uruk, II, Zeichenliste des archaischen Texten aus Uruk, (ADFU, Il), Berlin, 1987 ; — H.J. NISSEN, P. DAMEROW et R.K. ENGLUND, Frilhe Schrift und Techniken der Wirtschaftsverwaltung um (Men Vorderen Orient, Bad, 1991. ce dernier ouvrage a été traduit en anglais : H.J. NISSEN, P. DAMEROW et R.K. ENGLUND, Archaic Bookkeping : Eatly Writing and Techniques of Economic Administration in the Ancient near East, trad. P. LARSEN, Chicago, 1993. 2 3
10
L'ÉCRITURE CUNÉIFORME
Le premier problème posé par cette documentation est celui de sa datation. En effet, s'il est possible de proposer une chronologie relative des différents groupes de textes qui composent le corpus, en revanche, toute datation absolue est rendue difficile du fait de quelques imprécisions méthodologiques liées au déroulement des fouilles du quartier de l'Eanna sur le site même d'Uruk. Découverts au milieu de décombres antiques situés sous les constructions du niveau IIIc, dans la zone sud de l'Eanna, les documents les plus anciens ont, en effet, servi à définir la strate archéologique à partir de laquelle, sur la base d'un raisonnement quelque peu tautologique, ils furent eux-mêmes datés. Ainsi, considérant leur appartenance à la phase ultime du niveau IV, il fut alors généralement admis, que ces tablettes auraient été rédigées aux environs de 3300 av. E.C. Ces imprécisions peuvent être en partie corrigées, grâce aux documents mis au jour lors des fouilles entreprises sur l'acropole du site de l'ancienne Suse, où la stratigraphie permet, il est vrai, de proposer une meilleure chronologie des évènements. Toutefois, il n'en demeure pas moins problématique d'établir une correspondance entre les différents niveaux concernés au sein de chacune des deux citéss. De fait, il reste difficile, A ce jour, de préciser le moment où furent rédigés les plus anciens documents écrits en Mésopotamie. Tout au plus, est-il possible d'avancer qu'ils firent leur apparition dans une fourchette chronologique oscillant entre l'Uruk V et l'Uruk IVa ou b, c'est-à-dire entre 3500 et 3300 avant J.-C. Compte tenu de sa quasi primauté au sein de l'espace proche oriental, toute tentative d'appréhension des mécanismes qui contribuèrent à la genèse et à l'évolution de cette documentation, n'est envisageable que sur la base d'une compréhension de son contenu. Considérant ainsi les similitudes structurelles qui rapprochent le texte de certaines tablettes archaïques de celui de (ablettes de l'époque de Fara6, il apparaît qu'une quantité importante de documents archaïques présentent des parallèles avec des textes administratifs plus récents et, clans une moindre proportion, avec les grandes listes lexicales largement attestées par ailleurs'. Organisés sur le même principe ce dernier type de texte permet, en outre, de collationner, ligne ligne, les deux recensions et d'identifier ainsi les prototypes anciens de signes utilisés A une époque plus tardive. Il est important de relever que, dès l'époque d'Uruk, les scribes avaient entrepris un vaste travail de classification des mots et des signes, dans un but pédagogique ; ces Ce problème a donné lieu A une littérature relativement abondante. Pour avoir une vue d'ensemble sur le sujet, il est toujours utile de se reporter h : P. AMIET, Suse, 6000 ans d'histoire, (Monographies des Musées de France), Paris, 1988 ; — A. CAUBET, P.O. HARPER, J. ARUZ et F. TALLON, La cité royale de Suse. Trésors du Proche-Orient ancien au usée du Louvre, Paris, 1994, part. p. 47-80. 6 Cf. A. DEIMEL, Die Inschtifien von Fain, I, Liste der archaischen Keilschrifizeichen, (Ausgrabungen der Deutschen Orient-Gesselschaft in Fora und Abu Hatab, 1-3), OsnabrtIck, 1968-1970. 7 Cf. H.J. NISSEN, "Bemerkungen zur Listenliteratur Vorderasien ha 3. Jahrtausend", dans La lingua di Mo, L. CAGNI dd., Napoli, 1981, p. 99-108. 5
INTRODUCTION
11
listes se multiplieront, restant la base de l'enseignement aussi longtemps que dureront les écritures cunéiformes. Pour la plupart, les textes administratifs rendent compte des livraisons ou de la distribution de divers produits, souvent A caractère agricole, ou de la gestion des personnels. Au regard du reste de la documentation, l'importance quantitative de ce type de textes et la spécificité de son utilisation sont révélatrices du profond enracinement de l'écriture, A ses débuts, dans les divers impératifs comptables inhérents A d'importantes structures gestionnaires 8. Les tablettes d'Uruk font ainsi état de la gestion d'un magasin central dirigé par un personnage dont, par convention, nous lisons le nom KU.SIM, et qui, en sa qualité de responsable, signe des bordereaux énumérant la distribution quotidienne d'énormes quantités d'orge, livrées A de hauts fonctionnaires et destinées probablement A être elles-mêmes redistribuées A des subordonnés.
tablette archaïque découverte A Uruk (d'après H.J. NISSEN et al., Archaic Bookkeping, p. 38)
De leur côté, les listes lexicales constituent un petit lot d'environ 650 tablettes constituant les duplicata de quatorze listes différentes où il est possible de reconnaître les archétypes de listes plus récentes découvertes A Tell Para. Concrètement, ces textes se présentent comme des énumérations de mots ou de notions liées entre elles par un lien sémantique plus ou moins évident, déclinant divers types d'ustensiles de bois ou de métal, de récipients, de textile, ou encore de noms de profession, d'animaux, ou de villes. Le caractère immuable de ces documents, inlassablement recopiés A travers les siècles, laisse penser qu'ils jouèrent dès le début un rôle déterminant dans l'apprentissage de l'écriture voire dans l'élaboration même du système.
