RECHERCHES SUR L'AGORA GRECQUE
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RECHERCHES SUR L'AGORA GRECQUE
BIBLIOTHÈOUE DES ÉCOLES FRANÇAISES D'ATHÈNES ET DE ROME FASCI CULE CENT SOIXANTE- QUAT ORZièME
RECHERCHES SUR
L'AGORA GRECQUE ÉTUDES D'HISTOffiE
ET D'ARCHITECTURE URBAINES PAR
ROLAND MARTIN ANCIEN ME)IDRE DE L 'ÉCOLE FRANÇAISE D'ATHÈNES MAiTRE DE CON FÉRENCES A L 'UN IVERSITÉ D E OIJO;o
sç xatl 6&p8o.•xa ~ imxoupoJx.:.mSoç h -r:o).n ~n- Ct. V I, 'l97. 'l. v, ·. flol:>ert_ H omirc. P~m. 19~. 3. A. S4veryna, 1/omUt. Le cGd,.e hiltOriqut, 2• M. t'.l-44; l~r. pol.lll d .ron «Ut.II'C, 2:• éd., l ~G. p. '27 6{1·; F. Hober\., 1/omtl't, p. 27Z-3QtJ.
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LBS 0 1\JGrNF-'l 0 8 L'AGO RA GRIICQITB
localiser dans le temps et dans l'espace les références historiques ou archéologiques qu'évoque la création poétique d'un auteur, habile hérit.ier n'une tradition déj~ longue. Les limites chronologiq ues enlre lesquelles eUes peuvent. prend re p lace restent bien incert.aines. P eut-on choisir entre les point.s ext.rêmes q ue les aut.eu1·s anciens ont fL~és? Philostrate rapporte q ue quelques-uns plaçaient. Homère vingtq uatre ans après la prise de Troie, tandis que l'historien T héopompe estimait. qu 'il avait vécu quelque cinq cent.s ans après ces événemenl.s 1. Les modernes ne semblent pas avoir resserré ces limi tes, car, si la pl upar t des historiens admett en t que, dès le x• siècle, le fon d des poèmes homériques était conslit.ué', d'autres voudraient. ramener l'ensemble jusq u'au vnc siècle et même au v18 siècle•. C'est sur deux siècles au moins quo s'éch elon nent les remaniemen t.s et les développ ements p rogressifs de l'œuvre, deux siècles pendant. lesq uels les idées, les mœurs, les institutions ont évolué ; malgré la force de la tradition et la puissonce des souveni rs qui reportoient l'Aède au..x premières sources de l'épos, des nouveau tés se sont in nitrées dans le poème dont les conditions mèmes de product ion imposaient. une adaptation contin ue lle.
L 'agora des Ph~aciert$. L'agora des Phéaciens• se t rouve dan s la vi lle basse, nt.tenante au port, puisque les agrès des 1. Htrorqat, XVIII, 1 ; dan& Cl6menL, Slromala, 1, p. 3SS. La dote IDllmc dl> la pri56 dl> Troie est remi~ en d~ualon, J. Bérard, CRAI, 19i6, p. 519623; 1950, p. 117-121. 2. Certo ln• en font r emonter l'élabonl.Uon au Il• mlll6nolre nv. J .• c.: W. Loof, Flnmu and hlllorg, 1915, p 243 sqq.; M. P. Nilnon, Homv and Ml}ccnao, 1933, p. 28 aqq., 24l'> sqq.; A. S~veryns, Homm. Il, Le p
comme V. Bérard, des liens de parenté entre cette fédération et celle des Ioniens autour du Panionion, on peut souligner cependant le rapprochement qui s'impose avec d'autres groupements identiques dont le sanctuaire d'Apollon à Délos nous offre peut-être l'exemple sinon le plus ancien, du moins le plus brillanV. De l' lliade à l'Odyssée, l'évolution est sensible, marquée par un enrichissement de la notion d'agora et une ex tension de son rôle et de ses fonctions dans la vie de la communauté. Dans l' Iliade, l'assemblée n'existe que par la volonté du roi qui la convoque, la dissout, la réunit où il veut et au moment qu'il choisit. Ses pouvoirs sont limités à un contrôle moral des décisions des chefs. L 'assemblée n'a rien encore d'une institution constitutionnelle. L'agora d'Ithaque révèle une indépendance et une puissance plus nettement organisées. Elle se réunit si elle ne reçoit pas de convocation légale ; les chefs de famille craignent ses décisions ; elle est capable de jouer le rôle d'arbitre dans les querelles des princes. Rôle qui va lui conférer, par la suite, les caractères et les droits d'une cour de justice. En outre, l'agora de l'Odyssée s'est détachée du palais royal pour s'installer à l'abri des cultes protecteurs de la cité ; à Schérie comme à Ithaque, les autels des dieux y sont dressés ; elle fait partie du téménos divin. Institution déjà complexe, l'agora de l'Odyssée préfigure l'important organisme qu'elle deviendra dans les cités classiques. Ces prémices de l'histoire de l'agora reflètent assez exactement ce que nous savons par ailleurs des origines de la cité grecque; elles évoquent les diverses étapes de sa formation depuis le moment où la royauté mycénienne garde encore intacts ses privilèges jusqu'à l'époque où, dans les cités évoluées du monde ionien, le groupement conscient des citoyens en assemblée fait de celle-ci une institution politique aux fonctions précises et efficaces. Mais notons aussi que rien, dansla période homérique, ne reflète les luttes âpres et parfois sanglantes qui, aux vn e et vi e siècles, vont accompagner 1. Nous retrouverons plus loin cette forme d'agora qui explique du point de vue architectural les rapports entre agorai et sanctuaires. Sur l'identification discutée du site de Pylos, problème renouvelé par la découverte en Messénie d'un palais achéen, AJA, XLIII, 1939, p. 557-576.
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LES ORfGI NES DE L'AGORA GRECQUE
la gestation des constitutions démocratiques. L'épopée nous maintient dans un monde relativement calme où les prérogatives royales ne sont pas encore mises en cause; la hiérarchie n 'est pas attaquée par les forces sociales que l'évolution économique mettra en mouvement. Nous restons avec les poèmes homériques dan,s un état politique antérieur au vue siècle ; nous nous trouvons aux origines mêmes de la notion d'agora. 3)
Aspects de 1'agora homérique d'après la tradition littéraire
Les textes homériques évoquent deux sortes de places d 'assemblée, différant plus par leur situation et leur étendue que par leur structure architecturale. Les unes s'identifient avec une esplanade aménagée aux portes du palais royal; les autres sont descendues dans la ville basse, au pied de l'acropole qui porte le manoir. C'est pour avoir méconnu ce double aspect de l'agora primitive que les commentateurs de l'épop·ée furent entraînés à des généralisations trop hâtives 1 • R écemment, W. McDonald a le premier contesté cette généralisation, mais sans marquer les caractères particuliers de chacune de ces places 2 • Le témoignage des textes est formel. Les Troyens tiennent leurs assemblées régulières devant le palais de Priam, sur l'acropole de Troie 3 ; Nestor réunit sur une esplanade aux portes de son manoir ses fils et les étrangers, ses gendres, là où siégeait déjà le vénérable Nélée ; .d est là aussi qu'il offre des sacrifices à Athéna 4 • Devant le palais d'Ulysse, les prétendants tiennent conseii avant de se livrer aux jeux de leur caste. Il ne s'agit pas d 'un terrain vague, mais bien d'un lieu construit et aménagé avec des sièges en pierres lisses, bien taillées, blanchies, dont l'enduit 1. Ainsi Van Leeuwen, des passages de!'lliade attestant l'existence de l'agora devant les portes du palais de Priam (Il., II, 788; VII, 345-346), en conclut à la· situation régulière de l'agora homérique sur l'acropole, devant to palais, llias, II, p. 674. 2. W . A. McDonald, Meeting Places, 1943, p. 20 sqq. 3. Régulières, à côté des assemblées de caractère un peu exceptionnel réunies en d'au tres points, comme celle que convoque Hector sur une place nette, au bor d du fleuve, après le combat (Il., VIII, 489-490) ou ce conseil de guerre tenu autour du tombeau d'Ilos, • au milieu de la plaine • (Il., X, 414-416) ; cf. Jl.,:n. 788; VII, 345-346; Od., VIII, 503-504. 4. Od., III, 386 sq. ; 406.
L' A.GOI\A HOMÉiliQUE : LBS TEXTES
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est soigneuse men~ entretenu 1 • Le sol est nivelé, voire dallé pour les jeux et. e..xercices gym niques. Cet te place d'assemblée restrein t e se présente comme une sor te d'audilorium r-ustique, élevé sur les côLOs ou autour d'une esplanade, réservé au laos. Au cen t re ou :ll'un des a ng les de l'esplanade, se dressait. l'autel d 'Athéna à qui Nestor consacre une vict.ime avant. le repas comm un (Od. , Ill, 444-445). Reten ons ee double caroctère, politique et religieux 2 • On aimerait pouvoir évoquer ici, par delà le texte d'Hérodote (VII, 197), le À~t....ov des At.hamanes, lieu d'assemblée militaire, particulier aux pays achéens. C'était un bois sacré où s'élevait un édifice, le npu-ro-.vYjLov, qu'il no faut. point. identifier avec le Prytanée des cités classiques. Nous avons ici lu ma rque de survh·anccs achéennes, de caractère exclusivcmenl. militaire'. A côl.é rl e ces places d e hauts-lieux, d'autres agorai sont bien aLI;esli:es dans la ville basse. A llhaque, elle s 'é ~end loin du manoir, au pied de la bulLe derrière laquelle disparaissent. les deux oiseaux de Zeus q uand 1ls on t survolé l'assemblée •. Les scènes agitées qtJi s'y déroulent évoquent le m~m e décor de bancs de pirrre où les chefs onl. leuT place réservée; T6lémaque occupe celle de son père (Od., Il, 14). Plus précise est la dcscripl.ion de l'agora des Phéaciens. Sa siLuaL10i1 est. dé fi nie par le port - elle lui est. co ntjguë, puisque là sont. installés les fabricants d'agrès, de ' 'oilc3, de cordages - el par le sanctuaire de Poseidon rl onl. elle occupe une partie du t.éménos. Quand Uly sse, sur les traces de Nausicaa, monte du rivage vers le manoir d'Alkinoos, devant ses yeux se dérou le un panora ma dont., à deux reprises, les plans sont dél.nillés (Od., VI, 26()..269 ; VII, 4-45) : les ports de pu rL el. d 'a utre de l' isthme sa blonncux qui ra t tache Jo ville au co ntinent avec 1. Od., VII I, 5: dtu.c; al xGxJ.oç o Y XÜ~ù.l>Y. 3. E uripide, Orult, 9 19 : civa?o:Ïor; 8' iviJp 6À1-y
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L'AGORA UO\IéRIQUJ> : DONNÉES ARCHÉOLOGIQUES
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Lransformations dont le détail nous échoppe, il des souvenirs précis d 'œuvre.~ ou do constructions appartenant à la dernière pérjode de la civilisation mycénienne, alors q ue la royauté féoda le des castels de Tirynthe fléchissait déjà sous les assa uts des roitelets voisins, à une zone chronologique Lrès différente de celle oil nous ma10 tiennent. les descriptions des agorai d'I thaque ou de Phéacie. Les correspondances arclu~o logiques seront, don;· lou t. autres. Nous pouvons maintenant, avec plus de p•·écisioo et de s;\rurilé que Schliema nn 1, restituer l'nspeuL et. les caractères des lieux d'assembl~e mycéniens. L'étude de la fonclion religieuse de l'agora nous fou rnira l'occasion de préciser les très ét.roiles relalions qui unissent. les sépultures hérolquc~ cL les lieux d'as.~cmblée. Le problème soulevé par l'agora circulaire permet de nouer les premiers :mneaux de cette cbatne ct de remouLer peut-être à son origine. De nombreux témoignages attestent, dans La Gréce achéenne, l'attraction des sépultures su r les assemblées. Hector (Il. , X, 144 sq.) convoque les chefs en un conseil restreint a utou r d u tumulus d 'llos; l'assemblée des Macédoniens, de ra rnclilre militaire, directement issue de la lra dition homérique eL achéenne, était précédée de sacri llr.cs uiTerls sur la Lombe d'u n héros; les rites d'énagisma et de purification ne laissent. pas de doute ~u r ln lia ison originelle de ces assemblées :1vec un culte héml'q ue 1 • On connalt le rôle du cercle funérnirc dr I'Aitis, a ttribué, sur la foi de Pausanias, 1i Pélops, dans la rurruaLion de l'agora du sanctua ire. C'est là m•i~
le mouvement •'nrn'ltl !ur le mann, debout., qui lœ eont.emple. Or cos prinelpe3 de eompMlllon sont ceux du dernier nyle des tresques de Cnooao•, J . t:harbrulneaux, L "or! tg6tn. p. '.!0 sq. On saiL que d"alllrcs paBSOlgœ des poèmeo h•oquent des companusons ~mblables avec l u pelnlurœ et lœ déeon myc6nir.ns; ct. A. St'vtr)ns, Jloma-e. Le cadre hillotiquc, Z• M ., 1941, p. ·1~6 lUI" 1"11· lustro ti on des i!Cl!nes de ehosse. l. SChliemann, Muctnet, p. 124· 130. 2. F. Gmnicr, Die Maktaonlsthc Jletreluerlammlung (Manch. Btilr. :ur Popyrustonch., Xlii, 193 1), p. 4-22: Usener, Ar~h./. Flelig. IVI.a., V Il , 100~ , p. 301 sqq. TexledoSuldns, s. v. !votylt
sans doute q ue se c{;lébrèrenL les p1·cmiers jeux olym piques 1 ; ils ne [urenL pas sans ra pport. avec la form ation d 'une
23C).'.!3~.
4. A- Wace, OSA, XXV, 1921·23, p. U5-2A6 ; 2SS.269. I d., Mversson, A&in> et «ces bancs bien enduits >> 1. Milet, 1, 8, p. 113. 2. M. Meyer, RE, XV, s. v. Mifetos, col. 1631. 3. AM, XX, 1895, p. 274 sq.; G. Welter, Troizen und J(alaureia, p. 51 sqq.; K. Lehmann-Hartleben, Die anlilren Hafenanlagen, p. 16-17.
L'AGORA HOMÉRIQUE : DONNÉES ARCH ÉO LO GIQUES
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où siègeaient les assemblées homériques ? Nous trouverons ces correspondances archéologiques non point sur les côtes d' Ionie, mais dans quelques cités de la Crète archaïque. F . Tritsch voyait dans l'agora de Lato l'illustration archéologique exacte de la description homérique 1 . Le parallélisme poussé jusque dans les détails ne saurait être accepté sans les nuances qu'exige la chronologie complexe des constructions2. Il est très exact , en effet, comme l'a déjà noté E. Kirsten 3 , que la constitution définit ive de l'agora appartient à l'époque hellénistique; c'est alors que l'ensemble est complété par le portique oriental (n° 28 du plan) (fig. 25) date confirmée par le style d'un chapiteau dorique conservé sur le site - et se ferme avec l'exèdre méridionale 29. K irsten attribue à un même plan les gradins du N. et la tour 35, tandis qu'il reconnaît un état plus ancien dans les salles 36 et37 qui seraient des vre et ve siècles av. J .-C. 4 • Nous ne savons pas les raisons constructives qui déterminent Kirsten à associer la tour et les gradins ; il semble bien étonnant que ces derniers soient postérieurs au Prytanée ; en tout cas, leur r ôle architectural s'explique par la présence du sanctuaire voisin, et c'est en fonction de ce dernier qu'il faut les étudier. Or, on s'accorde à reconnaître les caractèr es archaïques de cet édifice, at testés par l'appareil polygonal des murs et la nature des trouvailles faites à l'entour qui confirment sa destination cultuelle 5 . Il est au centre de l'agora, élément 1. F . Trllsch, Jahres/1., XXVII, 1932, p. 83, encore que la présence du prytanée lui parût anormale, parce que cet édifice est la marque d'un état politique plus évolué; c'est le signe de la démocratie, écrit-il p. 84. 2. Ces mêmes nuances chronologiques interdisent de porter une condamnation globale contre la théorie de F. Trilsch, à la manière de W. McDonald, Meeli.n g Places, p. 35. 3. RE, suppl. VII, col. 342 sq. Kirsten s'insurge vigoureusement contre la théorie longtemps admise de Lato, première ville grecque. J. Demargne, BCH, XXV, 1901, p. 305-307 avait déjà rectifié les conclusions par trop • mycéniennes • de Sir A. Evans, BSA, II, 1895-96, p. 173 sq. On n'a pas trouvé, en effet, à Lalo d'antiquité franchement mycénienne ; les premières traces d'occupation sont datées par des tessons et des terres cuites géométriques, P. Demargne, BCH, Lil i, 1929, p. 382 sq. (date approximative: début du vu • s. av. J.-C.}. 4. Kirsten, ibid., col. 348-349; cf. C. Weickert, Typen arch. Archit., p. 174,
n.l.
5. A. Evans, BSA, II, 1895-96, p. 185; Mon. Ani., IX, 1899, p. 4 18; Karo, RE, XI, s. v. J(rela, col. 1794 sq.; P. Demargne, BCH, LIIJ, 1929, p. 382 sq.
cr. infra, p. 227 sq.
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LES OR IG INES DE L'AGORA GRECQUE
primitif qui attira à lui fêtes religieuses et assemblées politiques. N'est-ce pas pour les spectateurs de ces fêtes et les membres des assemblées que furent aménagés les gradins ?" J usqu'à maintenant ce sanctuaire est resté anonyme; rien ne permet de l'attribuer à la principale divinité de La to,. Eleithyia. L'hypothèse séduisante de A. Evans 1 , d'après. laquelle un culte de l'arbre, dans la pure tradition minoenne, y serait célébré, a été repoussée récem ment par E. Kirsten qui fer ait plutôt de cet édifice un hérôon, le sanctuaire du héros fondateur de Lato. K irsten appuie son hypothèse sur l'exemple de l'agora voisine de Gortyne 2 • La vérification de cette idée aurait une grande portée, car elle marquerait la rupture totale, à Lato , avec les traditions minoennes. Mais, sauf le cas similaire, encore que mal attesté, de Gortyne, Kirsten n'apporte pas d'argument décisif contre la démonstration de Sir A. E vans qui reste valable et l'exemple de Dréros peut être opposé, avec plus de valeur, à celui de Gortyne, en faveur des survivances m inoennes. En efTet, si les constructi ons de Lato paraissent trop récentes pour répondre aux descriptions homériques, un dispositif très comparable est, à Dréros, daté des v m e et v u e siècles. Au N.-E. du temple d'Apollon, découvert par Sp. Marinatos 3, l'exploration archéologique a mis au jour les vestiges, très mutilés, mais évocateu rs, d'une agora archaïque avec gradins 4 • L 'unité du plan qui associe le t emple, l'esplanade et les gradins suggère une date commune pour toutes ces constructions, hypothèse confirmée par la découverte d'un petit bronze archaïque fiché entre les deux blocs d'un degré 6 • L'ensemble peut donc être daté du vm e siècle 6 • 1. JHS, XXI, 1901, p. 100-101, adoptée par Karo, ibid., col. 1794-1795; Arch. f. Religwis., VII, 1904, p. 144-145. 2. KirsLen, RE, su pp/. V II, s. u. Lalo, col. 354 ; Das dorische J(rela, p. 38. 3. Sp. Marinatos, Le temple géométrique de Dréros, BCH, LX, 1936, p. 216 sq. ; CRAI, 1935, p. 478-489. 4. P. Demargne, et H. van E!Tenlerrc, BCH, LXI, 1937, p. 10 sq., pl. l. L'association de l'agora et du sanctuaire soupçonnée par Sp. Marinatos, o. c., p. 229 a été bien mise en évidence par tes rouilles de l'année suivante. 5. P. Demargne et H. van EtTenterre, ibid., p. 12-13, pl. II. 6. Sp. Marinatos, ibid., p. 229 sq. DaLe et association des édifices acceptées par Kirslen, RE, suppl. V Il, s. v. Dreros, col. 130-131. Les rapports avec la tradition minoenne ont été soulignés par les inventeurs, BCH, LXI, 1937, p. 11 : • Cette agora ressemble à celles qu'on trouve dans la Crète minoenne à
L'AGORA HOMÉRIQUE : DONNÉES ARCHÉOLOGIQUES
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Amnisos, non loin de Dréros, conserve aussi l'empreinte de survivances minoennes - voire même les marques d'une liaison entre minoen et géométrique ; au lieu de cult e était associée une place d'assemblée avec gradins comparable aux précédentes. A la différence de Lato , mais comme à Dréros, le sanctuaire se trouve sur le côté de la place 1 ; malgré les incertitudes relatives à la date de fondation du sanctuaire hellénique qui s'est implanté directement sur les ruines minoennes, la nature des tessons permet de la reporter à la plus haute époque archaïque, au début du vme siècle. Ces places d'assemblée, avec gradins en belles pierres polies, toujours associées à des sanctuaires de proportions limitées, pouvaient fournir aux aèdes leurs modèles, au moment même de la composition et de la mise en forme définitive de l' Iliade et de l'Odyssée. Le poète les a-t-il connues ? Nous ne saurions l'affirmer; en tout cas, ce type paraît s'être répété en de nombreux points du monde grec, même sur les côtes d'Asie Mineure, avec quelques variantes dues aux divergences politiques. Dès lors, la restitution de l'agora homérique, dont les traits se précisent par la confrontation des textes et .des vestiges archéologiques, emprunte ses éléments à des moments divers et à des courants d'influences variés 2 • Malgré cette diversité un plan uniforme se laisse reconnaître ; l'agora de cette période comprend une place limitée, une esplanade en terre Gournia, à Phaestos, ou à Cnossos, et plus encore à. l'agora archaïque de Lato •· P. 12- 13 : • Notre statuette {bronze des gradins); représenterait assez bien un art sub-minoen qui se maintiendrait à Dréros jusque vers 500 au moins, à côté du nouvel art dédalique •. P. 17 : • Bien qu'aucune trace d'occupation minoenne n'ait été relevée à Dréros, on y .trouve cependant maintes preuyes d 'une puissante infl uence minoenne. Notre vase {vase en stéatite à cupules) est peut-être le premier objet d'origine et non plus seulement d'influence minoenne». On lira aussi ce qu 'écrit Sp. Marinatos dans la publication du Delphinion, BCH, LX, 1936, p. 238. 1. Pra/il., 1934, p. 130; 1935, p. 196 sq., fig. 1; RE, suppl. VII, s. v. Amnisos, col. 33-35. 2. Nous n'avons pas fait appel à des témoignages incertains comme cette vaste construction circulaire découverte par IC Kéramopoullos, à Aixonè, en Attique, dotée d' une exèdre rectangulaire sur l'un des côtés, Prakt., 1919, p . 4446, fig. 4. L'inven teur y reconnaît une agorè homérique. Mais la date de cette construction est bien trop incertaine - elle peut aussi bien être d'époque hellénistico-romaine - · pour qu'on y voie autre chose qu'un lieu d'assemblée de dème ou d'association privée.
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LES ORIGINES DE L'AGORA GRECQUE
battue, autour d'un lieu de culte, divin ou héroïque, dont elle occupe une partie du domaine . Ce lieu de culte peut être une simple chapelle 1 , ou même, plus fréquemment, un groupe de tombes, un autel, un enclos sacré dont la forme ne dépend nullement des nécessités propres à l'agora. La place d'assemblée comporte des sièges en pierre, un auditorium, dont les seuls exemples conservés présentent des dispositions rectilignes et nous imposent quelques réserves sur le prétendu plan circulaire primitif. Dès l'origine, la confusion est grande dans les fonctions de l'agora ; le sacré se trouve intimement mêlé au politique. Et le rôle commercial apparaît déjà en quelques points. La structure architecturale reflète cette confusion. L'agora est à l'image d'une cité encore embryonnaire où les organismes politiques se dégagent avec peine du chaos. Nous sommes bien loin des grandes places de l'urbanisme classique. Pour mesurer les difficultés et la longueur du chemin qui reste à parcourir, pour évaluer l'originalité et la force créatrice du génie grec qui va s'appliquer à la réalisation de cette forme d'architecture urbaine, il faut essayer de saisir comment ces pauvres installations sont devenues de riches et savantes compositions, quels furent les modèles, s'il y en eut, comment les éléments empruntés furent associés, organisés, fondus en une œuvre uniforme et originale. I. On sait d'ailleurs combien les temples étaient encore rares à l'époque homérique. Dans l'lliade, il n'est question que de 5 naoi : d'Apollon, à Chrysé (Il., 1, 39), à Troie (V, 446-448), à Delphes ( IX, 404), d'Athéna à Troie (V I, 297 et 379), à Athènes (II, 549), tandis que le nombre des téménos avec autels ou bois sacrés est considérable. Sur les conséquences religieuses de ces faits, F. Robert, Homére, 1950, p. 73-llO. D'ailleurs quels étaient ces naoi homériques? Un tout petit abri sans doute pour le xoanon et les objets sacrés. Sur l'évolution du temple et du sanctuaire, K . Lehmann-Hartleben, Die Antike, VIII, 1931, p. 11-48, 161-181 et K. Hanell, Corolla Arch., 1932, p. 228-237. Sur le temple dans Homère, cf. aussi, H. L. Lorirner, Homer and the monuments, 1950, p. 433-451.
CHAPITRE II 1
L'AGORA GRECQUE ET LES PLACES PUBLIQUES DANS L'ORIENT ldDITERRANÉEN
Les Grecs auraient-ils connu des types de place publique susceptibles d'avoir influencé la forme de leur agora primitive? Telle est la première démarche imposée à notre enquête. R echerche difficile certes, et forcément incomplète. Notre but n'est pas, en effet, de pousser à fond une étude comparative des places publiques du monde méditerranéen ; cette synthèse ne sera possible qu'après des monographies particulières et celles-ci, à leur tour, dépendent de fouilles plus complètes et plus exhaustives. Les villes égyptiennes ou orientales, construites en matériaux périssables, comme l'argile, voire le simple limon, installées sur des sites où les conditions géographiques n'ont cessé d'attirer de nouveaux habitats, échappent aux recherches les plus minutieuses ; d'ailleurs, en de nombreux points du sol asiatique où paraissent se croiser des courants de civilisations diverses, comme la Syrie du Nord, les côtes phéniciennes, et même la Crète, les explorations urbaines sont loin d'être su ffisantes pour permettre des conclusions définitives. Notre propos est plus modeste. Il s'agira seulement, à la lumière des connaissances actuelles, de déterminer les caractères et le rôle des places publiques dans les civilisations susceptibles d'avoir influencé le développement de la structure architecturale de l'agora dans la cité grecque ; si cette recherche s'avère négative, elle servira du moins à dessiner avec plus de netteté les t raits originaux de cette structure, en l'opposant aux réalisations d'autres urbanismes. 3
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LES ORI GINES DE L' AGORA GR ECQUE
1) La place publique en ~gypte
lVf aspero évoque, dans les vieilles cités égyptiennes, avec plus de poésie que de précision, «la place irrégulière, ombragée d'acacias ou de sycomores , où les paysans de la banlieue tenaient le marché deux ou trois fois par mois >>. Mais où se t rouvait cette place ? Comment était-elle organisée ? Quel était son plan ? Quels édifices venaien t l'orner ? L'auteur ne nous le dit pas, car les fouilles n'ont fourni que de maigres témoignages. Cependant, la place était un élé ment essentiel de la vie urbaine, puisque sa disparition était comptée parmi les grands malheurs : depuis 1933 dans Syria, XVI, 1935 â XXI, 1940 et blbUograpble détaillée dana A. Parrol, Arcll. mt•opol., 1, p. 521-522. cr. A. Parrot., Mari, une ville perdue, 3• éd., 1945 ; Syria, XVII, 1936, p. 15-20.
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L'OfUBNT ) !ÉOITERRANÉEN
répond à cette nécessit~ d'associer ~es services .adm~istratiC~, les fonctions religieuses1 aux besoms de la Vle pr1v~e. Mms aucune de ces places ne peut être comparée à l'agora hellénique; elles portent la marque d'un autre état politique qui -~~..lf'~"'b...,_ - ~/ fig. !>. 2. On comparera la 6lruclure des baees 1 ~id., Il, Og. 72, cL IV, Qg. 169-172. 3. A. l{oldewey, Au•urab., Il, p. 167 et G. Jacob)', IV, p. 308-309. 4. Ibid., 11, p. 16·1 et ri. XXVI-XXVII.
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I.KS OlllGlNES Dll L'AGORA GRECQUE
·diaires, il faut. admet tre une réfection de ces piliers. Seuls quelques vestiges d'une telle moctification apparaissent sous H 2 ; Oelmann1 y a reconnu les restes d'une porte monumentale qui fut détruite par l'implantation de l 'Hilani~. Les
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Fig. 5. -
Palais d u roi Barrekub à Sendjlrli.
1. F. Oelmann, Jal~rb., XXXVI, l92J , p. 85·98 ae !ondanl s ur lM cnractère>~
des êditices êlnbUt une aulre séquence; Je premier étal est consLitu6 par B 3 entour~ d'une vasle cour à portiques; les fondallon.~ de ln stoa K se prolongent sous H ~ qul a pris la pillee de la pramière entrée monumenlnlc; le portique P, agrandi vers le S., ienil l'œuvro de Barrekub, vera 730 av. ,J.·C ; en fln Il 2 o.w-o.ll êl6 ench:l~•u dans la s loa don l il a d~truil la pMlic N. 2. 11 rcslllue Je lt-.1Cé primitif de la sloa sous la consLruetion réunt e, Oelmann, lbîd., p. 91, Jlg. 6.
L'ORIENT MÉDITBRRAN'é8N
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coupes faites sur les fonda tions à la jonction de H 3 et .de P 10 laissent. une impJ-ession très di1Jérente 1 . Les fondatiOns du pilier son t à 0,75 m. plus haut que celles de l'Hilani; celles-ci forment une sor te d'empat tement sur lequel les autres prennent appui, avec un léger retrait sur l'alignement de la façade. P ar conséquent, ou bien I'Hilani est antérieu r ou, pour le moins, les deux constructions sonL contemporaines. li semble donc que le· premier éta t, dû à Barrekub, comprenait H 3 avec une cour complètement fermée où l'on accédait par u ne porte monumentale, en [ace de l'Hilani. Il s'agit don c bien d'un ensemble homogène, modifié ensuite par l 'introduction de H 2. C'est. le premier état qui correspond le mieux aux Lermes de l'inscription dans laquelle le roi Barrekub commémore les embellissements qu'il apporte au pal ais de ses pères dans la deuxième moitié du vJU 6 siècle av. J.-C. 2 • Les portiques constituaien t la t< parure 11 dont le roi était si fi er 8 • L'architecte de ccL ensemble pouvait, lui a ussi, être fier de son œuvre ; il re trou v aiL une formule archi tecturale perdue depu is q uelques siècles, mais destinée à une fl orissante rena.issance. Le portique devenu stoa a retrou vé son indépendance et devient l'élément essent iel des compositions archi tectu rales sur cour q ui son t à l'origine même de l 'agora hellénique. On voudrait mieux connanre les a utres si te~> urbains de la même région et de ceLLe même période. Nous a urons à préciser Je rôle de ceLte architecture dans la renaissance de l'art de construire en Grèce archaïque. Les réalisations de Sendjirli qui étaient. conçues à l'époque même où les premiers portiques faisaient leur apparition dans les sa nctuaires a rchaYques de Larisa su r l'Hermas ct de l'Héraion de Sa mos révèlent le premier jalon un peu sûr de noLre recherche comparative. 1. Au•grob. , I V, p. 317, fig. Z. I bid., Il, p. 168·169.
221-~22.