Cf. P. AMIET, "Comptabilité et écritures archaïques h Suse et en Mésopotamie", dans Ecritures : systèmes idéographiques et pratiques expressives : actes du Colloque international de l'Université Paris VII, 22, 23 et 24 avril 1980, A.M. CIIRISTIN éd., Paris, 1983, p. 39-45. La thèse d'une origine purement comptable de l'écriture a fait depuis l'objet d'une remise en cause (cf. J.J. GLASSNER, Ecrire à Sumer. L'invention du cunéiforme, Paris, 2000), mais le débat reste g
ouvert.
12
L'ÉCRITURE CUNÉIFORME
Pour qui considère l'écriture et ses implications traditionnelles au niveau des divers produits de la pensée, il reste surprenant de constater, qu'au sein de cette documentation, n'apparaissent aucun texte A caractère littéraire, historique ou religieux. Pourtant, A bien y regarder, cette situation n'a rien d'étonnant si l'on prend conscience qu'à ce stade « l'écriture » reste avant tout un outil A la disposition d'une instance gestionnaire n'ayant aucune raison de venir se substituer A l'oralité dans des domaines où celle-ci A fait depuis longtemps ses preuves. Sur la base des éléments de datation précisés plus haut et du fort enracinement de la documentation au niveau d'une problématique comptable inhérente A d'importantes structures gestionnaires, il est alors tentant d'essayer de dégager les éléments qui dans le contexte historique ont pu déterminer cette situation. Pour cela, et compte tenu de la datation retenue, il convient de comprendre ce qui est caractéristique de la culture d'Uruk et la différencie de celle d'Obeïd qui l'a précédée. La transition de la culture d'Obefd A celle d'Uruk est marquée par le passage de la civilisation villageoise A celle de la cite. Les raisons de cette transformation restent difficiles A préciser. Toutefois, on peut penser qu'un certain nombre de facteurs, ayant pour conséquence un essor de l'agriculture rendu possible par une pratique plus large de l'irrigation, ainsi qu'un accroissement des échanges commerciaux favorisé par de nouveaux modes de transport, furent certainement A l'origine de ces mutations. Il en résulta une différentiation croissante entre les agglomérations, faisant de certaines d'entre-elles le centre et le sommet d'une structure dont dépendaient de nombreux villages. Trahissant une nouvelle organisation de la société, maintenant fondée sur un pouvoir coercitif exercé A travers une lourde administration, par une élite dont les prérogatives allaient en s'élargissant ; la simple juxtaposition des habitations fit alors place A une véritable organisation interne, caractérisée par la naissance d'une architecture monumentale A vocation autre que domestique, ainsi que par une disparité plus grande de l'habitat où certaines maisons se distinguèrent par leur taille ou leur caractère somptuaire. Par ailleurs, avec l'augmentation des échanges, l'économie se faisant plus dynamique et acquérant une autre dimension entraîna inévitablement une complexité accrue des tâches de gestion, indispensables A la bonne marche des affaires. Dès lors, les moyens traditionnels permettant l'enregistrement des diverses opérations comptables se révélèrent tout A fait inadaptés pour répondre aux exigences de la nouvelles économie et deux innovations firent alors leur apparition : le sceau-cylindre et la bulle d'argile. Le premier permettant d'identifier l'auteur de l'opération, la seconde témoignant du nombre de biens qui y sont engagés. L'association des deux garantissant en outre l'intégrité de la transaction.
Cf. I-I. WEISS, 6d., The origins of Cities in Du- Farmi n g Syria (nid mesopotamia in the Third B.C., Guilford, 1986; —M. VAN DE MIEROOP, The Ancien: Mesopotamian City, Oxford, 1997 ; — J.N. POSTGATE, Early Mesopotamia. Society and Economy at the Dawn of History, London, 1992.
9
INTRODUCTION
13
Depuis la fin de la culture de Halaf (c. 5100 av. E.C.) l'habitude avait été prise de garantir les opérations économiques ou comptables en plaçant des scellés sur les vases, les ballots ou même les pièces d'une maison contenant des marchandises, au moyen de petits cachets affectant la forme d'un bouton dont une face était pourvue d'un motif gravé en négatif. Pour des raisons qui tiennent probablement au caractère restreint de leur surface ornementale, ses objets vont, A partir de la période d'Uruk V (fin du IVe millénaire av. E.C.), laisser la place A de petits cylindres comportant un décor incisé sur la surface de révolution 10. La supériorité de cette innovation tient surtout A la possibilité de développer un contenu symbolique sur une surface plus importante. On peut ainsi délivrer un message plus détaillé impliquant, par le biais d'un champ décoratif élaboré, une information fournissant les conditions nécessaires A l'identification de responsabilités individuelles, dont manifestement le besoin se faisait sentir, tout en exprimant plus largement l'idéologie du moment.
Bulle enveloppe et ses calculi (Paris, Musée du Louvre, Sb 1940)
Comme pour les sceaux-cylindres, les bulles font leur apparition dans le courant de la seconde moitié du IV e millénaire av. E.C. I Il s'agit de petites sphères d'argile, vraisemblablement destinées A contenir de menus objets de formes variées : bâtonnets, billes, disques, petits cônes ou grands cônes perforés dont les formes ne sont pas sans évoquer certains signes d'écriture utilisés plus tard pour transcrire des valeurs numérales, d'où leur nom de calculi par analogie avec les cailloux qui servaient h l'apprentissage du calcul. La surface des bulles était marquée par des déroulements de sceaux-cylindres et des encoches, obtenues par application d'un calame ou par impression d'un calculus, et indiquant A l'extérieur le contenu de l'enveloppe. S'il n'existe pas toujours de correspondance stricte entre la forme imprimée et celle des calculi contenus dans la bulle, il y a néanmoins, dans tous les cas, une correspondance de nombre.
l° Cf. McG. GIBSON et R.D. BIGGS dds., Seals and Sealing in the Ancien! Near East, (bibliotheca Mesopotamica, 9), Malibu, 1977 ; — P. AMIET, La Glyptique mésopotamienne archaïque, Paris, 1980. Cf. A. LE BRUN et F. VALLAT, "l'origine de l'écriture à Suse", Cahiers de la DAF1 8, 1978, p. 11-59 ; — P. AMIET, L'âge des échanges inter-ituniens : 3500- 1700 av. J.C., Paris, 1986 ; — D. SCHMANDT-BESSERAT, Before writing, 1, from counting to cuneiform; Il, A Catalogue of near Eastern Tokens, Austin, 1992
14
L'ÉCRITURE CUNÉIFORME
L'association de ces deux types d'objets, répond certainement à des besoins gestionnaires. Les sceaux identifiaient l'individu A l'origine de l'enregistrement, les marques indiquaient les quantités de biens engagés dans l'opération. Il y a tout lieu de penser qu'une fois l'enveloppe d'argile brisée, il suffisait alors, pour vérifier l'intégrité de la transaction, de confronter les quantités et la nature des biens avec les calculi enfermés dans la bulle et les marques imprimées sur sa surface. Toutefois, le caractère redondant de ce double enregistrement, fut probablement A l'origine de la disparition des calculi. Dès lors, le vide central de la sphère ayant perdu sa raison d'être, les bulles s'aplatirent pour former de petits coussinets arrondis : c'est là l'origine des premières tablettes. Dès leur apparition, deux types de tablettes se distinguèrent au sein de la documentation : celles qui ne comportaient qu'une impression de sceau associée A des marques numérales, qui exprimaient probablement des ordres de grandeur, et celles qui présentaient des signes plus ou moins figuratifs placés en regard de ces mêmes indications chiffrées. Les premières se référaient certainement A une seule opération dans laquelle n'aurait été engagé qu'un seul type de bien, tandis que les secondes conserveraient la mémoire d'une ou plusieurs opérations mettant en jeu des marchandises de nature différentes. Les signes utilisés dans ces dernières tablettes étaient constitués soit par des pictogrammes — représentation schématique de la chose ou d'une partie caractéristique de celle-ci, tel un épis pour exprimer l'idée d'une céréale, ou un bucrane pour désigner un bovin — soit par des logogrammes évoquant indirectement la chose, telle la croix inscrite dans un cercle pour le mouton. A ce stade, il est tentant de considérer qu'en renvoyant A une réalité, ellemême en relation avec un mot de la langue, chaque signe graphique était alors naturellement perçu comme l'expression visible de la globalité d'un signifiant linguistique. Cependant l'absence d'analyse de ce signifiant en unités phonologiques minimales, indispensables A l'écriture des différentes marques morphologiques qui constituent les fondements d'un énoncé, empêche de voir dans ce système autre chose qu'une simple écriture de mots, capable, tout au plus, de rendre des segments d'un discours en relation avec une quelconque activité gestionnaire. Si l'on peut certes envisager que, pour rendre les noms de quelques individus ou de cités, impliqués dans ces activités, les signes ont également pu servir A transcrire tout son comparable au signifiant du mot représenté, il n'en demeure pas moins vrai, que cette potentialité du système resta longtemps cantonnée A la seule pratique onomastique. Il ne faut pas perdre de vue en effet qu'A ce stade, la transcription fidèle de la langue n'était pas dans la perspective de « l'écriture ». Seuls n'ont de raisons d'être pris en compte que les éléments fondamentaux engagés dans les opérations économiques telles que les choses, les personnes, les modalités (moment, durée, lieu, quantité), ou encore des actions comme la distribution de biens. Ce sont d'ailleurs de telles considérations qui furent A l'origine de l'élaboration les listes lexicales, véritables outils au service du système. Et n'oublions pas, par ailleurs, la nécessité pour les deux
INTRODUCTION
15
interlocuteurs de comprendre le sens du code, c'est-à-dire d'en connaître préalablement les éléments. S'il est un point particulièrement frustrant pour l'étude de l'écriture cunéiforme, c'est l'absence de documents nous permettant d'accéder aux modalités de création. Tout au plus pouvons-nous disposer des documents laissés par les scribes mésopotamiens des Ii et I" millénaires av. E.C. Ils ont collationné ce qui, pour eux, constituait quelques unes des règles mises en œuvre pour la formation des signes et les ont exprimées avec leurs mots : gun!? (hachuré) c'est-à-dire une surcharge du signe par ajouts de traits verticaux ou obliques ou par impressions de brefs traits à l'intérieur du signe. ten!? (incliné) modification obtenue en faisant pivoter le signe, principalement vers la droite et, parfois vers la gauche. Cette modification peut affecter le signe tout entier ou seulement l'un de ses éléments.