3. La $lOo 1'1., a .. ee la statue de Barreku b en gloire, d art! l'exercice de se.' pouvoirs humains et. divins, devenait une véribbl& • s toa aa cr~e • (ibid., [V, p. !ldG-958, pl. LX-LX II!). Avec ses niches, la sloa do l'E. suggue eUe nussi l'idêe do quelque gaJerio d'exposition o~ des stèles, semblables a celle qui fuL t.rou,•ée non loin de là, pou,•aien~ Slre expos6es (ibid., IV, pl. !, XVI). On n'oubliera. pao que les morts de la lamill&royale ét.nient peul-lllre inhumés da os le poiMs (ibid., li, p. 168) ; le cadre ornemenl..'ll de la cour se chargerait ainsi pl us nettement encore d'une fonction •ncrée. Lo st.o.~ du S. nvllt. sa rane~e de c h•mbres joun il sans doute un rôle pltt3 pra li que rtanslo vie mal~riella du palais ; on peuL y voir de• logefnenL' ou des reas47. A Mallia, ('!!,cole trançai,e en est restée elle au~>si au s tade des sondages; nous commençons Il eonnanre la maison de Ma.llia mals nous voyons eneoro mal ce qu'était la ville, P . Demargne, B CFI, LY 1, 193~., p. 76 sqq. ; un Casciculo œL en préparation sur les maisona de MalUo
LES ORIGINES DE L'AGORA GRECQUE
co mme Gou rnia 1 ou d 'importance secondaire comme Palaikastro~, Amnisos 3 eL Phylakopi 4 on t ét é complèt ement dégagés. Nous devons donc interpréLer nos con na issances lacunaires à la lumière des ren seignements fournis par les cités plus tardives, mais m ieux connues, en contrôlan t nos conclusions par les précieuses données des monuments figurés. Les palais de Cnossos ( rlg. 6), de Phaestos (fig. 7) et de Ma llia (fig. 8) ont élé suflisamment dégagés pour laisser reconnanre qu'ils constituent, comme eelui de Gournia , un pôle d'attraction à l'int érieur du groupement ur bain. Les principales voies de communica tion y a boutissen t 6 ; c'est autour d'eux, sons doute, q ue venaient se serrer les riches demeures des pri nees, des che[s de guerre, des administ rat eurs. L a fonction des p al ais crétois n'ét ait pas, en cela, t rès di fférente de celle des palais orienl.aux ; lf',s uns comme les autres étaien t la demeur e privée de la fa mille royale et aussi un cen tre de vie publiq ue. Leu r structure architectm·ale devai t donc répon dre à cette double nécessité. CelLe constatation a déterminé un efTor t d'an alyse peut-être trop sysLèmaLique pour identifier dans les palais ins ula ires les divers organismes d'u ne administra tion centraliséc 6 • MAlgré bien réœmmenl dégagées; on aj outera les villas do T yUssos, publiée• por ~Janidakls, .Studt~ du pa la is au S., en liaison avec la route du viaduc, Palace, Il , p. 141 sq., 148, Og. 74-76. Mllmes const..~tntlons à ~!QUia dan• les récentes e>Cploralions. G. r. von Rebs ainsi que l'escalier XXXI conduisan t • la terras~ supérieur~. 3. Un mur de ci6 Lure l'enferme au !S. el à l'O. o(l un êlroil passage de 1 m. W al hliiH pour la rue dall~e; l'accu prillelpol ét.oll au S., pa r le haut des gradins. T ou• ees détails lOnl vl~iblt3 s ur les rcpr6sentatlon.s el plans de Pala«, Il, ng. 363 el 366. Le nombre d es SJlflela te urs admis dans celle enceinte était limitA à ~au m~ximum, d'aprè.! A. Evan! , Pa/act, Il, p. ~85. Par un calcul très p~ Mc Dona ld, u. c., p. 18-19 flx~ ce nombl'l) ê 485. Il conllate lui-m&me combien nous 11o mmes loin des roules reprtsêntl!es wr les rre~;ques. ot. Pulacc, Il, p. r.80-S81. 5. S.:h6ma de ces tronsrormallons, Palace, Il, p. 609 sq.; IV, p. 50, ng. ao ; dole llaq uelle le palaJA 6ltlil moins grand, mals protégé par un mur d'enceinte qui lruvemll la cour O. On aa il q uo l'éloge supporté par les puissantes subi!· truc Lions des mog11sins comporltli l rois ou qua tre maiso ns du qu ar tier H ouvraient su r elle, - lu i resLe ce pendant associée par le caractère monu mental qu 'elle confère à l'ent rée ; c'est une véritable annexe publique du p alais privé. Le port ique latéral, avec ses piliers carrés, couvre une sorte de loggia qui do m ine la place et constitue la t ribune réservée au pr ince et à son en tour age dans les r éunions politiq ues ou re ligieuses 6 . C'esL le premier exemple d'une place p ublique organiq ueme nt aménagée su r des principes assez comp arables à ceux de l'agora grecq ue archaïque. Le dernier état de cettle cour est co ntemporain de l'in troduction du mégaron dans les cités minoennes 6 • La cou r tendra à se détacher du palais. Un dédoublement, t rès révélateur sc produit à Hachia Triada, en fin du M. R. III. La p lace de l'entrée, au débouch é de la rampa dal mare, s'est considérablement réduiLe, à l'échelle sans dou Le de la v illa , m ais aussi parce que s'est développée, à proximité, une deuxième place que les archéologues italiens on t. Rppelée p ublique; L'appareil extérieur en larges pierres bien réglées, s'oppose à la négligence des bloctoges viSibles s ur tes autres laces du palais. Cett.e remarque esl vabble pour Mallia, Cnossos, Phaestos et Gour nia . 1. Des signes de la double b&ehe sont gl'llvés sur les murs memes du palais, Palace, Il, p. 012-613. 2. Déjà bien mise en évidence avant nous, F. T rli.A;ch, Jal~res/1., XXVll, 1992, p. 97-98 et MeDonald, o. t. p. !. 3. Boyd-Hawes, Gournîa, p. '25, Og. 10, aménagemcnL dalanl du M R l. 4. Les uns, dans l'aile orient.ele, donnenl aooês au couloir d'entrée du palals ; les autres, postérieurs, en ret.our vcrs le S., permeLLenL de monter sur l'tsplanude. &. On n 'oubliera pas qu'une paire de cor nes de coniécraLion a !té rel.rouvée au pied du stylobat.o du por l.ique, dans l'angle de la cour, Gournia, p. 26, pl. X l, 25. 6. E n efTeL tes fondal.ions grossières du •Lylobnle N. paraJssenl uno adjoncl.ion postêrieure au Lronçon S. qui porte encore lei Lr11ces d o 2 piliers, fi. Oelmnnn, JaJ~rb., XXV!l, 1912, p. 38 sq., eL, sur la cornparaison avec le pèlit mégaron de Tirynthe, ibid., p. 43, flg. 3-4.
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L'ORUlN'f MÉ D ITERR ANÉE N
l 'agor a « minoica »1 (fig. 13). La première est dominée, à l' Est , par la façade à étage d 'un petit portiq ue d on t Le p uissant mur de fond forme soutènement (Pl. r, 2). L a. deuxième place, au Nord de la v illa, en est. comp lètement, md épcndan te; elle résulte de l'éla rgissemenL de la ru e q ui ab outit à l'entrée Nord eL elle est bordée d'un long port iq ue, à double
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Fig. 9. -
Groupe de maisons el cour de PlaU.
nef, peuL-être à étage (?) (Pl. V). Elle p eut passer, à juste t itre, pour le proLo type de l'agora grecq ue. Ces places d 'assemblée mi noenn es, annc.xées au palais royal, recevaient des a ménagements te mporaires aux jours d e fêtes solenn elles. Les peintures murales permet tent d'en resta urer les grandes lignes. J e n'imagine pas une imp01·Lante réun ion, comme celle que représente la fresque cnossiennea 1. L. Pernier, F e$/Qq, p. 17, llg. 8 ; B ollellino d'A rte, Il• ser., 1, 1922, p . 437, Pa/a~•. III, p. 16 sq .. pl. xvr.
2.
90
LES OR IGINES DE L'AGORA GRECQUE
(Pl. II), dans la coul' centrale, malgré la présence du temple min iat ure qui serait La reproduct ion de celui qtJe Sir A. Evans a pu restaurer en bordu re occidentale 1 ; aussi bien, la fresq ue représente-t-elle des soubassemen ts maçonnés dont il ne reste ici aucun vestige. Ce sont les d étails de la cour extérieure de Phaestos qui permet ten t la meilleure interprétation de cette scènc 2 • Retenons d'abord q uelques par ticularités du plan que M. P. Nilsson a pu comparer à d'au tres dispositi[s. Dans une étude sur la forme des lieux de Clllte minoens•, il mention ne les autels et niches votives des cours des palais. La piazzale dei S ar.eUi, à Haghia Triada, présente le t y pe le plus achevé de ces sanctuaires, bien identifié par un dépôt de terres cuites et figurines de bronze •. Dans la cour Est du petit. palais de Ni rou Khani, qtielques gradins app uyés au Dl llf prononcent. une saiUie vers l'aulè; da ns l'angle de cet te avancée, Les [ouilleurs on t trouvé une corne de consécration tombée sans doute du premier degré ; l'ensemble présentait tous les traits d' un petit autel 5 . M. P . Nilsson propose d'interpréter de cet te façon les ressauts de la voie daUée sur les gradins de la cour de P haestos • (Pl. III, 1). Un empla cement sacré aurait. été ménagé là, corresponda nt. a ux a utels de la place Ouest de Cnossos. A l 'app ui de l'inter prétation proposée par M. P. Nilsson, on peut, croyons-nous, invoquer La représentation de la fresque cnossien ne. Le sanctuaire est placé au centre de la composition, en une position surélevée par ra pport à la cour d u premier plan ; de part et d'autre, les personnages sont assis comme sur des gradins. Le dispositif réalisé est exactement celui q u'on imagi ne aux jours de fêtes dans le cadre de la cour de P haestos avec un autel dressé sur les derniers degrés. On remarquera, en out re, que sur la fresq ue, comme à !. Palace, II, p. SOl aq., Jlg. &25·&27.
2. Il ne s'agit certes paa de retrouver sur cette fresque lous les détAilS do telle ou telle pa rtie du palala de Cnossos ou de Phaestos ; on connatt t.top la fantaisie et le goQt do la stylisation des art!sl~ crétois pou r cbereher ici uno st.tlete reprêo>entalion de la réalité ; mais le cadre cependant est certainement composé d•êlêments trad itionnels. 3. M. P. Niluon, M inoan-Mycenaean Religion, p. 89 sq., 99. 4. R endic. Lincel, X IV, 1905, p. 370; Ann uario, N. S., Ill· lV, 1941-43, p. 9 sqq.
5. XanLboudidèa, Arch. Eph., 1922, p. l &q., piAn 3, et p. 4, fig. 2. G. Le Lrac6 de ceLLe vole esL bien v!Alble sur la planche IX de Pola::o dl Ftslos.
L'ORlBNT MÉD!TEI\1\A.NÉEN
Fig. 10. -
Plan de Gournia.
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92
LES OR.!GTNllS DE L'AGORA. GRECQUE
Phacsws, les personnages sont assis sur des gradins très bas q ui les obligent à ramener leurs jambes sous eux 1• La masse des speci:A:Iteurs est placée au-dessus de ce premier groupe sur un terre-plein que soutient une belle construction en appareil régulier (Pl. Il). L'allongement de la composition a été exigé par le cadre de la frise et le peintre a dù représenter, de part et d'autre du gro upe centra l, cc qui, dans la réalité, se disposait en plans superposés. Pour les détails de construction représentés sur la fresque, on trouvera des correspondances encore dans le beau mur de fond do la place de Phaestos qui soutenait une vaste esplanade où des centaines de speclaLeurs pouvaient s'entasser. Les piliers dessinés sur la fresque sont suscep Li bles de recevoir une double explication suggérée par les ruines elles-mêmes. Ils peuvent être interprétés comme des supports fixés au mur par un collier de bois 2 (fig. 11 ) ou bien comme des élément s réellement indépendants destinés à souLenir une couverture légère ; ils correspondraie nt aux supports qu'il raut restituer dans les cavités conservées sur l'esplanade 8 . Tous les éléments de la 1. On vol~ nettement le mouvement des jambes sur les dess1ns au trait, Palace, Ill, p. 51, JJg. 29 ct p. 63, JJg. 3 1.
Z. Les piliers de la fresque ont tout partieulièremcnl retenu l'attention par leur proOL en trone do cOno reposant sur Ln base la plus grande et par la forme de leurs chapiteaux toujours associi!S ê cc type de piliers. Un Cragment do ••aso en stéati te trou••é clans la région N.-E. elu palais, a Cnossos, Palau, 11 r, p. 64, et Oif. 3ï repri!Sentant de tels piliers (Fig. J 1), manUestemen~en bois, permet, jo crots, de proposer une explication appropriée de ces obopii.Caux. Cc rragment de vase représente le cléfllé d'une procession devan.t une construction s acrée : soubassement d'autel en appareil réglé, supportant une corne de conséeraUon. Les piliers, en forme do ronelins, son~ appuy6s contre le soubassement et sont Oxés par un coUler, dont la lorme antérieure présente le même dessin, simpli fié, que los chapiteaux do la fresque- ct de pluSieurs autres représentations, Palace, 1, p. 688 sq. ct II !, p. 64. Sur la fresque mGmc, je ne suis pnssOr que les chapiteaux ne j ouent pas égalemcnL ce rôle Cie collier, fixant le pilastre de bols à une maçonnerie avec une att.acbe fiebée Clans le mur; bien que le dessin en blanc d' uno sorte de base semble reprUenter le départ d'un pUier d'étage Indépendant. On a pu d'a Ulenrs emprunter le dessin elu collier pour un chapiteau en bois ; de telles persistances sont constantes ClanB l'arcbltecture antique. 3. Ces cavités cireulaiJ'cs ménag6cs sur le cOté O. sont placées Lrop près du mur (0 m. 50) et on~ un diamètre un peu flllble (0 m. S~-0 m. :l6) pour conilituer un portique; J'y verrais plutôt Les éléments d'une solide a rmature de lwis. Une explirotion un peu différente est suggérée par le rapprochement qu'on peut 6tablir entre les piliers des scènes do vases et le portique à étage do la piana d'entr~c d'Haghia T rloda. Les scènes de jeux évoqué"3 sur ces rbytuns, Palace,
L'ORIENT ~I ÊDITERRA.NÉEN
93
pein tu re murale se trouveraient ainsi expliqués. N'ou blions pas, d'ailleurs, que Cf'..s peintures sont attribuées au M. M. IIP et que les tra nsformations du palais de Phaestos ne remonten t •
J.....-
J'ig. LL -
Fragmen~
de rhyton.
qu'au M. R. 1 ; il f.',..'VII I, 1894, p. 271 sq., pl. X; en m6me Lemps, P. Noacll donnai L une description du site et publiait une esquisse levte par lui-milmo, AM, XIX, 1894, p. 405 sq., pl. X-X II. Roponso de A. De Ridder, BCH , XVIII, 1894. l'· 451 e l nole de Noael;, J ahrb., Xl, 1896, p. 219·\!W, n. 36. 2. A et B meo;urenL 46 m. de long eL lB m. oO de l~rgo ; C el 0 dépassent largamenL 100 m. (12S m. &0 et 131 m.). 3. Aucun des grand.s centres belladiques ou pré-mycéniens fouillés dans la Grèce méridio nale ou centrale ne pré.~6nte de lieux d'~ssemblôe cn actérlsês. On meLLra à parL la place sacrée de KJrrba donLle t ype se rappr5 sq., pl. 11.
L'OIIIENT Mi\DITERI\ANÉEN
lOI
(fig. 14). Celte cour, bien qu'élroit.ement. associée au palais, n'est pas inlkgrllc à sa structure ; l' union n'est pas a ussi intimement. réali ée q u'à Tirynthe ou à Mycènes. Le principe rest.c conforme à la tradit.ion du mégaro n troyen où la place constitue un dégagement. nal.urcl soulignant le motif de la façade. Ainsi conçue, par son archi tecture et. sa fonction, la cour du mégaron pri mitif ne diffère pas sensiblement de l'esplanade annexe ries pa la is minoens où nous avons reconnu l'agora des cilés créloises. Cette place ne cesse jamais d'être frêquentke lnndis qu'u ne a utre agora, plus populaire et marchande, s'établit. dans la ville basse, à une époque indét.errrùnée' . !\Jais nous n'en nvons pas d'exemple ava nt l'époque archaïque, alors que la renaissance de l'urbanisme grec est commencée. Cot.w cnq uète un peu lointnine, bien que rapide, nous amène à constater qu'aucune dms civilisat.ions antérieures ou apparentées à celle de la Grèce ne lui o!Trait le modèle exact. de son agora . Comme ln vic collect.ive d'un groupe humain ne peut. se passer de lieu d'assemblée, chacune de ces civil isations a conçu et réalisé la pla co publiq ue dans des condi ~ions spécifiques, oiJ fad eurs religieu x et éléments polil.iques sont toujours prédominant.s. L'agora grecque a pparatt donc, dès l'époque archaYque, comme une for me d'arclùt.ccture originale et. inspirée directement por les !oncLious qu'elle doit assumer dans la vic de la ci!k. TouLefois, si la conception est intimement liée A la not.io n de polis et se trouve en êlre le reflet, en plusieurs point.s d u monde oriental et égéen, des similit.udes nous sont. apparues, des rapprochement.s de dét.ail se sont imposés, des élément.s particuliers se sont a vérés communs. A la lumière de celt.c enquét.e ra pide, l'agora grecque se défmit comme une composition d'a rchit.eclure originale et complexe, mois clont les élémcnt.s const.it.uliCs sont empru ntés à des zones d'influences dlllérent.es et à des traditions variées. La diversité même de ces éléments : théâtres, lieux de cult.c, portiques, explique peut-êt.re le long délai qu'il [allut a ux 1. La theorie do F. Tril...:h, Jahruh ., XX\' Il, 1932, p. 103 sq. voyan ~ dans le dtdoublemenl dea plncu myc6nlennes è Jo fols la fin de l'agora minoenne el Jo eommeneemMl del"ngorn grecqua para IL trop aystêmauque; U y raul apporler
tanl de nuances qu'elle flnlt par a'êmlottu.
102
LES ORI GINE S DE L' ACORA GRECQ UE
architectes pour en harmoniser les formes, les unir en un ensemble cohérent, indépendant, ayant ses propres lois de composition. Puisqu'il n 'existe pas de modèle, mais une association originale de formes empruntées, le progrès de notre recherche nous impose un double travail ; identifier ces éléments, préciser les emprunts et en déterminer l'origine, - ensuite, suivre les cheminements, souvent confus et enchevêtrés, par lesquels les traditions lointaines se sont transmises et établir les fil iations qui ont permis à l'architecture grecque de retrouver, d'utiliser et d'élaborer ce précieux héritage.
CHAP ITRE IV INFLUENCES ET FILIATIONS
Dans la recherche des influences et des filiations entre architect.ures voisines ou successives, pour ne poin t se satisfaire de rapprochements superf'iciels, ni se laisser abuser par des rappor ts extérieurs de formes, il convient de défmir avec quelque précision les conditions dans lesquelles elles agissent d'une civilisation sur une autre. Ces conditions sont, en effet, assez diiTêrentes de celles qui président. aux ra pports des ar ts plastiq11es. Elles son t liêes à d'autres facteu rs et ne permettent pas toujours les mêmes conclusions. ObjeLs de céramiq ue, vases ou terres cu iLes, œuvres de st.at.uaires sont d 'un transport aisé et peuvent aller loin de leur pays d'origine laisser des marques de leur passaget. Ce sont des produits d'expansion qui jalo.n nent des zones de conquête militaire ou économique, des aires d 'i.nllnence, tandis que des similitudes de styles architect uraux impliquent des rapports plus étroits de culture, des conditions de vie plus proches, des parentés de croyances, d'idées morales ou politiques. De plus, comme l'a noté fort justement E. Gjerslad 2, la compara ison des styles céramiques, des conceptions sculpturales, des moWs décoraWs dans les art.s mineurs implique, s inon u n synchronisme exact da ns le temps, du moins des périodes d'inlluences t rès proches l'une de l'autre, alors que les 1. Celle remarque esL ègslemenL vraie pour le décor arcbil.e 106
LES ORfGTNES DE L'AGORA GRECQUE
seraient plus for~es q ue l'imitation consciente' ; en tout cas, elles ne semblent plus pouvoir être mises en doute~. Et dans la ren aissance de l'architectu re grecque, n'aut·aiL-on aucune t race des con structions minoennes ? Notons bien qu e si un style ou des formes se sont conservés, ils ne peuvent qu'appart enir au dernier état de cet art, contemporain ou post.érieur à l'intr usion massive des Achéens en Crète, sans se con fondre, cependa nt, avec les for mes de l'architecture mycénienne continentale. Il nous faut donc examiner d'abord si des t raditions minoennes peuvent subsister, par descendance di recte, dans 1'art archaïque en Crète mèmc ou ailleu rs, avant de rechercher, dans un second moment, les p ossibilit és d'un hêritage proprement mycénien , transmis soit en ligne directe , soit par des branches colla t érales. Si les historiens s'accordent en général pour placer vers 1400 av. J .-C. la ruine des palais de Cnossos, Phaestos et. Haghia Triada 3 , ils divergent. beauco up à la fois sur les ca uses de cette destruction et sur son ampleu r • ; il semble que de nombreux sites restèren t occupés, vivants ct actifs, même après le cataclysme~. Les poèmes homériques donnent de la Crèt e une image dont les LraiLs sont trop précis pour n'êt re inspirés que pa r une civilisation de fantômes; les figurants y sont. dotés d ' une puissance solide et bien matérielle&. 1. P. Oemargno, o. c., p. 104, qui dès 1937 signnJni~ cell e conLinuit.é iles formes minoennes Il. lravers un art submyeénien encore mal étudié, BCH , LXI, 1937, p. 1'2-13. 2. Sp. MnrlnaLOOl, BCH , LX, 193G, p. 238: • J e ne serais pas él.onn6 qu'u n jour on dêeouvril une idole minoenne dans un t.emple grec de Crète •· Cf. W. Deonna, Mélanges Rode/, 1940, p. 1'2-l; 1, . l:lanU, Annuario Sc. ,1/ene, N. S., I ll -IV, 194 1-43, p. 30 sq., fig. 16-18. 3. Sur ln valeur des nuances qu'on a essayé d'Introduire dons la dal.atlon d e ces falLs, P. Oemargne, La Crtle dMoli.qu
INFL UENCES ET FILIATIONS
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longtemps après quand la nouvelle agora du Céramique devint le symbole des revendications et des conquêtes démocratiques. Thèbes présente un exemple encore plus net de cette continuité entre les temps mycéniens et l'agora h ellénique. La capilale béotienne eut en efTet deux agorai, l'une sur la Cadmée, l'autre dans la plaine. A une époque où la cité, comme beaucoup d 'au tres villes grecques , se resserrait dans les limites d'une grosse bourgade, Pausanias n'a vu que la première sur laquelle il nous donne de précieux renseignements que des fouilles partielles ont confirmés. Elle s'étendait, nous dit-ill, sur l'emplacement du palais de Cadmos ct la plupa rt des cultes ou des souvenirs de cette agora appartenaient au cycle légendaire de ce personnage, en particulier Dionysos et Déméter 2 • La déesse, appelée Thesmophoros, avait occupé une partie du palais, s'alliant à Cadmos tout comme Déméter Thesmophoros à Kar sur l'acropole de Mégarc 3 et Athéna à Érechthée sur l'acropole d'Athènes 4 • Les fouilles ont révélé que l'agora occupait l'emplacemen t d' un palais mycénien; les bases de la colonnade hellénique étaient implantées dans les substructions du palaiss. Mais quelle avait pu être l'influence de la tradition architecturale mycénienne ? Comme à Tirynthe ou à Athènes, des plans ont pu survivre 6 , des formes pa rticulières être reprises el imitées , mais les liens véritables étaient plutôt d'ordre t opographique et religieux et n'impliquent nullement une influence directe sur la composition architecturale, comme on l'a parfois soutenu 7 • Ces traditions locales, qu'il serait sans doute possible de 1. Paus. IX, 12, 3. 2. Pindare, Pyth., Ill, 90; Diodore, V, 49, l. Cf. Kéramopoullos, Arch. Deltion, Ill, 1917, p. 339 sq. 3. Paus., 1, 40, 6. 4. Schroeder, Neue Jahrb ., 1923, p. 134 sq. souligne le fait qu'à Thèbes Déméter ne l'emporta jamais complètement, à la différence d'Athéna sur le roch er de Cécrops. 5. Kéramopoullos, Arch. Eph., 1909, p. 107 sq. et surtout p. 12 1- 122; Prakl., 1912, p. 85; A rch. Dellion, 111 , 1917, p. 339 sq. 6. La chambre de Sémélè est appelée <TI)X6ç par Euripide, Bacchantes, 11. cr. Prakl., 1911, p. 15 1 ; Maas, Jahreslt. , XI, 1908, p. 12. Des2chambres conservées, celle qui appartient à Harmonia est en ruine (ipd7t~a), dit Pausanias (IX, 12, 3) et celle de Sémélè const itue un &ôa'
qui ea ractérlse les échanges " ''ee le monde égéen et le monde orienta l, ces traditions helléniques reviendront plus t.ard s'opposer au courant classique oecic!ental, H. 5eyrig, Syria, X.'Cl, 1940, p. 292 sq. 1. P. Dcmo.rgne, La Crtle dédaUqru, p. 63. 2. On sc rcrn une idée d o ln souplesse et de ln ''ariét.é de ces formes par la lecture du classement des MiO ces détiens opérhvec tant de prtciSion parR. Vallois, L'ur.:hlleclur e . Ibid., p. 35·36, Rg. 6. 6. R. ValloiS, L'(lrchileclure ciens à Délos, les premières ma nifestat ions, dans l'arcbatsme, de l'arrangement monumental d'une place. Formes et p rincipes de composition d ont Sendjirli nous oiJre le plus bel exemple au vu1e siècle'· En Anatolie centrale, un autre élément. de transition se précise avec nos connaissances progressives de l'architecture p hrygien ne qui s uccède à la civilisation hittite, souven t sans solul.ion de continuit é. Les fouilles récen tes de B üyük-Kate et de Paza rh fournissent des jalons précieux à not re recherche. A BüJiik-Kale', l' un des édifices phr ygiens (1-0(7-11 d u plan) com prend un ensemble de chambres disposées autour d 'une cour dont le c0L6 S. ét.a il dominé par un portiq ue à deux piliers in anlis qui form ait. loggia. L'habitation rcmaniëe à una da te plus récente mont re que les grandes salles reçuren t. alors des fonda t ions pour supports intérieurs, suivant. le plan que nous r encont r ons à la même époq ue en Ionie. Les fouilles 1. On pourrni t eonnrmcrcœ remarques par l'hi!loire du méaaron à Laris•; cella cit.6 6Lo1L englobée d "obord duni uno zone purement an.Lolienne (par sa céramique t..ari•a am Hcrmo1, 1. p. la aq.) ; la lradlUon arehiteeLurale du mégar on rt\3PI'•rnll sous lo lorme d"un hnl>llal humain el non d 'un temple, dlvcrgenee es~nLicllo cnt.ro l"Orlonl el l'Oœidenl. A l'ipoque pri!bellénlquo eL mycénienne, sur le conUM ol grec co1mne A Tr oie (V . MOIIer, ;1JA, XLVI II, 1944, p. 34'l-348), le m~oron olt réservé A l'habilaUon d es bommes. CetLo tndllion se 1118inliML en Anatolio jusqu'ô !"époque hellenistique où il reste l'élément central de lo m olson do Prlt no. Qua111l la d"'linalion cultuillse eoostil.uo-l-cUo7 Il est mal& ise d'en 111islr lœ débuts; cependant dè! l' li A, un sanctuaire dornes· Uque d' Aslnè lniJSO prévoir celle évolution future. A. Vallois a relev6 la r aN>I.é daM lM temples grecs du dlipooJtlt central à 4 colonnes, Ei earaelérlsLique du m~ron de Myelines et d e Tirynthe (o. c., p. 14()..141) ; les plus anciens naol $0Rl dotis d "uno colonnade axiale qui les relle Il une l.radll.i.on minoenne.•• e~ orien la le. I.e type o élé proospue dan• tou~ le m onde gree du \ ' tn' au VI' s., voire ju!qu'311 IV' (au Ptolon béotien. BCJJ, !..X, 1936, p. 1 sq.) ; el. lea U.\4o qui ont tl6 dreS34!es, pour les le.nps pr~beUeniques, N. Yalmln, Bau. Sc. Leur.. de Lund, 1 ~7-28, p. 3·11; 1... DanU, Annuario, N. S., Ill· lV, 1911-43, p. 7 sq.; pour 1'6poquo archa!que, B. Pace, Mon. A nt., XXVI Il, 192'2, p. 244 sq.; P. Marconi, .Aqr lgtnM a~alea, 1931, p. 14 1 sq.; R. Vallois, L'anhitutur• a Dtlot, 1 9~4, p. 140, n. 2. Celte double innuenee, survivance en Grèce pro pre (Sparte el Prinias) eL détour orlent.nl (Nêandria), s 'est répandue dans toul le monde gree el a proRt.6 du mouvement d'ext.en•ion Ionienne jusqu"en Grande Gr èce el Slelle. 2. Mllt. dcul. Or ient. Citlfll., LJO..'Vill, 1940, p. 36·3 7, plan 2 ; H. B05urt , Alt·Analollen, p. 80·83.
I.NFLU il NÇt.S ET Fl l.IAn ONS
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de Pazarh meLLent enco•·e mieux en évidence l'étroite rclaLiori de l'architecLure d omestique avec les traditions hittites ct le rôle d 'intermédiaire qu'elle a pu jouer. La maison de Pazarh 1 comporte un corps cenLral barlong, flanqué de deux p1èce, à chaque ext rémité ; la [açade est encadrée par delL"< constructions en saillie qui ra ppellent à la fois les lignes d u bil-hilani récent. ct le plan à paraskértia hellénique. Le sens suivan t lequel se sont exercées les infl uences reste imprécis. Alors que la Ph rygie parut d'abord u n des centres où des traditions orientales auraien t pu sc conserv er pour agir sur l'art. grec 2 , une théorie inverse repose sur une nouvelle inlerpréLIJLion des sujets des terres cuiLes de Patarb, confir mée par les premiers résul tvts des fouilles de la Smyrne archaïque•. Il pat'att cependa nt assuré que la Phrygie a d'a bord subi des infl uences annLoliennes, et les plans a rchitecLuraux a pportent. leur lèmoisnage. A partir du vue siècle, les échanges entre les ciLés grecques de la côte ct les villes intérieures sont certai.n ement très intenses. Des plans eL des mot ifs on t a lors pu servir de modèle a ux architectes de ces cités archaïques. D'autres régions d'Asie Mineure pourraient. fourn ir des jalons aussi précis si l'exploration archéologique était suffisanto ; on pourrait ainsi doser le rôle de la Lydie•, de la Lycie, do la Cappadoce. I l est p robable qul:l Sardes a p résenté des modèles à l 'architecture nrchaïque de l' Ionie, qu'elle a ser\'Ï de lien entre celle-ci et. les pays de l'intérieur ou du Sud; mais les q uelques vestiges d'édifices d'époq ue lydienne mis au jour sur le siLe n'ont rien laissé apparattrc des formes originales de celte urchi LecLure•. Du temple archaïque de Cybèle q ui a précédé l'Artémision hellénistique, q uelques fragmeJJLs sont seuls conservés ; nous avons aussi des décors de stèles 1. llomi~ :Z.Obcyr J{'*ay, Lu F~ulllu Ile Pa:arh, 1941, pl. XXX.'V ll l. 2. 1{ I:IIUd, An::.lt. An;., H!31l, col. 143; llamil Ko~ay, ibid., p . 1!~21 ; Ch . l'ttArd, .\fon. P1ol, X:X..'-'Vlll, 1911, p. 83 11q. 3. 1; . Akurgal, Btlltlen, 1013, p. 28-31 oL • O·I l (du tir.~ge tt !)g annuels. 8 . Olympia, V, Jn~thr., Il, 2, 1. !l; Abrens, Rhein. Mu•~ XXXV, p. 581 y volt sail! reaLriettons un collège de maglstrnts. Sur ln dat.e de ce lex Le, O. Glott REG, XVI , 19031 p. Id-UI3. Le m@me auteur, lA Sol/dari!' dela fa mille, p. 248 "'1- 2 montril tout 1•inl.ér6l de ce document pour l'bt.toiR dei Id~ de Jusllco en Grèce.
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J'ONC1'10N r OLIT IQLiU .Gr JUO ICJA IR&
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l'installation d'une ju ridiction soeiale qui ionpose ses décisions oux deux parties. Le collèfl'C que nous croyons entrevoir daus les ciLts btotiennes d u vu• siècle ne sernit donc pas une exception. Et le text e d'H~iode, confirmé par l'inscripLion d' Olympie, met en valeur les lonct.ioos judiciaires - en mème Lemps que religieuses - de ces chefs. Us d~tieunent la connaÙ'sance des jurisprudences el du droit archalques. n. Liennenl Jeun a .. iies sur l'agora qui devient le symbole de colt: leurs jugements ne sont pos • droits • ; il• ne sont pas inspirts par la lradilinn, mai! r-mprunft nt. dt' voie' détourné~~,.. Le mkonLenl.emeoL lermcnt.e dans le peuple . Sikes, Folklore in lht Work4 ttrtd Daus, Cla•s- neu., VU , 1893, pl 389 sq. J>ar lA, l lësiodf\ est ft]:t:p."lrentA 8U)( divers mouv e mt~nt..' • mystiques • de ln pensée greeque, en particulier 1\ J'orphisme, P. Schuhl, Euni 311r la fotmalion dl! ln penste grtcqut, 1934, p. 179 sq.; M. P. Nilsson, o. c., p. 590-591 ; ce mSmb esprit religiemlèco contenue dans le d.lsoours d.e Ot\mosthène Sur l'il.mbo•sadt, ~!)~.