nuti/t? (non achevé) soit un signe dont la forme extérieure est semblable au « modèle » mais dont un ou plusieurs éléments ont été omis. Ininabi
(double) le redoublement d'un signe.
Nom de la modification
glua?
Signe original
Signe modifié
»
\\ \\
0
0
toit?
ruant?
minabi Un autre point nous suggère que les signes n'ont pas été établis arbitrairement ou uniquement en fonction d'une image plus ou moins directe de leur référent, mais qu'au moins une théorie a présidé à leurs choix. Un exemple nous est fourni par le signe désignant le 0 pied » qui ne représente pas pour autant un pied mais une tête d'âne. On ignore absolument les motivations d'un tel choix mais on entrevoit qu'il s'inscrit dans une théorie de la formation des signes. Par ailleurs, on remarque l'existence de conventions graphiques (la tête d'un animal peut désigner l'animal entier alors qu'une partie du corps ne désigne qu'ellemême) qui nous confirment que la ressemblance n'est pas la référence
16
L'ÉCRITURE CUNÉIFORME
nécessaire pour définir une catégorie de signes. Cependant, même si nous entrevoyons certains procédés de formation des signes, rien ne nous permet d'affirmer qu'ils soient à la toute origine du corpus et l'on peut tout autant supposer qu'ils ne sont intervenus que dans un second temps. A ce jour, de nombreuses théories ont cherché à rendre compte des mécanismes qui ont contribué à la genèse de l'écriture cunéiforme,, toutefois aucune n'est pleinement satisfaisante et beaucoup ne s'accordent guère avec la réalité de la documentation qui nous est parvenue. Il convient cependant de relever que, très tôt, le système apparaît comme formé et que la suite de l'histoire de l'écriture cunéiforme apportera surtout des enrichissements ou des aménagements. Pouvant donc être considérée comme un simple aide-mémoire à ses touts débuts, l'écriture allait connaître rapidement un grand développement, autant dans sa forme que dans son contenu. Les premières graphies qui présentaient un caractère nettement linéaire, tracées avec un outil fin ressemblant certainement à un stylet, vont se déformer, perdant leur caractère figuratif pour acquérir une simplification qui atteindra bientôt à une abstraction certaine. Deux facteurs ont da jouer, d'une part la nécessité d'une certaine rapidité de l'écriture et d'autre part les contraintes propres au support, l'argile crue. L'apparition d'un nouvel outil d'écriture, le calame de roseau à extrémité triangulaire, va permettre (l'imprimer les signes (et non plus de les tracer par incision du support), leur conférant cette forme « en clous » qui allait leur demeurer 12 . Il est difficile d'assigner une date et un lieu précis pour le changement entre incision et impression, l'opération s'étant d'ailleurs effectuée progressivement ; on constate de plus une différence entre les inscriptions monumentales (restées plus longtemps linéaires) et les inscriptions sur tablettes (tendant plus rapidement l'adoption du seul cunéiforme), évidemment à cause des spécificités de chaque matériau. La nouvelle manière d'écrire apparaît cependant solidement implantée clans les usages, malgré certaines survivances, au plus tard vers 2500 av. E.C. 13, et par la suite les inscriptions monumentales adopteront leur tour une graphie cunéiforme. Dans le même temps se pose le problème de l'utilisation du système dans le sens d'une complexification des informations véhiculées, c'est-à-dire davantage d'informations plus précises. Cette nécessité qui s'imposa aux scribes allait entraîner deux conséquences : la multiplication des signes composés et la nécessaire réduction du nombre des signes. Le répertoire primitif, qui a sans doute été voisin des mille deux cents signes, a été progressivement réduit pour se stabili-
12 Cf. M.A. POWELL, "Three Problems in the history of Cuneiform Writing; Origins, direction of script, literacy", Visible Language 15, 1981, p. 419-440. 13 Cf. P. DAMEROW, R.K. ENGLUND et Hl NISSEN, "Die Entstehung der Schrift", Spelarum der Wissenschu f Feb. 1988, p. 74-85 ; — id., "Die ersten Zahldarstellungen und die Entwicklung des Zahlbegriffs", Speknum der Wissenschaft, Mitrz 1988, p. 46-55.