7. M. Croi•el, La Morais el la C/14 dan8 les poules p. 586 i< tkyxice~aw 'Ap-•oooÛ;(Ov par les poètes épiques. Les commentateurs anciens avalent ret.onnu celle idenli~ de sen!, Eustalhe, ad. JI., XXIV, 1 : •Ayri.v ~~ v.ovo.pxo• dont les roncllons sont identiques Il celles de.~ .±·(')1""'6!10?"io.;. 2. C'CJ~t 7.eu! en eiTcL qul lnclle AJPmemnon et l lénélas à punir Alexandre (A gu.m ., GO.Gl et362-363); lllmplre à o-te la. rorce néccssalro à l'accomplissement d o u vengeance (Chotphoru, 18-19, 'Z4.6 sq.J et c·es~ Dlkè, la nue do Zeus, qui dir1gele hrns d'Oreste loriqu'llfrnppe M mère (ibid., 948-9{)0). Apollon 1ui·m0mo n'e3l que l'inl.erprèt.e de la vo1ont6 de Zeus (Eumtnld••· 19, 816-818, 6~2. ~7. Cf. M. Croise~. FIRG, XXXI I, 1919, p. 100 sq.; Ch. Picurd, Poty· 1Mi1me lidltlli9ue, Il, p. 130-140); ALh6no, au cours de ses délxlts avec les ~rlnyes Invoqua Zeus dans chueune de ses t.irades (BumMidel, 797, S~-6, 8$0).
FONCTION POLI TIQUE ET J lJD ICIAlliE
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Tout le progrès de la cité est dans le passage de ce pouvoir et dans cette reconnaissance. L'action de Zeus a été con tinue. ll était déjà avec Thémis sur l'agora d'Ithaque et c'est à eux que Télémaque s 'adressai t po ur obLenir réparation des torts commis par les préLend an t.s; il rét ablit la concorde d ans la ville d 'Ulysse en faisant tai1·e les ressentiments des vengeances famil iales ; partout et avec con t inuité, il oppose un ordre de just ice nouveau, celui de la cité, à l'ordre ancien basé sur la justice du clan, à l'ordre &yptoç, dur et sauvage, qui est ccllti des Euménides ' . Avec le témoignAge d ' Bschyle, nous arrivons a u Lerme de cette longue évolulion de plusieurs siècles a u cours de laquelle s'est constituée la polis dont le dernier ressort est la justice, le respect des droits de chaque citoyen. Au centre de cette cilê, comme le symbole mat ériel de son idéal, s'est développée progressivement l'agora. D'abord simple assemblée de caractère militaire, à laq uelle seuls les laoi, les hommes en at·mes, prenaient parL, eUe s 'est enrichie d'importantes fonctions judiciaires au moment où le droit, de la ciLé s'esL const itué . La notion d'agora se développe et s'accrott de t ous les progr ès poliLiques et moraux de la polis. C'est aut our d'elle que se sont groupes les organismes de justice, les t ribunaux d' arbitrage et les t ribunaux populaires qui apporlêrent l'ordre et la paix dans les cités en ébul lit ion. Hésiode et Eschyle nous ont montré la descenw des dieux sur la terre, leur installation sur la place publique, au cœur de la v ille. Dès lors, agora eL polis sont deux no tions étroitement. associées et indissolu bles ; la cité, pour un esp1·it grec, ne saura it do rénavant se concevoir sans une agora. 1. Eumtnidu, 971 : ~eS' ciy;:tc.~~ cti'COe otrriroll aussi un bel exomplu d'un centre eultu~l eon•Utué sur l'agora 1\ l'lmogc do ootw clt.é commorço ntu où Ill$ lnnuenees les phoA dh·ers .. e~ les couronla d 'Idées 1.. J>lu• var iê5 ow rvnconlrenl~l3C fondenL enlre lt3 deux por LS de Ccncbreal e~ du t.éd>:Jion. )lufj l'agora hcll6nlque, prfoMtmcn~ modiR6e par les lnstallallona ro maint'., no •• rëvèle que peu :\ peu """~ la pio
assemblées de dieux etles cultes de l'agora 1 . Nous sommes en · présence de deux groupements cultuels très différents 2 • Il importe aussi de distinguer ces assemblées des autels des Douze Dieux. Ce n'est que par convention qu'un ensemble défini, comme les six autels doubles voisins du Pélopion de l'Altis ou ceux de Délos, sur l'esplanade du Dodécathéon, peut recevoir le nom d'à.yopà. Oewv. Mais il y a intérêt à éviter ces confusions, car nous sommes en présence de deux réalités religieuses différentes. Pour notre recherche, les Dodécathéon, au contraire des assemblées, constituent un élément important du complexe religieux de plusieurs agorai 3 • Les assemblées paraissent plus anciennes que les premiers t émoignages se référant aux Douze Dieux 4 • Nous n'avons pas à chercher ici les origines du groupement des Douze Dieux, mais il est évident qu'il appartient à un état r eligieux et politique de la cité beaucoup plus évolué. C'est à Athènes que 1. cr. Ch. Picard, Mon. Piol, XL, 1944, p. 123-124. Sur le sens et les raisons de cette évolution, Weinreich, Silzungsber. Akad. Heid., X, 2, 1919, p: 243 sq.; Arch. Anz., 1933, p. 778 sq. ; J acobi, 0e:ot ITocv-re:ç, Diss. Halle, 1930. 2. C'est dans cette perspective que nous comprenons la fête des 'Ayopl)Ï.rt., mentionnée dans deux textes de Théra, IG, XII 3, 452, ct IG, XII 3, Suppl., 1324 qui, à notre avis, ne doivent pas être séparés; fêle qu'il ne raul pas confondre avec les Karneia (H. von Gaerlringen, Bursians Jahresber. , 118, 1903, p. 157). Dans le commentaire du Suppl., l'autour était revenu déjà sur son erreur initiale, Hermes, XXXVI, 1901, p . 134-138. Studniczka, Gi!lt. Gel. Anz., 1901, p. 544, pensait aussi à rattacher ces textes à l'&:yopà: 6Ewv de Théra. Dans les deux cas, il s'agit de leclisternia offerts aux divinités associées dans leur sanctuaire rupestre - et non pas seulement à l' occupant de la grotte, et le deuxième t exte précise que ces repas auront lieu en présence des Mtyles (7tpb -ro croq.rn(o). Cf. M. P. Nilsson, Griechische Peste, p. 125. 3. Agora d'Athènes, avec autel de P isistrate, H esperia, Suppl. VIII, 1949, p. 82-103; de Xan.lhos, O. Benndorr, Jahresh., III, 1900, p. 98 sq.; 1~ . .Tristch, JHS, LXII, 1942, p . 40 sq.; de Magnésie du Méandre, et peut-être aussi de Léonlinoi en Sicile, d'après Polyen, Stralag., V, 5, 2. On peut ajouter encore le groupement signalé par Pausanias sur l'agora primitive d'Olympie (V, 14, 6- 10; 24, 1). 4, Le premier témoignage liltéraire es t fourni par l'Hymne à Hermès, 128 sq. - il n'en est fait aucune mention ni dans Homère, ni dans Hésiode - et les vestiges archéologiques les plus anciens sont ceux de l'agora d'Athènes, tandis que certaines des inscriptions de Théra remontent pour le moins au début du vt• s., IG, XII 3, 350-383. Cf. H. von Gaertringen, Die arch. J(ultur Insel Thera, 1897, p . 17 sq., el que le témoignage d'Eschyle se rap porte aux premières epoques de' la 'cité argienne. D'après Weinreich, dans Roscher, Lexicon, s. v. Zwi!lfglJiter, ·VI, col. 830-832; ces groupements appara!Lraient d' abord en Ionie dans le cours du vn• s.
FONCTION RELIGIE USE
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nous en saisissons le plus clairement la valeur et le sens. Il est sans doute aventureux de vouloir lier l'apparition de ce culte au synécisme de l'Attique 1 et rien ne justifie l'hypothèse d'une installation cultuelle antérieure à l'autel de Pisistrate2. Le r ôle qui fut attribué aux Douze Dieux par des arrangements postérieurs dans la tradition mythique de la cité jette quelque lumière sur les raisons de leur présence en cette zone de l'agora. Ils furent associés aux plus anciennes assises judiciaires de l'histoire athénienne, puisqu'ils arbitrèrent la querelle d'Athéna et de Poseidon, se disputant le sol de l'Attiques, jugèrent Arès après le meurtre d'Halirrhotios 4 et constituèrent le premier tribunal qui eut à connaître de l'afiaire d'Oreste et des Euménides (Démosthène, XXIII, 66). Cette fonction judiciaire, ils l'ont exercée durant l'époque classique en surveillant l'exécution des serments; on jurait par les Douze Dieux 5 • On comprend, dès lors, pour quoi Pisistrate dans son plan d'aménagement de l'agora voulut installer les Douze Dieux au Nord de la place où ne cessèrent de se t enir les assises judiciaires les plus traditionnelles de la cité, près de l'orchestra et de l'autel de Zeus Agoraios. Ils marquaient une étape importante des progrès de la démocratie athénienne et de l'histoire de l'agora. La place de choix qu'ils avaient r eçue est moins le symbole d'une unité plus forte des cités de l'Attique autour de la ville d'Athènes, que la marque d'une intronisation définitive des pouvoirs judiciaires du démos sur l'agora dont nous avons suivi les lents progrès au cours des siècles précédents 6 • 1. R~sum6 des diverses hypothèses par Weinreich dans Roscher, Lexicon, s. v. Z wi}/jgoller, V I, col. 772 sq., en particulier sur l'inscription (origine douteuse) de Salamine mentionnant les SwSe:x« 6ewv :E6Àwvoç. 2. O. Brown, Hermes the Thiel, 1949, p. 106 sq. 3. Apollod., III, 14, 1, 4; C. Robert, Die griech. Heldensage, III, 2, 1926, p. 1322. 4. Apollod., ibid., 2, I. 5. Aristophane, Oiseaux, 95 ; Cava liers, 235. Ce ~ô1e fut quoique peu tourné en dérision par les aut.'eurs de la com6dic moyenne, Aristophon dans Pythagorisles, d'après Athénée, XIII, 563 B; Koch, F CG, II, p. 280, frag. 11. 6. En allait-il de même pour les autres Dodécathéon, en particulier celuî de Xanthos ou de Magnésie, cf. Weinreich, o. c., p. 14 sq. ? Nous no saurions l'affirmer. C. R obert ne voit pas do différence dans l'origine et l'évolution du culte, o. c., p. 1321-1322, n. 6. Par contre les groupements de Délos et d 'Olympie ne semblent nullement comporter de fonctions judiciaires. On comparera à ceux-ci le Dodécathéon d'Oslie.
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L'AGORA ARCHAÏQUE
Il importe donc de distinguer, à notre avis, les &yopoct fkwv et les groupes de Douze Die11.x ; leur caractère est n ettement difTérent, de m ême q ue l'aspect. des lieux de culte. La co nfusion est venue des représentations figu rées auxq uelles on a donné trop a isément le nom d 'asse mb lées divines 1 , appellation valable nussi bien pou r le., t-i:u nioos restreintes d'un DodécaLhéon, comme la frise Est. du Parthénon, que p our d es groupements p lu nombreux de divinités variées, t elle la frise du temple d'Athéna Nikè'. La confusion des noms eL des représentations entralne la même in certi t ude dans l'élude de l'aspect cultu el. Tl importe, pour l'histoire religieuse de l'agora, d'en marquer ncltcment les li miLes, car les 1n, tUf, XX>.."V Ill, 1913, p . ~1-222, auggbo que lu frise B . du Parthénon représente une
«-toP« OcWv.
2. La vlrit.blo ciyopi Otwv en mieux repR5entée par la rnse du trésor de Sipbnoi , Dtlphts, 1\', 2, p. 112 &q.; P. de La Cosle-~lesstlière, Au M tnte de Dtlpllt1, p. 336 aq., 319 aq. SUr quel'l) ~''"'=· • Nous, suppliante=; do zeua qui veille sur les plaecs, on nou~ fait violence, et.:xioç. • Le dieu do lo parole, Zous, l'a emport.6 • (trad. P. Mozon). 4. Aristopha ne, CaDOIIm, 4 10-411 CL Sehol. : 'Ayoptl'Coç Z.!x•oç ~ . N'est-co paa aussi su r un autel de Zeus que Thésée lut purin!! au delà du ~pb ise, pour le meurtre de Siois et de Soiron? Ch . Pica rd, Rtu. Hlst., 166, 1931 , p. 6 CL S5. 4. ~1. Croiset, REG, XXXII, 1919, p . lOO sq. U elll même possible d'accorder â Zeus un rOie (>lus lmport11nt encore. OresLo ne peut-il prendro plac• dans la série des purUlcutions opérées par Zeus en Cavour des grands mourlriors : Ixion, lei Ou.naldes, Jason, MMée? Le véritable insUgaleu r do la purification n'eit pas Apollon, mals Zeus. N'oublions pas en effet qu 'à travers tou lu la trilogie, il soulionl le bras veng\lur, détcnseu r du droit et de la justice, qui lait couler le sang ùo;; Atrides. !>. Eumulide1, 92-93 et, apros la sentence, Oreille qui ne peul se l romper adresse iCS ultimes remeoociernents à Zeus (760). Athéna ne talt.-elle pas aUuiion deux fois à l'aventure d' Ixion? (Eumir~ides, 441 el 7 18).
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L'AGORA ARCHAÏQUE
r êt.s supérieurs de la cité et l'instauration d'un régime de paix sociale qui réprime les a bus famili aux de l'antique société, il n 'a bandonne pas les exécutants de ses volontés ; il agit à l'égard d' Oreste comme il avait agi pour les grands criminels; il le juslifie et le purifie. Apollon n'est qu'un inst.rument et ce rôle de Zeus eJ..."Plique, selon nous, le choix du rite d e p urification par le sang, car , à Athènes, ce rite ét:rit tradiLionncllement. at taché au culte de Zeus ' . Hors d'Athènes, une inscription d'Erythrées atteste la place éminent e de Zeus Agoraios dans la vie judiciaire 2 . Ce v.oxJ,oc; où se dresse une image du dieu Gxe sans dou t-e l'emplacement des 1-ribunau..x dont le fonctionnement est, réglé par un texte grav6 sur l'autre race de la pierre. A. Wilhelm n'hésit-e pas à rapprocher les deux t extes et à situer ce trib un a l su r l'agora d'Erythrécs 3 • A ces fonctions de Haute J ustice, Zeus Agoraios joint tou t naturellement le rôle de gardien des sermen ts. A Athènes, u n fragment de décret sur l'adoption, voté en 445 av. J.-C., laisse entrevoit· obscurément cette in tervention•. A Thourioi, colonie a thêni enne du ve siècle, elle est signalée par la trad ition6; on peut inférer, sans présom ption, que l'usage était. passé de la métropole à la colonie. A Ainos, d'après un autre l,émoignage de Stobée, il présidait aux ventes ct achats opérés entre h abita nts et étrangers•. A Athènes même, comme à Olympie, il jouait. un rôle plus essentiel encore d ans le fon ctionnement d es institutions comme garant des serments des magistrats suprêmes. On sait par Aristote que, depuis Solon, les archontes, à L'entrée et à la sortie de charge, J. Sur ta valeur ae ce choLx, ct l'hypothèse de P. Amnndry, JI A , 1938, 1,
p. 22 sqq . cr. infra. p. 183 2. SGOT, IV, 880, 60 b ; A. Wilhelm, Jalortsh., Xll, 1909, p. !34-13o : xo.l tç l>y xülW>v lôv a't'/jG(cu -ro Zi'jlvo~ >qu' il ovollodoptee pour Je passage d' Aristote en question, olors que la bonne le~on est i1 sq. anlrmanL crue ce ne pouvait être un autel de Zeus n'est plus recevabla, car nous croyons avoir montré ln liaison de cet empl~eement, de la Stoa .Baslluios, de l'aut.el de zeus, et Jocaiisé ainsi ln pierre au serment dans l'angle N.-0. de l'agora, BCN, LXV I-LXVII, 1942-43, p. 285 sqq. 3 . Cerlaioi traits des culles des phratries subsiStent dans les !Hes do la na issance, Wade·Ccry, BSA, 1940, p. Zï& sq. eL F. Jocoby, C/a... Qu.arttrly, 1944, p. 65-73.
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L AGOR.A ARCHAÏQUB
des Lribus et. des fam illes à la commtmout é a thénienn e. L 'hypothèse qui ferait de cette pierre au serment un autel de Zeus Agoraios est séduisante et rorl. vraisemblable ; Zeus A go· raios aurait, en somme, sceUé l'harmonie ent re l'ancienne et la nouvelle organisation dans l'intérêt supérieur de la cité. A Olympie, le problème est plus compliqué parce q ue lié à lu localisation de l'agora. Pausanias (V, 15,4), dans lu lisLe des au tels, cit.e un Mmos de Zeus Agoraios et., tout il côté, une Artémis Agoraia. L. Wenigcr 1 a remarquu q ue le périégèt e ne m entionne pas dans son énuméra lion l'autel d e Zeus Horlcios qu ' il a situé p récMemmeul. da ns le Boulcu t.érion (V, 24, 9). Les athMtes devaien t. jurer là, su r les rest.es d'un pore sacrifié, de ne commettre aucune injustice dans les concours. Leurs pères eL frères étaient ten us à la prestation. Wenigcr estime q ue ce dieu du serment est précisément Zeus Agoraios qui était. représenté avec la tablette portant inscrite la formule d 'engagement. Lo simili tude des sacri fices serait un argument que n' a pos rail. valoir \Veniger ; la rareté d e ce ril.uel rend la resserob lam:o plus frappante encore. Les cill's crétoises en fin, à l'arma tu re in térieure si puissante et aux institutions très centralisées, font aussi de Ze us A goraios le garant des serments. A Dréros, il reçoit, avec Hestia, lu déesse du foyer com mun , le se rmen t qui donne a ux éphèbes le rang de cit oyen•. C'est par lui aussi que prêtent serment les l ta niens 1 ; il gnrnnlit, avec H estia, des traités d 'nlliance conclus ent re Gortyne et les gens d'Arcadès et nussi entre les trois cités de Drèros, Cnossos eL LycLos au tv e siècle av. J .-C.•. Tous ces témoignages s'accor dent à présenter Zeus .1goraios comme la dhrinit é la plus import.anLe de la vie politique des J . L. Woniger, K ilo, XIV, 1915, p. 43•1·4.3!;. 2. Sy/1 ' ., o27, 1.J8sq.; rC, 1, IX, 1 A,l. 19~.; Cook, Ztru, 1, p.129. 3. re, rbld., L 18; Cook, Zr.a, 11, p . 91!9, er. il H•erapytna, re, Ill, 3, 5. 4.. J C, IV, 171, 1. 13; Cuuer, Dialtklin$ch., Il, 121. Avee d'autres épith6tu, 11 intervient constamment \ -rbœv "flp«Ç
Eùvo~J.("I)V "te OÔ«tl fiua!.xç x«l OtaltOÔç ~ m pl "<Wv O.O>v np&rr1v cknn1;aoca6oc1 X«l cl m:pt 't"i)v eù·K>!lkv xal .Zp-I)VIJ• >T"qp, ÔVOf-1-&~e:-rocL 8~ Xl)(t ,EÀw8ép~oç, 8·1JÀO~ xa.t lVUvl)(v8poc;. Et les modernes ne sont pas parvenus à
plus de précision sur l'origine de ces épithètes. La plus ancienne paraît être celle de Sôter ( IG, Il ', 333, 1. 13; 410, 1. 18, etc ... ), l'au~re qualification n'apparaissant que dans les décrets pos~éricurs à 378/7 av. J .-C. 1. Paus., VI II, 20, 2. 2. R. Her·billon, Les Culles de Patras, 1929, p. 86 sq. 3. Pa us., V li 1, 18, 5. 'l. Puisqu'alors Patreus, dit Pausanias, interdit à ses sujets d'habiter les ·deux au tres villages, cf. 1-lerbillon, o. c., p. 58-59. · 5. L'histoire de Patras est mal connue, cependant on sent que le synécisme ne se nt pas sans ·heurt ni sans résistance de la part des villages qui luttèrent pour la prédominance ; en particulier, village de Mésotis résis ta longtemps. A l'époque de Pausanias, il avait encore le privilège de garder toute l'année durant l'antique xoanon d'Artémis.
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L'AGOnA ARCHAÏQUE
plus évolué vers l'organisation de la cité centralisée, date à laquelle l'ancienne place religieuse devient une véritable agora dotée d'organismes civils ; cette création conserva toujours un certain caractère artificiel souligné par l'opposition des groupements cultuels. Enfin, on rencontre çà et là des cultes de Zeus de valeur purement locale. Que Zeus Néméios rappelle sur l'agora d'Argos la gloire du grand sanctuaire de Némée 1 ou que les Éléens honorent le grand dieu panhellénique sur des autels alignés en façade de la stoa des Hellanodiques 2 , nous ne saurions en être étonnés. Le Zeus Xénios de l'agora de Sparte et de Théra exprime la politique très précise que ces cités avaient adoptée à l'égard des étrangers 3 • Nous avons déjà noté la valeur politique et fédérale du Zeus Lykaios installé sur l'agora de Mégalopolis dans un bois sacré conçu à l'image exacte du sanctuaire panarcadien du Lycée 4 • Par les cultes des ago1·ai de Corinthe, Mantinée et Sicyone, nous renouons avec une tradition plus commune, celle des divinités chthoniennes. Zeus y est honoré sous les noms de Chlhonios, Eubouleus et Meilichios 5 • En ces trois cités, Zeus semble avoir assimilé des cultes héroïques primitifs. A Corinthe, il n'est pas sans rapport avec l'histoire complexe du temple B et de son installation mantique 6 • Eubouleus, identifié avec Pluton dans la tradition éleusinienne 7 , entretient d'étroits rapports avec les divinités chthonienness. A Mantinée, il faudrait peuL-être le rapprocher d'un Zeus Epidolès que mentionne Pausanias 9 •
Artémis. Artémis porte l'épithète d'Agoraia en deux grands sanctuaires du Péloponnèse , b. Olympie et à Épidaure, bien qu'elle ne soit pas en rapport direct avec la vie des cités et l'agitation de l'agora. A Olympie, elle a subi l'influence de 1. Paus., II, 21. 2. Paus., VI, 24, 2. 3. Pa us., III, 1 J, 8; Tllera, 1, p. 236. 4. Paus., VIII, 30, 2. 5. Paus., 11, 2, 5; G. Fougères, Mantinée, p. 304; Paus., II, 8, 6. 6. A l'époque de Pausanias, seul l'aspect chthonien de ce culte aurait survécu tandis que l'oracle aurait élé oublié, De Waele, Gnomon, 1932, p. 366-367; Eitrem, Philol. Woch., LI, 1931, p. 766 el Lili, 1933, p. Ill. 7. P. Foucart, REG, VI, 1893, p. 334. 8. O. Kern, AM, XVI, 1891, p. 1 sq. 9. G. Fougères, o. c., p. 304.
FONCTION RELI GIEUSE
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Zeus A go rai os • ; leurs aul;els sont mentionnés à la suite par Pausanias alors qu'il vient. de passer devant. le Bouleutérion et s'apprête à sortir de l'Aitis sur la vaste place qui s'étend en façade du portique Sud 2 . A ~ pidau re 3 , l'épithète prend un sens plus net si l'on n'ou blie pas que la déesse était associée ici à l'organisation poMique, car nous connaissons une Artémis Pamphylaia 4 dont. le culte est en rapport. avec le système des tribus de la cité dorienne. Ces fonctions politiques a pparaissent en plusieurs endroits où la déesse est installée sur l'agora avec d'autres épithètes. A Sicyone, elle ét.a.it Palrôa 6 . C'est. sans doute à ses liens de parenté qu'elle doit d'être invoquée comme Boulaia à Athènes• el B oulèphoros à Milet', plutôt que pour ses qualités de déesse de la santé ou de la prospérité*. A Ar-gos, un cul te d'Artémis Peilh6 est. mis en rapport avec le célèbre procès d'Rypermnestre contre son père ; il est plus probable qu'il s'agit. d'une assimilation de l'ancien culte de Peilhô qui sut mieux se garder sur l'agora de Sicyone'. Les interventions d'Artémis dans la vie politique ou sociale restent exceptionnelles10• En effet, l'introrùsation d'Artémis sur les places de Patras et de Sicyone avec le titre de L imnaia ou Limnatis et sur les 1. Pa us., V, 15, 4; C. Rober!, Hermes, XXXIII, 1888, p. 431 ; \Verrticke, J ahrb., lX, 1894, p. 99 sq.; L. Wenlger, IWo, XIV, 1915, p. 43J; sq.
2. J altrb., Lill, 1938, Olgmpiabu., Il, p. 2S sq.; LVI, 194l, Otumpiabtr., 1 Il, p. 30 sq. a. I G, rv•, 1, 405. 4 . Ibtd., r.oa. 5. Paus., Il, 8, 6. N'y a-t-il pns quelque innuenoo de l'Apollon Pa11'6o• d'A thènes? G. Le çullAl, d'après Plutarque, serail une tonda lion de Thêmlstoole, Thtm., 22; ç f . Kirchner, /(llo, V III, 1008, p. 487 ; IG, Il ' , 798 et iG, li ', 848, 890, 967, etc ... 7. Syrt.•, 660 (1v• s. Il\', J.-C. ). 8. l nlerpréLaUon de O. Gruppe, Griech. Myfh., Il, p. 1282. On s'accorde en général à reconna!Lre l'origine égéenne, el plus spécialement lydienne, d'Art6mia, mais M. P. Nilsson. Gtsch. qritch. Reli9ion, 1, p. 451 sq. souligne ta diverl!lt6 des :.specl.s eultuels sui••an~ tes régions. 9. Paus., Il, 7, 7-8. JO. On peul encore mentionner une Arl.ém!s P hosphoras qui recevait aes sacrillces 3vant tes assemblées, J G, Il ', 902, 1. 6-8 : (1:wv Ouen;;,., ;;,., f}Ouov -r:i r:po w (v buù.7Jodiiv • ]- · xU1 "poct.X~ «~'t()Î)'m)Ç.
FONCTION IŒ LIGIEVS&
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Agoraios d 'Athènes aiL participé lui aussi à cette activité de 1'a go rn
et que la consécration des Hermes a u nom de chaque Lribu, en commémoration des gr andes victoires rem portées par les généraux athéniens, traduise ce rôle protecteur q ui fl oit par s'étendre aux divers aspects de la v ie de la cité, in térieure et extérieu re 1 . Nous devons aller plus loin encore, nous laissa nt. guider pa1· d'a utres in dices. On sait que l' Hermès Agoraios de Sparte Hait représen té por tant Dionysos enfan t sur le bras 2 ; à Olbia, nous avons relevé l' oflrand e d'une Nikè d'argen t pour la sa uvegarde de la cité et la sa nté du donateu r~. [.'assoc iation d ' Hermès et des Charites que Plutarque int.er prét ait comme le symbole d ' une puissance oratoire et in t.ellect.uelle du dieu, nous paraît, a u contraire, évoquer bien davanLage l'aspect de ces cult es relatifs à la fertilité ct. à la prospér ité des Hres de la na ture . On connalt le caractèr e d ionysiaque des représentat ions qu i décorent. la face des piliers d ' H ermès•; le symbolisme ne peut s'ex pliquer uniquement. par le rô le d'amulettes apotropaïqucs q ui tiend raien t leur puissance du pouvoir magique p lacé primitivement dans les bornes rrontières 5 ; on ne comprendrait plus le rôle si important d'Hermès conducteur des âmes. C'est sous le même aspect que se présent e l'Hermès Agoraios de Pharae doté d ' un pouvoir oraculaire qu 'il exerçait par clédonoma ncie 6 ; le consultant , après avoir brülé de l'encens sur l'autel et. rempli les lampes d'huile, pose la question a u dieu en parlan t. à voix basse ; il tient ses oreilles bouchées jusqu'à ce qu'il a it quitté l'agora ; la première parole entendue ensui te constitue la réponse de l'oracle'. Le rôle pr épondérant d' Hermès se justi fia it. par des 1. A.
von Ootnuszewijkl, Die Hermon der Agora :u Athen, Sll;unglber. Akad.
H•id•l., 19 1•1, Abh. JO. p. 20 sq. ; F. Chrome, o. c., p. 308·309. La mulllatlon des Hermès à la veille du l'expédition de Sicile rut interprétée eiTeclivemon~ comme une manileslalion politiqua mise au compte des oligurques. 2. Pous., Ill , I l, Il. L'œuvre est repl'\l•enléo sur des monnaies impériales Jmhuoi-Dlumer-Gardnor, Numis. comm. of Paus., pl. N, VI. 3. Lalysc hev, lnscripl. P . Eu:. l, 76 . .a. Farncll, o. c., V, p. ll-1 2 ; Eil.rem, FIE, •· v. Jlermos, VIII, col. 771·ii6. 5. I nterpréta tion proposée pnr N. Brown, o. c., p. 34·35. G. Paus., VIl, 2'2, 2. 7. La clédonomancie parait 1\lre la lorme la plus courante <jeo; oracles d'Her mès, Bouché·Leclercq, lli• l. dela divination dan.t' ;lnliquilt, JI, p. 399:400; curieuses s urvivanc•s de ce culte d es fon l~ioes i:lCrécs, &ignaléeJ! p.ar C. Rbo-
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L'A~RA ARCKAJQUB
raiso ns locales puisque cette ville se donnait pour fondateur Pbarès, fils d ' H ermès et de Philodamia; le dieu était associé, par filiation directe, à la fondation myUlique de la cité et, par conséquent, au cuJ te héroYque de l'Oekiste •. Tl t.oucbe ainsi aux éléments qui sont à l'origine même de l'hist.oire de l' agora. Cel te parenté que notts po uvons saisir à Pharae nous échappe a illeu rs ; elle nous révèle du moins la complexi té d ' Hermès Jlgoraios dont l'épithète ne peut reeevoir une explica t ion uniforme. Elle dépend t oujours des circonstances locales. En t.out cas, ses références à la fonction commerciale de la place publique nous paraissent les p lus r éce ntes el correspondent à ce que nous savons par ailleurs de l'hiStoi re de l'agora .
3) Les cultes héroïques et funéraires Gn principe gé néral d e la législatio n grecque interd isait l'inhumation à l'intérieur d es cités; tou te in fraction él.ait j ustifl éo pa r des considérations d ' intérêt supér·ieur. Un e des exceptions les plus nol.ables est celle qui accordait les honneurs de la sépulture sur l'agora, cou tume resléo vivante j usqu'à la fi n de l'histoire gr ecq ue. ~ous uvoos pu sui vre les lointa ines ascendances de ceU.c t.radili on w ; elle a ses raci nes dans l'histoire des cultes runé rai res préhelléniques q ui all.i rèrenl à eux les assemblées. La croyance en l'a ction d irecte des héros pour ou cooLre les membres de la cil é fut un des élémen ts essentiels de cette (a veur cont,in ue. L'ancêtre mythique ou historique, le fondateu r, le 16gislaleur, rcstail ainsi présent., ne cessait d ' inspirer les citoyens, pouvait même, dans les circonstances graves, sortir de sa tombe el participer à une action directe contre les enne mis. Les Athéniens n 'él.aient.-ils mruos, Cullrs popu lai ru dt la Thrace.
10 19, p. 17 el 19-'l.ll Cf. J. 2. Wald3Lein-Meadar, AJA, V Ill, 1893, p. 410-428; IX, 189~ , p. MS &q. O. Diekln•, BSA, XII, 1905-1006, p. d3'l ~q. En t.ou~ en•, Lous les souvenirs des vict oires ~ur los Persoe sont groupés autour de la nouvcl.le agorn : tom benu de PaUMnlaa CL etnot.opbe du U onidM, tlon des Perse&, c r. Ch. Picard, CRAJ' 193&, p. \!If> tq. U est wolsembbble que ee tran.tlerUul lieu dès la On de.! guerres de Mes~nie, car la révolte des Parthénles, déjouée par la survelllanee de• 'Ephores, Mnlt organisée sur une agora qui semble bien avoir 6lé déjà celle du l'epoque cloaslque, e phore dans Slrnbon VI , 279-280 • fi'JIG, l, p. 247, {gl03. S. 11. Bulle, Sit:ung1bu. Bayer. Akad., 1!137, p. 27 •4· C'est. d'ailleurs u n roJt. bieo s~lal a Spart.e que celle influence des jCU.'I el des repré<enlallons s ur lei wostruellons monumontllln et le Mveloppemenl urbain. Les r>Lu de l"aut.el d'Arlêmis Orfllia entralnont. l'aménogemcnl d' une oorte de lhMlre, de meme que le.. gymnopaialu sur l'ogoro et lro fêtes du hêroa ~u sanctuaire d"Amyklén. le t.h6Ur6 propremen t. dll fut. allir6 par les l ombev de PausanJas el de Léonlda•.
FONCTION AGÔNALE
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L'agora d'Athènes connaissait, elle aussi,~~ certa ins jours une vie intense et colorée ; ne serv ait-elle pas de cadre à quelques-unes des plus grandes fêtes de la cité ? Les Dionysies urbaines, à l'origine d u moins, et les Panathénées se déroulaien t partiellement sut· l'aire sacrée de l'agora 1• Les grandes Dionysies, orgarùsées sans doute par Pisistrate à l'imitat ion des Dion ysies loca les xcx-t' c!lypouç, pour fêter l'installation du Dionysos d'Éleut hères sur le territoire d ' ALhènes1 , se déroulèrent d' abord sur l'agora ; la valeur politique ùe ce transfert Hait ainsi mise en évidence. Un frag ment de Pindare, qui prit part aux concours, ne !::~ isse pas de doute sur le lieu de la fête, à proximité d e l'autel des Douze Dieux dont Pisistrate avait fait le point de départ de toutes les routes de ·J'Attique : "Regard ez ce chœu r, Olympiens, et envoyez-moi une éclatante victoire, ô dieux, q uj vo us pressez vers cet ::~ u tel odoran t, si fréquenté, ce nombril de la ville, dans la saint.e Athènes, vers cett.e place glorieuse si b rillamment ornée »3 . Et nous savons que P ind are, vainque ur du concoars, fu t honoré par une slatue dressée sur le lieu même de la victoire, sur l'orclteslra•. Son emplacement., longtemps discuté:., peut, je crois, être main tenant fixé sans aucun doute depuis les fouille.c; de l'École a méricaine q ui nous ont fourni des points de repère bien assurés 6 • Pisistrate, en installant les concours des Dionysies sur l'agora, faisait preuve d ' un grand sens historique et renouait avec les plus anciennes traditions du monde hellénique. D'ailleurs, l'exemple était donné par les gens des campagnes qui, à l karia, à Aixonè, à 1. En ces jours de 1He3, l'agora éW.lt une aire sacrée donl tut.e souillure dovail êlr& exclue; ln puriOcation initiale par J'eau êta il né.ees..,.a.ire, cf. $Upra,
p. 16·1-1 65. 2. Paus., 1, 38, 8; Mommsen, Oritch. Pt..d~, P- 428 sq.; OeubnerJ AUi$tht Pute, p. 138 sq. 3. Pindare, Frag. Dilhyr., 4, t sq . (M. Budé, p. 153}. 4. Paus., 1, 8, 4 ; Pseudo-Eschine, Lettres, IV, 3.
5. L 'inst.oHaUon mal.trielle de ces représentations rut d 'abord modeste; il n'y o.voit que des Sièges de oois, les (xpLtt; Photius, Lu., s. ,., bpx~laou Bttt-rpov. Pollux, V 11, 12a; Diogène Laert.c, !. o9 ; Callimaque, {gt 66 o. 6. B ibliographie M résumil des opinions dans w. Judeicb ., Topog., p. 34 1, n. 2. Nous avons rassembl6 oos donnees cL propost\ una solution du problème dans notre éLude sur la Stoo Bosileios, BCFI, LXVl-LXY II, 1942-43, p. 27'J sq.
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1.' AG OI\A ARCHAÏQUE
Rbamnontc célébra ient les Dionysies wt.T' !ypou; da ns des t héi\Lrcs rnd imcnLaires aménagés sur leurs agorai 1 • An début. du ve siècle, pe ul.-èlre dès les dernières années du v1e sièele, les Dionysies furent transférées dans le sanctuaire de Dionysos sur les flancs Sud de l'acropole•. C'est. Pisistrate encore qui semble par ses réformes avoir associé plus ttroitement l'agora aux grandes Pa nathénées. La pompè s'organisait. dans le quartier du Céramique, près du Dipylon, ma is suns doulll aussi aux abords de la grande place•. ParLant du Pompeion, où étaient rangés les objets sacrés, ot en particulier le char en forme de vaisseau qui assurait. le transport. du péplos, Je cor tège n'était. défmitivement. organisé qu'après l'agora ; les a fTranchis ct les barbares aut.orisés à l'accompngne•· alt.enda ienl sur la place, munis de branc hes de chêne 4 • Apnis la fête et l'offra nde du double sacrifice, l'un consacré li Athéna Hygieia, l'autre consommé duns l' Ancien temple, les réjouissances populaires avaient lieu sur l'agora ; c'est là qu'élaient distribuées, suivant. un cérémonial fixé, les par ts des victimes aux magistt·ats et aux représentants de chaque dème 6 • Le lien que les Ponalh{mées étub)jssaient entre l'acropole et l'agora avail, la vuleu1· d' un védta ble symbole; il matérialisait l'union eni.J'C l':lncienne et la nouvelle Athènes ; il exprimait la réconcilialion de deux zones d'influence, de deux tendances politiques; symbole d'une unité que Pisistrate n'était. pas 1. Infra., p.~~~ aq. '2. Les premières Jru;LallaUou• du Uu!lllre de Diony110• remontent peul-ét-ro au vr• s.; en t oul ca•, deo cvn~Lruclion< pamanenle5 ne ru:renl dl'C6Séet qu'au d~bul du v• s., E. Flechltr, Da• DionJI'(Mihwlu in A lhor, Ill, p. ï Q-1"2: A . W. Plekard Cambridge, Th• Tlrculn of Diony&O! in Alh<M. 1946, p. iH~3. Telle en du moh1> l'lin pression qu'on rtUre du l'teil par Thuçydlde, VI, 57, du meurtre d'Hipparque encore que l'v.:pression de tot T K~ paral&SC bien dé1l11ner loullu quarlicr, par contre, la mention du Uoe6rion nous traMporlC 6Ur l'os;ona. L'éloignement momenlane des deux rre..... ··occupant des prépnroUB dolo proeeulon lals~ ~uppo3er que les di\·ers groupes ie réunis· !lllltnL eL s"oJ'ionl•alenl en des points dirterents, mais voisins de l'aguMl. 4. Bekker, Amctlola, 1, 243, 3 : 8pûv ~... 814 ~ Cyopaç · -«> -roÔ.O.o-r.o, 5-n ,W(QUÇ aratt Ct.ro d'oborlt un monument eommemoralil en l'honneur du jeunes Alhünien• tomWs dons les guerres médiques. C'est une di•linclion ehronolo)liquu quo M. Ouarduccl no semble pas avoir sentie da.ns son élude prêcédennnenl ci tée. 4.. Paus., IX. 17, 1 sq.
r..
M. P. Nilsson, o. c., p. \14·95 oà sont cité$ n. 2 tous les textes se rapporlant
au culle d'HerMii•. G. Pindare, Scholie ad 01., X I li , 56. Sur Hd/61is, Odelberg, Sacru Corlnlllia, p. Z7·30 ; 1\, Lesky, H tllo•·Htllolîs, Witntr Sludien, XLV, 192ô-19Z?, p. 152.153; XLVI, 1928, p. 48-67, 107·129.
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r} AGORA ARCHAJQ VB
HellôUs, avec sa plus jeune sœur Chrysù, se serait jetée dans le temple d'Athéna en fla mmes ; selon d'autres, elle y aurait cherché refuge avec E urytiooè et elle aurait péri dans l'incendie d u l.cmplc q ue les barbares avaient allumé. Sur l'ordre de l'oracle pythien, consulté au sujet d'u ne pesLe tenace qui ravageait Corinthe, un nouvea u temple fut construiL pour Athéna et des tètes instituées en expiation. De la tradition se dégage l'imporlonce des rites d'expiation et de purification da ns ces cérémonies. La la mpadèdromie n'est qu'un aspect de ces ri Les expiatoires par le feu 1• Les fouill es ont mis rur jour, dans la partie orientale de l'anll:, deux lignes de départ, réservées d'après la forme tics encoches, a des courses aux fl ambeaux; on s'accorde à recom1altre Ill. des installations propres a ux HeUdlia a. Un texte d'Athénée, d'autre part, évoque une fêle crétoise (?} où l'on promena it en procession une immense couronne de myrrhe conLenunt les os d'Europè ; les lfelWia de Corin the a uraie nt comporté le même cérémonial'. Si l'assrmilation to ta le eut re les deux fêtes peut êLre contestée - car cc rite esL étrange-, on ne peut refuser !.oule valeur au témoignage ; c'est plus probablement l'effigie de la déesse qui Hait ainsi transportée en pompe a u milieu des feuillages. Cc texte incite à une intcrprétaLion très égéenne de ces W.es ; si l'on veul y reconnattre le souvenir des luttes ent re culLes indigènes et cultes de l'enva hisse ur, on est tenté, comme O'Neil, de rat tacher ces riLes à des influences minoennes•. M. P. Nilsson semble s'orienter vers la m~me ex plication eL il leur dénie tou t caractère [unêraire 5 • Celte 1. E . N. Gardiner, t;r.-k A lhlellc Spor/1 an d Pt$/it)(IL 't<X njç Eùpt!>Tt'l)ç bvri xol-l(~cml~rt, 91v ~!Ml 'E)J...'tl&t. ·A~mlœ 31 xœl i.. Kopi-Aùt> -ri ' E>,).W.,._60 sq.; XL, 1936, p" 48 1 sq.; Morgan, A J A, XLI, 1937, p. f>5 1. 2. Plndtre, Scholie ad Nt IlL, Il, 19 : 3tà: "'11-iiç o! 'AO!)vœiO< -rbv AC1Yu'l.~ Alœr.!3« li~tollrn·•
ltmJOJtÀ(~ XOGIJ.iÏ'I.
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FONC'(ION ACÔN.U.J!
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et des cérémonies de caractère plus funéraire el. chthonien pa r l'int ermédiaire de P oscidon llippios et d'un héros Zeuxippos. Un culte plus exclusivement funéraire s'organisa, dès te v1e siècle a u moins, autour d 'une chapelle associée à la nécropole méddionale. C'est à ce cult e que nous alt.ribuerions tout le lot d 'offrand es attestant des jeux, des courses et des repas commémoratifs. E n rm, autour de la fontaine aux t r iglyphes et du temple à a bside, se cristallisèrent des ri tes oraculai res auxquels ta personnalité de Dionysos n'éta it certainement pas ét.rangère 1 • L'a gora de Corinth e nous apparat!. ainsi, pa:r les fHcs et les cérémonies auxquelles el1e servait de cadre, comme profondémen t marqu ée par les cultes funéraires dont la plupart r emontent aux origines mêmes de la cité. Tout se passe comme si celle-ci avait voulu fa ire de son agora un lieu de r·eruge intangible, préser·vé de l'envahissemen t des religions et des croyan ces étrangères que la fou le des marchands apportait derrière elle et fortemen t clifTérencié des cultes panl1elléniques d u sanctuaire de l' Isthme. Corinthe n 'est pas la seule à p osséder sur son agora des jeux funéraires i ils sont a t tirés par to ute sépu !ture héroïque ou humaine autorisée à l'intérieur de la ville. Ainsi les gens de P bigalie célèbrent chaqu e année des fêtes autou r du tombeau des Oresthasiens 2 . Ce genre de cér émonie existe encore à l'époq ue romaine sur l'agora de Kymè~ et Tacite nous r·apport e que le bûcher de German icus, comme celui d e Pyrrhos l'avait. été plusieurs siècles auparavant. sur l' agora d 'Argos, fut, dressé au milieu d e la p lace p ubliqu e d'Antioche 1 i sur le lieu de l'incinéra tion, un monument fut construit. Des r epas funéraires son t organisés sur l'agora, par une donation, à Alkoménes de Macédoine 6 • L'agora est donc restée, jusque dans le monde romain, un ilréalron réservé à des jeux funéraires, survivance remarqua ble des caractères propres aux plus a nciens lieux d'assemblée. 1. Le culte de Diony•o• ost bien nUestô sur l'agora de Corinthe soit avee de Bacchoc TT,ç >ge •. L'ort!sle s'œt . Il est possible que, pendant les panégyries, tentes et baraques aient empiété sur le domaine sacré, Xénophon, Hell., VII, 4, 32. 6. G. Welter, Troizen und Kalaureia, p. 43, pl. 28.
AGORAI ARCHAÏQUES : TYPES ET FORMES
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Poseidon se développe surtout dans la période archaïque où il est le siège d'une confédération importante 1 ; les réunions fédérales se tenaient autour du temple ; il est probable que la vaste place contiguë au téménos du vre siècle, limitée plus tard sur les côtés Nord et Sud par des sloai, fut l'agora primitive fédérale ; seuls quelques vestiges de murs anonymes conservent les traces de ce premier état. Quand, au IV6 siècle, la cité de Calaurie prend quelque extension et s'entoure d'une vaste enceinte, l'agora de la cité se substitue à la place fédérale, laquelle faisait intimement partie du domaine sacré et constituait, avec sa double rangée de colonnades, une entrée monumentale. Dans le nouvel état, un propylon marque la séparation des deux domaines, le religieux et le politique. Tous les textes se rapportant aux constructions du rve siècle, consécrations et dédicaces, mentionnent des magistrats de Calaurie 2 ; le culte de Zeus Sôter qui avait là son autel était un culte de la polis. L'agora était donc purement municipale; elle conservait le plan de la précédente 3• On peut regretter que les fouilles de Naucratis n'aient pas été exhaustives, car elles auraient pu nous rendre un curieux exemple de ces agorai archaïques. Les conditions particulières de cette concession abandonnée par le pharaon Amasis, dans le deuxième quart du vie siècle, à un groupe de cités grecques, se réflétaient dans l'établissement urbain 4 • Les explorations partielles du site 5 ont montré que la ville comprenait deux agglomérations: au Sud, la ville égyptienne; au Nord, l'habitat grec. Celui-ci, avec ses rues étroites et tortueuses, ne diffère pas des villes de la Grèce archaïque, Théra ou Lato. Les points essentiels de la colonie étaient les 1. AM, XX, 1895, p. 274 sq. ; Strabon, VIII, 6, 14, p. 373-374. 2. 1 G, IV, 840, 841. 3. IG, IV, 841, 1. 22; G. ·welter, o. c., p. 51. 4. Les conditions dans lesquelles Naucratis fut fondée, sur un site occupé sans douto dès Je milieu du vu• s. par un établissement milésien, restent obscures; documents rassemblés et étudiés par D. Mallet, Les Rapports des Grecs avec l'Égypte, Mém. Inst. arch. or. Caire, XLVIII, 1922, p. 54-75. 5. Premières fouilles de Flinders Petrie en 1885-1886, Naukralis, 1 et Il. Puis fouilles de 1899 et 1902-1903 par Hogarth, BSA, V, 1898-1899, p. 26-97; JHS, XXV, 1905, p. 105-136. Mise au point par H. Prinz, Funde aus Naukratis, Klio, Beilrüge, 1908; D. Mallet, Les Premiers établissements grecs en Bgypte, Mém. Mission Caire, XII, 1893, p. 175 sq.
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L'AGORA ARCHAÏQUE
sanctuaires dont plusieurs furent reconnus par les inscriptions ; le plus important groupait, avec l'emporion, les dieux de toutes les cités, à l'exception des Éginètes, des Samiens et des Milésiens qui possédaient chacun le leur propre. Cet Hellénion fut identifié grâce à la découverte de tessons inscrits, dédiés aux 6eoi:ç -rwv 'EÀÀ~vnS popula ires de daMes miméeO e t dialogu~o, dans les forces sat yriques du cullc dlo ny•iaque c~ la nature du cllœun primiUf!, l'expliCaiJon de la ronno d e l'orchOiilnt, H. DuUe, Unlen. orluh . Thealcr, p. 2 11-212.
AGORA! ARCHAÏQUES : TYPES llT FORMES
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d 'agora dont les organismes reflètent la p rimauté de la fonction représentative. Le ihéalror~ 1 de Thoricos, célèbre par son plan original, n'est en fait qu'un auditorium installé sur la petite place publique d u dème ; il n'a servi, comme l'a démontré H. Bulle, que Lardivement de cad re aux représen tation s scéniques!. A l'origine, il se rédui t, à u ne série de gradins, donL la secLion centrale, rectil igne, llanquée de deux reLours dissymétriques, dominait une esplanade artificiellement aménagée. Cette place étai t libre de co nstructions ; sur le côté, à l' E st, était creusée, dans le rocher mème, une petite sa lie avec deux banq uettes où l'on peut reconnaître un Bouleuterion ou un tribu na l. Ce lieu de réu nion obligea l'a.rcltitecte à tronquer l'aile orientale de la cavea. Quelle est La date de cet ensemble ? Seuls, les indices fournis par quelques tessons t rouvés dans les déblais et la grossièreté de l'appareil d u mur de soutén emen L permeU.ent d'attribuer cet aménagemen t att milieu du v1e siècle environ 3 . L'esplana de fut installée sur de puissants r em blais de t erre et. de p ierres que contenait un mur, sur le côté Sud, haut de 4 m. 90 au moins ; i l fall ut aussi, à l'Ouest, établir un souténemenl; en constructions massives pour appuyer les gradi ns ; l'aide fournie par la pente du terrain ét ait faible et rien n ' interdisait un t racé ci,·culaire. On mesu re toute l'importance de cet te conclusion; cet te cauca se trouve apparentée aux dispositifs des villes crét oises de Dréros et de Lato cL nous avons vu l 'importance de cet te parenté pour l'hisLoire des ty pes archaïques et des origines de l'architectur e grecque. A la fin du v 0 siècle et au début du rv•, l'agora de Thoricos se transforme au moment où le go ût des représentations th éâtra les se développe même à l'extérieur d 'Athènes, a lors q ue le rôle poli tique des assemblées de dème diminue. Un 1. C'asL là que Dionysos seraiL arrive en ALlique eL que DémêLer aurait ~lleinlla côte en venant de Crète, Ch. Picard, REG, XL, 1927, p. 320 sq. Ce
terme n'implique nullement une consLruclion complèle et achevée, cl. Vollgrn!r, BCH, XXXI, 1907, p. l66· 167. 2. Il a él.é touillé en 1886 pnr l' École Américaine, W. ~tiller, Pup•r~ of !he Am. School al Alhellf. IV, 1886·86, p. 1 sq., pl. l-VI . Une stoa voisine, aujourd'hui dispa rue, avait été publi~e par le3 DileU.anli, Uned. .tlnliq. of A ttica, chap. 9, pl. l; cl. BS.4., XJ..III , 1948, p. 128 sq. ; X LV, 1950, p . 25-27.
3. W.
~llllur,
o.c., p. 10.
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L'AGORA ARCHAÏQUE
petit temple est construi t su1· le côté E st de l'esplanadet-andis q11 c l'autel est déporté à l 'autre extrémité; les gradins inférieurs sont entaillés pour permet tre la circulation a utour de la table de sacrifice. On ne const ruit pas de shénè i les a cteurs du rent se contenter d'un podium en bois sout.eou par quelques piliers 1 ; la petite snlle creusée dans le rocher fut annexée a u théUrc et ut.ilisée comme vestiaire. Le caractère de la const.ruct.ion est. ainsi modifié et. l'emprise de Dionysos et de ses jeux est presque complète. C'est pour remplncer sans doute la petite salle de réunion qu'une ston rut construite au même moment, à l'Ouest du tMâtre, avec colonnade sur chaque face ; on puisait dnns le décor tradition nel des agorai . La place publique de Thoricos se développait. toul en changeant de fonction. Plus t.a rd ivement, Rhamnonle el lkaria, deux autres dèmes de la cOle septentrionale de l'Attiq ue, prll~c nl.aienl le même type d'agora, réd uit à un fhéalron rudimentaire. Celle de Rbamnonte occupait un t erre-plein au Sud de la pointe de l 'acropole, d'où la vue sc p orte complaisamment sur l'Ettbéc et. sa mer bleue. Au p ied d'u ne pente douce, ümitée a u Nord par une ra ngée de bases - el non pas, comme l'affirme H. Bulle, pn r le dialeichisma de l'acropole - s'allonge encore une rond at ion composlle de trois blocs d 'eulhyn téria (long. tota le : 4 m. 81), réunis pa r des scellements en dou ble T et prolongé . à l'Est, par une plaque de marbre inscri te, à l'Ouest., par une série de socles. Des dalles supporLllient les sièges de la proédric dont quelques exemplaires subsistent. à proximité; l'un d'eux a été consacré il Dionysos par un citoyen de Rhamn oot.e, Xénocratèst. Dr rrière la p roédrie, aucun veslige de gradins ; 1&rlient au même type de construction et nous verrons qu'à Athènes même, sur le C6ram.ique, il est possible qu' un 8 oulcul6rion ancien ait ôté ~wènage do ns les OnnC.\1 du Colonos Agoroios, infra, p. 264. Mais ort évitera d'ollribuer à l'époque arellarque les gradins s itués à l' O. du tomple d"Apollon PotrOos, BC!i, LXVI·LXVII, 194Z.43, p. 281; Il . A. Thompson e~t rormcl su•· la dale de œ disposol.if quf ne romonle pas au dela du rnmeu du v• s. t. C. Fougères, .Manlinte, p. 165·173, plon llg. 37. 2. Le Thersilion peut lllro attribué à la p(lriode de prospôrllê qu i suivit lu bataille de Mantinte en 362 av. J . C., Boille, GDII. Gel. An:., 1897, p. 724 ; Jltrmt$, XXXII 1, 1898, p. 314. Le IMAlre est postérieur d"au moins dix ans;
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L 1AGO!\A AJ\CflAJQUE
fédérale 1 à laquelle s'opposait, sur l'aut re rive de l' H élisson, l'agora de la cilé mégalopolitaine1. On sait que ces constructions de pierre avaient ét é précédées par des installations rudi mentaires en bois, les t>tllv.c, dressées à l'occasion des jeux et. des grandes fêt.es . Quelques scènes d u répert oire céramique permettent d 'en évoquer l'aspect extérieur. La plus ancienne et la plus éloquente de ces représentations orne les flancs d'un di11 os de Sophilos• où des spectateurs installés sur des gradins suivent la course des chars en l'honneur de Pat rocle. L es sièges sont p résentés en coupe, t aillés dans les flancs d'une sor t.e de l'aménagement du I :i)ç en s'appuyant sans dout.e sur la tradition des poè~ comiques dont Athénée ropporte plusielll'S t.ëmoignoges, XIII, 66!1 D. La tenta· lion ét.nil trop rorte pour ce:s esprits (rondeurs d'e:es. ous verrons d':~Dord q ue la création de l'agora du Céramique est bien antérieure à Cimon ct que, d'autre part, les culLes ct les organismes politiques d'Athènes, a u..x vme-vn• siècles av. J .-C., sont, bea ucoup plus élroitcment associés à l'acropole qu'il ne le supposait . En ellet, on peu t mett re en paral lèle ovcc les sn no.:L uaires cit.és par T h ucyd ide comme point.s de rep ère, d es doub let s q ui furent identi fi és sur les pentes 1.-0. du rocher de P allas; nous conna issons là des lieux de cult.e conS:~crés à Zeus Olympien et à Apoll on P ylhien j il n' es~ pas j usqu'à l'Enn 6altrounos, le poin t le plus discuté, qui ne puisse êtr·e sa ns doul.o localisée nu pied des pen t.es 'o rd de l'Aréopage, a u voisinage du sanctuaire d e Gè que nous pouvons, avec v raisembla nce, reconnatlrr dans un des plus oncicns lieux de cult.e ch thonien de cette région 2 • On ne sn urni ~ négliger le témoignage de Th ucydide, ni, à plus forte raiso n, corriger so n Lextc p uisqu'uu Olympieion et \JO PyLhion sont sûrement a lles tés vers l' Il issos. Les trouvailles céramiques remonten t a u '1° siècle dans ln région de \' IIissos ; des docu monts ana logues laissent. reconnottre u u remaniement du P ylhion de l'acropole au début du ve siècle; mais l'occupa lion do ce dernier est bil'n assurée d ès l'époq ue mycénienne t andis q ue la zone du Pylhiou du bas n e sem ble pas avoir été co nsacrée a u cul t e à nne 1lat.e a ussi :J ocienne•. Il faut rlonc admettre un d édoublement des culles 1. A.\1, "\"\, 18\15, p. :ill ~>q., tMorie reprise don5 All·Aihen, 1, l'· 3 1 sq. 2. AM, LX·LXI, 1935·36, p. 28 sq.; l l .sper ia, Il , 1933, p. 352 8(1.; rY , 193&, p. 000 ; VI, 1937, p. MIO iQ. ; Xl, IU12, p. 2&0 sq.; Xli, 19 13, p. Hll sq. Gtl RoumlrtJphD• ét.ai~ lnalallûc aus•l ou pied du bosllon d'Athénn N 1kt, a.'•cc Déméter Chtol, Hupula, X, 1941, p. :ra·~; t.oul nu long de ces penl.es 1". do l'acropole cL d o I'Ariopoge, s'HagealenL d o nombreu>< cultes anelens d e la f6condill, donl faiSait sans doute parUe eu'l5i le AtowcMv lv A!!-Lvottria, 11, 1933, p. 572 sq. 9-1
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L'AGORA AJIClWQUB
largeur; il llOmprend t rois ailes articul 6es autour d 'une cour in térieure ; un simple mur ferme ceUe-ci ù l'E. Les ailes N. et ., :ryan t respectivement qua t re et trois chambres, étaient bordées d'un portique dont les colonnes en bois reposaient. sur des bases rte calcaire ; plusieurs son t conservées in si/u' ; cette cour répèt e en plan les lignes générales de l'édi nee, en accentuan t Sll forme Lra pez.oidale. L'a ile !'{. est. percée d'un large passnge qui assure les communicat.ions avec l'esplanade ; la salle d ' honneur occupe le centre de l'aile S.; chaque cham bre esl indépendante ct ouvre sous les port.iq ucs' (fig. 31). Tous les murs sont. con struits en calcaire de l'acropole; l'irrégularité des blocs est compensée pa r des petites p ierres employées en • bouchons • (épaisseur des murs ext.érieurs: 0 m. 50). La da t e de cet im port.anl édifice est fournie par la poterie de la couche où son t. implantées les fondations ; elle appartient. à la première moilié clu siède, ce qui permet. de placer la construct.ion au milieu du v te siècle. Deux puits ulil isês pendant la période d'occupaLion furent comblés lors de sa ruine ; or les tesso ns appar tiennent aux L)'lles de cét·amiquc associés communément aux destruct ions d es Perses, vers 480 av. J .-C. Apr~s ln construelion de F , le mur B. de la terrasse fut prolongé vers le S., jusqu'à l'angle de l'Mince, et doté, semblet-il , d'un propylon; à la hauteur de C, qui rut alors rest.auré 3 , u n escalier donnait accès au terre-plein. En même Lemps, le mur occidental de la terrasse fut d émoli et l'es pla nade étendue jusqu'au pied du rocher où un vaste hémicycle fu t eut.aillé, comme pour constituer un audilorium rupesLre dont. nous a vons rencontré de fréquents exemples• (tig. 31). Le sol de la terrasse était en argile tassée, à un niveau supérieur a u précédent ; la poterie trouvée dans les remblais qui servirent à surélever le niveau fixe la da te de ces transformations d ans le
1. L'enlraxe mesure 1 m. SS& el lt • colonnes sont cenl"mi Il 2 m. 10 du
pQremenl dM mu:rs. 2. LM ~nlles de l'allo occldenlale •onL dlspo~es nu tour d'une courette qui coo11tiluo unG M rl.C d o bloc lndi:pend9nl ; ceLte allo ost bien idcnU116e commo le quartier domestique, /lnperia, Suppl. IV, p. 2Z.27 OL 73-84. 3. Ibid., p. 15, rœtourolloni qui porl~renL sur 1•o ngtu S.-E. et le• murs do retend. 4. Ibid., p. 43, fie. 13. L'emplacement ru:t enaull.e occupé pnr le nouveau Bouleulérlon, il la on du v• 1.
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troisième quar t du v1e siècle 1• Une vaste place, qui mesure environ 30 m. dans chaque sens, réunit ainsi les d eux conLruct ions F et C ; elle est soigneusement isolée de la rue que borde le mur de soutènemen t. L'ensem ble const itue une t rès réelle llllité archiLect.urale, l'esplanade jouan t le rôle d'une grande cour associée nu x d eux édi fiees principaux. D'au tres t ravaux affect.èrent la région septentriona le de cetle zone (fig. 33). A une vingtaine de mètres a u N. de l'édifice C, sous le temple d 'Apollon, sont conser vées des fondat ions qu i d écrivent un arc de cercle de 8 m. 50 de dia mètre ; la disposition de l'ensemble permet de resLiLuer une construction de plan a bsidal dont l'entrée devnit. êt re ll l'Est. Les tessons corres pondant. au niveau des fo nda tions indiquen t u ne époque contemporaine de t:elle de F'. E nfi n, elu même pla n, relèvent les vestiges d 'u n pet.it. sanctuai re mis a u jour sous la St.oa Bnsilcios ; on a reconnu u ne solide fond ation rectanguloire en po rus ( 1 m. 78 x 2 m. env.) part iellement dét,ruite pnr le troisième pilier de la st.oa•. Les fouilleurs ont rapporlé nu même ensemble les restes d'u n autel silués à une vingt.nine de mètres à l'Est, otl sc mêlent pierre de Carn et r.nlcai re de l 'acropole; c'est un nu!.el a rch aïque que des fra gments de Pentéliq ue permet tent do restaurer sur le modèle de ceux de Vouliagmêni ou d e Némésis(?), à R hamnont.e. n appartien t à ln même époque (3U quart du v1e siècle)•. ot.ons que ces dernières consl,ructions agrandissent encore le domaine public vers le ord, dans u ne zone qu i était réservée a ux habitations privées. Tous les indices révèlen t u ne ex tension considéra ble de l'agora a u milieu du siè. Noack, Eteust1, p. 48 sq.
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L'AGORA ARCUA1QUB
lieux de culte ne sont. bien identifiés q ue pour ln période suivante des vo et 1ve siècles ou Apollon, Zeus et. Athéna, la Déesse More y sont. honorés. Ne peut-o n rien conclure de là sur les premiers occupant s de ces s;JncLuaires ? Le caractère politique de ces cul tes j ust.ifi o pleinement, croyons-nous, de telles inductions. Que Pisislrat.e ait. senti le besoi n d e place r la nouvelle a go ru so us la protcct.ion d' Apollon et do Zeus, le; t.endances de sa poliLique et le rô le de ces di r ux en a vportcnt. la preuve. C'est Apollon, comme père des Ioniens et prot.ecteur rlo l'ordre familial et social, nvcc l'épithète de Palrôos, qu i p~u-att être le plus sûr occupant. du pet.it. temple à abside, type d 'édifice bien al lesté dans les sa nctuaires apolliniens, ô Délos, à Delphes, au Pt.oYon ; l'acropole même d'Athènes en possédait u n d u même gen re q ui a pu servir de modèle il celui de l'agora 1. ous ne reviendro ns pas s11r le rôle continu de Zeus dans la vie polit.ique at.nénicnnc ct su 1· ses d1·oits de propriété volables pour t.oute la ume N. de l'ugorat. Ils sont. trop bien aLtest.és pour que nous pu issions lw cont.est.er l'at.Lribution du sanctuaire ct de L'auLill archaïques situés au N. de coLLe région. E n inst.alla nt ces cult.e, qui rivalisèrent, mais sans les supplanl.er3, avec ceux de l'acropole, Pisist.rat.e [aisait. preuve d'un sens poli! ique Lros aigu, car il dotait l'ago ra du Céramique de cel te fonclion religieu e essentielle ûont le co ndit.ions parliculières de sa création l'avaient. privée. Le domaine civiquo sc dessinait a insi en traits plus précis, mais encore nnnrcbiq ucs, auxqu els la poülique ur baniste des successeurs de Pisistrate allait imposer cet te régularisat.ion qu'ils cherchaien t. à établir dans toute la C' it.é 4 ; l'aut.el des Douze Dieux, les bo r·ncs réservèrent les limites de l'agora cL la protegèrenl con tre les env a hissement.s des constructions privées qui l:J pressaient de tou l.c par t. 1. 1~. Courby, Mtlangu 1/olleau:t, Jl. 64 sq.; Dalphe1, ll , Tura•~~t du Temple, Jl· 186-187 ; Wiegn nd-ScbJ'llder, Poro•af'tll., JI. 165 ; 16 1· L62 ; C. Welckerl, Tu~n, p. JO sq., 80 8 1. 2. Su pro, p. 178 sq. 3. Sur ce dédoublement de plusieurs eêrêmoniUil omelelles, supra, p. 'l11 ~q . ~-
On 80il en eiTeL qu'liippias dlweloppa 1eJ principes urbanlst.es de Plthtrale; il nt reeliOilr l'ollgnement de t4lrtaines rues percées au basord et frnpJ1'l d'une laxo 1.6!1 Immeubles qui dèbordolent sur lu voie publique; Il n tout un 61at..-major d'orebitt~:ta à SOl\ service, Ant.iSt.al.èa, CaUa.!scbros et AnUmaebhlèf, Perrol-Chipie•, H i•t. Arl, VIII, p. 56.