INTRODUCTION
17
ser aux environs de six cents vers 2400 av. E.C. I4. Il est évident que, dans le nouveau système, un plus grand nombre de signes durent être affectés d'une pluralité de valeurs qui existait déjà, mais de manière moins constante : la bouche (KA) aura le même signe que le fait de parler (DU 11 ) ou de crier (GU 3). Une partie du problème ainsi posé fut résolu par l'utilisation de signes additifs, que nous nommons déterminatifs, et qui placés avant ou après le signe, indiquent A quelle catégorie il appartient. Ainsi le déterminatif KI indique un lieu, une ville (SIR.BUR.LA.KI = Lagag k', la ville de bled). Par ailleurs, l'obligation de transcrire des noms propres et de rendre certains points de grammaire obligea rapidement les scribes à créer des signes n'ayant qu'une valeur de son, c'est-à-dire des idéogrammes dépouillés de tout sens figuré. Dès l'époque des dynasties archaïques (c. 2800-2400 av. E.C.), l'enrichissement de l'écriture permit de dépasser le seul côté pratique du nouvel outil (contrats, comptabilité) et de collationner des compositions littéraires, simples au début et ne transcrivant vraisemblablement que des traditions orales. La nécessité de restituer la littérature orale, dans des compositions toujours plus vastes, allait également influencer l'évolution de l'écriture cunéiforme et particulièrement de la grammaire qui apparaît fixée vers le milieu du Me millénaire av. E.C. C'est peu après cette époque, l'outil scripturaire étant maintenant suffisamment élaboré, qu'un fait nouveau allait se produire. L'arrivée au pouvoir de la dynastie d'Akkad entraîna l'utilisation de l'écriture sumérienne, par les nouveaux maîtres, pour transcrire l'akkadien, une langue sémitique 15. A ce propos, nous n'hésitons pas à parler de véritable révolution car l'écriture, en prouvant sa capacité A noter, avec quelques aménagements, une autre langue que celle pour laquelle elle avait été conçue, acquit un nouveau statut : de simple outil au service d'une unique civilisation elle devenait un bien commun qui excédait les frontières non seulement politiques mais, et c'est IA le plus important, linguistiques 16 .
Malgré un bref retour de la prépondérance sumérienne (époque gosumérienne, c. 2150-2004 av. E.C.), période au cours de laquelle les grandes œuvres littéraires de la tradition orale furent couchées par écrit, c'est avec l'avènement de la période babylonienne et la disparition du sumérien en tant que langue parlée que la littérature cunéiforme allait atteindre son apogée. Sans doute grâce au rayonnement et au prestige de la culture babylonienne et, malgré les troubles politiques qui ne manquèrent pas tout au long du second millénaire,
Cf. J.N. POSTGATE, Early Mesopotamia, op. cit., p. 63-64. Sur les langues sémitiques, parmi une abondante littérature, on pourra consulter : J. KURYLOWICZ, Studies in Smille Grammar and Metrics, (Prace Jezykoznawcze, 67) Warszawa, 1972 ; — J. HUEFINERGARD, "Semitic Languages", dans Civilizations of the Ancient Near East, IV, J.M. SASSON dd., New-York, 1997, p.2117-2134. 16 Outre le sumérien elles langues sémitiques (akkadien, assyrien, babylonien, cananéen, dblaIte, ougaritique), l'écriture cunéiforme servit ù noter les langues des peuples au contact de la Mésopotamie (dlamite, hurrite, urartden) et méme des langues indo-européennes (hittite, Invite, palalle, vieux perse). 14 15
18
L'ÉCRITURE CUNÉIFORME
les deux grandes familles du cunéiforme, babylonien au sud et assyrien au nord, allaient diffuser l'écriture adaptée de l'antique Sumer A tout le Proche et Moyen-Orient ancien, de l'Égypte aux frontières orientales de l'Iran et de l'Anatolie A l'actuel Golfe Persique. Le babylonien, devenu rapidement la langue diplomatique internationale, servait autant au pharaon amarnien qu'au roi hittite pour rédiger une partie de leurs correspondances avec des vassaux éloignés. La prépondérance dans les échanges entre nations, prise au r millénaire av. E.C. par l'araméen, langue transcrite dans un alphabet linéaire ° plus souple et d'emploi plus simple que la difficile écriture cunéiforme, amena certes une régression de celle-ci, la réservant A une élite savante et lettrée, mais sans pour autant la menacer immédiatement de disparition ; on s'accorde d'ailleurs A reconnaître que c'est justement l'époque où l'écriture cunéiforme atteignit son plus haut degré de perfection formelle. Cela est peut être da au fait que, devant la montée des écritures linéaires et alphabétiques, et surtout de l'araméen, l'écriture cunéiforme se trouva débarrassée de sa fonction quotidienne de notation et eut alors la possibilité d'utiliser pleinement ses très riches possibilités graphiques et symboliques c'est l'époque des jeux savants et ésotériques des scribes, des listes tendant A cataloguer le connu et le supposé, d'une science réservée aux initiés et se proclamant bien haut comme telle". Il est évident qu'ayant servi A noter plusieurs langues au cours de leurs trois millénaires d'histoire, les caractères cunéiformes n'ont cessé de subir modifications et transformations, non seulement d'un grand système A l'autre mais A l'intérieur de chacun de ceux-ci, autant sous l'influence du temps que des usages particuliers et locaux. Chaque signe se présente sous un grand nombre de variantes qu'il n'est pas toujours aisé d'identifier, et c'est cette diversité qui impose l'usage d'un syllabaire, non seulement pour l'étudiant mais également pour le chercheur et le spécialiste. Le présent ouvrage présente une approche que l'on peut qualifier A la fois de classique, et d'originale. Classique en ce sens qu'il propose des index de signes et des planches mettant en regard les diverses graphies d'un même signe et ses valeurs. Originale en ce que le classement des signes clans les planches, qui sert de référence première pour leur numérotation, est fait A partir du néo-sumérien, les signes propres au babylonien et h l'assyrien venant en ajout. Pour le classement primaire des signes, nous avons adopté un système graphique qui analyse chaque signe en fonction de ses composantes, d'abord les horizontales, puis les verticales, puis les diagonales etc. Au début de chaque index, un tableau indique l'ordre suivi pour le classement. Il est donc aisé, A partir d'un signe, de repérer
17 Sur la naissance et I'dvolution des langues alphabdtiques linaires, on consultera entre autres : F.M. CROSS, "The Origin and Evolution of the Alphabet", Eretz Israel 8, 1967, p. 8-24 18 Une inscription babylonienne de cette époque déclare « que l'initié instruise l'initié, le profane ne doit pas savoir ».
INTRODUCTION
19
ses composantes et de se référer au tableau. Par exemple, pour un signe néoassyrien, on aura le cas de figure ci-après :
ITTIr =.4- +TT
+ TT
+1
Et il conviendra donc de rechercher ce signe dans la partie de l'index regroupant les signes commençant par 4Nous avons choisi de donner le plus d'index possible, aussi l'utilisateur pourra-t-il se référer à un index des signes primitifs, à un index néo-sumérien, un index paléo-babylonien, à un index néo-babylonien, à un index paléoassyrien et à un index néo-assyrien. Pour l'index des signes primitifs, qui ne peut évidemment faire l'objet du même type de classement que les index des signes purement cunéiformes, nous avons adopté un classement thématique qui est également indiqué par un tableau initial. Nous ne donnons pas l'ensemble des signes primitifs (plus de 1200), auxquels ont été consacrés d'importantes études, mais uniquement les signes ayant eu une « descendance », c'est à dire pouvant être rattachés avec certitude à un signe néo-sumérien. A la suite des index, on trouvera des planches, classées à partir de l'ordre adopté pour les signes néo-sumériens. Ces planches sont établies en colonnes : le numéro d'ordre du signe dans le syllabaire et, le cas Colonne 1 échéant, le signe primitif avec ses diverses graphies. Colonne 2 le signe néo-sumérien avec ses variantes. Colonne 3 les valeurs idéographiques et phonétiques des signes. Colonne 4 le signe babylonien avec ses variantes Colonne 5 le signe assyrien avec ses variantes Colonne 6: l'indication du numéro d'ordre du manuel d'épigraphie de R. Labat et F. Malbran-Labat 19. A l'intérieur de chaque colonne, les diverses variantes d'un même signe sont rangées en suivant l'ordre chronologique d'apparition de ces variantes. Cet ordre n'est qu'indicatif car on sait que plusieurs « formes » ont pu cohabiter h une même période ou perdurer dans un espace géographique déterminé alors que d'autres graphies se développaient dans des territoires voisins. Nous n'avons pas retenu les variantes minimes qui n'affectent en rien la reconnaissance du signe, privilégiant l'établissement de listes facilement utilisables Enfin, après les planches, nous avons établi un index général des valeurs phonétiques et idéographiques renvoyant à chaque fois au numéro d'ordre de chaque signe. Pratiquement, l'utilisateur de ce syllabaire dispose d'entrées lui permettant d'identifier un signe d'après sa graphie ou, au contraire, de retrouver la graphie d'un signe d'après sa valeur. Cet ouvrage n'est ni un manuel d'épigraphie ni un R. LABAT cl F. MALBRAN-LABAT, Manuel d'épigraphie akkadienne, 6' edition, Paris, 1999.
19
20
L'ÉCRITURE CUNÉIFORME
précis de linguistique, c'est simplement un répertoire des signes de l'écriture cunéiforme destiné à aider tous ceux qui, à quelque titre que ce soit, ont à s'intéresser aux textes de l'ancienne Mésopotamie. Tout travail étant perfectible, nous ne prétendons ni à l'exhaustivité absolue ni à un quelconque « achèvement définitif », nous espérons simplement mettre à la disposition de chacun un outil utile et utilisable. Reprenant l'antique usage des scribes mésopotamiens d'établir des listes, nous rejoignons, au-dessus des millénaires, nos devanciers pour qui l'écriture était le réceptacle de la sagesse sacrée.
INDEX
LISTE DES SIGNES PRIMITIFS
L'ÉCRITURE CUNÉIFORME
24
Anthropomorphes
118
382
382
381
207
207
207
210
105
213
380
217
319
220
313
257
\
1=
81
101
313
103
299
104
Zoomorphes
A
112
245
197
375
6
242
383*
266
243
320
6
320
?