AGORA! ARCHAÏQUES : TYPES BT FOIUŒS
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La troisième phase de construction, que ses cara ctères techniques diflérencient. des édi fi ces antèrieurs, trouve place entre les grands travaux pisistratiques et la dure ép reuve de 480-479 av. J.-C. La gr ande salle d'assemblée carrée, dont le plan évoque irrésistiblement la comparaison avec le Télest.érion de Pisistrate à Éleusis, représenterait, non sans grandeur, les réformes de Clisthènes, si cett.e ressemblance même ne laissait quelque dout.e 1 . D'autant plus qu'au même p lan appar tient le temple a llongé qui vint se placer au Sud de l'édifice a bsi dal, dans lequel on reconnatt, avec quelque v ra isemblance, un culte de Déméter en rapport plus ou moins direct déjà avec celui de la Déesse Mère. Il nous para tt difficile de limiter exactement l'emploi de la grande salle d'assemblée; car les rapports entJ·e les séances de la Boulè et les sanctuaires de Déméter à Athènes res tent ét.roit.s. H. A. T bompson explique ce plan pa r des raisons de commodité pratique et il est possible, en eflet, que ce Télestérion athénien, utilisé une fois l'an lors des fêtes de Démét er, fQt occupé le reste de l'année par le nouveau Conseil de Clisthènes. Le fait. que, à l'époque classique, la séance de la Boulè qui suivait la célébration des mystères dtît se tenir obligat oirement d ans l'Eleusinion pou rrait. bien êl;re la survivance d'une pratiq ue plus constan t.e et plus ancienne. L'agora d 'Athènes achevait a insi son évolution. Faisant une ex ception très notable à la règle générale, les organismes polit iques semblent. avoir p récédé les édifices religieux; la ronclion politique fut. primordi ale ; l'exploration archéologique a confirmé cerl;ains aspects que l'analyse des text es nous avai t permis de déceler ; tous les cult.es de l'agora athénienne présentent un caractère secondaire et. récent ; c'est parce que l'agora du Céramique fut une création essentiellement politique. +
••
L'étude de ces divers types d'aaorai archaïques fait. apparatLre q uelques !.raits communs sons les diverses tendances qu i 1. H. A. Thompson, Ruperia, VI, 1!137, p. 12.7 sq., propose l'identilienWon avec te 13ouleuterion, mais souligne les rapports possibiM avec Jo cul t.& de o•mi!~er; Cb. Picard, RA, 1938, H, p. 97-!lB est plus sensible à l'l nnuenee de l'édifice ~leusinien.
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L'AGORA ARCUAlQUB
se manifesten t dans les origines. Les liens entre assemblées et cultes sont partout. sensibles ; l'agora n'est souvent. q u' une esplanade, comme à Gortyne ou il Dréros, associée à un sanctuaire. Cet aspect reflèt.e la soumission primit ive du politique au religieux. Que la protection du sanctuaire s'étcndt t a ussi à des échanges commercia ux, c'est v raisemhlable; mais ils restent. secondaires, comme un accessoire d es assemblées religieuses ou polit iques. Le marché - nous y reviendrons - ne parai t pas être ô l'origine ùe l'agora. On notera aussi la simplicité de ces a ménagements a rchitecturaux. L'agora n'occupe pas une place privilégiée dans le plan urho io, bien modeste lui aussi. Une aire libre autour d'un aut.el ou d'une chapelle, ou, plus souvent., un cnrrcrourde ru es, l'élargissemen t. d'une artère princi pnle sont. à l'ol"igine d e ce qui deviendra la place essentielle de la cité classique. La conception d' une place autonome et indépendante sc dégage le ntement sous Jo p ression de l'évolution urbaine. Ce sont des lieux de cul Le popltlaires, des carrefours, ce sont des voies de circulation plus importantes, qui constituent l'embryon de la p ince publique. Les agorai si représcntntives de Lato et. d 'Athènes sont. étroitement. associées it des carrefours de grande circu lation; les premiers édifices s'alignent. au long de la rue qui p rogressivement s'élargit. Il est très notable q ue les contemporains de Solon ont appuyé leur p remière agora au rocher du Colonos Agorajos, dans un espace très réduit, et q u'il fallut. a ttendre la ûn du v J• siècle pou r la voir pousser quelques timides empiètements a u delà do la rue. Ces hum bles origines expliqueront, la lenteur du développement a rclait.ect.ural, et ses inccrliludes, dans les villes de la Grèce cooLinentale. L'agora n'est. poin t une forme, un Lype emprunté à des civilisat ions an térieures, elle est la conquête lente d'un urbanismo lié à une stru cture politique originale ; elle en porte la marq ue. EUe reflète aussi les hésita lions et la complexit.6 de l'art archaïque. Les types sont d ivers ; les élémen ts sont. variés, à l'image des cités primitives. L'œuvre des urbanisLes classiq ues sera rio fondre et. d'associer tous ces Mémen Ls en une conception don t les t rai ts déflniLirs seront. délerminés pa r l'évolution politique et sociale des grou pements urbains.
TROISIJ3:ME PARTIE
L 'AGORA DANS LA Cl~ GRECQUE (Ve. n e SIÈCLE AVANT 1.-C.)
A l'aube du ve siècle, la polis prend sa form e défi ni tive et trouve son e>.J.lression la plus complète dans la cité athénienne. La ville de Pallas subit la rude épreuve de la défaite et sa jeunesse s'est vite mûrie aux durs contacts de la guerre. Ayant repoussé et vaincu Je plus puissant empire de l'époque, le Grec place son idéal politique dans le type de communauté auquel il attribue sa victoire et qu i lui paratt assurer le plus complet développemen t de la personnali té, dans l'É tat-Ville, dont. les proportions limitées eL précises sont celles de toute l'esthétique grecque. L' Hellène est ct restera imperméable aux notions d'empire dont 1'Orient lui oflrait l'exemple ; ni la dynastie macédonienne, ni l'empire romain ne réussiront. à lui inculquer un idéal cüflérent. Ses plus grands théoriciens, Platon comme Aristote, ne conçoivent pas d'autres cadres sociaux ct politiques que les limitR,s bien définies de l'ÉtalCité. Quelles qu'en soient les raisons profondes, morales ou naturelles 1 , plus psychologiques, à notre avis, que géograp hiques, pendant plusieurs siècles la vie politique de la Grèce reste enfermée dans une for mule étroite - Platon n'admet que 5.040 citoyens dans sa cité des Lois- fond ée sur l'isonomia, l 'égalité de ceux qu i ont les prérogat ives de citoyens et leurs droits communs à porticiper au pouvoir. L'idéal, a uquel tendent touLes les études théoriques soucieuses d'améliorer la réalité, est. d'instituer une société fermée sur elle-même dont une savante hiérarchie permettrait de satisfaire tous les besoins. Dans une telle communauté, le rôle et les fonctions 1. Sur la formatio n de ln cité, H. Franco~Lc, La Polis f!rtcque, dana : Slud.
zur Guch . und }{ul/ur des Alter!., l, 3-4, 1907; A. Joràé, La PormaliM du peuple f!rec, 1923, p. 81 sq. ; F. Trilsch, Die Stadlbildungen del Aller!., dans : /{1••, XXII, 1928, p. 1-83; V . Ehrenberg, Grfech. Land und Gricch. Sladl, Die Antike, Ill, 192?, p. 304-325 a particulièrement Insisté sur les • rronllères naturelles • des cités g•-ccques; cr. id. dans Gercko-Nor
L'évolution sémantique du moL .iyopli porte le p remier reflet. des transformations subies par cette noLion depuis la fln du v 1e siècle av. J.-C .. Jusqu'alors les sens apohliques•, qu'il s':~gisse de l'assemblée, du üeu où elle se tient ou des discours qu'on y prononce, sont seuls attest.és. Aucun emploi dans les poèmes homériques, rions les lyriques anciens ne fait exception ; le mot ne désigne JO mais le mn rché, le lieu des lract.alions commerciales. Un des plus anciens e..xemples d 'un tel sens sera it. rourni par l'épigramme homérique X 1V dont la daLe resLe incertaine ; elle ma rque en touL cas u ue Lrn nsformation de la la ngue épique, puisque le mot désigne ici Je mnrch6 des poLiersJ. Avec Pindare et. Eschyle, le sens tradit.ionncl demeure sans changement=, comme aussi dans les lyriques~ où il nous parait alourdi encore par les lut.t.es politiques qui forgen t. et. durcissent la première ci Lé. CeLte valeur ancienne se 1. Splg,. Uom~'iqut, X I V, (>..'V), 5 : xo>.>4 (.lèv cl.v «yopjj >WkWf'CIŒ, m>lla
3'ciyu~«ic.
2. Nous croyons qu' li y a lieu de corrig!r quelques lndlcaUon3 dans l"arliele du Lulcon cle Uddeli-SeoU qui clane tous la r ubrique • plau du marcb6 •, Piud • ...,, Puth., V, 93 : Mer: 1tpi)!J.IIOÏ Ç ciyopilç fx.. 8(;.:« l'~Ïnl. 6..-.o,... La mention du tumbcuu de Batl.os montre qu'il s'nglt do la plus anolonna valeur du mot dé$ig•mnt le centre politique et cultuel de lu cit.é. Seule pout-êt.re l'expreMion J>ulh., IV, ~: èv &.~ 1'J.f,a.,.~oc; llx).ou pourrait évoquer une Idée voisine de nÀ>;OOilcn;ç ciyopiç 61 r~quenle par 13 suite. l'ô ous avons vv rexact.e valeur du ver$ d 'E-OCh)•le, Stpl ctml't Thlbu, 212; Oooiç, m10'161J.OC.Ç TC "!iyopiiç bnox6~. On corrigera sur ce point ausall'nrLiele eilé. 3. Contrairement il l'omrma Lion de H . Knorringa, Empo~•. 1926, p. JG, d'apr~ qui, dana les anciens poètes I>Tiques, le moL est souvent employe avec Je sens de • ma:ebé •.
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L'ACOI\A DANS LA Cl'ri: GI\ECQUE
maintient. dans le vo~bulaire des tragiques où «yop&. ne désigne jarnois q ue l'assem blée ou le centre poliLique. Les gloses des loxicographes reflètent ceLle évolution ; l'agoro, pour eux, c'est d'abord l'!KY.17jalrl 1 • L es mots dérivés ou romposés n'évoquent, da ns ce même cycle, qur des idées mla tives à la vie politique, aux assemblées eL aux l1ar:mgues ; aucune allusion aux transactions commerciales. ' Ayopa.(J), ckyop&.Oj.Lt.tl, .Xyop'fjT'Î)~. ~~1Xy6p1JÇ et même tiyop&,~w primitivement s'appliquent. aux divers aspecls de l'assemblée des citoyens, aux discours, aux discu ssions, à la conduite des a!Jaires mili taires ou politiques. Ln valeu r nouvelle du mol correspond à une réali l u ; le négoce, dans la sociét.é de l'épos, est réduit à une forme s1 mple, au colpo rtaget; et le terme de x ta€11«Ï> l«ll qop~ par les eonslruelions postérieures, Arelt. Eph., 1909, p. 121-1\!Z; Anh. Odlion, 111, 1917, p :.140-311. O"allleurs, 811 1v• s., uu lexl.e de Xônophon ellesle ! nns aucun doute possible J"exlilenco tl'un Heu d"aliemblte sur Jo Cadn•ée, JltJL, V, 2,. 29.
FONCTIONS DE L'AGORA DANS LA CITt CLASSIQUE
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vénérét, surent maintenir cOte à cOte fonctions politiques et religieuses ; les premières s'incarnèrent clans tme agora et un lieu d'assemblée qui semble être resté le seul en usage pendant toute l'histoire thébaine, d'après les témoignages de Pindare, Sophocle, Xénophon, Pausanias i les traditions religieuses furent conservées dans les deux sanctuaires implantés sur les vestiges du palais. La fonction commerciale fut sans doute réservée à l'agora de la plaine. Argos conserve les traces d'une étape intermédiaire. Il est prouvé, par la nécropole de la Deiras, qu'une installation mycénienne importante occupa it les dcu..x acropoles d'Argos, l'Aspis et la Larissa 2 • Le culte des divinités po lia des est resté sur la Larissa ; l'assemblée politique n'est pas descen due jusqu'à l'agora officielle. En eflet , les textes, confit·més par les recherches topographiques, at testent l'existence d'un lieu de réunion sur les fl ancs de l'acropole, le ïtpw~ ou xp1-rljptov. Euripide (Oreste, 872 sqq.) nous montre le peuple d'Argos gravissant les pentes de la Larissa pour gagner l'endroit où Danaos, dans son procès avec Egyptos, convoqua la première assemblée des Argiens; c'est là qu'Oreste aussi devait être jugé•. D'après les scholiastes, en ce lieu, siègent non seulement le tribunal des Argiens, mais aussi leur assemblée 4 • .Jusqu'à preuve du contraire, il n'y a pas lieu de conjecturer qu'à Argos l'assemblée et les tribunaux populaires aient jamais Lenu leurs assises sur l'agora. Dans les cités démocratiques, le développement des organismes politiques et l'installation de l'assemblée sur l'agora sont comme le symbole de la victoire du Dèmos. Toute 1. On y voyon la statue de eulte de Dionysos Cadmeio., en forme de pilier, Paus., [X, 12, 4; Zichen, RE, s. v . Thtbni, col. 1509·1 5IJ ; O. Kern, Jallrb., Xl, 1896, p. 113 sq. 2. VoUgraa, BCll, XXVIII, 1904, p. 364 sq.; encore que le! rouilles n'aient pai permis de découvrir l'emplacement exact de cet établissement, BCH, xxx, 1906, p. 5-7. 3. Euripide, Orula, 872 : op(;) 3'6xXov G't't!xov-t:x X«l 0/iaat>v~· lix~«V,
ll:xv®v AlyUlt'rerfJ, IV, 192.4-25, p. 4 sq., rérut.és pur J. Cnreopino, l.'ostraeism• atht nün, 2• éd., p. 73-78 o n~ él è définilivcmcn~ MJirt~s por tes trouvailles d'oatraAYt da ns les rotùUes américaines de t"ugora, publleo llon en pt•6pora~io n pa r A. Aaubit•ehek, .ti.J; l, Ll , 1947, p. 25 7 sq.; cr. E. Vo ndcrpool, H espuia, S uppl. V lll, 1949, r. :J94412. M. Grosby, H•~JHriu, uppl. VII I, 19•19, p. 8 1-So propose do l' identifier avec l'eneeinlù même de t•aulol de• Douze Dieu)(. Mois les LOx~es cités m ontrent qu'il
R"~gil
d'une enceinte
vQlanl~.
2. Philoehoros, 79h; Plu torque, A ri$1., 7; Pollux, V I II, 20. Cf. H. }lnrtln, BCN, LXVl- LXVIl, 1942-4 9, p. ~79 bq. 3. Les to uille! réecnles de 19 47-•18 unL dêcouver~, ou S. d O l'agora, au pied de I'Aréopago, un édifice dont le plan parai~ illustrer tres exaetcmen~ Je ~~>«..'VII , 19-12-43, p. '27~. 4. Frugn>~nL de Tarpondre, daO! Uergk, Poelae lyn de ce bonnet; les Parlh ~n irs furent envoy6s foncier lu colonie de T arente•. 1. F. 'frit..c h, .)llhrtsh., XXVII , 1932, p. S.l. 2. Arislole, PollllfiiC, Il, 7, 4; Lui de Gorlyne, IX, 33-36 ; Da resle· Hauuoulli~, lntc. Jurld. or., 1, p. 386. 3. Pop. Ozyr., X l, p. 38 sq.; TJC/1, XXX Il, 1908, p. 271. 4. ephore, dnns SLrnbon, VI, Z7~'l80; F ll (i, f, p. 247; Polyen, S!ral ., Il, J.l, 2.
FONCTIONS DE L'AGOI\A DANS LA CITÉ CLASSIQU E
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C'est de L'agora que part aussi un soulèvemen t con~re le législateu r légendaire de Spa rte, Lycurgue, qu i en est expulsé à coups de pierres•. L'historicité de Lycurgue rest.c fort douteuse, mais le fait. n'en perd pas sa valeur symbolique. Nous sommes mieux renseignés sur la grave conj uration qu i, au 1ve siècle, ébranle l'éd ifice chancelan t de l'état polit,iq ue et social de Sparte ; Cinadon en était Je che fi. Devant les hésitations de certai ns conjurés il les amène à une des ex:trémiLés de l'agora et les prie de dénombrer les [orees a dverses qu i sont réunies sur la place : les rois, les éph.ores, q uelq ues vieillards et. une quarantaine d'autres person nages q ui t.iennent en mains le pouvoir, tandis qu'ils ont. pour alliés t.ous les a ut res citoyens q w sont là au nomb re de qua tre mille. Il n'est pas précisé l 'occasion qu i avait rassemblé les chets de Sparte et une gra nde parlie des citoyens, ma is les argumen ts de Cinadon et. le souci q u'il a de s'emparer de l'agora sont un signe de l'importance que celle-ci conserve mème au 1ve siècle. E nfin n'oublions p.-.s q ue le plus grand deuil de la cité lacédémonienne, à la mor t d'un roi, entraînait la fermetu re de la place qui était. jonchée de paille et toute J'é union était int.erd it.c pendant. dix jours 8 . Cette importance était plus q u'un souvenir de l'époq ue où l'asse mblée était souvera ine, comme l'avait voulu Lycurgue•. Au JVC siècle, celle-ci avait perdu depuis longtemps ses prérogatives et, depuis Jongt.em ps aussi, l'idéalisat ion polit.ique de Spartc avait commencé 6 • Cependant l'agora conservait tout son lust re. E lle ne le devai t pas à sa parure; car les lois de Lycurgue interdisaient. toute construction 6 ou décora tion susceptible de dét.ourner l'esprit des citoyens vers des idées trop légères et néfastes aux bormes décisions ' . Au ve siècle, la règle était respectée, puisque Thucydide souligne l'étonnante opposit.ion entre la grandeur J. Plutarque, Lyeurgue, U. 2.. Xénopbon, Hel/., 111, 3, ;, sq. 3. Hérodote, VI, b8; H6raelit.e du Pont, F'f!G, 11, p. 2.10; Xénophon, R épubllqu• des Lae., Xl li, 9. 4. Plul3rque, L1Jeurgue, 6. &. Ollier, L e Mirage spar:tate, 1, p. 198 sq.; P . ROu$Sel, Sparte, p. 2ll sq. 6. Plutarque, l.geurgue, 6 : èv (do~> lil -rou-rwv -ni~ ~><XÀ'Ija!œç ·'Frfov oüu:
mxo-ni8wv oùaiilv oüte ~1')Ç -nvô~ Y.ll:~o:mttU);;. ' • 7. N. Crosby a raison, JO crois, de laire porler t•expr~sion de Pausanias ox~h 6!...; sur la situation (Caun1icrs , 181) ; le marchand de boudin se croi t capable de détrôner Cléon, le marchan d de cuirs, parce qu'ils lu ttent sur le m ême t eiTain (i bid., 293). II invoque tous les dieux des filou s, des insolents, des malandrins, il y joint l 'agora où il fut éduqué2. L' Inju ste da ns les Nuées (991, 1003, 1055-1057) détend contre le J uste la vie de l'agora d oat s'écartaient les Anciens. E lle fournit la matière des expressions les p lus injurieuses a. Cependan t tout son presWge n'est pas aboli ; même aux yeux d' ArisLo phane, elle demeure le centre nécessaire d e la vie polit ique. L'acharnement même qu'il apporte à ses dénigrements en est w1e belle preuve ; il ne peut placer ailleurs les scènes de vie animée et piLtoresque qu'il dépeint dans le Gouvernement des femmes•. L 'opinion d'Aristo phane mérite d 'aillew-s une aUcntion partic ulière ; ca r il n'a pas les partis-pris, ni l'av euglemenL 1. M. Croiset, Ari&lophane el le• parli& d At/Jtnu, p. 137 sq. Z. Aris tophane, Caooliers, 636 ; «xl v6!''0!J.« f:ll!'6o>.ov -nj, .À~> rrpQ.; -.otç ôo/IJ).o'!ç "t"(;)v ":'Oft'6W 1 c•:n:pY.z:.ltx..; TC x!d x«0ap6"'t'q1t'OÇ z_IÎpL'I. ii. E n ens de cont.eslollon dons les élections d e.~ mngislral.$, la. tabloLle où
J'electeur a inscritJ avec le nom da celui qu'il choisit, de son pèro, de sa ldbu et de son dème, le sien propre avec les mGmes dHails, sera exposé$ sur l'agora, Loi•, VI, 2, 753 c; eLlors des reddil.ions da eompLt$ des magistrats, les tablolluij où sont Inscrites les peines sont éga lement alllchées sur l'agora, •bill., X l i, 3, 9·16 d.
6. C'est en partant de là. sans douL& qu'on a pu fair& d& l'agora te symbole
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L'ACOIIA DANS LA CITÉ GRECQUE
Des t rois foncl,ions essentielles, religieuse, politique et commerciole, Platon ne re tient, que la première ; la seconde a éLé submergée par la troisième, la plus récente ; l'équilibre a été rompu et le sens primitif de l'agora au cœur de la cité est oublié. Aristo te, dont la critique est plus nuancée, plus proche des réalités historiques eL de l'observation contemporaine, prend conscience de cet te évolution subie par un organisme cssenUel de la ciLé. Dans sa construction idéale, il retrouve le sens profond de l'agora et tentera de sauver ses caractères primitifs, politiques ct religieux, en la ptu·ifiaut des souillures que, selon lui, la démocratie y a vail. accumulées. En même temps, il !ait la pa rt des nécessiLés vitales de l'agglomération urba ine ; il sait rcr.onnattre 1'importance de la fonction commerciale ; ma is i l 1'isolera et, oMissant à la leçon des [aiLs, il saura distinguer l'agora iMu&tpr.t et l'ogora ci'la.r-.-;.06; ian• Gu ,.0 Tl:fl6v, ci).M "P~' Cc.>~v ClG-rotpxoç. 4. L'exemple le plus clllèbre u t celui d' l llppooamos ~· Milet, ; et. A. oeta tto,
FONCTIONS OJ;; L'ACORA. DANS LA CITÉ CLA.SSIQUE
30i
da ns le groupement urbain : un haut lieu sera rése1-vé aux écü fiees cultuels ; là, les magistrats prendront leurs repas en commun ; - a u p ied et tout à proximité, s'étendra l' agora politiq ue qu 'Aristote conçoit su r le modèle de l'agora l).E:uO~po: des T hessaliens. Elle sera libre de toute marchandise, réser vée à la seule classe des citoyens, in terdite à tout artisan et agricu lt eur à moins qu' il ne soit convoqué par les magistrats 1 ; lieu d'agrément où les hommes d'âge trou veront. des emplacements paisibles pour leurs réunions; on doit l ui assurer le calme et le silence ; - en fin, loin de là, bien isolée, sur u n emplacement d'accès fa cile aussi bien pou r ceux q ui v iennent de la mer que de l'intérieur sera aménagée une autre agora, le marché, réservée aux échanges; agoranomes et astynomes y a uront leurs bureaux~. Ains i, tout en conservant à l'agora son rôle politique, Aristote évil:.e le danger d 'invasion par l'&yopc.:î:oç oxÀo " fécondes, surt.oul en Gr11 nde Grèce el Sic llo. d œ .-.... ,.,. • · cL aux voHu oménugemcn l.l; du tv• eL d e l'époque hel· lénisliquo.
312
1
L AC0RA D!w.>v >«
Jt6À.csaol i'Rllde, en 365 av. J •.C., •brd., V I l, 4, 14. 4. Combats peu déciSifs de 43& el 433 nv. J.·C., Thuc., 1, 1&·61>. &. La luogueur llaJe de colle s loa ati.OIDL 96 tnèlres ; l e>~ murs repo>•ienl
•
par un la rge passage, s'élevait une au t re stoa dont le plan n 'est pas exactement défini ; s'il fau t lui a ttribuer le mur qui lui est parallèle, plus nu Sud, on est en presence du plan de la sloa des Corcyreens, telle q ue nous la décrit Pausanias, avec un mur médian séparant. l'édifice en d eux part.ies; mais ceu.e appa rtenance reste é(JUivoqur da ns les rnpports de fouille 1 • Au :'\ord , l'esplanade éla iL limit.ée par un édifice de p lan analogue à celui du Léonidaion d 'Olym pie et. qu'on ident.ifie avec bea ucoup de vraisembla nce comme l'H ellanodikaion , l'hôtel des Hcllanodices. I.Snlre ces grandes constructions, le long des ru es, sans ordre, se groupaient autels et naoi, consacrés à divers dieux et héros de la cité. La plupart r emon tent à l'époq ue de ln tra nsfor mation de la bourgade campagnarde en ville, lors du synllcismc de 471-470 av. J .-C., tels le mnema d 'Oxylos dont la slrucluro légèt-c laissait peu d 'espoir d e t•etrouv cr quelques t races eL lo petit temple G, daté, par la forme de ses cram pons en do uble r cL le sty le de sa sima, d e la première moitié du v c siècle. En a nn exe de l'agora, Pausanias m en lionne un soncLuai rc archaïq ue dont le péristyle est à moiLié ruiné el le Lemple d'AphrodiLc dont on aurait peutêtre les vestiges dans le gr·ou pc dn constructions r·etrouvées a u Sud des sloai (VI, 24, 4 ). Dans lou!. cet ensemble, a ucun principe de groupement, a ucune unité dans la composit ion, les éléments de la su perstructure manquen t pour juger d u style. L'orienluLion [ut imposée par les ru es q ui se croisaient sur la t errasse eL l'on ne d écèle même pas l'idée d'une p lace neU.emenl délimitée, aux ron l ours définis ; elle s'aUonge et s'étire sur les bords des rues qu i, loin de servir de trai t d 'union, accentuent. la dispersion en créant des coupures net tes entre les édifices que plus rie n ne réunit. sur d'épawu tondalloDS (1 m. &0); ln da~ a pprximallve (2• moitié du v• s.) oeroûl fondée &ur la torm& d es leellem•nu (double T ) el •ur le style des anl&flxtjj el des 1armleM!, avec routUIIres l~onlne.. tn l8re cui~ pein~, Paus., VI, 24, 2 ; Philool raLos, Vll. llpoii.,V1, 6, p. 2 10, 29 ; Jahruh., XVI , 1913, Belbl., p. 145 Aq , plan fig. 38 ol 40. 1. l, es iot .,rllludcs de~ roullleure nppara tl!enl dans leun plans. Tril&eh, JalJruh., XXV II, 1931, p. 68, lit:. 77, nMoele les deux édifices el en tail la •loa des Coreyr~n~ eontorrne Il Jo d06Crlptlon de l'aueanias; O. Wal~r ne semble pas sc rolll~r b celt.c so1ullon, pro~osé& comme une hypot.Mse dan• Johre~~h., X"V I II, 19 15, Delbl., p. 64 ; lieo pions r6ecnta, 0/ymp. Rundschau, 15, 1941, p. 1 l, llg. 2, ~l IJur~~ pérlodi!JUCS de rouilles, e f. Ht~peria, VI, 1937, p . 1 e~ 4 sq.; Supp/. IV, 19· l40. 5. Sur l'hisloiru do co sanctuaire ct dBS temples, •bid., p. 8-14, 7?·107, él ude qui lnllrme toutes les hypothèses de Doerpleld, A/1-Aihtn und uine Agora, 1, p. 59 sqq.; Il, p. I sqq.
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L'AGORA DANS LA CITÉ GRECQUE
dans la première moil-ié du siècle, lut abandonnée aux: instal lations profanes, expulsées plus tard par la construction de la St.oa Basileios, d es ch apelles d'Apollon, de Zeus el d'Athéna'. De l 'autre côté de la rue , l'aut el des Douze DielL'< continua it sans doute à marquer le cent.re de la cil6 ; q uelques au tres brisaient la m onot.onie de cette vaste esplanade où la fou le des Athéniens ne cessait cependant d'affluer• I l est très remarqua ble q ue ce fut au tou r d'une agora à rirmi ruinée, da ns des ~dilices noircis par les incendies, dont les façad es 6taient ra petassées hâtivement, que sc reconstitua la démocratie athénien ne, que sc livrèrent les luttes politiques les plus vives. que le Démos prit conscie nce de sa puissance et. ro nçut les plus vostes réformes et les plus a udacie ux projets. La volont é d e puissance et. les nécessités impériules l'emportèrent sur les préoccupations int~ricut·es, ca t· clics dict.èrent le programme de reconstruction de l'acropole et. lui donnèrent le pas sur l'embellissement. d u cent re politique de la cité. O n se cont ent.ail d'installations de (ort.une, de gradins ta illés il mème le roc 3 , de ba raq uements en planches amimugôs sur 1'orchestra •. Nous se rions cependant très inj ustes à l'égard de Cimon St nous passions sous silence les elJorts indéniables qu'il fit. pou r rendre à l'agora, aux moindres frais, sinon une structure organique, du moins un as peeL ordonné et presque accueillaul. Sans faire de Cimon le premier urbaniste a thénien ct. le disciple des architect.cs ioniens, il [aut. reconnattre qu 'tl fut. le premier à poursuivre un plan systématique d 'embellissement de l'agorn 5 ; espr it pra tique ct réalisat eur, il n 'eut pas l'inte n1-ion de transformer l'an tique place publique d'Athèn es sur le modèle de celles q u'il avait pu voir dans ses voyages d'Asie; il restaura d' abord nu mieux les ruin es laissées par l'wvasion 1. H apuia, V 1, 1!!37, p. 14·15, 8S, 86·900 sq. ; Furtwaen~rler, Nlcl#et'IIJ/JI'Iie, p. 66, n. 4. 2. W . Ooerpleld, o..'IJII bvc~J.côCoucnv ci!tO t.l)o(ov. l mpreMion conRrméo po•· le témoignage d'Andocide d ont la demeure paternelle élaîL "" bord de l'agora et toute p•·oche d0 l' Hermès, Sur let Mysl4ru, 6Z. 5. Mu!Liptes sont les hypothèse» p.roposées sur la sltuullon, la dJsposlllon et. te plnn de ceUe stoa, W. Judcich, 1'~p•., p. 73, 336-338. 6. nen.~elgnemcnts dus a l'amabilité de ~1. E. Vanderpool : de nombreux blocs do pooos app·é te.• ehevllles do bronze qui fixaient les tableaux dos décorateurs athéniens. cr. Huperin, x rx, 1950, p. 3Z7 sq. 7. BarpokrnLin, s. v. 'Epfl"'Ï. CI. Ooma51ewski, Silzullgob
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f.'ig. 36 - Agora d'ALhènes. de la Tholos après los translormatlons du u• s. av.