SIGNES PRIMITIFS
379
378
378
176
57
168
>
'V
p... .4w,
-_.--=-
zo
25
183
191
116
183
191
116
368a
191
7
14
Végétaux 131
97
\
-
-
-
)
182
168
192
77
168
192
77
168
247
77 Outils, ustensiles, aliments
0
297
133
51
317
377 309 *
L'ÉCRITURE CUNÉIFORME
26 53
332
/-\
126
53
333
Z ,
126
@b,
[> ))
72
363
52
126
329
126
300
Bâtiments 262
17 1
__11
Abstraits
174
56
33
123
35
123
37
123
-
123 39
■■...-
..
111
>>>
206
161
184
>>>>1
207
162
185
163
186
164
187
>>>>HA
210
165
188
>>>>cl
211
166
189
212
167
190
el>. >>>‘
203
ww
213
L'ÉCRITURE CUNÉIFORME
42
236
258
215
237
259
216
238
260
217
239
261
218
240
262
219
241
263
220
242
264
221
243
265
222
244
266
223
245
267
224
246
268
247
269
248
270
227
249
271
228
250
272
229
251
273
230
252
274
fl T!
231
253
275
11flJ1
232
254
276
Mg
233
255
277
IEWO'
234
256
235
257
i
214
226
-0--
225
1
1
B
278 279
114H
SIGNES NEO-SUMERIENS
43
303
326
281
304
327
282
305
328
283
306
329
284
307
330
285
308
331
286
309
332
287
310
333
288
311
334
289
312
335
290
313
336
291
314
337
292
315
338
293
316
339
294
317
340
295
318
341
296
319
342
297
320
343
321
344
322
345
323
346
324
347
325
348
4 ll Fi
298
[
280
299
301
r_,
302
wEft
300
L'ÉCRITURE CUNÉIFORME
44
349
le
350
361 362
192
397
VII
237
184
N>,
368a
165
*TT
fl)
190
zag4 zek zfb zik zig BARR BAR 12 I5 BURU
i
..(
1M
511Ifr A l
4)21.
/
4=
i
t—P-1
bf bil (16
NE
ne
li(,
ni 5
q... G6
Pi5 pil
kun9
li 9
Pil4
172
I]
ZAU
him
IT
TE4
gi9
in
M4Ce>
be„
BIL DE3 IZI IZI 2 IZU KUM 2 LAM2
333
iif
M.>
Bi2
EiA
Om sab 5 4 16 II5
I I I
1 1
I
1 i
L'ÉCRIT[
120
CUNÉIFORME
,
,
,
.711f
96 suite
yfri i
96-a
172
Erzim2
•
97
111I
,r:IT
BEL2 GIB1L
(WV
rne6
x'--
IIIIIll
GuG2 LU i
rA,=ip
98
kuk k6k 16
KUS 7 SAUAR SAUARDUB SAUARPES I_A 1 UKUM
345
.....q.. —.
■■.41 ...
VT 7!
212
:
:
!
.ffi, E :
-
li :
I
173
gars
i
99
Hi Hi
ne8 Pfi pfl
' i
bei bis bfl bli gi ln
172
PLANCHES
ess 65, egi6
fg; fz mil mill
100
GAL
,
1+1
bit
14-
[
fs fs
l'IN' T; Fla
99 suite
121
212
gal gala kill gal nib nip
rfimik tt z4
Hi
343
122
101
L'ÉCRITURE CUNÉIFORME
k.1
kat 6
TU5
kat 7 qad qat
qata gu
w KIM2 KAM 3 PEk
KAD5 KAM 3 PEk
kad4 kal 4 kat 5 kat4 kat 5 qat 5 kad5 qat8
1-11-
KAD4
YY 121
1111Hin1:11 qa4 gad Tit
354
PLANCHES
LW
I
_
Mi
11 U il
.= -
._,
J
,
il!iii*Rlit. /ii 4 11111111 Da tlulgil'AiiliVE-1- % 11 1
N
._ f
:i 1
L'ÉCRITURE CUNÉIFORME
124
104
: * At
A2
ALl s
abi
ID ID1 2
ed et et id fdi
XiTil
MR
ii ii
.1 1 7,74 1-
ZARAIE
Itir irotT ERM 334
104-a TE8
rT•f4T
334
PLANCHES
gilb OP
;1 44iFiw.4-!-Ç k‘
GUB 3 UUB2 KAB TU 11
105
125
btib
Op kab kap kOb kbp
gab Op 01)
Op 106
t_ I
GUR io
kin
KIN
ktm lo
EA "Irl -T
run raq
gur,
574
li.IL
T2.
LL-
129
TUG
TUK TUKU
dtig dtlk dtiq rg
I%444Mt---AZ
g
DU 12 TU12
ni4AA
P
AZ4
127
356
PLANCHES
131
135
suite
M.z,
356
132
CUR,
111W*4< ,l 4M4-‹ 144144/IN 161%-tft.-4
I
a
AL+
10milir-
l
man mini
RAK
rag
1
SAL
rak
I
AL
rag sal
sala ga l2
•,“ ii,44 ..14
GAL4
138
230
44
tu, 9
gal
gel4
_14ii
554
44 .1d
t>g
1).< I›.4,
SUM2
ZUM
rig
rfk rfq si m6 som
si, su
,
s on,
IM
t>(
U E.D
SIKIL
456
1-
141
1771
<MET
el
egi4 il s
Hi,
564
PLANCHES
141 suite
139
>EH
ERE NIN
II
i
Eik
r„,11'4v1 ,N
142-143
564
e5 erig ins
I
ni4 min4 nfm nlm
1%9 _ —
nin
1)0
-
Ri LIR kli,1 4
R
556
L'ÉCRITURE CUNÉIFORME
140
_ 142-143
r"-V -
suite
556
V'E da4 dam
dbm lam tam tum9
r ..., 0
la4 lam
1)./A
145
V
11
izx
146 cal A.:
su u3
KL
satin
Mk
1.M
P7—
dik diq guru,
1 ih If
rié ni 0 gal
ghl ghr
zal z(u.
V
gu
kus
go
231
'J
GU
i 1 i
1 i i
I
1 1 1 1
1Ix:
150
_
ia6
Ii
ifq mi za7
AAA A ALL AI I-
V
DIG
GUB4 13 IA3
4AAA4Ai\ikAnJP414iti
149
14 4-4 *->
559
L'ÉCRITURE CUNÉIFORME
142
150 suite
D>
1>---
.+ S
OFH-K
Il i i-
176
374
* '4`-!ITI4 11)---< 11q.
su, SIR
177
SUD
*--
sar4
sir sù 0
+'-
girg ucl g Li,
>OH+ >Q11)—
*»-
guz
(>11! *in
>>111-
373
■`4.11-.
PLANCHES
177 suite
153
*41
-
114fff
V-*ff-
373
11171 \111-rT *4.ff-r
*fff178
bug
KAS KASKAL
fg kas kasa ras
KA 12A
tvi
Bli 2
rag
178-a
iLLAT
K8
W
>>>..H
187
ar>) )3@W
:3B2
m
y
glg ET aV Irr
.
wl
,
110 •*EET
141/4r MT
cgintb
W
*w
t21P
WM
Vt>4
LE
!eil nu R
11 1:NT
AN
ka`ET4
58
59
L'ÉCRITURE CUNÉIFORME
156
187 suite
lInT
.tn!
*4g
59
al 188 cD.
0
',1.1', ,
ju
û
1111V
W
I"'
»)>2d >>>>11
=
Mgr
V ■iiH
58
V 1/11W
IN
189
el.16
OP-
!n.
P>
In
r)
' li'
t:M
0>
g>•
2>
g
148
a> 190
30:i*X
>>>‘,
ITIuj D,
VV
%MT
MT Ilr f '
=
11=1 11Z
'-idEr 58
PLANCHES
191 V
-__..--"\ ,, ■
fl
SAR AR
sar ga8
An
W
gar
u9
(1 0
1111=T
8
4Tc=f
//
PI
157
■
INIG
ciff,
93
l(N
LI> 197
92
AZ
as
asa
s,1(
as
az
1
44
1.124
V
131
./K.tL m t
197-a
NIB
NiB 2
It=S-all
131a
PLANCHES
PIRIG i UG UKU4
130
Cf. 198
v
AR2 ARA2 UB UP
ar
1
I KUR
em im nr
muR3
gar5
MURU, NI2 AI:( 5
tum9 intum
Tu, 5
-1Lg 58
404'
.
ENNI
turn
MnT$
*A ”:4
7
11)4
w4± :0 --z t4Wt
239
GuRs uR u,
399
PLANCHES
KI KI 2
kis kig kfg qis gig
4°
240
175
Vv
425
241_n_f
M
g
241-a
AL1M
■-■
-f1(
i8
E. —4 rar,
H
LAuAR
'b
WRUN
us
UK
b'
401
Akqm
283
484
US 5
«< «
Lail.
494
PLANCHES
284
0
El ET
GIGIR2 UAB 2 PU2 TUL2
189
4/
biti
dal ghla gArak
1:7
Oh
Et
I:1
blip
pn
WI
511
iul
ABLAL3 BUGIN4 BUNIN4 DAGRIN LAGAB 2 UMAU
284-a
512
ria!
.
UMUN5
GARIN 284-b
BUL NIN7 NINNA 2 NUSSU
CM bu 3 bul
burin
at
ttn
326
GA
GAR2 GAR9
CUR !'
ga ge,20 Ich (.14
IS" 121:i>
[E4 1.1 1=>
>
iczint
41# 1:=M P 1:41 327
*14:ttl'
OW
GARA
:!!
t 1
PLANCHES
328
40,4
203
W< .--V . 1- W
368-a \A/ \A/ VV
DIN KURUN 12
dans
din
TIN
din tén tin
tin
ERE 2 NAGA TE3
ntik
Av( o6 A1!1‘•4 .6.
368
111>< A
465
ra4f1-
or
165
kt>*f>c 369
N ARADIN6 K LINNIs ': :1
Z:411I
375
375' 370
ME3
Oti ;t1
HE .../n..4-
1-111
.
98
PLANCHES
371
uAq[uR
215
0E4
II
1 TD
EEO 146
ID 372
373
AZU UZU2
fl
it= 181
1A3AR 1113AR2
o
UuB Tu 10
TUN
13VT
bub
bup
kdb laip qtib citip
e.
--.4
-T4IçI
XI
1.tr
..rTT i
gr
144
Dr
89
,
q<MI qtril q111 374 ifg
t>"
Kii6 EG9 551
TIKtV f6> 375
A
DUN
dun
,Au2 UL
s"!
gill) gui tun4