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Il faut attendre la fi n du siècle pou1· que le développemen t monumenta l de l'agora s 'aJTirmc et que ses lignes architecturales se définissent. Une foi s les travaux de l'acropole bien avancés, les Athéniens se tourn en ~ à no uveau vers la région basse. Deux chantiers sont ouverts aux environs d e 430 av. J .-C. ou dan s les ann ées qu i suivent, l'un, à l'Ouest de la salle hypostyle d u v1 e siècle, l'autre, plus au No rd, po ur repr endre possession du terrain a bondonné depuis 480. L'identification de ces deux édifices a fourni la l'tUitière de nombre uses discussions. A l'iden tification de la St.oa Basileios sont. liés plusieurs pro blèmes topographiques qui s'éclairen t ma inten a nt par la Il
320
1
L A00R A l>ANi; 1.A CITÉ Cnl!CQUB
confrontat ion dos textes ct. des données archéologiques. Quand les archéologues américains, au début de leurs trnvaux en 1932, dégagère nt. II'S ruines d'un port.iq ue muni de deux ailes en saillie dans l'ongle N.-0. de l'agor·a, ils les idenlifl èrent. aussit.ôt avec relies de la Sloa Bosilios 1, mais, par la suite, souvent pour défendre des posil ions antérieures, on n comballu ou modifié celte identification. Car la Sloa avait son histoire ava nt de réapparntlrc ii la lumière. Dès 1895, \V. Ooerp[eld croyait avoir retrouvé le célèbre lribuoal de l'orchonte dans le petit édifice qui, au Suri du portiq ue, est généralement appelé lemple d'Apollon Palr6os ~. Malgré les doutes émis par 1\lilclrhoe(e.r et Judeirh 1 , eL conl re les ro uilleurs américains, \V. Doerpreld n mninteuu sa position ; le portique à ni les no serait que le Mb ut d'une impo•ontc colonnade qui bordait le Dipylon 4 • Touws les difficulté, résul tent de la presence rie deux nom rlnns les textes épigropbjq ues et littéraires otl il s'agit t:mlôL de la ci ; Ill eonCueion est mlle dana Jo texte d' llésyebius qui parlo de deux alooi btnlltioi, s.v . ~«o!>-no; cm>i • 3\,b efo, p. 470-4ï5; Suppl. IV, 19~0. 6. Jlupulo, V, 1936, p. 6 sq.; X I X, 191>0, p. :12·3 1. 7. lf< long, W. B. Oirumror, ibid., p. 383-384, 8. JiypoUlèsoa résum~o• dans Judoloh, Top'., p . :141 , n. 2 ; C, A.ntl, Ttalri Gr~ci arroie~, p, 197 sq.
L'AGORA DU
ve
SIÈCLE E N GRÈCE CONTIN ENTALE
323
C'est une première erreur de la chercher hors de l'agora ; les textes sont formels : 7tpûhov èx/,~fl'YJ èv tii &.yop~'· Emplacement primitif et rudimentaire des· fêtes religieuses et, en particulier, des grandes Dionysies avant qu'elles fussent transférées dans le sanctuaire de Dionysos 2 , l'orchestra fut le premier théâtre d'Athènes, d'apparence bien grossière certes, avec ses constructions légères en bois qui subsistèrent un temps dans le nouveau sanctuaire 3 . Quand l'Odéon fut découvert et identifié, on crut qu 'il occupait la place de l'ancienne orchestra et, bien que la région n'ait pas encore été dégagée, des sondages furent effectués pour vérifier cette hypothèse . Ils restèrent sans résultat 4 • Qu'aurait-on pu découvrir d'ailleurs ? Cette esplanade ne pouvait guère laisser de traces. Seul le témoignage des textes peut être invoqué. L'orchestra était, à l'époque classique, le lieu où se dressaient les sta tues des Tyrannoctones , Harmodios et Aristogiton 5 . Or, dans la description de Pausanias, ils prennent place entre une statue de Pindare et l'Odéon (1, 8, 5). Suivons le périégète. Il est près du temple d'Arès et mentionne les statues qui l'entourent : H éraclès, Apollon ... et Pindare. Il continue : « Non loin se dressent Harmodios et Aristogiton » et passe ensuite à l'Odéon . Les lim ites des recherches se rest reignent puisque nous connaissons et le temple d'Arès et l'Odéon. Un texte d'Arrien nous maintient dans la même région 6 en plaçant les illustres meurtriers là où une route commence à monter vers l'acropole, à peu près en face du Métrôon et non loin des Heudanémons ; cette route est connue ; elle traverse l'agora duN .-0 . au S.-E. Dans cet espace restreint, la description de Pausanias permet encore de pré1. P)lOlius, s.v. opx~cr<pa:. 2. Ibid., s.v. (xp~a:, 326
L'AGORA DANS LA CITÉ GRECQUE
gnant cette opération ne laissent pas de doute 1 . Il ne faut pas chercher des emplacements différents pour chacun de ces tribunaux, ni distinguer entre constructions permanentes et installations provisoires : le périschoinisma est un endroit précis de l'agora où siégeaient, dans une installation de fortune, divers tribunaux qui tous avaient quelque rapport avec la Stoa Basileios. Il est possible de le localiser. On l'a cherché sur les pentes Nord de l'Aréopage, situation, disait-on 2 , imposée par les nécessités pratiques d'une assemblée ; car C. Robert 3 , avec plus de raison, établissait un rapport étroit entre le périschoinisma et la Stoa Basileios et les plaçait à proximité l'un de l'autre. Ici encore suivons les textes. Pausanias (I, 8, 4) situe le temple d'Arès par rapport à une statue de DémosLhène et un texte de P lutarque• précise que cette statue était. près de l'autel des Douze Dieux et du périschoinisma. Le temple d'Arès, l 'autel des Douze Dieux sont des points aujourd'hui connus et le périschoinisma se place· tout à côté. Évidemment, on peut encore là, comme pou1· celle de Pindare, parler de deux sta tues de Démosthène. Il nous semble cependant qu'on ne saurait récuser les témoignages concordants de ces divers textes . J udeich se refusait bien à placer cette statue de Démosthène près de la Stoa Basileios, car il niait tout rapport entrf\ ce portique et le périschoinisma. Or le portique est englobé dans l'enceinte provisoire ainsi déterminée 5 . Du même coup s'établissent ses rapports avec l'or·cheslra. Les deux places sont comprises entre l'autel des Douze Dieux, la Stoa Basileios et les environs immédiats du temple d'Arès; toutes deux sont dans la dépendance du Portique Royal ; réservées, l'une aux cérémonies religieuses, l'autre aux sessions judiciaires, n'ont-elles pas leur origine commune dans l'aire sacrée de l'agora archaïque où se tenaient successivement assemblées religieuses et assemblées politiques ? Les termes 1. Kahrslcdt, Arch. Anz., 1941, col. 97-98; Philocboros, FHG, 1, p. 306, frg. 79 b. C'est pourquoi il y a quelque difficulté à accepter l'hypothèse de M. Crosby qui propose de l'identifier avec le téménos des Douze Dieux, Hesperia,
Sup,,l. VII I, 1949, p. 84-86. 2. Judeich, Top., p. 351. 3. C. Robert, Paus. ais Schrif/$1., p. 313. 4. Plutarque, Vil.X Or ., 847 A. 5. Judcich, Top •., p. 349, n. 2; Démosthène, XXV, 23.
L'AGORA DU ye SIÈCLE EN GRÈCE CONTINENTALE
327
désigneraient alors plutôt deux aspects différents d'une même place que deux installations distinctes . Quoi qu'il en soit, nous n'avons pas, à dessein, considéré la Stoa Basileios comme un repère fixe dans les considérations précédentes. Mais le simple rapprochement de ces textes a pour conséquence directe, nous sembl~-t-il, de confirmer l'identification de la Stoa Basileios avec les fondations du portique à ailes que les fouilles américaines ont mises au jour. Les divers recoupements que nous avons pu établir font de l'autel des Douze Dieux, du temple d'Arès, de la Stoa Basileios les parties d'un ensemble constamment associées. L'orchestra et le périschoinisma constituent un autre élément d'union entre ces divers édifices. Nous avons, en outre, de fortes présomptions d'identifier avec l'autel de Zeus Agoraios la ((pierre» où venaient prêter serment les archontes à leur entrée en charge, les diaitètes, lors des arbitrages, et les témoins par è~w(.Locri.oc . Cette obligation fut imposée par Solon dans la première moitié du vie siècle et la tradition se continua 1 • Les textes s'accordent à placer cette pierre 1rpèç BoccrLki.cp cr't'oiV L'assimilation proposée par Wachsmuth fut repoussée par Judeich 3 qui liait, avec raison, l'autel de Zeus Agoraios au périschoinisma, mais cherchait, à tort, ce lieu de réunion au Sud de l'agora, donc loin de la Stoa Basileios. Or les nouvelles fouilles permettent, au contraire, d'associer tout cet ensemble. Que cet autel soit consacré à Zeus et qu'il se trouve dans l'angle N.-0. de l'agora, il y a tout lieu de le supposer, comme le prouvent tous les cultes civiques de Zeus attestés dans cette région : Zeus Eleuthérios ou Sôter, Zeus Phralrios avec Athéna Phratria4. Dans l'arrangement qu'imposait la construction de la Stoa Basileios, les liens religieux sont maintenus. C'est ainsi que la base circulaire qui supportait le Zeus Eleulhérios, selon H. A. Thompson 5 , a été comprise dans le plan de la Stoa, car son centre est exactement sur l'axe E.-0. du portique, déter-
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1. Aristote, Consl. Alli., VII, l, et LV, 5. 2. Aristote, ibid.; Plutarque, Solon, 25 ; Pollux, VIII, 86. 3. Wachsmuth, Stad/ Alhen, 1, p. 352; Judeich, Top•., p. 335, n. 4. 4. Arch. Deltion, 1929, p. 92 sq. ; le même Zeus semble avoir été appelé tantôt Sôter, tantôt Éleuthérios; cf. supra, p. 184; Hesperia, VI, 1937, p. 106107, fig . 65. 5. Hesperia, VI, 1937, p. 57-58. tt - t
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L',\CORA DANS I.A CITÊ CRECQUJ::
mina t ion précise qui n'est pas due au hasa rd. Les moùil1cations apportées à l'aul.cl archaïq ue sont sn ns doul.o cont.emporaines du portique•. C'est là que nous proposerion de voi r l'autel d e Zeus A goraios ; à travers des vicissitud es diverses, il continuait à jouer 1!! même rùle el ma rquait l'emplacement des plu" anciennrs assemblées politique et judiciaires tenue, sur l'agora d'Al.hènes. L'amônngement de ceLle r~ gion êlaiL dirigé pt~r un plan d'ensemble dont le motif cenlral était constituf> par la colonnade de la too. Le pa rti choisi par l'nrc·hit.ccLc, inspiré snns at•cun doul.c par les réalisations conlempora ines, au théâlre cl uux Propylées, limitait heureusement l'esplanade ver;; le i"\ord par un portique de r ythmtl dorique, aux lignes cl aux proportions particulièrement. heureuses, lout imprégn~ de la nellclé et de la précision classiqu e~ qui 11 va1en t présidé à la rêalisnlion des programmes d'Iclinos el. de l\lnésiclès sur l'Acl'opole. Vers la même époque, plus au S., le roc du Colonos Agornios Hoil enL:~illé pour per mettre l'implantation d 'un édifice rccLangul:~ire (22 m. 50 x l 7 m. 50), orienté .-S. rians son grand axe. dolé d'un portique sur la raçMie méridionale et. organisé intérieurement en trois ners ovec quatre r.olon nes groupées deux il deux 2• Nouveau Borllculérion ou temple de la Dùsse Mère? Problème qui rut. l'objet. d ' une vive conlrovcrsc dont il est. plus rar ile d '6Lublir le bilan que rlr propo~cr une solution indiscut.ablc. En publiant l'édiOce, H. A. Thompson •y reconnaissait un Bouleulérion, conslruil dans la deu.xième moitié du ve siècle, à côl(; de La suite cliaLhénienne qui aura it été exclu~ivemenl réservée au culte de la Déesse 1. Ln date n'os~ pas aisée ~ déterminer. le~ malérlaux employlls sont le
conglomérat ct le murbre do l' llymeuc, cc dont Il . A. Thomp30n Lire 91'1:UiliCIIl pour ptactr la reeonslrucUon au,... s. Mals le marbre de l'llymettc est employé dès le v• •· dans lB Pompeion de Conon, dans un canal du lheâlre de Dlonyso• (Il. B ulle, /JIIttrsutiL , p. 55 > f.L')Tp4q> r.Œ~ .'I)Olov ·nùv rtt'lt.x>'.oalv x::W>u~v ~ou).tu-rljçwv (3, 5) - -. 'l'oü ~oui.w "'JP(OV . - - x)J;ol'W eô).ot; èo~ Y.1ÀO:l!'-"n) (5, 1).
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333
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>;:iiç d;ç CÙ>«.emple du Pir~c. de Mil el et des cités hell6nloUques {infrn p. 6~ sq .J semble bien prouver, conl.re l'int.erftr6lallon de P. W ullleumier, o. c., p. 'U4, qu'il ~>'ogll de marehl!s dlsUuct.s. :Vl, 1932, p. 205·206, pour les t.a.xtes les plus anciens du moins. Certains apparLiennen~ en elleL à une série un peu plus rêcen te. 2. I G, l', 887 a et b dont l'une trouvée in situ, derrière l'église d'Hnghlos Nicolao•. S. !bir!., 893, 894, 958 (?). Une di~Sl:usslon s'est 61evée sur l'lnt.orprétalion de lt<m> dans 893 : ltxp• "silées par le développement du port et d e la cit é. Une deuxième ph ase de travaux comporte l'nmêoagement de ces zones et la conslrucLiuu des édifices prévus, phase q ui durait de longues onnéf>.s, comme nous allons le voir . CeLLe réal isation du p lan pa r étapes, telle que nous pouvons la déceler dans la d iversité d es bornes, e>.." Pliquerait les va riations de d étail qui interviennent à l'intérieur d'un quartier; les gra ndes lignes une {ois fixées, l'orientation particulière des rues ou nes édifices peut s'infléchir ou varitH' suiva nt, des règles p ropres à un quartier, sans que pour cela l'existence d'un trneé général pût, êt.re mise en doul.c. Hirschfeld et 1\-Iilchhoerer onl été trop systématiques dans leur reconstru ction, mais par nilleurs le scepticisme de P. L avedan paratl lui aussi excessif. L'esprit grec, en urban isme comme dnns les autres domaines de l'orchileclu re, ava it assez de sou plesse pou r évoluer 1i l'aiStJ, dans ses réalisal ions de déliHL, à l' intérieur d'un traré dont les grandes lignes seules avaien t été très n etteml\nt fixées. D'ailleurs la natu re même de cet,te opération est sng1,~ré9 pal' les term es qui sol· virent à la désigner dans les LeJCLes li tléraircs ou épigraphiqu es VI:VtJJ.'r)TO'.\ ', 'lmto8r/.ftOU VfJJ.'rj!1\Ç OU lC7.TIX">:tfLVt.l 0 • JI S'agit dans les deux cas d'un découpage d e zones sur le Lerrain et d ' un partage, d'u ne répa rtition de ces zones entre les d ivers organismes, privés ou publics, essenLicls à la constitu t ion et au fonctionn ement de la cite•. Cel aspect des t ravau.x, ainsi réalisés par t ranches, loin d'élimi ner ou réduire le rOi c d' Hippodamos, permet au contraire de le confirmer et de le préciser; le Mi l6sien appliqua a u Piréo très e..xacLemen L la méthode
1. lG., l', 803. ~-
13ek.ker, Anu. Gr., 1, 20G, comme Arlsl.ol.e, Polilique, 11 , 6. S. Slln.s que l'on puisse y ret.t-c>uvcr la division tMorfqu&, recomm:lDdée par JltppodamOil, d'opnls Ari•t.ote., du territoire urbain en 3 sccteun : publie (8wOO..Ov}, &aerO (l•p6v) et priv6 {rli\ovl; P. Lavednn, o. c., p. 135-136, ~ jus· lement eriUqué l'hypothèse formulée ô ~su tel par Hir8Chfeld.
LES INNOVATIONS D'llll>POOA ~IOS OE MI LET
361
qui rut celle de ses concitoyens rians la reconslrucl-ion de sa cité d'origine. En eiTel., l'histoire urbaine de Milet présente des analogies fruppunLes avec celle du Pirée qui, croyons-nous, méritent d'être mises plus en évidence qu'on ne l'a fait jusqu'à présent. _ L'histoire archil,ecl.ura le de Milet ne commence, à vrat dire, qu'après sa destr·uet ion il peu près complète pur les Perses en 494 qui on l to ut abattu, maisons el temples, et ont déporté les hubilunts 1• De lu ville prépersique, nous avons une vision très fragmentaire, car les vestiges n 'en a pparaissen t qu'en trois points ; au Delphinion, dans la région du temple d'Athéna el sur la colline de Kalabaktépè où un hndis que M. Meyer croiL que le plan o suivi de peu la llbêroLion, mais celle-ci n'a pèut-iltre eu lieu qu'en 466, RE, B- v. MileiO$, XV, col. 1633 sq_
362
L'A GO RA DANS LA CITÉ GRECQUE
men ts que les réalisations posléricurcs 1 ? Aucun vestige n'a Hé trouvé q ui fùt en con tradiction a vec l'or ientation génér ale du plan, mais il est des pcLites variations qui laissent su pposer un processus identique ù celui que nous avons déce lé au Pirée ; i:l l'examen, les Lrois quarLiel'$ principaux sc révèlent légèrement, flésaxés les tms par rappo rt a ux nulres : déviation assez cnsiblc de la direction des rues d ans les deux qu artiers N.-0. 11L N.-E. et unité mal réalisée par la région de la grande ugora Sud'· Ces a nomalies s'expliquen t aisément, si, comme au Pirée, une di,;sion générale du site fut d'a bord exécutée qui fixa les limites des principaux quartiers et déLe•·mino les t errains réservés à l'ÉtaL et. a ux constructions publiq ues, a u cœur même rlc la péninsule. Ensuit e, penrl a nt deux ou trois siècles, les édiûces fur ent. const.ruits dans chaque quart.ier suivant une perspective limitée il. cc q uartier. Il est cerlain que les a rchitectes du ve siècle n'av:uent pas prévu d ans le délai) le plan n i la structu re des grandes agorai Sud et Nord ; ils n 'en avaient que réscn ·é la place d ans les découpages du terrai n ct fix é l'orientation générale. Le Delph inion luimême, ancien sanct.uaire cert.cs et Lieu de cul te p répersique à n 'en pas douler 3 , se trouvait d 'abord da ns un quartier e..xcenlrique et su conslcuction [ut cornmeucée bien avan t, celle des édi fiees voisins ; cependan t, il s'intégra aiséml'nL da ns l'ensemble du plan, car ses limites enrerma ienl:. de ux insulae rom prises ent re quatre rues du damier ; les contours extérieurs de l'agora Curent l racés eux aussi de façon à réserver la surface de seize insulacj plus tard , dans la mise en place des portiques, 1m léger décalage s'est, prod uit vers le Sud pour respccLer la largeur d'u ne transversale venue de l'Ouest• ; ce dernier détail prouve bien quo des a ccommodements étaient. pris avec le plan généra l quand il s'agissait d 'intégrer aux grandes lignes de ce cadre des cons1. Ml/el, Ill, p.7 aq.; W.Ai y, f([i~, X l, 191 1, p. l sq. 2. Coroct.êru bien mis en évidence pur ~1 . Mey.,r, RB, XV, col. 1633·1636,
contre A. von C~rl
&:yop&, q>Époucra~ o' wcrw e:tç a&t-~v 6oot
opflo:t 7tp0aus. De8ortp . of Gruce, IV, p. 212, ct critiquée par C. Robert, J>aus. al& Schrifl•l., p. 1!11-193.
3S2
L'AGORA DANS LA CITÉ GRECQUE
les vieux pr incipes d'Élis et d'Athènes restent en vigueu r ; il fallu t attendre l'ép oq ue roma ine ct; les donat.ions de t·iches particuliers pour réaliser un plan régulier. Le t émoignage de P ausanias sur la fondation de Messène et ses rites nous fait regretter plus encore l'insuffisance de nos conn aissances su r la v ille et son agora '· D'après ce texte, Épaminondas, en redonnan t. v ie à l'ancienne Messène abattue depuis des siècles par les Lacédémoniens, semble s'être conformé aux traditions no uvelles; il éLait enlouré de S]JécialisLes habiles à Lt·acer le réseau des ru es eL à dérouler le long ruban de l'enceinte. De la ville même ct de ce plan, nous ne savons rien ; de l'agora, seuls les édifices dtl cô té Est ont été d égagés, mais incomplètement publiés•. Notre recher che ne peut donc rien demandet· à ce siLe qui garde encor e son mystère. Au con t raire, à Mégalopolis, autre rondat,ion d 'É paminolJdas, si le tracé de la v ille ct son réseau de rues restent incon nus, nous apercevons mieux les principes qui diclèren t l'aménagemen t de l'agora. Dans l'esprit de son fondat-eur, Mégalopolis devait jouer un double rôle, ca.pitale fédéral e en méme temps que place forte dressée contre Spar te 3 . L'étend ue de l'encei nl:.e, co mme à 1\'lessène, per mettai t d'enfermer de larges su rfa ces non Mties eL les fouilles n'ont pu préciser les q uart.iers d'habi tation. Nous connaissons les deu..x grands centres de vie publique, les édi fiees fédérau..x sur la rive gauche de l'llélisson et, en face, sur la rive droite, l'agora de la v ille avec ses cultes el ses édifices « mun icipa ux •· Il esl probable q ue l'habiLat s'organis~tit a ut our de ces deux quartiers, largemen t étendu su r les molles ondulations qui domin ent la st.oa de Phi lippe ; sur l'un des poinls cu !minan ts,
1. Pous., 1v. 21. 5 : - - - oT-. 'Ti;r,VI) O'Tt'Xll1tOÙÇ xa-ra.nl~"ofl"" l édifices, a ussi mal fixéM f'~uleur rf~ 1~ JIUblicalion. ~. Les Chapiteaux doriques !lê è~ hnll d'a..emhlêe lont Clillicnllè. Ln première date proposêe par l'auteur, On ,., s., avait o\tè légitimement eonw~t.ee par R. Vallois, REG, 1936, p. 149 ; la eriUque ne rut pas aeceplke 1••r r>. Robinson, Otunlllu8, Xli, p. 93. qui ne peut évidemment aLiribuer une d9 Le au~si haute 0 tout l'édince. L'e.xistence de tambours ~ 16 ~nnelnres â côlé do
tambours classiques à 20 connelures et la variation des entreeolonnements (les 3 enLraxes du N. ont 2 m. 60 ct les 3 du S. 2 m. 12) eonnrmentl'hypnLhè"'! de mal.ériaux emprunl.és à des édifices plus anciens.
388
L' ... COJU DA;(S !..-. CITÉ GRECQUE
contre celle hypoth ~sc r.n faveu r d'un te rrain de manœuvre&. Une agora, diL l'auteur, comporte d'au tres constructions, temple,, aulels, elc ... ct le sol n'est pas nivelé, ni pavé. Mais
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f'l!l. ~ 1. - Agora de Tbasos.
l'exemple dCli vasles places de )!ilet, de l'agora du Pirée dont. le sol ne fu L a plani qu'au me siècle', montre que les travaux d'a ménagement de ces emplacements réservés étaient. de longue durée. L'auteur rr.con natt que l' iden ti fica~ion de la 1. Formu16! tlejà dnni Otynthu•. V 111, 1•- ~ 1. rcprî$ el développéS dans X li, p. 8 1 aq. ; or. déJIIIea réierves de Thn m p~n. AJ ri. 1.1, 1947, 334-335~- Cl.lc d6erol dM ù~•nol~ du l'lr+r Aur l'amllnngamenl de l'agora, J G, Il •, 380.
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FOn\I~TI ON Dll L ',\CORA IONIE:"'NE
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un ed ifice réservé aux bureau."', a ux él.als de venle, eL, à Th asos en p articulier où la sloa . . -0. ~!tait elle a u si fermée à chaque extrémitë. Toutes les d ispositions, en réalité, répon dent. a ux caract.éres de la nouvelle agora ioni enne. Les fou illl's cxh a u~t i vcs rl e l'agora de Tba"WS2 révèlen t qtt'nu 1ve sir.;·le drs l m nsforma lions lrès impor tant es mod ifien t. l'as pect. pr imit if de la place. Dùs le v1e s., da te à laq uelle remonlenl les premières co nstructions dont. les ves tige subsist ent. dans la moili6 orientale de l'aulè, une agora ful insln llée entre le port. et. le Pryta née; le disposiW n 'en a ppa ra1t pas encore cla iremcnt, mais il semble q ue les édiflccs (édi flee ù oi/(oi , r nnsLr uction repérée so us l'édifi ce à par as k ê nin , fo n d nt.inns r. n po ly go nal ~;ou s le bàtiment en p01·os) nienl, Hl'\ dis posés lo luug d'une r ue qui co nduisa it d u pori. vers l'A~: ropol e ou passant, dans la région du Prytanée. Les lignes gérH'll'a les de cet.. a rra ngement évoquen t l'agorn a rchaïq ue d ' Athènes. Au début du 1ve siècle sans doul.e 3, un plan en tièrement nouvem1, a ux vasl es persp eclives, fut t.racC: sur le t errai n (fig. 44). L'nr:,rot·u devieol, uue " rand e place, at.teig na nt. 100 mi'l rrs 1lc long eL 80 du large, a ussi régu lière que le pcrml'l lnil l'ol'cu paliou dt'jà den;e de la région. Les a ncicn ncs rn nsl nu· Lio ns so uL araslies et on jet te les 1Htge!; n 'un cnsc mhlr a rchiLectura l conforme a ux idées nou,·elles. Ici comme ailleurs, o n commence pa r fixer les limites, mais la réalisalion est projlressive ; elle ne sera a chevée qu'à l'époque roma ine, elle est co nti nue ; en r fTrl, si la strntigr apltie permet 1. Ali. P tr!JOnlOit, x, n .. ltdl. ,\Ntnolt, 1937, pl. 3~-3:;, 3r-.u , idenlillcAtiOn prouvée par les lroU\'0 111~~ de dépôts d'or mes, malo Il n'y :t rien de tel il Otynthe. 'l. Pvur le dflnrl tte l'agora dt' Tho-=o.z, noull nou:r. peruletton~ tle renvo~·er le lecleur à notre ~l ooot. 'Jill dflll poMlllro proch~incmenl dan< les Èludd lha llennt•· 3. tl. uuo da le qu'Il t~l rnwre dtfficlle de préci•er, m:.is plus naisemblabJ()o m onl loul au Mbul t1oo •lèclo; une d ts premièceij cons agorai, des sanct.u:~i res et. des cent res admioisLroti!s. A MilcL, on en fixa l'empl:~cement nu cœu r du grourcmeot urbai n; elles occu pèrenL n ne situntion intermédiaire enlre les de ux grands quartier~ d u Nord el. du Sud t:l. s'articulèrent aulour de la colline du lhèât.re et de la Baie des Lion (fig. 0 mètres de large environ. L'agora marchande de Jll ilct. était enfin achevée, par ét.apes, sans plan prévu à l'avance sur un p rogramme déterminé; 1. Le meme lait explique sant iunl rac~ ~~ eonslilunient le seul ornemenl avant la xnvi; a~i du rv• s. '.!.. En loll, le plus ancien êtllflo;e c.l la con~truct•on en gneiss el poros mplacenumL de celLe stoa doit être ind iqué à la commission du roi par un archi tecte dêsi~nê par la ville•. Les débuts de la grande a gora de Milet rappellent donc t•·ès ex:uctement. ceux des agorai d e C r·~ce conLinenLale Lels que nous les avo ns devi nés à Mégalopolis, à Olynthe, à Corint.he, à Thasos. Le pla n en fer 11 cheval ne l"e\ioit un commencement d'exécution qu'après la construction de la stoa d'Antiocho" lorsque fut élevé Je portique coudé du N .-0. ; ses carnrtères orchilecl ura ux lui ron l prendre p lace en t re cette s i ou et le Houleulérion, à la .fln d u me siècle sans d oule. li ne fuL pas dolé d e chambres ni de magasins ; il n e repondait donc pas à une nécessité pratique. Comme l'n remarqué A. von Ge rkan', . la composition archilr cturale d e l'agora d o Milet présentait une parliruln ril é nota ble ; la st.oa d 'AnLiochos occupe le cOt é réservé, da ns le type ion ien, au:x édifices odmi nislraLiCs; il csl possible que le Bouleutérion ait é~ !'('jeté à l'extérieur do la place, plus au Nord , par cette fondaLior1 d u Séloucide. L es l\lilésiens conserv èrent cependant leur grande agora en dehors des lransaclions commerciales et. des échanges, puisqu'ils disposaient des marché., N. et. O.; ma is elle perdait en même tem ps son rôlo politique essent.iel qui se rn t ransféré à la place voisi ne, do minée par la masse imposnnle d u Bouleulérion. CeLle inlracLion a u dispositif norm al semble b ien prouver que la réal isat.ion de ces compositions ar chileclura les n'élail pas st rictement. prévue dl!s le tracé de la place, ma is dépendait, pour une lorge part, d ' inspirations tempol'nircs el locales. Le placement des sloai est fonction d u t racé des rues qui resle la dominanLe du pla n ; on nol.cra simplement. la preoccupation cl'assun:r une circula t ion Cacile en lai;sa nt. des passages 1. Hau55oulllcr. L 'h11l. de Mild el du Didymeion, p. 34 sq . Cl. ~1. ll oll~aux, IIBG, XIV, 1001, p. 96. repris el mi• a Jour dans Stullr1 d'l pigrophit tl d 'ltililoi~ gr..,qurl. Ill, p. Ill . Il serait Ltnlnnt de reeonnollru dans ce per;onnage l'oreltitecle de la vOle ehurg\i de fair& r rspoeLer le plon d'urbani.!me, mois la longueur de ln lacune somblo Imposer la rosll~ution «lp·l)]f.lt(yoç; il n'y ~urail pM de ploee, d'après Hauisounier, pour b lipxc..ll .
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L'/\GORII. IJ/\NS LI\ CITH GRECQOB
présence d'u n plo n préconçu, dessiné eLpensé avan t qu'aucune construclion n' nit él é mise en cha nt.icr. Notons d'abord que les liens religieux qui avuicu l at.lire l'agora à proxi mité du sa nctuaire pri ncipal de la cité ne jouèrent qu'un rôle minime dans la co nception d u plan ; son orientatio n ne fut nullement. imposée p ar celle du sa nctuaire préexistant.; la p lace fut intégrée, comme il 1\lilet cL il Priène, da ns le réseau régulier des rues r l prit ninsi une position obhque par rapport a ux nxes de ln composiLiou a nlérieure. Cet exemple de Magnésie esL précieux, car il nous révèle la force d'un principe Coudamental de l'urbanisme ionien qui donne la primauté ou système des ru es ; dans le conflit qui opposait ici l'orientation des constru ctions religieuses et la régularité du p lan orthogonal, la première fut sacrifi ée. L'::~go1·a occnpe la su rfa ce de sLx 1\oLs identiques à ceux qui ont été reco nnus au Sud ( fig. G4-55) ; le mur de fond du port iqun Ouest. lo rnbail dans l'alignement. du bloc mérid ional et bordait une ave nu e N.-S.; à l'E st., les limites éta ient fixées par le Ulménos d 'Ar~émi s; les exlrémi tès des por~iques orienlaux el occidentaux s'arrêt.,è rent su r les bords de l'axe E.-0. q ui assu rait. la ci rculnt.ion cnLre l'aulè ell'ex~érieur. L'agora de 1\'l ogntsir r{lVèlll les mêmes principes d e co mposition quo rr llc de l'riùne ; la vast.e place, au.x p ro portions con~id érn hlcs 1 , élait enfermée dans un ensemble de sloai associées en [er à cheval, ouvert. au Sud. Au delà de cette ru a, la perspecli ve était li mitée pa r une stoa rect.il igne servant., comme celle d'Orophernes à Priène, de vesti bu le à des édifices sacrés ou a dminislr11tifs; '' l'ungle S.-O., on a ide ntifié avec v raisemblance u n prylunéc 1 • Cet ensemble débordait les limites primilivrmc nL ft.'< ées à l'agora aux dépens des tro is insulae q ui sc trouvaient. au Sud; la liaison enl.re l'aulè el. les rues inl.rrrompues par la colonnade élait. assu rée par deu x communicat.ions percées dans le mur de rond ; tout se passe comme si ces conslru ctions élaienL posLérieures au lracé de 1. L •aul6 mcsuro, entre le• otylob&tes des porLiques, 188 m. '20 de long Il l' E. eL 188 m. 10 6 l'O.; on la rgeur, 99 m. 10 au N. eL 9a m. 10 au S., c:eUe
dltr6rcneo Lient à l'lmpo••it..ililo d'empitler sur le t.err:ùn do I'Art.émision; l'cnsemlllo do l'aire, y compris lu roruques, mesuralL en longueur 214 m. 80 à I'E. c~ 214 m. GO • l'O., en lnrg~ur, 1'1.5 m. 70 au N. eL 120 m. 90 au S. 2. Don& l'une dei ialles ouvrant ~ur la péristyle lnl.ér!eur de cel êdiOce S6
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409
FORMATION DE L'A GORA IONIEN>"!>
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le premÏt'r tracé, ouu pait uni' ~u rf11 cr co•·rcsponrlonl à huit, ilols' et. réponda it ù la stru cture théoriq ue de l'agora ionie nne : un e sétie d 'érlifl urr'"'' de 8 hint'• mrsuo·e 2;1.GIO m', ' relatives à Ill localisation et au schéma de l'agora 3 • A Druna.s, 1'ago•·a sub it 1'aLtracLion du sancLua ire principal ; elle est. reliée à lui pat· w1e g ra nde avenue qui rappelle le dispositif du Pirée ; sa place est. prévue d a ns le d amier où elle parait occuper la surface de hui t Tlots. connue à Dou•·a •; ce serait une place fermée où l'on déboucherait par des portes monumenta les don t des vestiges on t été retrouvés'. l\lais les tracés cl, les installations macédoniennes ont., la plupart du Lemps, comme à Apamée, à Antioche, dispat·u sous les transro rmations imposées par les a rch itcctes de l'empit·e romain. Ailleurs, comme à Laodicée-sw·-}ler ou à l. J. Sauvoget, Alep, 1911, p. 3 3 sq., pl. Lll.
2. l)e proporUons bien lnrt\ricures Il cel lM de Dour:\ pnr con.•équen t ; l'i11sula d'Alep pnrult sensiblement supérieure A celle de IJurn-Europos : 110 x 52 m. au lieJJ d e 70x 35 env. Cr. les compaMlisons donn~es S VIU\IANTES O U PLAN
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Nous •wons vu co mment, dans les plans élaborés au rve siècle à Priène, à Magnésie, à l\1ilet, les salles d ' assemblée, les b ureaux constituen t dans le cadre même de l'agora une petite • cité a dministrative »,sépa rée de la gra nde p la.ce où la foul e, à chaque heure, s'amasse, circule et s'agite. Pergame, au début du n " siècle, ofJre l'exemple d ' une agora nouvelle où ces prin cipes de base sont ad aptés à un vaste plan d' urbanisme original, assez diffèrent, pour des raisons topograph iques eL poliliques, des créations hellén istiques t m ditionnelles. Table rase a été faite de l'agora ancienne q ui occupait, dès l'époque des dynastes, la première terrasse de l'acropole, en contre-bas de l'autel' ; les fondations l uren t enfouies au cours des tJ·avaux de n ivellement.. Cett e terra sse, longue d'une centaine de mètres, large à l' E st de 63 mètres, se trouv ait réduite au N .-0. par l'esplanade dominante de l'autel de Zeus ; d'autre part, elle était co upée en deux par~i es inégales par la princi pale voie d' accès à l'acropol e (fig. 60-61). Cette situation même compliquait la tâche de l'archi tecte, car il ne pouvait trai ter le pla n de l'agora indépendamment du dessin d'ensemble qui comprenait successivement la terrasse de l'au tel, le san ctuaire d'Athéna, puis au poin t eLtlminant les palais avec leu rs annexes ; ceLLe composition étai t hardiment centrée sur le théâtre dont les longs porticrues ourlaient la b ase de ce monument al éven tail déplié en terrasses 2 • Il s'appuyait, au Sud, sur l 'agora qui fer mait la composition. L'e:xamen du plan d'ensemble mel en valeu r l' habile té du part i choisi. Une grande stoa en [cr à cheval vin t border Les côtés Sud eL Est de la Lerra sse en dessinant un retou r au Nord . L a dénivellation d u terrain imposa une stoa à étages dont le rez-de-chaussée constituait les substructions d 'un j)o rtiquc situé au niveau de la place. Ce port ique p rolongeait les lignes amorcées pa r la grande stoa d u théUre el fermait ainsi vers le Sud le développement de la composition ; La branche Est. du fer à cheval retrouv ait. le mouvement de l'arête orientale de 1. L 'élnl ac lu cl de !"agora a ppartienl à une ml! me 6poque, co.r tous les édiOccs nnLéricu•-s onl Hoi ras.\$, Ail. Pergumon, Ill , 1, p. 93 ~q.; mOrne l'édiOce du N.-0.
est de celle époque, avee trniJiance, Je VO;.L~9~""• a u .. w par le! in.seripUon., l nacbr. l'uoamon, '-' 1Il, 1, 237 eL239; Collignon-PonLrêmoli, PtronmfJ p. 52. ~- Ali. P aqnmon, 1, 2, p. IS1- lll0. 3. IJ'n illeurg un eull.a des Nymphes el d'llermès esl nllest.é su r l'aga~. lnadtr. Pugaman, VIII, 183, pAr une dédlcoee d'un agoranome consac~nl une s l.•lue d'llermês dolie d'une corno d'abondance d'ou l'eau jollliL, Conn, Sil:uno•bu. Btrl. Aknd., 1884, p. 10-1 1 ; Collilfnon·PonLrêmoll, o. c., p. ~5. ~ . E. Ziebnrl.ll. l( ullurblldcr vrfeclr. St(llllen, p. 2
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LllS VAIHANTt:S DIJ PLAN
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sont fid èles à la t.radil ion ionienne, mises a u point et repensées da ns un cadre spécial par l'école de Pergame. Le principe du groupement des édifices identiq ues est rigoureusement appliqué; ici, dnn commises el le sont encore - el. tout récemment les conclusions, tm contestables, de C. AnU, Tealri grcci arr.aici, p. 185 Il(). - parce qu'on ignore la cenlralisaUon progressive do lous l es organ ismes de l'agora. La dispersion lrèa rela tive de l'époque aroho.Tquc, due à la situation de l'ngorn au C..'>rrMour de quelq·ué• grandes rues, oosse oomplèt.emenL avec les conceptions du tv• s. C'est méeonnullru coLto loi gt!nérule en même temps que les efforts rniL, po.r les Athéniens pou r limitel' l'éparpillement de l'agoro. que do repousser encore plus au S. lco limites de la place. La eltuo uon rnGme do lo gronde stoa qui, lt. l'une de ses extrémités, s'harmonise o.vee la stoa d'Atl.&le et, à l'outre, o.bouut à ln borne limit.e de l'agora, rnel on valeur son rblo dans la composition d 'ensembl&. Son plan, a veç double façade à colonnades, maintient un lion cepen<Ja.nl avec la région S. oo, d'apr~ les oxernple~ do Mllel et do Priène, on peul lmo.giner un marché annexe. Mai& la limite do l'agora proprement dite est bien fixée par cette stoo double. Quo nt à la stou Po!kllè, eUe i>tait bien au N. Cr. 1/esperia, XVII, 1948, p. 151, pl. XXXVII 1, 2. l. Sur ce motif Infra, p. 506-{;07. '2., On suit l'extension progressive de l'agora il la série des puits c t des égouts qui, dat\4 celto 1-onc, turent remplis à diverses époques (protocorinlbienne, fln vt•, On v• s ., 2• quart du,,•• s.) AJA, XLJ, 1937, p. 546·547. Sur los cultes funéraires el Mrotques, O. Droneer, lletSperia, XT, l942, p. 1'28·161 el svpra, p. 213 sq. 3. Succession de 3 sloai, au N. du temple sous le mareb.é romain : début v•, On v•, et milieu 1v•, AJA, XXXV, 1931, p. 394·423; êdJOce appelé le • North Building •, datant do lu On du v• s., implAnté sur les Ranes E. do la colline, Art and A rcilato/oyy, X IV, 1922, p. 193 sq. Premier état de la litoa
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LES VARIANTES DU PLAN
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plan définitif fixe les limites de la vaste place qui se développait dans la dépression au S. du temp le, au croise~en_L des routes p rincipales reliant Cori nthe à ses porLs. La hm1to S . -est mttrquée par u ne grande stoa, lon_gue d'envi ron 16_5 n~ètres, avec un portique à double nef, donque en façade, !Omque à l'ioLérieur, précédant u ne double ra ngée de 33 chambres1 . Cette stoa s'élevait, comme celles d 'Athènes, sur u ne terrasse dont le m ur de soutien a été retrouvé à environ 12 m. 20 au N. de la façade' ; elle servait à la fois de thMtron aux spectateurs des courses dont le départ était donné sur l'agora près d u monu ment circulaire voisin au N.-E. et de lieu d'exposition pour de nombreuses statues et. offrandes qu i on t laissé leurs cavités d 'encastrement sur l 'assise supérieure 3 • Ce dis posit if im posera le plan romain de l'agora corinthienne quand elle sera modifi ée à la li n du xer siècle av. J .-C. Suivant la même orientation , une stoa de dimensions moind res vient border la place au N. en s'appuya nt sur le rocher de la colline d u temple. SLoa do uble, elle a ussi, don t la longueur LoLale sur le stylobate mes ure 101 mètres environ ; elle était sans doute pourvue d'un étage•. Les indices chronologiques sont. rares, ma is le st yle de la colonnade ionique présente les caractères de l'ordre connus dans le Péloponnèse à partir du JV 0 s iècle ; bases et chapiteaux peuvent. èLre da t.és de la fin du m e siècle plutôt que du ue5_ Les deux sloai N. et S. doiven t être sensiblement contemporaines. w1
::-1.·0., a u S. de la colline, don~ il ne resto que les traoo.. sur le sol vierge, AJJI, XXlX, 1926, p. 46-4 7 et Corlnlh, 1, 2, p. B9 sq. 1. Celte stoa lui decouverte en 1903·1904 eL dat6e alors de la nn du v• il., T . \V. Reermance, AJA, V III, 1904, p. 431 sq.; tes nouvelles etudM des éléments Mehlt.eeturaux el un examen des Lrouva11lcs céramiques ont mo nu-é qu'il talla il abaisser cette dale dans la 2• moitié du ru • s., AJA, XX>.'V I I, 1933, p. 559 sq.; XXXI X, 1935, p. 53 sq. ; la publieallon récente de l'entah lemenL confirme ceLte conclusion, H espuiu, XVI, 1947, Jl. 238 6q., pl. LXII , llg. 26 e t LX IV, llg. 27. ~- Mur en gro• blocs de poros reemployôs, A J A , XLI , 1937, p. 55 1; X Llll, 1939, p. 257-258. 3. AJA, X LIII, 1939, p. 257; A GuiWJU!no.. !ÙJ.< f3ou>.v,...tç ~1 2; Slr-.1l0i d'Acarnanio, oC. le 1ysLéme est le m4mo qu'au P arlh6non, mais avec obolsSOJroenl Clet polnL& d'uppui, PlCil rd-Courby, o. c., pl. VIl; M6lrôon d'Olympie où _la Irise œL enLaill6e pour reeevolr los 8\r0l.6M du plafond, Olympia, 11, pl. XXV o~ XXVI.
LES STOAI : PLANS
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renee de hauteur entre la frise et son ant.ithéma 1 • On en arrive enfin, à mesure que les proportions s'alfment et s'allègent, à reporter le point d'appui sur l'architrave même dont le parement interne est entnillé 2 • Quand le portique se détache de l'ensemble et devient, édifice indépendant, il conserve d'abord ce même système de couvertu re. La pièce horizontale joue le rôle d'entrait, soutenu par les supports intérieurs quand la stoa s'élargit en double nef. La stoa VI de l'Héraion d'Argos illustre ce dispositif dans lequel de gros arbaléLriers viennent prendre appui dans des encastremenLs taillés à l'arrière du larmier et s'assemblent, eu outre, avec des entraits horizontaux portant sur le ba u!; de la frise'. L'entrait est soutenu par la colonnade médiane dont les proportions doivent être plus élancées que celles de la façade •. Ces diiTérences devront. s'accrott.re au cours du ve siècle quand on entreprend d'alléger la charpente de ces vastes sloai. On supprime autant. que possible l'entrait et on renforce les arbal~tricrs qui s'appuient sur une fattière soutenue elle-même par la c.olormade intérieure. Mais la poussée exercée par Les arbalétriers qui ne "tiraient" plus sur les en trai ts peut devenir dangereuse si elle pèse sur la parLie la plus haute de l'entablement.; c'est pourquoi le point d'appui va descendre et se rapprocher de plus en plus de l'architrave. A partir du rve siècle, tm type de ferme courante s'installe ; elle comporte seulement des arbaléLriers qui prennent, a ppui sur des sablières, posées soit sur le lit d'attente de l'arcllitrave, soit
1. Temple A de Sélinonte, Koldcwcy·Puchstoin, o. e., llg. 92; même dilisociallon dana le• éd ifices circulaJres où les poussée! devaient ollre encore plus ollégoos : tholos de Delphes, Dlières posêu da n• une enmillc de l'arehltrav" : •loa :-1. de l'ogora de Prièno (Wie.and·Sebmder, Prunt, p. 19i>, fig. 183 : Jahrb., XXXI, 1916. p. 300-309) : Oelphinion de )hl•t (Mdd, Ill , p. 3 1, 158) ; ce type d'architrave 60 renc ontre dan> d'aulr~ ~oslis en éq uerre sur les t rois cOtés, doublés partout. de chambres annexes'. La modin cotioo du pla n de la st.oa par l'adjoncLion de ces chambre.•'"Liquc de ceLLa lnst.ollntlon c•~ nlml démonLré. 1. Prukt 19'l8, p. 100 •q. 'l. Schnmann, K 01, 1, p. Gl-67, pl. '2'~ 38-40; malheureusemonL, Il n'e•l ro ll nulle menllun de ce~ chambres dan& lo desc ription des portiques; Il eemble bien. d'après ln t•lanebe :18, qu'elles font purlie riène, Pr im
ke11ia et. a ussi répandue à la fin d u v e siècle av. J .-C. 1 ? Il faut., me semble-t-il, une raison plus profonde q ue cet.t.e simple occasion. Ou bien si celle-ci eu t. de telles conséquences, c'est qu'elle trouvait a ppui d ans une t rad ition mieux établie. Nou!lllVOns déjà monlré combien , sur le sol même de la Grèce, ce plan éLait. intimement. associé a ux lieux d 'assemblées politique , religieuses ou scéniques'. Si, en ellet, le plan avec paraskénia était. né sous ln seule influ ence d'un cou rant. momenta né et. él.ait destiné à constit uer le cadre d ' une action exotique pour d es sujels emprunLés à des thèmes orientaux, comment. expliquer la fort.une qu'il a rencontrée dans les ami'Jnngemenls d'ayorai des ve et. JV" siècles a v. J.-C.? En fait., da ns l'architecture ant ique aut ant. q ue dans l 'architecture moderne, le plan d'u n édifice est étroitement dépendatlt de sa fonct.ion et. de son rôle. Toutes ces sloai, élevées en bord ure d'agorai , ét.a ien t. en liaiso n plus uu moins direct e avec des lieux d'assemb lée. La preuve en est failc pour le Portique Roya l qui, co nst.r uit à pro>dmi té de l'orchestra, servait de cadre aux séa nces d o l'Aréo page, aux assemblées p lénièt·es et. à celles de l' lléliée que présidaien t les archont.es. De la Stoa Dasileios, nous pouvons ra pprocher l 'édifice de l 'agora t hasienne et le B ouleut érion de MrUltioée•. JI est possible que de tell es préoccupr~lions ne soient pas étrangères a u plan du porlique d'An Ligone dun s le san ctuaire dé lien. Le souvenir de la st.on nthénicnne s'y révèle clairemen t avec l'accroissement p resque exagéré des d im ensions, le got'l t du grandiose el. du mon umen tal en faveur dans l'archit.ecl.ure h ellénistique. Les ailes furent a jout-ées en cours d 'cxécuLion 4 ; or, si l' on remar1. E. fliecbter, D01 Dwnfll tulhtaler ln Athen, Ill, p. i3 ; A. W. Piekard· Qlmbridge, Tht Thtolu ot Uwnum• in Athtm, 1~&. p. 1& sq., 1611·170. t rétric: E. FleebLer, Do1 1'hcnlu L>On Ertlria, p. 34 sq.; M. Bieber, o.c., p. 127 Og. 176. S)'l'llCUlie : R!uo, Il ltolro grtt~~ dl Siracwa, p. Ga sq., pl. Il, Hg. 31 ; C. AnU, o. c.. p. 85 5q. Sêgeste: M. llleber, o. c., p. 130, Og. ISO el 181. 2. BCJI, LXVI· LXV Il, I!Hz-13, p. 288 sq. Nous avion~ réuru à dessein le$ diverses manllesto.tlon~ de ce même principe (cr. R. E. Wycoortey, o. e., p. 155), ofTeetanl len~l un e$pace lnl.érlcur ou llmi~ pour les !pectateun;, IAntOI l'aire ou la raçaùe de~anl laquelle dcvull se concentrer l'action . 3. .erudn lltatitnnux, Lf:8 or lglnu de fidlfl« hu~glt, p. 2ii 1-262. 2. 11. l'lull~, 4. c., p. 226 aq., pl. Il ; E. Fiecbter, Daa Thoaltr 11011 Brdria, p. 34 lq. S. E. Fieehltr, Da• DlonJIIOI·Ti•caltr in Alltm, Ill , p. 13 sq.; R. Vallois, REA, XL II , 1040, p. 365· 376. 4. C. AnU, o. c., p. 81! ! q.
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LES STOAI : PLANS
477
La stoa en fer à cheval d6rive plutô~ des sloai en équerre pa r l'adjonction d'un troisième p or tique. Le rôle rempl i par le p lan primitif devai~ entra1ner l'extension de la colonnade sur le t roisièm e côté de la place. En outre, en faveur de cette thèse, on constate q ue les solu t.ions architect-urales retenues dans les sloai en rer à cheva l sont emprun tées aux particularités d es portiques coudés. Dans oucu ne des sloai à paraskénia la colonne d'angle ne reçoit un e forme JJa rticulière ; peut..-être sul, issait-elle un a ccroissemen t de diamètr e qu 'il n'est pas toujo urs fa cile de repérer. Par cont re, les sloai de !>riène eL de Magnésie ont les mêmes colonnes d'a ngle que les portiques co udés de Milet!. D'au tre part , l'extrémité des portiques latéraux n 'est jamais traitée avec un motif à colonnade, tétrastyle ou hexastyle, comme les ailes des sloa.i à paraskénia. A Priène\ la colonnade est. a r1·êl6e par un solide p ilier quadr::~ngulaire q ui form e l'a ngle, et Je passage libre entre ce pilier eL l'ante accolée a u mur des bou tiques est d iv isé en deux par une colonne, suivant une pra tique plusieurs fois attestée dans les sloai simples où le mu r de retour est arrêté par une a nte en arrière de la colonnade 3 • A Magnésie, l'extrémité du portique E. con tigu à l'Artémision a disparu dans les constructions byzantines, mais le struct ure de l'extrémité mél'idionale tlu portique O. est bien connue ' . E lle ét ait fermée pa1· un m ur élevé entre des p il iers en saillie su r le parement; sept piliers, espacés de 1 m. 30 au centre et l m . 80 aux extrémités, dessinaient les lignes verticales de ce t te fa çade ; q uatre des travées étaient décorées d'une fenêtre•. Le part i choisi est donc très ditTérent de ce qu e la isserait 1. Sehroder-Wlegnnd, Prient, p. 189-190, ont adoplê le$ Cormes connues è ~lileL c~ à Magnésie; er. Magnufa am M ., p. l W, fig. 12G oil 1.. angles des portiques sont soutenus pa r un piller quadrangulaire prtunl sur deux faces conUguüs une dcml-eolonne. Les colonnes intérieures correspondante$ soul aussi modifiées; da ns l'encoignure N.-0 ., le chapiteau de la colonne iuléricuro; ost. orné de . J 5~J.I 60. Sour dani le nouvel c.xcmplo donaê par les rouilles de 1 ~·1!1 qui ont dêlr-lg~ un , ·aste ddlfice appuy6 à la peolo ~. de la colltnC sur ln rive gnucho du l' lnopoR. L'emploi du péri!lylo à lrols portiquu esLiel txiiil
p9r lA &1tua Uon de 13 ma1son qui "'L Lrailée pa.r êlCifCB suœeulfs e.n rcl rniL. BCJI, LX.-; IV, 1950, p. 369-370 el pl. XLIV. 2. llu perfa, Suppl. l V, 1940, p. 150 sq. 3. Swed. Cvprus E:rp., 111, p. 1Il sq.; IV, 2 ; p. 23 sq. 4. Larl$a am Hum<M, 1, p. 39-30, Rg. 7, p. 93 sq.
LES STO .U : PLANS
48 1
constr uctions de Larisa , porte la marque de ces courants hétérogènes. Le parti n'en reste pas moins le même. II est remarquable que les deux !ormes essentielles de la structure orchitectnrnle de l'agora ionienne, la stoa coudée et la sloa en fer à cheval, suggèrent des comparaisons avec des élémenls fondamentaux de l'architecture domesLique 1 . Nous en revenons ainsi à la même conclusion. Les architectes de la nouvelle école ionienne n'on t pas imaginé une str ucture originale de l'agora ; celle-ci s'est développée progressivement par l'adaptation d'éléments hétérogènes aux lignes du plan orthogonal. Les longues sloai et les alignements de colonnades s'intégraient aisément dans le réseau régulier des rues, s'ada ptaient aux vastes esplanades que les urbanistes avaient réservées dans leur tracé, c'est ce qui a fait leur forLune. L'originalité de l'agora ionienne est donc moins dans l'invention de formes nouvelles que dans l'exacte adaptation de motifs anciens et traditionnels à des fondions plus nettement définies. On comprend du même coup pourquoi les vieilles cités de la Grèce continentale furent si lentes à adopter cette architecture ; celle-ci ne trouvait, pas sa place dans les sites urbains demeurés réfractaires au tracé régu lie1·. 1. Ces emprunts roils pnr l'archlteclure ei\•ile à l'an:hilecluro domesUque ont 6lé maintes lois signnlés il propo• des prytanées; cr. en dernier lieu, les raJ)-
prochements laits po r H. V911oi.~. a u sujet du plon du prytanée dél ion, L'archlltcture à D~los, p. 164- 175.
CHAP fTRE II LES t r.tl!rŒNTS DE LA COKPOSITION ARCffiTECTURALE LES STOAI : DISPOSITIONS IN'rtRIEURES
La régularité dos pla ns ct la nécessit é de consol·ver les alignem de P. Amondry, Uespcria, 1952. 7. ,\, MO fld. o. c., p. 62 S~v o(>
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ÉLÉm;;NTS ET Pl\l:'(CIP•'~ DE LA CO \I POSITION
ment in térieur des gymn ases ' . Une étude complète qui sort de notre sujet - devr ait suivre le développement et les t.ransformat.ions d e ce motif dans la cou r péristyle. De l'arcbiLecture civile ou domestique, il pMsc nux const ructions cultuelles ct cons tituera le facies cara rt.C: rislique do CllrLaius hérôa dont Calydon ol1're un exemp le bien composé' ; le gro up ement. des salles eLleu r rapport avec le portique relèvent des principes mis a u poi nt dans l'archilcclure des g1·ande~ sloai. Qu'il s' ngisse do ue d'u n porlique isolé ou du péristyle fermé, 1'adjonction d'exèdres à plans reclilignes ou curviJjgues, de chapelles cul tuelles à raçadcs indépen dnnles du style du portique va contribuer à cüssocirr des Cormes primiLivement simples ct bien orgn nisées. A cùlé d'un ensemble homogène com me I'Hérôon de Calydon, on rencon t re des complexes aussi incoblwents que la grande stoa de Corinthe. l.\lais celle ana rch ie même sero Céconde, car elle pe rmettra à l'archiLcclu re h ellénistiqu e de reconstituer des types nouveaux 011 le J'ôle du portiq ue et de la colonnade sern modifié; de motifs indépendants, ils deviendront simples éléments de composition •.
1. Les multiples e•llea ~pôciali5ées dt5 gymnases reçoivent fréquemment une
a truel ure monumentale a\ eoc (Qçadc rtlalivemenL indfpendanto du por ll(lue sous lequel elles o uvnnl. Ce U•ème abouli•MIL à des omêoogemenu lrès divers. On n 'oubliera pas que le' premières hlhlioll\èques s'lnslllllen' en nnn~xes de •toai (Ali. Ptrqamon. 11, p. GG-7&). Ce enr•c~re subSiste C\ Romo o~ léi IJibUolhi'ques sont ossoclêes à de• p(JI'tici, cl c. C&llmcr, .\nt. Blblioll~tke,., Opu$< ardl., Il l, 10 11, p. 115 iO d o Lrophée d e M hai qui é!A>Il dressé sur tc champ de bolnille; à l'ori~dn.e du moins, Jes de ux types doivent. êl1·6 neLlcme:nt disUnguês. 3. Paus ., I ll, Il , :1 ; Ch. Picard, CRAI, 1935, p. 215 sq. Ajou tons que Lysondre, sur une autre st.oa de l'Acro pole, avelt dra.ossé des Nikês en l!ouven i.r de ses gran.. des victoires d'Éphèse el d 'Aegos-P otamos, Paus., U I, 17, 4. -t. Diodore, X Il, 70, 5; e•esL ce He sloa sons doul.e que Plutarque appelle rrcÀÛcrru/.av. Gtmc de Socralt, ::J~l et Ptf()p., X 1J . 6. Pa.us., VI, 24 1 4. G. P aus., VIl r, 30, 7. 7. En dernier lieu, P . Amondr)', RCII , LXX, 19·1G, p. G·S. 8. Les hnbitanr.s d'lEgion, en Aehale, eonstrulsenl un& sloa en l'honneur :eç d e la pinacothèque 5-66. 4. A Magnèsio. dos statues hooorinques étaient aussi ploc6es dans les poi'Uques S. ct O. du l'agora, Inschr. Magnesia, 143-144. Des porUques, ce moW est passé dans les colonnades de rues; Je support de la statue rut lnLI)gr~ à la colonne sous lor~ne du console; on sail l'etret qu'en ont tiré les Palmyrênlens. &. H . Seyrig, CRAI, 1910, p. 239 sq .; ct indlcaUons sur tes consoles duns J . Sl.arcky, ls>lll!nlaire du inscriptions df Palmyre, X, L'agoro, 191)(), passim.
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ÉLÉ}LENT$ ET PRINCn>ES 1)€ L A COMPOSIT ION
moins, d'où le rôle des • portiques sacrés •· Une par tie de l' édifice devient la propriété d'une d ivini té; elle lu i est délimitée comme un téménos de plein air. Dans le p ortique occiden tal de l'agorn de Magnésie du Méandre, une salle monumen tale in terrompa it. la série des bo utiques et ab ritait des groupes s tatuaires 1 ; deux de ces sta tues furent re t rou vées dans la salle ; leur ident ification peu douteuse avec des Athén a suggère déjà le rôle cultuel de cet.te chambre. Il est co nfi rm é par l'inscript ion : ()poe; i!poü, gr avée sur le mnr rie fond d u por tique, à quelq ue distance ve1·s le Nord ~ . Dans le porl iq ue S ., une zone sacrée étai t ai nsi réservée au wu r de la gt·a nde salle médiane par des opot identiques inscrits sur le mur de fond et sur une colonne vo isine de la r angée intérieure'. Le port ique de l'agora d e P riène portait le nom officiel de : !ipv llEr) pour la location d'emplacements au ma rché au poisson : [ Èv -r'ij~ tiyo J p'ij~ -c'ij~ tx.Ouorcw[À~Il~ ]. A Thasos après les rouilles de 1950, J. Pouilloux me signale qu'il serait possible de reconnaître des épy(l(a~p~(l( dans l'édifice situé au N.-E. de l'agora d'où pourrait provenir le linteau publié par lui, BC/1, LXXI-LX XII, 1947-48, p. 270-272. 3. Syll.•, 313; Michel, Recueil lnscr. grecques, 142. 4. Les portiques des Atlalides se dressent un peu partout sur les agorai des cités appauvries. Le terme de ~(l(cn),e:Ùç sc retrouve si fréquemmen t dans les dédicaces de portiques qu'on a voulu y voir l'origine du mot basilique.
LES STOAI : DISPOSITIONS INTÉRIEURES
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réparé l'agora qui tombait en ruines 1 . Ailleurs, on fait ap~el à des prêteurs volontaires pour achever des constructwns arrêtées ; ainsi, la cité d'Halicarnasse qui s'engage à graver les noms des prêteurs sur les parastades du por tique ; le décret fixe les ressources publiques qui garantissent les intérêts et le remboursement des sommes prêté.es 2 • Comme Antiochos le fit à Milet, on voit de riches particuliers avancer les fonds et mettre eu·x-mêmes les èpyM~çna. en location pour rentrer dans leurs frais 3 ou assurer leur gloire future. Plus souvent encore des particuliers seuls ne peuvent assumer ces charges ; ils contribuent alors à la construction ou à la réfection de quelques t ravées, d'une portion du portique seu lement 4 ; ou bien ils s'associent pour mettre en commun leurs ressources. A Théra, la stoa Basilikè su bit ainsi plusieurs réparations financées d'abord par trois citoyens, en 116102 av. J .-C., puis, au milieu du siècle, par un r iche mécène dont les moyens étaient plus puissants 5 . A Apollonia de Phrygie de nombreux travaux sont exécutés par une même famille dont chaque génération assume des charges nouvelles 8 . De telles pratiques ne pouvaient que nuire à l'unité des constructions. Les préoccupa tions polit,iques et la recherche du p restige chez les rois hellénistiques, la vanité personnelle et la suffisance des riches citoyens les poussaient à mettre leur générosité en relief. Ils voulaient se survivre dans leurs créations ; l'œuvre n 'est plus l'expression des sentiments de la communauté, mais un titre de gloire pour un nombre limité de citoyens. D'autre part, la participation de plusieurs 1. IG, X II, 7, 49, 1. 10 sq.; à Messène, un ci toyen fait construire à ses frais un péristyle à l'Asclépieion, IG, v, 1, 1462; mêmes décrets honorifiques à Mégalopolis, IG, V, 2, 457 et à Ma ntinée, ibid., 281 pour des réparations exécut ées aux stoai et aux exèd res qu'elles renferment. 2. Newton, Halic., Cnidos, and Branchidae, 11, 2, p. 698 sq.; la st oa est consacrée à Apollon et à P tolémée. 3. Tel ce riche marchand d'Ha licarnasse qui dédie une stoa à la ville de Pha rsale, à condi tion que les revenus de la location soient affectés au gymnase et à un &.ywv, Y. Béquignon, BCH, LIX, 1935, p. 514 -519. 4 . Exemple cité par L. Robert, BCH, LX, 1936, p. 194- 195 et Études anal., p. 526-527, à Pergame (AM, XXVII, 1902, p . 93, n• 83) oü 3 travées avec leu r entablement ont été refaites et à Aphrodisias oü un certain J ason a fait reprendre, avec sa femm e, les cotonnes d' un périst yle depuis les fondations. 5 . Thera, III, p . 129 sq. 6. MAA1A, IV, p. 47 sq.
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ÉLÉ ME NTS E T PRI NC I PES DE LA COMPOSITI ON
donateurs à une même construction, les lenteurs apportées dans la concentration des fond s, les arrêts et les reprises des travaux contribuent. à rompre l'unité de l'édifice. Rien n 'était plus favorable à ce système de financement que la pratique des salles indépendantes, des chambres juxtaposées, traitées pour elles-mêmes, qu'un portique de façade venait enfin associer en une unité artificielle. Celle-ci ne se maintenait que par le r espect traditionnel de règles ct de principes bien installés dans les habitudes des constructeurs. Malgré les difficultés matérielles, les grandes lois de composition que nous allons formul er à la suite de cette étude analytique furent observées pendant un temps encore, même après la décadence de la polis. Mais à l'image des cités dont les pouvoirs s'étaient émiettés, dont l'idéal politique s'était estompé, l'agora se vidait de toute signification. Sous la façade d'une unité superficielle qu'exigeaient les lois d'une évolution de plusieurs siècles, les éléments architecturaux commençaient à se dissocier et se préparaient à une vie nouvelle.
CHAP ITRE II I LES PRINCIPES DE LA COMPOSITION ET L'INFLUENCE DE LA COUR P:ÉRISTYLE
L'histoire de l'agora ionienne, la seule qui présentât les caractères d 'un édifice construit et unifié, nous a montré qu'elle ne se différenciait nullement de l'agora ancienne, malgré les apparences ; car le principe de la composition reste le même. L'élément premier est la place, irrégulière dans un cas, aux limites précises dans l'autre et dépendante d'un réseau régulier de rues. L'association de sloai fournissait la meilleure solution au programme fixé : il s'agissait d'envelopper une aire parfaitement définie, dans un plan où toute infraction à la régularité et aux alignements était interdite ; les limites de l'espace libre ont imposé leurs lois. L'agora hellénistique appartient donc au type que Koldewey appelait «conjonctif» et Boethius « piazza-typus ll, par opposition au type «injonctif>> ou « temenos-typus »1 • Le premier se définit par un espace donné que des édifices viennent enfermer progressivement ; l'élément primaire et originel, c'est la place qui attire à elle les constructions et leur impose sa loi. Dans le second, l'élément primaire est l'enceinte, l'ensemble des co nstructions dont le plan est prévu et dessiné d'abord, la place n'est qu'un élément secondaire et résiduel de la composition. De ce rôle primitif de la place, résulte la première règle qui nous semble régir la composition de l'agora grecque : l'aulè 1. R. Koldewey, Die Tempe/ von Baby/on und Borsippa, Wiss. Ver. deul. Orienlges., XV, 1911, p. 14 sq.; A. Boethius, Roman Arch., p. 4, n. 2. Cf. distinction comparable dans la définition de la cour de maison, suivant que sa fonction est primaire ou secondaire dans le groupement des constructions annexes. dans V. Müller, AM, XLII, 1917, p. 110.
504
ÉLÉMENTS ET PRINCIPES DE LA COMPOSITION
conserve toujours une indépendance relative, même dans l'agora ionienne. Le type ancien se caractérise par une vérit able anarchie. A Athènes, à Corinthe, à tlis, la place est encombrée de petits édifices, d'autels, d'enclos sacrés, de constructions temporaires, de statues et d'offrandes que les siècles ont laissé s'entasser sans ordre et sans règle. Aucune orientation ne leur est imposée, si ce n'est celle des rues et des passages, des courants de circulation qui constituent l'ossature de l'agora primitive. L'ordre ne règne pas plus ici que dans les grands sanctuaires de Delphes et d'Olympie ou sur l'acropole d'Athènes. Zone sacrée elle aussi, l' aulè n'a pas un aspect différent de celui du téménos réservé aux dieux. Sans doute, dans ce désordre, q uelques urbanist es ont eu souci d'apporter un peu de clarté et de gaîté. Cimon fit planter des platanes dans le Céramique 1 et, du temps de Pausanias, quelques massifs d'arbres s'élevaient de-ci de-là, autour de certains autels ; quelques-uns de ces gros arbres étaient des lieux d'affichage officiel 2 • L'agora de Calchédoine,en Bithynie, était entourée d'oliviers 8 • Il est probable que fréquemment des massifs d'arbres fournissaient une ombre propice aux flâneries et aux bavardages des habitués de ces sortes de square. L'aspect d'une telle place est curieusement illustré par une monnaie de Cynaitha, en Arcadie, représentant l'agora de la cité 4 • Le fond est constitué par une stoa (7 colonnes) ; en avant, au centre, une statue sur sa base ; à gauche, un petit édifice surmonté d'un fronton ou d'un toit pyramidant et, à droite, un temple tétrastyle ; dans le champ, quelques arbres parmi lesquels on distingue nettement un platane. Type de composition architecturale assez libre et sans doute très fréquente dans les petites cités grecques. La création d'un motif nouveau dans l'urbanisme ionien n'apporta qu'un faible changemen t sur ce point. Le seul progrès semble avoir été le souci de laisser l'aulè libre et dégagée de toute construction importante. Sans doute, les I. Plutarque, Cimon, 7.
2. Autel d'~leios, Paus., I, 17, l. Judeich, T op., p. 341-342. 3. Polyen, v 11, 11. 5 : èrcet 8è Y.OCTcX -ri)v cl:yop.Xv opôaaov. Krisellen, Die grieeh . Sladl, pl. 24. 2. Exemple du Pirée, S1111.', S l3. 3.. Magnuia am .11.. p. 108. ~ . A Thas~. région E. el l'.·E.; l rArinthc, AJA, X LI, 193?, p. 542-:..13; Xl.. Ill, 1!13!1, p. 2&>-2M. :;. C'est è une lnOuenee romoine, me aemblc+U, qu'on peul a ttribuer le gnt
des dallages, aux richci eiTels polychromes; les étole rornuins des (;(lrinlhe, Cyrène rappellent ~insi les forums impérloux do Rome.
a(JONJi
de
L'IN'FLVENCE DE LA COUR PÉRJSl 'YLB
507
u n large emp loi de la composition en t er rasse. La place centra le de l'agora de Corinthe était dominée par la fa ç.ade imposante de la stoa méridionale , élevée su r u ne terrasse qui fut agrandie vers le N. à l'époque romai ne. Le « Portique Sacré • de Priène se dressait sur un terre-plein bordé de six gradins 1 . Au ne siècle av. J .-C., le motif r eçoit une ap plicalion systéma tique dans l'état « pergaménien • de l'agora d'At.b ~ nes; la stoa d 'AI.tale à l'E . et la double stoa d u S. étaient mises en valeur par un e puissante terrasse bien dégagée ~. Les arch itect es de Pergame ont largement uWisé la co mposition en terrasse et ont contribué à l'extension de ce motif ; ils ne l'avaient point inven té. Dès le vc siècle, Ictinos, à l'Acropole, en ava it, tiré les plus heureux effets pour la présentation du Partbénon• et, vers la même époque, l' Héraion d 'Argos est remarquablement aménagé en t errasses successives. Nous sommes donc bien en présence d'une recherche consciente qui pouvait servir , comme à Priène et. plus Lard à Corinthe, à séparer les centres adrn inis Lratils et r eligieux d e la z.one morchande réservée aux boutiques ct su rtout qui permettait d'aérer eL d'articuler une composit ion qui devait rester largement ouverte aux couran t s de circul ation. Ce n'est point que cel-te recherche de l'effet abou Lisse à ries com positions h eurtées et sans au cu ne unité. Pa r ce disposit i r, l'agora de Priène evite la morw tonie qui s'attache a ux plans Lrop recLilignes et dont les places de Milet n'étaien t sans doute pas exemptes. Les compositions les mieux réussies de cette tendance me paraissent être l'agora de la ,rille haute à Pergame et celle d'Assos. L'unité de la composit ion est ch erchée dans la souplesse des ar ticul ation s, d ans des co n-es ponda nccs pl utôt suggérées qu e dessinées. Toutes les conskuct ions sont enferm ées dans un réseau subtil de lignes convergen tes, contra ires à toutes les lois apparentes de la symétrie. Les stoai ne son t point parallèles, car elles obéissent au dessin génér al de la terrasse ; elles entraînent cependant le J'ega rd vers les édifi ces dont le rôle et les !onctions sont essen tiels, comme l. DonL l'erre~ 6t.oit encore
occcntu6 par les trois a cgrês d e la
kr~pls
du porUquo, ce qui por!41t le niveau du stylo ba i.e à près c!e 2 m. au-dessus c!e I'aulè. Z. Le porLique N.-0. Cie l'agora Cie T Msos, avec moins d'ampleur, répondaiL dl:s Jo ,,. 5. à la mGmo prêoccupatlon. 3. C. J>. Swveru;, Hesperla, Suppl. II I, 1940, Il· 4·ï ; Cb. Picard, Jour. Sau., 1942, p. 120, n. 5.
•
508
ÉLÉMENTS ET PRINCIPES DE LA COMPOSITION
le petit temple à l'O. et le Bouleutérion de l'E . Unité profonde qui n'est pas due simplement à l'association de rigides colonnades. Ni frontali té, ni axialité géométriques, mais un jeu de lignes parfaitement organisées. Tels sont les grands principes de la composition de l'agora grecque. Ils nou s permettent, sans contestation possible, de rétablir une continuité profonde entre l'agora ancienne et l'agora ionienne, continuité qui s'explique par la permanence et l'identité des fonctions. La composition architecturale reflète, suivant les meilleures règles de l'art de bâtir, le rôle fon ctionnel de l'édifice. 1 ) Evolution vers le plan fermé Du même coup, nous saisissons plus nettement la véritable solution de continuité qui interrompt l'évolution de l'agora à partir du ne siècle et modifie radicalement sa physionomie. On assiste, en effet, à une série de transformations qui font passer l'agora du type s J•lons p•·imitifs oc oc p~t:ric nl pns loujOUI'I aussi rocilom61\l, à de telles réulisalions. A Thaso•. lei assemblages &Onl d'un eiTct moins heureux. Aux n• el J: do 14 &ollo des 6pbèbü à Priène (11• a. av . J.·C., Prlyll.', 301; J G, V, t, 1462; Xénophon, Hleron. X, 121. Il roudrell donc admcLLre que tc portique S. uuquel semble appar~enl r co bloc aurait ~té COM~rult lndé(lendamment des nulru. Dos dtdleaces poa L6rleu~• mont.renl l'Intervention continuelle de riebei donateurs ou d'en. pereun dana lelle ou telle partie des portiques de l'agora, Bphaos, II I, p. Ill sq., n• 1-3.
L' INFLUENCE Dl! LA. COUR PÉIUSTYLE
515
d'H~raclée du Latmost (fig . 73) ou de Nysa laissent des douLes sur
l'unitriène : lcmplu do Zeus.
qui ouvrenL sous le portique N. ont conservé les vestiges de banquettes ct de sièges qui apparenten t cet édifi ce à ceux, plus récents, de l'Asclépieion (?) de Tr·ézène~ et du sanctua ire 1. Waldstein, Tilt Argiuc J-tuar.um , J, p . 127 sq., pl. Vll, XX·XX!l ·
P. Amondry, llcsperla, XXr, 1952. 2. G. Welter, 1'rol:cn und J(alaurtia, p. 31·33, pl. 11-18.
'
524
F.tf:liF.NTS F.T PRIN CIPES DE LA COMPOSITION
d'Épidaure 1 . Il prend place par ses caractères chronologiques en tête de la série 2. Ainsi l'archileclure grecque a connu bien ava nt l'âge hcllênisticru c le plan d e la cour péristyle, con çue et construite comme un édifice indépendant. Bien q ue la foncLion commerciale de ce plan ne soit pas exclusive, elle est très tôt prédominante ; elle connaîtra son plein épanouissement dans l'urb anisme h ellénistico-romain. F aut-il chercher ses origines hora du sol grec? CelLe enquête dépasserait notre but actuel et nous avons dêj à suggé1·é les directions oü elle doit. s'exercer (supra, part.ie I , cù. IV). A toutes les épo(jues d 'ailleurs, les Grecs ont pu trouver en Orient ou en Égypte des formes architecturales susceptibles de leur inspirer la con ception de tels édifices. Plus que des influences e.xtérieures, cc sont les conditions mêmes du commerce sur les côtes grecques ct. le rôle des emporia C[l.li ont. imposé l'évolu tion et. Le succès de ce pl.an. On a no lk que, aux époques anciennes, l'emporion sc trouve la plupart du lemps hors de l'en ce in ~e de la ville•, sur un terrain neutre qui exige une dêfense plus malkrielle q ue la protection des d ivirtités don t on occupe parfois une p ar tie du téménos . Ces nécessités ont dicté le plan des édi fi ees à la fois commerciaux et religieux rie la première concession internatio nale de Nau cra~is où cha pelles cultuelles et magasins d e v enLc enfermenl une cour d 'où l'absence de matéri aux a écarlk la colonne ~. A Milet, sur la baie des r)ions, u n des p remiers édifices compris dans la reconstruction du ve siècle 1. A ~piclnure, Milice p6rlsLyle du m• 6. dans la région N.-E. du L6ménos, Cavvadia.s, Tl> ' I.pô•J..., p.l58-lr>9. Les fouilles amé•·icnincs de l'.,gora. d'Athènes onL reconnu un édifice péristyle dans I' prècédêll d' un édifice de pl3n assez comparable remont3nl peuL-êl•'e nu v• s . ; ne peuL-on y recon· nailre un marcM analogue aux précédents ? 2. R ien no permcL ete justi fier l'assertion de l'auteur qui voiL dans le mur o. un nppareil plus ancien que celui du mur S., ce qui prou,•eraiL l'cxlstonco d'une stoa simple anterieure nu pél'lslylu, o. c.. p. 139. 3. Lehmann-ll arlleben, Die ani. H.afenortl., IWo, Btihcjl XlV, 1923, p. 28 sq. 4. Legrand témt\nosquc Flinders Pol.rio idenlillaitcommel' Hcllénlon n' élaiL qu'un marché rorlillé; le véritable Hell6uion, n'était pas Lui-même d' un pltln très dUTéren~, DSA, V, 1898-99, p. Z6 sq. ; J J!S, XXV, 1905, p. lLO sq.; H. Prinz, Klio, BtilteJI v 11, 1908, p. 8 sq.
525
L'II'(I'LUENCE DE LA COUR P!Îl\lSTYLE
est. un ensemble péristyle de plan caJTé, avec porLiques e~ chambres adjacentes. Il n'a pas él é complètement dégagé, m bien êl.udié ; cependant, on peut cotlstaLer qu'il est de peu postérieur au grand beut être otlribuée fila l" rnoitio du ov• s. Z. I bid., p. 7 sq .. 90·91, pl. X.X ll i·XX IV . S. Milet, 1, 8, p. 13 sq .. 118-119 ; )!eyer, RE, >.:V, il. v . M ilelo•, col. JG3l·IG33.
526
ÉLÉMENTS ET PIUNCIPES DE LA COMPOSITIO N
il ne reste que les substructions d'édifices dont le dessin rappelle un plan péristyle avec sloai et magasins ; leur orientation est indépendante du plan orthogonal, ce qui reporte cette installation pour le moins au vie siècle av. J .-C. Les entassements de jarres retrouvées in situ permettent d'évoquer le rôle de cet ensemble. Enfin au ne siècle av . J .-C., l'entrepôt prend sa forme définitive ; c'est une vaste cour, entourée par des sloai simples sur trois côtés, le quatrième étant fermé par un mur dans lequel s'ouvre l'unique porte. Ce n'est qu'un lieu de transactions ; les marchandises étaient entassées dans la cour, les portiques jouant le rôle de bourse du commerce. Ce marché était réduit à ses éléments essentiels 1 . La simplicité architecturale de ce plan répondait parfaitement à sa destination purement économique. Des portiques en général simples, entouraient complètement une vaste cour susceptible de servir d'entrepôt. On ajoutait parfois des rangées de magasins où les marchandises pouvaient être serrées. Complètement fermés, ces marchés constituaient des dépôts sûrs ; les portiques abritaient le personnel aux heures d'affluence. Aucun ornement, aucune fantaisie ne brisait la simple ordonnance de ces colonnades, en général doriques. On y accédait par des portes ménagées dans l'une quelconque des chambres qu'aucun caractère monumental ne distinguait. Ces marchés pouvaient être spécialisés ; on sait que celui de Corinthe était réservé à la vente du poisson 2 • Leur unité de plan comme la simplicité de leur exécution distingue nettement ces macella des organismes complexes que l'agora groupait autour d'elle . Néanmoins- c'est évident à Milet - ils ont eu une influence sur sa structure architecturale et ont contribué à l'extension du plan fermé . Mais cette influence n'aurait pas suffi pour obtenir ce résultat si elle ne s'était rencontrée avec un autre courant. Nous avons défini un type de péristyle où la cour et les portiques sont traités moins pour eux-mêmes qu'en fonction d'un édifice plus vaste qui domine la composition. Une parenté s'établit entre ce groupe 3 et l'agora par une communauté de fonction : la destination religieuse. Nous nous trouvons en effet en présence d'une certaine catégorie de 1. Ibid., p. 99 sq. 2. AJA, XXX, 1926, p. 49 sq.; XXXIV, 1930, p. 354-454.
527
L'INFLUENCE DE LA COU R PÉRISTYLE
sanctuaires dont on n'a pas suffisamment marqué l'importance et la place dans l'histoire des compositions ~rchitec turales helléniques. Ils représentent une conception plus
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~ 1 1 1
1 Fig. 78. -
)Jamurt-I les porliques. P arfois le passage esl distingué 1»3 le ov• •· av. J .• c., ce molil ~~ 11nnoneé par le curieu.-.: disposiW (Jahrh., L ill. l'.l38, Olympodu., 11, p. 25 sq., pl. !1). Plu• t.ard, on •n 'oil l'opplic9h on ou Bouleuterion de Milel, Mi/tl, 1, 2, pl. X I V ; ~ l'agora d• Magnhie .Ju M ~andre, Maqntt~ia, p. 127, Og. 133; à l'agora romolne d'Aihène>, Judeich, l'op', p. 37 1 sq., fig. 47; P. Craindor, Alhtnu sous Au9u•le, 1927, p. 18.1-1 98; dons te lémé.nos !l' Athtna à Pergaone, Ali. Pergomon, Il, p. 119 IKJ. pl. XVI IL el XXXI; sur l'agora de Oélo•. 8CII, X..XVI, 1011, p. 407·"9S. ~. Mllel, l, 6, pl. XXV-XXVI. 3. Magnula, pl. I l. 4. WIC(lDDd·S.:hrudor, Priwe, p. 185· 18G, pl. Xlii.
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ÉLÉMENTS ET P RlNClPES DE LA CO~fPOS!TlON
des autres salles de la stoa par un motit de pilastres ou de colonnes engagées, voire de colonnes indépendantes, comme à Thasos, dans la st oa occiden Lale 1 . CeL ornement n'allecte q ue l 'in térieur de la st oa ; il prend place dans l'alignement des port es des magasins annex és aux: portiques. Pa r sui te du succès ren cont ré par le motif des façades enchâssées qui rompaien t agréablement le déroulement. un peu monotone des longues colonnades d'un péristyle, le plan de la por te se complique. En général, la façade principale est tournée vers l'ex térieur. Les passages sont percés dans le mur de fond des portiques, mais ils sont précédés d'un vestibule à colonnes ou à n iches qui fait saillie sur la rue. Des répercussions se font parfois sentir sur le rythme de la colonnade par l'introduction d 'un ordre différen t. Hermogénès a choisi ce pa1·ti pour le propylon qui, À Ma€,'1lésie, metLail; en communication l'agora et. le téménos d ' Artémis 2 • Les passages ét aient enca drés par quaLl·e colonnes ioniques in antis ; un fronton se dét achait dans le toit à dou ble versant de la stoa. Le dessin était répété d u côté d e l'agora, avec les deux piliers, les quatre colonnes ioniques et le fron ton 3 • Le pr opylon ét a il donc traité comme u n motif indépendan t, enchâssé dans la stoa, sur le modèle du temple de l'agora N. à Milet. A Éphèse, aucune des deux portes ne modi fi e la colom1ade du péristyle• ; les façades, là a ussi, accueillent. le visiteu r qui vient de l'extérieur. Deux rangées de colonnes ioniques, situées sur l'alignement des m urs de fond des chambres et des por tiques, encadrent les passages limités par des piliers quadrangulaires. Seule, la porte de l'O . ét a it décorée d'un dispositi[ monumental p récédé d 'une rampe entre pylônes 6 • A T hasos, le propylon du N.-0. reste ext érieur au plan d 'ensemble ; une large porte est ouverte dans le m ur latéral de la stoa occidentale et la façade 1. E ncore inMite, Ici Dg. 44.
2. Magnuin, p. 130-133, 01(. l3 ï , pl. Ill. 3. La jonction enlre lo lil du propylon eL celui de la slaa avait lmpos6 la bau leur des colonnes Ioniques qui élaiL égale à celle de l'ordre ionique inltricur, car 1~ colonnes correspondant à la oolonnadu médiane de la st.on supportaient a la rois l'&xlrémlt.A des laitières de la stoa el les sablières du propylon. d. Mêm& traitement dans la sloa du t.omple d'Alh6na à Pergame donL la façade &x t.érieure seule esL traitée avec ampleur, A ir. Ptruamon, Il, p. 50 OL 55, pl. xxx 1. 5. For.c/1. in Bphesos, p. 18-39, 12 sq., pl. l-11.
L1 1.NFLOENCE DE LA COUR PÉRl ST'VLR
535
distyle domine la rue sur un perron auquel on accédait par sLx marches d'escaliers '. Ainsi, sous l'infl uence des deux types de périst yle, le marché et le téménos, l'agora traditionnelle évoluait elle aussi vers un plan de plus en plus fermé eL vers une conception architecturale différente de ses origines. Cependant, si les influences sont indiscutables, elles se traduisenL davantage par l'introduct ion de motifs limités que par des modifications généra les capables d'amener une con·fusion entre les deux plans. Toute notre éturle lJ montré ce qui séparait. J'agora d'un simple marché. ll fa ut aussi nettement la distingue!' du péristyle-t~ménos, ca•· ce sont deux partis a rch itecturaux relevant d'inspirations difi6rcntes. Jusqu'à la fln de son évolu tion, l'agora a ppartiendra au Lype de cour «conjonctif » où l'espace vide est l'élément primaire et s 'opposera au pét•istyle unifié, conçu et dessiné pour met.tre en valettr une façade dominante. E . Gjerstad a recherch6 l'origine de cc dernier pla n assez loin dans l'espace vers l 'Orient et assez ha ut da ns le Lemps, jusqu 'à l'époque de la troisième dynastie d'U r 2• Les divers maillons de la chatne qu'il a nouée sont d'inégale valeur et, quelques-uns auraient besoin d' une révision sérieuse 3 • 0 reste acquis cependant qu'une même tendance a favorisé, en diverses architectures d u monde oriental , l'éla boration d'un type de sanctua ire basé sur ce rôle secondaire des portiques. Plus que les notions d'a.xialiLé, de frontalité ou de symét rie, c'est le principe de la dépendance des porUques par rapport. à l'édiilce cenLral qui me parai t êt re le facteur déterminant de cette évolution, les aut res notions n'étant. que les éléments secondaires, les moyens pour parvenir au résultat•. Sans écarte1· 1. Eludes liwsiennes, Ill, l.'Agl»'a {à pnrattre) . 2. E. Gjerstad, Opu8. orcll., Ill, Hl44, p. 40-72. 3. Ayu11l adm is comme principes essentiels de eazad t, 141 ; - archaïque, 271 ; - grCClJU C, ti78..J18 1 ; - à étage, 483-484 ; - il péristyle, 520 ; - à paslns, 493. MaDia : cour occidentale du palois, 87 ; portiques, t 13 ; maisons, 81. Malthi: M nctuolrc ct lieu d'asscmuléu, 50-51. Ma murt-K alè : 528-529. Mantinée: agora, 380-382; bouleu t.érion , 467 ; exèdre, 492, 501 ; péristyle, 501, 520; mactllon , 522; t héâtre, 252; pla n el tracé, 37&-380. MARCII ti : 279-281\, 3;}6, 4 19~2(), 50S sq., 521~2'2, 525-52ô, 535 ; ti'AUtènes, 307. 336 sq., 43a ; de Corinthe, 433; de )l.ilet., 58; d e Pergame, 4 G; de Priène, 458 ; de Sparte, 297 : - milita ires, 2a) sq . Mari : palais, 70-71 ; portiques, 130, l il l ; marché, 68. MATÉntAU : inRuenees des-, 104, 129, 52B ; en Crète, 85, 11 6; à Ath ènes, 267, 328 ; diversité, 493. MégaloPOlis : agora, 382-385; st.oa de P hilippe, 467, 470-471, 491 ; sloa d' Aristodl'mos, 405 ; thM tre, 252-253 ; Thersilion, 252 ; ch:.pcllcs, 497 ; tem ple de 7.eus, 628 ; constructio n, 501 ; p lan , 167 ; Cl t ll~~. 167-168. Mégare : 1!!7.
558
INDEX CÉNÉJ1AL
80; - mycénien, 107, 111, 11 9; hist.oire d u - 123, 126, 137, 140,480,535;- e~ cour, 98, 101 ; -et temple, 107, 137 ; - ct. meison 140. llllégiddo: chopileoux, 143. lllleaèoe: agora. 382; p6ristyle, 501. lol éTA.L : -dans la cooslruction hiUite, 75; revêtement en - 129. lllétapoote : agora, 35G. Milet : agora Nord, 396-398, 464, 530-532; agora Sud, 398-401, MtGAIION :
497, 499, 51().511 ; st.oa d'Antiochos l, 457, 500; portes de l'agora, 5 10 sq.;- archaique, 57-58; plan de - 361 sq., 394; cu lle d'AlMo n, 57; e~lésiastérion , 44 ; péristyle, 524-526; boulcut.érion, 80, 532; Dr.lphinion, 80, 362, 454 ; Didyroeion,
254, 459. llbcènes: premier pal ais, ll9 ; nouveau palais, 119-120; ma ison, 12 1 ; cercle des lombes, 45 , 49-50; tom bea u d'Atrée, 123; temple, 122, 123. Naucratis: agora, 245-246; Hellénion, 524. Néandrla: chapiteaux, 143. Nippour: pa lais et. da~c. 136·137. Nirou Khani : gradin s, 00. Nomophylalrioll; - de Pergame, 423. Notion: ngora, 420-431 ; sanctuaire d'Athéna, 530. N uraghi: 63-54. Nymphaeum: 232, 423, 492, 515. Nysa du Méandre: ogorn, 461, 515. ODYSSÉE :
composition, 27 ; chronolol)rie, 2S ;
étaL
politique, 33;
chœur, 203. Oi!.oi; 6diflrc Il - ; .t:pideure, 454 ; Héra ion du Silaris. 461-462 ; Thnsos, 390, 456 ; stoo h - , 499-500. OlYmpie : agora, 180, 187, 241-244 ; Pélopion, 47-49 ; portique d'Echo, 244, 451 ; por tique Sud, 451, 532; lemple de Zeus, 452, 483 ; J.lcLrOon, 452. Obntbe : agora primitive, 338 ; nouvelle agora, 387-390 ; tracé du plan, 386-387 ; maisons, 478-479, ·193 ; étages, 484. Orchestra: s ur l'agora des Phéaciens, 39, 42, 44, 209; origines du
plan 248 ; - d'Athènes, 322-324. Orcllomène: 109. ÛIIDI\ll :spécialisation des- 451 sq., 486, 488-189; mélange des429, 534 ; -
doriq ue (Crise) 463, 465, 460-470.
INDEX GÉNÉM L
559
Oropos: Ampbiaraion :théâtre, 254 ; stoa, 4.51. ÛflTHOST AT ES ; hittiteS, 75 j e::, Der Ruum, 1\g. 33 b el c).... . . ... . .. . ............... . Palais du roi Barrebuk
~
1
J>ig. 13. -
Fig. 14. Fig. 16. Fig. 16. Fig. 17. -
0
Fig. 18. Fig. 19. Fig. '20. -
0
Fig. 2 1. Fig. 2'2. -
••
•
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•
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0
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0
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76 81
84
87 89 91 93 95 97 99
110 11 2 116
111 119 12'2 130
192
566
TABLE DES I LLUSTRATIONS Pages
Fig. 23. Fig. 24. Fig. 25. Fig. 26. Fig. 27. Fig. 28. Fig. 29. Fig. 30. Fig. 31. Fig. 32. Fig. 33. Fig. 34. Fig. 35. Fig. 36. Fig. 37. Fig. 38. F ig. 39. Fig. 40. Fig. Fig. Fig. Fig.
41. 42. 43. 44.
-
F ig. 45. Fig. 46. Fig. Fig. Fig. Fig. Fig. Fig. Fig.
47. 48. 49. 50. 51. 52. 53.
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Fig. 54. -
Palais de Sendjirli (d'après A usgr. in Sendschirli, IV, pl. L) Palais de Larisa sur l'Hermos (d'après Larisa am Hermas, I, pl. 30) ... .. . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . L'agora de Lato (d'après BCH, 1903, pl. IV-V) ... ... . ..... Site de Gortyne (d'après M. Guarducci, IC, IV, Gortyne)... Calaurie. Agora et sanctuaire de Poseidon (d'après AM, 1895, pl. VII). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Acropole de Larisa sur l'Hermos vers 500 av. J .-C. (d'après Larisa am Hermos, I, p. 27, fig . 4) .. . .. ........... .... Pergame. Sanctuaire de Déméter (d'après AM, l9I2, pl. XVI) Agora d'Athènes (d' après plan dû à la courtoisie du Comité des Fouilles américaines de l'Agora).......... . . . . . . . . . . L'agora d'Athènes au début du vi• s . av. J .-C. (d'après H esperia, suppl. IV, .fig. 13). . .... . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . L'agora d'Athènes à la fin du vi• s. Région S.-O. (d'après ibid., fig. 32)....... .. . . .. . .. ... ... ... .. . ...... ... .. . L'agora d'Athènes au début du v• s . (d'après He.~peria, 1937, fig. 72).. . .. . ... ... .... ... . . . . ... ... . .. .. . .... .. .... Agora d'Elis (d'après J ahresh., 1932, fig. 77) .. .... . ... .. . . Agora d'Athènes. Région de la Tholos au v• s. (d'après Hesperia, suppl. I V., fig. 62) ... . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Agora d' Athènes. Région de la Tholos au u• s. (d' après ibid ., fig. 63) .. .... . .. . ........... .. .. ... . ..... . ... . ... . .. Agora d'Athènes. La bordure occidentale (d'après Hesperia, 1937, fig. 126).. .. ... . ... ... ... ... ........... . ... . ... Agora de Corin the (dû à la courtoisie de l'École Américaine d'Athènes) . .. . . . . . . ....... . ... .. . ... .. ..... . .... . ... Plan de Colophon (d'après H esperia, 1944, pl. IX) ... .... .. Sélinonte. Esplanade devant le temple D (d'après Mon. ant., 1930, pl. li-III) ..... . .. .......... .. ... . . . ....... . .. .. Sélinonte. Agora hellénistique (d'après ibid., pl. TI- III)... .. Plan de Mantinée (d'après G. Fougères, Mantinée, pl. V III) Agora d'Olynthe (d'après Exc. at 0/ynthus, XII, pl. 85) .. .. Agora de Tbasos (plan des fouilles de l'École Française d'A thèrtes) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Agora de Cyrène (d'après Die Antike, 1943, p. 207, fig. 38). Plan général de .Milet (d'après A. von Gerkan, Griech . Stiidleanlagen, fig . 6). . . . ..... . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Milet. Agora Nord. État I (d'après Milet I, 6, pl. XXIII) . . Milet. Agora Nord. État II (ibid., pL XXIV). ... . . ........ .Milet. Agora Nord. État III, (ibid., pl. XXV) . . ... ....... Milet. Agora Nord état I V (ibid., pL XXVI). . ..... . . . . . . . . Milet. Agora Sud. État 1 (d'après Milet I, 7, fig. 40) . ..... . Milet. Agora Sud. État II (ibid., fig. 57) .. .. . .. .. ......... Agora de Priène (d'après M. Schcde, Die Ruinen uon Priene, plan en pochette).. . .. .. . ... . .. ..... . . ...... .. ... . ... Magnésie du Méandre. Agora et sanctuaire d 'AI'témis (d'après Magnesia am Maeander, pl. Il)................ . .......
135 138 226 2.30 243 247 253 260 262 265 268 311 3 14 319 329 339 343 353 355 379 386 388 389 393 395 395 397 397 399 399 402 405
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TABLE DES I LLUSTRATIONS
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Magnésie du Méandre. Agora (d'après Magnesia am Maeander pl. Ill) ........... .......... ·····.·················· Fig. 56. - Agora de Cos (d'ap~ès B ollellino d'Arle, 1950, fig. 2 1) ... ... . Fig. 57. - Doura-Europos. Plan générol (d'après The Exaualions at Dura-Europos, Prel. R eport of /he ninlh Season l, fig. 12) Fig. 58. - Doura-Europos. L'agora (ibid., fig. 10) .. .. . ........... ... . Fig. 59. - Doura-Europos. L'agora (ibid., fig. 11) .... . .............. . Fig. 60. - Pergame. Plan général (d'après Al!. von Pergamon, l, 2, pl. 1) . .. ... . ................................. . .... . . Fig. 61. - Pergame. Agora de la ville haute (d'a près Ali. von Pergamon, Ill, 1, pl. XXX) ........ .. .. .... ..... ........ ·· ····· · Fig. 62. - Assos. Plan de l'agora (d'après lnuesl. at Assos, fig. 4)..... . Fig. 63. - Assos. Vue restituée de l'agora (d'a près W. B. Dinsmoor, The Arch. of Ancien! Greece, fig. 125) ..... .. . ............ .. . Fig. 64 . - Agora d'Athènes. Bor·dure occidenta le de l'agor·a (d'après Hesperia, suppl. VIII, pl. 55) .. .... ................ . .. . Fig. 65. - Agora d'Athènes. Bordure occidentale de l'agora (vue du S.E. ) (ibid., pl. 55) .. ..... .... ............ ........ . . ... . Fig. 66. - Délos. Le sanctuaire d'Apollon et ses a bords immédiats (plan de l'~cole Française d'Athènes) ...... ................. . Fig. 67. - Priène. Intérieur de la sloa Sud de l'agora (d'après F. Krischen, Die griech . Sladt, pl. 23 ) ........ ................ . Fig. 68. - Acropole do Larisa sur l'Hermos à la fin du v • s. (d'après Larisa am H ermos, I, p. 35, flg . 6) . . ..... ..... ..... .. . . Fig. 69.- Palais de Vouni (1•• état) (d'après Swed. Cyprus exp., I ll, fig. 120) . ............. ...... ......... ......... .. • ..•. Fig. 70. - :Magnésie du )léandre. Le temple de Sosipolis et les stoai de l'agora (d'après F. l